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Gage

Variantes Singulier Pluriel
Masculin gage gages

Définitions de « gage »

Trésor de la Langue Française informatisé

GAGE, subst. masc.

I. − Au sing. ou au plur.
A. − Ce que l'on dépose entre les mains de quelqu'un en garantie.
1. DR. ,,Contrat par lequel un débiteur remet à son créancier un objet mobilier pour garantir l'exécution de sa dette`` (Banque 1963). Cf. fiducie ex. :
1. 2072. Le nantissement d'une chose mobilière s'appelle gage [it. ds le texte]. Celui d'une chose immobilière s'appelle antichrèse. Code civil,1804, p. 372.
Gage vif, gage mort ou mort gage. ,,Celui qui vient ou ne vient pas en déduction de la dette`` (Ac. 1932).
P. méton. La chose remise en gage. Celui qui ne peut pas trouver une caution, est reçu à donner à sa place un gage en nantissement suffisant (Code civil,1804, art. 2041, p. 367).Le créancier ne peut, à défaut de paiement, disposer du gage (Code civil,art. 20781804, p. 373).
2. P. ext.
a) Tout meuble ou immeuble garantissant le paiement d'une dette. Mettre en gage, prêter sur gage. Il obtint la remise des villes de Péronne, Roye et Mondidier, qui avaient été assignées en gage de la dot (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 420).Cet hiver, certaines familles mettaient en gage leur argenterie pour donner des bals (Michelet, Journal,1835, p. 169).
Prêteur* sur gages.
b) Ce qui est déposé lors d'une contestation entre les mains d'une tierce personne par les deux parties et qui sera remis à celui qui a raison. Mettons des gages entre les mains de quelqu'un (Ac.1798-1878).
3. Spécialement
a) JEUX. Ce qui est déposé par les joueurs perdants et qu'ils ne peuvent récupérer qu'à la fin du jeu moyennant une pénitence. C'est là l'origine d'une pénitence toute semblable que l'on impose, au petit jeu des gages touchés (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 62).Les gages furent tirés au sort sur les genoux d'Élodie (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 136).
b) FÉOD. Gant ou gantelet que l'on jetait pour défier quelqu'un au combat. Gage du combat ou gage de bataille (Ac.1798-1878) :
2. ... il ajouta : Voilà le chevalier du Cygne prêt à recevoir le gage de bataille. Pour toute réponse, le roi jeta son gant, qu'Olivier ramassa. Ensuite les deux ennemis (...) se précipitèrent l'un sur l'autre. Genlis, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 357.
B. − Au fig. Ce qui représente une garantie, une assurance de quelque chose. Gage d'alliance, de tendresse. Donnez-moi un gage, un gage d'oubli du passé, d'espoir dans l'avenir! (De Vogüé, Morts,1899, p. 354).Élisabeth lui donna son appui moyennant des gages : la remise du Havre d'abord et plus tard la restitution de Calais (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 168).
1. [Pour le passé] Ce qui sert de preuve, de témoignage :
3. ... si (...) [le sous-secrétaire d'État] n'était venu me forcer en quelque sorte à donner de la publicité à ma lettre, publicité qui, au demeurant, devient pour le lecteur un gage de plus de l'authenticité et de l'exactitude de tous les faits mentionnés ici. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 553.
2. [Pour l'avenir] Ce qui constitue une promesse formelle, une assurance. Le capitaliste trouve dans l'instrument produit par le travailleur un gage d'indépendance et de sécurité pour l'avenir (Proudhon, Propriété,1840, p. 216).L'immortalité de l'âme, gage de notre béatitude future (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 177).
3. Expressions
Demeurer pour les gages (vx).
[En parlant de ceux qui sont pris ou tués dans un combat dont les autres parviennent à réchapper] Synon. de succomber.La moitié des siens sont demeurés pour les gages (Ac.1835, 1878).
[En parlant de circonstances moins graves] ,,Par exemple si dans une hôtellerie, dans un cabaret, on retient quelques gens d'une compagnie, afin qu'ils payent pour les autres qui se sont échappés`` (Ac. 1835, 1878.
Donner des gages à un parti. Se lier à un parti par un acte attestant son attachement à celui-ci. C'est très malin, son jeu de bascule, les gages donnés un jour aux libéraux, l'autre jour aux autoritaires (Zola, Argent,1891, p. 414).
Gage de l'amour (vieilli et littér.). Synon. de enfant.Abassa portoit dans son sein le gage funeste de notre union (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 246).
Laisser (qqc.) pour gage, pour les gages. Synon. de perdre.Oui, justement, l'île de Fionie; c'est là que j'ai manqué laisser mon nez en gage (Mérimée, Théâtre C. Gazul,1825, p. 16).
