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Tumulte

Variantes Singulier Pluriel
Masculin tumulte tumultes

Définitions de « tumulte »

Trésor de la Langue Française informatisé

TUMULTE, subst. masc.

A. −
1. Grand mouvement de foule accompagné de désordre et souvent de bruit. Grand tumulte; tumulte indescriptible, prolongé; causer, déchaîner, provoquer, susciter un tumulte; un tumulte s'ensuit, renaît, résulte. Il se fit en bas un large tumulte. Des rues avoisinantes la foule se dégorgeait (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 159).Ce mot magique [promenade] déterminait chaque fois, dans la tribu, un tumulte comparable au branle-bas de combat sur un bâtiment de guerre (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 147).
Tumulte de + subst.[Souvent constr. avec un compl. de nom désignant la cause] Omer eut chaud. L'ardeur du soleil gâtait le plaisir de dominer à cheval, auprès de son cousin, le tumulte de la foule hurlant, grouillant par delà les lignes de soldats jusqu'à la grille des Invalides (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 384).Le lit du Rio (...) est rempli d'un grand tumulte d'hommes et d'animaux (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 189).
Loc. adv. En tumulte. Dans le désordre, la confusion. S'assembler en tumulte. La foule se presse en tumulte sur la jetée (Dumas père, Christine, 1830, prol., p. 207).Il distinguait les mouvements confus des légionnaires accourus en tumulte sur la plage. Leurs clameurs montaient à son oreille (A. France, Clio, 1900, p. 63).
P. métaph. ou au fig. Il revenait le cœur en désarroi, le cœur en tumulte et en détresse (Loti, Ramuntcho, 1897, p. 225).L'Europe conquise, l'Orient entrevu, entrent en tumulte dans l'émotion sensuelle des Français (Faure, Hist. art, 1921, p. 10).
2. En partic. Bruit confus d'une foule, d'un certain nombre de personnes parlant (criant ou chantant) toutes à la fois. Tumulte assourdissant; tumulte d'appels, de cris, de rires, de voix; tumulte des bavardages; apaiser, aplanir, dominer le tumulte; attendre dans le tumulte. Plus loin, à l'entrée du boulevard Poissonnière, le tumulte se hausse de plusieurs tons (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 35).Rien ne m'intrigue, rien n'excite mon goût du neuf, des méthodes inédites, comme le truquage qui permet de prendre notre voix, de la mêler à d'autres, de les superposer à des orchestres et à des tumultes de foule, de les distribuer ensuite par l'entremise des ondes (Cocteau, Foyer artistes, 1947, p. 62).
B. − P. ext.
1. Grande agitation désordonnée, animation fébrile liée à une activité, un événement, une situation. Tumulte du monde, de la guerre, des affaires, des vendanges; tumulte des cités; dans le tumulte de l'incendie; loin du tumulte des cours. [Le baron] jouissait du plaisir de contempler le tumulte du bal (Balzac, Paix mén., 1830, p. 337).Les domestiques étaient habitués aux grands tumultes des dimanches; tel vacarme ou tel va-et-vient qui les eût étonnés pendant la semaine passaient inaperçus pour eux ce soir-là (Péladan, Vice supr., 1884, p. 307).
2. Bruit plus ou moins confus, plus ou moins assourdissant. Tumulte de marteaux, de scies; tumulte des cloches; dans le tumulte du train, des armes, des bombes. La procession sortait de la cathédrale à cet instant même, comme l'indiquaient les tumultes des carillons partout en branle sur la cité (Adam, op cit., p. 326).On arrivait à en oublier le tumulte de la guitare (Schaeffner, Orig. instrum. mus., 1936, p. 10).
PATHOL., rare. On peut citer, avec Bouchard (...) les tumultes cardiaques, l'apoplexie pulmonaire (...) comme conséquences de cette goutte rétrocédée (Le Gendre dsNouv. Traité Méd.fasc. 71924, p. 528).
C. − P. anal. Bruit que font les éléments déchaînés. Tumulte de l'orage, des flots, de la mer. Je te hais, Océan! tes bonds et tes tumultes, Mon esprit les retrouve en lui! (Baudel., Fl. du Mal, 1860, p. 119).Lorsqu'il entra dans la salle, venant de ce tumulte de pluie et de vent, il lui sembla qu'il entrait dans la paix même (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 277).
