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Vain

Variantes Singulier Pluriel
Masculin vain vains
Féminin vaine vaines

Définitions de « vain »

Trésor de la Langue Française informatisé

VAIN, VAINE, adj.

A. − Vx. Vide, dégarni, où rien ne pousse. Vain tombeau, cénotaphe; terres vaines. Le Tarrinzeau-field avait passé aux lords Tadcaster, lesquels l'avaient exploité en lieu public. Puis le Tarrinzeau-field était devenu vaine pâture et propriété paroissiale (Hugo, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 111).
DR. Droit de vaine pâture*.
B. − Moderne
1. [En parlant d'une chose]
a) Dépourvu de réalité. Synon. sans fondement, chimérique, illusoire.Vain simulacre; vaine apparence, image. Alors tout fut connu, êtres et rapports; tout ce qui est, et même tout ce qui peut être dans l'ordre des êtres, tels que notre raison les perçoit: car, ou la raison humaine n'est qu'une lueur vaine et trompeuse, ou tout, êtres et rapports, existans et même possibles, est compris dans cette catégorie générale, et la plus générale possible, cause, moyen, effet (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 16).Le destin des mélancoliques pasquins de mon espèce est de poursuivre, leur vie durant, quelque vain fantôme de passion, d'art ou de philosophie, puis de s'endormir dans la sainte et unique réalité du sein de Dieu (Milosz, Amour. init., 1910, p. 237).
b) Qui ne repose sur rien de sérieux, de solide; qui n'est que manifestation futile. Synon. faux1, illusoire.Vain bavardage, discours; vaine crainte, parole; vaine gloire, protestation; vains propos, espoirs. Elle le garda ainsi caché et enfermé dans sa chambre toute la journée du lendemain, mais la nuit suivante, toute vaine espérance étant dissipée, mon père écrivit avec soin le nom de l'enfant et la date de sa naissance et de sa mort sur un papier qu'il plaça entre deux vitres et qu'il ferma avec de la cire à cacheter tout autour (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 226).Il ne pouvait se résoudre à ce que la vérité et la pureté ne fussent que de vains mots, sans nul soutien (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 5).
Loc. Ce n'est pas un vain mot. Ce n'est pas un mot en l'air, c'est sérieux. La grande table annoncée n'était point un vain mot, ni la chère plantureuse à quoi ces gens auraient droit, tout mis en place. À marcher dès la pointe du jour, à remuer les sacs, à rouler les barriques, à transporter à dos ou sur les poings des meubles de bois plein, on acquerrait un estomac comme un abîme (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 157).
c) Qui est sans effet, qui se révèle inefficace. Synon. stérile.Vaine agitation, curiosité, lutte, production; vain combat, effort; œuvre, souffrance, tentative vaine; larmes vaines. Cette expérience de toutes choses étant impossible à l'espèce humaine, sa science sera donc toujours incomplète et vaine (Senancour, Rêveries, 1799, p. 26).Mais comme il faut que tout, dans ce domaine [de l'Esthétique], soit impossible à circonscrire, elles [les recherches] n'ont été vaines qu'imparfaitement, et leur insuccès n'a pas laissé d'être parfois curieusement, créateur et fécond (Valéry, Variété IV, 1938, p. 262).
Il est vain de + inf.Il est inutile de. Qu'on n'objecte pas, comme le font quelques socialistes et quelques positivistes, qu'il est puéril et vain d'invoquer la justice, que c'est une idée toute métaphysique et ployable en tous sens, et qu'en cette pourpre banale toutes les tyrannies se sont taillé un manteau (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 135).
2. [En parlant d'une pers., de ses comportements, etc.]
a) Qui fait preuve d'orgueil et de suffisance. Synon. glorieux, vaniteux.Ils détestent le mensonge et les hableurs; les hommes vains et présomptueux, les fanfarons, sont pour eux une secte pernicieuse (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 86).Je m'avisais un peu tard que les sciences exactes peuvent seules construire et armer les intelligences et que nos professeurs de lettres faisaient de nous des esprits sonores et creux, des êtres vains, incapables de toute tâche sérieuse (A. France, Vie fleur, 1922, p. 510).
Vain de.Qui tire vanité de. Presque tout le monde ici [aux Enfers] est assez vain de sa vie passée. Les scélérats eux-mêmes font parade de leur abominable gloire (Valéry, Eupalinos, 1923, p. 131).
