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Obligé

Définitions de « obligé »

Trésor de la Langue Française informatisé

OBLIGÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.

I. − Part. passé de obliger* et adj.
A. − Qui est imposé par les circonstances, les faits, dont la fonction semble nécessaire, d'usage.
1. [En parlant d'une chose]
Qu'il paraît nécessaire de faire, à quoi l'on ne peut échapper, dont on ne peut se dispenser. Synon. obligatoire, inévitable, de rigueur.Point de passage obligé. J'ai fait, outre mes livres obligés et mes articles, deux pièces en cinq actes, dont une avec prologue, qui entre demain en répétition à l'Odéon (Balzac,Lettres Étr., 1842, p.572).Malheureusement, Parme n'est guère sur la ligne des touristes. Le troupeau admiratif suit l'itinéraire obligé, Florence, Rome et Naples (Gautier,Guide Louvre, 1872, p.250).En février 1941, deux des nôtres, Hulot et Magnin, se laissèrent enfermer à dessein dans la cave où nous défilions chaque soir un à un, selon le cérémonial obligé, pour y déposer nos chaussures, que nous accrochions à des clous (Ambrière,Gdes vac., 1946, p.233).
Qui est prévisible et semble inévitable. Le salariat, enfin, postérieur à la division du travail et à l'échange, est le corrélatif obligé de la théorie de réduction des frais, de quelque manière que s'obtienne cette réduction (Proudhon,Syst. contrad. écon., t.2, 1846, p.160).Tous se promettaient notre prochaine défaite, suivie d'une chute obligée, ou d'une inévitable révolution (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.180).C'était le frère de Sylvie qui nous rejoignait avec cette bonne gaieté rustique, suite obligée d'une nuit de fête, que des rafraîchissements nombreux avaient développée outre mesure (Nerval,Filles feu, Sylvie, 1854, p.611).
BIOL. Les virus sont des parasites intracellulaires obligés (Bariéty, Coury,Hist. méd., 1963, p.726).
Fam. C'est/c'était obligé. C'est/c'était une chose inévitable. Synon. c'est forcé*, fatal*.F...: Les bateaux anglais viendront prendre le blé dans le port moscovite le plus proche de nous. L'impératrice Catherine nous en louera un. Le Maréchal: Prodigieux! Totalement prodigieux! F...: Elle nous en louera un. C'est obligé (Audiberti,Mal court, 1947, iii, p.196).Voyez-vous, monsieur Mégrin, je vais vous dire une chose: en prison, c'est presque obligé, l'homme médite (Aymé,Uranus, 1948, p.231).
2. [En parlant d'une pers.] Qui ne peut se dispenser de remplir sa fonction. Celle-ci en effet possède ainsi dans sa filiale une cliente obligée, qui fait fructifier les capitaux qu'on lui confie, ou qui apporte ceux dont momentanément elle n'a pas l'emploi (Baudhuin,Crédit et banque, 1945, p.191).
[En parlant d'éléments d'une composition picturale] Qui est d'usage. Synon. attendu, inévitable.En haut, un centurion à cheval en manteau, l'air triste, semble montrer la scène: c'est le démonstrateur obligé dans les tableaux de Rubens (Michelet,Journal, 1832, p.106).C'est toujours le personnel obligé de ces peintures mystiques: la Vierge, l'Enfant Jésus, saint Sébastien (...) sainte Catherine, et (...) le donateur (Gautier,Guide Louvre, 1872, p.82).
3. MUS. Qui ne peut être supprimé sans que soit changée la structure du passage, de la composition du morceau. Accompagnement, instrument obligé. Partie obligée (Ac. 1835, 1878). Ce morceau étant avec piano obligé je priai Seymour-Schiff (...) de l'accompagner (Berlioz,Souv. voy., 1869, p.161).Plusieurs variations [des Partite] sont faites avec pédale obligée (Pirro,J.-S. Bach, 1919, p.206).Pratique scolaire de la fugue avec ses rentrées obligées (Koechlin,Écrit. fugue, 1933, p.30).
Mouvement obligé. Mouvement ,,d'une partie harmonique qui se résout, en vertu de la présence de notes attractives, sur une note invariable de l'accord suivant`` (Brenet, Dict. prat. et hist. mus., 1926, p.276). [L'accord septième de dominante] contient deux notes à mouvement obligé, la septième, dissonance, qui doit forcément descendre, et la tierce, qui, en qualité de note sensible, doit monter (Lavignac,Mus. et musiciens, 1895, p.277).
Récitatif obligé. ,,Récitatif accompagné et coupé par les instruments`` (Ac. 1798-1878). Le récitatif obligé (...) est aujourd'hui la seule ressource qui reste aux belles voix pour toucher les coeurs (Stendhal,Rome, Naples et Flor., t.2, 1817, p.239).
B. − [En parlant d'une pers.] Qui est redevable (à quelqu'un) d'un bienfait, d'une amabilité, et qui (lui) en témoigne de la reconnaissance. Être infiniment obligé à qqn de qqc. Je vous suis fort obligé de votre attention (Ac.):
1. Il aime les ministres, et moi aussi je les aime; je leur suis trop obligé pour ne pas les aimer. Jamais je n'ai eu recours à eux, qu'ils ne m'aient rendu bonne et prompte justice. Ils m'ont tiré trois fois des mains de leurs agents. Courier,Pamphlets pol., Lettres partic., 1, 1820, p.66.
[En tant que formule de politesse, de remerciement] Rouquérolle: (...) M. le baron ne fume pas? Fourchevif: Non... Je vous serais même obligé... le tabac incommode la baronne et moi-même (Labiche,Fourchevif, 1859, xii, tabl. 3, p.416).
P. ell. Machavoine: (...) Et v'là ton billet de garde!... c'est pour demain!... Chiffonnet, prenant le billet: Merci!... bien obligé! (Labiche,Misanthr. et Auv., 1852, x, 1, p.162).
ADMIN. Je vous serais obligé de... Formule traditionnelle qui précède une demande, une instruction, un ordre et combine les deux acceptions de «inciter à» et «rendre service» (d'apr. Admin. 1972):
2. Jusque-là, je vous serais obligé de m'adresser tous renseignements et toutes suggestions qui vous paraîtraient utiles, en tenant compte naturellement du secret dont vous mesurez parfaitement bien toute l'importance. De Gaulle,Mém. guerre,1954, p.340.
II. − Substantif
A. − Personne à qui on a rendu service, qui est liée par la reconnaissance à quelqu'un. L'espion: (...) Vous m'aviez laissé la vie, je sauvai la vôtre; nous étions quittes. De ce jour où je cessai d'être votre obligé, je devins votre enthousiaste (Dumas père, Napoléon, 1831, vi, tabl. 22, 4, p.150).Il ne peut donc pas y avoir de liens de bienfaiteurs à obligés entre ceux qui portent le message évangélique et ceux qui le reçoivent (Philos., Relig., 1957, p.44-16):
3. L'idée ne me vint pas qu'on pût écrire pour être lu. On écrit pour ses voisins ou pour Dieu. Je pris le parti d'écrire pour Dieu en vue de sauver mes voisins. Je voulais des obligés et non pas des lecteurs. Sartre,Mots, 1964, p.150.
B. − DROIT
1. Vx. ,,Acte passé entre un apprenti et un maître, sous des conditions réciproques`` (Ac. 1798-1878).
2. Le principal obligé. ,,Le principal débiteur, pour le distinguer de la caution`` (Ac. 1835, 1878).
Prononc.: [ɔbliʒe]. Fréq. abs. littér.: 6368. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 13275, b) 8573; xxes.: a) 7202, b) 6828.