Loc. adv. En tumulte. Impétueusement. Il est un moins nombreux ramage en Damas quand au récit des eaux qui descendent des monts en tumulte S'unit le soupir du désert et l'agitation au soir des hauts platanes dans l'air ventilé, Que de paroles dans ce jeune cœur comblé de désirs! (Claudel, Gdes odes, 1910, p. 249).
P. métaph. Au sortir du tumulte des parfums et du soleil, dans l'air maintenant rafraîchi par le soir, l'esprit se calmait, le corps détendu goûtait le silence intérieur qui naît de l'amour satisfait (Camus, Noces, 1938, p. 23).
D. − Au fig.
1. Dans le domaine de la vie affective, intellectuelle, psychique.État de violente agitation intérieure, de trouble intérieur. Être en proie à un grand tumulte; tumulte de fierté, de sentiments, de souvenirs, d'idées, d'images, de pensées; tumulte (désordonné) du cœur, du désir, de l'agonie, de l'âme, de la fièvre, des passions; (se sentir loin des bas) tumultes de la jalousie; tomber dans le tumulte des soupçons; le tumulte haineux de la colère. Le corps vivant est plus beau, qui souffre par l'idée et qui se guérit par l'action. Non sans tumulte; mais aussi la vraie pensée a autre chose à surmonter qu'une difficulté de logique; et c'est un reste de tumulte qui fait les pensées belles (Alain, Propos, 1923, p. 470).
Locutions
Aimer avec tumulte. Aimer avec fougue, avec passion. Pas d'anniversaire, pas de tombe: c'est pour ça que je le cherche [Diego] encore à tâtons à travers cette vie qu'il aimait avec tumulte (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 28).
Le visage en tumulte. Le visage défait. Quand il se retourna, Paule était debout en face de lui, le visage en tumulte (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 140).
2. Littér. Désordre; chaos. Le fronton de cet hôtel de ville est surmonté de lions, de cloches et de statues qui font un tumulte amusant à l'œil (Hugo, Alpes et Pyr., 1885, p. 201).La bizarrerie de Soutine se traduit (...) par une bizarrerie de formes, un tumulte de lignes et de couleurs, plus poussés que chez aucun des expressionnistes germaniques (Cassou, Arts plast. contemp., 1960, p. 152).
E. − HIST. ROMAINE. [Dans la Rome primitive, à la suite d'une alerte soudaine et grave] Levée de masse. Rome était remplie (...) de citoyens armés comme dans les premiers temps de la république, à la nouvelle d'un tumulte gaulois (Mérimée, Catilina, 1844, p. 311):
Toujours il y eut cette clameur (...), Et comme un haut fait d'armes en marche par le monde, comme un dénombrement de peuples en exode, comme une fondation d'empires par tumulte prétorien, ha! comme un gonflement de lèvres sur la naissance des grands Livres, Cette grande chose sourde par le monde et qui s'accroît soudain comme une ébriété. Saint-John-Perse, Exil, 1942, p. 210.
Prononc. et Orth.: [tymylt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 temolte « grand mouvement de foule, accompagné de bruit, de cris » (Le Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 1201); 1590 en tumulte (Montaigne, Essais, I, 18, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 77); 1643 id. « en désordre, bruyamment » (Corneille, Cinna, II, 1); 2. 1ertiers xvies. tumult populaire « émeute » (Fossetier, Cron. Marg., ms. Bruxelles, 10510, fo69 vods Gdf. Compl.); 3. 1573 « toute espèce d'agitation, de désordre » (Desportes, Les Amours de Diane, éd. V. E. Graham, p. 158); 4. 1621 « trouble, désordre dans la vie psychique » (J.-P. Camus, Agatonphile, p. 35). Empr. au lat.tumultus, prop. « soulèvement, agitation (souvent soudaine) », « désordre, panique »; spéc. « rébellion, révolte, insurrection, guerre civile ». L'a. et m. fr. ont des formes plus francisées: temolte, temoute, tomoute. Fréq. abs. littér.: 1 351. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 634, b) 2 159; xxes.: a) 2 374, b) 1 765. Bbg. De Gorog (R.). L'Étymol. et la form. des mots désignant « bruit » en fr. médiév. R. Ling. rom. 1977, t. 41, p. 376.

