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Fatigué

Définitions de « fatigué »

Trésor de la Langue Française informatisé

FATIGUÉ, ÉE, part. passé et adj.

I.− Part. passé de fatiguer*.
II.− Emploi adj.
A.− Dans le domaine physiol.
1. [En parlant de l'homme]
a) [En parlant d'une pers.] Dont les forces ont diminué, généralement à la suite d'une activité excessive ou trop prolongée. Il rentra si fatigué qu'il dut se coucher sans souper (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Père Amable, 1886, p. 226).Cet homme m'a paru si fatigué que je l'ai fait asseoir dans le hall (Blanche, Modèles,1928, p. 81).
P. anal. :
1. ... le soleil affaibli, fatigué, anémique, aggravait en la poétisant la sensation de solitude et de fin définitive flottant sur ce lieu, qui sent la mort des hommes. Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Tombales, 1881, p. 1208.
[Avec un compl. prép. désignant la cause ou la localisation]
[+ de] Je suis arrivé ici (...) très fatigué des diligences et carrioles qui m'y ont amené (Flaub., Corresp.,1853, p. 286).
[+ par] Paul était là, très fatigué par un gros rhume (Gide, Journal,1929, p. 945).
[+ à] J'étais horriblement fatigué aux mollets (Flaub., Corresp.,1841, p. 86).
Emploi subst. [Désigne une pers.] Il y a aussi les impuissants, ou plutôt les fatigués, qui fuient le lit conjugal (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Porte, 1887, p. 1074).
b) [En parlant d'un attribut de la pers.] Qui manifeste, dénote la fatigue. Le visage de sa maîtresse apparut, mais si changé, si fatigué, si maigre, qu'il ne le reconnaissait pas (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Lit, 1882, p. 261).
2. [En parlant d'un animal] Qui a fourni un trop grand effort au point d'être incapable de le prolonger. Nous tuâmes, le même jour, un courlieu très-maigre, et qui paraissait très-fatigué (Voy. La Pérouse,1797, p. 174).Les [oiseaux] plus fatigués commencèrent à mourir (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 119).
B.− P. anal. et au fig. [En parlant de l'homme] Qui est découragé, qui n'a plus envie de poursuivre ce qu'il a entrepris.
Emploi subst. [Avec un compl. de cause] Les fatigués de la vie (Rolland, Beethoven,t. 2, 1937, p. 333).
a) Dans le domaine phys.
[En parlant d'un objet, d'un vêtement, etc., qui n'est plus comme il devrait être] Qui est usagé, usé. Elle avait des bottines jaunes très fatiguées (Mille, Barnavaux,1908, p. 253).Ils ont des vêtements corrects mais fatigués (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 209):
2. Il en tira une photographie, une de ces cartes grandes comme une lettre, qu'on faisait souvent autrefois, jaunie, fatiguée, traînée longtemps partout, chauffée contre la chair de cet homme et ternie par sa chaleur. Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Champoliv., 1890, p.83.
b) Dans le domaine abstr.Qui a perdu de sa nouveauté, de son importance, de son dynamisme. Un métier fatigué, machinal et monotone, remplace peu à peu l'expansion naturelle et rayonnante de l'amour (Faure, Espr. formes,1927, p. 131).Puis venaient des histoires grasses et fatiguées (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 61).
Emploi subst. à valeur de neutre. Le roman me donne une impression de fatigué (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1905, p. 76).
Fréq. abs. littér. : 3 906. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 327, b) 5 588; xxes. : a) 5 442, b) 5 798.

Wiktionnaire

Adverbe - français

fatigué \fa.ti.ɡe\

  1. (Afrique) Assez, trop.
    • J’ai attendu fatigué !

