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Tuer

Définitions de « tuer »

Trésor de la Langue Française informatisé

TUER, verbe trans.

I. − Empl. trans. Qqn/qqc. tue qqn/qqc. (à, dans ... par qqc.)
A. − Qqn/qqc. tue qqn (+ compl. désignant souvent l'arme utilisée).Faire mourir de mort violente, causer la mort de quelqu'un.
1. Qqn tue qqn (+ compl. prép.)
a) Donner volontairement la mort à quelqu'un, lui ôter la vie. Synon. assassiner, exécuter, supprimer; (vx, p. plaisant.) occire, trucider; (pop.) crever, démolir, descendre, étendre, flinguer, liquider, zigouiller.« Ils s'étaient juré leur foi De s'épouser sitôt que serait mort le maître Et le tuèrent dans son sommeil d'un coup traître » (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 381).Avec un mortier. Elle a tué sa tante. Un gros mortier familialils sont maintenant introuvables (Colette, Pays connu, 1949, p. 177).
Empl. abs. Ôter la vie. Quand vous ne tuez pas pour manger, vous tuez par passe-temps ou par habitude, et votre empire n'est qu'un immense charnier (Ménard, Rêv. païen, 1876, p. 46).La violence n'est nullement la guerre. Un soldat ne ressemble pas du tout à un bandit qui tue pour s'enrichir (Alain, Propos, 1921, p. 191).
ART MILIT. Se faire tuer. Mourir au combat. Voici donc (...) la seule raison pour laquelle des milliers de jeunes Français tuent et se font tuer en Indo-Chine (L'Humanité, 19 janv. 1952, p. 1, col. 3-4).Il est nécessaire que l'enseignement militaire trouve des méthodes spécifiques, puisqu'on y apprend d'abord, selon la terminologie usitée, à tuer et à ne pas se faire tuer (Serv. milit. et réforme arm., 1963, p. 48).Impers., au passif. Il fut tué beaucoup de gens dans la dernière bataille (Littré).
Empl. abs. Tue! tue! [,,Cri par lequel les soldats s'excitaient autrefois au carnage`` (Lar. Lang. fr.)] Tir à tuer. Tir au but exécuté par des tireurs d'élite, avec une arme munie d'une lunette de visée. Demain ou après-demain, qu'adviendra-t-il si, une nouvelle fois, les Casques bleus français sont les victimes choisies de ce qu'ils appellent déjà les « tirs à tuer »? (Le Point, 8 mai 1978, p. 64, col. 1).
Proverbes. Quand l'un dit tue, l'autre dit assomme. Renchérir sur. (Dict. xixeet xxes.). Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage (Dict. xixeet xxes.).
Loc. adj., vieilli. Raisons, objections à tuer chiens. Raisons, objections qui ne sont que des prétextes. (Ds DG).
SYNT. Tuer qqn à coups de bâton, d'un coup de couteau, à coups de pistolet, de révolver, d'un coup de fusil, d'un coup de poignard, d'un coup de sabre, d'épée; tuer net, raide; tuer son adversaire en duel; tuer en asphyxiant, en étouffant, en étranglant, en noyant; tuer qqn en lui coupant/tranchant le cou, la tête, en lui cassant/rompant/tordant le cou, en le passant par les armes; tuer un adversaire en traître, traîtreusement (dans son lit, dans son sommeil); tuer qqn de sang-froid; tuer qqn avec préméditation; tuer un blessé, un mourant; tuer un criminel; tuer son enfant/son frère/sa mère/son père/sa femme/un roi/un tyran; tuer à petit feu.
b) Causer la mort de quelqu'un; commettre un homicide involontaire, par imprudence. On tue les somnambules quand on leur crie leur nom, même dans une langue étrangère (Giraudoux, Siegfried, 1928, i, 6, p. 45).On peut être tué dans un tournoi, mais seulement par accident, comme dans une course automobile, un match de boxe ou un assaut d'escrime (Jeux et sports, 1967, p. 11).
c) [Le compl. d'obj. dir. désigne un animal] Faire mourir volontairement de mort violente; mettre à mort. Le matador tue le taureau. Faire périr, détruire (des animaux nuisibles ou incommodes). Tuer des insectes. [César] porte à la main une petite raquette en toile métallique, pour tuer les mouches (Pagnol, Fanny, 1932, i, 1ertabl., p. 7).
BOUCH. Assommer à mort, égorger un animal de boucherie. Tuer un bœuf au fusil, d'un coup de merlin; tuer des moutons, des volailles; un cochon bon à tuer/à être tué. Il n'y a rien pour le dîner, ce soir (...). Ce matin, Tricoter n'avait pas encore tué (...) Il devait tuer à midi. Je vais moi-même à la boucherie (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 23).C'est par saignée à la gorge qu'on tue toujours ces animaux et le sang est entièrement recueilli pour la préparation du boudin (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 60).
CHASSE. Tuer du gibier, des lièvres, des perdrix. Pour chasser le crocodile, on l'attire avec un cochon de lait qui crie, puis on lui bouche les yeux avec des boulettes d'argile; enfin, on le tue commodément et sans péril (Arnoux, Rêv. policier amat., 1945, p. 76).Il faut ordinairement charger son fusil à balle ou à grosses chevrotines, pour le tuer [le loup] plus aisément. Cependant on le tuerait avec du plomb en le tirant de très près, ce que j'ai vu plus d'une fois (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 161).
[À l'occasion d'un sacrifice] Tuer un animal. Immoler, sacrifier un animal. Tuer n'est pas assassiner. Devant l'autel où brille une flamme épurée, Le bouc impur se change en victime sacrée (Hugo, Cromwell, 1827, p. 322).
Loc. verb.
Tuer le cochon. Abattre un cochon, à domicile, et procéder à la préparation immédiate de jambons, rillettes, saucisses, boudins dans une ambiance de fête et donnant lieu à des réjouissances. Aujourd'hui, il y a comme ça (...) la grosse Laure Duvernet qui va à la ferme des Glorias aider à tuer le cochon (Giono, Regain, 1930, p. 14).
Tuer le veau* gras. Tuer la poule aux œufs d'or. V. poule I A 4.Tuer le ver*. Tuer les mouches au vol/tuer les mouches à quinze pas. V. mouche I C 4.
[Dans un sens affaibli] Vieilli. Tuer son cheval (sous soi). Synon. épuiser, crever (fam.).Vous tuez votre cheval de le mener toujours au grand galop (Ac. 1835, 1878). À galoper comme cela, vous allez tuer votre cheval (Nouv. Lar. ill.).
P. métaph. J'ai parlé imprudemment (...) des restaurations des tableaux du Musée: le grand Véronèse, que ce malheureux Villot a tué sous lui (Delacroix, Journal, 1853, p. 84).
