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Nager
Sommaire
- Définitions de « nager »
- Étymologie de « nager »
- Phonétique de « nager »
- Fréquence d'apparition du mot « nager » dans le journal Le Monde
- Citations contenant le mot « nager »
- Images d'illustration du mot « nager »
- Traductions du mot « nager »
- Synonymes de « nager »
- Antonymes de « nager »
- Combien de points fait le mot nager au Scrabble ?
Définitions de « nager »
Trésor de la Langue Française informatisé
NAGER, verbe
Wiktionnaire
Verbe - français
nager \na.ʒe\ intransitif (habituellement, mais des emplois transitifs sont néanmoins possibles) 1er groupe (voir la conjugaison)
- Se déplacer dans l'eau (pour un être vivant) par le mouvement de certaines parties du corps.
- […] ; et puis, je me suis un peu détourné de la ligne droite pour aller jeter à la rivière un affreux enfant qui criait : À bas les papistes, vive l’amiral ! Malheureusement, je crois que le drôle savait nager. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre IX)
- Et Le Gonidec saute à l’eau aveuglante. Il nage tant bien que mal, et donne contre une échelle. Il s’y cramponne. — (José Gers, Sur la mort du Pourquoi pas ?, France libre, volume 6, 1936)
-
(Transitif) Parcourir en nageant.
- Un jour, il n’a pas pu faire autrement que de m'acheter cette sacrée mobylette : j’avais nagé le 100 mètres en 1 minute 8 ! — (site www.civismemoria.fr)
- Pratiquer, savoir nager (un style de nage).
- Le problème c'est qu'une grande majorité de personnes nage la brasse en se cambrant et du coup se casse le dos et les reins. — (site www.dutempspourmoi.com)
-
Flotter.
- Pourquoy est-ce que l’huile nage sur toutes autres liqueurs excepté sur l’eau de vie: Pour ce qu’elle est grasse, & par consequent aërienne. Car les choses grasses tiennent beaucoup de l’air, & ce qui est aërien est plus leger que ce qui et aqueux […]. — (Scipion Dupleix, La curiosité naturelle rédigée en questions selon l’ordre alphabetique, chez Simon Rigaud, Lyon, 1620, page 125)
-
(Par extension) Baigner ; être plongé.
- Il y baigne dans ses souvenirs du Quartier latin, et nous dans l'odeur de chou. On nous y sert un bortch où de rares légumes nagent dans l'eau chaude et des pirojkis rassis, mais au son des balalaïkas, dans un décor à la Boris Godounov. — (Dominique Jamet, Un petit Parisien: 1941-1945, Flammarion, 2012)
-
(Figuré) Être entouré de…
- Les dirigeants de l’organisation américaine qui défend le port d’arme sont notamment accusés de s’être enrichis illicitement, nageant dans les conflits d’intérêts. — (Arnaud Leparmentier, La procureure de New York veut dissoudre la puissante NRA, le lobby des armes, Le Monde. Mis en ligne le 7 août 2020)
- Nager dans l’opulence, jouir de grandes richesses.
- Nager dans la joie, être rempli de joie.
- Nager dans les plaisirs, vivre au milieu des plaisirs, s’y abandonner.
-
(Marine) Ramer ; voguer à la rame ; faire avancer une embarcation à l’aide de rames ou d’avirons.
- Il résulte de cet acte que la galère de Jean Fournier était à 25 bancs et à 2 rames par banc, employant cent rameurs pour faire la navigation de Gènes à Montpellier, et 116 pour aller de Montpellier à Barcelone. Ces 16 rameurs de supplément ne nageaient pas à un étage inférieur, quand les 100 autres nageaient en haut; les galères de cette époque n'étaient pas à deux étages de rameurs. — (Augustin Jal, Glossaire nautique: Répertoire polyglotte de termes de marine anciens et modernes Paris : Firmin Didot, 1848, volume 2, page 1551)
- Pour aborder une embarcation : aux commandements de, acoste à bord! tiens bon! mâte! les rameurs cessent de nager et relèvent leurs rames ; […]. — (Guillaume-Louis-Gustave Belèze, Dictionnaire universel de la vie pratique à la ville et à la campagne, Paris : Hachette, 1882 , volume 2, page 1072)
- Ce fut-là où pour la ſeconde fois nous nous ſèrvîmes de notre Canot & nageâmes ſi vigoureuſement, qu'en montant cette Rivière nous fimes près de douze lieuës dans l'eſpace de ſix heures., — (Claude Le Beau, Avantures du Sieur Claude Le Beau. Voyage curieux et nouveau parmi les Sauvages de l'Amerique septentrionale, 1738)
- Porter un vêtement beaucoup trop ample, d’une taille beaucoup trop grande pour soi.