Wiktionnaire

Nom commun - français

obligé \ɔb.li.ʒe\ masculin (pour une femme, on dit : obligée)

  1. Se dit à quelqu’un dont on a reçu un service.
    • Je suis votre obligé, votre obligée.
    • « C’est un aimable homme, ajouta le docteur, seulement un peu sauvage, excellent, simple et discret, qui se répand beaucoup en services, peu en paroles. Tout ce que je puis vous dire de lui, c’est que je lui connais autant d’obligés qu’il y a d’habitants dans la commune. » — (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 16)
    • Il ne se considérait donc comme l’obligé de personne. Les services qu’on avait pu lui rendre, il les avaient achetés et bien payés. — (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 132)
    • Et vous croyez que je vous ai demandé un service ; c’est moi qui suis votre obligé peut-être ? — (Hector Malot, Un mariage sous le Second Empire, 1873)
  2. (Par extension) Celui à qui on a octroyé un avantage, une faveur, et qui en est donc redevable.
    • L'instruction, qui doit se clore dans les prochaines semaines, établit que 480 000 euros de subventions versés, entre 2008 et 2010, par le conseil général de Haute-Corse [...] ont bénéficié indûment à des proches du député. Et ont permis l'entretien d'un réseau d'obligés. — (L'île de beautés judiciaires, Le Canard enchaîné, 25 mai 2016)
  3. Débiteur, celui qui apporte sa caution.
    • Le principal obligé.
    • À lire l’avocat général, on a l’impression que la nature même du droit de propriété se transforme lorsque l’État en devient le titulaire, ce qu’il exprime avec cette idée que l’État ne peut être considéré comme le « bénéficiaire » des droits fondamentaux, car il doit rester seulement leur « obligé ». — (Lionel Maurel, La propriété de l’État et le crépuscule du Léviathan intellectuel, 29 octobre 2018 → lire en ligne)

