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Monstre
Sommaire
- Définitions de « monstre »
- Étymologie de « monstre »
- Phonétique de « monstre »
- Fréquence d'apparition du mot « monstre » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « monstre »
- Citations contenant le mot « monstre »
- Images d'illustration du mot « monstre »
- Traductions du mot « monstre »
- Synonymes de « monstre »
- Antonymes de « monstre »
- Combien de points fait le mot monstre au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | monstre | monstres |
Définitions de « monstre »
Trésor de la Langue Française informatisé
MONSTRE, subst. masc.
Wiktionnaire
Adjectif - français
monstre \mɔ̃stʁ\ masculin et féminin identiques
-
(Familier) Colossal, prodigieux.
- Elle me conte un bateau monstre que lui a monté Thomaron. — (Jehan Rictus, Journal quotidien, cahier 101, page 196, 23 mars 1922)
- Malgré tout, l’autoroute près du port a été aménagée pour recevoir les poids lourds en cas d’embouteillage monstre. — (Eric Albert, Brexit : Dublin et Londres se préparent au « no deal », Le Monde. Mis en ligne le 9 octobre 2019)
- La vaccination monstre, de toute la ville, à la mairie, contre la variole, parce que plusieurs personnnes en sont mortes à Vannes. — (Annie Ernaux, Les années, Gallimard, 2008, collection Folio, page 58.)
Nom commun - français
monstre \mɔ̃stʁ\ masculin (pour une femme ou une femelle, on dit : monstresse)
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(En parlant d’une personne) Qui a une singularité remarquable. → voir monstre de foire
- Les rois sont dans l’ordre moral ce que sont les monstres dans l’ordre physique. L’histoire de rois est le martyrologe des nations. — (Henri Grégoire, Séance de la Convention du 22 septembre 1792)
- Le monstre est un individu dont l’apparence voire le comportement surprend par son écart avec les normes d’une société. Ses caractéristiques peuvent être physiques, morales ou intellectuelles. Donald Trump correspond exactement à cette définition. — (Denise Bombardier, Donald Trump, le monstre, Le Journal de Montréal, 7 novembre 2020)
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(Anatomie) Individu difforme.
- le monstre ne paraissait donc avoir que trois bras , deux bien conformes et placés en leur lieu naturel, et un troisième lacé entre les deux corps; — (Dictionnaire des sciences médicales, Panckoucke, 1819, page 163)
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(Péjoratif) Personne d’aspect effrayant.
- Là-bas, au fond du couloir, devant le lavabo, ma maman disparaît pour laisser place à un monstre affreux. Un monstre avec une figure toute verte. — (Sophie LOUBIÈRE, Le monstre dans la salle de bains, Univers Poche, 2012)
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Gem Lé moch’
Les monstres qu’ont pas b’soin d’antivol. — (Stupeflip, Gem lé moch sur l’album The Hypnoflip Invasion, 2011)
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(Mélioratif) Personne charmante.
- « Quel joli monstre ! » s’écria ma mère. « Quel charme ! » murmura mon père. Ils étaient ravis. — (Simone Leroux, Roger Paré, Gracieux le monstre, Éditions La courte échelle, 2002)
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(Figuré) Personne cruelle et dénaturée.
- Vuillet était la bête noire d’Aristide. Il ne se passait pas de semaine sans que les deux journalistes échangeassent les plus grossières injures. En province, où l’on cultive encore la périphrase, la polémique met le catéchisme poissard en beau langage : Aristide appelait son adversaire « frère Judas », ou encore « serviteur de saint Antoine », et Vuillet répondait galamment en traitant le républicain de « monstre gorgé de sang dont la guillotine était l’ignoble pourvoyeuse. » — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 99)
- Byron faisait souffrir les autres, il les méprisait, c'était un monstre qui ne vivait que pour lui-même. — (Masaki Yamada, Ada, Actes Sud Littérature, 2014)
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(Sous la forme : un monstre de) Précise la nature du défaut ou du vice.
