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Blé

Variantes Singulier Pluriel
Masculin blé blés

Définitions de « blé »

Trésor de la Langue Française informatisé

BLÉ, subst. masc.

A.− AGRIC., BOT.
1. Céréale annuelle, de la famille des graminées, à épi composé, contenant les grains, qui, broyés, donnent la farine utilisée pour faire le pain. Blés mûrs; grain de blé; battre le blé. Synon. froment; anton. ivraie :
1. On donne trois façons à la terre pour les Bleds de mars ou Varte? à la fin de janvier, on herse en février, puis on laboure une seconde fois du 10 au 25 mars, et on sème. Les bleds de mars sont les bleds trémois, l'orge et l'avoine. Chênedollé, Journal,1823, p. 122.
2. En compagnie des Alibert, au milieu des blés, le front bas j'ahanais avec persévérance et à pleins poumons j'aspirais dans les colonnes de chaleur montante le souffle de la glèbe saine et la force du sol. Le blé était beau, odorant de phosphore et il crépitait. Les pointes piquaient ma poitrine nue, et quand la lame de la faux tranchait la paille, quelquefois un paquet de grains trop mûrs tombait de l'épi. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 141.
Rem. 1. Attesté dans les dict. gén. à partir de Ac. 1798. 2. Noter graphie bled ex. 1.
SYNT. a) Blé d'automne, d'hiver, de printemps, de mars, de Pologne; blé avrillet (Du Camp, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 206); blé barbu (attesté dans Besch. 1845 et Guérin 1892); blé tendre, dur, amidonnier, épeautre. b) Brouissure, brûlure, nielle, rouille du blé (Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 540); balle de blé; terre à blé. c) Semer, faucher, moissonner, vanner le blé; le blé lève, mûrit.
Loc. proverbiales
a) Manger son blé en herbe. Dépenser par avance un revenu attendu; p. ext., jouir par anticipation d'un plaisir attendu :
3. Que l'objet convoité soit en effet une femme ou un homme, même à supposer que l'abord soit simple, et inutiles les marivaudages qui s'éterniseraient dans un salon (du moins en plein jour), le soir (même dans une rue si faiblement éclairée qu'elle soit), il y a du moins un préambule où les yeux seuls mangent le blé en herbe, où la crainte des passants, de l'être recherché lui-même, empêchent de faire plus que de regarder, de parler. Dans l'obscurité, tout ce vieux jeu se trouve aboli, les mains, les lèvres, les corps peuvent entrer en jeu les premiers. Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 834.
b) Bon champ semé, bon blé rapporte. Sa bonne éducation est profitable (attesté dans Nouv. Lar. ill., Rob.).
P. anal.
a) [Avec la couleur des blés mûrs] Blond, doré comme les blés :
4. Quand je te regarde et quand je me vois, je ne sais plus pourquoi tu m'aimes en retour. Tes cheveux sont blonds comme des épis de blé; les miens sont noirs comme des poils de bouc. Ta peau est blanche comme le fromage des bergers, la mienne est hâlée comme le sable sur les plages. Louÿs, Aphrodite,1896, p. 60.
b) [Avec la dimension du grain de blé] Gros comme un grain de blé :
5. Nous distribuons − sur les genoux, dans le creux du tablier, − des tuyaux de paille coupés menu, de la dimension d'un grain de blé, et des bouts de fil; nous montrons à faire des bagues, des chaînes de montre, des bracelets. La coquetterie séduit même les mioches de deux ans; tous s'appliquent, − à langue tirée. Frapié, La Maternelle,1904, p. 178.
2. P. méton.
a) [Le plus souvent au plur.] Champ de blé. Se cacher, se coucher dans les blés :
6. Non, madame. Je crois inutile de vous apprendre le moyen que j'ai choisi pour attraper le maraudeur... Qu'il vous suffise de savoir ceci : je ne lui conseille pas de folâtrer dans les blés que voilà, comme il le fait depuis qu'il est venu, je ne sais d'où, s'établir dans mon voisinage. Crémieux, Orphée aux enfers,1858, I, 2, p. 12.
P. métaph. (p. compar. avec la mer, l'eau). Flots des blés, mer de blé; blés tempétueux, tumultueux :
