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Quitte

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin quitte quittes

Définitions de « quitte »

Trésor de la Langue Française informatisé

QUITTE, adj.

A. −
1. (Qui est) libéré d'une obligation juridique, d'une dette pécuniaire. Tenir qqn quitte de ce qu'il doit, le reconnaître quitte de sa dette:
1. Le roi fit venir ensuite les prisonniers qu'il avait amenés, et les renvoya sur parole de le venir trouver, s'il avait la victoire, les tenant quittes de toute rançon si la bataille était perdue pour lui. Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 70.
[Sans compl.] (Être) quitte; (reçu tant, payé tant, et) partant quitte. Le marché conclu et sa tâche accomplie, l'artisan qu'il serait et le client auquel il aurait affaire seraient quittes, comme on dit, c'est-à-dire libres vis-à-vis l'un de l'autre (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p. 121).
Empl. subst., rare (ici p. métaph.). Voici (...) que la dette avait été payée, grâce à l'exécution [capitale] du Borgnot. Le sang avait eu son quitte de sang (Richepin, Cadet, 1890, p. 338).
[P. méton.; avec un inanimé, en parlant d'un héritage, d'une succession ou d'un bien, d'une propriété] En équité, si les effets de votre frère se négocient (...) sur la place à tant pour cent de perte (...) la succession de feu Grandet de Paris se trouve loyalement quitte (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 7).
P. métaph. J'ai César Birotteau à achever (...) et après il me faudra faire le dernier ouvrage dû, Nucingen et Compagnie, pour la Presse. Là ma plume sera quitte et libre (Balzac, Lettres Étr., t. 1, 1837, p. 420).
2. P. anal. Libéré, exempté, exonéré (de charges, de taxes). (Être) quitte d'impôts; apport franc et quitte; quitte de frais. Cette somme (...) devait bientôt produire un revenu de douze mille francs par an, quittes de toute charge, à la mère et à la fille (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 331).
3. Loc. verb. inv.
a) Vx. [Au jeu, dans les affaires, dans les comptes] Être, faire, se tenir quitte à quitte. Ne plus rien se devoir de part ni d'autre. Au fig. Se rendre la pareille. Une femme de cœur peut-elle respecter L'homme qui perd ainsi le respect de lui-même? (...) Avouez qu'il invite La femme à le trahir pour être quitte à quitte (Augier, Homme de bien, 1845, p. 83).
Fam. Quitte à quitte, et bons amis (Raymond1832).
Rem. Rey-Chantr. Expr. 1979 note: ,,Quitte à quitte et bons amis, phrase convenue par laquelle on concluait un compte, un marché (cf. Les bons comptes font les bons amis); ironiquement, qualifiait une vengeance d'égale importance au tort causé``.
b) JEUX. Jouer à quitte ou double, plus ordin., jouer quitte ou double. Jouer une dernière partie qui, si l'on gagne, rattrape toutes les pertes. (Dict. xixeet xxes.).
En partic. [Titre d'un jeu radiophonique où le concurrent peut à chaque épreuve perdre son gain ou le doubler] Le succès d'émissions comme « Quitte ou double », « la coupe interscolaire », « Vous avez vécu cela », prouve le contraire. Mais pour qu'il [l'auditeur] s'y intéresse, il faut s'adapter à lui et prendre un ton simple et familier (Weinand, Public. radioph., 1964, p. 27).
Empl. subst. masc. Un quitte ou double (Pt Rob.).
P. anal. [À propos d'une pers. qui prend de gros risques dans les affaires] Jouer (sa fortune) (à) quitte ou double. Je me refuse le plaisir de jouer ma fortune à quitte ou double [à la Bourse], ce qui m'amuserait (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 403).Et puis, quand on a entamé le magot des clients, il y a la Bourse, où l'on joue quitte ou double... et où j'ai perdu! (Coppée, Idylle pendant siège, 1874, p. 19).
P. métaph. Le monde parlementaire [de l'affaire du Panama] sent qu'il n'est plus maître de rien, qu'on le joue décidément quelque part, à quitte ou double (Bernanos, Gde peur, 1931, p. 275).
