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Profession

Variantes Singulier Pluriel
Féminin profession professions

Définitions de « profession »

Trésor de la Langue Française informatisé

PROFESSION, subst. fém.

A. −
1. Déclaration publique ayant pour but de faire connaître ouvertement ses opinions, ses sentiments, ses intentions. Toute profession d'incrédulité (...) sera poursuivie comme outrage à la religion et scandale pour les moeurs (Proudhon, Révol. soc.,1852, p.89).L'innovation ne correspondait pourtant pas à une profession d'athéisme, comme on l'a souvent reproché au Grand-Orient (Naudon, Fr.-Maçonn.,1963, p.118):
1. Les Daudet, les seuls êtres que j'aime, les seuls êtres desquels, quand quelque chose chez eux ne m'a pas paru parfait, je n'ai pas voulu dire... et jamais, avec n'importe qui, une parole qui n'ait été une profession de la plus chaude amitié pour eux!... Goncourt, Journal,1892, p.202.
Faire profession de + subst. ou inf.Déclarer publiquement, manifester ouvertement des croyances ou des opinions. Synon. professer.De tout temps il fit profession de mépriser les menaces des tyrans (Marat, Pamphlets,Dénonc. Malouet, 1790, p.217).Le portrait de Napoléon, se disait-il en hochant la tête, trouvé caché chez un homme qui fait profession d'une telle haine pour l'usurpateur! (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p.58).Je compris que les Guermantes me croyaient en effet d'une race autre, mais qui excitait leur envie, parce que je possédais des mérites que j'ignorais et qu'ils faisaient profession de tenir pour seuls importants (Proust, Guermantes 2,1921, p.439).
Faire profession d'être + subst. (désignant un comportement, une manière d'être, une affection). Affecter, se montrer sous un aspect, dans un état donné. Vous ne manquerez pas de vous fâcher contre un de vos compagnons, qui fera profession d'être toujours ivre, et qui se fera beaucoup d'amis en payant du vin à tous les désoeuvrés de Castro (Stendhal, Abbesse Castro,1839, p.182).MrReboudin, depuis qu'il faisait profession d'être asthmatique, ne venait plus régulièrement au café du Lion (Aymé, Brûlebois,1926, p.76).
2. Profession de foi. Déclaration d'adhésion à des principes religieux, politiques, intellectuels auxquels on est particulièrement attaché, dont on se réclame. D'une voix altérée, il prononça la profession de foi musulmane, comme pour se prémunir contre une tentation qu'il redoutait sans pouvoir la préciser (Du Camp, Nil,1854, p.229).Les deux enfants étaient très religieux, surtout Olivier. Leur père les scandalisait par ses professions de foi anticléricales (Rolland, J.-Chr.,Antoinette, 1908, p.839):
2. Je me souviens qu'en 1880, lorsqu'à la suite des conquêtes d'Italie on apporta en France les monuments des arts qui ont orné notre musée pendant quinze ans, David fut un de ceux qui condamnèrent cette mesure, et qui regrettaient que les statues et les tableaux ne restassent pas en Italie. Il fit cette profession de foi publiquement dans l'atelier de ses élèves. Delécluze, Journal,1826, p.295.
En partic.
a) Profession de foi, p.ell., profession. Déclaration écrite d'un candidat à une élection remise à tous les électeurs concernés par cette élection. Je vous remercie de tant de bontés et de soins pour ma cause et la nôtre. Les professions sont envoyées à tous les électeurs. Ce soir j'en rapporte de Dunkerque un grand nombre (Lamart., Corresp.,1831, p.165).Vous savez ce qu'on nomme en langage parlementaire le barodet? C'est le recueil des professions de foi et des programmes des élus, imprimé au début de chaque législature, et qui, ayant été approuvé par les électeurs, est censé représenter leurs cahiers (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p.139).
b) [Dans la relig. cath.] (Cérémonie de la) profession de foi. Synon. communion* solennelle.
3. RELIG. Acte par lequel un religieux, une religieuse s'engage définitivement après le noviciat en prononçant ses voeux. La postulante que vous avez vue n'a pas encore prononcé les voeux de sa profession; elle peut donc, si elle le désire, se retirer du couvent et rentrer chez elle (Huysmans, En route,t.1, 1895, p.215).Moi, ma soeur, j'ai mis les mains dans vos manches? Entendez-vous cela! Voilà comme elle me parle, à moi, son aînée de sept ans dans la profession! (Montherl., Port-Royal,1954, p.983).
Faire profession. Prononcer ses voeux. L'année du noviciat étant expirée, la jeune Angélique fit profession, le 29 octobre 1600, entre les mains de l'abbé de La Charité (Sainte-Beuve, Port-Royal,t.1, 1840, p.85).Le jour où une novice fait profession, on l'habille de ses plus beaux atours, on la coiffe de roses blanches (Hugo, Misér.,t.1, 1862, p.583).
B. −
