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Baptême

Variantes Singulier Pluriel
Masculin baptême baptêmes

Définitions de « baptême »

Trésor de la Langue Française informatisé

BAPTÊME, subst. masc.

A.− RELIG. CHRÉT.
1. Sacrement que l'Église administre à un enfant ou à un adulte par le symbolisme de l'eau et au nom de la Trinité, afin de l'introduire dans la communauté chrétienne en le purifiant du péché originel. Baptême par aspersion (de toute une assemblée), par immersion (du corps), par infusion (en versant de l'eau sur la tête) :
1. Le dimanche, après la messe, on faisoit les fiançailles et les mariages; et le soir on baptisoit les catéchumènes et les enfants. Ces baptêmes se faisoient comme dans la primitive Église, par les trois immersions, les chants et le vêtement de lin. Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 441.
2. Je me rappelle toujours le jour de ton baptême. On te fêtait, en bas, on faisait la noce. Moi, on m'avait oubliée au lit, dans ma chambre. Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1465.
Loc. Baptême du sang. Martyre pour la foi pouvant remplacer le baptême si celui-ci n'a pas été administré. Baptême de pénitence et de désir. Désir vif et sincère de recevoir le sacrement de baptême accompagné du repentir de ses fautes pouvant tenir lieu de baptême aux personnes qui ne l'ont pas reçu :
3. Faisant un dernier effort, le Sachem tira de son sein un crucifix que lui avoit donné Fénelon. « Atala, dit-il, d'une voix ranimée, que je meure dans ta religion! que j'accomplisse ma promesse au Père Aubry! Je n'ai point été purifié par l'eau sainte; mais je demande au Ciel le baptême de désir. » Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 461.
Baptême sous condition. ,,Celui qui est conféré à quelqu'un dont le baptême antécédent est douteux, c'est-à-dire quand on a, après enquête, quelque raison sérieuse de penser qu'il a pu être invalide. On rebaptise alors avec cette condition : « Je te baptise si tu es capable » [d'être baptisé]. Le sujet ne serait pas capable d'être baptisé s'il l'a été déjà validement`` (Marcel 1938). Nom de baptême. Prénom que l'on donne à l'enfant au moment du baptême :
4. Son nom de baptême était Augustin; jusqu'à nouvel ordre, je l'appellerai ainsi. Fromentin, Dominique,1863, p. 46.
SYNT. Acte, certificat, extrait, registre de baptême; cérémonie, cortège, dîner, dragées, fonts, jour, robe, toilette, vœux du (de) baptême. Demander, recevoir le baptême; imposer, refuser le baptême.
2. P. méton.
a) ,,Fête et cérémonies dont on accompagne ordinairement le baptême`` (Lar. 19e).
Rem. Attesté dans les princ. dict. généraux.
b) ,,Suite des personnes invitées à un baptême`` (Lar. 19e) :
5. À travers les carreaux du fond, on voit passer le baptême, qui vient de la droite et entre à gauche. Scribe, (dsLar. 19e,1867).
3. P. ext. Baptême d'une cloche. Cérémonie au cours de laquelle un prêtre bénit la cloche et lui donne un nom. Baptême d'un navire. Bénédiction donnée par un prêtre lors du lancement du navire.
B.− P. anal.
1. P. plais.
a) Donner un surnom à quelqu'un ou à quelque chose :
6. Un jeu très coquet et très coquin, qui lui a valu de nous le baptême d'Allumeuse de réverbères. E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1142.
7. L'eau de vie, un baptême de nom comme les trouve la langue du peuple. Et n'est-ce pas le bouillon des meurt-de-faim? E. et J. de Goncourt, Journal,1869, p. 485.
b) MAR. Baptême de la ligne. Fête burlesque au cours de laquelle les passagers ou les marins qui traversent l'équateur pour la première fois, sont aspergés d'eau de mer. ,,Les armements nordiques fêtent de même le passage du cercle polaire`` (Le Clère 1960) :
8. ... ce jour-là, nous traversâmes la ligne, par zéro de latitude, zéro de longitude, et zéro de déclinaison; (...). Ce fut un jour de grosse joie et de grand désordre dans tout l'équipage : c'était la cérémonie que nos marins appellent le baptême, et que les Anglais nomment le jour de grande barbe. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 121.
P. méton.
ART MILIT. Baptême d'un canon, d'un lot de poudre. ,,Inscription repère portée sur un canon, sur des douilles`` (Le Clère 1960).