7. Étoile de la mer voici la lourde nappe Et la profonde houle et l'océan des blés Et la mouvante écume et nos greniers comblés, Voici votre regard sur cette immense chape Et voici votre voix sur cette lourde plaine Et nos amis absents et nos cœurs dépeuplés, Voici le long de nous nos poings désassemblés Et notre lassitude et notre force pleine. Péguy, La Tapisserie de Notre-Dame,1913, p. 676.
Loc. proverbiales. Être pris comme dans un blé. Être pris sans pouvoir s'échapper (attesté de Ac. 1798 à Lar. Lang. fr., ce dernier mentionnant ,,vx``).
b) Le grain de la céréale séparé de l'épi. Cours du blé; prix du blé; halle au blé; sac, tas de blé; picorer, vendre le blé :
8. Heures tristes où il semble qu'on travaille dans un tunnel glacé. Il ne reste que du blé pur dans le van, comme la perle dans la coquille. Renard, Journal,1896, p. 348.
9. Pour l'intérieur, les deux présidents se sont engagés à déployer l'effort maximum pour obtenir de l'office du blé le fonctionnement du ravitaillement et l'équilibre de son budget. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 364.
SYNT. a) Grenier à blé; boisseau, hectolitre de blé; pain de blé; engranger le blé. b) Maladies et parasites du grain : calandre, charançon du blé, moucheture du blé :
10. On croyait deviner qu'il avait dû vivre jadis de la vie des champs, car il avait toutes sortes de secrets utiles qu'il enseignait aux paysans. Il leur apprenait à détruire la teigne des blés en aspergeant le grenier et en inondant les fentes du plancher d'une dissolution de sel commun, et à chasser les charançons en suspendant partout, aux murs et aux toits, dans les héberges et dans les maisons, de l'orviot en fleur. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 205.
Loc. proverbiales. Crier famine sur un tas de blé. Proclamer sa pauvreté alors que l'on se trouve dans la richesse (attesté dans tous les dict. gén. à partir de Ac. 1798).C'est du blé en grenier. C'est une chose dont la possession est profitable (attesté de Ac. 1798 à Ac. 1932).
Rem. Le blé est très utilisé dans le domaine de la gastr. pour ses propriétés nutritives; il est consommé en potages, bouillies (cf. Ac. Gastr. 1962, Mont. 1967). Potage de blé vert (E. et J. de Goncourt, Journal, 1882, p. 157).
3. P. ext. Graminée ou plante autre que le blé proprement dit. Grands blés. Seigle, froment; petits blés. Orge et avoine; blé noir, ou blé sarrasin. Sarrasin. Galette, pain de blé, crêpes de blé noir cuites sur un feu d'ajoncs. (Proust, La Prisonnière,1922, p. 36).Blé de Turquie, d'Inde ou d'Espagne, blé indien. Maïs Le blé indien, qui a plus que la taille d' un homme emplumé, présentant l' épi énorme et aigu.(Claudel, L'Échange,1reversion, 1894, p. 681).Blé-méteil. Mélange de froment et de seigle. Quant au méteil, il n'y faut pas penser (Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853);(attesté de Ac. 1798 à Quillet 1965).Blé de la Saint Jean (vieilli). Seigle semé en juin (attesté de Lar. 19e, à Lar. 20e).Blé de Guinée. Sorgho (attesté dans Lar. 19e, Guérin 1892, DG, Rob.).Blé de vache. Mélampyre ou saponaire rouge (attesté de Ac. 1798 à Lar. 20e).Blé des Canaries. Alpiste (attesté de Lar. 19eà Quillet 1965).
Rem. On appelle gén. blé ergoté le seigle ou le blé qui possède des épis contenant des grains noirs en forme d'ergot; c'est une maladie cryptogamique (cf. J. Rostand, La Genèse de la vie, 1943, p. 39).
B.− Au fig.
1. Arg. Synon. argent.Avoir du blé en poche :
11. [Sylvestre à Clara] − J'aide mon père... Le chiffon... la ferraille... et puis la fauche... − Il est cultivateur? ... Il fauche quoi? (...) − Où que t'as été élevée? Le blé, le trèfle, l'oseille ça veut dire le fric... l'argent. P. Vialar, Clara et les méchants.
Rem. Attesté dans Lar. encyclop., Quillet 1965 et dans dict. techn. A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1866.
2. Littér. et poét.
[P. réf. à l'idée de nourriture, de fécondité évoquée par le blé] Jeter le blé de quelque chose :
