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Verve

Variantes Singulier Pluriel
Féminin verve verves

Définitions de « verve »

Trésor de la Langue Française informatisé

VERVE, subst. fém.

A. − Vx. ,,Caprice, bizarrerie, fantaisie`` (Littré). Quand sa verve le prend, lui prend, quand il est dans sa verve (Ac. 1798-1878).
B. −
1. Littéraire
a) Inspiration vive et chaleureuse, imagination créatrice. Synon. veine.Verve inépuisable, poétique. Cette peinture manque surtout de cette verve intérieure qui anime tout, et de cette brièveté pittoresque qui double l'éclat des images en les resserrant (Chênedollé, Journal, 1822, p. 114).Préault pensait, comme Delacroix, que la fougue de l'improvisation, la verve de l'exécution peuvent seules traduire des sentiments sincères (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p. 373).
Vieilli. De verve
Loc. adv. D'un premier jet, dans l'improvisation Écrire, peindre de verve. Dans le Fanal de Rouen, il y avait un grand article sur les comices. Homais l'avait composé, de verve, dès le lendemain (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 175).
Loc. adj. Peintre de verve. ,,Peintre qui se laisse aller à une inspiration rapide`` (Hugues, Expr. atelier, s.d.).
b) P. ext.. Excitation poussant à faire quelque chose avec fougue, vivacité. Verve méridionale, endiablée. La rue (...) m'a semblé habitée par le petit peuple; les propos annoncent un caractère sombre, passionné et satirique (...). On trouve ici toute la verve du caractère italien (Stendhal, Prom. ds Rome, t. 2, 1829, p. 325).Il y a à cet endroit en lui comme une verve de colère (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 79).
Avec verve. Le faune (...) Cornu, boiteux, difforme, alla droit à Vénus (...) Alors on se pâma; Mars embrassa Minerve, Mercure prit la taille à Bellonne avec verve (Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 587).
Mettre en verve de. Cette effronterie de lumière [le phare] au bord du gouffre ressemblait à un défi et mettait en verve d'audace les naufragés (Hugo, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 107).
2. Mod. Qualité brillante d'une personne qui s'exprime oralement ou par écrit. Synon. brio.Verve étourdissante; verve d'un acteur, d'un causeur, d'un chansonnier; étinceler, pétiller, redoubler de verve; exciter, exercer, perdre sa verve. M. Blanqui, répondant avec son intarissable verve à un célèbre journaliste, amusa fort ses lecteurs en leur montrant la douane percevant 5 centimes pour une sangsue, 15 centimes pour une vipère (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 57).On a parfois comparé ces comédies à des parades et la verve de Sacha Guitry à celle des bateleurs d'autrefois (Arts et litt., 1936, p. 30-6).
(Être) en verve. Manifester avec éclat son esprit; être particulièrement inspiré, brillant. Fumeur, amuseur de gens, dîneur et soupeur (...) il étonnait autant à table que dans une partie de plaisir, en verve à minuit dans la rue, comme le matin si vous le preniez au saut du lit (Balzac, Employés, 1837, p. 103).
Mettre en verve. Mettre dans des conditions telles que puisse se manifester la vivacité d'esprit. Mis en verve par le vin, je leur expliquai qu'à vingt ans j'avais entrepris d'écrire (...) le Nouveau Discours de la Méthode (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 320).Le ministre, le regard aux anges, battait la mesure (...). Le vieux tsigane continuait. Les épaules nues le mettaient en verve (Cocteau, Appogiatures, 1953, p. 40).
Prononc. et Orth.: [vε ʀv]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1176 « mot, proverbe » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4524); 2. 1225-30 « bavardage, discours » conter sa verve (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 2394); 3. 1266 « idée, chose à dire » ne veoir nule autre verve (Rutebeuf, Complainte d'outremer, 50 ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 445); 4. 1450-65 « folie, délire, caprice » (Maistre Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 797: Estes vous desvoyé? Recommancez vous votre verve?); av. 1549 (M. de Navarre, Comédie à dix personnages, 501 ds Théâtre profane, éd. V.-L. Saulnier, p. 115; v. aussi au gloss.); 5. a) 1608 « chaleur de l'imagination; inspiration créatrice dans le domaine de la composition » (M. Régnier, Satires, 1, 96, éd. G. Raibaud, p. 12: Laisser aller la plume où la verve l'emporte); b) 1791 la verve du patriotisme (Mirabeau, Coll., t. 4, p. 97 ds Littré); 6. 1846 « qualité brillante, brio de la parole » intarissable verve (Proudhon, loc. cit.). Prob. issu d'un lat. tardif verva, autre forme de verba, plur. pris comme fém. sing. de verbum « mot, parole »; dans la lang. chrét. « parole de Dieu, prédication » et p. ext. « inspiration » (Ps., LXVII, 12: Dominus dabit verbum evangelizantibus), Blaise Lat. chrét. et FEW t. 14, p. 278b et p. 279a, note 5. Fréq. abs. littér.: 670. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 235, b) 1 555; xxes.: a) 607, b) 595. Bbg. Foerster (W.). Rom. Etymologien. Z. rom. Philol. 1880, t. 4, pp. 381-382. − Settegast (F.). Rom. Etymologien. Rom. Forsch. 1883, t. 1, pp. 251-255. − Wandruszka (M.). Rom. Forsch. 1955, t. 67, pp. 9-35.