MAR. ,,Signe distinctif dont est marqué un sac à voile, un point d'amure, un pavillon, etc.`` (Barber. 1969).
2. Arg. ,,Cérémonie burlesque par laquelle on introduit un novice dans un groupe, une société`` (Esn. 1966).
C.− Au fig.
1. Usuel. Initiation, apprentissage :
9. Il [Bertin] avait aimé une femme (...). Par elle il avait reçu ce baptême qui révèle à l'homme le monde mystérieux des émotions et des tendresses. Elle avait ouvert son cœur (...). Un autre amour entrait, malgré lui, par cette brèche! un autre ou plutôt le même surchauffé par un nouveau visage... Maupassant, Fort comme la mort,1889, p. 293.
10. ... du temps où Elstir et Swann allaient chez MmeVerdurin, Dechambre était déjà une notoriété parisienne, et, chose admirable, sans avoir reçu à l'étranger le baptême du succès. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 894.
Loc. Baptême de l'air. Premier vol effectué en avion. Baptême du feu. Première participation à un combat :
11. Le 20 août 1914, mon régiment reçut le baptême du feu et laissa le quart de son effectif sur le terrain. J. R. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 78.
2. Spéc., arg. ,,Violence faite à une fille novice par un groupe d'hommes`` (Esn. 1966). P. ext. Faire un baptême. ,,Se dit quand plusieurs hommes abusent successivement d'une même femme, soit par libertinage (...), soit par sanction, s'il s'agit d'une prostituée qui a failli aux règles du « milieu » (Argot lyonnais). À Paris, on dit passer en série`` (J. Lacassagne, L'Arg. du « milieu » préf. de F. Carco, 1928, p. 14).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [batεm]. Durée longue pour la 2esyll. dans Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 (cf. aussi les dict. hist. de Fér. 1768 à DG). Fouché Prononc. 1959, p. 352, note que ,,p est muet dans (...) baptême, baptiser (et re-), baptismal, (fonts) baptismaux, baptistaire, baptistère, baptistin (-ine), rebaptisants`` (Cf. aussi Clédat 1930, p. 71, § 77; Buben 1935, p. 113, § 117, qui ajoute à la liste de Fouché : anabaptisme, anabaptiste; Grammont Prononc. 1958, p. 82, Kamm. 1964, p. 170, ainsi que Mart. Comment prononce 1913, pp. 284-285 : ,,p est muet devant t dans ba(p)tême et tous les mots de la famille. [Il ajoute en note :] Peut-être dit-on quelquefois baptismal, non sans une nuance de pédantisme.`` Cf. encore Rouss.-Lacl. 1927, p. 161). 2. Hist. − Les dict. hist. précisent tous : ,,On ne prononce point le p.`` Cf. p. ex. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787, Ac. 1798 et Ac. 1835 qui ajoutent que le p ne se prononce pas non plus dans les 4 mots suiv. : baptiser, baptismal, baptistaire, baptistère (cf. aussi Ac. 1878). Ac. 1878 signale ,,le p ne se prononçant pas on écrit aussi Batême``.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xies. liturg. batesma « sacrement destiné à laver le péché originel et à faire chrétien celui qui le reçoit » (Alexis, éd. Chr. Storey, Paris, 6d : De saint batesma l'unt fait regenerer); 1160 baptesme « id. » (Wace, Rou, 1repart., 569 dans Gdf. Compl. : E se baptesme volt receivre); 1704 (Trév. : Baptesme du martyre, ou le Bateme de sang. On appeloit ainsi le martyre des Cathecumenes, qui mouroient pour la cause de l'Evangile avant que d'être baptisez); 1834 p. anal. (Land. : Baptême se dit aussi de la cérémonie qu'on fait sur les cloches en leur imposant un nom, et les consacrant au service divin); 2. p. ext. emploi burlesque 1690 (Fur. : Baptême. En terme de marine est une ceremonie profane, dont usent tous les matelots envers ceux qui passent la première fois sous le tropique ou sous la ligne). Empr. au lat. chrét. baptisma, baptismus (empr. au gr. β α ́ π τ ι σ μ α) « ablution, lavage rituel » (Itala, Marc. 7, 4 dans TLL s.v., 1718, 17); spéc. « rite d'initiation de la religion chrétienne » (Itala, Rom., 6, 4, ibid., 34).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 888. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 609, b) 1 238; xxes. : a) 1 498, b) 838.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 348, 375. − Pope 1961 [1952], § 640. − Sain. Lang. par. 1920, p. 363.