- Melrose posa sa canne et déboutonna puis reboutonna le manteau de Bertie, qui nageait dedans. — (Martha Grimes, L’énigme de Rackmoor, traduction en français, Presses de la Cité, 1991, partie IV, chapitre 8)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Se soutenir et avancer sur l'eau par le mouvement de certaines parties du corps. Il se dit de l'Homme et des animaux. Apprendre à nager. Il nage comme un poisson. Nager sur le dos. Nager entre deux eaux. Un chien, un cheval qui nage. Fam., Nager comme un chien de plomb, Ne pas savoir nager.
NAGER signifie aussi, en parlant des Choses, Flotter. L'huile nage sur l'eau. Il signifie encore, par extension, Baigner, être plongé. Quelques légumes nageaient dans le bouillon. Par exagération, Nager dans le sang, Être couvert de sang. Ce blessé nageait dans son sang. Fig., Nager en grande eau, Être dans l'abondance, jouir d'une grande fortune, se trouver dans de grandes occasions d'avancer ses affaires. Fig., Nager dans l'opulence, Jouir de grandes richesses. Nager dans la joie, Être rempli de joie. Nager dans les plaisirs, Vivre au milieu des plaisirs, s'y abandonner. Fig. et fam., Nager entre deux eaux, se dit d'une Personne qui, entre deux partis, se conduit de manière à les ménager l'un et l'autre.
NAGER signifie, en termes de Marine et de Sports, Faire avancer une embarcation à l'aide de rames ou d'avirons. Nager de toutes les rames. Nager debout.
Littré (1872-1877)
Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
-
1Se soutenir et avancer sur l'eau par le mouvement de certaines parties du corps. Nager comme un poisson. Nager sur le dos. Nager entre deux eaux.
Tantôt on les eût vus côte à côte nager [deux oiseaux d'eau], Tantôt courir sur l'onde et tantôt se plonger
, La Fontaine, Fabl. III, 12.Il nageait quelque peu, mais il fallait de l'aide
, La Fontaine, ib. IV, 11.Lorsque vous suivez en nageant le cours de la rivière qui vous conduit, il vous semble qu'il n'y a rien de si doux ni de si paisible ; mais, si vous remontez contre l'eau, c'est alors que vous éprouvez la rapidité de son mouvement
, Bossuet, 1er sermon, Pentec. 1.Il nage comme une meule de moulin, comme un chien de plomb, se dit d'un homme qui ne sait pas du tout nager.
Fig. Nager en grande eau, être dans l'opulence, ou être dans les emplois, dans les positions où l'on s'enrichit.
Rien n'est tel, comme on dit, que nager en grande eau
, Du Cerceau, les Deux cousins, I, 15.Quand j'ai nagé en grande eau, j'ai toujours eu le malheur de m'y noyer
, Lesage, Guzm. d'Alfarache, VI, 8.Fig. Nager entre deux eaux, se ménager entre deux partis, ne s'attacher à aucun.
On dit dans le même sens : nager entre deux partis.
Ceux qui songent à contenter tout le monde, et nagent comme incertains entre deux partis
, Bossuet, Polit. X, IV, 1.La situation de Sedan dans les Ardennes et sur un bord jaloux de frontière mit ces seigneurs en état de nager entre la France et la maison d'Autriche
, Saint-Simon, 167, 227.Fig. Nager entre les extrémités, être également éloigné des extrêmes.
L'on voit peu d'esprits entièrement lourds et stupides ; l'on en voit encore moins qui soient sublimes et transcendants ; le commun des hommes nage entre les deux extrémités
, La Bruyère, XI.Fig. Nager contre le courant, contre le torrent, résister à l'opinion commune.
Il a, je l'avoue, la réputation d'un honnête homme ; mais je vois trop qu'il n'y a point de juge qui le soit assez pour nager contre le torrent et se roidir tout seul contre une cabale puissante
, Rousseau J.-B. Lett. à Boutet, 20 juillet 1712. -
2 Terme de marine, seulement usité en parlant du maniement des avirons. Ramer pour voguer sur l'eau.
Il força, l'épée à la main, l'équipage de sa chaloupe à nager, il vint à la galiote…
, Fontenelle, Renau.Nager à caler, synonyme de scier.