- Ce vieillard est un monstre d'avarice. — (Dictionnaire universel françois & latin, Volume 2, Ganeau, 1704)
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(Par hyperbole) Personnalité remarquable par son talent. → voir monstre sacré
- Un Spinosa, ce monstre, qui après avoir embrassé différentes religions, finit par n'en avoir aucune, n'était pas empressé de chercher quelque impie […] — (Démonstrations évangéliques, tr., reproduites intégralement, annotées et publ. par L. Migne, Volume 8, 1843, page 241)
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(Affublé d’un adjectif donnant un caractère péjoratif ou mélioratif)
- Parmi ceux qui contribuèrent à créer ce monstre frankensteinnien que fut le gangster Crowley, […] — (Jean-Noël Blanc, Polarville : Images de la ville dans le roman policier, FeniXX, 1990)
- Le petit monstre était le surnom qu'un instituteur de l'école primaire donna gentiment à « Ella Keane ». — (Sue Nudosa, Le petit monstre, Le Lys Bleu Éditions, 2018)
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(Sous la forme : un monstre de) Précise le domaine dans lequel s’exerce le talent.
- Le monstre de travail que je suis pourrait imposer son style en l'espace de quelques temps […] — (Ferhat Rehane, Mon monstre, Editions Eyrolles, 2010, page 67)
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(Péjoratif) Personne dont la non-conformité d'esprit ou de comportement face au groupe humain inspire la crainte ou l'horreur au sein de la population générale.
- Mais les pires de ces monstres qui pensaient singulièrement étaient ceux qui pratiquaient quelque vertu ; ils faisaient bien plus peur quand on ne pouvait les mépriser tout entiers. — (Marguerite Yourcenar, L'Œuvre au noir , Troisième Partie « La prison », chapitre « L’acte d’accusation », Gallimard, Paris, 1968, page 307)
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(En parlant d’une créature imaginaire) (Figuré) Être légendaire affublé d’un pouvoir psychologique.
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[…] et le Démon profite de cette accalmie pour entrer en scène.
Il lui apparaît sous des formes belliqueuses de monstres, casse tout, fuit, en s’effumant dans des buées puantes ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
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(Par analogie) Animal de grande taille. → voir monstre marin et monstre du Loch Ness
- Le monstre plongea comme la première fois ; mais on eut le temps d’allonger plusieurs lignes les unes au bout des autres, et lorsqu’il reparut , il ne nageait plus qu’avec peine. — (Armand Dubarry, Le roman d'un baleinier, Didier & cie, 1878, page 162)
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(Mythologie) Créature que le héros doit combattre.
- « Kevin contre la GroKo », cela pourrait être le titre d'une épopée enfantine et chevaleresque où un jeune héros finit par terrasser le monstre et réveiller la belle princesse endormie. Mais c'est bien autre chose. — (Thomas Schnee, Kevin contre la GroKo, dans Marianne, n° 1092 du 16 au 22 février 2018, page 44)
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(Par hyperbole) Ce qui est extrêmement laid.
- Quand les temps sont durs et que la souffrance risque de dépasser ses forces de résistance, le paysan ira rendre visite au génie protecteur du village, petit monstre hilare ou grimaçant et barbouillera prudemment ses lèvres gourmandes des restes d’un pot d’opium ? […]. — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, page 20)
-
[…] et le Démon profite de cette accalmie pour entrer en scène.
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(Figuré) (En parlant d’une chose) Objet ou situation inhabituelle, qui sort de l’ordinaire.
- Ce n'est pas qu'il n'ait pu exister quelque monstre extraordinaire ; l'histoire rapporte des exemples de ce genre qu'on ne — (M. FAILLON, Monuments inédits sur l’apostolat de S.Marie Magdaleine en Provence, Migne, 1859, page 507)
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Figuration dramatique liée à cette chose.