d) P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne un végétal] Abîmer, saccager. Un des plus sûrs moyens de tuer un arbre est de le déchausser et d'en faire voir les racines (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 346).J'ai le respect du pain. (...) Les moissons m'ont été sacrées, je n'ai jamais écrasé une gerbe, pour aller cueillir un coquelicot ou un bluet; jamais je n'ai tué sur sa tige la fleur du pain (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 36).
e) Au fig. Faire disparaître quelqu'un dans son rôle, sa qualité. Jubin rédigeait un journal par autorité de Justice. C'est-à-dire que les propriétaires le voulaient mettre à la porte, s'apercevant qu'il tuait l'abonné; mais la Justice a ses idées (...) et elle maintenait Jubin (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 35).Le gros négociant veut tuer le petit (Hamp, Champagne, 1909, p. 125).Effacer, détruire l'empreinte laissée par une personne, un peuple. L'Allemagne veut propager sa civilisation par la force. Elle veut tuer notre vie spirituelle propre. Ils ne viennent pas seulement tuer nos vivants, mais tuer nos morts, les empêcher de continuer leur immense action dans le monde (Barrès, Cahiers, t. 11, 1918, p. 350).Faire oublier, surpasser quelqu'un. Tuer un auteur, son modèle, son original. Sarah Bernhardt (...) par son sublime même, tuait autour d'elle tous les autres interprètes (Mauriac, Bloc-Notes, 1955, p. 173).
Synon. de étouffer.Le poëte [Sainte-Beuve] a été tué par le critique, par le lettré curieux que brûlait le feu de tout comprendre et de tout expliquer (Zola, Doc. littér., Sainte-Beuve, 1881, p. 217).
f) P. exagér. Tuer qqn (avec qqc.).Fatiguer, incommoder extrêmement. Il me tue avec ses compliments, ses criailleries; cet enfant me tue. Il avait souvent dit: « Ils me tueront, avec leur système de chauffage! » (Renard, Journal, 1900, p. 566).
2. Qqc. tue qqn
a)
α) [Le suj. désigne la cause (arme, projectile, substance mortelle) de la mort] Dans la reliure du volume, tu vois cette poudre grise que j'ai rapportée? Une pincée en tue son homme dans le quart d'heure (Montherl., Malatesta, 1946, iv, 9, p. 532).
β) [Le suj. désigne un élément naturel: la foudre, le cyclone, le feu, la mer...] La mer, en grande artiste, tue pour tuer, et rejette aux rochers ses débris, avec dédain (Renard, Journal, 1887, p. 4).
γ) [Le suj. désigne le chagrin, la maladie] Le gentilhomme est à la mort. C'est une de ces âmes tendres qui, ne connaissant pas la manière de tuer le chagrin, se laissent toujours tuer par lui (Balzac, Gobseck, 1830, p. 422).Il y a cent ans, une épidémie de peste a tué tous les habitants d'une ville de Perse (Camus, Peste, 1947, p. 1323).
δ) [Le suj. désigne le temps, la vie] La vie nous tue tous les jours un peu: pour Dieu, ne l'aidons pas à nous achever plus vite (Fromentin, Dominique, 1863, p. 143).Et s'il est vrai que toutes [les heures] blessent et la dernière tue, ainsi que l'affirme le cadran de la tour, les blessures du moins ne déchirent pas, mais endorment (Arnoux, Abisag, 1919, p. 309).
ε) P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animal, une espèce du monde animal] Détruire, exterminer. Ce procédé tue les ferments lactiques et les microbes pathogènes, mais respecte les spores des ferments de la caséine (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 242).Les produits arsenicaux tuent le doryphore (Davau-Cohen1972).
ζ) [Le compl. d'obj. désigne une plante] L'air gelé devient résistant, palpable tant il fait mal (...) il mord, traverse, dessèche, tue les arbres, les plantes (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Amour, 1886, p. 738).
b) P. exagér.
α) Excéder, épuiser de fatigue. Ce travail l'a tué. Tous les plaisirs tuent, et sont aimés (Alain, Propos, 1914, p. 187).
β) Faire succomber moralement, désespérer. Ennui, secrets, souvenirs, impuissance, solitude qui tue(nt) qqn. Il est des injures qui tuent moralement leur homme si elles restent impunies, et qui cependant ne peuvent se réparer par la voie des tribunaux (Proudhon, Guerre et paix, 1861, p. 219).Et elle répétait, le corps plein d'un deuil qui la tuait de stupeur:Qu'y a-t-il d'autre que l'amour... (Noailles, Nouv. espér., 1903, p. 116).
P. anal. [Le suj. désigne notamment un élém. de la vie intellectuelle ou morale] L'esprit humain ne répugne pas trop à l'erreur, mais il est maladroit de la lui servir à trop forte dose; alors elle tue ou n'agit pas (Cousin, Hist. philos. mod., t. 1, 1846, p. 80).Si le contradictoire et l'absurde tuaient, nous mourrions tous au sortir du ventre maternel (Arnoux, Solde, 1958, p. 111).
γ) Mettre en difficulté pécuniaire. Synon. écraser.Il me serait impossible de grappiller cette année dix mille francs sur mon ambassade. Les frais d'établissement me tuent (Chateaubr., Corresp., t. 5, 1822, p. 281).
δ) Fam. Faire taire, stupéfier. Môssieu, que j'y lui ai répondu, c'est pas la position qui dégrade l'homme... Ça l'a tué (Méténier, 1887ds Larch. Suppl. 1889, p. 246).
B. − Qqn/qqc. tue qqc.
1. Qqn tue qqc. (+ compl. prép.)
a)
α) Vieilli ou région. (Touraine). Éteindre. Tuer le feu (DG). Tuer la chandelle (Rougé, Folkl. Touraine, 1949).
β) Tuer le goût de qqc. Étouffer, altérer le goût d'un mets, d'une boisson, d'un aliment par quelque chose de plus fort. (Dict. xxes.).
b) P. métaph. ou au fig. Étouffer, faire cesser, faire taire. Tuer un bruit, une légende, un désir, une initiative; tuer l'action, l'avenir, la confiance, la foi, l'imagination, la liberté, la pensée; tuer la monarchie, la république, la révolution, les institutions. Le banqueroutier, l'adroit capteur de successions, le banquier qui tue une affaire à son profit ne produisent que des déplacements de fortune (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 716).Tu as un peu de la voix des prophètes lorsque tu ne te noies pas dans les âneries des théoriciens qui t'entourent, lesquels tuent toute grandeur, toute générosité, toute poésie (Jammes, Corresp.[avec Gide], 1902, p. 191).
SPECTACLES. Faire échouer. Il suffit qu'un acteur se « désaccorde » pour tuer un spectacle. Il y a là quelque chose de comparable à une conversation où l'interlocuteur parle à quelqu'un qui n'écoute pas (Arts et litt., 1936, p. 64-12).
[P. méton. du suj.] Tes yeux dépassent tous les ciels (...) Flèches de joie, ils tuent le temps, ils tuent l'espoir et le regret, ils tuent l'absence (Éluard, Donner, 1939, p. 69).
