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Morbide

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin morbide morbides

Définitions de « morbide »

Trésor de la Langue Française informatisé

MORBIDE1, adj.

A. − MÉD. (domaine somatique et psychol.)
1. Qui a rapport à la maladie. Synon. pathologique (lang. méd.).
a) Qui concerne les caractéristiques, les manifestations, le résultat de la maladie. La parenté morbide prouvée entre la goutte et le diabète suffit à expliquer ce fait (Le Gendre dsNouv. traité Méd.fasc.71924, p.398).La réceptivité morbide est fonction du degré d'immunité (Aviragnet, Weil-Hallé, Marie dsNouv. traité Méd.fasc.21928, p.653).La réaction contre cette seconde tendance donne une passion de la propreté et une aversion extrême pour la malpropreté, d'où se forme parfois un complexe morbide de pureté (Mounier, Traité caract., 1946, p.144).
SYNT. Caractère, phénomène, processus, signe(s), symptôme(s), trouble(s) morbide(s); crise, évolution, phase, réaction morbide; léthargie, manie, obsession morbide.
[P. méton.] Mais il manque au tableau morbide des éléments essentiels et cachés: la lésion cérébrale que ferait attendre cette paralysie, l'ulcère qui justifierait ces vomissements, l'altération d'organe qui légitimerait cette cécité (Mounier, Traité caract., 1946, p.383).
b) Qui concerne la cause de la maladie. Agent, germe, poison, virus morbide; hérédité morbide. Enlèvement des nerfs du rein chez le chien; mort par empoisonnement; injection de la substance rénale morbide. Ce qui produit ce fait singulier que l'ablation d'un rein ne tue pas, tandis que la section des nerfs d'un rein tue (Cl. Bernard, Notes, 1860, p.126).On croit pouvoir agir sur l'organisme en évacuant la cause morbide. C'est une cause morbifique qu'il faut combattre (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.131).
2. [P. méton.]
a) [En parlant d'animés] Qui est atteint de maladie. C'est la guerre immense et nécessaire que fait l'insecte à toute vie morbide ou encombrante qui serait un obstacle à la vie (Michelet, Insecte, 1857, p.367).
b) [En parlant d'une pers., de ses traits] Qui donne l'apparence de la maladie en général; qui manifeste un état maladif. La tête [du comte dans Hogarth, Le mariage à la mode], pâle, exténuée, morbide (...) se détache du chambranle grisâtre de la cheminée (Gautier, Guide Louvre, 1872, p.335).
B. − P. anal., souvent péj.
1. Qui dénote un déséquilibre mental, un dérèglement anormal. Anton. sain, normal.Attachement, désir, imagination, penchant, plaisir, sentiment morbide. Le classicisme et le romantisme; l'un sain, normal et «normatif» (...), l'autre désordonné, excessif, morbide (Ch. Lalo, Esthét. mus. sc., 1908, p.19).Un humanitarisme morbide rongeait la distinction du bien et du mal, s'apitoyait devant la personne «irresponsable et sacrée» des criminels, capitulait devant le crime et lui livrait la société (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p.764).
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. De là résulte chez les nouveaux [écrivains] un je ne sais quoi d'effréné, de douloureux, une recherche de l'émotion morale et physique, qui est allée s'exaspérant jusqu'au morbide (Bourget, Disciple, 1889, p.89).