Wiktionnaire

Nom commun - français

tumulte \ty.mylt\ masculin

  1. Grand mouvement accompagné de désordre et souvent de bruit.
    • Le bruit dans l’intérieur du château, bruit occasionné par les apprêts de la défense, devint plus considérable, et se changea en tumulte et en clameurs de plus en plus assourdissantes. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Là-haut sa voix tonnante domine souvent les hurlements de la tempête ou le tumulte des combats ; mais ici elle est douce et mélodieuse. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Un instant avant le meurtre, Claude suivait l'empereur; les conjurés l'écartèrent pêle-mêle avec la foule, il s'en fut dans une salle voisine, de là entendit du tumulte, eut peur, et alla se cacher. — (F. de Champagny, Les Césars, dans Revue universelle, V.31, 1839, page 135)
    • (Figuré) Et, à cet instant précis, le halètement sourd d'une locomotive et son cri rauque montant dans un jet de vapeur, m'emplirent d'un tel tumulte de sensations heurtées qu'eussé-je vu l'océan surgir et balayer de contraste le hideux mur de l'hôpital Lariboisière, ma stupéfaction n'aurait pas été plus profonde. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • J’essuyai mes larmes, repoudrai le bout de mon nez. En un mot, je ravalais ma façade lézardée. Je m'étudiai une dernière fois dans la glace. Personne n'aurait pu soupçonner mon tumulte intérieur. — (Hélène Saint-Hubert, Pénible est l'oubli, Perpignan : Éditions du Castillet, 1983, chap. 2)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

TUMULTE (tu-mul-t') s. m.
  • 1Grand mouvement accompagné de bruit et de désordre. Un tumulte, dit-on, s'élève dans la place, Corneille, Héracl. v, 2. Les sentiments de religion sont la dernière chose qui s'efface en l'homme, et la dernière que l'homme consulte ; rien n'excite de plus grands tumultes parmi les hommes…, Bossuet, la Vallière. Le vieillard de ses soins bénit l'heureux succès, Et sur un bois détruit bâtit mille procès ; L'espoir d'un doux tumulte excitant son courage, Il ne sent plus le poids ni les glaces de l'âge, Boileau, Lutr. v. Ce fut uniquement la grandeur de la république qui fit le mal et qui changea en guerres civiles les tumultes populaires, Montesquieu, Rom. 9. Comme il réfléchissait à cette aventure, il entendit un grand tumulte de voix, Genlis, Veillées du château t. III, p. 434, dans POUGENS.
  • 2Le tumulte du monde, des affaires, l'agitation que cause le monde, les affaires. Heureuses donc cent fois, heureuses les oreilles Qui s'ouvrent sans relâche à ses divins accents [de la grâce], Et, pleines qu'elles sont de leurs hautes merveilles, Se ferment au tumulte et du monde et des sens ! Corneille, Imit. III, 1. Malgré le tumulte de la cour, la reine trouvait le Carmel d'Élie, le désert de Jean, et la montagne si souvent témoin des gémissements de Jésus, Bossuet, Mar. - Thér. Asile où n'entrèrent jamais Le tumulte et l'inquiétude, Chaulieu, Louanges de la vie champêtre. Votre rang et vos emplois vous engagent dans le tumulte du monde et des affaires, Massillon, Carême, Dang. des prospér. temp.

    On dit dans un sens analogue : le tumulte des armes. Qu'il est beau, après le tumulte des armes, de savoir encore goûter ces vertus paisibles… ! Bossuet, Louis de Bourbon. Je n'étais pas surpris que, dans le tumulte des armes, tu [Vauvenargues] cultivasses les lettres et la sagesse, Voltaire, Mél. litt. Or. fun. offic.

  • 3 Fig. Trouble intérieur. Ce ne sont point les sens que mon amour consulte, Il hait des passions l'impétueux tumulte, Corneille, Sertor. II, 1. Une lettre que j'avais écrite dans le tumulte de mes pensées, Riccoboni, Œuv. t. I, p. 366, dans POUGENS. Le tumulte où je suis ne me permet encore de rien résoudre ; je vous en dirai davantage quand mes sens seront rassis, Rousseau, Lett. à milord Maréchal, 11 févr. 1765. Ils raisonnaient, ils demandaient comment L'enfant Amour, qui parait si paisible, Porte en nos sens ce tumulte terrible, Malfilâtre, Narcisse, III.
  • 4Chez les Romains, attaque subite d'un peuple ennemi. Le tumulte gaulois.
  • 5En tumulte, loc. adv. En confusion. Mais quand le peuple est maître, on n'agit qu'en tumulte, Corneille, Cinna, II, 1. Je crois qu'ils [l'abbé de Coulanges, mon fils et La Mousse] vous écriront ; pour moi, je prends les devants, et n'aime point à vous parler en tumulte, Sévigné, 31 mai 1671.

    Fig. Je vous aime… Non d'un amour conçu par les sens en tumulte, Corneille, Pulchér. I, 1.

HISTORIQUE

XIIe s. E. Joab, cum il oïd le sun de la busine [trompette], enquist dunt levast li tumultz par la cité, Rois, p. 223. Guillaumes a le temolte entendu, Li coronemens Looys, v. 1192.