12. − Oh! voyez donc Paris dans cette pluie de soleil!... − ... Le soleil ensemence Paris. Tenez! regardez de quel geste souverain il jette le blé de santé et de lumière, là-bas, jusqu'aux lointains faubourgs. Et même, c'est singulier, les quartiers riches, à l'ouest, sont comme noyés d'une brume roussâtre, tandis que le bon grain s'en va tomber, en poussière blonde, sur la rive gauche... Zola, Paris,t. 2, 1898, p. 69.
[P. réf. au pain] Symbole eucharistique du corps du Christ :
13. C'est la fête du blé, c'est la fête du pain (...) Car sur la fleur des pains et sur la fleur des vins, Fruit de la force humaine en tous lieux répartie, Dieu moissonne, et vendange, et dispose à ses fins La chair et le sang pour le calice et l'hostie! Verlaine, Sagesse,1881, p. XXI.
[P. réf. au blé battu, écrasé après la moisson] :
14. Les justes ne peuvent craindre cela, mais les méchants ont raison de trembler. Dans l'immense grange de l'univers, le fléau implacable battra le blé humain jusqu'à ce que la paille soit séparée du grain. Il y aura plus de paille que de grain, plus d'appelés que d'élus, et ce malheur n'a pas été voulu par Dieu. Camus, La Peste,1947, p. 1295.
Rare. [P. réf. à une certaine qualité de blé] :
15. « Tout cela, chevalier, tout cela je l'ai connu, je l'ai vu, je l'ai touché. Eh oui, mon amour était terrestre, impur; blé sauvage et lépreux et amer, ravagé par la nielle du dégoût et de la sénilité... Qu'importe! Le ver s'attaque aux plus pures choses. Quand l'adoration est là, brûlante et profonde, n'est-ce point peccadille que la pire aberration?... » Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 147.
Rem. On rencontre dans la docum. le subst. fém. blèrie. Halle, marché aux grains (cf. Marat, Les Pamphlets, Nouvelle dénonciation contre Necker, 1792, p. 171).
Prononc. ET ORTH. : [ble]. Enq. : /ble/. Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,on écrivait autrefois Bled et quelques uns l'écrivent encôre de même.``; cf. aussi Fér. 1768 : ,,C'est ainsi qu'on écrit ordinairement ce mot [blé] quoique l'étymologie exige qu'on écrive bléd.`` (cf. aussi Besch. 1845 et Lar. 19e: ,,blé autrefois bled``). Littré : ,,on a dit blée au féminin comme en italien``.
Étymol. ET HIST. − 1. 1100 blet « céréale dont le grain sert à l'alimentation » (Roland, 980 dans T.-L.); 1160-74 blé (Wace, Rou, III, 5150, ibid.); 1231 blef (Ch. de Morv.-s.-Seille dans Gdf. Compl.); 1160 « champ de céréales » (Wace, Rou, II, 1026 dans T.-L.); d'où 1546, proverbe, manger son bled en herbe « dépenser d'avance son revenu » (Rabelais, Le Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, II, p. 21); 1160 « grain » (Benoit, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 578); 2. 1248, désigne une sorte de céréale, prob. le froment (Cart. Compiègne, 2, 349 d'apr. O. Jänicke, Die Bezeichnungen des Roggens in den romanischen Sprachen, Tübingen 1967, p. 134); 1690 (Fur. : On dit proverbialement, crier famine sur un tas de blé); 3. p. ext. se dit de graminées distinctes du froment, ici le seigle d'apr. Jänicke, op. cit., p. 134; 1530 (Bourgoing, Bat. Jud., II, 40 dans Gdf., s.v. fromenter). De l'a.b.frq. *blād « produit de la terre » (REW3, no1160; FEW t. 151, p. 126; EWFS2) que l'on peut déduire du m.néerl. blat « récolte, produit de la récolte; jouissance d'un capital » (Verdam) et de l'ags. blēd, blǣd « produit, récolte », 1225 dans MED, ces mots remontant à la racine i.