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Vanne

Variantes Singulier Pluriel
Féminin vanne vannes

Définitions de « vanne »

Trésor de la Langue Française informatisé

VANNE1, subst. fém.

A. − TECHNOL. Dispositif permettant de régler le débit d'un fluide dans un ouvrage à écoulement libre, dans une conduite ou une canalisation.
1.
a) TRAV. PUBL. (constr. hydraulique). Porte, cloison mobile que l'on actionne verticalement pour laisser passer ou retenir les eaux d'un barrage, d'un canal, d'une rivière. À cent pas de nous, bruit vaguement, doucement, comme une cascade qui s'endort, la vanne du moulin (Goncourt, Journal, 1864, p. 53).Des vannes qu'un jeu de flotteurs abaisse ou élève en même temps que le niveau du bassin lui-même monte ou descend (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 184).
SYNT. Vanne levante, plongeante; vanne de chasse, de compensation, de/à déversement, de garde, d'irrigation, de prise d'eau, de remplissage; vanne d'amont, d'aval; vannes d'une écluse; ouvrir, fermer, lever, soulever les vannes.
P. métaph. Une cataracte d'horreur crevant les vannes de la nuit (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 89).Elle (...) ferma toutes les vannes, refoula en elle cette puissance forcenée (Mauriac, Galigaï, 1952, p. 111).
Vanne(-)secteur. ,,Vanne constituée par un secteur cylindrique pouvant pivoter autour de son axe`` (Peyroux Techn. Métiers 1985).
Vanne de décharge. Vanne servant à l'écoulement des excès d'eau. (Ds Forest. 1946, Colas-Cab. 1968).
b) P. anal. Le distributeur [de semences] se complète par une vanne à tirette qui permet d'arrêter son fonctionnement lorsqu'on ne veut pas semer avec tous les rangs du semoir (Passelègue, Mach. agric., 1930, p. 124).
2. PLOMB. Dispositif placé sur une conduite pour régler l'ouverture et le débit d'un fluide (eau, gaz). Vanne électrique, hydraulique, mélangeuse, volumétrique; vanne d'arrêt, de sécurité; vanne à papillon. Pour sortir la matière de la cuve, on commence par isoler celle-ci en fermant les deux vannes d'entrée et de sortie (Quéret, Industr. gaz, 1923, p. 151).Cette tuyauterie est également munie d'une vanne et d'un clapet de retenue (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 67).
En compos. Robinet-vanne. On fait arriver le vin en surcharge par le tuyau d'arrivée qui est muni d'un robinet-vanne (Brunet, Matér. vinic., 1925, p. 457).
3. En appos. ou en compos. Eaux(-)vannes. Eaux usées chargées de matières fécales en dissolution ou de résidus d'origine industrielle. Les eaux vannes et les eaux ménagères doivent impérativement être traitées avant évacuation (Rustica, 25 nov.-1erdéc. 1981, p. 16).
B. − P. anal. ou au fig. Ouvrir les vannes
1. Laisser passer en abondance (des personnes, des choses). Et soudain les vannes étaient ouvertes: les jeunes arrivaient (Y. Courrière, La Guerre d'Algérie, Le Temps des Léopards, 1969, p. 360).
2. Donner libre cours à. La grève des dockers britanniques a mis au pied du mur M. Edward Heath, le nouveau Premier ministre conservateur. Céder, c'est ouvrir les vannes à la folle inflation des salaires. Résister, c'est condamner à l'asphyxie une industrie malade (L'Express, 27 juill. 1970, p. 9, col. 1).
En partic., fam. Parler d'abondance. Les longues solitudes, les propos rentrés font que l'on perd un rien le contrôle, dès qu'on commence à ouvrir les vannes (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 104).On pouvait plus l'arrêter la semi-veuve (...) ça lui faisait du bien à la bonne femme d'ouvrir les vannes, on osait pas l'interrompre... (B. Blier, Les Valseuses, Paris, J'ai lu, 1989 [1972], p. 196).