Adjectif - français

obligé

  1. Qui est d’usage, dont on ne peut guère se dispenser ; obligatoire.
    • Le matin était consacré à des courses à travers la ville, à quelque promenade à l’Alhambra ou au Généralife, et ensuite à la visite obligée aux dames chez qui nous avions passé la soirée. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, 1840, édition Charpentier, 1859)
    • Ainsi la télévision publique est-elle un thème de débat, une posture obligée, une rhétorique de salon qui mériterait de figurer dans les mythologies des couches cultivées. — (Monique Dagnaud, L’État et les Médias: Fin de partie, Éditions Odile Jacob, 2000)
    • C’est le compliment obligé. — La formule obligée d’une lettre, d’une pétition.
  2. Redevable.
    • Je vous suis fort obligé de votre attention, de la peine que vous avez prise.
    • Je vous suis bien obligé.
    • (Par ellipse) Bien obligé.
    • Si j’avais de l’esprit, reprit la Bête, je vous ferais un grand compliment pour vous remercier ; mais je suis un stupide, et tout ce que je puis vous dire, c’est que je vous suis bien obligé. » — (Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, La Belle et la Bête, 1756)
    • Dans les lieux de plaisir d’Occident, Galay était leur égal ; ici, quoi qu’ils fassent, ils sont les obligés d’un prince, fût-ce d’un prince en ruine. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 340)
  3. Contraint.
    • Il est obligé par le contrat de faire telle chose.
  4. (Musique) Qualifie la partie qu'on ne pourrait retrancher sans gâter l'harmonie et surtout sans détruire le chant.
    • Ouverture pour piano et violon obligé.
  5. (En particulier) Qualifie un récitatif accompagné et coupé par les instruments ; par opposition à celui qui n'est accompagné que de simples accords de piano et de basse.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

OBLIGÉ (o-bli-jé, jée) part. passé d'obliger
  • 1Lié par quelque chose dont on ne peut se dégager. Elle sera obligée à son vœu ; et elle accomplira effectivement tout ce qu'elle aura promis et juré, Sacy, Bible, Nombr. XXX, 45. Je me retire pour ne me voir point obligé à recevoir ses compliments, Molière, G. Dand. II, 11. Je me tiens obligé de vous désabuser, Pascal, Prov. IV. Quoique personne n'ignore les grandes qualités d'une reine dont l'histoire a rempli l'univers, je me sens obligé d'abord à les rappeler à votre mémoire, Bossuet, Reine d'Angl. Il avait créé des officiers obligés à porter du secours [en cas d'incendie], Fontenelle, Czar Pierre.
  • 2Qui est d'usage, qui est commandé par l'usage, dont on ne peut se dispenser. C'est le complément obligé.

    En musique, partie obligée, partie qu'on ne pourrait retrancher sans gâter l'harmonie et surtout sans détruire le chant. Ouverture pour piano et violon obligé. L'opposé d'obligé est ad libitum, par exemple : première symphonie de Beethoven arrangée pour le piano avec violon obligé et violoncelle ad libitum. Récitatif obligé, récitatif accompagné et coupé par les instruments, par opposition à celui qui n'est accompagné que de simples accords de piano et de basse.

  • 3Attaché par un lien de reconnaissance ; qui a une obligation. L'abbesse lui fait réponse qu'elle et ses filles se sentent infiniment obligées de ses bontés, Patru, Plaidoyer 5, dans RICHELET. Il y a des âmes basses qui se tiennent obligées de tout, et il y a des âmes vaines qui ne se tiennent obligées de rien, Saint-Évremond, dans GÉNIN, Dict. de Molière. Je vois bien que vous vous intéressez pour l'Église ; vous lui êtes bien obligée ; il y a seize cents ans qu'elle gémit pour vous, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 1. Elle [Mlle de Méri] me témoigna l'autre jour qu'elle savait en gros les malheurs de mon fils… je me tins obligée de cette curiosité, et je lui contai tout le détail de nos misères, Sévigné, 6 nov. 1680.

    Je vous suis fort obligé de votre attention, de la peine que vous avez prise, c'est-à-dire je vous suis fort redevable. Hé ! mon Dieu ! nous vous serons obligées de la dernière obligation, si vous nous faites cette amitié, Molière, Préc. 10.