Loc. verb.
Tuer (le temps) (fam.). Occuper, passer le temps (en l'absence de toute autre occupation). J'entrai au cercle, espérant rencontrer un camarade avec qui tuer un peu de nuit avant d'aller me coucher (Bourget, Physiol. amour mod., 1890, p. 9):
1. Le mieux que nous ayons à faire, c'était de tuer le temps en attendant... En attendant quoi? Je suivais d'un regard hébété les hommes casqués qui couraient sur la pelouse d'un vert agressif, et je me répétais avec anxiété: tuer le temps! Alors que nous n'avons pas une heure à gâcher. Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 314.
P. anal. Tuer l'ennui. Aux Jacobins les coups de dix heures retentirent (...) d'un geste instinctif, tous, pour tuer l'attente, tirèrent leur montre du gousset, la réglant (Estaunié, Simple, 1891, p. 38).
Tuer (qqc.) dans l'œuf*.
c) ALIM. Provoquer un accident dans la fabrication (d'une boisson, notamment du cidre) qui se traduit par une coloration noire et une perte de saveur (d'apr. Clém. Alim. 1978).
d) TECHNOL., FORAGE. Tuer un puits. Vaincre la pression des fluides rencontrés dans un forage (d'apr. Pétrol. 1964).
2. Qqc. tue qqc.
a) Causer la disparition de quelque chose, avoir raison de quelque chose. Le train a tué la diligence; les grandes surfaces ont tué le petit commerce. Lorsque naît une grande invention, il semble qu'on soit saisi de peur et qu'obligatoirement, pour reprendre l'expression de Victor Hugo « ceci doive tuer cela ». On a craint que le disque tue le livre (Disque Fr., 1963, p. 5).P. métaph. Mon père, qui n'est pas domestique, ménage avec des frissonnements qui font mal, un pantalon de casimir noir, qui a avalé déjà dix écheveaux de fil, tué vingt aiguilles, mais qui reste grêlé, fragile et mou! (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 63).
b) Anéantir; détruire, ruiner. Tuer l'intérêt de qqc.; tuer l'honneur, la carrière de qqn. Toute révolution politique, dit M. Cousin, est une idée qui se réalise, c'est-à-dire une idée qui abroge une idée antérieure, qui la tue (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p. 219).Il était d'autant plus difficile aux successeurs de faire du neuf que vingt ans de copie industrielle avaient tué chez le grand public le goût de la nouveauté (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 172).
[P. réf. à l'oppos. lettre, mot/pensée et p. réf. à la loc. la lettre tue, l'esprit vivifie tirée de la 2elettre aux Corinthiens (3, 6)] J'appelle erreur ce qui tue, et vérité ce qui vivifie (L. Daudet, Stup. XIXes., 1922, p. 272).Le Saint Père a vécu chez nous. Il sait de quels fonds intégristes montent certaines dénonciations, et que l'intégrisme, c'est la Lettre devenue virulente, la Lettre qui tue (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1959, p. 266).
c) BEAUX-ARTS. [En parlant d'un effet, d'une couleur éclatante, d'une lumière trop vive qui en affaiblit un/une autre] Atténuer , neutraliser. Le fond tue les figures [dans les Lutteurs de Courbet], et il faudrait en ôter plus de trois pieds tout autour (Delacroix, Journal, 1853, p. 19).La patine que cet or prend en vieillissant ne fait pas toujours mauvais effet, car elle tue le brillant de l'or employé; le seul ennui, c'est que l'effet futur est très aléatoire (Closset, Trav. artist. cuir, 1930, p. 50).
II. − Empl. pronom.
A. − réfl. Qqn se tue
1.
a) S'ôter la vie. Synon. se suicider, se donner la mort (v. donner I C 1 a β), se noyer, se pendre, se poignarder, se brûler*, se faire sauter* la cervelle, se loger*, se tirer une balle* dans la tête, (se) faire hara-kiri*, se détruire (fam.), se supprimer (fam.), se zigouiller (arg.).Se tuer pour échapper au déshonneur, à la torture. Elle ouvrit la fenêtre pour se tuer ou se sauver; elle n'en savait rien (A. France, Jocaste, 1879, p. 137):
2. Schopenhauer invite chaque homme, non pas au suicide matériel, mais à une mortification de tous ses désirs. Il ne s'agit pas de se donner la mort. « Quiconque se tue, veut la vie: il ne se plaint que des conditions sous lesquelles elle s'offre à lui ». La volonté de vivre persiste. Or c'est elle qu'il faut anéantir ou, du moins, endormir. Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1272.
Rare. [D'une manière virtuelle] Le suicide est comparable au geste désespéré du rêveur pour rompre son cauchemar. Celui qui par effort se tire d'un mauvais sommeil, tue; tue son rêve, se tue rêveur (Valéry, Tel quel II, 1943, p. 114).
b) Trouver la mort dans un accident. Synon. fam. se casser, se rompre le cou*.Se tuer dans un accident (d'avion, de train, du travail); se tuer en tombant d'un toit; se tuer en montagne, en mer; se tuer au volant de sa voiture. L'enfant pencha le buste hors de la fenêtre sans répondre et ses deux pieds quittant le sol, elle poussa un cri de terreur.Tu pourrais te tuer, galopin, fit-elle (Bernanos, Crime, 1935, p. 851).
2. Fam. [Dans un sens affaibli]
a) Se donner beaucoup de mal, se fatiguer à l'extrême; compromettre sa santé. Se tuer à l'ouvrage, au travail, à la peine; se tuer à force de travail, à force de boire; se tuer de travail; se tuer à plaisir; se tuer pour élever ses enfants, pour entretenir sa famille. Je viens de la machine. Ils se tuent pour tenir la vitesse. La chaufferie est à modifier complètement... Et moi, j'ai promis d'arriver coûte que coûte (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 83).En se tuant à la tâche, sans équipement, les paysans ne peuvent parvenir à un volume de production qui leur procurera un revenu net susceptible de leur donner les avantages de la société moderne (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 162).
Se tuer à + inf.S'évertuer inutilement à. Se tuer à faire des remontrances à qqn, à lui répéter toujours la même chose. J'ai tout vendu! Mon Dieu! Tout vendu! (...) Je me tue à te dire! Tout au « Crédit Lémenthal »!... à Monsieur Rambon! Tu le connais bien? Au contentieux! Y avait plus autre chose à faire! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 547).
Rem. Hanse ds Dupré 1972 note: ,,L'expression se tuer de s'est employée autrefois [...] avec le sens parfois discutable de « faire incessamment ». Son ami se tuait de lui dire [...] Ce tour semble sorti de l'usage courant. On dirait se tuer à``.