1. Activité, état, fonction habituelle d'une personne qui constitue généralement la source de ses moyens d'existence. Une bonne, une belle profession; une profession lucrative, honnête, dangereuse; annuaire par professions; mère de famille sans profession; choisir, exercer une profession; s'établir dans une profession. Je n'ai pas besoin, ajouta Benassis en montrant le curé, de vous dire quelle est la profession de Monsieur (Balzac, Méd. camp.,1833, p.142).Le lendemain, en dînant chez MmeArnoux, il dit que sa mère le tourmentait pour qu'il embrassât une profession (Flaub., Éduc. sent.,t.1, 1869, p.198).Dans la cité de Londres, les plus humbles professions sont fières de mille ans de travail, en conservent avec respect les outils et les lettres patentes (Morand, Londres,1933, p.217).
Dans le lang. admin. Élément de l'état civil d'une personne permettant son identification et son classement dans une catégorie sociale. Il se trouve soudain nez à nez avec une forte patrouille de uhlans. Ceux-ci l'arrêtent. Leur chef s'approche et l'interroge en excellent français. «Votre nom, votre profession?» (Barrès, Cahiers,t.11, 1914, p.108).Le juge d'instruction, au contraire, m'a regardé avec curiosité. Mais pour commencer, il m'a seulement demandé mon nom et mon adresse, ma profession, la date et le lieu de ma naissance (Camus, Étranger,1942, p.1169):
3. Ces facteurs agissent isolément ou se combinent; peut-être suffisent-ils à expliquer les différences de taux de participation qui séparent les membres des professions libérales, en haut de l'échelle, et les mères de famille sans profession, à l'autre extrémité. Traité sociol.,1968, p.67.
P. anal. [Avec une connotation iron. ou péj.] Activité quelconque, occupation habituelle d'une personne qui en tire ou non ses moyens d'existence. Une mère de famille ne peut, aujourd'hui, conduire sa fille à tel et tel spectacle (...) sans courir le risque de partager sa loge avec une courtisane effrontée, dont le langage et la conduite trahissent bientôt la profession (Jouy, Hermite,t.1, 1811, p.202).Tous quatre étaient jeunes, riches, menant une belle vie semée d'aventures (...) et n'avaient à peu près d'autre profession que d'être heureux ou de le paraître (Murger, Scènes vie jeun.,1851, p.2).Il s'embarqua, en qualité de laveur, sur le bateau qui partait pour Canton. Il reprit ici son ancienne profession d'indicateur, et sut montrer assez d'habileté pour que Sun-Yat-Sen lui confiât, quatre ans plus tard, un des postes importants de sa police secrète (Malraux, Conquér.,1928, p.96).
2. P. ext. Profession de + subst. (désignant un métier).Activité manuelle ou intellectuelle procurant un salaire, une rémunération, des revenus à celui qui l'exerce. Profession de charpentier, de comédien, de cultivateur, d'ingénieur, de journaliste. Tu as pu voir ce qu'il en est de la profession de médecin. L'encombrement y est grand et le succès difficile (Reybaud, J. Paturot,1842, p.97).La profession de l'avocat exige qu'il emporte un jugement comme l'orateur parlementaire emporte un vote (Thibaudet, Réflex. litt.,1936p.57).
Profession + adj. ou subst. (caractérisant une branche d'activité).Métier appartenant à un ensemble dans un secteur d'activité particulier. Profession agricole, commerciale, médicale, artisanale; profession de la magistrature, de l'enseignement, du bâtiment, de l'industrie, du commerce. Les deux tiers qui sont désignés par le Président de la République ne peuvent être ni députés, ni magistrats, mais doivent être pris dans les professions judiciaires (Lidderdale, Parlement fr.,1954, p.70).Pour en comprendre le fonctionnement, nous devons examiner à titre d'exemple comment il s'articule pour les professions de la métallurgie (Encyclop. éduc.,1960, p.273).Les problèmes qui en résultent seront étudiés dans la partie consacrée à la réglementation des professions touristiques (Jocard, Tour. et action État,1966, p.59).
En partic.
Profession des armes. Carrière militaire. Il n'y a pas de profession où la froideur des formes du langage et des habitudes contraste plus vivement avec l'activité de la vie que la profession des armes (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p.135).En procédant de cette manière, nous y trouvons: (...) l'idée que la profession des armes ne peut être comparée à aucune autre (Sorel, Réflex. violence,1908, p.247).
Profession libérale*. V. supra ex. 3.
3. P. méton. Ensemble de personnes exerçant le même métier ou appartenant au même secteur d'activité. L'ensemble de la profession. L'activité d'une profession ne peut être réglementée efficacement que par un groupe assez proche de cette profession même pour en bien connaître le fonctionnement, pour en sentir tous les besoins et pouvoir suivre toutes leurs variations (Durkheim, Divis. trav.,1902, p.vi).En revanche, le chef d'entreprise est subordonné à des chefs de profession, nommés ou contrôlés par l'État, qui doivent montrer à la fois la préoccupation de l'intérêt professionnel et de l'intérêt public (Perroux, Écon. XXes.,1964, p.624).