2. Qui dénote ou flatte des tendances malsaines, des goûts dépravés. Synon. immoral, pervers; anton. sain, normal.Curiosité, goût morbide.
[En parlant de production de l'esprit] Histoire, littérature morbide. Tout ce vague, cette poésie morbide me débilitaient (Arnoux, Gentilsh. Ceinture, 1928, p.195).
[P. méton.] C'était [chez Goncourt] un style perspicace et morbide, nerveux et retors, diligent à noter l'impalpable impression qui frappe les sens (Huysmans, À rebours, 1884, p.241).M.Huysmans, ce morbide aquafortiste (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p 138):
. ... je me suis demandé pourquoi son pays s'est montré si injuste à son égard [d'E. Poe]. Sans doute, les lecteurs d'ici [New York], le trouvent morbide et il déplaît à l'Amérique d'être représentée par un poète aussi malsain. Green, Journal, 1941, p.57.
REM. 1.
Morbidisme, subst. masc.,hapax. Goût malsain, penchant pour le morbide. Et on entrevoit si bien le complexe. Je ne sais pas si vous le sentez comme moi, mais il y a un érotisme sous-jacent, un morbidisme sobre (Aymé, Travelingue, 1941, p.182).
2.
Morbifuge, adj. hapax.Qui chasse la maladie. On appliquait (...) au vin de Beaune les laudatives épithètes de vin «nourrissant, théologique et «morbifuge» (...). [Le vin] est exalté dans maintes pages de la Bible (Huysmans, Oblat, t.2, 1903, p.108).
3.
Morbigène, adj.,méd. Qui engendre, qui favorise la maladie. Synon. morbifique.Contact morbigène; substance morbigène. Vous avez beau enlever l'individu à la condition qui l'avait formée, la maladie suivra désormais son cours. Toutefois il n'en sera pas moins utile de soustraire l'individu à la condition morbigène, parce que (...) la maladie (...) pourra se terminer plus heureusement (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.162).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀbid]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1486 «malade» (La tresample et vraye Expos. de la reigle M. S. Ben., fo84a ds Gdf.), attest. isolée; 2. 1810 «qui appartient à la maladie, la caractérise ou en résulte» (J. Capuron et P.-H. Nysten, Nouveau dict. de méd., de chir. et de chimie d'apr. FEW t.6, 3, p.124b); 3.1836 au fig. «qui a un caractère anormal, malsain» (Balzac, Lys, p.112). Empr. au lat. morbidus «malade, malsain», dér. de morbus «maladie».
DÉR.
Morbidement, adv.De façon morbide, maladive. Synon. maladivement.Morbidement sensible. Il m'est beaucoup moins désagréable de supporter un fait matériel que d'en parler. Cela (...) me devient morbidement intolérable (...) au fond «tout ce que vous voudrez pourvu qu'on n'en parle pas» (Du Bos, Journal, 1923, p.317).Il peut arriver que des individus isolés, inadaptés, solitaires, morbidement accrochés à leur enfance et repliés sur eux-mêmes, cultivant un goût plus ou moins conscient pour une certaine forme d'échec, parviennent, en s'abandonnant à une obsession en apparence inutile, à arracher et à mettre au jour une parcelle de réalité inconnue (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p.154). [mɔ ʀbidmɑ ̃]. 1resattest. 1839 méd. «de manière morbide» (Journ. de méd. et de chir. pratiques, X, 363 ds Quem. DDL t.8), 1883 au fig. (Huysmans, Art mod., p.96); de morbide1, suff. -ment2*.
BBG.Hope 1971, p.293.