b) Empl. réfl. indir. Se tuer (telle partie du corps) à. S'abîmer (telle partie du corps) à. Il y a en ce moment, des millions de pauvres enfants, enfermés dans des salles froides, qui se tuent les yeux et l'esprit à épeler le monde sur de sales bouts de papier (Zola, Contes Ninon, 1864, p. 291).Se tuer (l'esprit, l'âme) à. Se fatiguer à l'extrême à. Il y a manière pour un artiste de vivre de son corps sans se tuer l'âme dans ce métier-là (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 296).
3.
a) P. exagér. Se tuer l'un l'autre, les uns les autres. Synon. s'entre-tuer, s'entr'égorger.[Gervaise] saisit enfin l'une des boucles, une poire de verre jaune; elle tira, fendit l'oreille; le sang coula. Elles se tuent! Séparez-les, ces guenons! dirent plusieurs voix (Zola, Assommoir, 1877, p. 398).
[En parlant d'un endroit où l'affluence est excessive] La pièce nouvelle a un succès fou, on s'y tue (Ac.1935).
b) P. anal., BEAUX-ARTS. Se ternir, s'affaiblir mutuellement. Ces lumières se tuent. Ces deux nuances se tuent mutuellement, elles se ternissent l'une l'autre (Littré). Dans ce tableau simplifié (...) tout ce que le peintre a voulu exalter se manifeste beaucoup plus nettement que dans la composition où tous les éléments se contredisent, se nuisent, se tuent (Arts et litt., 1935, p. 84-08).
B. − à sens passif
1. Qqn se tue.[Le suj. désigne un animal] Être, devoir, pouvoir être tué. Les bœufs se tuent avec un maillet de fer, les porcs avec un couteau (Besch.1845-46).
2. Qqc. se tue.Être détruit, effacé. Le temps, le chagrin se tuent par le travail, l'étude, les voyages (Besch.1845-46).
Prononc. et Orth.: [tɥe], (il) tue [ty]. Homon. tu. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 « ôter (à quelqu'un) la vie d'une manière violente » (Grand mal fit Adam, éd. H. Suchier, 9); ca 1200 « égorger ou assommer (des animaux de boucherie) » (Nardin, Lexique comparé des fabliaux de Jean Bedel); 1559 tué subst. « personne qui a été tuée » (Amyot, Vies, Galba, 33 ds Littré); b) 1553 la bouche qui ment, tue (lat. occidit) l'ame (Bible de l'imprimerie Gerard, Sap 1, 11); 1690 « faire périr (les plantes, en parlant du froid) » (Fur.); c) ca 1276 soi tuer « compromettre sa santé » (Adam de La Halle, Jeu d'Adam, 1003 ds T.-L.); 1462 se tuer de (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1813); 1633 se tuer de « se donner beaucoup de peine pour » (Corneille, Veuve, III, 4); 1659 se tuer à (La Mesnardière, Poésies ds Livet); 1538 se tuer « se donner la mort » (Est., s.v. manus sibi afferre); 1718 se tuer « être tué par accident » (Ac.); 2. a) 1468 tuher « éteindre (un feu) » (doc. de Vienne ds Gdf. Compl.); b) ca 1140 tuer (qqn) « faire perdre connaissance » (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 541); ca 1150 soi tuer « s'évanouir » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 6004); ca 1160 soi tuer « provoquer en soi un état de prostration » (Eneas, 4901 et 4929 ds T.-L.); ca 1165 soi tuer « faillir mourir » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 22137, ibid.); c) 1549 tuer qqn « importuner extrêmement (en parlant d'un récit ennuyeux, etc.) » (Est.); 1608 tuer le tans « s'amuser à des riens » (Régnier, Satyres, VIII, 118, éd. G. Raibaud, p. 85); d) 1616 tuer (l'espoir) « faire disparaître, anéantir » (D'Aubigné, Tragiques, éd. E. Réaume et De Caussade, t. 4, p. 221); e) 1746 tuer (une couleur) « en détruire l'effet par un contraste (terme de peinture) » (Marsy, Dict. de peint. et d'archit., t. 2, p. 289); f) 1752 se tuer (en parlant du cidre) « noircir après avoir été tiré du tonneau » (Trév.). Continue le lat. pop. *tutare, lat. class. tutari « protéger, garantir de », qui semble être devenu synon. de exstinguere « éteindre » et « tuer ». On trouve dès le 1ers. les expr. tutare famem, sitim synon. de extinguere famem, sitim « éteindre la faim, la soif », cf. aussi a. prov. tu(d)ar « éteindre, tuer », ital. attutare, stutare « éteindre; adoucir, calmer ». Le sens de « éteindre » a été conservé en fr. class. de même que dans certains parlers de la Bretagne à la Savoie. V. aussi occire. Fréq. abs. littér.: 9 163. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 11 999, b) 13 543; xxes.: a) 14 750, b) 12 597.
DÉR. 1.
Tuable, adj.,fam. a) Qui peut être tué, qui mérite d'être tué. Nous étions la gent corvéable, taillable et tuable à volonté; nous ne sommes plus qu'incarcérables (Courier, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1819, p. 11).b) Bon à tuer pour être consommé. Ce cochon est tuable. Ces poulets sont tuables (Besch. 1845-46). [tɥabl̥], [tyabl̥]. Att. ds Ac. 1762-1878. 1resattest. a) 1566 [éd.] « qu'on peut tuer » (H. Estienne, Apologie pour Hérodote, p. 266 ds Gdf. Compl.), b) 1812 « bon à tuer (en parlant d'un animal) » (Mozin-Biber); de tuer, suff. -able*.
2.
Tuage, subst. masc.a) α) Action de tuer. Le tuage d'un bœuf, d'un cochon. Au fig. [P. réf. à la loc. verb. tuer le ver*] L'un et l'autre éméchés un brin par le tuage matinal du ver (La Petite lune, 1878-79, no45, p. 3). β) ,,Prix que l'on donne pour faire tuer un animal de boucherie`` (Flick 1802). b) Technol., forage. [Corresp. à supra I B 1 d] ,,Opération par laquelle on supprime un puits de pétrole au moyen d'explosifs`` (Rob. 1985). Le système de sécurité pour le « tuage » des puits en cas d'accident (Sciences et Avenir,avr. 1981,p. 34, ibid.). [tɥaʒ], [tya:ʒ]. 1resattest. 1200-20 tuage « redevance que l'on payait pour l'abattage du bétail » (Peage de Sens ds Bibl. Éc. Chartes, t. 27, p. 292), 1680 « abattage du bétail » (Rich.), 1802 « prix que l'on donne pour faire tuer un animal de boucherie » (Flick); de tuer, suff. -age*.
BBG.Bonan Garrigues (M.), Élie (J.). Essai d'anal. sémique... Cah. Lexicol. 1971, no19, pp. 88-89. − Foster (Br.). The Semantic history of « tuer ». In: [Mél. Girdlestone (C. M.)]. Newcastle, 1960, pp. 107-123. − Gohin 1903, p. 348. − Nyrop (Kr.). Le Verbe tuer. In: Nyrop (Kr.). Ling. et hist. des mœurs. Paris, 1934, pp. 274-279. − Quem. DDL t. 25. − Vising (J.). Ét. étymol. sur fr. tuer... In: [Mél. Rajna (P.)]. Firenze, 1911, pp. 395-405.