P. méton. Ce secteur d'activité, les intérêts, le pouvoir économique qu'il représente. Ses décisions, qui s'imposent à toute la profession, ne sont exécutoires qu'après approbation par le ministre chargé de la marine marchande (Boyer, Pêches mar.,1967, p.24):
4. C'est dans cette voie que nous marchons, quand nous créons les offices professionnels, composés de délégués de toutes les catégories de la profession sous la présidence d'un représentant de l'État, à mesure que disparaissent les comités d'organisation. De Gaulle, Mém. guerre,1959, p.454.
4. Loc. et expr.
Faire profession de + inf. ou subst. Avoir pour métier, pour occupation habituelle, telle activité. Certes, elle n'était point une drôlesse, faisant profession de l'amour (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Soeurs R., 1884, p.1275).Grâce à cette mise en scène, à cet accoutrement, les hommes qui font profession de servir la justice ont le sentiment de jouer un rôle, et les procès ont quelque chose de spectaculaire (Jeux et sports,1967, p.760).
Subst. + de profession. [Avec valeur d'adj.] Professionnel.
[P. oppos. à une activité de loisir ou amateur] Personne alors, excepté les agriculteurs de profession, ne s'occupoit d'agriculture; nulle société, nulle académie ne s'étoit consacrée à la théorie de ce premier des arts (Delille, Homme des champs,1800, p.xvii).Il est vrai que les sociétés d'amateurs sont, comme les troupes d'acteurs de profession, divisées la plupart du temps par des prétentions ridicules et des rivalités mesquines (Sand, Hist. vie,t.1, 1855, p.191).
[Avec une connotation iron. ou péj.] [Le subst. désigne une activité douteuse ou malhonnête fréq. exercée] Celui-là, contrebandier de profession, voulait que je fisse condamner les droits-réunis à des dommages-intérêts pour la surveillance dont il était l'objet (Reybaud, J. Paturot,1842, p.345).D'abord, il citait les voleuses de profession, celles qui faisaient le moins de mal, car la police les connaissait presque toutes (Zola, Bonh. dames,1883, p.632).Il est question de l'exécution du curé Bruneau, à propos duquel on dit que les meurtriers de profession ont des canines particulières, des canines parentes des canines des féroces (Goncourt, Journal,1894, p.632).
[Le subst. désigne une occupation, un comportement habituel] Il fréquentait un homme à bonnes fortunes, une manière de séducteur de profession, qui avait régulièrement un amour sérieux par mois (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p.254).Vous êtes tous les mêmes, vous autres. Vous ne pensez pas à la guerre. Vous êtes des penseurs de profession; mais, en fait, vous ne pensez à rien (Duhamel, Combat ombres,1939, p.51):
5. Il est dix heures; j'entre au café de Chartres, où j'ai vu jadis aux prises les cocardes vertes et les cocardes blanches, la Montagne et la Gironde; abandonné pendant long-tems aux paisibles joueurs de dames et de dominos, il est maintenant en grande faveur parmi les gourmands de profession. Jouy, Hermite,t.2, 1812, p.236.
Prononc. et Orth.: [pʀ ɔfεsjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1155 «déclaration publique de ses sentiments, ses idées ou sa foi» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 13881); 1690 profession de foi (Fur.); b) ca 1175 spéc. «prononciation des voeux lors de l'entrée en religion» (Chronique Ducs Normandie, 27793 ds T.-L.); c) 1555 faire profession de «témoigner de son appartenance à, afficher, montrer, se piquer de, se donner comme» (Ronsard, Chanson à Olivier de Magny, 28 ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.10, p.118); 2. a) 1362 «état, condition, métier» prophecie (Arch. LL 1605, fo59 vods Gdf.); 1404 prophecion (Chr. de Pisan, Livre des fais et bonnes meurs Charles V, III, 3, éd. S. Solente, t.2, p.12); 1656 calomniateurs de profession (Pascal, Provinciales, XVIelettre ds OEuvres, éd. L. Lafuma, Seuil, 1963, p.449, col. 2); b) 1716 «partie de la société attachée à une activité, corps de métier» (La Motte, Réflex. sur crit., p.201); 1794 spéc. en tant que groupe représentant une certaine force sociale (Condorcet, Esq. tabl. hist., av.-pr., p.11). Empr. au lat. professio, -onis «déclaration, déclaration publique, action de se donner comme» d'où «état, condition, métier» dér. du rad. du supin de profiteri «déclarer ouvertement, officiellement, se donner comme». Fréq. abs. littér.: 1767. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2925, b) 2508; xxes.: a) 2593, b) 2110. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.384. _Gemmingen Arbeit 1973, p.6, 7. _Gohin 1903, p.330. _Quem. DDL t.11.