Prendre des gages. Prendre des précautions en s'assurant dès maintenant des avantages que l'on n'est pas certain d'obtenir plus tard. Au printemps prochain, l'Allemagne sera défaillante; on le sait. Que se passera-t-il? Il faudra prendre des gages. Autant, dès lors, maintenir ceux que nous avons déjà (Barrès, Cahiers, t. 13, 1921-22, p. 194).
II. − Au plur.
A. − Somme que l'on verse mensuellement ou annuellement pour payer les services d'un domestique. Payer les gages. Les gages d'un cocher (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 345). Cela ne suffit pas aux gages des domestiques, aux appointements des maîtres et des maîtresses de tes sœurs, à leur toilette et à la mienne (Lamart., Nouv. Confid.,1851, p. 34).
(Être) aux gages de qqn.
Vieilli. Être au service de quelqu'un en qualité de domestique. Il est aux gages d'un tel (Ac. 1835-1932).
Être à l'entier service de quelqu'un et, p. ext., lui être aveuglément dévoué. Ils mettent leur génie trafiquant aux gages du sultan ou des Turcs (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 386).
Casser* (qqn) aux gages.
À gages. Qui est payé pour cette sorte de service. Tueur à gages. Par ce même décret, elle [la Convention] accorda des secours et pensions à tous les anciens serviteurs à gages du ci-devant roi (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 314).Elle a un secrétaire à gages pour l'administration de ses réceptions (Martin du G., Devenir,1909, p. 153).
Gén. péj. Là, point d'applaudissements à gage, à qui l'on a, pour ainsi dire, noté, sur la pièce, les endroits qu'ils doivent applaudir (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 332).Les chroniqueurs d'alors, tant français que bourguignons, étaient des chroniqueurs à gages. Tout grand seigneur avait le sien (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. iv).
Au fig. et fam. Cet homme ne vole pas ses gages. ,,il s'acquitte bien de ce qu'il est chargé de faire`` (Ac. 1878, 1932).
Rem. On relève a) Qq. attest. au sing. MlleTrapenard entra donc au service de ce maître, pour n'en plus bouger, au gage de quarante-cinq francs par mois (Bourget, Discipline, 1889, p. 16). V. aussi Jouy supra. b) L'emploi fém. (plur.) ds Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 78, 166, 182.
B. − Spécialement
1. HIST. ,,Appointements d'un office ou d'une charge`` (Lep. 1948). Un autre moyen, ce fut de retenir la moitié des gages et pensions de tous les officiers de justice et de finance du pays de Bourgogne (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 169).Il avait en meubles plus de cent mille écus d'or, trente mille livres de rentes, et les profits de ses fiefs, et les gages de son office de maréchal (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 218).
2. MAR. Solde du capitaine, des matelots d'un bâtiment de commerce. Les gages d'un capitaine de navire, d'un matelot (Ac. 1835, 1878).
Prononc. et Orth. : [ga:ʒ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1130 gwage « ce qu'on met ou laisse en dépôt, comme garantie d'une dette, de l'exécution de quelque chose » (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, p. 7, § 5); b) ca 1165 guage « ce qu'on donne à quelqu'un à titre de réparation, de satisfaction pour un tort qu'on lui a causé » (Benoit de Ste-Maure, Troie, 2595); 2. a) ca 1135 mettre guage « engager quelque chose, mettre en jeu » (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 1873); b) 1538 terme de jeu (Est. s.v. pignus); 3.) 1694 gage « dans une contestation, enjeu déposé par les différentes parties, pour être remis à celle qui aura gain de cause » (Ac.). B. 1160-74 gages masc. plur. « solde, salaire, appointement » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, 3103). De l'a. b. frq. *waddi « gage »; cf. m. néerl. wedde de même sens; a. h. all. wetti « gage, amende »; all. Wette « pari, gageure ». Le mot est attesté aux sens A 1, 3 et B en b. lat. (ca 643 wadium ds Nierm.) ainsi que dans les Gloses de Reichenau (De Libro Genesis, 570 ds H.W. Klein et A. Labhardt, Die Reichenauer Glossen, t. 1, p. 85 : pignus : wadius); il n'est pas exclu que le lat. vas, vadis « caution » ait pu participer à un moment quelconque à la naissance du mot (cf. Ern.-Meillet). Fréq. abs. littér. : 1 070. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 297, b) 1 254; xxes. : a) 1 470, b) 1 033. Bbg. Frank (G.). Faire ravoir les gages. Mod. Lang. Notes. 1938, t. 53, pp. 603-604.

