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Croquer

Définitions de « croquer »

Trésor de la Langue Française informatisé

CROQUER1, verbe.

I.− Emploi intrans. [En parlant de qqc. que l'on broie avec les dents] Faire un bruit sec et cassant. Fruit vert, bonbon qui croque sous la dent; salade qui croque (parce qu'elle est mal lavée, ou naturellement dure). Synon. craquer :
1. Au Luxembourg, j'ai voulu manger des pousses d'arbre, comme à Montigny, mais ici elles croquent sous la dent, poudrées de charbon. Colette, Claudine à Paris,1901, p. 105.
II.− Emploi trans.
A.− [En parlant d'aliments]
1. Broyer sous la dent avec un bruit sec et cassant. Croquer des amandes, des gâteaux secs; noisettes qui se croquent facilement. Le chat a sauté vers un taon. Il tient la bête entre ses griffes. Il tend ses crocs. Il croque le corselet de dur charbon (Giono, Gd troupeau,1931, p. 226).Il alla s'asseoir sur le rebord de la fenêtre et commença de croquer un oignon (Aymé, Jument,1933, p. 43):
2. Déjà quand j'étais garçon de café (...) j'épatais les clients (...) en croquant des pattes de homard... Queneau, Loin de Rueil,1944, pp. 200-201.
SYNT. Croquer des biscottes, des biscuits, des bonbons, un croûton, des dragées, des gaufrettes, un morceau de sucre, une poire verte, une pomme, des radis.
2. P. ext., fam. Croquer (à belles dents). Manger et en partic. manger avec appétit, dévorer. Un fermier [accuse] le renard de lui avoir croqué une oie (Sandeau, Sacs,1851, p. 20).Chérie, tu devrais profiter du répit pour croquer deux ou trois babioles; sinon tu vas mourir de aim (Butor, Passage Milan,1954, p. 62):
3. Il [Gros-Louis] marchait, pas un sou, rien à croquer et la tête qui bat comme un cœur, il marchait et ses semelles tapaient dans sa tête... Sartre, Le Sursis,1945, p. 156.
Loc. Que le crique (la crique) me croque. Formule familière d'imprécation. Synon. que le diable m'emporte.Cf. crique2.Loc. fig. N'en croquer que d'une dent. Ne pas avoir ce qu'on désire (cf. Ac. 1798-1878).
Rem. 1. La docum. atteste croqueter, verbe trans. Croquer ou manger avec délicatesse. Il ne dîne qu'à huit heures. Autour de lui, son fils et ses deux filles, les bras un peu nus, croquetant avec de jolis gestes, les écrevisses d'un grand plat (Goncourt, Journal, 1863, p. 1300). 2. On rencontre ds la docum. (Ségur, Auberge ange gard., 1863, p. 350) le composé croquembouche, subst. masc. ,,Sorte de pièce montée, faite d'articles sucrés, au choix du pâtissier : quartiers d'orange, profiterolles, marrons, etc., mais toujours glacés de sucre cuit au dernier degré (grand cassé), ce qui les rend effectivement croquants en bouche`` (Mont. 1967).
B.− Au fig.
1. Usuel
a) [En parlant d'argent, de biens matériels] Dépenser, dilapider, gaspiller. Croquer la dot, ses économies, un héritage, son patrimoine. Synon. manger.Quatre millions qu'elle a mangés de son air calme, tranquillement, qu'elle a croqués avec un sourire doux (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Épingle, 1885, p. 1026).Elle a dû te croquer déjà pas mal de sous. − J'ai l'habitude de payer pour les femmes avec qui je sors (Queneau, Pierrot,1942, p. 128):
4. ... on jouait sur les quartiers à bâtir comme on joue sur un titre de rente. Certaines dames, de jolies filles (...) étaient de la partie; une d'elles, dont les dents blanches sont célèbres, a croqué, à plusieurs reprises, des rues entières. Zola, La Curée,1872, p. 416.
P. ext. [Sujet non animé] J'ai mis un peu de fric à gauche, mais pas assez pour vivre de mes rentes. D'ailleurs tous les six mois une dévaluation m'en croque la moitié (H. Bazin, Lève-toi,1952, p. 103).
b) Croquer une note. L'escamoter, la sauter, ne pas la jouer. Elle leur prescrit de (...) bien « prononcer tous les mots et syllabes », sans croquer ou sans traîner démesurément quelque note (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 51).Cf. croque-note.
2. Argot
a) [Le compl. désigne un être humain]
Prendre le dessus sur (quelqu'un); battre (quelqu'un). Le Limard fut un peu plus difficile à croquer mais au septième round Jacques lui estomaqua le plexus solaire d'une gauche infaillible (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 62).
Croquer une femme, une fille. Avoir des relations intimes avec elle. Synon. s'envoyer, se taper.Ô ma petite Elsa, (...) bébé succulent, nubile à croquer (Laforgue, Moral.,1887, p. 135).
Rem. On rencontre ds la docum. croquer utilisé dans ce sens avec un sujet fém. et un compl. d'objet masc. Monte-Carlo, paradis de vieilles dames, peuplé de monstres qui ne peuvent s'assouvir qu'à table : jeux et petits gâteaux. De temps en temps elles croquent le lift ou le garçon d'étage (Mauriac, Du côté Proust, 1947, p. 185).
b) En croquer
Profiter de quelque chose, parfois dans des circonstances inavouables. [N. et Q.] montent une flanche du tonnerre : c'est si gros qu'ils veulent en faire croquer à personne (Simonin, Pt Simonin ill.,1957, p. 136).
,,Être indicateur de police`` (Simonin, Pt Simonin ill., 1957, p. 77 : Esn. 1966). [Ce vieux chauffeur profitait] de l'esprit de jalousie et de délation qui régnait en compagnie : « il en croquait de toutes les façons » (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p. 34).
Femme qui en croque. ,,Prostituée`` (Lacassagne, Devaux, Arg. « milieu », 1948).
Prononc. et Orth. Cf. croquer2. Enq. : (il) croque/kʀok/. Étymol. et Hist. Cf. croquer2.

