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Coiffer

Définitions de « coiffer »

Trésor de la Langue Française informatisé

COIFFER, verbe trans.

I.− Couvrir la tête avec une coiffure.
A.−
1. Coiffer qqn (de).Mettre une coiffe sur la tête (de quelqu'un). Coiffer un enfant d'un béret, d'une casquette; coiffer les soldats d'un casque; coiffer les grenadiers d'un bonnet à poils. Coiffer tout son monde avec des képis (A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 115);coiffer qqn d'une petite capeline en tricot (Zola, Une Page d'amour,1878, p. 1055):
1. Les miroirs où si souvent Jean Péloueyre avait contemplé sa pauvre mine, furent voilés de linge. On habilla son corps comme pour la grand-messe : Cadette le coiffa même d'un feutre et lui mit un paroissien entre les mains. La cuisine se remplit d'une rumeur de fête parce qu'il y aurait quarante personnes à la salle à manger. Mauriac, Le Baiser au lépreux,1922, p. 209.
Fam. et p. plaisant. Appliquer sur la tête, jeter. Coiffer qqn d'un seau d'eau. Coiffer le notaire avec l'omelette (Champfleury, Les Aventures de MlleMariette,1853, p. 127).Guignol, qui est en train de déménager ses meubles par la fenêtre, coiffe le portier avec le vase de nuit (Coppée, La Bonne souffrance,1898, p. 35).
Populaire
[En parlant d'une femme] Coiffer son mari (de cornes). Le tromper. La femme qui commande humilie son mari, et tôt ou tard, elle le coiffe (Proudhon, La Pornocratie,1865, p. 203).
Enivrer. Ce vin coiffe vite; être aisé à coiffer.
Rem. Sens pop. attesté ds la plupart des dict. du xixeet du xxesiècle.
2. P. anal. Placer au-dessus de.
a) Orner, parer la tête de quelqu'un. Coiffer qqn de fleurs, de plumes; coiffer la tête d'un diadème. Le jour où une novice fait profession, on l'habille de ses plus beaux atours, on la coiffe de roses blanches (Hugo, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 583).
P. métaph., fam., rare. Coiffer qqn d'un surnom, d'un sobriquet (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 13, 1863-69, p. 103).Coiffer qqn d'une idée. Lui faire adopter. Si je pouvais le coiffer [Jonquières] de mon idée (É. Augier, Jean de Thommeray,1874, p. 332).
b) [En parlant de l'élément qui compose un paysage : sommet, colline, toit d'une maison] Être placé au-dessus de; surmonter. Bois qui coiffe le sommet d'un tertre; nuage, brume qui coiffent la montagne. La verte colline que coiffe cette maisonnette (Amiel, Journal intime,1866, p. 393):
2. Les coteaux coupés de haies vives, la route blanche, l'ombre déliée de la minuscule vallée de la Souette, à peine distincte, jusqu'à la crête plus lointaine, coiffée de travers par les derniers taillis de la forêt de Seigneville, tout ce paysage paisible lui apparut [à Chantal] transfiguré dans la lumière immobile... Bernanos, La Joie,1929, p. 604.
c) [En parlant d'un obj. que l'on recouvre d'une manière ou d'une autre] Coiffer une bougie d'un éteignoir. La meunière coiffa le brasier d'une large marmite, dont la flamme embrassa le fond noir comme une couronne d'or radiée (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 340).Coiffer une lampe d'un abat-jour (Gide, Isabelle,1911, p. 614).
Spécialement
Coiffer une bouteille, coiffer un flacon. Mettre une enveloppe de cire, de métal sur le bouchon afin d'empêcher que le vin ne s'évente. Voici la cave de l'ami Kobus où les bouteilles vénérables coiffées de cires vermeilles s'alignent dans un ordre parfait (A. Daudet, Pages inédites de critique dramatique,1897, p. 77).
MAR. Voile qui coiffe (ou se coiffe), et p. ext., navire qui coiffe. Voile frappée par le vent sur sa face antérieure, et qui s'applique contre le mât (cf. T. Gautier, Italia, Voyage en Italie, 1852, p. 6). Il fallait opérer sans retard. La grand'voile et le grand hunier furent largués et coiffèrent le mât sous l'effort du vent (Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 54).
RELIURE. Coiffer un livre. Arranger le cuir en rabattant et en collant ce qui dépasse à chaque extrémité (cf. A. Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1896, p. 312).