Wiktionnaire

Nom commun - français

gage \ɡaʒ\ masculin

  1. (Droit) Sûreté réelle par laquelle un débiteur remet à son créancier un bien meuble ou un ensemble de biens meubles, présents ou futurs, lui appartenant pour garantir sa dette.
    • Si le coupable ne paie pas immédiatement, les bandiers le « pignorent », c'est-à-dire qu'ils prennent en gage soit quelques têtes, soit une pièce de son habillement que le coupable retrouve lorsqu'il a acquitté l'amende due. — (Monique Bourin, La démocratie au village, L'Harmattan, 1987, page 199)
  2. (Par extension) Tout objet, meuble ou immeuble qui assure le paiement d’une dette.
    • C’est alors que l’idée me vint de prendre une de ses tabatières que je comptais, non pas vendre, mais mettre en gage, avec l’arrière-pensée de la dégager un jour et de la restituer. — (Georges Simenon, Les 13 Mystères, Fayard, 1932, réédition Le Livre de Poche, page 148)
    • Vers 1932, les banquiers commencèrent à redouter l’insolvabilité permanente des fermiers. Prenant peur, ils exigèrent le remboursement ou la saisie des gages. — (André Maurois, Chantiers américains, 1933)
  3. (Jeux) Ensemble des objets qu’un joueur a déposé chaque fois qu’il s’est trompé, et qu’il ne peut retirer, à la fin du jeu, qu’après avoir subi une pénitence.
    • Donner un gage.
    • Rendre les gages.
  4. Consigne donnée lorsque, dans une contestation, on est convenu que celui qui perdra paiera à l’autre une somme ou quelque autre chose.
  5. (Figuré) Garantie, assurance, preuve, témoignage.
    • Daignez accepter ce bassin d'or comme un faible gage de ma reconnaissance. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, XVIII. L'ermite, 1748)
    • Il m’a laissé un gage de sa foi.
    • Quel gage plus sûr puis-je désirer de votre amitié que ce que vous avez fait pour moi ?
    • Cette lettre est un gage de son amour.
    • Avec cette précision, gage d’authenticité : la rencontre a eu lieu le mardi 9 janvier. — (Louis-Marie Horeau, Fillon-la-terreur et son dernier pétard mouillé, Le Canard enchaîné, 12 avril 2017, page 3)
  6. (Au pluriel) Salaire, appointement que l’on verse à un domestique.
    • Laissez-moi mourir ici, dit le serviteur.
      ― Mais comment vivras-tu, qui payera tes gages ?
      ― Des gages ? fit l'homme étonné. Voilà seize ans que je n'en reçois plus.
      — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • — Le premier lundi de novembre, où serai-je ? pensait Madeleine ; nous sommes à quinze jours de la Toussaint où mon gage prend fin et il ne me parle pas d’un nouveau marché. — (Ernest Pérochon, Nêne, 1920)
    • Les gages d’un valet de chambre, d’une cuisinière.
    • Retenue sur gages.
    • Se mettre aux gages de quelqu’un.
    • Casser aux gages : (Vieilli) Ôter à quelqu’un son emploi et les appointements qui y sont attachés.
    1. (Au féminin) (Québec)
      • Si nous n’avions pas Esdras et Da’Bé dans le bois, qui gagnent de « bonnes » gages, comment ferions-nous ? — (Louis Hémon, Maria Chapdelaine, J.-A. LeFebvre, Montréal, 1916)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GAGE. n. m.
Ce que l'on met entre les mains de quelqu'un pour sûreté d'une dette. Prêter sur gages. Mettre, laisser en gage. Laisser pour gage. Retirer un gage. Donner des gages. Prendre des gages, un gage. En termes de Droit, Gage vif, Gage-mort ou Mort-gage, Celui qui vient ou ne vient pas en déduction de la dette. Il se dit, par extension, de Tout objet meuble ou immeuble qui assure le paiement d'une dette. Les meubles qui garnissent une maison louée sont le gage du propriétaire. Il se dit, à certains petits jeux, des Objets que les joueurs déposent chaque fois qu'ils se trompent, et qu'ils ne peuvent retirer, à la fin du jeu, qu'après avoir subi une pénitence. Donner un gage. Rendre les gages. Il désigne aussi Ce que l'on consigne, ce que l'on met en main tierce, lorsque, dans une contestation entre deux ou plusieurs personnes, on est convenu que celui qui perdra paiera à l'autre une somme ou quelque autre chose. Il se dit figurément de Toute sorte de garantie, d'assurance, de preuve, de témoignage. Il m'a laissé un gage de sa foi. Cette alliance devint le gage de la paix. Quel gage plus sûr puis-je désirer de votre amitié que ce que vous avez fait pour moi? Cette lettre est un gage de son amour. Fig., Donner des gages à un parti. Se lier par quelque acte envers un parti. Au pluriel il signifie encore Salaire, appointements, et se dit principalement de Ce que l'on donne aux domestiques par an, par mois pour paiement de leurs services. Les gages d'un valet de chambre, d'une cuisinière. Payer les gages des domestiques. Retenir les gages. Gagner de gros gages. Il est aux gages d'un tel. Se mettre aux gages de quelqu'un. Ses gages courent de tel jour. Casser aux gages, Ôter à quelqu'un son emploi et les appointements qui y sont attachés. En punition de cette faute, il a été cassé aux gages. Fig. et fam., Cet homme ne vole pas ses gages, Il s'acquitte bien de ce qu'il est chargé de faire. À gages, s'emploie comme une sorte d'épithète signifiant Qui est gagé, payé pour faire une chose. Un homme à gages. Il se prend quelquefois en mauvaise part. Des applaudisseurs à gages. Des insulteurs à gages.