Wiktionnaire

Verbe - français

tuer \tɥe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se tuer)

  1. Ôter la vie d’une manière violente ; ne se dit pas quand il s’agit d'une euthanasie, ni à la forme pronominale dans le cas d’une mort accidentelle par noyade, étouffement ou empoisonnement : on emploie alors se noyer, s’étouffer, s’empoisonner.
    • Le conducteur de la voiture, un homme âgé de 37 ans, a été tué sur le coup.
    • Une centaine d’hommes gisent sur le pavé ; les uns sont tués roides, d’autres atteints mortellement. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Sous la première République, au moment même où toute l’Europe nous tombait sur le dos, c’est les curés qui ont excités la guerre civile en Vendée, fanatisant les paysans, les menant au combat, et leur promettant le paradis s’ils étaient tués. — (Émile Thirion, La Politique au village, page 203, Fischbacher, 1896)
    • Un autre eût quitté une pareille femme, il l’eût tuée peut-être : moi, je me remis à l’aimer. — (Octave Mirbeau, La tête coupée,)
    • Il éprouvait le besoin de tirer sur ces deux hommes. Il voulait tirer dessus, et se disait en même temps que les tuer ainsi serait une action horrible. Les deux aspects incompatibles du primitif et de l’homme civilisé luttaient en lui. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 354 de l’édition de 1921)
    • Il était question dans la complainte d’un assassin qui expose aux juges les raisons qui l’ont poussé à tuer sa maîtresse. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Je ne pus réussir à attraper un seul requin […]. Et cependant, lorsque je tuais l’un d’entre eux avec ma carabine sprinfield, c’était aussitôt une bataille féroce autour du festin cannibale. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
  2. Provoquer une mort violente par accident, provoquer une mort naturelle en parlant des maladies.
    • Le conducteur de la voiture, un homme âgé de 37 ans, a été tué sur le coup.
    • Une tuile lui tomba sur la tête et le tua.
    • Il a été tué par la foudre.
  3. (Par extension) Causer la mort.
    • C’est vrai qu’aujourd’hui, les inégalités tuent en Seine-Saint-Denis. Ces profondes injustices, que plus personne ne peut choisir d’ignorer, il faudra s’y attaquer de front, avec des actes. — (Collectif, Coronavirus : « Les inégalités tuent aujourd’hui en Seine-Saint-Denis », Le Monde. Mis en ligne le 11 avril 2020)
  4. (Par hyperbole) Fatiguer excessivement le corps, altérer la santé.
    • Le chagrin le tue.
    • Vous vous tuez à mener une pareille vie.
    • Il se tue à force de travailler.
  5. (Par hyperbole) Incommoder, importuner extrêmement.
    • Ce récit est d’une longueur, d’un ennui qui tue.
    • Le grand bruit me tue.
  6. (Figuré) Faire disparaitre ; anéantir.
    • Des usines s'élevèrent sur tous les points du territoire, tuant lentement mais sûrement l'artisanat des campagnes. Le premier coup lui fut porté par la création des bateaux à vapeur, qui anéantit l'industrie, si florissante des toiles à voiles. — (Marie Soraye-Racapé, Janzé, ses origines, son histoire, Janzé : chez l'auteur, 1968, p. 116)
  7. (Figuré) Détruire l’effet d’une chose.
    • Cela tue l’effet du spectacle.
    • Le voisinage de ce tableau-là tue celui-ci.
    • On peut tuer un poème, comme on peut lui donner des ailes, rien qu'en le lisant. — (Mustapha Fahmi, La leçon de Rosalinde, éditions La Peuplade, Chicoutimi (Québec), 2018, page 95)
  8. Dissiper, occuper, en parlant du temps, de la durée.
    • Les gens se donnent beaucoup de mal pour tuer leur vie heure à heure. Encore n'en sont-ils pas capables tout seuls, il faut qu'on les dirige. Une revue a été créée dans ce but : signaler aux Parisiens, de façon méthodique, les occasions qui leur sont offertes de perdre leur temps. — (Henry de Montherlant, Les lépreuses, 1939, chapitre 5)
    • Nous tuons les longues heures comme nous le pouvons, chacun y mettant du sien — toujours pour les autres. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Et il y avait près de deux heures à tuer. Il hésita entre rester assis sur son banc ou reprendre le métro, mais où aller ? — (Pierre Lemaître, Au revoir là-haut, Albin Michel, Paris, 2013, page 285)
  9. (Pronominal) Se suicider.
    • Un jeune homme que je connaissais à Evian s’est tué sous la fenêtre d’une de mes amies qui avait été coquette avec lui. — (Maurice Rostand, La Solitude passionnée, 1925)
    • La motivation qui pousse à se tuer et donc à tuer ses propres divinités est plus grave, karmiquement, que la motivation qui conduit à tuer une autre personne […]. — (Louis-Vincent Thomas, Mélanges thanatiques: deux essais pour une anthropologie de la transversalité, L’Harmattan, 1993, page 193)
    • Marat vint à la Convention, monta à la tribune, et pistolet sur la tempe menaça de se tuer si la calomnie l’accusant de la « septembrisade » ne cessait pas. Danton écourta la tragi-comédie. — (Isabelle Siac, Le Talent ou la Vertu, Place Des Éditeurs, 2016)
  10. (Pronominal) (Par hyperbole) (Suivi de la préposition à et d'un infinitif) Se donner beaucoup de peine.
    • Je me tue à vous répéter toujours la même chose.
    • Et enfin les autres se tuent à remarquer toutes ces choses, non pas pour en devenir plus sages, mais seulement pour montrer qu'ils en connaissent la vanité [...]. — (Blaise Pascal, Pensées)
  11. (Centre-Ouest) Éteindre en parlant d'une bougie, d'une chandelle. (Note : ne s'emploie plus guère que dans tue la chandelle, qui s'utilise encore à la campagne pour signifier éteins la lumière
    • [...] il regarde ce ravage, il croit que c'est le chat; il tue la chandelle et se met dans son lit,[...]. — (Giuliana Colajanni, Les scénarios franco-italiens, Edizioni di storia e litteratura, Rome 1970)
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Littré (1872-1877)

TUER (tu-é), je tuais, nous tuions, vous tuiez ; que je tue, que nous tuions, que vous tuiez v. a.
  • 1Frapper, assommer ; sens primitif, aujourd'hui tout à fait oublié.
  • 2Éteindre (voy. à l'étymologie comment frapper a passé au sens d'éteindre).Tuer le feu, la chandelle. On doute pour quelle raison Les destins si hors de saison De ce monde l'ont appelée ; Mais leur prétexte le plus beau, C'est que la terre était brûlée, S'ils n'eussent tué ce flambeau, Malherbe, VI, 14.