Nager sec, remuer les avirons de manière à ne pas faire jaillir l'eau.
Nager à sec, prendre appui avec ses avirons sur un quai ou un rivage.
Nager de long, faire parcourir le plus grand espace possible à la pelle de l'aviron.
Nager sur le fer, empêcher une embarcation de chasser.
Au sens de ramer, il est actif aussi : nager la chaloupe à bord.
- 3Flotter sur l'eau, ne point aller au fond, surnager. Le liége nage sur l'eau. L'huile nage sur l'eau.
- 4 Par extension, être dans un fluide quelconque. Poisson qui nage dans le beurre.
-
5Flotter d'une façon quelconque.
Ces grands corps de lumière… qui nagent, pour ainsi dire, dans ces espaces
, Massillon, Carême, Vérité de la religion.Au delà de leurs cours [des astres], et loin dans cet espace, Où la matière nage et que Dieu seul embrasse, Sont des soleils sans nombre et des mondes sans fin
, Voltaire, Henr. VII. -
6 Fig.
Nager dans…, être au milieu de… Les douceurs où je nage ont une violence Qui ne se peut céler
, Malherbe, V, 25.Je nage dans la joie, et je tremble de crainte
, Corneille, Cid, III, 5.Son cœur nage dans la mollesse
, Racine, Esth. II, 9.Elles nagent dans la prospérité
, La Bruyère, VI.Nageant dans le reflux des contrariétés
, Voltaire, Fanat. IV, 3.Nous nageons dans l'incertitude ; nous avons très peu d'idées claires
, Voltaire, Lett. à M***, 1776.Je n'entends parler que de millions [lors du système de Law] ; on dit que tout ce qui était à son aise est dans la misère, et que tout ce qui était dans la mendicité nage dans l'opulence
, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 9.Couronné de rayons, nageant dans la lumière
, Voltaire, Henr. X.Sûre qu'en présentant le mérite à ta vue, Ce monde où tu nageais, qui t'a longtemps déçue, Te paraîtrait bientôt ce qu'il est en effet, Du plus parfait mépris le méprisable objet
, Lanoue, Coquette corr. V, 6. -
7 Par exagération, nager dans le sang, en être couvert.
Le bûcher, par mes soins détruit et renversé, Dans le sang des bourreaux nagera dispersé
, Racine, Iph. V, 2.Je me souviendrai toute ma vie d'avoir vu cette tête qui nageait dans le sang
, Fénelon, Tél. II.Nager dans son sang, être tout couvert de son sang.
Ils n'y auront trouvé qu'un corps sans tête nageant dans son sang
, Sacy, Judith, XIV, 4.Par extension, être rempli de carnage.
Tout nage dans le sang, et on ne tombe que sur des corps morts
, Bossuet, Anne de Gonz.Déjà l'armée hollandaise avec ses superbes étendards ne lui échappera pas ; tout nage dans le sang, tout est en proie
, Bossuet, Louis de Bourbon.Le pays des Velches, dont je suis natif, nagea dans le sang ; mais, dès que ces exécutions étaient faites, la nation se mettait à danser, à chanter, à faire l'amour, à boire et à rire
, Voltaire, Dial. 10.Maroc nageait dans le sang quand nous arrivâmes
, Voltaire, Candide, 11. -
8Il se dit de l'œil, du regard qui devient vague et comme noyé.
…Elle fait un effort, Étend les bras, me cherche, ouvre avec peine Des yeux nageant dans l'ombre de la mort
, Malfilâtre, Narcisse, ch. III.Adieu, déjà je sens dans un nuage épais Nager mes yeux éteints et fermés pour jamais
, Delille, Géorg. IV. -
9 Terme de manége. Il se dit du cheval qui jette les pieds en dehors.
Nager à sec, se dit d'un animal qu'on force, pour le guérir, à marcher sur trois jambes, en lui en liant une.
Terme de fauconnerie. Nager entre les nuées, se dit du faucon qui plane.
PROVERBE
Le monde est rond ; qui ne sait nager va au fond, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 330.
HISTORIQUE
XIe s. Siglent à fort et nagent et gouvernent
, Ch. de Rol. CLXXXVI.
