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Brouillard

Variantes Singulier Pluriel
Masculin brouillard brouillards

Définitions de « brouillard »

Trésor de la Langue Française informatisé

BROUILLARD1, subst. masc.

A.−
1. MÉTÉOR. Ensemble de gouttelettes d'eau en suspension dans l'air qui se forme au niveau du sol par suite du refroidissement des couches inférieures de l'air :
1. ... comme il était tombé toute la nuit une pluie fine, il restait encore un brouillard humide qui retardait son [du soleil] apparition. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 158.
2. Je suis sorti sur le balcon. Le soir est tombé. Les brouillards gris qui traînent sur la terre durant la chaleur du jour se sont écartés. Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans,1934, p. 257.
2. P. anal.
a) Atmosphère rendue opaque comme par un brouillard. Brouillard de fumée :
3. Et, comme, en passant près de la fontaine, le voyageur y plongea le bout de son bâton, − l'eau bouillonna soudain. Et l'on vit s'élever dans l'air un brouillard de fumée, noire et puante. Murger, Les Nuits d'hiver,1861, p. 220.
4. ... la vapeur des haleines avec les fumées des candélabres faisait un brouillard dans l'air. Flaubert, Trois contes,Hérodias, 1877, p. 191.
b) Voile qui nimbe les corps et les objets et en estompe les contours. Avoir un brouillard devant les yeux :
5. Elle [Valérie] se posa de manière à rendre Crevel ... déchaussé de sa cervelle jusqu'aux talons, tant elle fut drôle et sublime de nu visible à travers le brouillard de la batiste. Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 294.
6. C'étaient des cheveux blonds, d'un blond cendré, d'un blond de poudre, et il y en avait, et ils étaient fins, un brouillard d'or autour de la tête. A. Daudet, Le Petit Chose,1868, p. 261.
P. métaph. [Avec une idée de menace] :
7. L'avenir lui paraissait gros de nuages gris; des brouillards perpétuels s'étaient amassés autour de sa tête, au lieu du rayon de soleil qui dorait jadis son existence. Champfleury, Les Aventures de Mlle Mariette,1853, p. 189.
B.− Au fig. Confusion dans la prise de conscience ou dans le souvenir :
8. Dans le brouillard d'un mal de tête, idées pour la symphonie. Ne pas prendre le ton dithyrambique d'hier; en faire quelque chose de très lié, d'organique, de charnu. Commencer par un cri? P. Schaeffer, À la recherche d'une mus. concr.,1952, p. 58.
9. Le pardon est la totale franchise, mais le malentendu est la fuite dans les brouillards de l'approximation; ... Jankélévitch, Le Je-ne-sais quoi et le presque-rien,1957, p. 171.
Locutions
Foncer dans le brouillard. Disparaître, s'éclipser rapidement. Arg. milit. Foncer dans le brouillard. Monter à l'assaut.
Être dans le brouillard. Ne plus savoir exactement ce que l'on fait. Arg. Être dans le brouillard. ,,Être gris, commencer à y voir trouble`` (France 1907).
PRONONC. ET ORTH. : [bʀuja:ʀ]. Buben 1935, § 212, rappelle : ,,Brouillard, a. fr. brouillas, anciennement brouas, dérivé de brou, d'origine germ. [fait partie des mots] dans lesquels un r analogique a été ajouté par substitution de suffixe à l'époque où les consonnes finales cessaient de sonner. Purement graphique et muet au commencement, cet r est devenu plus tard sonore comme dans les autres mots où il était étymologique.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1remoitié xves. broillars (Ch. d'Orléans, Ballades, XCVI, 10, éd. P. Champion, Paris, 1956, p. 151); 1538 brouillard (Est.). Altération par changement de suff. (-ard*, péj. cf. blafard, hagard, etc.) de l'a. fr. brouillas « brouillard » (ca 1210, bruillat, G. de Coincy, Mir. Vierge, 11, 5 dans T.-L.; 1379 brouillas, J. de Brie, Bon Berger, 103, ibid. − 1690, Fur. : quelques uns disent encore brouillas, 1771, Trév. : brouillard, autrefois brouillas), dér. de brouiller* étymol.; suff. -as* (v. Nyrop t. 3, § 179 et FEW t. 15, 1, p. 300a).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 413. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 591, b) 4 699; xxes. : a) 3 710, b) 3 301.