- Soudain, le monstre de la guillotine nous regarda avec ses deux poteaux noirs et le couperet suspendu. — (Ivan Tourgueniev, L'Exécution de Troppmann, avril 1870, traduction française de Isaac Pavlovsky, publiée dans ses Souvenirs sur Tourguéneff, Savine, 1887)
- Une féroce grimace se peignit sur ses traits et il s'élança vers le monstre en compagnie de ses guerriers. Il trancha la première liane sans même s'arrêter et l'appendice végétal mourut dans une pluie de feuilles desséchées. — (Richard Ford, Le Seigneur des cendres : Havrefer, tome 3, Bragelonne, 2017)
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Objet de proportions hors norme.
- On croit que la ville garantit l'histoire parce que, à l'échelle d'un homme, elle fait figure de monstre. — (Frédéric Jaccaud, Monstre [une enfance], Calmann-Lévy, 2010)
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(Sport) Machine puissante, généralement bruyante.
- Esthétiquement, le monstre se distingue par ses grosses roues fournies par Continental et son look tout droit sorti des jeux vidéo Halo. Des tests auront lieu en septembre. — (Maxime Claudel, Mad Max n’a qu’à bien se tenir : ce nouveau SUV électrique est un monstre des courses extrêmes sur numerama.com, 8 juillet 2019)
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(Familier) (En apposition) Un être ou une chose énorme, extraordinaire.
- […] transformé en une immense cuisine d'où venait de sortir le dîner monstre que le prince royal offrait à ses compagnons d'armes. — (Adrien Pascal, Vie militaire, politique et privée de son altesse royale Mgr. le Duc d'Orléans, Dumont, 1842, page 54)
-
Création défiant l’imagination.
- Sutherland a-t-il donc créé de toutes pièces ces monstres végétaux ? […] avec d’autres monstres qui ne sont ni végétaux, ni animaux, encore moins humains […] — (Marcel Brion, Art fantastique, A. Michel,, 1961, page 25)
-
Artefact innovant.
- De l’état d’incubation, le contrat passait à l'état d'éclosion, et l'être nouveau était déjà un monstre formidable, la démocratie. — (Eugène Roquette, De la Monarchie et de la république, Volume 8, Lambert de La Douasnerie, 1875, page 148)
-
(Art) Le modèle type d’une machine, d’un dispositif.
- En neuf années, dont trois d'essais en soufflerie supersonique, les ingénieurs de North American réussissent à mettre au point le monstre dont deux exemplaires sont construits. — (Jean-Pierre Pharabod, AVNI : Les armes volantes non identifiées, 2000)
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(Vieilli) Un premier projet, une ébauche non définitive.
- Avant de vous mettre à la rédaction définitive de votre ouvrage, vous m’en soumettrez un monstre. — (Mots et dictionnaires, volume V, Presses Univ. Franche-Comté, page 1303)
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Anomalie contre nature. Singularité qui subvertit l’ordre.
- Il faut donc convenir du fait pour les fleurs doubles : sauf à remarquer que ce sont de fort jolis monstres. — (Louis Cousin-Despréaux, Le livre de la nature, La société national, 1840, page 59)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Être qui a une conformation contre nature. Monstre hideux. Un monstre à deux têtes. Cette femme est accouchée d'un monstre. Il se dit aussi des Végétaux. Les fleurs doubles sont des monstres.
MONSTRE se dit encore de Certains êtres imaginaires qui figurent dans les fables des anciens. Les Centaures, la Chimère, le Minotaure, les Cyclopes étaient des monstres. Fig., Se faire un monstre de quelque chose, S'imaginer qu'une chose est extraordinaire, très difficile.
MONSTRE signifie aussi Être d'une grandeur démesurée. Les monstres marins, Les grands cétacés. Par apposition et familièrement, il désigne un Être ou une Chose énorme, extraordinaire. Un poisson monstre. Un bouquet monstre. On a servi un déjeuner monstre.