XIIe s. Outre la mer les en ferai nagier
, Raoul de Cambrai, 65.
XIIIe s. [Un cul de jatte] Purpensez s'est de un engin, Par quel s'en va par le chemin, Un auget ù il s'est asis, Se trait meïsmes li cheitifs, E en chemin nagge sans flot
, Édouard le confesseur, V. 3997. Et si est moult parfont [un fleuve], que grans nes [nefs] y porroient nagier dedens
, Marc Pol, p. 451. Li bateaus moult tost s'en revait, Ne voit quil nage, ne quil trait
, Partonop. V. 1977. Li marinier qui par mer nage, Cerchant mainte terre sauvage, Tout regarde il à une estoile
, la Rose, 7587. Voiz comment elles [les dames] portent leurs mantiaus gentement, Voiz comment elles nagent dessus le pavement, Voiz comme elles se chaucent bien et faitiscement [avec grâce]
, J. de Meung, Test. 1242.
XVe s. Ils furent onze jours tout pleins en ce batelet ; et s'efforçoient de nager tant qu'ils pouvoient ; mais ils ne pouvoient si loin nager, que tous les jours le vent, qui leur estoit contraire, les ramenoit une fois ou deux
, Froissart, I, I, 22. Jean de la Faucille… nageoit entre deux eaux, et se faisoit, à son pouvoir, neutre
, Froissart, II, II, 63. Nageant entre les deux
, Commines, IV, 4. J'entends de ceulx qui estoient ses subjecis et en son royaulme, car tous les aultres ne nageoient qus soubz le vent de cestuy
, Commines, V, I. Il faut que tout paye gabelle à Venise, si on veut nager par ledit golfe
, Commines, VIII, 14.
XVIe s. Qui ne sçait nager, il n'est pas en peril pour son ennemy sculement, mais pour le peril de l'eaue ; et pour tout il est convenable d'aprendre soy et son cheval à noer [nager]
, Rozier histor. I, 6. Il fault bien qu'il naige, qui est soutenu par le menton
, Palsgrave, p. 451. Il n'est nager qu'en grant eau
, Cotgrave † Il ne faut apprendre aux poissons à nager
, Cotgrave †
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
NAGER. - HIST. Ajoutez :
XIVe s. Ainsy vouloit le dit due de Brabant nager entre deux yawes
, J. le Bel, Vrayes chroniques, t. I, p. 136.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
NAGER, v. n. l’art ou l’action de nager consiste à soutenir le corps vers la surface de l’eau, & à s’avancer ou faire du chemin dans l’eau par le mouvement des bras & des jambes, &c. Voyez Animal.
L’homme est le seul des animaux qui apprenne à nager ; beaucoup d’autres animaux nagent naturellement ; mais un grand nombre d’animaux ne nagent point du tout.
Chez les anciens Grecs & Romains, l’art de nager faisoit une partie si essentielle de l’éducation de la jeunesse, qu’en parlant d’un homme ignorant, grossier, & mal élevé, ils avoient coutume de dire proverbialement, qu’il n’avoit appris ni à lire ni à nager.
A l’égard des poissons, c’est leur queue qui contribue le plus à les faire nager, & non pas leurs nageoires, comme on se l’imagine assez généralement ; c’est pour cette raison que la nature leur a donné plus de force & plus de muscles dans cette partie que dans toutes les autres, tandis que nous remarquons le contraire dans tous les autres animaux, dont les parties motrices sont toujours les plus fortes, comme les cuisses dans l’homme, pour le faire marcher ; les muscles pectoraux dans les oiseaux pour les faire voler, &c. Voyez Marche, Vol, &c.
La maniere dont les poissons s’avancent dans l’eau est parfaitement bien expliquée dans Borelli, de motu animal. part. I. chap. xxiij. ils ne se servent de leurs nageoires que pour tenir leurs corps en balance & en équilibre, & pour empêcher qu’il ne vacille en nageant. Voyez & Queue.
M. Thevenot a publié un livre curieux intitulé, l’art de nager, démontré par figures. Et avant lui Everard Digby, anglois, & Nicolas Winman, allemand, avoient deja donné les regles de cet art. Thevenot n’a fait, pour ainsi dire, que copier ces deux auteurs ; mais s’il se fût donné la peine de lire le traité de Borelli, avec la moitié de l’application qu’il a lu les deux autres, il n’auroit pas soutenu, comme il l’a fait, que l’homme nageroit naturellement, comme les autres animaux, s’il n’en étoit empêché par la peur qui augmente le danger.