MORBIDE2, adj.

BEAUX-ARTS. [En parlant des chairs, de la manière dont elles sont rendues] Qui a de la morbidesse, un aspect velouté, à la fois souple et délicat. [Les artistes florentins] ont ignoré le nu, hormis celui des éphèbes, ou quand ils le peignent, ce sont les nus de Botticelli, morbides ou transparents comme une ombre (Gilles de La Tourette, L. de Vinci, 1932, pp.29-30).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀbid]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1690 beaux-arts (Fur.). Empr. à l'ital. morbido «mou, souple, malléable» (dep. le xiiies., Giamboni ds Batt.), aussi «beau, harmonieux, délicat» (surtout à propos du corps ou du visage des femmes ou des enfants; id., Guittone d'Arezzo, ibid.), d'où «qui se caractérise par le raffinement des coloris, ou l'harmonie des proportions» (à propos des oeuvres d'art, dep. 1550, Vasari, ibid.), du lat. morbidus (morbide1*) qui prit aux viiie-ixes. le sens de «mou, souple» (d'apr. DEI).
STAT.Morbide1 et 2. Fréq. abs. littér.: 396. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 19, b) 738; xxes.: a) 629, b) 893.

Wiktionnaire

Adjectif 2 - français

morbide \mɔʁ.bid\ masculin et féminin identiques

  1. (Rare) Qui est doux.
    • L’association de Niels et de Lucile ressemble à l’adjectif italien morbido qui, contrairement à ce que l’on imagine lorsqu’on ne parle pas cette langue (ce qui est mon cas), ne signifie pas morbide, mais doux. — (Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit, J.-C. Lattès, 2011)
  2. (Figuré) (Art) Se dit des chairs mollement et délicatement rendues en peinture ou en sculpture.

Adjectif 1 - français

morbide \mɔʁ.bid\ masculin et féminin identiques

  1. (Médecine) Relatif à la maladie.
    • Le mouillage est une véritable adultération du lait, car non seulement il diminue ses qualités nutritives, mais il introduit directement dans un aliment populaire les germes morbides que peuvent contenir les eaux de toute provenance employées par les falsificateurs. — (Laboratoire municipal de Paris : « Falsification du lait », dans Cosmos : revue des sciences et de leurs applications, Paris , nouvelle série : n° 13, 34e année, 27 avril 1885, page 367)
    • Parce qu'elle est mutilation psychologique, et s'accompagne généralement de pratiques mortificatoires, l’adhésion idéologique doit être considéeée comme un état morbide, même si elle est socialement acceptée, devenant par là psychose socialisée. — (Emmanuel Todd, Le Fou et le Prolétaire, 1979, réédition revue et augmentée, Paris : Le Livre de Poche, 1980, page 45)
  2. (Figuré) Qui est malsain ou pervers.
    • Enfant, j’ai vu la Salomé de Strauss deux fois, à l’Opéra. La première fois, avec la cantatrice italienne Gemma Bellincioni, qui en dégageait assez bien le côté morbide. — (Michel Leiris, L’âge d’homme, 1939, collection Folio, page 93.)
    • Arabisant morbide, on lui doit l’inquisition à l’encontre des francophones et la majorité des conflits estudiantins enregistrés dans les universités. — (Yasmina Khadra, Morituri, éditions Baleine, 1997, page 79)
    • Mais on dérape très vite, le médecin est aussi fou que ses patients, les infirmières sont déchaînées, l'atmosphère vire au pandémonium morbide et sexué. — (« Kill Me Please », une tendresse gore, dans Marianne (magazine), n° 707 du 6 novembre 2010, p. 84)

Note : Par confusion sonore, morbide est très fréquemment employé pour exprimer l'idée de mort, à la place de mortifère, de macabre, ou de mortel.

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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MORBIDE. adj. des deux genres
. T. de Médecine. Qui a rapport à la maladie. Phénomènes morbides. Fig., Littérature morbide, Genre d'ouvrages qui s'attachent à décrire les mauvais côtés de la nature humaine.

MORBIDE s'est dit figurément, en termes de Beaux-Arts, des Chairs mollement et délicatement rendues.

Littré (1872-1877)

MORBIDE (mor-bi-d') adj.
  • 1 Terme de médecine. Qui a rapport à la maladie. État morbide. Phénomènes morbides.
  • 2 Terme de peinture et de sculpture. Qui a de la morbidesse.
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Étymologie de « morbide »

Lat. morbidus, de morbus, maladie.

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(Adjectif 1) Du latin morbidus (« malade, maladif »), dérivé de morbus (« maladie », « désordre physique », « malaise général »).
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Phonétique du mot « morbide »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
morbide mɔrbid

Citations contenant le mot « morbide »