MONSTRE se dit, par exagération, de Ce qui est extrêmement laid. Cette femme est affreusement laide, c'est un monstre. On dit dans le même sens Un monstre de laideur. Il se dit, figurément, d'une Personne cruelle et dénaturée. Néron était un monstre. C'est un monstre qu'il faudrait étouffer. C'est un monstre d'ingratitude, un monstre d'avarice, un monstre de cruauté, se dit d'une Personne qui montre une grande ingratitude, qui est d'une sordide avarice, etc. Il se dit encore, dans le langage familier, de Personnes à qui l'on fait des reproches. Ce monstre d'homme. Petit monstre! En termes d'Arts, il désigne le Modèle type d'une machine, d'un dispositif. Il se dit encore, dans le langage familier, d'un Premier projet, d'une ébauche. Avant de vous mettre à la rédaction définitive de votre ouvrage, vous m'en soumettrez un monstre.
Littré (1872-1877)
-
1Corps organisé, animal ou végétal, qui présente une conformation insolite dans la totalité de ses parties, ou seulement dans quelques-unes d'entre elles. Les fleurs doubles sont des monstres. Cette femme est accouchée d'un monstre.
Les miracles sont plus rares que les monstres
, Guez de Balzac, liv. I, lett. 11.On peut réduire en trois classes tous les monstres possibles : la première est celle des monstres par excès ; la seconde, des monstres par défaut ; et la troisième, de ceux qui le sont par le renversement ou la fausse position des parties
, Buffon, Suppl. à l'hist. natur. Œuvres, t. XI, p. 410.La plupart des monstres le sont avec symétrie, le dérangement des parties paraît s'être fait avec ordre
, Buffon, Hist. anim. ch. X.M. Lemery soutenait que la formation des monstres était due uniquement à des causes accidentelles qu'il assignait, et qu'il savait employer avec beaucoup de sagacité et d'esprit
, Bonnet, Consid. corps organ. Œuvres, t. VI, p. 447, dans POUGENS.M. Winslow laissait là tout cet attirail d'explications physiques, et, le scalpel à la main, il prétendait trouver, dans certains monstres, des preuves incontestables que leur formation était due uniquement à des œufs originairement monstrueux
, Bonnet, ib. -
2Les êtres physiques imaginés par les mythologies et par les légendes, dragons, minotaures, harpies, divinités à formes étranges, etc. Les Centaures étaient des monstres. La Chimère était un monstre. Polyphème était un monstre.
Vous adorez en vain des monstres impuissants
, Corneille, Poly. III, 2.Tous les monstres d'Égypte ont leurs temples dans Rome
, Corneille, ib. IV, 6.Aucuns monstres par moi domptés jusqu'aujourd'hui Ne m'ont donné le droit de faillir comme lui [Thésée]
, Racine, Phèdre, I, 1.L'onde approche, se brise, et vomit à nos yeux Parmi des flots d'écume un monstre furieux
, Racine, ib. V, 6.La tête d'un homme sur le corps d'un cheval nous plaît ; la tête d'un cheval sur le corps d'un homme nous déplaira ; c'est au goût à créer des monstres
, Diderot, Pensées sur la peint. Œuvres, t. XV, p. 176, dans POUGENS. -
3 Par assimilation, les êtres allégoriques auxquels on donne soit des formes étranges, soit des inclinations malfaisantes.
Cependant cet oiseau qui prône les merveilles, Ce monstre composé de bouches et d'oreilles, La renommée…
, Boileau, Lutr. II.Et le barreau n'a pas de monstres si hagards Dont mon œil n'ait cent fois soutenu les regards
, Boileau, ib. III.Il y a deux monstres qui désolent la terre en pleine paix : l'un est la calomnie, et l'autre l'intolérance ; je les combattrai jusqu'à ma mort
, Voltaire, Mél. litt. Réfut. d'un écrit anonyme. -
4 Par exagération, les animaux d'une grandeur extraordinaire.
Poétiquement. Les monstres des forêts, les bêtes féroces qui habitent les forêts.
Croit-on que dans ses flancs un monstre m'ait porté ?
Racine, Phèdre, II, 2.Fig.