-e. *bhlē- « fleur, feuille, fleurir » (IEW t. 1, p. 122; v. aussi Falk-Torp, s.v. blad). Dans le domaine gallo-roman, le mot est attesté sous la forme du plur. collectif neutre blada, fin viies. (Formulae andecavenses, form. 22, cité par Jänicke, op. cit., p. 136) au sens de « récolte, produit de la vigne », même sens en 947, au sing. (Roussillon, ibid., p. 137); l'évolution sém. de bladum, du sens de « récolte » à celui de « céréale, blé » n'est pas encore très sûre au début du ixes. dans le Polyptyque de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, éd. Longnon, II, p. 348 (in blado mittit operarios x.) où bladum est interprété « messis » par Aebischer (Les Dénominations des « céréales », du « blé » et du « froment » d'après les données du lat. médiéval dans Essais de philol. mod., Paris, 1953, p. 85) et « céréales, blé » par Jänicke (op. cit., p. 137); l'évolution de sens est relevée avec sûreté ca 1000 dans une charte de l'abbaye de Cluny (éd. Bruel, t. 5, 1894, p. 140 dans Aebischer, loc. cit., p. 85). Le mot gallo-roman est parvenu au sens de « céréales, blé » au xes. en Catalogne (967, Cartulaire roussillonnais, éd. Alart, 12, p. 26 dans Glossarium médiae latinitatis Cataloniae : bladum) et au xies., par les grandes routes alpines, en Italie du Nord, v. Aebischer, loc. cit., p. 91 et Jud dans Z. rom. Philol., t. 49, 1923, p. 410 (1028 à Gênes, 1054 à Milan, Aebischer, loc. cit., p. 91 : blava). En a. fr., à côté des formes blet et blé, se rencontre la forme blef (originaire des dial. de l'Est, v. exemples localisés dans FEW, loc. cit., p. 137, note 71); de même à côté de blee « céréales, blé » (xiies. Aliscans dans T.-L.; du lat. blada, plur. collectif neutre, « céréales », 1183, Cart. Amiens, 1, 92 dans Jänicke, op. cit., p. 142) se rencontre la forme blave « grains, blé » (ca 1500 dans Gdf.); et à côté de l'a. fr. embläer « ensemencer » (1200-10 G. de Dole dans T.-L.), le verbe emblaver. Parallèlement, en ital., à côté du type de lat. médiév. bladum, blada de l'Italie centrale (1009, 1012, Farfa en Sabine d'apr. Jänicke, op. cit., p. 138; d'où l'ital. biada « fourrage, céréales, spécialement avoine », xiiies. dans Batt.), existe la variante lat. de l'Italie du Nord blava (Gênes 1028, supra; d'où l'ital. du Nord biava, blava, Jänicke, p. 141, frioulan blave, DEI). Ces formes en -v- (> -f) s'expliquent à partir de bladu, blada (coll.) devenus régulièrement *bla δ u, bla δ a puis avec développement de [v] bilabial par assimilation de [δ] avec le b précédent : *blavu, *blava (Fouché, p. 601). Étant donné que les plus anc. formes rom. de type bladum supposent un étymon en -t- ou en -d-, les étymons celtique *blavos ou lat. flavus (Ulrich dans Z. rom. Philol., t. 29, p. 227; v. aussi ibid., t. 3, p. 260, note 1) ne peuvent convenir. Le part. passé substantivé ablatum du lat. auferre « emporter », avec phénomène de déglutination (DIEZ5, p. 50), se heurte à des difficultés chronol., ce verbe ayant trop tôt disparu au profit de portare pour que le maintien du part. passé soit à envisager. L'étymon celtique *mlato « farine », à rattacher à molitum, part. passé du lat. molere « moudre » (Jud dans Z. rom. Philol., t. 49, pp. 405-411) fait difficulté du point de vue sém., l'évolution de sens normalement attendue étant « céréale » > « farine » et non l'inverse.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 606. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 204, b) 3 310; xxes. : a) 4 657, b) 3 773.
DÉR.
Bléer, verbe trans.Ensemencer en blé. Synon. plus usité emblaver.Attesté de Ac. Compl. 1842 à Lar. 20e, dans les dict. gén. et dans Fén. 1970. Seule transcr. dans Fér. 1768 et Land. 1834 : blé-é. 1reattest. 1273 bleanz (Etabl. de S. Louis, II, iv, p. 335, Viollet dans Gdf., s.v. desbleer), 1300 bleer (Ord., XII, 347, ibid.) − fin xves. (ds Gdf., s.v. blaier), 1752 (Trév.); dér. de blé; dés. -er.
BBG. − Aebischer (P.). Les Dénominations des « céréales », du blé et du froment d'après les données du lat. médiéval. Ét. de stratigraphie ling. In : Essais de Philol. mod. Paris, 1953, pp. 77-94. − Aebischer (P.). Matériaux tirés de chartes lat. médiévales d'Italie pour l'ét. du type blava. Z. rom. Philol. 1943, t. 63, pp. 392-403. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 83. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 33. − Jud (J.). Mots d'orig. gaul.? Romania. 1923, t. 49, pp. 405-411. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 91. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 123.