Adjectif - français

fatigué \fa.ti.ɡe\ masculin

  1. Qui a besoin de repos.
    • Bientôt tes appels ne seront plus que rauquements de plus en plus sourds, beuglements de désespoir si fatigués qu'ils ne dépasseront plus ta gorge, étranglée de terreur […]. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Il est déconseillé de conduire fatigué après une nuit blanche.
    • Les ouvriers du chantier sont fatigués d’avoir porté divers fardeaux pendant plusieurs heures sous un soleil de plomb.
  2. (Familier) (Par analogie) Usé, usagé.
    • La pile est fatiguée.
    • Le moteur fatigué de la vieille voiture ne tarda pas à rendre l’âme.
  3. (Par analogie) En mauvais état, en raison d’une longue existence ou d’un manque d’entretien.
    • À gauche, dans une sorte d’alcôve, un gros divan de cuir noir fatigué serait flanqué de deux bibliothèques en merisier pâle où des livres s’entasseraient pêle-mêle. — (Georges Perec, Les Choses, Julliard, 1965, page 9)
    • Elle presse sa main sur sa bouche pour étouffer un rire aigu, et part dans un nuage de parfum de supermarché qui masque furtivement l’odeur formolée du couloir où traînent les pantoufles fatiguées des pensionnaires encore valides. — (Virginie Lauby, Le mouroir aux alouettes, 2017)
    • Un hôpital fatigué. — (Anaïs Barbeau-Lavalette, La femme qui fuit, éditions Marchand de feuilles, Montréal, 2015, page 328)
    • Je la suis jusqu'à une Golf GTI quelque peu fatiguée et immatriculée à Genève. — (Pierre Péan, Mémoires impubliables, Albin Michel, 2020, page 244)
  4. (Provence) Malade
    • Manu est mort ? Je suis surpris, je ne le savais pas fatigué.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

FATIGUÉ (fa-ti-ghé, ghée) part. passé.
  • 1Qui est en proie à de la fatigue. Vous me semblez tous deux fatigués du voyage ; Reposez-vous, usez du peu que nous avons, La Fontaine, Phil. et Bauc. Le vicomte de Turenne, avec un petit nombre de troupes fatiguées, n'était pas en état de les arrêter [les Allemands], Racine, Précis historique. Fatigués de carnage et de sang enivrés, Voltaire, Alz. IV, 3.

    Il se dit d'organes auxquels trop d'exercice cause de la fatigue. Yeux fatigués par la lecture. Je me sens ce soir la poitrine un peu fatiguée, Genlis, Veillées du château, t. I, p. 576, dans POUGENS.

  • 2 Fig. Fatigué par des importunités. Indocile à ton joug, fatigué de ta loi, Racine, Athal. v, 6. Et [les dieux] fatigués d'encens, jaloux d'un libre hommage, Cachés sous notre image, Sans tonnerre et sans pompe errant dans l'univers, Gilbert, Ode à Monsieur.
  • 3 Terme d'arts. Tableau fatigué, tableau qui, à force d'être nettoyé, a perdu quelque chose de ses demi-teintes.

    Manière fatiguée, manière d'un artiste qui obtient avec beaucoup de travail des effets qu'on pourrait obtenir à moindres frais.

    Couleur fatiguée, couleur qui, à force d'être retouchée, a perdu sa fraîcheur.

    Voix fatiguée, voix qui a perdu sa fraîcheur pour le chant, et qui ne se produit qu'avec effort.

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Étymologie de « fatigué »

Du participe passé de « fatiguer ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « fatigué »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
fatigué fatige

Fréquence d'apparition du mot « fatigué » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « fatigué »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « fatigué »