Empl. abs. Allons, quitte ou double! Il roulait une seule pensée noire dans sa tête. (...) il allait et venait dans la salle, de l'évier au feu. Le Nanne l'entendit deux ou trois fois qui disait en levant la main vers les solives: « Ce sera quitte ou double » (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 107).
Au fig. Le décor abstrait est le plus délicat à réaliser, à tel point qu'à mon sens seul le (...) responsable de tout le spectacle (...) saurait le réaliser, et encore jouerait-il à quitte ou double! (Lifar, Traité chorégr., 1952, p. 70).
B. − [Notamment avec les verbes considérer, se croire, estimer] Libéré d'une obligation morale ou sociale. (Être) quitte envers qqn, avec sa conscience; se croire quitte en faisant qqc. Quand on commet une indiscrétion, l'on se croit quitte en recommandant à la personne d'être... plus discrète qu'on ne l'a été soi-même (Renard, Journal, 1890, p. 63).Hyacinthe (...) se tint quitte (...) de toutes les obligations auxquelles se soumet le vulgaire (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 179).[Vous] vous croyez quittes avec une aumône (Sartre, Diable et Bon Dieu, 1951, ii, 5, 2, p. 153).
Empl. abs. Maintenant, je me sens quitte. Je reprends ma liberté! (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 483).
[P. méton.] Voici le soir! Aie pitié de tout homme, Seigneur, à ce moment qu'ayant fini sa tâche, il se tient devant toi comme un enfant dont on examine les mains. Les miennes sont quittes! J'ai fini ma journée! (Claudel, Violaine, 1901, iv, p. 655).
Loc. verb. Tenir qqn quitte de. Dispenser quelqu'un de. Le bourgeois n'y vient [à une conférence] qu'avec le désir de juger. Il se refuse ou se retient. Applaudissements violents et courts. Les dames croient que leur présence les tient quittes du reste (Renard, Journal, 1902, p. 715).
P. métaph. Ce mort, s'il m'accusait, serait une âme fausse; Car n'étant pas de ceux qui creusèrent la fosse, Je suis quitte avec le cercueil (Hugo, Quatre vents esprit, 1881, p. 16).
Au fig. Je doute quelle serait la plus préjudiciable à soi- même et aux autres, à l'humanité: une charité qui prendrait son parti de l'injustice, une justice qui se sentirait quitte d'aimer (Gide, Feuillets, 1937, p. 1291).V. charité ex. 12.
C. − Délivré, débarrassé
1. Délivré, débarrassé d'une obligation désagréable ou pénible. (Être) quitte du service militaire, d'une besogne, d'une corvée, d'une visite. La politique (...) il en avait par-dessus la tête; on n'en est jamais quitte avec elle (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 391):
2. Par la résurrection, nous rentrons dans la vie absolue, la vie éternelle, à laquelle aspirait tout le mouvement de l'émotion. Quittes enfin de cette vie pour la mort (...) nous touchons à la vie totale, définitive... J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 260.
2. En partic. Délivré, débarrassé d'une personne. Trois ou quatre cavaliers qui avaient été ses galants, ne souhaitaient rien tant que d'être quittes d'elle (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 67).
3. Loc. verb., fam.
Être quitte de (faire) qqc. Avoir fini de; ne plus avoir à (faire quelque chose), en être débarrassé. L'étude sur Gabriel Marcel destinée également à Legrix: de tout cet ensemble de travaux il serait bon d'être quitte avant le 1erjuillet (Du Bos, Journal, 1926, p. 25).
Être quitte de; en être quitte à bon compte, à bon marché, à bas prix. Jupien et sa nièce (...) avaient dû s'estimer heureux d'en être quittes à si bon marché (Proust, Prisonn., 1922, p. 196).
En être quitte pour. N'avoir à souffrir, à supporter que.
[Suivi d'un subst.] En être quitte pour un blâme, pour la peur. Donc il allait se battre, et se battre au pistolet? Pourquoi n'avait-il pas choisi l'épée? Il en aurait été quitte pour une piqûre au bras ou à la main (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 160).