BROUILLARD2, ARDE, adj. et subst. masc.

I.− Adj. Papier brouillard. Buvard, papier non encollé qui absorbe l'encre fraîche ou laisse passer l'eau d'un liquide soumis au filtrage. À trente pas, une maison, un bateau à vapeur semblent des taches sur du papier brouillard (Taine, Notes sur l'Angleterre,1872, p. 10).
II.− Subst. masc. Registre de commerce sur lequel on inscrit au jour le jour les opérations. Synon. main courante.
Prononc. : [bʀuja:ʀ]. Étymol. et Hist. 1. 1496-1544 « brouillon, manuscrit » subst. (Marot, Rondeaux, 76 dans Hug.); d'où 1680 (Rich. : Brouillard de marchand. Livre où le marchand écrit tous les jours, & où il raye & éface ce qu'il lui plait); 2. 1611 papiers brouillars (Cotgr.). Dér. de brouiller* étymol.; suff. -ard* péj.; cf. lat. médiév. brolhardus « id. » 1516 dans Du Cange t. 1, p. 755c. Le m. fr. brouillas « brouillon d'une lettre » est attesté seulement fin xvies. (Baïf dans Hug.).
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 11, 12, 420, 446. − Kuhn 1931, p. 169, 225, 233. − Rog. 1965, p. 65.