Wiktionnaire

Interjection - français

baptême \ba.tɛm\

  1. (Québec) (Vulgaire) Sacre québécois manifestant la colère, le mécontentement ou la surprise.
    • Voyons donc, baptême, où est-ce qu'elle est passée encore?

Nom commun - français

baptême \ba.tɛm\ masculin

  1. (Bible) Immersion rituelle par laquelle on est initié à la vie spirituelle.
  2. (Christianisme) Sacrement par lequel on est fait chrétien et qui consiste à verser de l’eau sur la tête en prononçant les paroles sacramentelles.
    • Il y a un genre de zwinglianisme sec et superficiel qui réduit la cène du Seigneur à n’être qu'un souvenir vide, et le baptême une pantomime à laquelle on se soumet par obéissance seulement. — (Le Chrétien évangélique, Vol.11, 1860, page 311)
    • Mrs. Mac Nap accoucha d’un gros garçon bien constitué, […]. Mrs. Paulina Barnett fut marraine du bébé, qu’on nomma Michel- Espérance. La cérémonie du baptême s’accomplit avec une certaine solennité, et ce jour-là fut jour de fête à la factorerie, en l’honneur du petit être qui venait de naître au-delà du soixante-dixième degré de latitude septentrionale. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • […]; - le chrétien, déjà régénéré par le baptême […] attend le retour glorieux du Christ qui brisera la fatalité satanique et appellera ses compa­gnons de lutte dans la Jérusalem céleste. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908, p.16)
    • Avec les païens, le baptême suffit. Leurs péchés antérieurs leur sont immédiatement remis. C’est même pour cela que les premiers catéchumènes essayaient de retarder leur baptême le plus longtemps possible : saint Augustin, par exemple.
      – Saint Augustin a fait cela, dit l’abbé Vergez. J’ignorais ce détail. Il risquait gros.
      — (Pierre Benoit, Mademoiselle de la Ferté, Albin Michel, 1923, Cercle du Bibliophile, page 159.)
    • À Rouen, les autorités firent savoir que ceux qui n’accepteraient pas le baptême seraient considérés comme hors-la-loi. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
  3. (Par analogie) (Islam) Rite d’entrée dans l’islam pour les musulmans.
    • Les tolba sont tenus d’honorer toute invitation émanant d’un membre de la communauté. Ils assistent généralement aux mariages, aux fêtes organisées à l'occasion des circoncisions, des baptêmes et des enterrements. — (Ali Amahan, Mutations sociales dans le Haut Atlas : les Ghoujdama, Paris : Éditions de la MSH & Rabat : Éditions La Porte, 1998, page 76)
    • C’est à cette dernière qu’était revenu l’honneur de présider la cérémonie du baptême. On me déposa sur ses genoux. Pour commencer, elle prononça un bismillah, une manière de rendre grâce à Dieu. — (Neyla Ayssi, Les barbelés ne sont pas toujours le long des murs, Editions du Panthéon, 2019, chap. 1)
  4. (Par extension) Cérémonie consistant à inaugurer quelque chose ayant une certaine envergure.
    • Le baptême d’une cloche. Le baptême d’un navire.
  5. (Belgique) Bizutage.
    • Le baptême des nouveaux inscrits fait partie des traditions étudiantes.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BAPTÊME. (Dans ce mot et les suivants, P ne se prononce pas.) n. m.
Celui des sept sacrements de l'Église par lequel on est fait chrétien et qui consiste à verser de l'eau sur la tête en prononçant les paroles sacramentelles. Le sacrement de baptême. Le péché originel est effacé par l'eau du baptême. Tenir un enfant sur les fonts de baptême. Donner, recevoir le baptême. Nom de baptême. Dragées de baptême. Baptême par immersion, Celui qui consiste à plonger dans l'eau tout le corps de la personne à laquelle on confère ce sacrement. Dans l'Église grecque, on confère encore le baptême par immersion. Fig., Baptême du sang, Le martyre souffert sans avoir reçu le baptême. Par extension, Le baptême d'une cloche. Le baptême d'un navire. Voyez BAPTISER. Baptême du tropique, de la ligne, Sorte de cérémonie burlesque en usage parmi les marins : elle consiste à mouiller d'eau ceux qui passent pour la première fois le tropique ou l'équateur. Fig., Recevoir le baptême du feu, Aller au feu pour la première fois. On dit dans le même sens, en termes d'Aéronautique, Recevoir le baptême de l'air.