Wiktionnaire

Nom commun - français

blé \ble\ masculin

  1. (Agriculture) (Botanique) Terme générique qui désigne plusieurs céréales appartenant au genre Triticum. Ce sont des plantes annuelles de la famille des graminées ou Poacées, cultivées dans de très nombreux pays pour obtenir de la farine permettant de faire du pain.
    • Le blé, cette plante de première nécessité, est une véritable métamorphose. Buffon avait donc bien raison lorsqu’il disait : « Avoir transformé en blé une ivraie stérile, n’est-ce pas une espèce de création ? » — (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
    • Vers le soir, il entre dans un champ de blé, de blés hauts et mûrs, dont la brise balance mollement les beaux épis d’or. — (Octave Mirbeau, « La Mort du chien » dans Lettres de ma chaumière, 1886)
    • Là, un champ labouré n’avait pas été ensemencé ; ici, une pièce de blé était trépignée par les bêtes ; […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 418 de l’édition de 1921)
    • Quelle hérésie ! Jacques Bonhomme, trahir la cause du sol, abandonner la culture du blé parce que peu rémunératrice. — (Albert Noret, Les Féodaux du Blé, E. Figuière, 1930, page 183)
    • L’engrain sauvage est répandu de la Turquie à l'Irak et à l'Iran. On le retrouve également dans les Balkans et en Crimée, où il est considéré comme adventice. C'était le seul blé sauvage connu au XIXe siècle.— (Engrain, Museum Agropolis, 2004)
  2. (Par analogie) Couleur jaune chaud légèrement brillant. #E8D630
    • Voir la note sur les accords grammaticaux des noms de couleurs employés comme noms ou adjectifs.
  3. (Par métonymie)
    1. Grain produit par ces plantes.
      • Il faut environ 3 chevaux-vapeur pour une paire de meules qui moud 15 à 16 hectolitres de blé par 24 heures. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 113)
      • Puis, en grosses lettres, cette phrase : « Plus il y aura d'acheteurs de blé, meuniers ou négociants, plus les agriculteurs vendront le leur facilement et cher. »
        Il est hors de contestation que, si des éléments de concurrence nouveaux devaient surgir, le cultivateur y trouverait son compte.
        — (Annales de la Chambre des députés : Débats parlementaires, Paris : Imprimerie du journal officiel, 1921, page 1002)
      • Il y a beaucoup de blé dans ces greniers.
      • Ces greniers sont pleins de blé.
      • Un sac, une mesure, un hectolitre de blé.
      • Sans être d’une productivité extraordinaire, ce système agraire nourrit les familles paysannes et la population urbaine (qui est encore assez modeste) et dégage même quelques excédents, puisque c’est le non-paiement des livraisons de blé algérien à l’armée française en 1800 qui est à l’origine de la crise franco-algérienne de 1827, laquelle conduit au débarquement français de 1830.— (Eric Aeschimann, Marc Dufumier : « L’Algérie a été un grenier à blé pour la France », L’Obs, 21 février 2022)
    2. (Vieilli) Champ de blé.
      • Se cacher dans un blé.
    3. (Argot) Argent, fric.
      • Le tiroir-caisse n’est pas un objet qui favorise la largeur du champ de vision. Par sa forme d’abord, longue et étroite. Et par son contenu: du blé, du pognon, du pèze et des pépettes. — (Sylvie Arsever, Visions d'avenir, in Le Temps du 5 mars 2010)
      • J’ai crevé de faim. Maintenant, je bouffe, mais je ne sais jamais si je boufferai encore le mois prochain. C’est pas une vie. Je veux du blé. — (Jean-Patrick Manchette, Morgue pleine, 1973, Chapitre 15, Réédition Quarto Gallimard, page 525)