Wiktionnaire

Nom commun - français

profession \pʁɔ.fɛ.sjɔ̃\ féminin

  1. Déclaration publique d’un sentiment habituel.
    • Les sentiments dont il fait profession.
    • Il fait profession de principes fort sévères, fort relâchés.
    • Faire profession d’une doctrine.
    • (Ironique) Elle s'était assise dans un de ces fauteuils au dos raide qui font profession de droiture. — (Romain Gary, Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable, Folio, 1975, p. 223)
  2. Déclaration de principes philosophiques, sociaux, littéraires, artistiques.
  3. (Par extension) Écrit dans lequel un candidat à la députation ou à quelque siège électif expose ses opinions politiques et sociales.
  4. (Religion) Acte par lequel un religieux ou une religieuse fait les vœux de religion, après que le temps de son noviciat est expiré.
    • Assister à la profession d’un religieux, d’une religieuse.
    • Il a fait profession dans tel ordre.
    • Un religieux, une religieuse ne peuvent faire profession qu’à un certain âge.
  5. Carrière, état ou emploi dans la vie civile ou militaire.
    • La corporation étant un organisme chrétien, les juifs en étaient ipso facto écartés; l'exercice des professions étant interdit en dehors des corporations légalement reconnues, ils furent contraints, à leur corps défendant, de renoncer au travail manuel. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • [...] la musique était son état, et trouvez un homme qui aime l’état dont il vit ? À la longue, il en est d’une profession comme du mariage, on n’en sent plus que les inconvénients. — (Honoré de Balzac, Le Cousin Pons, 1847, chapitre IV, page 19 de l'édition Garnier)
    • De quelle profession est-il ?
    • Quelle est sa profession ?
  6. (Familier) Ensemble des professionnels d'un même métier.
    • Depuis le mois de mai, les bulbiculteurs néerlandais participent à un sondage qui a pour objectif de mettre à la disposition de l'ensemble de la profession la connaissance qu'ils ont de la sensibilité aux maladies des cultivars de bulbes de tulipes, narcisses, glaïeuls, crocus, hyacinthes, iris et lis. — (P.H.M.-Revue Horticole, 1992, n°324 à 333, p. CLXIV)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PROFESSION. n. f.
Déclaration publique d'un sentiment habituel. Je fais profession d'être votre obligé, j'en fais une profession publique, une profession solennelle. Les sentiments dont il fait profession. Il fait profession de principes fort sévères, fort relâchés. Il fait profession publique d'athéisme. Il fait hautement profession de vous être attaché. Faire profession d'une chose, Y mettre de la prétention, s'en piquer particulièrement. Il fait profession d'être sincère, de tenir sa parole. Il fait profession de haine et de mépris pour le genre humain. Il fait profession de bel esprit. Faire profession d'une religion, L'exercer, la pratiquer ouvertement. On dit aussi Faire profession d'une doctrine. Profession de foi, Formule qui contient les principes de religion auxquels on déclare publiquement adhérer. Par extension, il se dit d'un Écrit où un candidat à la députation ou à quelque siège électif expose ses opinions politiques et sociales. Il signifie encore, d'une façon générale, Déclaration de principes philosophiques, sociaux, littéraires, artistiques.