Prononc. et Orth.: [van]. Homon. et homogr. vanne2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1260 venne « dispositif permettant de faire une retenue sur un cours d'eau » (Trésor des Chartes de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. 1, p. 329); 1274 vanne (Franchis. de Dôle ds Gdf. Compl.); 1326 cens des vannes « redevance sur le droit de faire des retenues sur un cours d'eau » (Trésor des Chartes de Rethel, p. 721); 1872 eaux-vannes (Littré), cf. 1803 vanne « partie liquide des matières fécales » (Boiste); b) 1888 ouvrir les vannes de « laisser libre cours à » (Maupass., Sur l'eau, p. 331); 2. 1890 « pièce qui ferme le passage d'un fluide dans un robinet » (Ser, Phys. industr., p. 1); 1905 p. méton. « appareil qui permet d'ouvrir, de fermer ou de régler le passage d'un fluide dans une conduite » (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, p. 449). Du lat. médiév. de l'aire gallo-rom. venna att. du vieau xies. au sens de « retenue d'eau pour la pêche » (Nierm.) et à l'orig. duquel J. Jud (ds Romania t. 17, p. 286) suppose une forme gaul. d'où serait également issu le fr.-prov. venna « haie ». Cf. aussi en a. fr. venne « engin de pêche » (1437, Document comté de Hainaut ds Neuphilol. Mitt. 1949, 50, p. 138, s.v. glacener).
DÉR. 1.
Vannage, subst. masc.a) Trav. publ. Système, ensemble de vannes; endroit où sont implantées des vannes. Il est également interdit (...) d'accoler aux écluses, barrages, chutes naturelles, pertuis, vannages (...), des nasses, paniers et filets à demeure (Code pêche fluv., 1875, p. 58).b) Constr. Forte planche clouée sur des pieux employée quelquefois dans la construction à la place des palplanches. Le radier est constitué par un massif en béton de 10 mètres de largeur coulé entre deux vannages de pieux et palplanches reliés par des tirants métalliques (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 342). [vana:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1878. 1resattest. a) 1375 venaige « ensemble des vannes ou éléments des retenues d'eau (d'un moulin) » (Cout. et ventes d'Arcis-s.-Aube, B. N. 4666, fo2 vods Gdf. Compl.), 1476 vannaige (Minutes de notaires de l'Yonne, éd. E. Drot ds B. des sc. hist. et nat. de l'Yonne, 1ersem. 1899 ds IGLF), 1567 vanage (Haton, Mém. ds Gdf. Compl.), b) 1846 (Besch. Suppl., p. VII: Vannage s. m. Constr. hydraul. Forte planche clouée en travers des pieux qu'on emploie en certains cas dans les fondations au lieu de palplanches); de vanne1*, suff. -age*.
2.
Vannelle, subst. fém.a) Trav. publ. Petite vanne destinée à remplir ou vider le sas d'une écluse, d'un canal, ou à régler le niveau de bassins communicants. (Dict. xixeet xxes.). Synon. ventelle (dér. s.v. vent).b) Plomb. Petite valve placée sur une conduite pour en régler le débit (Dict. xixeet xxes.). [vanεl]. 1reattest. 1904 trav. publ. et plomb. (Nouv. Lar. ill.); de vanne1, suff. -elle*.
3.
Vannet, subst. masc.,pêche. Filet que l'on tend sur les grèves et qui est recouvert par la haute mer au moment du flux. (Dict. xixeet xxes.). [vanε]. 1resattest. 1423 venet (Lettre de rémission in Reg. 172 Chartoph. reg. ch. 254 ds Du Cange, s.v. venetum), 1732 vannet (Nouvelle Maison rustique d'apr. FEW t. 14, p. 247a), 1743 (ibid., t. 2, p. 586); de vanne1suff. -et*.
4.
Vannette, subst. fém.[Corresp. à supra A 1 et 2] Petite vanne. Une cloison peut se déplacer verticalement sous l'action d'une petite vanne ou vannette (Quéret, op. cit., p. 115). [vanεt]. 1reattest. 1846 (Besch.); de vanne1, suff. -ette (v. -et*).
BBG. EWFS2, p. 883.

VANNE2, subst. masc. ou fém.

