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Pitoyable

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin pitoyable pitoyables

Définitions de « pitoyable »

Trésor de la Langue Française informatisé

PITOYABLE, adj.

A. − Vx. Qui a pitié, qui est enclin à éprouver ce sentiment. Anton. impitoyable.Âme, coeur pitoyable. Cette tendresse pitoyable des paysans pour les pauvres soldats emmenés en captivité (Zola, Débâcle,1892, p.470).Ils disaient qu'ils avaient trouvé le roi Charles doux, gracieux, pitoyable et miséricordieux (A. France, J. d'Arc,t.1, 1908, p.507).Maintenant, il pouvait partir; il s'en irait en une gratitude infinie (...). Il l'avait vue douce, bonne, pitoyable, ce qu'elle était, enfin (Malègue, Augustin,t.2, 1933, p.95):
1. Au lieu de se montrer terrible et dure envers les vaincus, comme en germinal et en prairial, la Convention cette fois fut très douce et pitoyable, elle ne fusilla que deux insurgés et ne déporta personne. Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t.2, 1870, p.378.
Pitoyable à.Être pitoyable à la souffrance de qqn. Elle devenait véritablement éloquente, maternelle aux misérables, pitoyable aux opprimés (Huysmans, À rebours,1884, p.110).
[P. méton.] Lieux pitoyables. ,,Les hôpitaux, maladreries, etc., où l'on exerce l'hospitalité, la charité`` (Ac. 1798-1878).
B. − Qui fait pitié, qui suscite la compassion. Pitoyable victime; air, détail, détresse, drame pitoyable; cris, plaies pitoyables. Une pauvre maigre femme, (...) −épuisée et pitoyable comme les femmes de la campagne, épuisées à quarante ans par une vie de bêtes de somme (Goncourt, Journal,1860, p.733).Lorsqu'elle vit ce petit corps pitoyable et touchant, tout son coeur se fondit (Rolland, J.-Chr.,Amies, 1910, p.1205).Ce corps humain blanchâtre, étendu sous les Oliviers, ce gisant semblable à tous les autres, écrasé, pitoyable, suant le sang devant la mort (Malègue, Augustin,t.1, 1933, p.122):
2. Il se plaignait surtout de cette jointure, où la douleur devint bientôt insupportable. Le bras étendu, il soupirait, en ne quittant pas des yeux sa main, une main pitoyable aux phalanges enflées de noeuds, au pouce dévié et comme cassé d'un coup de marteau. Zola, Joie de vivre,1884, p.939.
C. − Péj. Qui suscite la moquerie ou un mépris apitoyé. Synon. lamentable, minable, misérable.Auteur, écrivain, peintre, poète pitoyable; conduite, discours, raisonnement, style pitoyable. Il arrivait pitoyable au bureau, le teint boueux, la cravate lâche, le faux-col en accordéon (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 5etabl., 1, p.163):
3. Elle aimait assez à entendre ces prédications de passage, et y trouvait parfois une diversion aux sermons assez pitoyables ou ridicules que venaient faire, aux grandes fêtes, les écoliers des Bernardins. Sainte-Beuve, Port-Royal,t.1, 1840, p.95.
Loc. Il est pitoyable! Si ce n'est pas pitoyable! Il est, si ce n'est pas malheureux, lamentable. «Si ce n'est pas pitoyable!» fit le socialiste, en haussant de dégoût les épaules (Flaub., Éduc. sent.,t.1, 1869, p.177).
REM. 1.
Pitoyer, verbe intrans.,hapax. ,,Apitoyer, rendre pitoyable`` (Rheims 1969). Si tu savais ce que je souffre Dans ce misérable suspens, (...) Des cieux flambants de toutes joies Au gouffre plein d'ombre et de mal, Tu pitoierais −et tu pitoies? − (Verlaine, Ds les limbes,1894, p.110).
2.
Pitoyeux, -euse, adj.Qui éprouve de la pitié. Ça me foutait en rebrousse des manières comme ça!... pitoyeuses... soucieuses... (Céline, Mort à crédit,1936, p.294).
Prononc. et Orth.: [pitwajabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1remoit. xiies. piteable «qui est enclin à la pitié, miséricordieux» (Psautier de Cambridge, éd. F. Michel, 85, 5); ca 1485 pitoyable (Mistère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 37214); b) 1316 «fait, inspiré par la pitié» (Jehan Maillart, Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 5143); c) xiiies. piteauble «qui inspire de la pitié» (Ordin. Tancrei, ms. Salis, fo43eds Gdf. Compl.); 2. 1680 pitoyable «mauvais en son genre, médiocre» (Rich.). Piteable, dér. de pitié*; suff. -able*; la forme pitoyable par assimilation à l'évolution de apitier en apitoyer*. A évincé l'a. m. fr. pitable «doux, enclin à la pitié» (xiiie-xives., v. Gdf.), dér. de piteux*. Fréq. abs. littér.: 610. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 543, b) 690; xxes.: a) 1456, b) 884.
DÉR.
Pitoyablement, adv.a) D'une manière propre à susciter la pitié. L'enfant, qui ne trouvait plus de lait, criait (...). Pitoyablement petit, le teint blême et brouillé, les yeux enflammés, sa mère le contemplait avec une sollicitude douloureuse (A. France, Dieux ont soif,1912, p.74).b) Médiocrement. Échouer pitoyablement. Très troublé et sentant la sueur glacer mon front, je bredouillais pitoyablement une phrase (A. France, Bonnard,1881, p.319). [pitwajabləmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. 1262 piteiablement «d'une manière propre à inspirer la pitié» (Jean le Marchant, Miracles N. D. de Chartres, éd. P. Kunstmann, VII, 99), 1559 pitoyablement (Amyot, Periclès ds Vies des Hommes illustres, éd. L. Clément, p.45); de pitoyable, suff. -ment2*, a signifié également «pieusement» (xiiie-xvies., v. Gdf.). Fréq. abs. littér.: 27.
BBG.Blondheim (D. S.). Essai d'un vocab. compar. des parlers rom. des Juifs au Moy. Âge. Romania. 1923, t.49, p.387.