TECHNOL. Coiffer la chèvre. Fixer sur la coiffe d'une chèvre le câble qui servira à soulever les charges.
Rem. Sens attestés ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
VÉN. [En parlant des chiens] Happer le sanglier ou le cerf aux oreilles. Chercher à coiffer l'animal (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 238):
3. Sur son corps (...) il [le cerf] sentait la morsure des dents longues (...). Il était aux abois, dans les abois, parmi toutes ces voix dévorantes, avides, cruelles (...). Un molosse le coiffa, qu'il secoua d'un dernier sursaut... P. Vialar, La Chasse aux hommes,Le Rendez-vous, 1952, p. 231.
Au fig. Courir sus à quelqu'un, s'en saisir, l'arrêter.
Ah! fit l'autre [policier à son collègue] avec une certaine curiosité (...) vous l'avez coiffé... Il [l'assassin] ne pouvait aller bien loin (P. Vialar, La Chasse aux hommes,L'Hallali, 1953, p. 170).
3. Au fig. Être placé à la tête d'un organisme, exercer son autorité sur, coordonner les actions. Coiffer des services; coiffer les différentes activités. Coiffer des entreprises (Camus, L'Homme révolté,1951, p. 263):
4. Dès 1941, la France libre avait envoyé dans l'île le capitaine Scamaroni avec mission de préparer l'action. Pendant deux ans, Scamaroni avait fait d'excellent travail, réussissant à coiffer tous les éléments de résistance, afin qu'aucun parti, aucun clan, ne pût monopoliser à son profit l'effort de tous. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 141.
4. Spécialement
a) SP. [En parlant d'un cheval de course] Battre un adversaire d'une courte tête, juste sur le poteau d'arrivée.
P. ext. [En parlant d'un sportif quelconque : cycliste, athlète, etc.] Battre son rival au dernier moment et juste sur la ligne d'arrivée. Guillez, lui, se contenta de coiffer sur le poteau l'immense Jarvinen (L'Auto, 27 août 1933, p. 1 dsA.-O. Grubb, French sports neologisms,1937, p. 26).
b) ART MILIT. [En parlant de stratégie] Coiffer un objectif; coiffer l'ennemi. L'atteindre par ses tirs; prendre d'assaut ses positions.
Rem. Sens art milit. attesté ds la plupart des dict. du xixeet du xxesiècle.
B.− Mettre sur sa tête, porter comme coiffure.
1. Emploi trans. Coiffer un chapeau, un casque, un chaperon. Coiffer des pailles de Panama, des canotiers, de larges chapeaux melons (Jammes, Les Robinsons basques,1925, p. 146):
5. Le 20 juin, un cortège tumultueux, portant une pétition pour le rappel des ministres girondins, défila devant l'Assemblée consentante, puis viola les Tuileries sans défense. C'est ce jour-là que Louis XVI, à la foule qui l'insultait et le menaçait, opposa son courage résigné et tranquille, et coiffa le bonnet rouge qui lui était tendu. Bainville, Hist. de France,t. 2, 1924, p. 67.
Au fig.
a) Coiffer la couronne, la mitre, la tiare. Être élevé à la dignité de roi, d'évêque, de pape. Coiffer la tiare en la ville d'Avignon. Être en passe de coiffer la couronne (F. Fabre, Le Roi Ramire,1884, p. 230).La Princesse (...) avouait un regret à la pensée qu'il [le nonce Bentivoglio] n'eût pas coiffé la tiare (J. et J. Tharaud, La Tragédie de Ravaillac,1913, p. 84).
b) [P. allus. au bonnet porté par la patronne des célibataires] Coiffer Ste Catherine. Atteindre la vingt-cinquième année sans s'être mariée :
6. On ne parlait de mademoiselle Mignon que pour l'insulter par des « Pauvre fille, que deviendra-t-elle? Elle coiffera sainte Catherine ». Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 43.
c) [Avec un compl. interne de mesure ou de qualité]
[En parlant du tour de tête et de sa mesure] Coiffer du 50; coiffer petit, grand.
[En portant un jugement sur l'élégance de la coiffure] Coiffer bien, mal, admirablement. J'ai beaucoup de mal à me faire aux formes nouvelles. Robert trouve qu'elles me coiffent très bien (Gide, L'École des femmes,1929, p. 1266).
2. Emploi pronom. Orner, parer sa tête de ce qui sert à la couvrir. Se coiffer d'un melon, d'une casquette, d'un casque. Se coiffer d'un tricorne (About, La Grèce contemporaine,1854, p. 369);se coiffer d'un invraisemblable petit chapeau (Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans,1934, p. 215):