Nous avons plusieurs expériences qui détruisent ce sentiment : en effet, que l’on jette dans l’eau quelque bête qui vient de naître, elle nagera ; que l’on y jette un enfant qui ne puisse point encore être susceptible de peur, il ne nagera point ; & il ira droit au fond. La raison en est que la structure & la configuration de la machine du corps humain sont très-différentes de celles des bêtes brutes, & sur-tout, ce qui est fort extraordinaire, par rapport à la situation du centre de sa gravité. Dans l’homme c’est la tête qui est d’une pesanteur excessive, eu égard à la pesanteur du reste de son corps, ce qui vient de ce que sa tête est garnie d’une quantité considérable de cervelle, & que toute sa masse est composée d’os, & de parties charnues, sans qu’il y ait des cavités remplies de la seule substance de l’air : de sorte que la tête de l’homme s’enfonçant par sa propre gravité dans l’eau, celle-ci ne tarde gueres à remplir le nez & les oreilles, & que le fort ou le pesant emportant le foible ou le leger, l’homme se noie, & périt en peu de tems.
Mais dans les bêtes brutes, comme leur tête ne renferme que très-peu de cervelle, & que d’ailleurs il s’y trouve beaucoup de sinus, ou cavités pleines d’air, sa pesanteur n’est pas proportionnée au reste de leurs corps, de sorte qu’elles n’ont aucune peine à soutenir le nez au-dessus de l’eau, & que suivant les principes de la statique pouvant ainsi respirer librement, elles ne courent aucun risque de se noyer.
En effet, l’art de nager, qui ne s’acquiert que par l’expérience & par l’exercice, consiste principalement dans l’adresse de tenir la tête hors de l’eau, de sorte que le nez & la bouche étant en liberté l’homme respire à son aise, le mouvement & l’extension de ses piés & de ses mains lui suffisent pour le soutenir vers la surface de l’eau, & il s’en sert comme de rames pour conduire son corps. Il suffit même qu’il fasse le plus petit mouvement, car le corps de l’homme est à-peu-près de la même pesanteur qu’un égal volume d’eau, d’où il s’ensuit par les principes de l’hydrostatique que le corps de l’homme est déja presque de lui-même en équilibre avec l’eau, & qu’il ne faut que peu de forces pour le soutenir.
M. Bazin, correspondant de l’académie royale des Sciences de Paris, a fait imprimer il y a quelques années à Strasbourg un petit ouvrage dans lequel il examine pourquoi les bêtes nagent naturellement, & pourquoi au contraire l’homme est obligé d’en chercher les moyens. Il en donne des raisons prises dans la différente structure du corps de l’homme & de celui des animaux, mais ces raisons sont différentes de celles que nous avons apportées ci-dessus. Selon lui les bêtes nagent naturellement parce que le mouvement naturel qu’elles font pour sortir de l’eau quand elles y sont jettées, est un mouvement propre par lui-même à les y soutenir : en effet, un animal à quatre piés qui nage est dans la même situation, & fait les mêmes mouvemens que quand il marche sur la terre ferme. Il n’en est pas de même de l’homme ; l’effort qu’il feroit pour marcher dans l’eau, en conservant la même situation que quand il marche naturellement, ne serviroit qu’à le faire enfoncer, ainsi l’art de nager ne lui peut être naturel.
Nager, l’action de nager, (Médecine.) il y a peu de maladies chroniques dans lesquelles la nage soit bienfaisante, aussi l’ordonne-t-on rarement ; on prend cet exercice seulement en été ; il maigrit les personnes pléthoriques, facilite la transpiration, échauffe, attenue, & rend ceux qui y sont accoutumés moins sensibles aux injures de l’air, la nage ou le bain dans la mer est salutaire à ceux qui sont attaqués d’hydropisie, de gales, de maladies inflammatoires, d’exanthemes, d’élephanthiasis, de fluxion sur les jambes, ou sur quelqu’autre partie du corps.
La nage, soit dans l’eau douce, soit dans l’eau salée, qui est trop fraîche, porte à la tête ; & si on y demeure trop longtems, sa fraicheur attaque les nerfs.
La nage dans l’eau naturellement chaude peut être aussi préjudiciable, cependant bien des gens s’y exposent sans en être endommagés.