CROQUER2, verbe trans.

A.− Dessiner rapidement, prendre sur le vif (un paysage, une scène, un personnage) en quelques coups de crayon ou de pinceau qui reproduisent les traits essentiels, l'aspect général. Croquer un détail d'architecture, un profil grotesque, une silhouette; croquer des postures au vol. On consomme dans le monde entier une quantité fabuleuse de crayons, surtout les examinateurs qui croquent des portraits de candidates sur leur calepin (Colette, Cl. école,1900, p. 233).Il se donnait le projet de croquer un détail, un arbre, une maison de guingois, un profil saisi au passage (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1646):
Ses moustaches, poissées d'un cosmétique grossier, ressemblaient à une brochette dont on lui eût traversé la lèvre supérieure, et sa royale se retroussait comme une virgule mise à l'envers. Tout cela lui composait une physionomie la plus hétéroclite du monde, de celles que Jacques Calot aime à croquer de sa pointe originale et vive. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 348.
Rem. La docum. atteste le dér. croquade, subst. fém. Dessin fait rapidement. Des croquades à l'encre d'artistes japonais (Goncourt, Journal, 1861, p. 962).
Loc. Personne jolie, mignonne à croquer. Dont on aurait envie de prendre un croquis. Alicette était charmante à croquer et jolie comme un amour (Amiel, Journal,1866, p. 463).Tu es à croquer en gamin boudeur. Tu es positivement adorable (Gracq, Syrtes,1951, p. 87).J'étendais le bras droit, j'inclinais la tête et je murmurais, cachant ma joue de prélat dans le creux de mon épaule : « Adieu, adieu, notre chère Alsace ». On disait aux répétitions que j'étais à croquer (Sartre, Mots,1964, p. 86).
Rem. À croquer s'applique gén. à des personnes, mais se rencontre également appliqué à des choses. Des collines, des sites de chromo retouchés de donjons romantiques et de cottages à croquer (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 77).
B.− P. anal. Décrire rapidement en retenant quelques traits caractéristiques. Il l'a si bien croqué dans son livre que tout le monde l'a reconnu (Ac.1932).La « Haine des détails » est ce qui perd notre littérature; tout le monde veut croquer comme M. Scribe (Stendhal, Corresp., t. 2, 1800-02, p. 521).
Prononc. et Orth. : [kʀ ɔke], (je) croque [kʀ ɔk]. Ds Ac. 1694-1932. Dupré 1972, p. 570 souligne : ,,Dans certains composés de croque, le second terme prend, au pluriel un s, dans d'autres il reste invariable. Parmi les premiers : croque-lardons, croque-mitaines, croque-morts, croque-noisettes, croque-notes. Restent invariables : croque-abeille, croque-en-bouche``. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xiiies. crokier « frapper » (Sone de Nansai, 18432 ds T.-L.) xvies. ds Hug.; 2. ca 1392 « briser, faire craquer quelque chose » (Froissart, Chroniques, éd. L. Mirot, t. 12, p. 127), spéc. xves. « broyer sous la dent avec un bruit sec » (Evangile des quenouilles, éd. Bibl. Elzev., p. 72 : croquier noisettes); 1517 fig. les biens du peuple crocque (J. Bouchet, Chapelet des princes, 46 vods R. Hist. litt. Fr. t. 8, p. 502); 3. 1remoitié xvies. [d'une chose dure] croquer sous les dents (Des Periers, Contes, LXXV ds Littré); 1716 part. prés. fém. subst. croquante pâtisserie (Cuis. roy. et bourg., t. 1, 40 d'apr. Fr. mod. t. 24, 221 ds Quem.); 4. 1665 croquer (une femme) « obtenir ses faveurs » (La Fontaine, Contes, Mazet, éd. H. Régnier, t. IV, p. 494); 1739 fig. morceau à croquer [en parlant d'une femme] (Marivaux, Triomphe de Plutus, IV, 130 ds IGLF); 1798 jolie à croquer (Ac.). B. 1. Av. 1611 « avoir une connaissance superficielle de quelque chose » (L'Estoile, Mém., 2epart., p. 629 ds Gdf. Compl.); 2. a) [1650 Bl.-W.5] 1676 « ébaucher un tableau » (Félibien Dict.); b) 1752 part. passé adj. croqué (dessein) « pris sur le vif » (J. Lacombe, Dict. part. des beaux-arts ds Fr. mod. t. 17, p. 259); 3. 1680 « faire à la hâte, esquisser un ouvrage » (Rich.). D'une racine onomatopéique krokk-, exprimant un bruit sec (FEW t. 2, p. 1359), dés. -er. Il est difficile de dire si jolie à croquer se rattache à croquer1ou à croquer2.
STAT. − Croquer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 287. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 168, b) 738; xxes. : a) 501, b) 378.
BBG. − Ducháček (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, no2, p. 475. − Gottsch. Redens. 1930, p. 94, 106, 148, 218. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 153; Mots t. 3 1975, p. 200. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, no16, p. 71. − Hugo (V.). Quiconque est amoureux. Vie Lang. 1952, pp. 200-201. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925] p. 237; t. 2 1972 [1925] p. 9. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1959, pp. 237-241.