XIIIe s. Choses qui font son et grant tumulte, Latini, Trésor, p. 206. La noise i estoit si grans de toutes pars, et la thumulte et li hanissemens des chevaus, que n'i oïst neis Diu tonnant, H. de Valenciennes, VI.

XIVe s. Quelque part que aloit, la multitude armée fist paour et temoute, Bercheure, fe 27, recto. Et là où les legions entrerent en la ville, ne cuidiez pas que il y eust brayt, clamour, ne telmoute, Bercheure, f° 17.

XVIe s. Je l'ay fait ennemy du tumulte des villes, J'ay repurgé son cœur d'affections serviles, Compagnon de ces dieux qui sont parmy les bois, Desportes, Diane, I, 69. Troubles et tumultes, Amyot, Public. 28. Il mist fin à la guerre ou entreprise renaudique [de la Renaudie], que l'on nommera le tumulte d'Amboise, Carloix, VIII, 7.

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Étymologie de « tumulte »

Provenç. tumult ; espagn. et ital. tumulto ; du latin, tumultus, qui est de même radical que tumor, gonflement.

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Du latin tumultus (« désordre, bruit »).
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Phonétique du mot « tumulte »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tumulte tymylt

Fréquence d'apparition du mot « tumulte » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tumulte »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tumulte »