7. Tout en disant cela Fritz se coiffait de son feutre; il prenait sa canne à pomme d'ivoire au coin de la cheminée, et descendait dans le vestibule. Erckmann-Chatrian, L'Ami Fritz,1864, p. 39.
Au fig. et fam.
Être coiffé de qqn, se coiffer de qqn.Avoir une attirance pour cette personne; s'engouer de. Se coiffer d'une servante. Se coiffer d'une drôlesse (G. Sand, François le Champi,1850, p. 30):
8. ... l'imbécile Orgon en pourrait remontrer à Molière si le goût désordonné et tout humain qu'il a de Tartuffe ne lui faisait oublier ce que le catéchisme lui enseigne touchant la corruption de la nature (...). Orgon est coiffé de Tartuffe, et plus il cède à cet attrait et plus il s'éloigne du christianisme... Mauriac, Mes grands hommes,1949, p. 26.
Être coiffé, se coiffer d'une idée. N'avoir que cette idée en tête, être persuadé de son exactitude. Je parle de mon voisin de Beuvre, un très-excellent homme, je vous jure, mais coiffé de l'idée que la vertu est dans les livres de théologie (G. Sand, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 63).
II.− Arranger les cheveux d'une certaine manière, en les peignant, en les brossant, etc.
A.− Emploi trans. Coiffer son enfant, sa poupée; coiffer en bandeaux, à la Jeanne d'Arc. Coiffez-le « aux enfants d'Édouard » (A. France, Le Livre de mon ami,1885, p. 28);être en train de la coiffer (R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Cahier gris, 1922, p. 671):
9. J'en repartais au matin, à l'heure où Marie commençait de coiffer ma mère; aussi ne m'était-il donné d'assister que les jours de congé à cette opération, qui durait une demi-heure. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 454.
B.− Emploi pronom. Se coiffer élégamment; se coiffer avec des anglaises. Se faire coiffer (Constant, Le Cahier rouge,1830, p. 58);se coiffer en brosse (Banville, Odes funambulesques,1859, p. 181);se coiffer mal (Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 978):
10. La femme se mit entièrement dans l'âtre pour s'habiller, à dix centimètres du feu c'était intolérable. Elle se coiffa comme elle put devant la petite glace de son sac à main. Les cendres tombaient abondamment sur ses cheveux et elle rit de se voir du noir sur le nez. Elle mit son béret, enfila son manteau... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 13.
Rare. [En parlant d'une femme] Se coiffer en cheveux. Ne pas porter de coiffure. Elle se coiffe plutôt en cheveux qu'en chapeau, par économie (Champfleury, Les Aventures de MlleMariette,1853, p. 107).
C.− Absolument
1. Savoir coiffer. MlleLebrun me suivra jusques à Londres si cela est nécessaire, et l'on dit qu'à Londres il y a une foule d'hommes et de femmes françaises sans place qui réunissent les talents que je cherche. Il me faut une femme de chambre qui sache très bien coiffer (Mmede Staël, Lettres inédites à L. de Narbonne,1792, p. 88).
2. Aller se faire coiffer. Aller chez son coiffeur pour se faire couper les cheveux.
Rem. Attesté ds Dub.
Prononc. et Orth. : [kwafe], (je me) coiffe [kwaf]. Ds Ac. 1694-1932. Pour les graph. coifer, cœffer, coëffer, cf. coiffe. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1280 l'obj. désigne une pers. « mettre une coiffe sur la tête de quelqu'un » [fames] espès coiffïes (Clef d'Amors, 2425 ds T.-L.); 2emoitié xiiies. [date du ms. Bibl. nat. fr. 1593, anc. 7615] (Contenance des fames ds A. Jubinal, Nouv. rec., II, 174); 1538 l'obj. désigne une coiffe « mettre sur sa tête » (Cl. Marot, Temple du Cupidon, 219); 2. a) 1549 né coeffé (cf. coiffe 3 b) fig. (Est.); b) 1599 coiffé de « entiché de » (Fauchet, Antiq. gaul., III, 2 ds Gdf. Compl.). B. 2emoitié xiiies. « mettre en ordre les cheveux de quelqu'un » (?) (Contenance des fames, ibid. : Or est lavée, or est peigniée, Or est coifée, or est treciée). Dér. de coiffe*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 451. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 473, b) 635; xxes. : a) 982, b) 582. Bbg. Goug. Mots t. 2 1966, pp. 132-133. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 250.