Croquer, verbe intrans.Accoler (sa boule) à la boule de l'adversaire, puis frapper sa propre boule, en la maintenant avec le pied, de manière à chasser hors du jeu la boule de l'adversaire. Croquer une balle prisonnière. Le joueur qui croque présentement la boule cloutée de son adversaire pour prendre place au pied d'un platane à côté du cochonnet de bois clair (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 10). 1reattest. 1869 (Lar. 19e); francisation du verbe angl. croquet « id. » (attesté dep. 1858 ds ODEE) d'apr. croquer* au sens de « frapper ».

Wiktionnaire

Verbe - français

croquer \kʁɔ.ke\ intransitif ou transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Produire sous les dents un bruit sec et craquant, en parlant d’aliments qui se cassent lorsqu’on les broie.
    • Des biscuits qui croquent sous la dent.
    • Surtout, faut pas qu’ils croquent sous la dent, parce qu’alors c’est qu’ils sont brûlés. — (Jaroslav Hašek, Le Brave soldat Chvéïk, 1921-1923, traduction Henry Horejsi, 1932)
  2. (Par extension) Manger avec ce bruit certains aliments.
    • Croquer des pralines, une pomme.
  3. (Familier) (Transitif) Manger avidement, dévorer.
    • Il croqua un poulet en moins de rien.
  4. (Figuré) (Familier) (Transitif) Dilapider en peu de temps.
    • « J’avais une amie qui a aimé une espèce de poète. Dans ses vers il ne parlait que de l’amour, du ciel, des étoiles. Ah ! ce qu’elle a été refaite ! Il lui a croqué plus de trois cent mille francs. » — (Marcel Proust, Un amour de Swann, 1913, réédition Le Livre de Poche, page 72)
    • J'avais beau y porter mes ronds à son hôtel, les mettre dans une enveloppe avec une lettre, il croquait mon pognon et f'sait répondre: « Miel! » — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Il a croqué tout l'héritage.
  5. (Peinture) (Transitif) Prendre rapidement, au moyen du crayon, du pinceau, etc., les traits principaux et caractéristiques des objets dont on veut conserver le souvenir, tels qu’une figure, un groupe, etc.
    • Si j’étais peintre, je voudrais croquer cette divine créature… — (George Sand, Jeanne, 1844)
    • Assez docilement se laissa-t-il convaincre : l'aptitude pour le dessin qu'il s'était découverte en croquant, au ministère, les binettes de ses voisins de pupitre, achevait de lui supprimer toute perplexité de vocation. — (Aristide Marie, L'art et la vie romantiques: Henry Monnier (1799-1877), Paris : Librairie Henri Floury, 1931, page 21)
  6. (Par extension) (Transitif) Esquisser par quelques traits la première idée d’un tableau, d’une composition.
    • Rebus Plombagine maniait le crayon avec brio, croquant la plage, les glissades, les surfeurs, l’ambiance générale, les décolletés, les chutes de rein, les goinfres engouffrant les ​biscuits, […]. — (Jean Pierre Banville, Des Rails et Dérives, Ibex Books, 2012)
  7. (Par analogie) (Transitif) Dépeindre en quelques traits caractéristiques dans un écrit.