Littré (1872-1877)

GAGE (ga-j') s. m.
  • 1Dépôt qu'on fait de quelque objet entre les mains d'autrui, pour sûreté d'une dette, d'un emprunt. Un gage suffisant. Prêter sur gages. Emprunter sur gage. Brancas me demanda hier de bonne foi si je ne voudrais pas prêter sur gages, et m'assura qu'il n'en parlerait point, Sévigné, 106. Il lui a fait mettre en gage ses perles, Sévigné, 400. L'ordonnance du roi Asychis ne permettait [chez les Égyptiens] d'emprunter qu'à condition d'engager le corps [momie] de son père à celui dont on empruntait ; c'était une impiété et une infamie tout ensemble de ne pas retirer un gage si précieux, Bossuet, Hist. III, 3. Je me mettrais en gage en mon besoin urgent. - Sur cette nippe-là vous auriez peu d'argent, Regnard, Joueur, II, 14. Elle est d'accord de tout, du temps, des arrérages ; Il ne faut maintenant que lui donner des gages, Regnard, ib. I, 6. Sanci, dans cette négociation, dépensa une partie de ses biens ; il mit en gage ses pierreries et, entre autres, ce fameux diamant, nommé le Sanci, qui est à présent à la couronne, Voltaire, Henriade, VIII, Variantes. Vingt fois pour vous [plaisirs] j'ai mis ma montre en gage, Béranger, Grenier.

    Terme de jurisprudence. Contrat de nantissement d'une chose mobilière, par opposition à antichrèse.

    Fig. Demeurer pour les gages ou pour gage, périr dans une circonstance où d'autres s'échappent.