b) Qui dénote de la vanité. Vaine ostentation. La manière nettement scientifique, la fructueuse démonstration, l'envol expliqué, la jolie causerie préalable, et pour terminer la séance, le gracieux « lâcher » des pigeons... Ils les prévenait lui-même toujours, en petit laïus préliminaire: Messieurs, Mesdames, Mesdemoiselles... Si je monte encore à mon âge, c'est par vaine forfanterie! Ça vous pouvez croire! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 458).
c) Vieilli ou région. [Dans des jurons] Vain nom de Dieu. L'y a une fille, Vain Dieu!soupira le Tambour-Majorqui vous ferait tourner les foies blancs (Jouve,Scène capit.,1935,p. 13).« (...) La condition que je pose n'est-elle pas bien raisonnable? Te sens-tu tellement livré d'avance? Malheureux! Je te vois assez dément pour refuser. » « Vain nom du Christ! » « Mais il faut que tu aies juré » (Jouve,Scène capit.,1935,p. 97).
Prononc. et Orth.: [vε ̃], fém. [vεn]. [vεn] au masc. devant voy. ex. ce vain amour [vεnamu:ʀ]. Homon. vin, vingt; formes de venir et vaincre ; veine. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. En parlant d'inanimés 1. a) α) 1remoit. xiies. « sans consistance, sans valeur, sans fondement solide » (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, II, 1: Purquei [...] li pueple penserunt veines choses? [populi meditati sunt inania]; XCIII, 11: kar veines sunt [les cogitatiuns des humes] [quoniam vanae sunt]); β) 1174-78 spéc. veine gloire « gloire futile, vanité » (Étienne de Fougères, Livre des manières, éd. R. A. Lodge, 383), cf. 1174-82 (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 40); γ) ca 1175 « changeant, frivole » (Benoît de Ste -Maure, Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 10247: le siecle vain e muable, Faus e a toz escolorjable); cf av. 1465 (Charles d'Orléans, Ballades, LX, 8 ds Œuvres, éd. P. Champion, p. 85: Ce monde n'est que chose vaine!); δ) 1688 « creux » (en parlant du style) style vain et puérile (La Bruyère, Caractères, Des Ouvrages de l'esprit ds Œuvres, éd. J. Benda, 1962, p. 90); b) xives. « inutile, qui n'aboutit à rien » (Guillaume de Nangis, Annales de St Louis, Paris, 1761 ds La Curne: Le privilege aus freres pescheurs et meneurs [...] fust vain appellé); 1538 [prières] vaines et inutiles (Est, s.v. vanus); 1688 science vaine (La Bruyère, op. cit., p. 89); c) id. « faible, inapte » [cf. II 1] paroles vaines « mots trop faibles pour exprimer ce que l'on voudrait dire » (Id., op. cit., Des esprits forts, ibid., p. 461); 2. a) ca 1220 « vide » (Gui de Cambrai, Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel, 2086: les .v. lors lampes erent vainnes [des vierges folles]); 1690 vain tombeau « cénotaphe » (Fur.); b) α) 1264 veinne pasture (doc. Arch. nat. M 1 ds Gdf. Compl., v. aussi lat. médiév. vanum pasturagium ds Du Cange, s.v. pasturagium); β) 1611 terre vaine (Cotgr.). B. En parlant de pers. 1. 1130-40 « faible, sans force morale » (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 438); ca 1150 « faible, épuisé » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 674); 2. ca 1165 « léger, inconstant » cuer vain e muable (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 13864); cf. av. 1662 (Pascal, Pensées, 205 B ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 1142: il est si vain [l'homme], qu'étant plein de mille causes essentielles d'ennui, la moindre chose, comme un billard et une balle qu'il pousse, suffisent pour le divertir); 3. 1176-84 « qui a le désir de paraître, vaniteux » feme fausse et vaine (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 4919). Du lat. vanus « vide, où il n'y a rien », fig. « creux, vain, sans fondement, sans consistance, mensonger; trompeur, fourbe ». Vaine gloire est prob. formée d'apr. les comp. b. lat. vaniglorius « dont la gloire est vaine » (s.d. Pseudo-Grégoire ds Blaise Lat. chrét.), vanagloriosus (xiiies. ds Du Cange), de là, l'a. fr. vanaglorieus; vaneglorieus ca 1265, Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, XXIII, 3, p. 193 et 40, p. 194. Fréq. abs. littér.: 7 991. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 14 531, b) 7 922; xxes.: a) 10 531, b) 11 005.