La nage se faisoit anciennement en se précautionnant & se préparant contre tous les accidens, soit par les onctions, soit par les frictions, & en se précipitant de quelque lieu élevé. Oribase, liv. VI. ch.xxvij.
La nage a les mêmes avantages les & mêmes inconveniens que le bain, ainsi on peut la considérer comme un exercice ; car on s’y donne de grands mouvemens qui sont fort salutaires. Voyez Gymnase & Gymnastique. Quant à son avantage comme bain, voyez Bain. C’est la meilleure façon de se laver & nettoyer le corps quand on peut la supporter.
Nager à sec, (Maréchall.) opération que les Maréchaux ont inventée pour les chevaux qui ont eu un effort d’épaule ; elle consiste à attacher la jambe saine en faisant joindre le pié au coude, au moyen d’une longe qu’ils passent par-dessous le garot, & dans cet état ils contraignent le cheval à marcher à trois jambes, & par conséquent à faire de nouveaux efforts sur la jambe malade, sous prétexte que par ce moyen il s’échauffe l’épaule, & qu’ainsi les remedes pénetrent plus avant les pores étant plus ouverts ; mais il est aisé de voir que cet expédient ne fait qu’irriter la partie, augmenter la douleur, & rendre par conséquent le mal plus considérable qu’il n’étoit.
Étymologie de « nager »
- De l’ancien français nagier « naviguer, ramer », issu du latin nāvigāre ; il a progressivement éliminé l’ancien français noer « nager », du latin populaire *notare, altération du latin classique natare (même sens).
Hainaut, nanger ; picard, nanger, langer, larger. On le tire du latin navigare, naviguer. Il est certain qu'un des sens primitifs de nager est naviguer ; cela doit faire passer sur la difficulté de tirer nager ou nagier de navigare ; le provençal dit naveiar, le français devrait avoir une forme analogue : naveier. Du sens d'un vaisseau qui navigue, flotte sur l'eau, à celui d'un homme qui nage, le passage est facile. Le vieux français avait aussi neer, naviguer : XIIe s. Cil vait par haute mer neant
, Grég. le Grand, p. 26. Neer vient de natare. Il avait aussi nouer, qui vient également de natare, mais par une forte altération de la voyelle.
Phonétique du mot « nager »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
nager | naʒe |
Fréquence d'apparition du mot « nager » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Citations contenant le mot « nager »
-
Il est bon de nager près du bateau.
Proverbe allemand -
On ne peut pas souffler contre le vent ni nager contre l'eau.
Proverbe lituanien -
Pour remonter à la source, il faut nager à contre-courant.
Stanislaw Jerzy Lec — Nouvelles pensées échevelées -
Dans la maison du marin les enfants savent nager.
Proverbe chinois -
Il est facile de nager quand on vous tient le menton.
Proverbe français -
Je sais nager juste assez pour me retenir de sauver les autres.
Jules Renard -
Dieu ne va jamais au secours que des gens qui savent nager.
Achille Chavée — Décoctions -
Celui qui veut nager dans l'océan de vérité, doit se réduire à zéro.
Gandhi — Le Jeune Inde -
Quand on est à l’eau, il faut nager.
Proverbe québécois -
N'essayez pas de noyer vos chagrins : ils savent nager.
Albert Willemetz
Images d'illustration du mot « nager »
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Traductions du mot « nager »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | swim |
Espagnol | nadar |
Italien | nuotare |
Allemand | schwimmen |
Chinois | 游泳 |
Arabe | للسباحة |
Portugais | nadar |
Russe | плавать |
Japonais | 泳ぐ |
Basque | igeri |
Corse | natà |
Synonymes de « nager »
- objet
- baigner
- flotter
- mouvement
- parcourir à la nage
- se baigner
- direction
- manuvrer
- état
- patauger
- navigation
- naviguer
- ramer
- aller à l'aviron
- acheminer
- aller
- asperger
- cheminer
- circuler
- conduiser
- crawler
- déplacer
- embrouiller
- filer
- godiller
- imbiber
- louvoyer
- marcher
- marivauder
- papillonner
- plonger
- promener
- ramper
- rincer
- tremper
- voyager
- perdre pied
- nager
- se débrouiller
Antonymes de « nager »
Combien de points fait le mot nager au Scrabble ?
Nombre de points du mot nager au scrabble : 6 points