    Demeurer pour gages, signifie encore simplement être arrêté dans quelque querelle, pendant que s'échappent les autres qui y avaient participé ; et aussi être pris d'une façon quelconque. Chacun peut sur un lit Se tenir toujours prêt sans quitter son habit ; Qui ne le sera point restera pour les gages, Th. Corneille, D. Bertr. de Cigarr. II, 4.

    Demeurer pour gage, se dit aussi d'une chose que l'on a perdue. La presse fut si grande qu'un pan de mon habit y est demeuré pour gage.

    Laisser pour les gages, pour gage, c'est-à-dire perdre. Échappé Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue, La Fontaine, Fabl. v, 5.

    Fig. Donner des gages à un parti, faire une démarche décisive, éclatante, pour être accepté dans un parti.

  • 2 Par extension, tout meuble ou immeuble qui assure le payement d'une dette. Il a affecté sa maison comme gage de sa dette. Les meubles du locataire sont le gage du propriétaire.
  • 3Dans les petits jeux ou jeux de société, objet qu'on dépose quand on s'est trompé, et qu'on ne peut retirer qu'après avoir subi une pénitence. Jouer au gage touché.
  • 4Ce que l'on consigne et met en main tierce, pour garantie d'une somme à payer, quand, dans une contestation entre deux ou plusieurs personnes, il est convenu que celle qui sera condamnée payera cette somme. Donner des gages. Rendre les gages.
  • 5Autrefois, gage de bataille, ou gage du combat, engagement de combattre manifesté par l'offre d'un gant pour gage, et contracté quand l'ennemi, en ramassant le gant, avait accepté le gage. Je jette devant toi le gage du combat ; L'oses-tu relever ? Voltaire, Tancr. III, 6. Le parlement décréta que le cas [duel de Legris et Carrouge] ne requérait pas gage de bataille, Voltaire, Mœurs, 100.
  • 6 Fig. Tout ce qui est assimilé à un gage comme garantie. D'une paix mal conçue on m'a faite le gage, Corneille, Rodog. III, 3. Ces lettres de ma foi vous seront de bons gages, Corneille, Sertor. V, 6. Vous en aviez déjà sa parole pour gage, Corneille, Hor. v, 2. Ces deux grâces me sont un gage de la présence de l'époux, Bossuet, Lett. Corn. 161. Ainsi la première victoire fut le gage de beaucoup d'autres, Bossuet, Louis de Bourbon. Elle reçut ce dernier gage de son amour, Fléchier, Dauph. Je réponds d'une paix jurée entre mes mains, Néron m'en a donné des gages trop certains, Racine, Brit. v, 3. De votre obéissance elle ne veut qu'un gage, Racine, Athal. III, 4. Vous avez de ses feux un gage solennel, Racine, Mithr. II, 1. Je vous le livre [Télémaque] comme le gage le plus précieux qu'on puisse vous donner de la fidélité des promesses d'Idoménée, Fénelon, Tél. X. Épée que Laërte lui avait donnée comme un gage de sa tendresse, Fénelon, ib. XVI. Prions ; le jour au jour ne donne point de gage, Et le dernier rayon, en sortant du nuage, Ne nous a pas juré de remonter demain, Lamartine, Harm. II, 6.
  • 7Gage de l'amour, enfant. …Et qu'il en [de cet hymen] eut pour gage une jeune princesse, Racine, Iphig. IV, 4. Ce fils que de sa flamme il me laissa pour gage, Racine, Andr. III, 8.
  • 8 S. m. pl. Ce qu'on paye aux domestiques par an pour leurs services, ainsi dit parce que c'est la somme payée par suite de l'engagement. On ne renvoie pas un domestique sans lui payer ses gages. S'il se casse quelque chose, je le rabattrai sur vos gages, Molière, l'Avare, III, 1. …S'il avait quelques deniers comptants, Ne me paierait-il pas mes gages de cinq ans ? Regnard, Joueur, III, 7. Je sers un maître sans bien ; ce qui suppose un valet sans gages, Lesage, Crisp. riv. de son maître, sc. 2.

    Être aux gages de quelqu'un, être payé pour faire l'office de domestique. Je ne suis pas à ses gages, Sévigné, 117. Il y en a bien d'autres que lui qui ont été aux gages des gens, et puis qui ont eu des gens à leurs gages, Marivaux, Pays. parv. 2e part.