L'Américain farouche est un monstre sauvage Qui mord en frémissant le frein de l'esclavage
, Voltaire, Alz. I, 1.Monstres marins, les grands cétacés.
Par extension. On a servi des monstres sur cette table, on y a servi des poissons d'une grandeur extraordinaire.
Mais enfin il les sut engager à lui servir d'un monstre [poisson] assez vieux pour lui dire Tous les noms des chercheurs de mondes inconnus
, La Fontaine, Fabl. VIII, 8. -
5 Fig. Un monstre, une chose dont on s'effraye.
La Mousse [à propos d'un projet de voyage en province] a été un peu ébranlé des puces, des punaises, des scorpions, des chemins et du bruit qu'il trouvera peut-être ; tout cela était un monstre dont je me suis bien moquée
, Sévigné, 8 juill. 1672.Cette timidité, en nous montrant sans cesse des monstres où il n'y en a pas
, Rousseau, Hél. VI, 7.Faire un monstre d'une chose, la représenter comme dangereuse, pénible, etc.
Et puisqu'elle vous blâme, et que sa fantaisie Lui fait un monstre affreux de votre jalousie
, Molière, D. Garc. IV, C.Vous lui faites sans cesse un monstre de l'amour
, Th. Corneille, Baron d'Albikrac, III, 4.Se faire un monstre de quelque chose, s'imaginer qu'une chose est très pénible, très difficile.
Il n'y, a point de faute aussi pardonnable qu'une sensibilité comme la mienne ; ne vous en faites donc point un monstre, Marianne, ajouta-t-il, en pliant le genou devant moi
, Marivaux, Marianne, part. 3.Se faire des monstres de tout, s'exagérer les difficultés de toute chose.
Une mère peu éclairée se fait des monstres de tout
, Rousseau, Hél. V, 3. -
6 Fig. Par analogie et par transition du physique au moral, personne cruelle, dénaturée, ou remarquable par quelque vice poussé à l'excès.
T'ai-je peint ces tristes Tisiphones [les femmes qui haïssent leurs enfants], Ces monstres pleins d'un fiel que n'ont point les lionnes ?
Boileau, Sat. X.Caligula, Néron, Monstres dont à regret je cite ici le nom
, Racine, Bérén. II, 2.Monstre qu'a trop longtemps épargné le tonnerre
, Racine, Phèdre, IV, 2.On passe pour un monstre quand on manque de reconnaissance
, Fénelon, Tél. XVIII.Ah ! je suis un monstre à vos yeux
, Genlis, Théât. d'éduc. les Faux amis, II, 11.Quels monstres le hasard rassemble sous nos yeux ! Tibère et Néron se regardent
, Staël, Corinne, XIII, 4.Il se dit, par antiphrase, de quelque qualité qui nous cause autant de peine que ferait un vice.
Une femme constante est un monstre nouveau Que le ciel a produit pour être mon bourreau
, Destouches, Phil. marié, III, 5.Monstre s'est dit, par esprit d'intolérance, des hérétiques, des infidèles et des athées.
Un Spinosa, ce monstre, qui après avoir embrassé plusieurs religions, finit par n'en avoir aucune
, Massillon, Carême, Doutes.Le monstre ! il [Galilée] ose prouver que c'est la terre qui tourne
, Voltaire, Philos. Disc. Belleguier.Julien [l'empereur] est sobre, chaste, désintéressé, valeureux, clément ; mais il n'était pas chrétien ; on l'a regardé longtemps comme un monstre
, Voltaire, Dict. phil. Julien.Populairement, dans le même sens, un monstre de nature.
Ce doit être un monstre de nature
, Hauteroche, Esp. foll. I, 1.On a dit dans un sens analogue : des monstres de la société des monstres qui outragent la société.
Il faudrait que ce fussent des monstres de la société, s'ils ne trouvaient pas en eux-mêmes les sentiments nécessaires à cette société
, Voltaire, Traité de métaphysique, IX.C'est un monstre d'ingratitude, un monstre d'avarice, de cruauté, etc. se dit d'une personne qui montre une noire ingratitude, qui est d'une sordide avarice, etc.