pitoyable « qui inspire la pitié » / apitoyer

Wiktionnaire

Adjectif - français

pitoyable \pi.twa.jabl\ masculin et féminin identiques

  1. (Vieilli) Qui est naturellement enclin à la pitié.
    • […] je dis que tout prince doit désirer d’être tenu pour pitoyable et non pour cruel : cependant il doit prendre garde de ne point mal user de cette pitié. — (Nicolas Machiavel, Le Prince, traduction d’Yves Lévy)
    • […], Jacques examina ses malades, pitoyable devant toute cette misère, toute cette souffrance qu’il devait adoucir. — (Isabelle Eberhardt, Le Major, 1903)
    • Chose difficile à croire et pourtant certaine, son époux fut affligé de cette mort, tant il avait l’âme pitoyable. — (Anatole France, Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux, 1909)
    • Ces gens là, quelque pitoyables que nous nous montrions pour eux, nous garderont jusqu’au bout la même haine inexpiable ; […]. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, page 59)
    • Soyez pitoyables Et donnez du pain À de pauvres diables, Qui meurent de faim… — (Les Brigands (opéra bouffe), Jacques Offenbach, Livret de Henri Meilhac et de Ludovic Halévy (1869))
    • Antoine et ma belle-sœur jouaient bien leur jeu ; ils se montraient, à mon égard, pitoyables, ils ne procédaient que par des allusions contristées. J'étais presque leur dupe, mais non pas entièrement ! — (Pierre Mille, Christine et lui, Librorium Éditions, 2019, page 123)
  2. (Plus courant) Qui excite la pitié.
    • Je ne sais pas de situation plus pitoyable que d’être bloqué par un brouillard humide sous le 66e degré de latitude nord; […]. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 61)
    • Elle pleurait simplement, sans aucun sanglot, mais n'en paraissait que plus pitoyable. — (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre IV)
    • Rien entre nous, que des souvenirs assez pitoyables, le tas lugubre des dèches quotidiennes, des privations et des désespérances. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 177)
  3. (Péjoratif) Qui inspire une pitié méprisante, qui est mauvais dans son genre, qui est digne de mépris.
    • Oui, sans doute, il est pitoyable que des personnes aisées occupent indûment des lits dans les hôpitaux. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • […] : les prétendus beaux-esprits qui se trouvent parmi eux ne sont que de pitoyables bavards que le plus petit philosophe crotté; qui court les rues de Paris , mettrait à quia. — (Les Belges au tribunal de l'Europe; faisant suite à La ville rebelle, […], par Mysochlocrate, Imprimerie de H.P. de Swart, 1831, page 237)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PITOYABLE. adj. des deux genres
. Qui est naturellement enclin à la pitié. Une âme sensible et pitoyable envers les pauvres. Vous êtes bien pitoyable. Vous n'êtes guère pitoyable. Il est peu usité en ce sens. Il signifie plus communément Qui excite la pitié. Il a une santé pitoyable. Un récit pitoyable. Il jetait des cris pitoyables. Il signifie encore Qui inspire une pitié méprisante, qui est mauvais dans son genre. Il écrit d'une manière pitoyable. Tout ce qu'il dit est pitoyable. Style pitoyable. Excuse pitoyable. C'est un auteur, un acteur pitoyable.