Wiktionnaire

Nom commun - français

brouillard \bʁu.jaʁ\ masculin

  1. (Météorologie) Un amas de fines gouttelettes d'eau, ou parfois de fins cristaux de glace, plus ou moins épais, et ordinairement froid, qui obscurcit l’air.
    • Ayant donc présupposé ceci, vous devez savoir que la manière selon laquelle s'engendre , & produit l'eau qui pleut, les brouillards, les bruines, les tonnerres, les neiges, & les autres choses que vous demandez, est telle: c'est qu'avec la chaleur du Soleil, & par son influence, & des Estoiles en leur mouvement se lèvent au dessus de la terre, de la Mer, des fleuves, & des lacs, plusieurs fumées, & vapeurs, desquelles aucunes sont seiches , fort chaudes, & subtiles, comme la petite fumée d'une torche, & cela s'appelle exhalation; il y en a d'autres plus épaisses, & plus humides, & non chaudes en tel degré, qui se nomment vapeurs: comme celles-là que nous voyons monter de l'eau mise devant le feu. — (Les diverses leçons de Pierre Messie ... mises de castillan en françois par Claude Gruget, parisien, avec sept dialogues de l'auteur, dont les quatre derniers ont été de nouveau traduits en cette quatrième édition..., Pero Mexía, 1526)
    • Un brouillard fumeux, ressemblant à celui de l’été indien, enveloppait toutes choses et ajoutait naturellement à mon incertitude. — (Edgar Allan Poe, Le cottage Landor, dans Histoires grotesques et sérieuses, traduction de Baudelaire, 1856)
    • La plaine était ténébreuse. Des brouillards bas, courts et noirs rampaient sur les collines et s’en arrachaient comme des fumées. — (Victor Hugo, Les Misérables, 1862, tome 1, livre 7, chapitre V)
    • Sur les paquebots, ne se trouverait-il pas, pendant l'hiver, à la merci des coups de vent ou des brouillards ? Est-il donc si rare que les meilleurs marcheurs des lignes transocéaniennes éprouvent des retards de deux ou trois jours ? — (Jules Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, chapitre V, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873, page 21)
    • Les brouillards furent fréquents, et tellement épais parfois, qu'il eût été imprudent de s'écarter du fort. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, 1 partie, chapitre 22, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873, page 190)
    • Longue marche dans le brouillard. Le régiment tousse, moins la compagnie du lieutenant Viard, où la toux est punie et où les soldats se rattrapent sur l'éternuement. — (Jean Giraudoux, Retour d'Alsace - Août 1914, 1916)
    • Le dirigeable commençait à se livrer à des exploits de jiu-jitsu atmosphérique, et Bert se trouva balloté dans une obscurité pluvieuse où il ne distinguait autre chose qu'un brouillard qui se déversait tout autour de lui. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910)
    • Autour du bateau on ne voyait rien qu’un brouillard plus ou moins dilué, de la compote de pluie, comme disait un des hommes. — (Georges Simenon, Les Demoiselles de Concarneau, Gallimard, 1936, réédition Folio, pages 84-85)
    • Nous recom­mençâmes à descendre dans le brouillard et le noir. D'autres chefs nous pressaient ; le terrain était inégal et bourbeux ; les chevaux se faisaient tirer. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 16)
    • Mais loin de son Plateau, Arsène André étouffait. L'air résineux lui manquait, les brouillards de la Meuse lui enflammaient la gorge. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (Par analogie) Ciel présentant l’apparence du brouillard.
    • J'étais alors enveloppé dans une nuée de moustiques blancs qui ne piquaient pas, mais dont le bruit m'étourdissait. Je restai bien cinq minutes dans ce brouillard vivant, pareil à ces tourbillons d'éphémères que l'on prendrait pour de la neige — (François-Auguste Biard, Deux années au Brésil, 1862)
  3. (Figuré) Obscurité d’un discours, d’une situation, etc.
    • Les patrons de bars et restaurants restent dans le brouillard. Seule certitude : ils n’accueilleront pas de clients dans leurs établissements le 20 janvier, comme ils auraient pu un temps l’espérer. — (Laurence Girard, Covid-19 : pas de date de réouverture pour les bars et restaurants, Le Monde. Mis en ligne le 5 janvier 2021)
  4. (Médecine) (Vieilli) Obscurcissement de la vue.
  5. (Par extension) (Figuré) Obscurcissement de l'entendement, de la compréhension.
  6. (Comptabilité) Livre sur lequel on prend note des opérations de banque ou de commerce, à mesure qu’elles se font, pour les reporter ensuite sur le livre-journal, sans surcharges ni ratures.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BROUILLARD. n. m.
Vapeur plus ou moins épaisse, et ordinairement froide, qui obscurcit l'air. Un brouillard épais. Un léger brouillard. Brouillard qui s'élève, qui se dissipe. Le brouillard est tombé. Fig., Avoir un brouillard sur les yeux, N'y voir qu'à travers un brouillard, Avoir la vue extrêmement affaiblie, n'apercevoir les objets qu'avec peine et comme si on les voyait à travers un épais brouillard. Fig. et fam., Je n'y vois que du brouillard, Je n'y démêle rien, je n'y comprends rien. Fig., Un esprit plein de brouillards, Un homme dont l'esprit n'est pas net, dont les idées sont confuses. Fig. et fam., et par plaisanterie, Une rente établie, une créance hypothéquée sur les brouillards de la Seine, Une rente ou une créance dont rien n'assure et ne garantit le paiement. En termes de Comptabilité, il se dit d'un Livre sur lequel on prend note des opérations de banque ou de commerce, à mesure qu'elles se font, pour les reporter ensuite sur le livre journal, sans surcharges ni ratures. C'est ce qu'on nomme aussi BROUILLON et MAIN COURANTE. Adjectivement, Papier brouillard, Sorte de papier non collé, et ordinairement de couleur grise, qu'on emploie à différents usages, comme à filtrer quelque liquide, etc. Une main de papier brouillard. Voyez BUVARD.

Littré (1872-1877)

BROUILLARD (brou-llar, ll mouillées, et non brou-yar ; le d ne se lie pas : un brou-llar épais ; au pluriel l's ne se lie pas : des brou-llar épais ; cependant plusieurs la lient : des brou-llar-z épais) s. m.
  • 1Vapeur qui obscurcit l'air, ou, plus précisément, amas d'eau à l'état de vapeur vésiculaire, qui flotte dans l'atmosphère très près de terre et trouble la transparence de l'air. Quand il fait brouillard, je ne sors point, Sévigné, 589. Lui-même abandonnant le séjour des brouillards, Vient-il dans le désert s'offrir à vos regards ? Ducis, Oscar, I, 2.