    Terme d'alchimie. Tuer l'eau philosophale, la fixer en continuant toujours le feu.

    L'un tue l'autre, le fixe et le volatil se détruisent l'un l'autre.

  • 3Par généralisation de l'idée de frapper, d'assommer, ôter la vie d'une manière violente. Tant que personne ne leur résiste [aux Espagnols qui avaient pris Corbie], ils tiennent courageusement la campagne, ils tuent nos paysans et brûlent nos villages, Voiture, Lett. 74. Les gens que vous tuez se portent assez bien, Corneille, Ment. IV, 2. Le voyage de Fontainebleau est rompu par une des plus cruelles nouvelles du monde qui vient d'arriver ce soir : un coup de canon a tué M. de Turenne le 27, sur les neuf heures du matin, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 379. Il [Abimélech] appela son écuyer, et lui dit : Tirez votre épée et tuez-moi, de peur qu'on ne dise que j'ai été tué par une femme ; l'écuyer, faisant ce qu'il lui avait commandé, le tua, Sacy, Bible, Juges, IX, 54. C'est un de ces braves de profession, de ces gens qui sont tout coups d'épée… qui ne font non plus de conscience de tuer un homme que d'avaler un verre de vin, Molière, Scapin, II, 8. Pourquoi me tuez-vous ? Eh quoi ! ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ? mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin, et cela serait injuste de vous tuer de la sorte ; mais, puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave, et cela est juste, Pascal, Pens. VI, 3, édit. HAVET. Quand il est question de juger si on doit faire la guerre et tuer tant d'hommes, condamner tant d'Espagnols à la mort, c'est un homme seul qui en juge, et encore intéressé ; ce devrait être un tiers indifférent, Pascal, ib. VI, 9. Au passage de l'Issel, sous les ordres de M. le Prince, M. de Longueville a été tué ; cette nouvelle accable, Sévigné, 147. On tue beaucoup de fanatiques [protestants] et on espère en purger le Languedoc, Maintenon, Lett. au duc de Noailles, 14 mai. Ou qu'il voit la justice en grosse compagnie Mener tuer un homme avec cérémonie, Boileau, Sat. VIII.

    Tuer un homme à terre, le tuer quand il est abattu. N'avez-vous pas reçu ma lettre où je vous donnais la vie [dans le duel entre Mme de Sévigné et Bussy], et ne voulais pas vous tuer à terre ? Boileau, à Bussy, 4 déc. 1668.

    Se faire tuer, périr dans un combat. Il se fera tuer comme mon frère ; il vaudrait bien mieux qu'il fût sous-diacre, Voltaire, l'Ingénu, 7.

    Se faire tuer signifie aussi chercher la mort, de propos délibéré.Il s'est fait tuer plutôt que de se rendre.

    Impersonnellement, au passif.Il fut tué beaucoup de gens dans la dernière bataille.

    Absolument. Il [l'homme] tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s'instruire, il tue pour s'amuser, il tue pour tuer, J. de Maistre, Soirées de St-Pétersbourg, Entretien 7. Sommes-nous des soldats qui tuent et se font tuer pour des intérêts qu'ils ignorent ? Beaumarchais, Mar. de Fig. v, 12.

    Tue, tue, exclamation de gens qui en attaquent d'autres et ne veulent en épargner aucun. M. de Longueville et ceux qui le suivirent de plus près, croyant avoir trouvé un chemin pour forcer la barrière, commencèrent à crier : Tue, tue, sans quartier, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 143.

    Substantivement. Au premier bruit qu'ils firent d'un tue, tue, on leur répondit si bien par de grands cris de Vive le roi, qu'ils ne passèrent pas plus avant, Pellisson, ib. t. III, p. 172.

    Fig. À tuer chiens, s'est dit de prétextes, comme quand on veut tuer son chien. Des objections à tuer chiens, D'Argenson, Mém. t. II, p. 299.

  • 4Faire périr d'une manière quelconque, de mort violente ou par maladie.Une tuile lancée du haut d'un toit tua Pyrrhus.C'est une apoplexie qui l'a tué. La faim [dans Jérusalem assiégée] en tuait plus que la guerre, et les mères mangeaient leurs enfants, Bossuet, Hist. II, 8. Dieu veuille que quelque gelée ne me tue pas à Berlin, comme le froid de Stockholm tua Descartes ! Voltaire, Lett. Thiriot, 27 nov. 1736. Elle aimait trop le bal, c'est ce qui l'a tuée, Hugo, Orient. 33.

    Fig. En termes de l'Écriture, tuer l'âme, la souiller, lui faire perdre le bonheur éternel. Je sais que le trouble intérieur est la peine de tout péché qui tue l'âme, Massillon, Carême, Enf. prod.

  • 5Causer la mort. Le bruit qui a couru de ma mort ne m'a point tué, Guez de Balzac, liv. IX, lett. 34. J'approuve extrêmement le dessein que vous faites de vous désabuser de la fortune, et de la quitter comme une dangereuse maîtresse ; ses caresses et ses mépris sont également à craindre ; d'une façon ou d'autre, elle tue tous ses amants, Voiture, Lett. 44. Ma vengeance est perdue, S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue, Racine, Andr. IV, 4.

    Il se dit d'un médecin qui, par inhabileté, cause la mort du malade. Le frère de Mme de Coulanges est mort ; on dit que c'est le cordelier qui l'a tué ; et moi, je dis que c'est la mort, Sévigné, 466.

  • 6Il se dit des animaux qu'on met à mort.La cuisinière a tué le poulet.Tuer des perdrix.Nous avons chassé toute la journée sans rien tuer. Non, j'ai tué fort peu, tout au plus trois levrauts, Autant de cailles, oui, peut-être dix perdreaux, Collin D'Harleville, M. de Crac, sc. 9.
  • 7Il se dit des bouchers qui égorgent ou assomment les animaux.Tuer des bœufs, des moutons.

    Dans le langage familier.Ce boucher tue de meilleure viande que tel autre.Les bouchers, en été, tuent leur viande pendant la nuit.

    Absolument.Ce boucher ne tue qu'une fois par semaine.

  • 8Faire périr, en parlant des arbres, des plantes ou des insectes.Le grand froid a tué les oliviers.Il est recommandé de tuer les chenilles.

    Populairement. Tuer le ver, voy. VER.