Littré (1872-1877)

PITOYABLE (pi-to-ia-bl' ; plusieurs disent pi-toiia-bl') adj.
  • 1Qui est naturellement enclin à la pitié. Qu'à la fin mes ennuis la rendent pitoyable [ma dame], Pourvu que je la serve à son contentement, Malherbe, V, 23. Si le ciel pitoyable eût écouté ma voix, Corneille, Hor. III, 5. La femme du meunier, pitoyable comme une femme, lui fit dresser un lit et le fit coucher, Scarron, Rom. com. II, 16. Le missionnaire rendait les maîtres plus pitoyables et les esclaves plus vertueux, Chateaubriand, Génie, IV, IV, 7.

    Il se dit en ce sens des sentiments, des regards, etc. Il n'y eut jamais une tristesse pareille à la mienne ; et, si j'osais écrire des lettres pitoyables, je dirais des choses qui vous feraient fendre le cœur, Voiture, Lett. XI. J'entre en des sentiments qui ne sont pas croyables, J'en ai de violents, j'en ai de pitoyables… J'aime ce malheureux…, Corneille, Poly. III, 5. …Allez, je vous fais grâce, Je jette encore un œil pitoyable sur vous, Molière, Ét. II, 8.

    Il vieillit en cet emploi, et pour l'employer il faut en bien choisir la place.

    En style d'anciennes ordonnances, lieux pitoyables, les hôpitaux, maladreries, etc.

  • 2Qui excite la pitié. Je jure donc par vous, ô pitoyable reste [cendres de Pompée]…, Corneille, Pomp. v, 1. Je voudrais pouvoir me dispenser de vous représenter un si pitoyable spectacle, Fléchier, Panég. II, 363.

    Substantivement. Est-il moins dans la nature de s'attendrir sur le pitoyable que d'éclater sur le ridicule ? La Bruyère, I.

  • 3 Par dénigrement. Méprisable, mauvais dans son genre. Quels pitoyables vers ! quel style languissant ! Boileau, Ép. X. Je ne m'amuserai point à prouver ici combien sont pitoyables tous ces raisonnements, Diderot, Opin. des anc. philos. (antédiluvienne philos.)

    Cela est pitoyable, se dit d'un acte, d'une parole qui ne mérite aucune attention sérieuse. On m'a bien reproché cet embrasement du temple d'Éphèse ; toute la Grèce en a fait beaucoup de bruit ; mais en vérité cela est pitoyable ; on ne juge guère sainement des choses, Fontenelle, Dial. 1, Morts anc.