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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BLÉ. n. m.
Plante qui produit le grain dont on fait le pain. Du blé en herbe. Le blé est en épi. Terre à blé. Voilà une belle pièce de blé. Blé-froment. Blé-seigle. Blé de mars. Blé d'hiver. Blé épais. Blés niellés, bruinés. Les blés sont beaux. Une gerbe de blé. Un épi de blé. Semer, récolter du blé. Couper les blés. Scier les blés. Mettre le blé en grange. Battre le blé. Gros blés, Les blés-froment et les blés-seigle. Blé-méteil, Le blé moitié froment, moitié seigle. Petits blés, L'orge, l'avoine, le millet et le sarrasin. Prov. et fig., Manger son blé en vert ou en herbe, Dépenser son revenu d'avance. Il signifie quelquefois Pièce de blé. Se cacher dans un blé. Il se dit aussi du Grain seul. Il y a beaucoup de blé dans ces greniers. Ces greniers sont pleins de blé. Un sac de blé. Une mesure, un hectolitre de blé. Vendre du blé. Acheter du blé. Le blé est cher. Un grand amas de blé. Un marchand de blé. Enlever tout le blé d'un marché. Faire provision de blé. Serrer le blé. Semer du blé. Blé qui germe. Moudre du blé. Farine de blé. Mesurer du blé. Vanner le blé. Le commerce des blés. Halle aux blés. Blé ergoté se dit de Certains grains noirs qui, dans les épis du seigle, sont allongés en forme d'ergot ou de corne. Fig. et fam., Crier famine sur un tas de blé, Se plaindre comme si l'on manquait de tout, quoiqu'on soit dans l'abondance. Fig. et fam., C'est du blé en grenier, se dit en parlant des Choses dont la garde est bonne et peut même être avantageuse. Blé noir, ou Blé-sarrasin, Espèce de renouée qui porte, par petites grappes, un grain noir et anguleux.

Littré (1872-1877)

BLÉ (blé) s. m.
  • 1Nom vulgaire du froment ordinaire (graminées) avec le grain duquel on fait le pain. … Qui voulait bien abattre ses murailles, Qui fit avec le feu la moisson de ses blés, Rotrou, Antig. IV, 1.

    Les grands blés, le froment et le seigle. Les petits blés, l'orge et l'avoine.

    Blé noir, blé rouge, le sarrasin.

    Blé de Turquie, blé d'Espagne, blé de l'Inde, le maïs.

    Blé d'abondance, blé de miracle ou blé de Smyrne, variété de froment à épis rameux.

    Blé blanc, variété de froment.

    Blé de la Saint-Jean, seigle qu'on sème en juin.

    Blé ergoté, dit aussi blé cornu, blé devenu malsain et malfaisant par l'effet d'un cryptogame parasite, dit ergot, qu'on emploie en médecine. Le blé ergoté, moulu et employé en pain, cause une maladie des plus graves caractérisée par des convulsions et des gangrènes.

    Terme de jurisprudence. Blé en vert, blé dont la récolte n'est pas faite.