Pop., fam.
A. −
1. Propos désobligeant, voire insultant. Synon. pique3, vacherie.Lancer, envoyer des vannes à qqn. Encore une vanne comme celui-là, mec, et je te claque le beignet! (Pt Simonin ill., 1957, p. 289).Ils s'envoient des piques. Ils se balancent des vannes. Ils se traitent de tous les noms (Le Monde, 12 déc. 1985, p. 24).V. parlote ex.
2. Sens affaibli
a) Propos fantaisiste, mensonge. Synon. bobard, boniment.Dire des vannes. Qué que c'est ces vannes que tu m'balances, t'es touché, mon pauvre gonce [gars] ! (Dussort, Preuves exist., 1927, dép. par Esnault, 1938, p. 20).
b) Repartie spirituelle et souvent moqueuse. Synon. blague2, plaisanterie.Au déjeuner, le gros, pour les vannes marrants, il a mis en veilleuse. Le cœur y était pas (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 164).
3. Mauvais tour, farce. Faire une vanne à qqn. Nous cherchâmes (...) quelle vanne nous pourrions lui faire [au comédien] (...) et nous allâmes corrompre l'accessoiriste (Trignol, Pantruche, 1946, p. 116).
B. − P. antiphr. Occasion favorable, événement heureux, chance. C'était une vanne que la maison Poulaga n'ait pas donné signe de vie. Avec tous ces morts qui s'entassaient! (Le Breton, Rififi, 1953, p. 209).
Rem. L'empl. du mot au masc. tend à vieillir.
Prononc. et Orth.: [van]. Homon. et homogr. vanne1. Étymol. et Hist. 1884 subst. masc. (Moreau, Souv. Pte et Gde Roquette, t. 1, p. 233: Vanne. − Mensonge. Récit fantaisiste); 1893 subst. fém. ici, au sens de « remontrance, semonce violente » (Martellière, Gloss. Vendômois, p. 321); 1901 (Rossignol, Dict. arg., p. 109: Vanne. Faire gagner quelqu'un à un jeu arnaqué est lui faire un vanne [cf. p. 6: ... arnaqués parce qu'il y a des trucs qui empêchent de gagner]); 1936 subst. fém. (Céline, Mort à crédit, p. 270: Toutes les vannes qu'on peut vous filer avec des paroles). Déverbal de vanner3* ou directement issu de vanner1* à partir du sens de « tourmenter, harasser » et « berner, se moquer de » (v. étymol. et hist. 3 et 4).
STAT. Vanne1 et 2. Fréq. abs. littér.: 59.

Wiktionnaire

Nom commun 3 - français

vanne \van\ masculin

  1. Variante de van pour faire correspondre prononciation et graphie.
    • Tu sais maman, sur le carrefour ce matin, en plein milieu du croisement, j’ai vu quelque chose de très bizarre : il y avait dans un vanne, plein de morceaux de cocos, de feuilles, de cheveux, des pièces de monnaie le tout jauni de safran. — (Monique Boyer, Métisse: récit réunionnais, 1992)

Nom commun 2 - français

vanne \van\ féminin (anciennement masculin)

  1. (Désuet au masculin) (Populaire) Méchanceté, pique, sarcasme, moquerie.
    • En fait d’blague, il s’agit d'un vanne ou plutôt d’une façon d'affranchir ceux qu’est pas au courant. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • En supposant même qu’il rencontre pas Riton, ou bien qu’il mesure à temps la connerie de son attitude, rien que pour avoir lâché ce vanne, il lui restait vingt-quatre heures à vivre, au mieux. — (Albert Simonin, Touchez pas au grisbi !, Gallimard, 1953, page 15)
    • — Tu parles d’un sale boulot, dit d’un ton d’excuse celui qui avait déjà parlé.
      — Ah dis donc ! Passe la main ! cria joyeusement le petit noiraud, qu’est-ce que c’est que cette vanne ? C’est toi qui l’as choisi, le sale boulot ! On t’a pas forcé. T’étais volontaire, non ?
      — (Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, 1949, réédition Le Livre de Poche, page 190)
    • A la récréation, les gosses lui lançaient des vannes, « grosse vache », « grosse dinde ». Elle en souffrait énormément. — (Barbara Samson, On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans, chapitre 32, Fixot, 1994)
    • Il faut faire la gueule, balancer des vannes. S’aimer, ça ne se fait pas. — (Daniel Darc, Tout est permis mais tout n’est pas utile, Fayard, 2013)
  2. (Familier) Plaisanterie.
    • Imagine que tu t’endors bercé par une histoire de La Fontaine, et qu’à ton réveil tout le monde cause comme Cyril Hanouna !
      — Qui ça ?
      — Ce gus qui riait comme une hyène épileptique à la moindre vanne débile, dans ces émissions de télé-poubelle que surkiffaient tant de nos petits camarades.
      — Oh, putain ! Y’a plus que toi pour te souvenir de ce vieil ectoplasme du PAF !
      — (Bruno Pochesci, Cadenas d’amour, dans le recueil Réalités, volume 1, Éditions Realities inc., 2017)