Littré (1872-1877)

BAPTÊME (ba-tê-m') s. m.
  • Celui des sept sacrements de l'Église qui efface le péché originel, et qui consiste en de l'eau versée sur la tête, et en paroles sacramentelles. Après avoir reçu le baptême par les mains du pape, Bossuet, Hist. I, 11. Celle qui vous pressait de courir au baptême, Corneille, Poly. I, 1. Répandre sur son front l'eau sainte du baptême, Voltaire, Zaïre, II, 3. C'est à Breslau, à Londres et à Dordrecht qu'on commença, il y a environ trente ans, à supputer le nombre des habitants par celui des baptêmes ; on multiplia dans Londres le nombre des baptêmes par 35 ; à Breslau, par 33, Voltaire, Lettr. La Michodière, novemb. 1757.

    Fig. Baptême de sang, martyre des catéchumènes.

    Nom de baptême, le nom donné par le parrain ou la marraine à l'enfant présenté aux fonts baptismaux.

    Baptême d'une cloche, d'un navire, cérémonie religieuse par laquelle on bénit une cloche, un navire.

    Baptême de mer, du tropique, de la ligne ; usage des matelots à l'égard de ceux qui passent, pour la première fois, le tropique ou la ligne ; il consiste à les arroser d'eau avec des circonstances burlesques, s'ils n'achètent point leur repos par quelques libéralités pécuniaires.

HISTORIQUE

XIIe s. Mais pren batisme, je'l te dis sans contraire, Ronc. p. 145.

XIIIe s. Mais Aliste [elle] Fut nommée en baptesme, et fu née à Valgiste, Berte, XCII. Si avint un poi apriès que li rois Jehans prist à feme la fille le roi d'Iermenie et en ot un filg qui fu apelés Jehans en baptesme, Chr. de Rains, p. 88. Il leur fist entailler en la chapele toute nostre creance, l'annonciation de l'angre [ange], la nativité, le baptesme dont Dieu fu baptizié, et toute la passion, Joinville, 262.

XVe s. Les mesmes paroles qui ont esté aujourd'hui dites et celebrées au baptesme de votre filleul, furent dites et celebrées à votre baptisement, Louis XI, Nouv. LXX.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

BAPTÊME, s. m. (Théol.) sacrement par lequel on est fait enfant de Dieu & de l’Eglise, & qui a la vertu d’effacer le péché originel dans les enfans, & les péchés actuels dans les adultes.

Le mot baptême en général signifie lotion, immersion, du mot Grec βάπτω, ou βαπτίζω, je lave, je plonge ; & c’est en ce sens que les Juifs appelloient baptême certaines purifications légales qu’ils pratiquoient sur leurs prosélytes après la circoncision. On donne le même nom à celle que pratiquoit S. Jean dans le desert à l’égard des Juifs, comme une disposition de pénitence pour les préparer, soit à la venue de J. C. soit à la réception du baptême que le Messie devoit instituer, & dont le baptême de S. Jean étoit absolument différent, par sa nature, sa forme, son efficace, & sa nécessité, comme le prouvent les Théologiens, contre la prétention des Luthériens & des Calvinistes.