  • 2Une pièce de blé. Se cacher dans un blé. Je n'ai rien caché à l'homme que vous m'avez envoyé ; je l'ai mené dans un blé ; j'ai abattu en sa présence les épis qui s'élevaient au-dessus des autres, Fénelon, Périandre.

    Fig. Être pris comme dans un blé, être attrapé de manière à ne pas pouvoir s'échapper.

  • 3Le grain. Un tas de blé. Un sac de blé. La halle au blé.
  • 4Blé de Guinée, nom donné, dans quelques cantons de la France, à la houque sorgho, dite ailleurs sorgho.

    Blé de vache, nom donné à la saponaire pentagone, qui croît parmi les blés dans la France méridionale et en Italie, et aussi au mélampyre des champs.

    Blé d'oiseau, alpiste.

    Blé de Tartarie, espèce de renouée.

PROVERBES

Manger son blé en herbe, dépenser son revenu d'avance.

Crier famine sur un tas de blé, se plaindre au sein de l'abondance.

C'est du blé en grenier, c'est-à-dire c'est chose bonne à garder, c'est une réserve sûre.

HISTORIQUE

XIe s. Soleil n'i luist, ne blet n'i puet pas creistre, Ch. de Rol. LXXVI.

XIIIe s. Sur espices, sur cire, et sur blés, et sur vins, Berte, LXIV. Asseiz et robes et deniers, Et de bleif toz plains ces greniers, Que li prestres savoit bien vendre, Rutebeuf, 274. Qui garison [provisions] amenent et pain et vin et blés, Chans. d'Ant. II, 393.

XIVe s. Et quant nulle des parties n'en reporte plus ne moins, mais tant vaillant pour tant vaillant, ou pour ce meisme si comme blé pour blé, tant pour tant, tel pour tel, Oresme, Eth. 150. Grant force de peuple ha soubdainement cuillie la dite blée et portée et getée dedans le Tybre, Bercheure, f° 29, recto.

XVe s. Cils de Reims douterent cette menace d'ardoir leurs bleds aux champs, Froissart, II, II, 66.

XVIe s. Un pourceau en un blé ; une taupe en un pré ; et un sergent en un bourg ; c'est pour achever de gaster tout, Despériers, Contes, XXIX. Ce mot de bled, plustost barbare, corrompu de l'italien, que tiré d'autre langue. est prins generalement pour tous grains jusques aux legumes, bons à manger, De Serres, 106. En plusieurs endroits de ce roiaume, par le bled, est entendu le pur froment, De Serres, ib. Le pur blé froment, De Serres, 230. Et tout ainsi que les nouvelles blées, Gresles et tendres, de petit vent troublées, Saint-Gelais, dans PALSGR. p. 170.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BLÉ. Ajoutez :
5Blé bleu ou de Noé, blé provenant de l'Orient. Les caractères orientaux du blé de Noé…, Bella, Bullet. Société centr. d'agric. 1872, p. 600.
6 Blé brouillé, nom, dans l'Oise, de la nielle, les Primes d'honneur, Paris, 1872, p. 64.
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Étymologie de « blé »

Bourguig. bliai ; provenç. et catal. blat ; ital. biada ; piémontais, biava ; bas-lat. bladum, blavum, blava, blavium. On tire ordinairement ce mot de l'anglo-saxon blaed (féminin), fruit ; mais le caractère germanique de ce mot anglo-saxon n'est pas assuré, et il se pourrait qu'il vînt du roman : aussi Grimm a-t-il songé au celtique : kymri, blawd ; bas-breton, bleûd, farine. Mais, la forme n'en concordant pas très bien avec le roman, Diez a proposé une autre étymologie : le latin neutre pluriel ablata, c'est-à-dire les choses enlevées (des champs, la dépouille, la récolte), d'où, avec l'article, l'ablata, l'abiada et la biada ; à quoi il y a une objection considérable, c'est que le français et le provençal perdent difficilement la voyelle initiale du mot ; quant au bas-latin ablatum, abladus, abladium qui est dans Du Cange avec le sens de moisson, et que Diez cite à l'appui de son opinion, ces mots paraissent être bien plutôt formés du français (ablais, ablaier ou ablaver, de à et blé) qu'être vraiment les représentants du latin ablata, au sens de récolte. Il est donc difficile de prononcer entre ces deux étymologies, qui ont chacune leur objection. On remarquera l'orthographe blef ou bleif ; le t ou d se change sans peine en f, par exemple, soif de sitis, mœuf de modus ; c'est cette f qui a permis de former le dérivé emblaver, l'f et le v permutant, comme on sait, ensemble. On remarquera aussi qu'on a dit blée au féminin, comme en italien.