    • Il l’a si bien croqué dans son livre que tout le monde l’a reconnu.
  8. (Croquet) Toucher une boule avec la sienne, ce qui donne deux coups, et envoyer la boule au loin par un coup qui permet de jouer encore une fois.
  9. (Familier) (Transitif) Avoir des relations intimes avec quelqu'un, baiser.
    • Monte-Carlo, paradis de vieilles dames, peuplé de monstres qui ne peuvent s'assouvir qu'à table : jeux et petits gâteaux. De temps en temps elles croquent le lift ou le garçon d'étage. — (François Mauriac, Du côté Proust, 1947, page 185)
    • Ô ma petite Elsa, (…) bébé succulent, nubile à croquer. — (Jules Laforgue, Moralités légendaires, 1887, page 135)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CROQUER. v. intr.
Produire avec les dents le bruit dit Croc en broyant certains aliments. Des biscuits qui croquent sous la dent. Il est aussi verbe transitif et signifie Manger avec ce bruit certains aliments Croquer des pralines. Il signifie, dans le langage familier, Manger avidement. Il croqua un poulet en moins de rien. Fig., Croquer son patrimoine, Dissiper sa fortune en peu de temps. Fig. et fam., Elle est jolie, gentille à croquer, elle est à croquer, se dit d'une Jeune personne très jolie. On dit aussi Cet enfant est gentil à croquer. En termes de Peinture, il signifie Prendre rapidement, au moyen du crayon, du pinceau, etc., les traits principaux et caractéristiques des objets dont on veut conserver le souvenir, tels qu'une figure, un groupe, etc. Il signifie aussi Indiquer seulement par quelques traits la première idée d'un tableau, d'une composition. Ce dessin n'est que croqué. Par analogie, il signifie Peindre en quelques traits caractéristiques dans un écrit. Il l'a si bien croqué dans son livre que tout le monde l'a reconnu. Fig. et fam., Croquer le marmot, Attendre longtemps. Il m'a fait croquer le marmot pendant plus de deux heures. Il signifie encore, en termes de jeu de Croquet, Toucher une boule avec la sienne, ce qui donne deux coups, et envoyer la boule au loin par un coup qui permet de jouer encore une fois.

Littré (1872-1877)

CROQUER (kro-ké)
  • 1 V. n. Faire un bruit sec, en parlant des choses que l'on broie en mâchant. Les macarons croquent sous la dent.
  • 2 V. a. Manger des choses croquantes. Croquer des pralines.
  • 3 Par extension, dévorer. Le monarque des dieux leur envoie une grue Qui les croque, qui les tue, Qui les gobe à son plaisir, La Fontaine, Fabl. III, 4. Croquons-les ; le galant ne fit pas à demi, La Fontaine, ib. V, 18. … Vous leur fîtes, seigneur, En les croquant, beaucoup d'honneur, La Fontaine, ib. VII, 1. Aussitôt qu'à portée il vit les contestants, Grippeminaud, le bon apôtre, Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre, La Fontaine, ib. VII, 16. Les députés [lapins] retournèrent dire à leurs frères que cet étranger [le chat] n'avait garde de croquer les lapins, puisqu'il croyait en bon bramin à la métempsycose, Fénelon, t. XIX, p. 52.