Le baptême de l’Eglise chrétienne est appellé dans les Peres de plusieurs noms relatifs à ses effets spirituels, comme adoption, renaissance, régénération, remission des péchés, renouvellement de l’esprit, vie éternelle, indulgence, absolution ; & par les Grecs, tantôt παλιγγενεσια ψυχῆς, régénération de l’ame, & tantôt χρῖσμα, onction ; soit à cause de celles qu’on y pratique, soit parce qu’il nous consacre à J. C. quelquefois φωτίσμα, & φωτίσμος, illumination, σφραγὶς, signe ou marque ; & par les Latins salut, mystere, sacrement. Cyprian. Augustin. Tertull. Cyrill. Justin. Chrysost. Clem. Alex. Euseb. Ambros. &c.

La définition que nous avons donnée au commencement de cet article ne convient donc au baptême, qu’entant qu’il est le premier des sacreméns de la loi nouvelle : sa matiere éloignée est l’eau naturelle, comme de riviere, de fontaine, de pluie, &c. par conséquent toute autre liqueur, soit artificielle, soit même naturelle, telle que le vin, ne peut être employée comme matiere dans ce sacrement ; & les exemples qu’on cite au contraire, ou sont apocryphes, ou partoient d’une ignorance grossiere, justement condamnée par l’Eglise. Voyez Matiere.

Sa forme dans l’Eglise Greque consiste en ces paroles : baptisatur servus vel serva Dei N in nomine Patris, & Filii, & Spiritus sancti ; & dans l’Eglise Latine, le prêtre en versant de l’eau naturelle sur la tête de la personne qu’il baptise, la nomme d’abord par le nom que lui ont donné ses parrein & marreine, & prononce ces mots : ego te baptiso, in nomine Patris, & Filii, & Spiritus sancti, amen. Cette forme étant pleinement exprimée dans les Ecritures, Mat. ch. xxviij. vers. 19. & attestée par les écrits des plus anciens Auteurs ecclésiastiques, il s’ensuit que tout baptême conféré sans une appellation ou invocation expresse des trois personnes de la sainte Trinité, est invalide. La doctrine des conciles y est formelle, sur-tout celle du premier concile d’Arles tenu en 314 ; & l’Eglise a mis une grande distinction entre les hérétiques, qui dans leur baptême conservoient ou corrompoient cette forme ; se contentant à l’égard des premiers, lorsqu’ils revenoient dans son sein, de les recevoir par la cérémonie de l’imposition des mains, & réitérant aux autres le baptême, ou plûtôt leur donnant le sacrement qu’ils n’avoient jamais reçû. Voyez Rebaptisans.

Le baptême a été rejetté totalement par plusieurs anciens hérétiques des premiers siecles, tels que les Ascodrutes, les Marcosiens, les Valentiniens, les Quintilliens, qui pensoient tous que la grace qui est un don spirituel, ne pouvoit être communiquée ni exprimée par des signes sensibles. Les Archontiques le rejettoient comme une mauvaise invention du Dieu Sebahoth, c’est-à-dire, du Dieu des Juifs, qu’ils regardoient comme un mauvais principe. Les Seleuciens & les Hermiens ne vouloient pas qu’on le donnât avec de l’eau : mais ils y employoient le feu, sous prétexte que S. Jean-Baptiste avoit assûré que le Christ baptiseroit ses disciples dans le feu. Les Manichéens & les Pauliciens le rejettoient également, aussi bien que les Massaliens. Le nombre des hérétiques qui ont altéré ou corrompu la forme du baptême, n’est pas moindre : Menandre baptisoit en son propre nom : les Eluséens y invoquoient les démons ; les Montanistes y joignoient le nom de Montan leur chef, & de Priscille leur prophétesse, aux noms sacrés du Pere & du Fils. Les Sabelliens, les Marcosiens, les disciples de Paul de Samosate, les Eunomiens, & quelques autres hérétiques ennemis de la Trinité, ne baptisoient point au nom des trois Personnes divines ; c’est pourquoi l’Eglise rejettoit leur baptême : mais, comme nous l’avons dit, elle admettoit celui des autres hérétiques, pourvû qu’ils n’altérassent point la forme prescrite, quelles que fussent d’ailleurs leurs erreurs sur le fond des mysteres.