[Suivi d'un inf.] Les animaux à longs poils sont soumis à la quarantaine du navire (...) les (...) oiseaux en sont quittes pour être lavés avec du vinaigre (Stendhal, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 404).Elle s'était laissé séduire par un jeune homme (...) qui (...) l'avait abandonnée, grosse d'un enfant. Il en avait été quitte pour se faire nommer dans un autre coin de Paris (Bourget, Tapin, Fille-mère, 1927, p. 161).
4. Loc. prép. inv.
Fam. Quitte à. Au risque de, à charge de, en se réservant de. Quitte à essuyer un affront; quitte à perdre sa place, à recevoir une gifle, à être grondé; quitte à vous déplaire, je vous dirai que...; quitte à y laisser sa dernière chemise. Le système d'examen né du protestantisme et qui s'appelle aujourd'hui libéralisme, quitte à prendre demain un autre nom, s'étend à toutes choses (Balzac, Curé vill., 1839, p. 76).Les gens de Germenay se marient entre eux. (...) ils s'entraident. Quand l'un d'eux est obligé d'abattre une bête mangeable, tous lui en achètent, quitte à jeter le morceau. C'est de la mutualité (Renard, Journal, 1903, p. 832).
Rare. Quitte pour. Même sens. Eh bien, vous dites que j'aurai la fièvre, quitte pour l'avoir (Ac.1835, 1878).
Rem. 1. Quitte, épith. d'un subst. plur., est parfois accordé. Si nous voulons lui prouver que nous avons raison, il nous faut essuyer un torrent de basses injures, quittes, quand nous nous y dérobons, à nous entendre appeler sots et impertinents (Hugo, Corresp., 1816, p. 293). Ils imaginèrent quelque chose de tout à fait ingénieux: se lancer à la poursuite de leur argent! remettre, coûte que coûte, la main sur le fuyard, quittes à refaire, de jour, la course folle de la nuit! (Courteline, Train 8 h 47, 1888, 2epart., 9, p. 197). 2. Grev. Probl. t. 2 1962, note pp. 167-168: ,,Allons, paix à la syntaxe! comme disait le père Hugo. Elle nous laisse, en cette affaire, de belles latitudes: à notre choix, dans quitte à construit avec un infinitif, nous ferons quitte variable ou invariable. Toutefois, avec la majorité des bons écrivains, nous préférerons l'invariabilité.``. 3. Quitte adj. est toujours postposé.
REM.
Quittement, adv.,terme de palais, vieilli. Franchement et quittement. Sans charge ni hypothèque. On m'a vendu ce bien franchement et quittement (Littré).
Prononc. et Orth.: [kit]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « libéré d'une charge morale, d'une faute » (Roland, éd. J. Bédier, 1140); 2. déb. xiies. « exempté, libre, débarrassé de » (St Brendan, 1544 ds T.-L.); ca 1450 être quicte pour (Monstrelet, Chron., éd. L. Douët-D'Arcq, t. 1, p. 42); 1548 en être quitte pour (N. Du Fail, Baliverneries ou contes nouv. d'Eutrapel, éd. J. Assézat, Œuvres facétieuses, t. 1, p. 305); 3. ca 1160-74 « sur lequel il n'y aura plus de droits, qui n'est plus dû » (Wace, Rou, éd. A.-J. Holden, III, 10720); 4. ca 1160-74 « libéré de sa dette » (Id., ibid., 10724); 5. 1461-62 jouer à quitte ou à double, ici au fig. « risquer le tout pour le tout » (Jean de Bueil, Le Jouvencel, I, XI, éd. L. Lecestre, t. 1, p. 201); 6. 1675 quitte à « au seul risque de » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. R. Duchêne, t. 2, p. 186). Empr. au lat. jur.quietus (v. coi et quiet) prononcé au Moy. Âge quitus (Nierm.) par suite d'une accentuation hypercorrecte (réaction contre pariétem au lieu de paríetem) du lat. class. quiétus (ce dernier étant à l'orig. de coi*). Fréq. abs. littér.: 854. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 270, b) 1 222; xxes.: a) 1 229, b) 1 148. Bbg. Baist (G.). Quitte. Rom. Forsch. 1910/11, t. 29, p. 320. − Cledat (L.). Quitte à. In: [Mél. Wilmotte (M.)]. Paris, 1910, pp. 99-103. − Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, pp. 58-61; p. 72, 181. − Löfstedt (B.). Das Frz. quitte... Neuphilol. Mitt. 1979, t. 80, pp. 385-386. − Morel (M.-A.). Ét. sur les moy. gramm. et lex. propres à exprimer une concess. en fr. contemp. Thèse, Paris, 1980, t. 2, p. 831, 848, 860, 866. − Tobler (A.). Quitte à..., sauf à. In: [Mél Chabaneau (C.)]. Rom. Forsch. 1907, t. 23, pp. 463-467.