  • 9 Par exagération, causer une fatigue, une peine excessive, compromettre la santé, la vie.Il porte de trop grands fardeaux, cela le tue.Vous tuez votre cheval de le mener toujours au grand galop. Albe vous a choisi, je ne vous connais plus. - Je vous connais encore, et c'est ce qui me tue, Corneille, Hor. II, 3. Deux heures durant, dans une posture qui tue la poitrine, Sévigné, 5 nov. 1684. Elle [ma tante] me fait des caresses qui me tuent ; elle parle de sa mort comme d'un voyage, Sévigné, 20 avr. 1672. Vous n'y êtes pas [auprès de moi], et c'est ce qui me tue ; vous faites du bien où vous êtes, et c'est ce qui me console, Maintenon, Lett. au duc de Noailles, 27 déc. 1710. Mais ne différez point : chaque moment vous tue, Réparez promptement votre force abattue, Racine, Phèdre, I, 3. On sent le vide du plaisir ; il est des moments de réflexion qui vous tuent, Massillon, Mystères, Visitation. Son âme tuait son corps, Voltaire, l'Ingénu, 19. Abrégeons cet entretien ; malgré tout le charme que j'y trouve, il me tue, Genlis, Théât. d'éduc. la Curieuse, IV, 7.

    Absolument. Cette vie me tourmente trop, il est trop question de moi, on ne se peut cacher, cela tue, Sévigné, 24 juill. 1689.

    Se tuer le corps et l'âme, se donner beaucoup de peine. Il se dit des peines mortelles que cause l'amour Fuyez un ennemi qui sait votre défaut, Qui le trouve aisément, qui blesse par la vue, Et dont le coup mortel vous plaît quand il vous tue, Corneille, Poly. I, 1.

  • 10 Fig. Importuner, incommoder.Le grand bruit me tue. Adieu, mon très cher comte, je vous tue par la longueur de mes lettres, Sévigné, 13.
  • 11Compromettre causer la chute, la ruine.Les acteurs ont tué l'ouvrage. On pourra regarder comme une espèce de paradoxe ce que nous venons de dire, que les Lettres Provinciales, publiées en 1656, ont tué les jésuites cent ans après, en 1760, D'Alembert, Élog. Bossuet. note 14. C'est en France qu'on a dit ce mot : la légalité nous tue, Laugel, Rev. des Deux-Mond. 15 mai 1872, p. 300.

    Tuer un auteur, tuer son original, son modèle, le surpasser au point de le faire oublier.

  • 12 Fig. Faire disparaître, annuler, écarter. Tuez ce qui vous tue, armez-vous de constance, Rotrou, Bélis. II, 2.

    Cela tue l'effet du spectacle, cela tue tout le plaisir de la partie, cela le contrarie, le détruit, l'anéantit. Payer jusqu'aux sourires des femmes ! c'est tuer le plaisir, et non le temps, P. de Musset, Rev. des Deux-Mond. 1er déc. 1854, p. 963.

    Tuer un poëte, ôter, en le traduisant, tout éclat poétique. Hic gelidi fontes… traduisez ave l'abbé Desfontaines : Que ces clairs ruisseaux, etc. et vantez-vous d'avoir tué un poëte, Diderot, sur Térence.

    Tuer le temps, s'occuper de choses futiles pour échapper à l'ennui. [Des vers] Que, pour tuer le temps, je m'efforce d'écrire, Régnier, Sat. VIII.

    On dit aussi quelquefois : tuons le temps qui nous tue.

  • 13 Terme de peinture. Se dit quelquefois de l'effet d'une couleur, d'une lumière, qui en détruit, en affaiblit une autre.

    On dit de même qu'une figure en tue une autre.

    Se dit aussi dans le langage ordinaire.Si vous mettez votre robe bleue, je ne mettrai pas la mienne ; la vôtre est d'un bleu plus vif et tue la mienne complétement.

  • 14 Absolument. La lettre tue, quand on s'attache servilement aux mots, on ne saisit pas la pensée. La lettre tue : tout arrivait en figures, il fallait que le Christ souffrît, Pascal, Pens. XVI, 8 bis, éd. HAVET. Répétez souvent que la lettre tue, et que c'est l'esprit qui vivifie, Fénelon, t. XVII, p. 70.

    Cela se dit aussi d'un traducteur servile.

  • 15Se tuer, v. réfl. Se donner la mort, par accident ou volontairement. Il s'est tué en tombant de cheval. Brutus et Cassius se tuèrent avec une précipitation qui n'est pas excusable, Montesquieu, Rom. 12. Il n'y avait point de loi civile à Rome contre ceux qui se tuaient eux-mêmes, Montesquieu, Esp. XXIX, 9. Il y a une loi de Marc-Aurèle qui ordonne de ne point confisquer les biens de ceux qui se sont tués, Voltaire, Lett. Thibouville, 10 nov. 1777. On ne se tue point pour les douleurs de la goutte ; il n'y a guère que celles de l'âme qui produisent le désespoir, Rousseau, Ém. I.

    Se donner la mort l'un à l'autre.Les deux adversaires, tirant en même temps, se tuèrent l'un l'autre.

    Par exagération, on s'y tue, se dit d'un endroit où l'affluence est excessive.

  • 16Nuire au corps, à la santé.Vous vous tuez à mener une pareille vie.Il se tue à boire. Je vous demande la grâce de ne vous point tuer pour moi, et que je n'aie point la douleur de contribuer à détruire une vie pour laquelle je donnerais la mienne, Sévigné, 378. J'ai pensé me tuer depuis trois mois, afin d'achever un morceau que je veux y mettre [dans l'Esprit des lois]… je vous jure que cela m'a coûté tant de travail, que mes cheveux en ont blanchi, Montesquieu, Lett. à Mgr Cerati, 18 mars 1748. Faudra-t-il que M. le marquis se tue à calculer une éclipse, quand il la trouve à point nommé dans l'almanach ? Voltaire, Jeannot et Colin.

    Se tuer à plaisir, faire sans nécessité des choses qui nuisent à la santé.

  • 17Se donner beaucoup de peine. Les autres [les érudits] se tuent pour remarquer toutes ces choses, non pas pour en devenir plus sages, mais seulement pour montrer qu'ils les savent, Pascal, Pens. IV, 2, éd. HAVET.

    On dit ordinairement se tuer à. On se tue à vous faire un aveu des plus doux, Molière, Tart. IV, 5. Pour moi, je ne me tue point à écrire ; je lis, je travaille, je me promène, je ne fais rien, Sévigné, 224. Il [Chapelain] se tue à rimer : que n'écrit-il en prose ? Boileau, Sat. IX. Montesquieu, dans ses Lettres persanes, se tue à rabaisser les poëtes, Voltaire, Lett. Saurin, 28 déc. 1768. Figurez-vous ce que c'est que de faire imprimer à la fois son Siècle et une nouvelle édition de ses pauvres œuvres ; de se tuer du soir au matin à tâcher de plaire à ce public ingrat, Voltaire, Lett. d'Argental, 28 août 1751. Pour moi, quand je me tuerais par mes travaux, le nom de Durand n'en deviendrait pas plus célèbre, Genlis, Théât. d'éduc. le Magistrat, II, 4.