    Il se dit aussi des personnes. Un poëte pitoyable. Il [le duc de Montmouth] paraît partout tel qu'il était dans sa conduite, téméraire dans ses entreprises, incertain dans l'exécution, et pitoyable dans les extrémités où beaucoup de fermeté doit au moins répondre à la grandeur de l'attentat, Hamilton, Gramm. X.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ele ot le cuer si piteable, Et si dous et si amiable…, la Rose, 1211.

XVe s. [Sa grâce] n'estoit pas trop difficile de conquerre, tant estoit douce et pitiable, Louis XI, Nouv. XXXIV.

XVIe s. Le pape ne peut convertir aucuns legs, ores qu'ils fussent pitoyables [pieux], en autre usage contre la volonté des deffunts, P. Pithou, 25. Chelonys, fille et femme de roys de Sparte… n'ayant aultre choix que de se jecter au party où elle faisoit le plus de besoing, et où elle se montroit plus pitoyable, Montaigne, IV, 284. Les gestes et mouvements pitoyables… d'un homme mourant en angoisse, Montaigne, II, 131. Les grimaces de la vieillesse, ces grimaces difformes et pitoyables, Montaigne, III, 382.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « pitoyable »

Pitoyer, qui se trouve dans a-pitoyer, et qui vient de piteux ; prov. piatable.

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En ancien français piteable, dérivé de pitié avec le suffixe -able. La forme pitoyable est analogique de l’évolution de apitier en apitoyer. Elle a supplanté l’ancien et moyen français pitable « enclin à la pitié » (xiiie-xive siècles), dérivé de piteux.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « pitoyable »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
pitoyable pitwajabl

Fréquence d'apparition du mot « pitoyable » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « pitoyable »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « pitoyable »

  • Je préfère peindre des yeux humains plutôt que des cathédrales - l’âme d’un être humain - même les yeux d’un pitoyable gueux ou d’une fille du trottoir sont plus intéressants à mes yeux.
    Gustave Courbet
  • L'évidence porte souvent un cruel mensonge et la logique une pitoyable contradiction.
    Anne-Marie — L'aube de la joie
  • Nous nous rendons pitoyables ou nous nous rendons forts. La quantité de travail à fournir est la même.
    Carlos Castaneda
  • Les individus ne reconnaissent un Dieu au-dessus d'eux que pour posséder en lui un espace infini où ils puissent étendre et étaler dans l'éternité leur individualité bornée, particulière, pitoyable...
    Ludwig Feuerbach — Pensées sur la mort et sur l'immortalité
  • La réalité est parfois plus pitoyable que la plus dramatique des fictions.
    Normand Reid — T'es fou l'artiste !
  • Il n'existe pas d'animal plus mesquin, stupide, infâme, pitoyable, égoïste, méchant, envieux et ingrat que le public. Il est le plus grand des lâches, car il a peur de lui-même.
    William Hazlitt — Propos de table
  • Il faut être plus avare de son temps que de son argent ; cependant on prodigue cet inestimable trésor si pitoyablement.
    Christine de Suède — Maximes
  • Est-il rien de si pitoyable au monde que les fonctions de journaliste de province, condamné à ne jamais écrire que des vulgarités pour se mettre au niveau de son public.
    Auguste Nefftzer
  • Qu'il est pitoyable, l'être trop faible qui soudainement se fâche. Il ne sait plus, l'instant de colère passé, comment se comporter.
    Gilles Archambault — La vie à trois
  • Nous savons au moins déja une chose, c'est que l'homme est merveilleux, et que les hommes sont pitoyables.
    René Barjavel — La Nuit des temps
Voir toutes les citations du mot « pitoyable » →

Traductions du mot « pitoyable »

Langue Traduction
Anglais pitiful
Espagnol lamentable
Italien pietoso
Allemand erbärmlich
Chinois 可怜
Arabe يرثى لها
Portugais lamentável
Russe жалкий
Japonais 哀れな
Basque pitiful
Corse pietoso
Source : Google Translate API

Synonymes de « pitoyable »

Source : synonymes de pitoyable sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot pitoyable au Scrabble ?

Nombre de points du mot pitoyable au scrabble : 16 points

Pitoyable

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