Wiktionnaire

Adjectif - français

quitte \kit\ masculin et féminin identiques

  1. Libéré d’une dette, d’une obligation, d’un devoir moral.
    • Reçu tant, payé tant, et partant quitte.
    • Je suis quitte envers vous.
    • Je vous tiens quitte de ce que vous pouvez me devoir.
    • Il m’a vendu ce bien franc et quitte de toutes dettes et hypothèques.
    • Nous sommes quittes.
    • Être quitte envers quelqu’un, s’être acquitté envers lui de ce qu’exigeait la reconnaissance.
    • Il m’avait rendu de grands services, mais je lui en ai rendu d’au moins équivalents : je suis quitte envers lui.
    • (Ironique) Je l’en tiens quitte, je l’en dispense.
    • Être quitte à quitte, au jeu, dans les affaires, dans les comptes que l’on se rend les uns aux autres, ne se devoir plus rien de part ni d’autre.
    • Nous voilà quitte à quitte.
    • Nous sommes quitte à quitte.
  2. Délivré, débarrassé de quelque chose.
    • Me voilà quitte de la corvée, du compliment, de la visite que j’avais à faire.
    • Il a un procès, une affaire fâcheuse, il voudrait en être quitte pour une dizaine de mille francs.
    • Vous n’avez eu qu’un rhume : vous en êtes quitte à bon marché.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

QUITTE. adj. des deux genres
. Qui est libéré de ce qu'il devait, qui ne doit plus rien. Reçu tant, payé tant, et partant quitte. Je suis quitte envers vous. Je vous tiens quitte de ce que vous pouvez me devoir. Il m'a vendu ce bien franc et quitte de toutes dettes et hypothèques. Nous sommes quittes. Par extension, Être quitte envers quelqu'un, S'être acquitté envers lui de ce qu'exigeait la reconnaissance. Il m'avait rendu de grands services, mais je lui en ai rendu d'au moins équivalents : je suis quitte envers lui. Ironiquement, Je l'en tiens quitte, se dit en parlant de Quelqu'un dont les services sont à charge ou suspects, et signifie Je l'en dispense. Jouer à quitte ou double et plus ordinairement Jouer quitte ou double, Jouer une dernière partie qui doit acquitter celui qui a déjà perdu, ou doubler le gain de celui qui a déjà gagné. On dit absolument, dans le même sens : Quitte ou double. Être quitte à quitte, au jeu, dans les affaires, dans les comptes que l'on se rend les uns aux autres, Ne se devoir plus rien de part ni d'autre. Nous voilà quitte à quitte. Nous sommes quitte à quitte.

QUITTE signifie aussi Qui est délivré, débarrassé de quelque chose. Me voilà quitte de la corvée, du compliment, de la visite que j'avais à faire. Il a un procès, une affaire fâcheuse, il voudrait en être quitte pour une dizaine de mille francs. Vous n'avez eu qu'un rhume : vous en êtes quitte à bon marché. On croyait qu'il perdrait sa place, mais il en a été quitte pour un blâme. Il a couru un grand danger, mais il en a été quitte pour la peur. Il s'emploie quelquefois absolument dans le style familier et signifie Au risque de. Quitte à être grondé. Quitte à perdre ma place, j'agirai suivant ma conscience. Quitte à vous déplaire, je vous dirai que...