    N'y voir qu'à travers un brouillard, avoir la vue extrêmement affaiblie.

    Familièrement. Je n'y vois que du brouillard, je n'y comprends rien.

    Fig. Une créance hypothéquée sur les brouillards de la Seine, créance dont rien ne garantit le payement.

    Être dans les brouillards, être un peu pris de vin.

  • 2 Fig. Obscurité. Vraiment vous me le dépeignez si fort au naturel que je crois encore l'entendre ; c'est-à-dire si l'on peut ; car, pour moi, je trouve qu'il y a un grand brouillard sur toutes ses expressions, Sévigné, 243. Sans nous plonger dans les brouillards de la métaphysique, Voltaire, Jenni, 9. … Un docteur orgueilleux Qui, le cerveau troublé des vapeurs d'un système, Prend ces brouillards épais pour le jour du ciel même, Voltaire, 2e Discours.

    Un esprit plein de brouillards, un homme dont les idées sont confuses.

HISTORIQUE

XIVe s. Pour les fumosités et brouillas, l'en ne peut voir les rochers, Oresme, Eth. 53.

XVe s. Ainsi, en yver le pluvieux, Qui vens et broillars fait lever, L'air d'amour epidimieux Souvent parmy se vient bouter, Orléans, Bal. 140. Fouir [fuir] ce brouillas de temps, Chartier, Espérance ou consolat. des trois vertus.

XVIe s. Mais une nuict, qui dessus luy s'arreste, D'un noir brouillas luy ombrage la teste, Du Bellay, J. IV, 63, verso. Et dont le chef sans cesse couronné D'obscurs brouillards…, Du Bellay, J. IV, 13, recto. Et voyla comme paix Misrent en l'air soubz les broillas espais De trahison, Marot, J. V, 213. Comme le regard du soleil perce et dissipe un brouillas opaque, Montaigne, III, 64. Il dict qu'il lui avoit semblé estre en une confusion de toute chose, et n'avoir rien veu qu'une espesse nue et brouillart obscur, Montaigne, IV, 322. Le lendemain au matin il feit d'adventure un brouillas fort espès, Amyot, Publ. 39. Jà commençoit le brouillas à tumber, et l'air à s'esclaircir, Amyot, Flamin. 12.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

BROUILLARD, s. m. (Physiq.) espece de météore, composé de vapeurs & d’exhalaisons qui s’élevent insensiblement de la terre, ou qui tombent lentement de la région de l’air, de sorte qu’elles y paroissent comme suspendues. Lorsque le brouillard n’est composé que de vapeurs aqueuses, il n’est point du tout nuisible à la santé des animaux, & il ne sent pas mauvais : mais lorsqu’il est composé d’exhalaisons, il rend alors une mauvaise odeur, & est très-mal sain. Lorsque le brouillard est composé d’exhalaisons, on trouve quelquefois sur la surface de l’eau après la chûte du brouillard, une pellicule grosse & rouge, assez semblable à celle que les Chimistes observent lorsqu’ils préparent leur soufre doré d’antimoine.

Il tombe souvent en France, quand les années sont trop pluvieuses, une espece de brouillard gras, que les Laboureurs & les Jardiniers nomment nielle, & qui gâte les grains : le seigle sur-tout se corrompt à un tel point, que le pain dans lequel il entre, devient pernicieux & cause la gangrene. Voyez Nielle

Lorsqu’il y a du brouillard, l’air est calme & tranquille, & il se dissipe dès que le vent vient à souffler.

Le brouillard paroît plus sensiblement le soir & le matin. Voici pourquoi. Le soir, après que la terre a été échauffée par les rayons du soleil, l’air venant à se refroidir tout-à-coup après le coucher de cet astre, les particules terrestres & aqueuses qui ont été échauffées, s’élevent dans l’air ainsi refroidi ; parce que dans leur état de raréfaction, elles sont plus légeres que l’air condensé. Le matin, lorsque le soleil se leve, l’air se trouve échauffé par ses rayons beaucoup plûtôt que les exhalaisons qui y sont suspendues ; & comme ces exhalaisons sont alors d’une plus grande pesanteur spécifique que l’air, elles retombent vers la terre.