La discipline de l’Eglise sur la maniere d’administrer ce sacrement, n’a pas toûjours été la même : autrefois on le donnoit par une triple immersion ; & cet usage a duré jusqu’au xiie siecle. Il est vrai que dans le vie quelques Catholiques d’Espagne s’en tenoient à une seule immersion, de peur, disoient-ils, que les Ariens n’imaginassent que par la triple immersion ils divisoient la Trinité à l’exemple de ces hérétiques : mais cette raison frivole ne changea généralement rien à l’ancien usage. Celui de baptiser par infusion, ou en versant l’eau sur la tête, commença, selon quelques-uns, dans les pays septentrionaux, & s’introduisit en Angleterre vers le ixe siecle. Le concile de Calchut ou de Celchyth, tenu en 816, ordonna que le prêtre ne se contenteroit pas de verser de l’eau sur la tête de l’enfant, mais qu’il la plongeroit dans les fonts baptismaux.

Les Ecrivains ecclésiastiques parlent de plusieurs cérémonies qu’on pratiquoit au baptême, qui sont aujourd’hui abolies, ou dont il ne reste que de légeres traces ; comme de donner aux nouveaux baptisés du lait & du miel dans l’Eglise d’orient ; & dans celle d’occident, du miel & du vin, de les revêtir d’une robe blanche, &c. de ne baptiser qu’à jeûn, de donner immédiatement après le baptême la confirmation & l’eucharistie, &c.

Les Théologiens distinguent trois sortes de baptême ; le baptême d’eau, dont nous venons de parler ; le baptême de feu, c’est-à-dire, la charité parfaite jointe à un ardent desir d’être baptisé, c’est ce qu’on appelle aussi le baptême du S. Esprit, qui supplée au baptême d’eau ; & le baptême de sang, c’est-à-dire, le martyre. On ne baptisoit autrefois les catéchumenes qu’à Pâque & à la Pentecôte, excepté en cas de nécessité.

Le ministre ordinaire du baptême est l’évêque ou le prêtre : mais en cas de nécessité toutes personnes, même les femmes, peuvent baptiser.

Quelques-uns ont prétendu que dans la primitive Eglise on ne baptisoit que les adultes : mais c’est sans fondement ; car quoiqu’on n’ait point dans l’Ecriture de textes précis qui marquent que des enfans ont été baptisés, & que quelques anciens peres, comme Tertullien, fussent persuadés que de baptiser les enfans avant qu’ils eussent atteint l’âge de raison, c’étoit les exposer à violer les engagemens de leur baptême ; & qu’ainsi il étoit de la prudence & de la charité de n’admettre à ce sacrement que les adultes : il est néanmoins certain 1°. que les Apôtres ont baptisé des familles entieres, dans lesquelles il est très-probable qu’il se trouvoit des enfans : 2°. que la pratique actuelle de l’Eglise à cet égard est fondée sur la tradition des Apôtres, comme l’assûre S. Augustin, après S. Irénée & S. Cyprien. Ce dernier sur-tout consulté par l’évêque Fidus, s’il ne seroit pas à propos de fixer le tems du baptême des enfans au huitieme jour après leur naissance, comme celui de la circoncision l’étoit chez les Juifs, en conféra avec soixante-cinq autres évêques assemblés en concile à Carthage en 253, & répondit à Fidus : Quod tu putabas esse faciendum, nemo consentit : sed universi potius judicavimus, nulli hominum nato misericordiam Dei & gratiam denegandam. Quelqu’autorisée que fût cette pratique dans les premiers siecles de l’Eglise, il faut convenir qu’elle n’étoit pas généralement observée à l’égard de tous les enfans des fideles : les catéchumenes même différoient plusieurs années à recevoir le baptême. L’histoire ecclésiastique nous apprend que S. Ambroise ne fut baptisé qu’après avoir été élû évêque de Milan. On sait que l’empereur Constantin ne reçut ce sacrement qu’à l’article de la mort, & qu’il eut en cela bien des imitateurs d’un nom illustre dans l’Eglise. Plusieurs differoient ainsi leur baptême le plus long-tems qu’ils pouvoient, mais par des motifs très-différens ; les uns par un esprit d’humilité, dans la crainte de n’être pas assez bien disposés pour recevoir dignement ce premier sacrement ; les autres pour mener plus librement une vie déréglée, se flattant d’en obtenir le pardon à la mort par l’efficace du baptême. Les Peres s’éleverent avec tant de force contre les fausses raisons & le danger des délais dont on usoit pour recevoir si tard le baptême, qu’ils réussirent peu-à-peu à etablir l’usage qui subsiste aujourd’hui.