Littré (1872-1877)

QUITTE (ki-t') adj.
  • 1Qui ne doit plus rien, qui s'est libéré de sa dette, en parlant des personnes. On croit que Monsieur le Prince n'en sera pas quitte pour quarante mille écus, Sévigné, 43. Ce nouveau magistrat proposa une loi qui déclarait les débiteurs quittes de leurs dettes en payant à leurs créanciers la quatrième partie du principal, Vertot, Révol. rom. XI, p. 78.

    Fig. [Dans le monde] On reçoit et l'on rend, on est à peu près quitte, Gresset, le Méch. IV, 7.

    Fig. Il en mourra quitte, signifie qu'on se vengera tôt ou tard de l'offense faite.

    Quitte se dit aussi des immeubles. Un domaine franc et quitte de toutes dettes et hypothèques. Drusus donna à de pauvres habitants la même quantité de ces terres quittes et franches de toute contribution, Vertot, Révol. rom. IX, p. 340.

    Fig. Être quitte envers quelqu'un ou envers quelque obligation morale, s'être acquitté de ce qu'exigeait le devoir, la reconnaissance. Mais, quitte envers l'honneur et quitte envers mon père, C'est maintenant à toi que je viens satisfaire, Corneille, Cid, III, 4. Quoi ! le seigneur Ésope en croit donc être quitte Pour m'avoir en passant daigné rendre visite ? Boursault, Ésope à la cour, I, 4. Soyez heureux, mes enfants, vous serez quittes envers nous, Genlis, Théât. d'éduc. la Cloison, sc. 19.

    Il s'est dit aussi des obligations accomplies, satisfaites. Ta gloire est dégagée, et ton devoir est quitte, Corneille, Cid, V, 7.

    Fig. Tenir quitte, dispenser. Dis-lui que rien ne presse, et que je l'en tiens quitte, Fagan, Rendez-vous, sc. 15.

    Ironiquement, je l'en tiens quitte, se dit de quelqu'un dont les services ou les politesses sont à charge ou suspects.

  • 2Délivré, débarrassé. Te voilà donc bientôt quitte d'un grand souci ? Corneille, le Ment. IV, 9. Prétendez-vous… en demeurer quitte à si bon marché ? La Fontaine, Berc. Mais quitte des ennuis où m'enchaîne la vie, Th. Corneille, Ariane, III, 4. Quand il [M. Cassini] était quitte de ses devoirs, il retournait à ses plaisirs, c'est-à-dire aux observations célestes, Fontenelle, Cassini. Quand elles [les maîtresses] meurent, alors le désir meurt avec l'objet, l'on rentre dans son bon sens, et l'on est quitte de mourir, Comte de Caylus, Acad. de ces dames et de ces messieurs, Œuv. t. XII, p. 72, dans POUGENS. Me voilà quitte d'un cruel entretien, Genlis, Théât. d'éduc. Zélie, II, 5.

    Être quitte pour, en être quitte pour, n'avoir à souffrir, à supporter que… pour. Octave aura donc vu ses fureurs assouvies… Rempli les champs d'horreur, comblé Rome de morts, Et sera quitte après pour l'effet d'un remords ! Corneille, Cinna, II, 2. J'en voudrais être quitte pour dix pistoles, Molière, Impromptu, 1. Il faudrait… ne pas croire qu'on en fût quitte pour dire…, Bossuet, Hist. II, 13. Mme de Caylus a été quitte de la rougeole pour la peur, Maintenon, Lett. au duc de Noaill. 16 avril 1712.

    Absolument et familièrement, quitte pour, quitte à, à charge de. Quitte pour être grondé. Quitte à être grondé. J'irai toujours mon chemin, quitte à changer quand on changera, Sévigné, 236. Miss Temple… fit vœu en elle-même d'en avoir le cœur net, quitte pour ne plus lui jamais parler après, Hamilton, Gramm. 10.