Le brouillard est plus fréquent en hyver qu’en aucun autre tems, parce que le froid de l’atmosphere condense fort promptement les vapeurs & exhalaisons. C’est par la même raison qu’en hyver l’haleine qui sort de la bouche, forme une espece de nuage qui ne paroît pas en été. De là vient encore que le brouillard regne plusieurs jours de suite dans les pays froids du Nord.

Le brouillard se manifeste, soit que le barometre se trouve haut ou bas. Le brouillard étant une espece de pluie, n’a rien d’étonnant, quand le mercure est bas : mais lorsqu’il se tient haut, on aura du brouillard : 1°. si le tems a été long-tems calme, & qu’il se soit élevé beaucoup de vapeurs & d’exhalaisons qui ayent rempli l’air & l’ayent rendu sombre & épais : 2°. si l’air se trouvant tranquille, laisse tomber les exhalaisons qui passent alors librement à-travers.

Le brouillard tombe indifféremment sur toute sorte de corps, & pénetre souvent dans l’intérieur des maisons lorsqu’il est fort humide. Il s’attache alors aux murs & s’écoule en bas, en laissant sur les parois de longues traces qu’il a formées.

L’opacité du brouillard est causée, selon quelques auteurs, par l’irrégularité des pores que forment les vapeurs avec l’air. Cette irrégularité dépend de la grandeur de ces pores, de leur figure, & de leur disposition. Cela peut venir aussi de la différence de la densité qu’il y a entre les exhalaisons de l’air ; car, lorsque la lumiere du soleil fait effort pour pénétrer à-travers l’air, elle est continuellement forcée de se détourner de son droit chemin, & de changer de route. C’est pour cela qu’il arrive souvent que l’air, quoique fort peu chargé de vapeurs, paroît être fort nébuleux & fort sombre ; au lieu qu’il devient transparent & plus clair, lorsqu’il se remplit d’une plus grande quantité de vapeurs, qui se distribuent d’une maniere plus uniforme par toute l’atmosphere.

Le brouillard est quelquefois fort délié, & dispersé dans une grande étendue de l’atmosphere ; de sorte qu’il peut recevoir un peu de lumiere : on peut alors envisager le soleil à nud sans en être incommodé. Cet astre paroît pâle, & le reste de l’atmosphere est bleu & serein. Le premier Juin 1721, on observa à Paris, en Auvergne, & à Milan, un brouillard qui paroît avoir été le même dans tous ces endroits, & qui doit avoir occupé un espace considérable dans l’atmosphere.

On demande, 1°. pourquoi il fait beau en été lorsque l’air se trouve chargé de brouillards le matin. Cela vient apparemment de ce que le brouillard se trouvant mince & délié, est repoussé vers la terre par les rayons du soleil ; de sorte que ces parties devenues fort menues, & étant séparées les unes des autres, vont flotter çà & là dans la partie inférieure de l’atmosphere, & ne se relevent plus.

2°. Pourquoi il se forme tout-à-coup de gros brouillards à côté & sur le sommet des montagnes. On ne sauroit en imaginer de cause plus vraissemblable que les vents, qui venant à rencontrer des vapeurs & des exhalaisons déliées & dispersées dans l’air, les emportent avec eux, & les poussent contre les montagnes, où ils les condensent. Lorsque l’on se tient dans une vallée, d’où l’on considere de côté une montagne, à l’endroit où le soleil darde ses rayons, on en voit sortir une épaisse vapeur, qui paroît s’élever comme la fumée d’une cheminée : mais lorsqu’on regarde de front l’endroit éclairé de cette montagne, on ne voit plus cette vapeur. Cela vient de la direction des rayons de lumiere. Lorsque dans une chambre obscure on laisse entrer les rayons du soleil par une petite ouverture, on voit en regardant de côté, de petits filets & une poussiere fort fine dans un mouvement continuel : mais lorsque les rayons viennent frapper directement la vûe, ou qu’ils tombent moins obliquement dans l’œil, on n’apperçoit plus ces filets flottans. C’est le cas des vapeurs qui s’élevent de la montagne, que l’on envisage de côté ; car on voit alors les vapeurs qu’elle exhale : au lieu qu’elles disparoissent, quoiqu’elles montent toûjours également, lorsqu’on regarde la montagne de front.