Wiktionnaire

Verbe - français

coiffer \kwa.fe\ transitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se coiffer)

  1. Couvrir la tête.
    • […] : puis il […] se coiffa d’un toquet de velours noir sans plume ni pierreries, s’enveloppa d’un manteau de couleur sombre, […]. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre II)
    • Il me jeta un manteau sur les épaules et me coiffa d’un grand chapeau.
    • (Par analogie) Le sculpteur a coiffé d’un casque cette statue de femme.
    • Il le coiffa d’un seau d’eau.
  2. (Figuré) Recouvrir un sommet.
    • …les volutes de brume qui coiffaient les volcans furent alors éclairées en rouge, donnant à l'ensemble de l'île l'aspect d'une formidable éruption générale. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    1. (Jeu d’échecs) Attacher un signe à un pion, et qui, d’après les règles du jeu, a un emploi particulier.
    2. Mettre une enveloppe par-dessus le bouchon d'une bouteille pour empêcher que le liquide qu’elle contient ne s’évente.
  3. (Figuré) (Populaire) Mettre des cornes, cocufier.
    • Cette femme coiffe son mari.
  4. (Figuré) (Familier) S’engouer, s’entêter de quelqu’un ou de quelque chose.
    • Il s’est allé coiffer de cette femme.
    • Elle s’est coiffée de lui.
    • Se coiffer d’une opinion.
    • Si bien qu’au bout d’un mois, on savait dans tout l’arrondissement et même au delà, qu’il y avait au château de Boussac un original d’Anglais, millionnaire, et assez beau garçon, qui s’était coiffé d’une servante, au point de vouloir en faire sa femme. — (George Sand, Jeanne, 1844)
  5. Fournir des coiffures.
    • […] ; aussi les dandies de l'endroit se font-ils habiller par les tailleurs et coiffer par les chapeliers de Copenhague. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 50)
  6. Arranger les cheveux de telle ou telle façon, peigner.
    • Elle se fit coiffer par sa femme de chambre.
    • Ce valet de chambre était occupé à coiffer son maître.
    • Se coiffer à la mode.
    • — La Révolution, ajouta-t-il, est un grand mal. On ne se coiffe plus. Et un peuple qui ne fait pas de coiffures est au-dessous des bêtes. — (Anatole France, L’Étui de nacre, 1892, réédition Calmann-Lévy, 1923, page 148)
    • Les termes mêmes par quoi l'on exprime les choses de la toilette prenaient sur leurs lèvres [aux vieilles filles] un tour qui marquait la basse idée qu'elles s'en faisaient : elles disait « se débarbouiller » pour « se laver », « se démêler les cheveux » pour « se coiffer ». — (Maurice Bedel, Mémoire sans malice sur les dames d'aujourd'hui, 1935)
    • (Absolument) Ce perruquier coiffe bien.
  7. Seoir, en parlant des ornements de tête.
    • Ce chapeau, ce bonnet vous coiffe bien. ; (Absolument) Ces chapeaux coiffent bien.
  8. (Chasse) Prendre un gibier par les oreilles, en parlant des chiens.
    • Les chiens ont coiffé le sanglier.
  9. (Marine) Se faire frapper par le vent sur l’avant des voiles, lors d'une manœuvre ou d'un changement de vent subit, en parlant d'un navire.
    • Il fit une fausse manœuvre et le vaisseau coiffa.
  10. Être à la tête, diriger, commander.