  • 3Adverbialement. Terme de jeu. Jouer à quitte ou à double, jouer à quitte ou double, jouer quitte ou double, jouer une dernière partie par laquelle celui qui a déjà perdu sera acquitté ou payera double.

    Absolument. Dans le même sens, quitte ou double.

    Fig. Jouer à quitte ou à double, à quitte ou double, et, plus ordinairement aujourd'hui, jouer quitte ou double, risquer tout. Ce remède se peut mettre en comparaison avec la poudre du bonhomme ; il est même un peu violent, mais aussi on joue à quitte ou à double, Sévigné, 338. Vendôme, à qui deux assauts avaient déjà mal réussi, joua à quitte ou à double, et ordonna un troisième assaut, Saint-Simon, 283, 94.

    Être quitte à quitte, ne se devoir plus rien de part et d'autre, au jeu, dans les affaires, dans les comptes. Nous sommes quitte à quitte. Nous voilà quitte à quitte.

    Fig. Faire quitte à quitte, être quitte à quitte, ou, absolument, quitte à quitte, se rendre la pareille, s'être rendu la pareille. Hélas ! tant qu'il [le cardinal Mazarin] vécut, nous fûmes quitte à quitte ; Il ne fit rien pour moi, je ne fis rien pour lui, Cailly, dans RICHELET. Argan : Tu m'as fait égosiller. - Toinette : Et vous m'avez fait, vous, casser la tête ; l'un vaut bien l'autre : quitte à quitte, si vous voulez, Molière, Mal. imag. I, 1. Est-il vrai que la Simiane s'est séparée de son mari, sous prétexte de ses galanteries ? quelle folie ! je lui aurais conseillé de faire quitte à quitte avec lui, Sévigné, 8 mai 1676.

    Fig. Nous voilà quitte à quitte, se dit lorsqu'on a reçu quelque déplaisir de quelqu'un, et qu'on lui a rendu la pareille. Adieu, lui dit-il, quitte à quitte, Piron, Le nez et les pincettes, conte en vers.

    On dit dans le même sens : partant quitte. Voilà l'argent que vous m'avez prêté, partant quitte.

    PROVERBE

    Quitte à quitte et bons amis.

HISTORIQUE

XIe s. Bien sont asouz, quites de lur pecchez, Ch. de Rol. LXXXVIII.

XIIe s. De mil souspirs que je li doi par dete [elle] Ne m'en veut pas un seul quite clamer, Couci, VI.

XIIIe s. Dis et soulas et joie m'ont bien clamée quite, Berte, XXXVII. Ainçois le [ton cœur] donne en don tout quite, Si en auras greignor [plus grand] merite, la Rose, 2263. Et après ce il n'est pas quites de l'amende, porce qu'il a enfreint l'establissement, Beaumanoir, I, 39. Lors puet savoir qu'il a boen hoste, Et lors resoit il son merite, Que Dieux et il sunt quite et quite, Rutebeuf, 49. Si tost comme le paiement fu fait, le roy nous dit que des ore mais estoit son serement quites, et que nous nous partissions de là, Joinville, 250.

XIVe s. Ne sai se me devez, ou se nous vous devons ; Or soit tout quite quite, puisque nous departons, Guesclin. 10860. Si vous pri que vous en taisiés… Et s'il y a parole dite Mal faite, se soit quitte et quitte, Jean de Condé, t. III, p. 57.

XVe s. Et ainsi pareillement ferai tout le voyage durant ; et serai quitte pour faire devant chacun juge une fois lesdites armes, Monstrelet, I, 8. Et sur ce point ai je donné à Galehault mon compaignon Chambre et estable en ma maison, à Paris, tant comme il vourra, Et, la demeure lui plaira, Par la maniere dessus dite, Et, s'il ne luy plaist, quitte à quitte, Deschamps, Poés. mss. f° 412. Quant on sent les ennemis venir et qu'on se sent le plus foible, et qu'on ne les peust attendre, en ces deux poins il fault donner l'assault pour en jouer à quitte et à double, le Jouvencel, f° 83, dans LACURNE.