  • 18Se tuer de, faire incessamment. Je me tuais moi-même à tous coups de lui dire Que mon âme pour lui n'a que de la froideur, Corneille, Veuve, III, 4. Le bruit est grand autour d'elle [une dame à qui on prétendait que Monsieur faisait la cour] ; Monsieur en est au désespoir ; il se tue de dire qu'elle ne prétend à rien, Sévigné, t. x, p. 148, dans POUGENS. Son ami [de Matha] se tuait de lui dire, qu'ils [ses procédés de galanterie] étaient insolents plutôt que familiers, Hamilton, Gram. 4. Je me tue de vous faire signe que j'ai quelque chose à vous dire, Brueys, Muet, IV, 7.
  • 19Ces deux nuances se tuent mutuellement, elles se ternissent l'une l'autre.
  • 20On dit que le cidre se tue ou est tué, lorsque, restant en vidange, il prend une teinte brune et perd de sa saveur.
  • 21À tue-tête, loc. adv. Très fort, en parlant de la voix (si fort que l'on tue, casse la tête). Ils parlent tous à tue-tête, Scarron, Virg. VI. Un jour d'audience, où se trouvaient les ambassadeurs et nombre de gens distingués, le cardinal [Dubois], importuné par quelqu'un, l'envoya promener en termes grenadiers, jurant et criant à tue-tête, Duclos, Œuv. t. VI, p. 135. Dans l'instant, nous avons commencé un duo que nous avons chanté un peu faux, mais à tue-tête, Genlis, Ad. et Th. t. II, p. 284, dans POUGENS.

    PROVERBE

    Tel fiert qui ne tue pas, tous les coups ne sont pas mortels.

REMARQUE

On ne se sert pas du verbe tuer en parlant des morts violentes par exécution de justice, ni en parlant de ceux qui ont été noyés, étouffés ou empoisonnés

HISTORIQUE

XIIe s. Icel orage e cel tempiz Lur dura tant que port unt pris En Engleterre, ceo m'est vis, Morz e tuet e esturdiz, Benoit de Sainte-Maure, I, v. 1874. Si bruit li cox [le coup] com foudre contre oré ; De trente maux [maillets] ne fust il miex tué, Et li chevals par desoz asomé, Bat. d'Aleschans, v. 5775. E tuout [tuait] à glaive les enfanz e les vielz par tutes les citez, Rois, p. 19.

XIIIe s. Paor ai ne vous tue, si me puist Diex aider, Berte, X.

XVe s. Or ne fait rien, et si se tue, Fors soy partout faire escharnir [moquer], Deschamps, Miroir de mariage. p. 64. Homs qui se marie se tue, Deschamps, Ball. Item à maistre Jacques James, Qui se tue d'amasser biens, Villon, Gr test. Ils trouverent devant St-Mery un nommé Jehan le Prestre qu'ils tuerent [percèrent de coups] plus de dix fois, Journal de Paris, Paris sous Charles VI et VII, an. 1438.

XVIe s. Si ma chambriere m'en eust fait autant, je me fusse levée, et lui eusse tué la chandelle sur le nez, Marguerite de Navarre, Nouv. LIX. Ils tuent le feu à une pipe de vinaigre defoncée, D'Aubigné, Hist. III, 14. L'ambition se tue en se faisant cognoistre, D'Aubigné, Tragiques, édit. LALANNE, p. 135. De sept tuez sur la terre gisans, Mille en y a les tueurs s'en disans, Amyot, Galba, 33. Tel tue qui ne pense que blesser, et tel cuide frapper qui tue, Cotgrave Tuez, il fait bon saler, Oudin, Curios. franç.

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Étymologie de « tuer »

De l’ancien français au sens de « frapper, assommer », issu du bas latin tūtāre « éteindre (un feu), étouffer », altération du classique tūtāri « protéger, garantir de »[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, cuer le feu, cuer la chandelle ; wallon, touwé ; provenç. tuar, tuer ; tudar, éteindre, étouffer ; bas-lat. tutare, éteindre. Θύειν, tuer, n'a pu être indiqué que quand on ignorait les règles de l'étymologie ; il faut un mot qui rende compte du t ou d (tutare, tudar). Diez, écartant le germanique (goth. dauthjan, anc. haut-allem. tôtan, qui aurait donné en provençal daudar ou taudar, et en français touer), tire tuer du latin tutari, protéger, recouvrir pour protéger, puis étouffer : tuer le feu, qui serait l'emploi primitif, était, à l'origine le couvrir de cendres pour le maintenir ; d'où le sens d'étouffer qui s'est généralisé dans l'acception tuer. Mais tous les intermédiaires manquent pour appuyer un pareil écart de signification. L'origine est le latin tuditare, frapper, choquer, ou même tudare ; du moins du Cange a tudatus, marteau. Ici la forme et le sens sont d'accord. Le sens fondamental est frapper, assommer. Pour passer à éteindre, on a l'ancien texte qui dit : tenens cannam unam in manu sua, tutat lampadem unam, il frappe une lampe et l'éteint ; du langage ecclésiastiqne tutare a passé au sens d'éteindre dans le parler vulgaire ; de là le tudar, provençal, l'at-tutare, italien, lequel, figurément, a pris le sens d'amortir, apaiser. Enfin frapper est devenu sans peine donner la mort d'une manière violente.

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Phonétique du mot « tuer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tuer tµe

Fréquence d'apparition du mot « tuer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tuer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tuer »

  • Eussiez-vous voulu qu’il se fût laissé tuer ? Il vaut mieux encore être marié qu’être mort.
    Les fourberies de Scapin — Molière
  • Il est des vérités qui peuvent tuer un peuple.
    Jean Giraudoux — Électre, II, 8, Égisthe , Grasset
  • Détruire la concurrence, c’est tuer l’intelligence.
    Frédéric Bastiat
  • Se faire tuer ne prouve rien ; sinon qu'on n'est pas le plus fort.
    Denis Diderot — Nouvelles Pensées philosophiques
  • Les vieillards, il faudrait les tuer jeunes.
    Alfred Jarry
  • Il faut qu'il ait tué bien des gens pour s'être fait si riche.
    Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière — Le Malade imaginaire, I, 5, Toinette
  • On peut tuer avec des mots !
    Daniel Pennac — Entretien avec Marianne Payot - Mai 1995
  • On ne peut pas tuer l'idée à coups de canon ni lui mettre les poucettes*.
    Louise Michel — La Commune, Stock
  • Ne dégaine pas une épée pour tuer un moustique.
    Proverbe coréen
  • S'habituer c'est se tuer.
    Monique Larue — Les faux fuyants
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Traductions du mot « tuer »

Langue Traduction
Anglais kill
Espagnol matar
Italien uccidere
Allemand töten
Chinois
Arabe قتل
Portugais mate
Russe убийство
Japonais 殺します
Basque hezia
Corse uccida
Source : Google Translate API

Synonymes de « tuer »

Source : synonymes de tuer sur lebonsynonyme.fr

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Tuer

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