    • Dès 1941, la France libre avait envoyé dans l'île le capitaine Scamaroni avec mission de préparer l'action. Pendant deux ans, Scamaroni avait fait d'excellent travail, réussissant à coiffer tous les éléments de résistance, afin qu'aucun parti, aucun clan, ne pût monopoliser à son profit l'effort de tous. — (De Gaulle, Mémoires de guerre, 1956)
  11. (Sport) Être en tête. Battre un adversaire d'une courte tête au dernier moment.
    • En 1978, pour la toute première édition, le Canadien Mike Birch, à bord de son petit multicoque de 12 mètres (Olympus), avait coiffé le gros monocoque de Michel Malinovsky (Kritter) de 98 secondes. — (Le Monde avec AFP, Route du rhum : l’incroyable victoire de Francis Joyon, Le Monde. Mis en ligne le 12 novembre 2018)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

COIFFER. v. tr.
Couvrir la tête. Il me jeta un manteau sur les épaules et me coiffa d'un grand chapeau. Les Turcs se coiffent d'un fez ou d'un turban. Par analogie, Le sculpteur a coiffé d'un casque cette statue de femme. Fam. et par plaisanterie, Coiffer quelqu'un de quelque chose, Le lui jeter, le lui appliquer sur la tête. Il le coiffa d'un seau d'eau. Fig. et pop., Cette femme coiffe son mari, Elle lui est infidèle. Fig. et fam., Se coiffer de quelqu'un, S'engouer, s'entêter de quelqu'un. Il s'est allé coiffer de cette femme. Elle s'est coiffée de lui. On dit dans le même sens, Se coiffer d'une opinion. Il signifie aussi Arranger les cheveux de telle ou telle façon. Elle se fit coiffer par sa femme de chambre. Ce valet de chambre était occupé à coiffer son maître. Se coiffer à la mode. Absolument, Ce perruquier coiffe bien. Il peut se dire aussi des Ornements de tête qui sont seyants. Ce chapeau, ce bonnet vous coiffe bien, ou absolument Ces chapeaux coiffent bien. Par extension, Être bien coiffé, Avoir un chapeau qui sied bien. Par analogie, Ce chien est bien coiffé, Il a les oreilles longues, pendantes et de la même couleur. Un cheval bien coiffé, Qui a les oreilles petites, mobiles et droites. Un cheval mal coiffé, Qui a les oreilles longues, inertes et pendantes. En termes de jeu d'Échecs, Un pion coiffé, Un pion auquel on attache un signe et qui, d'après les règles du jeu, a un emploi particulier. Coiffer une bouteille, Mettre une enveloppe par-dessus le bouchon pour empêcher que le liquide qu'elle contient ne s'évente. Prov. et fig., Coiffer sainte Catherine, Rester fille, ne pas trouver à se marier. En termes de Chasse, Les chiens ont coiffé le sanglier, Ils l'ont pris aux oreilles. En termes de Marine, on dit qu'Un bâtiment coiffe lorsque, par une manœuvre ou un changement de vent subit, le vent frappe sur l'avant des voiles. Il fit une fausse manœuvre et le vaisseau coiffa. Cet enfant est né coiffé, se dit d'un Enfant qui est venu au monde avec une sorte de membrane qu'on appelle Coiffe et que le peuple regarde comme un présage de bonheur : c'est de là que vient l'expression : Il est né coiffé, Il a de la chance dans tout ce qui lui arrive et réussit dans tout ce qu'il entreprend. Fig. et fam., Il serait amoureux d'une chèvre coiffée. Voyez AMOUREUX.