  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Cependant que la cloche éveille sa voix claireA l’air pur et limpide et profond du matinEt passe sur l’enfant qui jette pour lui plaireUn angelus parmi la lavande et le thym,Le sonneur effleuré par l’oiseau qu’il éclaire,Chevauchant tristement en geignant du latinSur la pierre qui tend la corde séculaire,N’entend descendre à lui qu’un tintement lointain.Je suis cet homme. Hélas ! de la nuit désireuse,J’ai beau tirer le câble à sonner l’Idéal,De froids péchés s’ébat un plumage féal,Et la voix ne me vient que par bribes et creuse !Mais, un jour, fatigué d’avoir enfin tiré,Ô Satan, j’ôterai la pierre et me pendrai.
    Stéphane Mallarmé — Le Sonneur
  • On peut être fatigué d'une chose, sans aller se coucher pour cela. Quand même, dit Ludi, ça m'embêterait s'il nous en voulait. Peut-être que Jacques a raison, que c'est un type un peu, comment dire? un peu différent de nous, peut-être un type qui se pose pas tellement de problèmes politiques et autres.
    Marguerite Duras — Les petits chevaux de Tarquinia
  • PREMIÈRE ENTRÉE. Un homme vient donner les livres du ballet, qui d'abord est fatigué par une multitude de gens de provinces différentes, qui crient en musique pour en avoir, et par trois Importuns, qu'il trouve toujours sur ses pas. Dialogue des gens, Qui en musique demandent des livres.TOUS. À moi, Monsieur, à moi de grâce, à moi, Monsieur Un livre, s'il vous plaît, à votre serviteur. HOMME DU BEL AIR. Monsieur, distinguez-nous parmi les gens qui crient. Quelques livres ici, les Dames vous en prient.
    Molière — Le bourgeois gentilhomme
  • Fatigué de vaines conjectures, je revins aux connaissances positives, ressource assurée de toutes les fortunes.
    Stendhal —  Histoire de la peint. en Italie
  • M. Mérimée venait quelquefois. Un jour qu’il dînait, et que la cuisinière avait manqué compléte ment un plat de macaroni, il offrit de venir en faire un, et, à quelques jours de là, il vint, ôta son habit, mit un tablier, et fit un macaroni à l’italienne qui eut le succès de ses livres. Il allait souvent chez des anglaises, mesdemoiselles Clarke, qui avaient un salon doctrinaire, libéral et classique; il y entraîna M. Victor Hugo, qui y connut M. Benjamin Con stant, alors vieillard à cheveux blancs, négligé de mise, visage vénérable et fatigué, M. Fauriel, M. Henri Beyle, etc.
    Adèle Hugo —  Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie
  •  Non, certes, je ne méconnais pas les services modestes et précieux que rendent journellement les gardiens de la paix à la vaillante population de Paris. Et je n’aurais pas consenti à vous présenter, Messieurs, la défense de Crainquebille, si j’avais vu en lui l’insulteur d’un ancien soldat. On accuse mon client d’avoir dit : “Mort aux vaches!“. Le sens de cette phrase n’est pas douteux. Si vous feuilletez le dictionnaire de la langue verte, vous y lirez : “Vachard, paresseux, fainéant; qui s’étend paresseusement comme une vache, au lieu de travailler”. - Vache, qui se vend à la police ; mouchard. “Mort aux vaches!” se dit dans un certain monde. Mais toute la question est celle-ci : Comment Crainquebille l’a-t-il dit? Et même, l’a-t-il dit? Permettez-moi, Messieurs, d’en douter. Je ne soupçonne l’agent Matra d’aucune mauvaise pensée. Mais il accomplit, comme nous l’avons dit, une tâche pénible. Il est parfois fatigué, excédé, surmené. Dans ces conditions il peut avoir été la victime d’une sorte d’hallucination de l’ouïe. Et quand il vient vous dire, Messieurs, que le docteur David Matthieu, officier de la Légion d’honneur, médecin en chef de l’hôpital Ambroise-Paré, un prince de la science et un homme du monde, a crié : ” Mort aux vaches!”, nous sommes bien forcés de reconnaître que Matra est en proie à la maladie de l’obsession, et, si le mot n’est pas trop fort, au délire de la persécution. Et alors même que Crainquebille aurait crié: “Mort aux vaches!“, il resterait à savoir si ce mot a, dans sa bouche, le caractère d’un délit. Crainquebille est l’enfant naturel d’une marchande ambulante, perdue d’inconduite et de boisson, il est né alcoolique. Vous le voyez ici abruti par soixante ans de misère. Messieurs, vous direz qu’il est irresponsable.