Sors donc de devant moi, monstre d'impiété
, Racine, Athal. III, 5.Deux fils [d'Hircan] qui étaient des monstres de perfidie, d'avarice et de cruauté
, Voltaire, Philos. Sommaire de l'Hist. juive.Monstres d'hommes, hommes remarquables par leur méchanceté.
Quelques monstres d'hommes tels qu'ont été un Diagore mélien, un Évhemère tégéate, et un Théodore cyrénien, qui ne voulaient pas même reconnaître une cause première
, La Mothe le Vayer, Vertu des païens, 1, Observ. sur les trois états.Monstre se dit aussi, par exagération et par plaisanterie, d'une personne à qui on reproche quelque énormité. Ces monstres d'hommes n'en font pas d'autres.
-
7 Par exagération, personne extrêmement laide.
Son avarice… Le fit dans une avare et sordide famille Chercher un monstre affreux sous l'habit d'une fille
, Boileau, Sat. X.De six monstres qui se disaient filles d'honneur, et d'une duègne autre monstre qui se portait pour gouvernante de ces rares beautés
, Hamilton, Gramm. 6.On dit dans le même sens : un monstre de laideur.
-
8 Fig. Toute chose qui est comparée à un monstre pour sa grosseur, sa laideur, sa grossièreté, sa disproportion, son abomination.
Que nous avons nommé le monstre de l'octave, ou une octave défectueuse
, Descartes, Mus.Apprenez enfin qu'un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature
, Molière, D. Juan, IV, 6.S'il [l'homme] se vante, je l'abaisse ; s'il s'abaisse, je le vante ; et le contredis toujours, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible
, Pascal, Pens. VIII, 14, édit. HAVET.Cette négligence [des indifférents en matière de religion]… est un monstre pour moi
, Pascal, Pens. IX, 1.L'orgueil contre-pèse et emporte toutes les misères ; voilà un étrange monstre et un égarement bien visible
, Pascal, ib. XXIV, 10 bis.Je vous conjure que ma fille ne réponde point à cette lettre, c'est un monstre d'écriture : je n'ai rien à faire, je me porte bien, et c'est mon unique plaisir de vous parler
, Sévigné, 31 mai 1680.Quels monstres d'opinions se faut-il mettre dans l'esprit ?
Bossuet, Hist. II, 13.Il avait toujours regardé le libertinage [irréligion] comme un monstre dans les armées
, Fléchier, Duc de Mont.Être chrétien et n'être pas pénitent était un monstre et une nouveauté sans exemple
, Massillon, Carême, Jeûne.Une armée de monstres va ressusciter dans votre cœur
, Massillon, Carême, Rechute, 1.Vous vivrez sans joug et sans règle, vous entasserez monstre sur monstre
, Massillon, Carême, Inconst.Lorsque ni l'une ni l'autre [partie] n'y consentent, c'est un monstre que le divorce
, Montesquieu, Esp. XXVI, 3.Et de là sortiront des merveilles ou des monstres de raisonnements sans nombre
, Buffon, Nature des anim. - 9Sorte de ciseaux à longs anneaux.
- 10Nom vulgaire de la mésange à longue queue.
- 11Monstre double, monstre simple, nom de deux variétés de tulipes.
- 12 Adj. Dans le langage populaire, prodigieux, monstrueux, énorme, extraordinaire. Un bouquet monstre. Un dîner monstre. Un concert monstre.
HISTORIQUE
XIIe s. Dont poroies veoir un molt horrible monstre… si tu les oylz [yeux] del cuer avoies enlumineiz
, Saint Bernard, p. 562.
XIIIe s. Il atendoit que li poinz apareust et li mostres que Merlins li dist ; mais ne demora puis gaires que li mostres lor aparut en l'air
, Merlin, f. 51, verso. Et quant ele [une infirme] aloit, ele portoit son chief près de terre pié et demi, apuiée d'un baston… et sembloit un mostre, si que, quant les enfanz la veoient, il s'enfuioient
, Miracles St Loys, p. 127.