    On dit souvent par forme de remercîment : je vous suis bien obligé, et, par ellipse, bien obligé.

    Bien obligé, se dit quelquefois ironiquement. Bien obligé ; Mais moi, je veux sortir, voilà la différence, Collin D'Harleville, Opimiste, V, 2.

    Substantivement. M'avoir rendue son obligée, Rotrou, Bélis. IV, 1. Lorsqu'on lui demande une grâce, c'est lui qui paraît l'obligé, Bossuet, Louis de Bourbon. De tous ses obligés l'ingratitude extrême, Collé, Dupuis et Desronais, I, 3.

    Je suis votre obligé, votre obligée, se dit à quelqu'un dont on a reçu un service.

  • 4Qui est tenu par quelque engagement de payer ou de faire. On reçoit une certaine somme en demeurant obligé pour davantage, Pascal, Prov. VIII.

    Substantivement. Le principal obligé, le principal débiteur, pour le distinguer de la caution.

  • 5 S. m. Un obligé, un acte passé entre un maître et un apprenti, sous des conditions réciproques.
  • 6 S. m. Obligé, s'est dit de ceux qui, afin de payer leur passage aux îles, engageaient leurs services pour un certain temps.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « obligé »

Participe passé du verbe « obliger », obligatus en latin.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « obligé »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
obligé ɔbliʒe

Fréquence d'apparition du mot « obligé » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « obligé »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « obligé »