Wiktionnaire

Nom commun - français

verve \vɛʁv\ féminin

  1. (Vieilli) Caprice ; bizarrerie ; fantaisie.
  2. Chaleur d’imagination qui anime l’orateur, le poète, l’artiste dans la composition de leurs ouvrages.
    • Platon, le divin Platon, n'était en verve que lorsqu'il était en pointe de vin. Ennius ne travaillait jamais à son poème héroïque, que Bacchus ne l'eût réconforté, et Alcée n'écrivait ses tragédies que lorsqu'il était ivre. — (C. de Méry, Histoire générale des proverbes, adages, sentences, apophtegmes, vol. 3, Paris : chez Delongchamps, 1829, page 165)
    • Il n’y a aucune comparaison entre la langueur de la poésie religieuse et l’exaltation de la poésie chevaleresque, la verve de la poésie satirique. — (Jean-Jacques Ampère, La Littérature française au moyen-âge, Revue des Deux Mondes, tome 19, 1839)
    • Vers la fin du siècle dernier, le vélocifère, prédécesseur de la diligence et des messageries, débarquait à Paris un provençal, plein de verve et d'entrain, né dans la ville d'Aix, et bossu, comme Ésope, par devant et par derrière. — (« Désorgues (Théodore) », dans le Dictionnaire de la conversation et de la lecture, 2e éd., tome 7, Paris : chez Firmin Didot frères, fils et Cie, 1860, p. 465)
    • Or, tandis qu’il bonissait avec cette verve joviale, son œil rusé m’observait […]. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
  3. Brio d'une personne qui s'exprime à l'oral ou à l'écrit, vivacité d'esprit.
    • Assurément sa verve est assez plaisamment colorée; mais ce qu'il grossit de chacun, c'est toujours le défaut le plus vulgaire. — (André Gide, Journal 1889-1939, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 1951, page 285-286)
    • Dans le décor des miséricordes, autrefois simple, les huchiers donnent libre cours à leur fantaisie, les groupes sculptés n'ont pas toujours un caractère religieux, la tendance de l'époque au réalisme stimule l'humour et la verve satirique des artistes. — (Histoire de l'art: L'Europe médiévale, sous la direction de Jean Babelon, Paris : NRF/Gallimard (Encyclopédie de la Pléiade), 1961, p. 889)
    • Il truffait ses sermons de paraboles modernes, d'images progressistes, magnifiés par sa verve naturelle et mordante et appuyés par un langage coloré qui choquèrent plus d'une grenouille de bénitier et d'une punaise de sacristie, mais que voulez-vous, il faut s'adapter ou périr, et le père Benoît La Poudrière n'avait aucune intention de baisser les bras face aux temps modernes. — (Thibault Gardereau, Le livre d'un croque-mort: roman, Montréal (Québec) : VLB éditeur, 2003, p. 168)
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Littré (1872-1877)

VERVE (vèr-v') s. f.
  • 1Caprice, bizarrerie, fantaisie (peu usité en ce sens, qui est le sens ancien). Laisser aller la plume où la verve l'emporte, Régnier, Sat. I. Je ne sais par quelle verve il [le sieur Douet] a depuis peu quitté la France guerrière et autres bonnes et louables occupations, pour ne plus s'amuser qu'à des anagrammes, Naudé, Jugement de tout ce qui a été imprimé contre le card. Mazarin, p. 280, 2e éd.
  • 2Chaleur d'imagination qui anime le poëte, l'orateur, l'artiste, dans la composition. C'est alors que la verve insolemment m'outrage, Régnier, Sat. X. Maudit soit le premier dont la verve insensée Dans les bornes d'un vers renferma sa pensée ! Boileau, Sat. II. Et sitôt qu'une fois la verve me domine, Tout ce qui s'offre à moi passe par l'étamine, Boileau, ib. VII. Il a fallu que j'achevasse mal ce soir ce que j'aurais exécuté de verve ce matin, sans la cohue des importuns, Diderot, Salon de 1767, (Œuv. t. XV, p. 83, dans POUGENS. Vous [un peintre] avez mis dans cette seule toile la verve de Delacroix, l'inspiration poétique de Scheffer et la couleur de Decamps, Ch. de Bernard, la Chasse aux amants, v.