    Fig. et familièrement. N'en croquer que d'une dent, être loin d'avoir obtenu ce qu'on désirait. Mais ils n'en croqueront, ma foi, que d'une dent, Regnard, Démocr. IV, 3. Je leur jurerais, de mon côté, que les Thiriot et autres n'en croqueraient que d'une dent, Voltaire, Lett. d'Argental, 13 juillet 1763. Il a rompu tout net le contrat, à cause de l'aversion qu'il a pour la famille de Cléante… par là vous voyez que ce Cléante n'en croquera que d'une dent, La Chapelle, Carrosses d'Orl. sc. 10.

  • 4 Fig. Croquer une fille, un jeune cœur, obtenir les faveurs d'une femme. [Le jeune homme] Trop bien croyait, ces sœurs étant peu sages, Qu'il en pourrait croquer une en passant, La Fontaine, Mazet. Par où le drôle en put croquer, Il en croqua ; femmes et filles, Nymphes, grisettes, ce qu'il put, Toutes étaient de bonne prise, La Fontaine, Pâté. Il eût de la pomme d'Ève, Ah ! Croqué jusqu'au dernier pepin, Béranger, Turlupin. Turpin d'abord trouve lui-même Cœur de vingt ans non profané ; Mais un bon moine de Télème Le croque à l'instant sous son né, Béranger, M. de Charl.
  • 5Faire l'esquisse d'un tableau, d'un portrait.

    Croquer le marmot, maugréer en attendant quelqu'un qui ne se presse pas. Monsieur le nouveau secrétaire, me disais-je pendant ce temps-là, prenez, s'il vous plaît, patience, vous croquerez bien le marmot, avant que vous le fassiez croquer aux autres, Lesage, Gil Blas, VIII, 3.

    Croquer le marmot, dit Furetière, attendre longtemps sur les degrés, dans un vestibule, et, en général, en un lieu quelconque ; locution venue de ce que les compagnons peintres, quand ils attendent quelqu'un, s'amusent à faire sur les murailles le croquis de marmots.

    Enfant gentil à croquer, d'une gentillesse extrême.

    Cela se dit aussi d'une jeune personne très jolie ou très agréable. Elle est jolie à croquer, gentille à croquer, ou, simplement, elle est à croquer.

  • 6Faire l'esquisse, l'abrégé d'un discours, d'un récit. C'est un fait qui mérite d'être un peu expliqué pour réparer ce que j'ai trop croqué en parlant du retour du père [Villeroy], Saint-Simon, 170, 13. Je gâte cette pièce par la grossièreté dont je la croque ; c'est comme si un barbouilleur voulait toucher à un tableau de Raphaël, Sévigné, t. VIII, Lett. 761, p. 31, dans POUGENS.

    Terme de musique. Croquer des notes, ne pas faire entendre toutes les notes d'un morceau, d'un trait. Croquer un passage, un trait, les passer.

  • 7À la croque au sel, loc. adv. Sans autre assaisonnement que du sel. Manger du poulet à la croque au sel. Des artichauts, des radis à la croque au sel.

    Populairement et par menace, en parlant d'un homme à qui on se croit très supérieur, je le mangerais à la croque au sel.

HISTORIQUE

XVe s. Or vous retournerez si povres et si nuds que les poux vous estrangleront, et vous les croquerez entre vos ongles, Froissart, I, III, 18. Il aperçut sur le bord de la cuve un très beau diamant qu'elle avoit osté de son doigt, doutant de l'eau le gaster : si le croqua si souplement qu'il ne fut d'ame aperçu, Louis XI, Nouv. III.

XVIe s. Vrai est que ces os lui croquoient parfois sous les dents ; mais ils passoient nonobstant, Despériers, Contes, LXXV. Ils le serroient, le tournoient, le viroient en la foule, pour trouver moyen de croquer [escroquer] cette gibeciere, Despériers, ib. LXXXI. Il y a aussi de la noblesse, qui pour des querelles qu'elle prend sans propos, ou pour croquer la depouille d'un gros benefice, fait des ports d'armes, Lanoue, 106.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CROQUER, v. act. (Marine.) signifie accrocher. Croquer le croc de palan, c’est le passer dans l’organeau de l’ancre, pour le remettre au bossoir. (Z)

Croquer, en Peinture, c’est dessiner ou peindre à la hâte les premieres idées mal digérées qui viennent sur un sujet qu’on se propose d’exécuter. Je n’ai fait que croquer cela, je le rectifierai à loisir. Ce peintre ne fait que croquer ses ouvrages. Cela n’est que croqué. (R)

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Étymologie de « croquer »

Croc, onomatopée.