Wiktionnaire

Adjectif - français

vain \vɛ̃\

  1. Qui est inutile, qui ne produit rien.
    • Marcoul reposait de si étrange façon qu’elle courut chercher l’officier de santé au village, mais c’était vain de lui poser des sangsues derrières les oreilles et de lui inciser les lobes : la paralysie avait envahi les deux cotés du corps. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Nous le rabrouâmes derechef, mais notre contre-attaque fut vaine. L'individu revint à la charge, pour la troisième fois. — (Frédéric Delorca, Abkhazie: A la découverte d'une "République" de survivants, Editions du Cygne, 2010, p. 63)
  2. Qui est frivole, chimérique, qui n’a aucun fondement solide et raisonnable.
    • Nous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre , […] ; et nous sommes si vains, que l'estime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente. — (Blaise Pascal, Pensées, 1re partie, article 5 : Vanité de l'homme ; effets de l'amour-propre , §. 5, avant 1662, dans Lettres provinciales et Pensées, nouvelle édition, tome 2, Paris : chez Lefèvre, 1821, p. 88)
    • Quant aux discussions philosophiques, je pense qu’elles sont absolument vaines. On ne peut rien contrôler, rien vérifier. La vérité, qu’est-ce que cela veut dire ?. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Tout ce qu’il entendait autour de lui, les tuyaux refilés d’une oreille à l’autre, les vaines discussions d’intérêts sordides, les propositions abracadabrantes, lui occasionnaient parfois des nausées. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930)
    • […] ; le système monétaire et le système du crédit reposent sur une vaine tradition de la valeur de l’or et offrent une instabilité presque fantastique. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 406 de l’édition de 1921)
  3. Qui est orgueilleux, plein de vanité.
    • […] ; il est aussi vain qu’il est cupide, et il lui faut beaucoup d’argent pour subvenir à ses profusions. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Il se rappelait les traits des jeunes femmes qui avaient cédé, à son charme, ou à ses cadeaux ; il souriait, dans le noir, glorieux et vain. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans Trois contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Je ne vous ferai point le détail de toutes nos extravagances quand on nous délaisse, vous en seriez trop vains. — (Denis Diderot, Jacques le Fataliste, 1796)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

VAIN (vin, vè-n') adj.
  • 1Proprement, vide, ce qui est le sens étymologique conservé seulement dans les locutions suivantes : vaine pâture, terres où il n'y a ni semences, ni fruits, et, par suite, où tous les habitants d'une commune peuvent conduire leurs bestiaux ; terres vaines et vagues, terres incultes qui ne rapportent rien.

    Temps vain, temps bas et couvert, accompagné d'une chaleur étouffante (locution vieillie).

    Terme de vénerie. Fumées vaines, ou, substantivement, les vaines, fumées des bêtes fauves, qui sont légères et mal pressées.

  • 2 Fig. Qui est comme vide, qui n'a qu'une apparence. Non, ce n'est pas une vaine ombre ! je le tiens, je l'embrasse, mon cher Mentor, Fénelon, Tél. IV. L'éloquence d'Iphicrate est pompeuse et vaine, celle de Timothée plus simple et plus persuasive, Barthélemy, Anach. ch. 7. Chez les Grecs, lorsque l'éloquence devint oiseuse, elle fut vague et vaine, Marmontel, Œuvres, t. IV, p. 372, dans POUGENS.
  • 3Qui est sans valeur. être brave [bien mis] n'est pas trop vain ; car … c'est montrer par ses cheveux qu'on a un valet de chambre, un parfumeur ; par son rabat, le fil, le passement…, Pascal, Pens. V, 12, édit. HAVET. Tout est vain en l'homme, si nous regardons ce qu'il donne au monde ; mais au contraire tout est important, si nous considérons ce qu'il doit à Dieu, Bossuet, Duch. d'Orl. Quittez ces vains plaisirs dont l'appât vous abuse, Boileau, Sat. IX. De la Grèce déjà vous vous rendez l'arbitre : Ses rois, à vous ouïr, m'ont paré d'un vain titre, Racine, Iphig. IV, 6. Peut-être un songe vain m'a trop préoccupée, Racine, Athal. II, 5. Oh ! qu'il me paraît vain et frivole ce monde que vous quittez ! Genlis, Mères riv. t. III, p. 354, dans POUGENS.