  • Dans le tumulte d’images et de sons du monde moderne, tenir une caméra a-t-il encore un sens ?
    Christophe de Ponfilly
  • Il semble qu'il y ait, dans toute destinée, comme un rythme régulateur des événements, et qu'à chaque période de violence et de tumulte succède inévitablement une période de détente et de stagnation.
    Paul Bourget — Le démon de midi
  • Les six gîtes du domaine ont enregistré pas mal d'annulations, notamment de la part des étrangers qui avaient prévu de venir au Futuroscope, mais ont heureusement trouvé une nouvelle clientèle : des Français qui viennent se mettre au vert loin du tumulte des grandes villes, un tumulte anxiogène en cette période d'épidémie mondiale. Pour les propriétaires, c'est un soulagement, car ces derniers ont eu le malheur d'acheter juste avant le confinement. 
    France Bleu — A cause du covid, moins de cousinades et d'événements familiaux dans les grands gîtes du Poitou
  • Le tumulte est le fruit du combat.
    Sagesse celte
  • Le talent se développe dans la retraite ; le caractère se forme dans le tumulte du monde.
    Johann Wolfgang von Goethe — Torquato Tasso
  • Avec ses gîtes, sa piscine et son sauna, c'est un paradis en bord de rivière. Un charmant écrin de verdure aux allures pourtant trompeuses : les eaux peu profondes de la Vienne ont ici été témoins du tumulte des siècles. Des histoires de meuniers rivaux et d'ouvriers qu'Hervé White, l'actuel maître des lieux, aime partager avec ses hôtes.
    www.lepopulaire.fr — Connaissez-vous l'histoire tumultueuse des moulins du Daumail à Saint-Priest-sous-Aixe ? - Saint-Priest-sous-Aixe (87700)
  • Si tu dois vivre parmi le tumulte, ne lui livre jamais ton corps. Garde ton âme calme et retirée. C'est un sanctuaire où tu trouveras, quand tu le voudras le bonheur.
    Alexandra David-Néel
  • Dans le tumulte, elle entendit les cris terribles que poussait le prince pour se faire obéir et qui, loin d'apaiser son monde, attisaient la bataille.
    François-Régis Bastide — Les Adieux
  • Scène premièreLe Public, qui arrive peu à peu. Cavaliers, Bourgeois, Laquais, Pages, Tire-laine, Le Portier, etc., puis les Marquis, CUIGY, BRISSAILLE, La Distributrice, les Violons, etc.(On entend derrière la porte un tumulte de voix, puis un cavalier entre brusquement.)LE PORTIER, le poursuivant. Holà ! vos quinze sols !LE CAVALIER. J’entre gratis !LE PORTIER. Pourquoi ?LE CAVALIER. Je suis chevau-léger de la maison du Roi !LE PORTIER, à un autre cavalier qui vient d’entrer. Vous ?DEUXIÈME CAVALIER. Je ne paye pas !LE PORTIER, Mais…DEUXIÈME CAVALIER. Je suis mousquetaire.PREMIER CAVALIER, au deuxième. On ne commence qu’à deux heures. Le parterre est vide. Exerçons-nous au fleuret. (Ils font des armes avec des fleurets qu’ils ont apportés.)UN LAQUAIS, entrant. Pst… Flanquin…UN AUTRE, déjà arrivé. Champagne ? …LE PREMIER, lui montrant des jeux qu’il sort de son pourpoint. Cartes. Dés.(Il s’assied par terre.) Jouons.LE DEUXIÈME, même jeu. Oui, mon coquin.PREMIER LAQUAIS, tirant de sa poche un bout de chandelle qu’il allume et colle par terre. J’ai soustrait à mon maître un peu de luminaire.UN GARDE, à une bouquetière qui s’avance. C’est gentil de venir avant que l’on n’éclaire !…(Il lui prend la taille.)UN DES BRETTEURS, recevant un coup de fleuret. Touche !UN DES JOUEURS. Trèfle !LE GARDE, poursuivant la fille. Un baiser !LA BOUQUETIÈRE, se dégageant. On voit ! …LE GARDE, l’entraînant dans les coins sombres.Pas de danger !UN HOMME, s’asseyant par terre avec d’autres porteurs de provisions de bouche.Lorsqu’on vient en avance, on est bien pour manger.LE BOURGEOIS, conduisant son fils. Plaçons-nous là, mon fils.UN JOUEUR. Brelan d’as !UN HOMME, tirant une bouteille de sous son manteau et s’asseyant aussi. Un ivrogneDoit boire son bourgogne… (Il boit.) à l’hôtel de Bourgogne !LE BOURGEOIS, à son fils. Ne se croirait-on pas en quelque mauvais lieu ? (Il montre l’ivrogne du bout de sa canne.) Buveurs… (En rompant, un des cavaliers le bouscule.) Bretteurs ! (Il tombe au milieu des joueurs.) Joueurs !LE GARDE, derrière lui, lutinant toujours la femme. Un baiser !LE BOURGEOIS, éloignant vivement son fils. Jour de Dieu !– Et penser que c’est dans une salle pareilleQu’on joua du Rotrou, mon fils !
    Cyrano de Bergerac — Acte I
  • Comment vais-je poser ma main sur ton corps, Andreas ? Il se rapproche un peu et ôte ma chemise, nous sommes pleins et prêts. De nous être longtemps retenus, dans un silence et une contemplation suspendus à la surprise et au plaisir, provoque à cet instant une sorte de tumulte, et nous nous empoignons, par les bras, par la nuque, par le torse et les reins. Voilà comment tu prends mon corps, Andreas : de toutes parts, car l’ivresse t’a gagné comme elle m’a gagné moi, et j’accepte les acrobaties que ton ardeur soudaine m’oblige à faire. Tête penchée en arrière, mains cherchant un appui, trouvant un mur, bientôt le sol, quelle souplesse ! Et tes dents se plantent dans la peau de mon ventre, un peu de brutalité sourd de tes agissements, elle me va, elle cadre avec ton torse et ton silence, et je comprends que là tu voudrais bien m’ouvrir, non tant en métaphore, d’un coup de rein, mais déchirer ma peau en espérant trouver, derrière la peau, le muscle et les irrigations ce que cache mon âme française et apaisée. Voilà comment je prends ton corps, Andreas : allongé sur le sol, je ramène ta bouche qui traînait sur mon ventre, je la hisse à la mienne puis j’encercle ton dos, m’arrime à tes épaules, serre à en perdre haleine l’heureuse tresse de muscles ou gît ce que tu es, où bat ce que tu veux. Si je pouvais tout entier t’absorber dans un désir dément de gagner ton essence et ta vitalité, ficher dans mes entrailles cette magnificence sans âge et sans destin, j’aurais sans doute gagné, et l’Histoire avec moi, un peu de cette paix si douce à nos épaules quand nous la rencontrons. Voilà comment nous nous mêlons : ceci est notre corps, prenons-le pour en jouir, prenons l’autre pour aimer et retournons au vent. Mais s’il fallait que je noue Andreas autour d’une colonne, le hisse sur une croix, l’enterre, l’emmure vivant ou le jette au cachot, comment m’en saisirais-je ? Mais s’il fallait qu’au fond d’une tranchée d’Argonne, une rue de Stalingrad, nous nous rencontrions pour nous éliminer, à mains nues et sans larmes, où irions-nous d’abord : au coeur, au souffle, à l’âme ?
    Mathieu Riboulet — Les Œuvres de miséricorde
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Traductions du mot « tumulte »

Langue Traduction
Anglais uproar
Espagnol escándalo
Italien tumulto
Allemand aufruhr
Chinois
Arabe ضجة
Portugais tumulto
Russe гам
Japonais 騒ぎ
Basque iskanbila
Corse rivolta
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Synonymes de « tumulte »

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Tumulte

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