Nom commun 1 - français

vanne \van\ féminin

  1. (Plomberie) Panneau de fermeture fixe et étanche servant à régler le débit d’un fluide liquide, gazeux ou pulvérulent dans une canalisation.
  2. (Hydraulique) Sorte de barrière étanche et mobile qui se hausse ou se baisse pour laisser passer l’eau ou la retenir dans un canal.
    • Il faut lever la vanne pour faire tourner le moulin.
    • Abaisser la vanne. Réparer les vannes.
    • Vannes de décharge. Vannes de chasse.
  3. (Vieilli) Partie liquide des matières fécales.
  4. (Figuré) Ce qui retient.
    • Comme d’habitude, après avoir ouvert les vannes des finances pour un président républicain, les républicains trouveront subitement toutes sortes d’excuses pour refuser de l’argent à un président démocrate. — (Loïc Tassé, Le sabotage de Trump, Le Journal de Montréal, 7 novembre 2020)
  5. (Fauconnerie) Grande plume de l’aile.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

VANNE (va-n') s. f.
  • 1Plateau mobile qui se lève et s'abaisse dans une écluse, dans un moulin, pour ouvrir ou fermer le passage à l'eau. Lever la vanne. Abaisser la vanne.

    Vanne plongeante, celle qui, placée à la partie supérieure du réservoir, ouvre le pertuis en s'abaissant.

    Vanne de travail, celle qui amène l'eau sur un moteur hydraulique.

    Vanne de décharge, celle qui sert à faire écouler l'eau en excès.

  • 2Eaux-vannes, eaux chargées de matières en dissolution et en suspension qu'on fait écouler hors des fosses d'aisance, des bassins à vidange, des sucreries, féculeries et d'autres établissements industriels

HISTORIQUE

XVe s. Vennes, gords, pieux, moulins, pescheries, Du Cange, venna.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « vanne »

(Nom commun 1) Du gaulois venna → voir venne en ancien français.
(Nom commun 2) Déverbal sans suffixe de vanner (« railler »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Il y a dans la basse-latinité un mot des temps mérovingiens venna, vinna, qui signifie un lieu pratiqué dans une rivière pour arrêter et prendre le poisson, et qui se trouve souvent joint à moulin. Ce paraît être incontestablement l'origine de notre vanne ; il est très probablement d'origine germanique, sans qu'on puisse indiquer laquelle. Scheler au contraire voit dans vanne le féminin de van, la vanne ayant été ainsi dénommée par assimilation de forme.

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Phonétique du mot « vanne »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vanne van

Fréquence d'apparition du mot « vanne » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « vanne »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vanne »

  • La rupture de la vanne elle-même Ici, la rupture de la vanne s’est produite avant le boisseau, laissant un manchon, reste de vanne, vissé sur le passe-coque.
    ActuNautique.com — Voie d'eau ! (3/7) - Rupture d'un passe-coque ou d'une vanne - ActuNautique.com

Traductions du mot « vanne »

Langue Traduction
Anglais valve
Espagnol válvula
Italien valvola
Allemand ventil
Chinois
Arabe صمام
Portugais válvula
Russe клапан
Japonais バルブ
Basque balbula
Corse valvula
Source : Google Translate API

Synonymes de « vanne »

Source : synonymes de vanne sur lebonsynonyme.fr

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Vanne

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