Littré (1872-1877)

COIFFER (koi-fé) v. a.
  • 1Couvrir la tête d'une coiffe.

    Couvrir la tête d'une coiffure quelconque. Coiffer les grenadiers d'un bonnet à poil.

    Friser, natter les cheveux. Coiffer une femme en cheveux.

    Coiffer sainte Catherine, rester fille. Ste Catherine étant la patronne des demoiselles, on dit que la demoiselle qui ne se marie pas lui met la première épingle à vingt-cinq ans, la seconde à trente ; et à trente-cinq la coiffure est finie.

    Absolument. Ce perruquier coiffe bien.

  • 2Orner, parer la tête. Cette couronne de bluets la coiffe à merveille.
  • 3Mettre, jeter sur la tête. On le coiffa d'un seau d'eau. On renversa la table, on coiffa d'un potage le pauvre Vine-ville qui n'en pouvait pas davantage, Retz, III, 6.
  • 4Coiffer une bouteille, mettre une enveloppe par-dessus le bouchon.
  • 5 En termes de mécanique, coiffer la chèvre, fixer sur la coiffe de cette machine le câble qui sert à soulever les objets.
  • 6Coiffer un livre, en arranger le cuir à chaque extrémité du dos.
  • 7 Terme de vénerie. Happer le sanglier aux oreilles en parlant d'un chien.

    Par extension. Le tigre ne peut coiffer le rhinocéros sans risquer d'être éventré.

  • 8Infatuer. Les beautés qu'une prévention aveugle avait coiffées du mérite de Germain, Hamilton, Gramm. 6. Il s'était laissé coiffer de chimères et de visions, Hamilton, ib. 10.
  • 9 Familièrement, enivrer. Il est aisé à coiffer. Quel est le cabaret honnête Où tu t'es coiffé le cerveau ? Molière, Amph. III, 2.
  • 10Coiffer son mari, en parlant d'une femme, lui être infidèle. [Perruquier] prétendant n'avoir point coiffé de jolies femmes dont il n'eût coiffé les maris, Rousseau, Conf. III.
  • 11 V. n. Terme de marine. On dit qu'un navire coiffe, lorsque le vent vient frapper les voiles par l'avant.
  • 12Se coiffer, v. réfl. Porter comme coiffure. Les Turcs se coiffent d'un turban.

    Se coiffer en cheveux, ou avec ses cheveux, n'avoir aucun ornement dans les cheveux arrangés en coiffure.

    Se couvrir la tête, en parlant d'un homme. Coiffez-vous.

    Arranger sa coiffure. Elle met un temps infini à se coiffer.