    Il se dit quelquefois d'excitation due à d'autres impulsions que la chaleur de la composition. Si presque partout les choix populaires nous ont donné de bons administrateurs, ne l'attribuons qu'à la première et bouillante verve du patriotisme, Mirabeau, Collection, t. IV, p. 97.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et dient ce que pis lor semble, Quant il resunt entr'eus ensemble, Comment que chascuns d'eusvous serve, Car bien cognois toute lor verve, la Rose, 9284. Mes [mais] faus amans content leur verve Si cum il veulent, sans paor, Qu'il sont trop fort losengeor, ib. 2418.

XVe s. De quoy ? estes vous desvoyé ? Recommencez vous vostre verve ? Patel.

XVIe s. J'eusse prins cette forme [épistolaire] de publier mes verves, si j'eusse eu à qui parler, Montaigne, I, 291. Il lui a pris une verve, Cotgrave

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « verve »

D’après le TLFi, probablement du latin chrétien verva (« parole de Dieu » puis « inspiration »), forme dérivée de verba, pluriel de verbum (« parole »). Le Littré prend dans verva sa définition de « tête de bélier », dérivé de vervex « mouton, chèvre », chèvre donnant à son tour le mot caprice, d’où le sens 1.
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Lat. verva, tête de bélier sculpté, de vervex, bélier (Voy. BREBIS) ; mot pris pour caprice, fantaisie, qui est le sens ancien, comme caprice lui-même est pris de capra, chèvre.

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Phonétique du mot « verve »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
verve vɛrv

Fréquence d'apparition du mot « verve » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « verve »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « verve »

  • Non seulement personne ne lui a crevé les roues de sa chaise roulante, mais en plus, tout le monde la pousse. C'est le premier paradoxe quand on rencontre Jean-François Blay. Comment un type aussi caustique peut-il susciter un tel respect ? Cela fait 40 ans que cet avocat traîne sa robe et sa verve dans les palais de justice. Mais sa maison, c'est le tribunal de Créteil.
    leparisien.fr — Val-de-Marne : 40 ans de barreau pour l’avocat aux 1 000 procédures cassées - Le Parisien
  • Comme la verve du politicien, celle-là parfois mensongère, celle du poète à l'aube printanier inspire de pieux mensonges.
    Roland Delisle
  • La roue tourne. « On m’a mis à la retraite », lance-t-il en plaisantant et sans amertume ni rancune, mais avec sa verve coutumière au lendemain de cette élection. Il insiste : « Maintenant, je vais me consacrer à cent pour cent à ma commune. »
    Aisne. Essises : Christian Tréhel nest plus vice-président de l'interco | Le Pays Briard
  • Il est allé droit au chef, au généralissime, à Voltaire en personne, et l’a insulté de toutes les sortes, lui donnant tous les noms, avec une verve, un mordant, une insolence égale à son objet, et tout à fait heureuse. On s’est fâché rouge, mais il était seul; on a regardé, on l’a laissé faire et dire, et s’en retourner, on a même discuté tout haut sa démarche et son audace de bel air.
    Charles-Augustin Sainte-Beuve — Port-Royal
  • Oklahoma City (5e à l'Ouest) était une des belles surprises de la saison avant que le coronavirus ne l'interrompe début mars. Presque cinq mois après, elle confirme qu'elle n'a rien perdu de sa verve, comme en a fait les frais le Jazz (110-84).
    LaProvence.com — Sports | NBA: Les Raptors envoient un message aux Lakers | La Provence
  • L’infusion préférée des politiciens : une verve-haine.
    Paul Carvel — Mots de tête
  • Écartons aussi les opportunistes, les grouillots des barons. Ils sont légion et leur verve est incommensurable.
    Boualem Sansal — Poste restante : Alger
  • Quant à A. Dumas, tout le monde sait sa verve prodigieuse, son entrain facile, son bonheur de mise en scène, son dialogue spirituel et toujours en mouvement, ce récit léger qui court sans cesse, et qui sait enlever l’obstacle et l’espace sans jamais faillir. Il couvre d’immenses toiles sans fatiguer jamais ni son pinceau ni son lecteur. Il est amusant. Il embrasse, mais il n’étreint pas comme Balzac. Des trois derniers, Balzac est celui qui étreint et qui creuse le plus.
    Sainte-Beuve — Causeries du Lundi

Traductions du mot « verve »

Langue Traduction
Anglais verve
Espagnol brío
Italien verve
Allemand verve
Chinois 气魄
Arabe حيوية
Portugais verve
Russe живость и яркость
Japonais 勢い
Basque verve
Corse verve
Source : Google Translate API

Synonymes de « verve »

Source : synonymes de verve sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot verve au Scrabble ?

Nombre de points du mot verve au scrabble : 11 points

Verve

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