Quoique Jesus-Christ soit venu dans le monde pour ouvrir à tous les hommes la voie du salut, cependant il étoit d’usage & de regle dans la primitive Eglise de refuser le baptême à certaines personnes engagées dans des conditions ou professions notoirement criminelles, comme incompatibles avec la sainteté du Christianisme ; à moins qu’elles ne renonçassent à cette profession ou à cet état. De ce nombre étoient les sculpteurs, fondeurs, ou autres ouvriers qui faisoient des idoles ; les femmes publiques, les comédiens, les cochers, gladiateurs, musiciens, ou autres qui gagnoient leur vie à amuser le public dans le cirque ou l’amphithéatre ; les astrologues, devins, magiciens, enchanteurs, ceux qui étoient adonnés aux crimes contre nature, ceux-mêmes qui étoient tellement passionnés pour les représentations des jeux & du théatre, qu’ils refusassent de s’en abstenir dès qu’ils auroient embrassé la religion ; les concubinaires, ceux qui tenoient des lieux de débauche ; quelques-uns même ont crû qu’on n’y admettoit pas les gens de guerre : mais l’histoire ecclésiastique ne laisse aucun doute que les Chrétiens n’ont pas confondu une profession utile & honorable par elle-même, avec des arts ou des conditions réprouvées par la raison même. Bingham, orig. eccles. liv. XI. ch. v. §. 6. 7. 8. 9. 10.

On convient aujourd’hui qu’on ne doit pas baptiser les enfans des infideles, même soûmis à la domination des princes Chrétiens, malgré leurs parens, à moins que ces enfans ne soient en danger évident de mort ; parce que cette violence est contraire au droit naturel qu’ont les peres & les meres sur leurs enfans ; & que d’ailleurs elle exposeroit le sacrement à une profanation certaine, par l’apostasie à laquelle ces peres & meres engageroient leurs enfans.

Quelques-uns ont crû qu’on devoit conférer le baptême aux morts, & même qu’on pouvoit le recevoir à leur place, fondés sur ce passage de S. Paul aux Corinthiens I. epit. ch. xv. vers. 30. alioquin quid facient qui baptisantur pro mortuis, si mortui non resurgunt : ut quid & baptisantur pro illis ? passage sans doute mal entendu, & qui à la lettre ne signifie autre chose, sinon qu’on peut pratiquer en mémoire des morts des œuvres de pénitence qui leur obtiennent la rémission des péchés qu’ils n’ont pas suffisamment expiés en cette vie : car le mot de baptême, dans un sens général & usité dans l’Ecriture, signifie quelquefois la pénitence, les afflictions & les souffrances. Ainsi dans S. Luc, Jesus-Christ parlant de sa passion, l’appelle un baptême : ch. xij. vers. 50. baptismo habeo baptisari ; & dans S. Marc, ch. x. vers. 38. potestis . . . . baptismo quo ego baptisor baptisari. (G)

Bapteme du tropique ou de la ligne, (en Marine.) c’est une cérémonie ridicule, mais d’un usage ancien & inviolable parmi les gens de mer, qui la pratiquent bien régulierement sur ceux qui passent pour la premiere fois le tropique ou la ligne équinoctiale.

Chaque nation s’y prend diversement, & même les équipages d’une même nation l’exercent en différentes manieres. Voici celle qui est la plus ordinaire parmi les équipages François.