    Il se dit quelquefois, en ce sens, des personnes. Il [l'homme] est si vain, qu'étant plein de mille causes essentielles d'ennui, la moindre chose, comme un billard et une balle qu'il pousse, suffisent pour le divertir, Pascal, Pens. IV, 1. Qui ne voit pas la vanité du monde, est bien vain lui-même, Pascal, ib. VI, 59 bis. Et vains, ils [les hommes illustres du paganisme] ont reçu une récompense aussi vaine que leurs désirs, Bossuet, la Vallière.

    Terme de manége. Cheval vain, celui qui est faible par trop de chaleur ou d'ardeur, ou pour avoir pris quelques remèdes.

  • 4Qui est sans effet. De vains efforts. Daignent les justes dieux rendre vain ce présage ! Corneille, Rodog. III, 6. Sa vaine inimitié n'est pas ce que je crains, Racine, Phèdre, I, 1.
  • 5Sans talent, sans succès. Imite mon exemple, et lorsqu'une cabale, Un flot de vains auteurs follement te ravale…, Boileau, Ép. VII.
  • 6Qui n'a aucun fondement raisonnable, sérieux. Ils les mettent [les vers de certains poëtes] au rang des plus vaines sornettes, Régnier, Sat. IV. Grâces aux dieux, Cinna, ma frayeur était vaine ; Aucun de tes amis ne t'a manqué de foi, Corneille, Cinna, III, 4. Le Seigneur connaît les pensées des hommes ; et il sait qu'elles sont vaines, Sacy, Bible, Ps. XCIII, 11. Toutes les vaines excuses dont vous couvrez votre impénitence vous vont être ôtées, Bossuet, Anne de Gonz. L'espérance la plus vaine Flatte un malheureux amant, Quinault, Phaét. V, 3. Combien nos jugements sont injustes et vains ! Voltaire, Tancr IV, 6.
  • 7Qui se prise au delà de son mérite. Te mesurer à moi, qui t'a rendu si vain, Toi qu'on n'a jamais vu les armes à la main ? Corneille, Cid, II, 2. Cette femme ambitieuse et vaine croit valoir beaucoup quand elle s'est chargée d'or, de pierreries…, Bossuet, la Vallière. Un homme vain trouve son compte à dire du bien ou du mal de soi, La Bruyère, XI. Celui qui s'empresse pour se faire honorer, ne sait pas encore l'art d'être vain, Massillon, Orais. fun. Villars. Les nations libres sont superbes ; les autres peuvent plus aisément être vaines, Montesquieu, Esp. XIX, 27. Vous voyez que je vous ai deviné ; et voilà ce qui me rend si vain, Voltaire, Lett. Chauvelin, 17 oct. 1762. Nous en savons assez pour être sage et point assez pour être vains, Bonnet, Paling. XIII, 8. Son bon naturel l'empêchait d'être vaine, c'est-à-dire sotte, Comte de Caylus, Cadichon, Œuv. t. IX, p. 402. Il est deux choses que les hommes vains ne trouvent jamais trop fortes, la flatterie pour eux-mêmes, la médisance contre les autres, Marmontel, Œuv. t. VI, p. 149.

    Vaine gloire, orgueil, infatuation.

    Substantivement. Faire le vain, se livrer à la vaine gloire. Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hautaines Font encore les vaines, Ils sont mangés des vers, Malherbe, I, 3. Je puis dire, sans faire le vain, que les folies de mon enfance ont été plus sérieuses que ces belles fleurs de rhétorique, Guez de Balzac, liv. I, lett. 17. Hélas ! et croyez-vous que l'on se mette en peine De ce nombre d'amants dont vous faites la vaine ? Molière, Mis. III, 5.

  • 8En vain, loc. adv. Inutilement. Les princes et les peuples gémissaient en vain ; en vain Monsieur, en vain le roi même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements ; elle leur échappait…, Bossuet, Duch. d'Orl. Avant lui [Louis XIV], la France, presque sans vaisseaux, tenait en vain aux deux mers, Bossuet, Mar.-Thér. Les empereurs grecs avaient oublié que ce n'était pas en vain qu'ils portaient l'épée, Montesquieu, Esp. VI, 21. Dieu ne fait rien en vain ; il a donné aux bêtes les mêmes organes de sentiments qu'à moi ; donc, si les bêtes n'ont point de sentiment, Dieu a fait ces organes en vain, Voltaire, Mél. litt. au P. Tournemine.