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Étymologie discutée :
  1. De l’ancien bas vieux-francique *blād[1] (« récolte, produit de la terre ») et plus avant, d’un étymon *bhlē- (« fleur, feuille, fleurir »).
  2. Du gaulois gaulois *blāto-. Selon Delamarre[2], le celtique avait deux homophones *blāto- (« fleur ») et *blāto- (« farine » → voir bleud en breton) issu d’un ancien *mlāto- avec assimilation normale en gaulois de \ml-\ en \bl-\. Cette homophonie serait l’origine du terme de boulangerie fleur désignant la farine. Le substrat celtique expliquerait le même double sens dans les langues germaniques, Blume en allemand « fleur », mais aussi « farine » en boulangerie, ou le doublet anglais flower et flour.
Le TLFi[1] rejette cette hypothèse : « L’étymon celtique *mlato (« farine »), à rattacher au latin molitum, supin de molere (« moudre ») fait difficulté du point de vue sémantique, l’évolution de sens normalement attendue étant de « céréale » à « farine » et non l’inverse. » → voir blave et blee en ancien français qui nous donnent emblaver ; un latin médiéval bladum, blada donne régulièrement *blaδu, *blaδa puis avec développement de \v\ bilabial par assimilation de \ð\ avec le \b\ précédent : *blavu, *blava. Étant donné que les plus anciennes formes sont de type bladum et supposent un étymon en \t\ ou en \d\, les étymons celtique *blavos ou latin flavus ne peuvent convenir.
Notons, contre cet avis, que le lien sémantique entre « farine, chose broyée » et « céréale » est assez fréquente dans les langues indo-européennes : milium (« mil, millet ») est apparenté à molere (« moudre »), triticum (« blé, froment ») à terere (« broyer »), frumentum (« froment ») à fruor (« user de »), pšenice (« blé ») apparenté à píchat (« piquer ») au latin pinso (« piler, broyer »).
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Phonétique du mot « blé »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
blé ble

Fréquence d'apparition du mot « blé » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « blé »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « blé »

  • L’avare crierait famine sur un tas de blé.
    Proverbe français
  • En terre noire pousse le meilleur blé.
    Proverbe yiddish
  • A tas de blé, le rat s’y met.
    Proverbe afghan
  • Quand le blé est mûr, on le fauche.
    Proverbe québécois
  • L'amour de soi est à l'amour de Dieu ce que le blé en herbe est au blé mûr. Il n'y a pas de rupture de l'un à l'autre - juste un élargissement sans fin.
    Christian Bobin — Le Très-Bas
  • La Commission européenne a de nouveau réduit ses perspectives pour la production européenne de blé, alors même que le bilan mondial continue de s’alourdir. En France, la production 2020 flirte avec les 30 Mt.
    Terre-net — 10,5 % de blé en moins en Europe pour 2020/21
  • Neige au blé est tel bénéfice Qu'au vieillard la bonne pelisse.
    Proverbe français
  • Si la fortune vient en dormant, le blé ne lève qu'en labourant.
    Proverbe français
  • Il faut semer son blé partout.
    Louis Scutenaire — Mes inscriptions
  • Filles, voyez l'épi de blé. Quand il est beau, il baisse la tête.
    Proverbe
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Traductions du mot « blé »

Langue Traduction
Anglais wheat
Espagnol trigo
Italien grano
Allemand weizen
Portugais trigo
Source : Google Translate API

Synonymes de « blé »

Source : synonymes de blé sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot blé au Scrabble ?

Nombre de points du mot blé au scrabble : 4 points

Blé

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