  • La poursuite exclusive de la santé conduit toujours à quelque chose de morbide. De Gilbert Keith Chesterton / Défense de l'argot , 
  • La religion est le nouvel habit d'un culte du morbide qui se répand sur le monde De Wole Soyinka / Le Point, 19 mars 2015 , 
  • Le rire est l'antidote de la morosité et de l'ennui : il dissipe les idées morbides et se fait souvent le garant d'une bonne santé mentale. Les gens qui rient sont des gens heureux : ils n'ont pas d'histoire. De Eve Belisle / Pension de famille , 
  • Atteint d'obésité morbide, le poids de cet homme de 52 ans est estimé entre 250 et 300 kg par le médecin du conseil départemental des Pyrénées-Orientales. Son état nécessiterait une évacuation sanitaire vers un centre spécialisé mais la configuration de l'immeuble et de l'appartement rend la chose très périlleuse. Et le temps passe… leparisien.fr, A Perpignan, Alain, 250 kilos, prisonnier de son logement insalubre - Le Parisien
  • Paz Padilla assure qu’il était morbide d’avoir les traces des voleurs de sa voiture Betanews.fr, "Ils ont écrasé les gens, j'étais morbide ..." - Betanews.fr
  • En Alaska, des agences de voyage organisent un tourisme morbide de la mort des ours blancs : en baladant des amateurs de « sensations fortes » dans les zones fréquentés par les animaux affamés, dans de luxueux autobus où ils ne risquent évidemment rien pour faire des photos. Certaines plates-formes pétrolières ont inventé une autre forme « tourisme » dévoyée en lançant de la viande dans la mer pour attirer les ours. Politis.fr,  Climat : la mort programmée des ours blancs par Claude-Marie Vadrot | Politis
  • 110 E , obésité morbide ? tour de taille ? L'Obs, Ce sein qu’on ne saurait voir sans soutien-gorge : la délicate expérience du « no bra » au boulot
  • En attendant, l’agence a tout de même pu dégager quelques tendances. Sur les 10 775 décès attribués au Covid-19 à partir de la certification électronique, « au moins une autre cause de décès était déclarée dans 66% des certificats (que ce soit en comorbidité ou dans le processus morbide des causes ayant conduit au décès). Cette proportion était plus élevée chez les personnes de moins de 40 ans (75%) ». Obésité et cancer étaient les maladies les plus fréquemment associées chez ces malades. Pour les plus de 60 ans, les pathologies cardiaques, et notamment l’hypertension artérielle, étaient le plus souvent mentionnées. Chez les plus de 80 ans, il s’agissait de troubles du rythme et d’insuffisance cardiaque. La-R%C3%A9publique-des-Pyr%C3%A9n%C3%A9es, Covid-19 : 25 à 30 000 décès supplémentaires - La République des Pyrénées.fr
  • Dans les années 1980, un écrivain catalan est engagé par un producteur pour faire revivre, à l’écran, un fait divers morbide : l’assassinat, quarante ans auparavant, d’une prostituée sauvagement étranglée par un projectionniste sur son lieu de travail, avec une chute de pellicule. Pour l’instant, le producteur souhaite moins du scénariste une adaptation romancée des circonstances du meurtre qu’une enquête minutieuse sur le sujet, fondée sur les témoignages qu’il pourra recueillir et sur les rapports judiciaires. L'Obs, Juan Marsé est mort : son ultime roman parlait de cinéma, de phalangistes et d’une « putain si distinguée »
  • La poursuite exclusive de la santé conduit toujours à quelque chose de morbide. De Gilbert Keith Chesterton / Défense de l'argot , 
  • La religion est le nouvel habit d'un culte du morbide qui se répand sur le monde De Wole Soyinka / Le Point, 19 mars 2015 , 
  • Le rire est l'antidote de la morosité et de l'ennui : il dissipe les idées morbides et se fait souvent le garant d'une bonne santé mentale. Les gens qui rient sont des gens heureux : ils n'ont pas d'histoire. De Eve Belisle / Pension de famille , 
  • Atteint d'obésité morbide, le poids de cet homme de 52 ans est estimé entre 250 et 300 kg par le médecin du conseil départemental des Pyrénées-Orientales. leparisien.fr, A Perpignan, Alain, 250 kilos, prisonnier de son logement insalubre - Le Parisien
  • Paz Padilla assure qu’il était morbide d’avoir les traces des voleurs de sa voiture Betanews.fr, "Ils ont écrasé les gens, j'étais morbide ..." - Betanews.fr

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Traductions du mot « morbide »

Langue Traduction
Anglais morbid
Espagnol mórbido
Italien morboso
Allemand morbid
Chinois 病态的
Arabe مهووس
Portugais mórbido
Russe патологический
Japonais 病的
Basque morbid
Corse morbidi
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Synonymes de « morbide »

Source : synonymes de morbide sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « morbide »

Combien de points fait le mot morbide au Scrabble ?

Nombre de points du mot morbide au scrabble : 12 points

Morbide

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