  • 13 Terme de marine. Les voiles se coiffent, quand elles se collent aux mâts.
  • 14S'enivrer. Cet homme se coiffe souvent.
  • 15S'infatuer. Fille se coiffe volontiers D'amoureux à longue crinière, La Fontaine, Fabl. IV, 1. Faut-il de ses appas m'être si fort coiffé ? Molière, École des f. III, 5. C'est un bonheur de n'être point sujette à se coiffer d'un de ces oisons-là, Sévigné, 239. Comment ce garçon s'était coiffé d'un visage à faire peur, Hamilton, Gramm. 10. Si on y songe trop, on s'entête et on s'en coiffe, Pascal, Disp. 3. L'inquiétude Dont Damon s'est coiffé si malheureusement, La Fontaine, Coupe. Elle se coiffait de toute sa force en faveur de Matta, Hamilton, Gramm. 4. Il est difficile de comprendre comment M. de Turenne s'en coiffa [de M. Boucherat], Saint-Simon, 69, 132.

HISTORIQUE

XIIIe s. [La femme] Or est lavée, or est peigniée, Or est coifée, or est tressiée, Contenance des femmes.

XVIe s. [Vénus] Le transmit [un chapeau de roses] à son cher enfant, Qui de bon cœur le va coiffant, Marot, I, 74. Toutes choses qui sont coiffées, Ont moult de lunes en la teste, Marot, II, 128. Je crois que vous eussiez pris une chevre coiffée pour une belle fille, Marguerite de Navarre, Nouv. VIII. Qui fut oncques plus coiffé de femmes que lui de Messaline ? La Boétie, 71. Alors les matrones presagent que l'enfant est heureux, par ce (disent-elles) qu'il est né coiffé, Paré, XVIII, 16. Dirai-je encore de tel qui est coiffé et meurt pour une qu'il sçait estre laide, vieille, souillée…, Charron, Sagesse, I, 38. Nous nous suyvons à la piste, voire nous nous pressons, eschauffons, nous nous coiffons et investissons les vices et passions les uns aux autres, Charron, ib. II, Préface. La table est desjà coiffée [servie], Contes de CHOLIÈRES, f° 66, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COIFFER. Ajoutez :
16Prendre pour coiffure, mettre sur sa tête. À peine Proterius avait-il reçu l'imposition des mains et coiffé cette tiare adoptée depuis Cyrille…, Am. Thierry, Rev. des Deux-Mondes, 1er avr. 1872, p. 522.
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Étymologie de « coiffer »

Coiffe ; bourguig. couiffay, coiffé.

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(XIIIe siècle) De coiffe et -er.
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Phonétique du mot « coiffer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
coiffer kwafe

Fréquence d'apparition du mot « coiffer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « coiffer »

  • La reprise était très attendue par les clientes : certaines avaient rendez-vous la semaine du 17 mars. Elles ont attendu pendant près de deux mois pour se faire coiffer ! « Pendant trois semaines, nous avons étendu nos horaires », commente Odile, la propriétaire du salon. « Nous étions ouverts 10 heures par jour pour pouvoir répondre à la demande. Nous sommes depuis ce mardi revenues aux horaires habituels. » Elle poursuit : « Pendant le confinement, je me suis entraînée sur des postiches pour garder la main. Avant la réouverture, j’ai formé mes employées au respect des mesures sanitaires. Nous avons reçu des recommandations strictes. »
    Seine-et-Marne. Se faire coiffer à Rebais en toute sécurité | Le Pays Briard
  • Elles ont attendu pendant près de deux mois pour se faire coiffer !
    Seine-et-Marne. Se faire coiffer à Rebais en toute sécurité | Le Pays Briard

Images d'illustration du mot « coiffer »

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Traductions du mot « coiffer »

Langue Traduction
Anglais styling
Espagnol peinar
Italien messa in piega
Allemand styling
Chinois 造型
Arabe التصميم
Portugais estilo
Russe моделирование
Japonais スタイリング
Basque sorozabal
Corse stile
Source : Google Translate API

Synonymes de « coiffer »

Source : synonymes de coiffer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « coiffer »

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Coiffer

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