Pour préparatifs, on met une baille au pié du grand mât pleine d’eau de la mer ; le pilote pour l’ordinaire se met auprès, le visage barbouillé, le corps revêtu & tout entortillé de garcettes, dont quelques-unes lui pendent des bras. Il est accompagné de cinq ou six matelots habillés de même : il tient entre ses mains un livre de cartes marines tout ouvert ; aux environs il y a des matelots avec des seaux pleins d’eau ; il y en a sur les vergues & sur les hunes. On amene celui qui doit être baptisé en grande cérémonie ; on le fait asseoir sur une planche tenue aux deux bouts par deux matelots, & posée sur la baille pleine d’eau ; on lui fait jurer sur le livre que tient le pilote, de pratiquer sur les autres la même cérémonie, lorsque l’occasion s’en trouvera ; & dans l’instant les deux matelots renversent la planche, & font tomber l’homme dans la baille ; en même tems ceux qui sont à la hune & sur les vergues lui jettent plusieurs seaux d’eau sur le corps. Les officiers & les passagers se rachettent d’une si ridicule cérémonie, en donnant quelque argent aux équipages : mais on ne fait point de grace à ceux qui ne donnent rien. On demande cependant permission au capitaine pour faire le baptême.

Un vaisseau qui n’a point encore passé la ligne ou le tropique, y est soûmis : mais le capitaine le rachette par quelques rafraîchissemens qu’il donne aux gens de l’équipage, autrement ils couperoient l’éperon ou quelque autre partie du vaisseau : mais aujourd’hui beaucoup de capitaines abolissent cette ridicule cérémonie. (Z)

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Étymologie de « baptême »

Βάπτισμα, de βαπτίζειν, baptiser ; provenç. baptisme ; espagn. bautismo ; portug. babtismo ; ital. battesimo.

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(Siècle à préciser) Du latin baptisma (« lavement rituel »).
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Phonétique du mot « baptême »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
baptême baptɛm

Fréquence d'apparition du mot « baptême » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « baptême »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « baptême »

  • Je suis esclave de mon baptême. Parents, vous avez fait mon malheur et vous avez fait le vôtre.
    Arthur Rimbaud — Une saison en enfer
  • Les filles quand ça dit "je t'aime", C'est comme un second baptême, Ça leur donne un coeur tout neuf, Comme au sortir de son oeuf.
    Georges Brassens — Embrasse les tous
  • Avec du savon, le baptême peut être une bonne chose.
    Robert Green Ingersoll
  • La Providence est le nom chrétien, le nom de baptême du hasard.
    Alphonse Karr
  • Quelqu'un disait que la providence était le nom de baptême du hasard ; quelque dévot dira que le hasard est un sobriquet de la providence.
    Chamfort — Maximes et pensées, caractères et anecdotes
  • Déluge : première et remarquable expérience de baptême qui fit disparaître du monde tous les péchés et tous les pêcheurs.
    Ambrose Bierce — Le dictionnaire du Diable
  • Les noms de baptêmes sont faits pour être dits par ceux qui nous aiment, et pour être inconnus à ceux qui n’aiment pas.
    Alfred de Vigny — Quitte pour la peur
  • A celui qui n’a jamais souffert, l’amour offre un beau baptême de la douleur.
    Jean-Marc Parisis — Avant, pendant, après
  • Celui qui a conservé l'innocence de son baptême est comme un enfant qui n'a jamais désobéi à son père.
    Le curé d'Ars
  • En panne d’idée pour la fête des pères ? France Bleu Champagne Ardenne a la solution : un baptême de Golf ! Découvrez cette discipline dans un cadre magnifique le dimanche 5 juillet de 10h30 à 12h00!
    France Bleu — Gagnez un Baptême de Golf à Reims pour deux personnes !
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Images d'illustration du mot « baptême »

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Traductions du mot « baptême »

Langue Traduction
Anglais baptism
Espagnol bautismo
Italien battesimo
Allemand taufe
Portugais baptismo
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Synonymes de « baptême »

Source : synonymes de baptême sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « baptême »

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Nombre de points du mot baptême au scrabble : 12 points

Baptême

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