    Cet homme ne vole pas ses gages, se dit d'un domestique qui fait bien son service ; et fig. de toute personne qui s'acquitte bien de ce qu'elle a à faire. Hom ! si vous le payez pour vous faire haïr, Il ne vous vole pas ses gages, Favart, Soliman II, I, 10.

    Dans un sens plus général, être aux gages de quelqu'un, être payé par lui pour certains offices. Il a, le croirait-on ? des comtes à ses gages, à qui, pour le servir selon ses intérêts, Il fournit équipage et carrosse et laquais, Hauteroche, Bourg. de qualité, v, 3. Vous supposiez qu'on ne pouvait être bon français sans être à vos gages, Fénelon, Dial. des morts mod. Richel. et Mazarin.

    On dit dans un sens analogue : tenir à ses gages. Les grands [de Rome], pour s'affermir achetant des suffrages, Tiennent pompeusement leurs maîtres [les gens qui votent] à leurs gages, Corneille, Cinna, II, 1. Un faquin orgueilleux qui vous tient à ses gages, Boileau, Sat. I.

    Familièrement. Casser aux gages, retirer à quelqu'un son emploi, ses appointements. Et que pour sa paresse il faut casser aux gages, Scarron, dans LE ROUX, Dict. comique.

    Il se dit aussi d'un supérieur qui retire sa confiance à un inférieur. Il a eu longtemps quelque crédit auprès du ministre ; mais il a été cassé aux gages. Enfin, pour l'inconnue, elle est cassée aux gages, Th. Corneille, Galant doubl. III, 1.

    À gages, qui reçoit des gages. Ce gouverneur n'est pas un homme à gages, Rousseau, Ém. I.

    En mauvaise part. À gages, qui est payé pour faire quelque service peu honorable. Des applaudisseurs à gages. La Cleveland [maîtresse de Charles II], dont il ne se souciait plus, ne laissait pas de le déshonorer par des inconstances réitérées, par des choix indignes, et le ruinait par des amants à gages, Hamilton, Gramm. 11.

    La Fontaine a dit à gage au singulier. Notre souffleur à gage Se gorge de vapeur, s'enfle comme un ballon, Fabl. VI, 3.

  • 9Gages se dit quelquefois du salaire d'un capitaine de navire, d'un matelot.
  • 10Gages se disait autrefois du payement que le roi ordonnait par an aux officiers de sa maison, aux officiers de justice et de finance.

SYNONYME

GAGES, APPOINTEMENTS, HONORAIRES. Appointements se dit pour tout ce qui est place, ou qu'on regarde comme tel. Honoraires a lieu pour les maîtres qui enseignent quelque science, et pour ceux à qui on a recours dans l'occasion à l'effet d'obtenir un conseil salutaire, ou quelque autre service que leur doctrine ou leur fonction met à portée de rendre. Gages est d'usage à l'égard des domestiques de particuliers et des gens qui se louent pendant quelque temps au service d'autres personnes, Encycl. VIII, 291. Traitement peut être ajouté à ces trois mots examinés par l'Encyclopédie ; il est synonyme d'appointements et diffère par conséquent de gages et d'honoraires. Il y a en outre une différence qui n'est pas notée, c'est que les appointements, le traitement, les gages sont quelque chose de fixe, tandis que les honoraires s'entendent mieux de ce qui est occasionnel : un prêtre assistant à un service, un médecin, un avocat ont des honoraires ; le prêtre qui dessert une église, le médecin qui est attaché à un hôpital ont un traitement.

HISTORIQUE

XIe s. Il durra [donnera] wage, e truverad plege, Lois de Guill. 6. Devant iceo que [avant que] [le bétail] seit mis en guage, ib. 25.

XIIe s. Donner son gage, Ronc. p. 13. La teste [il] i pert, n'i laissa autre gage, ib. p. 64. Pur ço [cela] s'ala à Turs cele nuit herbergier, E saveir se li reis le voldreit là baisier ; Mais il ne porta là ne maille ne denier ; Ses guages li covint rachater ou laissier ; Ne li reis nel baisa, n'il nes fist desguaigier, Th. le mart. 117.