PROFESSION désigne encore, en termes ecclésiastiques, l'Acte par lequel un religieux ou une religieuse fait les vœux de religion, après que le temps de son noviciat est expiré. Assister à la profession d'un religieux, d'une religieuse. Il a fait profession dans tel ordre. Un religieux, une religieuse ne peuvent faire profession qu'à un certain âge. Depuis sa profession. Il a trente années de profession.

PROFESSION se dit aussi des Différents états et emplois de la vie civile ou militaire. De quelle profession est-il? Quelle est sa profession? Embrasser une profession. Choisir une profession. Vivre selon sa profession. La profession d'avocat, de médecin. La profession des armes. Exercer une profession. Il a une profession fort honorable. Il est habile dans sa profession. Il s'y trouva des gens de toutes sortes de professions. Il est ingénieur de profession. Un savant de profession, un érudit de profession, Un homme qui se consacre à l'étude des sciences, à l'érudition. Un dévot de profession, Un homme qui affecte de passer pour dévot. Un athée de profession, Un homme qui affiche l'athéisme. Un joueur, un ivrogne, un libertin de profession, Un homme qui est dans l'habitude de se livrer au jeu, à l'ivrognerie, au libertinage.

Littré (1872-1877)

PROFESSION (pro-fè-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Déclaration publique d'un sentiment habituel, d'une manière d'être habituelle. Ils reconnurent le Dieu véritable qu'ils faisaient profession de ne pas connaître, Sacy, Bible, Sagesse, XII, 27. Eux qui faisaient profession d'une sagesse si austère, Molière, Tart. Préface. Moi, votre ami ! rayez cela de vos papiers ; J'ai fait jusques ici profession de l'être ; Mais…, Molière, Mis. I, 1. L'Église ne peut subsister sans la profession de la vérité, Bossuet, 3e avert. 19. La profession du christianisme suffit pour faire partie du corps de l'Église, ce qu'il [Jurieu] avance contre M. Claude, qui ne compose le corps de l'Église que de véritables fidèles, Bossuet, 3e avert. 2. Vivre comme des impies sans aucune profession de culte, Massillon, Avent, Noël. Ils [les sociniens] sont encore en grand nombre en Pologne, quoiqu'ils aient perdu la liberté de faire une profession ouverte de leurs sentiments, Voltaire, Mœurs, 189.

    Faire profession d'une religion, l'exercer ouvertement.

    On dit de même : faire profession d'une doctrine.