XVIe s. S'en ira il quitte, ayant assailli ma teste ? Montaigne, I, 128. Vous perdés tout-quitte [entièrement] le cheval, s'il s'espaule, s'il se rompt ou s'estord une jambe, De Serres, 82. Il n'est pas quitte qui doibt de reste, Cotgrave Les vainqueurs… y gagnerent [à la prise de Rome] ce qu'ils voulurent, jusqu'aux quictes goujats [jusqu'aux simples goujats], Brantôme, Conn. de Bourbon.

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Étymologie de « quitte »

Provenç. quiti ; catal. quiti ; espagn. quito ; ital. quite ; du lat. quietus, tranquille (voy. COI), et, par extension, quitte. C'est de la même façon que le lat. pacare, apaiser, a signifié payer.

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Du latin quietus (« tranquille ») → voir quitus.
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Phonétique du mot « quitte »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
quitte kit

Fréquence d'apparition du mot « quitte » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « quitte »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « quitte »

  • Qui dîne avec les grands les quitte avec la faim.
    Proverbe grec
  • Jean-Benoît Albertini, préfet de l'Essonne depuis le 23 mai 2018, quittera bien ses fonctions à compter du 24 août prochain. Sur proposition de l'actuel ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, celui qui avait succédé à Josiane Chevalier est nommé « secrétaire général du ministère de l'intérieur et haut fonctionnaire de défense et haut fonctionnaire chargé du développement durable de ce même ministère », comme l'indique le compte rendu du conseil des ministres de ce 29 juillet publié sur le site de l'Elysée.
    leparisien.fr — Le préfet Jean-Benoît Albertini quitte le département de l’Essonne - Le Parisien
  • Il avait démissionné de la présidence des Républicains du Loiret le 17 juillet. Cette fois, Jacques Martinet, ex maire de St-Denis-en-Val, va plus loin et quitte le parti auquel il avait adhéré en 1981. "On ne peut pas défendre l'indéfendable", lance-t-il à l'adresse des parlementaires LR du Loiret.
    France Bleu — "On ne peut pas défendre l'indéfendable" : l'ex président des Républicains du Loiret quitte le parti
  • Cette pièce de monnaie n'est vraiment à toi que si elle quitte ta main.
  • Qui d'amour se prend, de rage se quitte.
    Proverbe provençal
  • Quitte à aimer Aime à quitter Quitte à quitter Aime à aimer.
    Roland Topor
  • Jean Castex n'a pas retenu la Vauclusienne Brune Poirson dans son nouveau gouvernement. Elle quitte sa fonction de secrétaire d'État en charge de la Transition écologique. Brune Poirson deviendra députée à la place de son suppléant Adrien Morenas.
    France Bleu — La Vauclusienne Brune Poirson quitte le gouvernement
  • Simon Hankinson : "Je quitte Marseille à regret"
    LaProvence.com — Politique | Simon Hankinson : "Je quitte Marseille à regret" | La Provence
  • Le Stade Rennais confirme et officialise le départ de l’ancien parisien, Sylvain Armand. Il quitte son poste de coordinateur sportif qu’il occupe depuis plus de 2 ans. Un accord commun à été trouvé entre les deux parties.
    Sport.fr — Stade Rennais : un ancien parisien quitte le bateau breton - Sport.fr
  • Quittez le monde avant qu’il ne vous quitte.
    Proverbe allemand
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Traductions du mot « quitte »

Langue Traduction
Anglais quits
Espagnol en paz
Italien si chiude
Allemand quitt
Chinois 退出
Arabe استقال
Portugais desiste
Russe квиты
Japonais やめる
Basque -etik
Corse rinuncia
Source : Google Translate API

Synonymes de « quitte »

Source : synonymes de quitte sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « quitte »

Combien de points fait le mot quitte au Scrabble ?

Nombre de points du mot quitte au scrabble : 15 points

Quitte

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