XIIIe s. Par la beneoite mere Dieu, j'ai biaus enfans de mon seigneur, je les meterai en gage et bien trouverai qui me prestera sour aus [eux], Chron. de Rains, 158. Mais la qeue remest en gages, Dont moult li poise et moult li grieve, Ren. 1250. Cil qui apele par gages de bataille ne pot contremander, Beaumanoir, LXIX. La tierce maniere de proeve si est par gage de bataille, Beaumanoir, XXXIX, 4. Et cil qui presta sor le gage ne pot avoir son garant de celi qui li bailla en gages, Beaumanoir, XXV, 23. Je dis au roy que Mons. Pierre de Courcenay me devoit quatre cens livres de mes gajes, lesquiex il ne me vouloit paier, Joinville, 253. Mestiers fu à l'umain lignaige, Que plus fort de li mist en gaige Souffisant pour li acquiter Vers Dieu qui l'ot fait à s'ymaige, J. de Meung, Tr. 278.

XIVe s. Se un rent à l'autre son gage ou son depost, non pas de volenté, mais par paour, l'en ne doit pas dire que il face juste operacion fors tant solement par accident, Oresme, Eth. 158. Mais il sont pluseurs gens, en che [ce] siecle regnant, Qui ne croient en Dieu, le pere royaumant, Se che n'est sus bon gaige qu'avoir voelent devant, Baud. de Seb. v, 86.

XVe s. [Le capitaine apprend à sa garnison que le château est miné] Les compagnons ne furent mie bien assurés de ces paroles ; car nul ne meurt volontiers, puisqu'il peut finer sur autres gages [quand il peut sortir d'embarras autrement], Froissart, I, I, 326. Ainsi amour me mist en son servaige, Mais pour seurté retint mon cueur en gaige, Orléans, 1. [Maison] Où serviteurs ot en grant habondance Qui gaiges ont excessis sans raison, Deschamps, Admin. de l'ostel du prince. En ladicte bataille estoient mors huyt mil hommes du party dudit duc prenans gages de luy, et autres menues gens assez, Commines, V, 3. Je veiz le bonhomme vieil presenter le gage à son filz [le duc de Gueldres et son fils comparaissaient devant le duc de Bourgogne pour un différend qu'ils avaient entre eux], Commines, IV, 1. Voulezvous faire un gage [pari] à moi ? Oui, vraiment, dit-il ; quel sera-t-il ? Louis XI, Nouv. XXVII. Pensez que le pauvre gentilhomme rendoit bien gage [payait cher] du bon temps qu'il avoit eu en ce jour, Louis XI, ib. LXXII. Lesdits capitaines… casseront des gages d'un quartier ceulz qu'ilz trouveront avoir excedé et delinqué ; et s'ilz y renchéent une autre fois, ilz les casseront du tout et mectront d'autres en leurs lieux, Ordonn. 6 oct. 1486.

XVIe s. Il y a deux sortes de gages vif et mort. Vif gage est qui s'acquitte des issues [dont le revenu vient en déduction de la dette], mort-gage, qui de rien ne s'acquitte [dont le revenu est absorbé en pure perte pour le débiteur], Loysel, 483, 484. Telle estoit la coustume que celui qui appelloit jettoit un gant pour gage, et l'appellé le levoit, et s'appeloit gage de bataille, Brantôme, Sur les duels, p. 17, dans LACURNE. Alors du dit combat, l'armée venitienne estoit en bataille… lesquels Venitiens gardoient les gages [demeuraient simples spectateurs du combat] ; car, s'ils eussent voulu assaillir de leurs costés, les ennemis eussent esté contraints de separer leurs forces en divers lieux, Du Bellay, M. Mém. liv. II, f° 41, dans LACURNE. De gage qui mange, nul ne s'en arrange, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 131. Gager est s'obliger à payer les rentes et redevances dues pour l'année suivante ; si le vassal n'est pas resseant sur le fief, à raison duquel il les doit, il doit donner plege qui y demeure et qui s'oblige de les payer ; de ces deux mots, gage et plege, on a composé celuy de gage-plege, Laurière, Gloss. du droit fr. L'un l'avoit nourri et avoit pour gages de son amitié la nourriture de son enfance, La Boétie, Servitude volontaire.