    Familièrement. Faire profession d'une chose, s'en piquer particulièrement. Que s'il [celui qui ne s'inquiète pas d'une autre vie] est avec cela tranquille, qu'il en fasse profession, qu'il en fasse vanité, Pascal, Pens. IX, 1, édit. HAVET. La Providence, dont je devrais adorer tous les arrangements, faisant profession, comme je fais, d'être sa très humble servante, Sévigné, 27 janv. 1692. Il faut finir avec le même honneur et la même probité dont on a fait profession toute sa vie, Sévigné, 15 nov. 1684. On avait déclaré les épicuriens incapables d'être initiés aux mystères, parce que c'étaient des gens qui faisaient profession de s'en moquer, Fontenelle, Oracles, I, 3.

    Profession de foi, formule qui contient les principes de religion auxquels on est attaché. Il [M. de Voltaire] donna à cet abbé Gaultier, qui la lui demanda, une profession de foi écrite tout entière de sa propre main, et par laquelle il déclare qu'il veut mourir dans la religion catholique où il est né, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 1er juill. 1778.

    Profession de foi du vicaire savoyard, profession de déisme que fait Rousseau dans son Emile, et qu'il met dans la bouche d'un vicaire savoyard.

    Par extension, profession de foi, écrit qui renferme les opinions politiques et sociales d'un candidat à la députation ou de tout autre. Profession de foi, ou, simplement, profession monarchique, républicaine, etc.

  • 2État, emploi, condition. La profession d'avocat, de médecin. Un père et un frère qui ont fait profession des mathématiques, Descartes, Dioptr. 1. Le voilà reçu dans la profession qu'il doit faire, Sévigné, 470. Je ne suis ni lettré ni un homme de finances, et j'aurais mauvaise grâce de chercher de la gloire et des avantages par des choses qui ne sont pas de ma profession, Vauban, Dîme, p. 2. Son père eut sur lui les vues communes des pères : il le fit étudier pour le mettre dans sa profession, Fontenelle, Hartsoeker. L'Europe serait aujourd'hui aussi ignorante, ou même elle serait à peine sortie de la barbarie, si les professions avaient continué d'être héréditaires et exclusives, Condillac, Hist. anc. III, 97. Tout homme a plus ou moins les vices de sa profession ; La Mettrie, dont vous me parlez, n'avait point ceux de la sienne ; car en vérité il n'était pas du tout médecin ; il cherchait seulement à être athée : c'était un fou, et sa profession était d'être fou ; mais ceux qui vous ont dit qu'il était mort repentant, sont de la profession des menteurs, Voltaire, Lett. Bertrand, 4 sept. 1759. Il n'y a point de profession qui n'exige un homme tout entier, Duclos, Consid. mœurs, 12.

    De profession, par la profession qu'on exerce. Tailleur de profession. Érudit de profession. Les poëtes romains faisaient mettre les monologues en musique par des musiciens de profession, Condillac, Conn. hum. II, I, 5.

    Fig. De profession, qui a l'habitude invétérée de. Et de profession je ne suis point galant, Molière, Éc. des mar. I, 6. Rien n'est trop hardi pour des calomniateurs de profession, Pascal, Prov. XVI. Je ne comprends pas bien l'amour de profession, Sévigné, 202. Des chrétiens de profession, mais qui, n'en ayant que le nom et que l'apparence, raisonnent sur l'autre vie comme des épicuriens, Bourdaloue, 15 Dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 449. Il était Suisse de nation, empoisonneur de profession, Hamilton, Gramm. 3.

  • 3Acte qui consiste à faire solennellement les trois vœux de religion, qui sont pauvreté, obéissance et chasteté ; il suit le noviciat, et alors on est profès. Marie-Angélique Arnauld, par un usage qui n'était que trop commun en ces temps-là, en fut faite abbesse, n'ayant pas encore onze ans accomplis ; elle n'en avait que huit lorsqu'elle prit l'habit, et elle fit profession à neuf ans, Racine, Hist. Port-Royal, dans POUGENS.
  • 4 Anciennement. Action de professer, professorat. M. Grevius a reçu ses patentes d'historiographe du roi d'Angleterre, et, ayant demandé une diminution de travail académique… on lui a donné un adjoint dans la profession des belles-lettres, qui fera la moitié des leçons de M. Grevius, Bayle, Lett. à M. ***, 7 mars 1697.