  • L'avion a donc été obligé d'atterrir d'urgence à l'aéroport de Bordeaux Mérignac. L'atterrissage s'est bien passé et les 122 passagers n'ont pas été blessés. Une assistance personnalisée à tout de même été apportée à tous les passagers : un soutien psychologique et un acheminement terrestre pour rejoindre Paris. Une enquête interne a été mise en place pour déterminer les causes de l'incident. L'appareil reste immobilisé.
    ici, par France Bleu et France 3 — Un avion Volotea obligé d'atterrir d'urgence à Bordeaux à cause d'un manque d'oxygène
  • Travaux : dans quel cas est-on obligé de recourir à un architecte ?
    LEFIGARO — Travaux : dans quel cas est-on obligé de recourir à un architecte ?
  • Comme à l’accoutumée, de longues files d’attente de voyageurs serpentaient devant les compartiments de sièges non réservés. «Quatre de mes amis qui étaient à bord du malheureux train ont disparu depuis l’accident de vendredi», déclare à l’AFP Samaresh Mondal, un travailleur migrant de 30 ans avant de monter dans le train. «Je suis prêt à accepter mon destin», ajoute-t-il, «je suis obligé d’aller à Madras pour gagner ma vie et celle de ma famille.»
    Le Matin — Catastrophe ferroviaire en Inde: «Je suis prêt à accepter mon destin, je suis obligé d’aller travailler» - Le Matin
  • Meta, obligé de brader la plateforme Giphy, perd plus de 300 millions de dollars dans l'opération
    France Inter — Meta, obligé de brader la plateforme Giphy, perd plus de 300 millions de dollars dans l'opération
  • C'est donc contraint et forcé que le premier magistrat, Emmanuel Joulié, a signé l’arrêté d'autorisation temporaire. Il l'a fait en public, au milieu de la place du village, en présence du collectif Ondes bastidienne et de son avocat, non sans avoir expliqué les raisons qui l’ont obligé à apposer sa signature.
    ladepeche.fr — VIDEO. Un maire du Tarn obligé de valider l'implantation d'une antenne 5G à laquelle il s'oppose - ladepeche.fr
  • C’est l’instant où le malade qui a été obligé de partir en voyage et a dû coucher dans un hôtel inconnu, réveillé par une crise, se réjouit en apercevant sous la porte une raie de jour.
    Marcel Proust — Du côté de chez Swann
  • On dit qu'un homme a bien avalé des couleuvres, lorsqu'on a dit ou fait devant lui plusieurs choses fâcheuses qu'il se peut appliquer, ayant été cependant obligé de se cacher le déplaisir qu'il en avait.
    Antoine Furetière — Dictionnaire
  • – Je sais bien que c’est ta mère, mais c’est tout de même beau, un amour comme ça. Ça finit par vous faire envie… Y aura jamais une autre femme pour t’aimer comme elle, dans la vie. Ça, c’est sûr. C’était sûr. Mais je ne le savais pas. Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençai à comprendre. Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours.
    Romain Gary — La Promesse de l’aube
  • TOINETTE — Je suis médecin passager, qui vais de ville en ville, de province en province, de royaume en royaume, pour chercher d'illustres matières à ma capacité, pour trouver des malades dignes de m'occuper, capables d'exercer les grands et beaux secrets que j'ai trouvés dans la médecine. Je dédaigne de m'amuser à ce menus fatras de maladies ordinaires, à ces bagatelles de rhumatismes et de fluxions, à ces fièvrotes, à ces vapeurs et à ces migraines. Je veux des maladies d'importance, de bonnes fièvres continues, avec des transports au cerveau, de bonnes fièvres pourprées, de bonnes pestes, de bonnes hydropisies formées, de bonnes pleurésies avec des inflammations de poitrine: c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe; et je voudrais, monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les médecins, désespéré, à l'agonie, pour vous montrer l'excellence de mes remèdes et l'envie que j'aurais de vous rendre service.ARGAN — Je vous suis obligé, monsieur, des bontés que vous avez pour moi.TOINETTE — Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l'on batte comme il faut. Ah! je vous ferai bien aller comme vous devez. Ouais! ce pouls-là fait l'impertinent; je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre médecin ?ARGAN — Monsieur Purgon.TOINETTE — Cet homme-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins. De quoi dit-il que vous êtes malade ?ARGAN — Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que c'est de la rate.TOINETTE — Ce sont tous des ignorants. C'est du poumon que vous êtes malade.[…]TOINETTE — Le poumon. Vous aimez à boire un peu de vin.ARGAN — Oui, monsieur.TOINETTE — Le poumon. Il vous prend un petit sommeil après le repas, et vous êtes bien aise de dormir ?ARGAN — Oui, monsieur.TOINETTE — Le poumon, le poumon, vous dis-je. Que vous ordonne votre médecin pour votre nourriture ?ARGAN — Il m'ordonne du potage.TOINETTE — Ignorant !ARGAN — De la volaille.TOINETTE — Ignorant !ARGAN —Du veau.TOINETTE — Ignorant !
    Molière — Le Malade Imaginaire
  • ARAMINTE - Qu'est-ce que c'est donc que cet air étonné que tu as marqué, ce me semble, en voyant Dorante ? D'où vient cette attention à le regarder ?DUBOIS - Ce n'est rien, sinon que je ne saurais plus avoir l'honneur de servir Madame, et qu'il faut que je lui demande mon congé.ARAMINTE, surprise. - Quoi ! Seulement pour avoir vu Dorante ici ?DUBOIS - Savez-vous à qui vous avez affaire ?ARAMINTE - Au neveu de Monsieur Remy, mon procureur.DUBOIS - Eh ! par quel tour d'adresse est-il connu de Madame ? comment a-t-il fait pour arriver jusqu'ici ?ARAMINTE - C'est Monsieur Remy qui me l'a envoyé pour intendant.DUBOIS - Lui, votre intendant ! Et c'est Monsieur Remy qui vous l'envoie : hélas ! le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne ; c'est un démon que ce garçon-là.ARAMINTE - Mais que signifient tes exclamations ? Explique-toi : est-ce que tu le connais ?DUBOIS - Si je le connais, Madame ! si je le connais ! Ah vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N'avez-vous pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse.ARAMINTE - Il est vrai ; et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ?DUBOIS - Lui ! il n'y a point de plus brave homme dans toute la terre ; il a, peut-être, plus d'honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. Oh ! c'est une probité merveilleuse ; il n'a peut-être pas son pareil.ARAMINTE - Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D'où vient que tu m'alarmes ? En vérité, j'en suis toute émue.DUBOIS - Son défaut, c'est là. (Il se touche le front.) C'est à la tête que le mal le tient.ARAMINTE - A la tête ?DUBOIS - Oui, il est timbré, mais timbré comme cent.ARAMINTE - Dorante ! il m'a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie ?DUBOIS - Quelle preuve ? Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore. Ôtez cela, c'est un homme incomparable.ARAMINTE, un peu boudant - Oh bien ! il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque, objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies...DUBOIS - Ah ! vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire. Malepeste ! sa folie est de bon goût.ARAMINTE - N'importe, je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette personne ?DUBOIS - J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame.ARAMINTE - Moi, dis-tu ?
    Marivaux — Les Fausses confidences 

Traductions du mot « obligé »

Langue Traduction
Anglais obligatory
Espagnol obligatorio
Italien obbligatorio
Allemand obligatorisch
Chinois 必须的
Arabe أجبرت
Portugais obrigatório
Russe обязательный
Japonais 義務的な
Basque derrigorrezkoa
Corse ubligatoriu
Source : Google Translate API

Antonymes de « obligé »

Combien de points fait le mot obligé au Scrabble ?

Nombre de points du mot obligé au scrabble : 8 points

Obligé

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