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Étymologie de « gage »

Emprunt au francique *waddi, apparenté au néerlandais wedde « salaire, solde », à l’allemand Wette « pari, mise ; gageure ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, voig ; prov. gatge, gatghe, gaje ; espagn. gage ; ital. gaggio ; du bas-latin vadium, wadium, dans les lois barbares. Il y a deux étymologies aussi probables l'une que l'autre : la première latine, vas, vadis, répondant, garant ; bien que le g ou gu réponde ordinairement au w germanique, l'objection n'est pas absolue, car vagina, entre autres, a donné gaîne ; la seconde germanique : goth vadi ; anc. haut-allem. wetti ; frison, ved, gage, caution, promesse. Il est probable que les deux étymologies ont concouru pour former le mot roman.

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Phonétique du mot « gage »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gage gaʒ

Fréquence d'apparition du mot « gage » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « gage »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « gage »

  • Le sens de l'émerveillement est un gage de bonheur car la vie, pour peu qu'on sache lui forcer la main, ne refuse jamais à l'homme les occasions de s'émerveiller.
    Ginette Quirion — Quarante ans et toujours en 3ème année
  • L’Argentin ne put donner toute sa mesure gouvernementale, mais je gage qu’il eût fait un Suprême plus tranchant et drastique, moins ondoyant et louvoyant que l’autre. Plus éloigné des affaires, il n’avait pas à mettre de l’eau dans son vin ni à jouer aux Horaces et Curiaces avec l’adversaire impérial. L’art politique diviser l’adversaire et gagner du temps n’était pas son fort.
    Régis Debray — Loués soient nos seigneurs
  • C'est parfois l'échec qui est le meilleur gage de succès et souvent un retard s'avère plus utile qu'un progrès.
    Henry Miller — Peindre, c'est aimer à nouveau
  • Le meilleur gage de succès pour un orateur, c'est d'avoir un auditoire gagné d'avance.
    Tristan Bernard
  • Le plus sûr moyen d'accéder aux charges suprêmes est de donner des gages assidus de son insignifiance.
    Jacques Deval — Afin de vivre bel et bien
  • « Une Réélection n’est jamais gagné d’avance, donc je suis toujours prudent mais si j’étais le seul candidat puisqu’aucune liste d’opposition ne se présentait. Le score (91,8% des suffrages) me fait très plaisir, c’est un gage de confiance de la part des clubs et cela démontre que le précédent mandat a été apprécié. »
    Foot Amateur — Daniel Fonteniaud : « Un gage de confiance de la part des clubs ! »
  • Les ministres le nomment : traitement, les notaires : émoluments, les médecins : honoraires, les employés : appointements, les ouvriers : salaires, les domestiques : gages. L'argent ne fait pas le bonheur.
    Gustave Flaubert — Dictionnaire des idées reçues
  • Tueur à gages, c’est un métier comme un autre ; tous les jours, on pointe, la seule différence, c'est qu'après, on tire.
    Marc Escayrol — Mots et grumots
  • L’échec est un éternel gage de réussite.
    Benoît Gagnon
  • Pour le généraliste, certain que "le but de cette mesure n'a jamais été d'opposer l'économie et la santé", il en va de la qualité du séjour passé par les touristes pendant les fêtes de fin d'année (la mesure est valable jusqu'au 8 janvier) : "Si je suis amené à prendre l'avion ou le bateau, c'est toujours plus rassurant de savoir que tous ceux qui qui s'y trouvent ont été testés au préalable et qu'ils sont tous négatifs. C'est quand même un gage de passer des vacances sereines."
    Europe 1 — Covid : un test négatif obligatoire avant d'aller en Corse, "le gage de vacances sereines"
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Traductions du mot « gage »

Langue Traduction
Anglais pledge
Espagnol promesa
Italien impegno
Allemand versprechen
Chinois 保证
Arabe التعهد
Portugais juramento
Russe залог
Japonais 誓約
Basque bahia
Corse impegnu
Source : Google Translate API

Synonymes de « gage »

Source : synonymes de gage sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot gage au Scrabble ?

Nombre de points du mot gage au scrabble : 6 points

Gage

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