HISTORIQUE

XIIe s. Sovenir vos devreit de la professiun Qu'offristes sur l'autel à vostre enunctiun, Th. le mart. 80.

XIIIe s. Une dame prist robe de religion, ne n'i entra pas, ne ne fist profession, et puis geta l'abist et se maria, Liv. de jost. 193.

XVIe s. Il renonce en ses œuvres le Seigneur, lequel il confesse de bouche, et par ainsi n'est chrestien que de titre et profession, Calvin, Instit. 603. Un homme de ma profession [condition], Montaigne, I, 17. Cesar parle des offices de sa pr ofession, de la vaillance et conduicte de sa milice, Montaigne, I, 57. La religion de quoy vous faictes profession, Montaigne, I, 128.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PROFESSION, s. f. (Gouvernement.) état, condition, métier qu’on embrasse, dont on fait son apprentissage, son étude, & son exercice ordinaire.

L’industrie humaine se porte ou à l’acquisition des choses nécessaires à la vie, ou aux fonctions des emplois de la société qui sont très-variées. Il faut donc que chacun embrasse de bonne heure une profession utile & proportionnée à sa capacité ; c’est à quoi l’on est généralement déterminé par une inclination particuliere, par une disposition naturelle de corps ou d’esprit, par la naissance, par les biens de la fortune, par l’autorité des parens, quelquefois par l’ordre du souverain, par les occasions, par la coutume, par le besoin, &c. car on ne peut se soustraire sans nécessité à prendre quelque emploi de la vie commune.

Il y a des professions glorieuses, des professions honnêtes, & des professions basses ou deshonnêtes.

Les professions glorieuses qui produisent plus ou moins l’estime de distinction, & qui toutes tendent à procurer le bien public, sont la religion, les armes, la justice, la politique, l’administration des revenus de l’état, le commerce, les Lettres, & les beaux-Arts. Les professions honnêtes sont celles de la culture des terres, & des métiers qui sont plus ou moins utiles. Il y a en tous pays des professions basses ou deshonnêtes, mais nécessaires dans la société ; telles sont celles des bourreaux, des huissiers à verge, des Bouchers, de ceux qui nettoient les retraits, les égouts, & autres gens de néant ; mais comme le souverain est obligé de les souffrir, il est nécessaire qu’ils jouissent des droits communs aux autres hommes. Térence fait dire dans une de ses pieces à un homme qui exerçoit une profession basse & souvent criminelle :

Leno sum, fateor, pernicies communis adolescentium,
Perjurus, pestis ; tamen tibi à me nulla est orta injuria

. Adelph. act. II. sc. j. v. 34 & 35.

Je l’avoue, je suis marchand d’esclaves, la ruine commune des jeunes gens, une peste publique ; cependant avec tous ces titres je ne vous ai fait aucun tort.

Enfin chaque profession a son lot. « Le lot de ceux qui levent les tributs est l’acquisition des richesses, dit l’auteur de l’esprit des lois. La gloire & l’honneur sont pour cette noblesse qui ne connoît, qui ne voit, qui ne sent de vrai bien que l’honneur & la gloire. Le respect & la considération sont pour ces ministres, & ces magistrats qui ne trouvant que le travail après le travail, veillent nuit & jour pour le bonheur de l’empire ».

Dans le choix d’une profession & d’un genre de vie, les enfans font très-bien de suivre le conseil de leur pere tendre, sage & éclairé, qui n’exige d’eux rien qui soit déraisonnable, & qui leur fournit les dépenses nécessaires pour l’emploi auquel il les destine. Mais il seroit également injuste & ridicule de les forcer à prendre un parti contraire à leur inclination, à leur caractere, à leur santé, & à leur génie. Ce seroit à plus forte raison une tyrannie odieuse de vouloir les engager à embrasser une profession deshonnête.