    Anatole France — L’Affaire Crainquebille
  • L'inconnu resta impassible. Il se mit à regarder modestement autour de lui, comme un chien qui, en se glissant dans une cuisine étrangère, craint d'y recevoir des coups. Par une grâce de leur état, les clercs n'ont jamais peur des voleurs ils ne soupçonnèrent donc point l'homme au carrick et lui laissèrent observer le local, où il cherchait vainement un siège pour se reposer, car il était visiblement fatigué. Par système, les avoués laissent peu de chaises dans leurs études. Le client vulgaire, lassé d'attendre sur ses jambes, s'en va grognant, mais il ne prend pas un temps qui, suivant le mot d'un vieux procureur, n'est pas admis en taxe.
    Honoré de Balzac — Le colonel Chabert
  • Il se trouvait dans la région des astéroïdes 325, 326, 327, 328, 329 et 330. Il commença donc par les visiter pour y chercher une occupation et pour s'instruire.La première était habitée par un roi. Le roi siégeait, habillé de pourpre et d'hermine, sur un trône très simple et cependant majestueux.- Ah! Voilà un sujet, s'écria le roi quand il aperçut le petit prince.Et le petit prince se demanda:- Comment peut-il me reconnaître puisqu'il ne m'a encore jamais vu !Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets.- Approche-toi que je te voie mieux, lui dit le roi qui était tout fier d'être roi pour quelqu'un.Le petit prince chercha des yeux où s'asseoir, mais la planète était toute encombrée par le magnifique manteau d'hermine. Il resta donc debout, et, comme il était fatigué, il bâilla.- Il est contraire à l'étiquette de bâiller en présence d'un roi, lui dit le monarque. Je te l'interdis.- Je ne peux pas m'en empêcher, répondit le petit prince tout confus. J'ai fait un long voyage et je n'ai pas dormi...- Alors, lui dit le roi, je t'ordonne de bâiller. Je n'ai vu personne bâiller depuis des années. Les bâillements sont pour moi des curiosités. Allons! bâille encore. C'est un ordre.- Ça m'intimide... je ne peux plus... fit le petit prince tout rougissant.- Hum! Hum! répondit le roi. Alors je... je t'ordonne tantôt de bâiller et tantôt de...Il bredouillait un peu et paraissait vexé.Car le roi tenait essentiellement à ce que son autorité fût respectée. Il ne tolérait pas la désobéissance. C'était un monarque absolu. Mais, comme il était très bon, il donnait des ordres raisonnables."Si j'ordonnais, disait-il couramment, si j'ordonnais à un général de se changer en oiseau de mer, et si le général n'obéissait pas, ce ne serait pas la faute du général. Ce serait ma faute."
    Antoine de Saint-Exupéry — Le Petit Prince
  • Sous les noirs acajous, les lianes en fleur,Dans l’air lourd, immobile et saturé de mouches,Pendent, et, s’enroulant en bas parmi les souches,Bercent le perroquet splendide et querelleur,L’araignée au dos jaune et les singes farouches.C’est là que le tueur de bœufs et de chevaux,Le long des vieux troncs morts à l’écorce moussue,Sinistre et fatigué, revient à pas égaux.Il va, frottant ses reins musculeux qu’il bossue ;Et, du mufle béant par la soif alourdi,Un souffle rauque et bref, d’une brusque secousse,Trouble les grands lézards, chauds des feux de midi,Dont la fuite étincelle à travers l’herbe rousse.En un creux du bois sombre interdit au soleilIl s’affaisse, allongé sur quelque roche plate ;D’un large coup de langue il se lustre la patte ;Il cligne ses yeux d’or hébétés de sommeil ;Et, dans l’illusion de ses forces inertes,Faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs,Il rêve qu’au milieu des plantations vertes,Il enfonce d’un bond ses ongles ruisselantsDans la chair des taureaux effarés et beuglants. 
    Leconte de Lisle — « Le rêve du jaguar »
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Traductions du mot « fatigué »

Langue Traduction
Anglais fatigue
Espagnol cansado
Italien fatica
Allemand ermüdung
Chinois 疲劳
Arabe متعب
Portugais fadiga
Russe усталость
Japonais 倦怠感
Basque nekea
Corse fatica
Source : Google Translate API

Antonymes de « fatigué »

Combien de points fait le mot fatigué au Scrabble ?

Nombre de points du mot fatigué au scrabble : 10 points

Fatigué

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