    Prendre le nom de Dieu en vain, l'employer dans un serment sans nécessité.

HISTORIQUE

XIIe s. Tu hais les guardanz vanitez en vain, Liber psalm. p. 36. Si suens coups [son coup] n'ala pas en vain, Grégoire le Grand, p. 62. Ne sont que trois matieres [de poëme] à nul home entendant, De France, de Bretaigne et de Rome la grant ; Li conte de Bretaigne sont si vain et plaisant ; Cil de Rome sont sage et de sen [sens] aprenant, Sax. I.

XIIIe s. Et quant ge vin de pasmoison, Et j'oi [j'eus] mon sens et ma roison, Je fui moult vains [faible]…, la Rose, 1711. Et vint [Blondel] droit au castiel où li rois [Richard] estoit en prison, et se hieberga ciès [chez] une vaine feme, Chr. de Rains, p. 53. Leofreiz amis, icest secrei Vus prie, à humme pas ne cunte ; Kar vus ne seriez creüz, U veins [sans connaissance] vus seriez tenus, Éd. le Confesseur, v. 2561. En vaine gloire de ce monde, Joinville, 295.

XIVe s. Leur prieres churent en vain, Bercheure, f° 45, verso. Laquelle Perenelle qui estoit lasse et vaine, tant pour ce qu'elle n'avoit mangié de tout le jour, comme pour ce qu'elle estoit malade, Du Cange, vanitas.

XVe s. Je dy en pleurant tendrement : Ce monde n'est pas chose vaine, Orléans, Ball. 61.

XVIe s. D'aller après, Françoys ne furent vains [nonchalants], Marot, J. V, 27. Sont reputées vaines pastures les terres non ensemencées et les prez non clos, les terres vacantes non labourées…, Nouv. coust. gén. t. II, p. 1073.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VAIN. Ajoutez :
9 Terme de forestier. Semence vaine, semence qui ne germe pas. Il est prudent de rejeter les premières semences tombées : elles sont généralement piquées ou vaines, G. Bagneris, Manuel de sylvicult. p. 232, Nancy, 1873.
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Étymologie de « vain »

Du latin vanus (« vide »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. van, va ; catal. va ; espagn. et ital. vano ; portug. vão ; du lat. vanus ; comparez le goth. vans ; anc. scand. vanr, défectueux.

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Phonétique du mot « vain »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vain vɛ̃

Fréquence d'apparition du mot « vain » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « vain »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vain »

  • Quand la colère emplit ton coeur, ne laisse pas ta langue aboyer en vain.
    Sappho
  • Si je puis empêcher un coeur de se briser, je n’aurai pas vécu en vain.
    Emily Dickinson
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Où la victoire est impossible, il est vain de combattre.
    Joost Van Den Vondel — Gysbreght Van Aemstel
  • Le sage n'a pas besoin de demander, mais l'idiot demande en vain.
    Ursula Le Guin — Terremer
  • Contre la stupidité, même les dieux se disputent en vain.
    Johann Friedrich von Schiller — La pucelle d'Orléans
  • La nature ne fait rien en vain ou pour des fins peu considérables.
    John Locke — Essai philosophique concernant l'entendement humain (préface)
  • Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux.
    Confucius
  • Dans le désarroi du chagrin, il est vain de chercher une réponse à ses questions.
    Charlie Chaplin — Ma vie
  • Les secours ont tenté en vain de réanimer les victimes mortellement touchées. La mère, blessée au bras, a été hospitalisée au CHU de Poitiers.
    leparisien.fr — Vienne : un père et son fils de 4 ans tués par un pilier tombé sur leur hamac - Le Parisien
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Traductions du mot « vain »

Langue Traduction
Anglais vain
Espagnol vano
Italien vano
Allemand vergeblich
Chinois 徒劳的
Arabe عبثا
Portugais vão
Russe тщеславный
Japonais うぬぼれが強い
Basque alferrik
Corse vanu
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Synonymes de « vain »

Source : synonymes de vain sur lebonsynonyme.fr

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Vain

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