Mais on demande quelquefois, s’il est bon, s’il est avantageux dans un état, d’obliger les enfans à suivre la profession de leur pere ? je réponds que c’est une chose contraire à la liberté, à l’industrie, aux talens, au bien public. Les lois qui ordonneroient que chacun restât dans sa profession, & la fît passer à ses enfans, ne sauroient être rétablies que dans les états despotiques où personne ne peut ni ne doit avoir d’émulation. Qu’on ne nous objecte pas que chacun fera mieux sa profession, lorsqu’on ne pourra pas la quitter pour une autre ; c’est une idée fausse que l’expérience détruit tous les jours. Je dis tout au contraire que chacun sera mieux sa profession, lorsque ceux qui y auront excellé espéreront avec raison de parvenir à une autre profession plus glorieuse. (D. J.)

Profession en religion, (Jurisprud.) qu’on appelle aussi profession simplement, est l’acte par lequel un novice s’engage à observer la regle que l’on suit dans quelque ordre religieux.

La profession se fait par l’émission des vœux.

Suivant les capitulaires de Charlemagne, il étoit défendu de faire profession sans le consentement du prince : présentement cela n’est plus nécessaire ; mais il y a encore dans quelques coutumes, des serfs qui ne peuvent entrer en religion, ni en général dans la cléricature, sans le consentement de leur seigneur.

Pour que la profession soit valable, il faut qu’elle ait été précédée du noviciat pendant le tems prescrit.

Suivant l’ordonnance d’Orléans, les mâles ne pouvoient faire profession qu’à 25 ans & les filles à 20 ; mais l’âge fixé par les dernieres ordonnances pour faire profession, est celui de 16 ans accomplis. Telle est la disposition de l’ordonnance de Blois, conforme en ce point au concile de Trente.

Il y a plusieurs causes qui peuvent rendre la profession nulle : les plus ordinaires sont lorsque le profès n’a point fait son noviciat pendant le tems prescrit ; lorsqu’il a prononcé ses vœux avant l’âge, ou qu’il les a prononcés par crainte ou par violence, ou dans un tems où il n’avoit pas son bon sens ; de même si la profession n’a pas été reçue par un supérieur légitime, ou qu’elle n’ait pas été faite dans un ordre approuvé par l’Eglise.

La profession religieuse fait vaquer tous les bénéfices séculiers dont le profès étoit pourvu ; cap. beneficium de regular. in-6°. Voyez les decrétales, liv. III. tit. 31. (A)

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Étymologie de « profession »

Prov. professio ; espag. profession ; ital. professione ; du lat. professionem, qui vient de professus, qui a exposé, déclaré (voy. PROFÈS).

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Du latin professio (« déclaration, déclaration publique, action de se donner comme ») d'où « état, condition, métier ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « profession »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
profession prɔfɛsjɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « profession » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « profession »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « profession »

  • Homéopathe. L'humoriste de la profession médicale.
    Ambrose Bierce — Le dictionnaire du Diable
  • La littérature, quand elle n’est pas un art, est au moins une profession libérale.
    Aurélien Scholl
  • De profession à profession, on se devine, et de vice à vice aussi.
    Marcel Proust — A la recherche du temps perdu
  • Si les journalistes étaient des funambules, il y aurait une forte mortalité dans la profession.
    Coluche — Pensées et anecdotes
  • L'homme épouse une dot et la femme une profession.
    Claude Tillier — Mon oncle Benjamin
  • Tout critique de profession, homme médiocre par nature.
    Joseph Joubert — Carnets
  • Les gens trop heureux sont comme les voleurs de profession. Ils finissent toujours par être pincés.
    Alfred Capus
  • Ce n'est pas la profession qui honore l'homme mais c'est l'homme qui honore la profession.
    Louis Pasteur
  • Chaque profession a un vice et un danger qui lui sont attachés.
    Voltaire — L'ingénu
  • Un acteur qui n’ose pas se faire d’ennemis devrait quitter la profession.
    Bette Davis — The Lonely Life
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Images d'illustration du mot « profession »

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Traductions du mot « profession »

Langue Traduction
Anglais profession
Espagnol profesión
Italien professione
Allemand beruf
Chinois 职业
Arabe مهنة
Portugais profissão
Russe профессия
Japonais 職業
Basque lanbidea
Corse professione
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Synonymes de « profession »

Source : synonymes de profession sur lebonsynonyme.fr

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Profession

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