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De l'onomatopée croc, bruit sec que font certaines choses dures quand on les brise sous la dent (→ voir cric et crac).
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Phonétique du mot « croquer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
croquer krɔke

Fréquence d'apparition du mot « croquer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « croquer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « croquer »

  • Les compliments sont des bonbons dont les femmes raffolent toute leur vie ; jeunes, pour les croquer à pleines dents ; vieilles, pour les faire fondre doucement entre leurs dents.
    Auguste Rodin
  • J'aime croquer les danseurs. Je profite mieux de la musique en dessinant. Je fais des gammes.
    Cabu — interview de A Nous du 27 janvier 2014
  • À quoi sert la philosophie ? À nourrir ceux dont c’est le métier et à consoler les autres de ne pas en croquer.
    Philippe Bouvard — Journal 1992-1996
  • Lorsque l’on vous propose la carte à votre arrivée, elle est accompagnée de la liste des artisans et producteurs locaux avec lesquels le chef travaille, et il y en a beaucoup… Lors de notre passage, nous avons eu l’impression de croquer la Haute-Garonne à pleines dents rien qu’à la lecture du menu : truites d’Oô, agneau des Pyrénées, Veau de Saint-Bertrand-de-Comminges, légumes du marché de Luchon, sans parler du pain de maïs fabriqué par Estelle Faure à Mareygne.
    ladepeche.fr — Bourg-d'Oueil. Dans le Luchonnais, le restaurant El Almacen pour croquer la Haute-Garonne à pleines dents - ladepeche.fr
  • J'aime croquer les danseurs. Je profite mieux de la musique en dessinant. Je fais des gammes.
    Cabu — interview de A Nous du 27 janvier 2014
  • À quoi sert la philosophie ? À nourrir ceux dont c’est le métier et à consoler les autres de ne pas en croquer.
    Philippe Bouvard — Journal 1992-1996
  • Les compliments sont des bonbons dont les femmes raffolent toute leur vie ; jeunes, pour les croquer à pleines dents ; vieilles, pour les faire fondre doucement entre leurs dents.
    Auguste Rodin
  • Lors de notre passage, nous avons eu l’impression de croquer la Haute-Garonne à pleines dents rien qu’à la lecture du menu : truites d’Oô, agneau des Pyrénées, Veau de Saint-Bertrand-de-Comminges, légumes du marché de Luchon, sans parler du pain de maïs fabriqué par Estelle Faure à Mareygne.
    ladepeche.fr — Bourg-d'Oueil. Dans le Luchonnais, le restaurant El Almacen pour croquer la Haute-Garonne à pleines dents - ladepeche.fr
  • Une souris trottinait sur le corps d’un lion endormi. Celui-ci s’éveilla, la saisit, et s’apprêta à la croquer. Mais la souris le supplia de la relâcher, lui disant que s’il l’épargnait, elle le payerait de retour ; le lion éclata de rire et la laissa partir. Peu après, il arriva que le lion dut son salut à la reconnaissance de la souris. Il fut en effet capturé par des chasseurs qui l’attachèrent à un arbre avec une corde ; alors, entendant ses gémissements, la souris vint ronger son lien et le détacha. « Naguère, tu t’es ri de moi » dit-elle, « parce que tu ne croyais pas que je m’acquitterais de ma dette : sache désormais qu’on trouve de la gratitude jusque chez les souris ! »La fable montre que dans les revers, les gens les plus puissants ont besoin des plus faibles.
    Ésope — Le Lion et la Souris reconnaissante

Images d'illustration du mot « croquer »

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Traductions du mot « croquer »

Langue Traduction
Anglais chew
Espagnol mordedura
Italien mordere
Allemand beißen
Chinois
Arabe عضة
Portugais mordida
Russe укусить
Japonais 一口
Basque kosk
Corse morded
Source : Google Translate API

Synonymes de « croquer »

Source : synonymes de croquer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « croquer »

Combien de points fait le mot croquer au Scrabble ?

Nombre de points du mot croquer au scrabble : 18 points

Croquer

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