Les brouillards ne sont que de petits nuages placés dans la plus basse région de l’air ; & les nuages que des brouillards qui se sont élevés plus haut. Voyez Nuage.

Les objets que l’on voit à-travers le brouillard paroissent plus grands & plus éloignés qu’à-travers l’air ordinaire. Voyez Vision.

L’on choisit pour pêcher les harengs un tems rempli de brouillards. Voyez Hareng.

Nous devons presque tout cet article à M. Formey, qui l’a tiré en grande partie de M. Musschenbroeck. (O)

Brouillard, (Papeterie.) épithete que l’on donne à une sorte de papier gris, qu’on appelle autrement papier à demoiselle. Voyez Papier.

Brouillard ou Brouillon, s. m. c’est ainsi que dans le Commerce, on nomme quelquefois un livre dont se servent les négocians, marchands, & banquiers, pour les affaires de leur commerce. C’est proprement un livre-journal qui n’est pas tout-à-fait au net, & qu’on appelle plus ordinairement mémorial. Voyez Mémorial & Livre. (G)

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Étymologie de « brouillard »

Dérivé du verbe brouiller.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

De même racine que brouée (voy. ce mot). Cependant il faut remarquer que, dans brouillard, l'assimilation avec brouiller a agi pour le rapprocher de ce verbe ; mais la forme brouas, qui est à l'historique de brouée, témoigne de l'identité de brouée et brouillard. Brouillas, brouas étaient plus usités que brouillard, qui pourtant est seul resté. Quelque orage… A, comme d'un brouillas, ta personne couverte, Régnier, Ép. I.

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Phonétique du mot « brouillard »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
brouillard brujar

Fréquence d'apparition du mot « brouillard » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « brouillard »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « brouillard »

  • Cité-dortoir, cité poubelle, Nuit et brouillard, lumières artificielles, Dans nos intérieurs d'infinie solitude, On rêve d'ailleurs sous d'autres latitudes.
    Louis Chedid — Mégalopolis
  • Le temps et mon humeur ont peu de liaison ; j’ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi.
    Blaise Pascal
  • Ce qu'il y a parfois de beau avec l'automne, c'est lorsque le matin se lève après une semaine de pluie, de vent et brouillard et que tout l'espace, brutalement, semble se gorger de soleil.
    Victor-Lévy Beaulieu — L'Héritage
  • La vérité est un flambeau qui luit dans un brouillard sans le dissiper.
    Claude Adrien Helvétius — Notes, maximes et pensées
  • J'adore le brouillard. Il vous cache du monde, et inversement. Vous sentez que tout a changé, que l'on ne peut plus se fier aux apparences.
    Eugene O'Neill — Le long Voyage vers la nuit, 1955
  • On ne peut pas chasser le brouillard avec un éventail.
    Proverbe japonais
  • La mémoire est un drôle de brouillard.
    Valère Staraselski — Une Histoire française
  • Le brouillard est un danger. Mais relatif : au moins, on voit qu'on n'y voit rien.
    Francis Dannemark — Sans nouvelles du paradis
  • Londres est une ville de brouillards et de charbon de terre : au bout de huit jours, une chemise n'y est plus mettable.
    Henry Monnier — Grandeur et décadence de monsieur Joseph Prudhomme
  • Le brouillard est la coquetterie du soleil.
    Xavier Forneret — Encore un an de sans-titre
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Images d'illustration du mot « brouillard »

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Traductions du mot « brouillard »

Langue Traduction
Anglais fog
Espagnol niebla
Italien nebbia
Allemand nebel
Portugais nevoeiro
Source : Google Translate API

Synonymes de « brouillard »

Source : synonymes de brouillard sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « brouillard »

Combien de points fait le mot brouillard au Scrabble ?

Nombre de points du mot brouillard au scrabble : 13 points

Brouillard

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