XVIe s. Une beauté cruelle est un monstre en nature
, Desportes, Cartels et masquarade, pour le roy Henri III. La cour est un monstre de plusieurs testes et consequemment de plusieurs langues et plusieurs voix
, Des Autels, dans LIVET, la Gramm. franç. p. 126. Je diray un monstre [une chose monstrueuse], mais je le diray pourtant
, Montaigne, II, 124. Des gens barbus [les Espagnols], montez sur des grands monstres incogneus [les chevaux]
, Montaigne, IV, 18. Si une chacune ame est sujette à tous ces monstres de vices
, Calvin, Instit. 209. Tous ceux qui violent l'authorité paternelle ou par mespris, ou par rebellion, sont monstres et non pas hommes
, Calvin, ib. 300. Question laquelle toutes gens craignans Dieu à bon droit ont en horreur comme un monstre detestable
, Calvin, ib. 357.
Étymologie de « monstre »
Provenç. mostre ; espagn. monstruo ; portug. monstro ; ital. mostro ; du lat. monstrum, qui vient directement de monere, avertir, par suite d'une idée superstitieuse des anciens : quod moneat, dit Festus, voluntatem deorum. Monstrum est pour monestrum ; monstrare (voy. MONTRER) est le dénominatif de monstrum.
- (1694) Du latin monstrum (« avertissement céleste, prodige »). [1].
- Note : Le terme vient du latin monstrare, montrer, indiquer, rattaché au latin monere, avertir, lequel n’est pas forcément péjoratif. L’écart avec la norme est à double sens, la frontière s’effaçant entre les monstres et les merveilles.
Phonétique du mot « monstre »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
monstre | mɔ̃str |
Fréquence d'apparition du mot « monstre » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « monstre »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « monstre »
-
Le fanatisme est un monstre mille fois plus dangereux que l'athéisme philosophique.
Voltaire — Dictionnaire philosophique -
Le fanatisme est un monstre qui ose se dire le fils de la religion.
Voltaire -
Peut-il arriver mieux à une belle jeune fille que de tomber sur un monstre ?
Amélie Nothomb — Mercure -
Ce monstre qui porte sur son visage la noirceur de son âme.
Charles Baudelaire — Le spleen de Paris -
Chacun a en lui son petit monstre à nourrir.
Madeleine Ferron — La Fin des loups-garous -
Le prodige et le monstre ont les mêmes racines.
Victor Hugo — Le cycle pyrénéen -
Nessie, le célèbre et mystérieux monstre du Loch Ness ne serait-il qu’un énorme silure ou un esturgeon ? Cette très décevante théorie, déjà avancée à plusieurs reprises, refait surface avec la publication sur internet d’une photo prise par un touriste britannique sur les bords du célèbre lac écossais.
SudOuest.fr — Une photo relance les spéculations autour du monstre du Loch Ness -
Un homme sans enfantillage est un monstre.
Henry de Montherlant -
L'homme n'est peut-être que le monstre de la femme, ou la femme le monstre de l'homme.
Denis Diderot — Le Rêve d'Alembert -
Sais-tu quel est mon plus grand souci ? C'est de tuer l'ennui. Celui qui rendrait ce service à l'humanité serait le vrai destructeur des monstres.
Eugène Fromentin — Dominique
Traductions du mot « monstre »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | monster |
Espagnol | monstruo |
Italien | mostro |
Allemand | monster- |
Chinois | 怪物 |
Arabe | وحش |
Portugais | monstro |
Russe | монстр |
Japonais | モンスター |
Basque | munstroa |
Corse | mostru |
Synonymes de « monstre »
- colossal
- prodigieux
- énorme
- acariâtre
- calomnieux
- fielleux
- luciférien
- malintentionné
- maudit
- médisant
- méphistophélique
- revêche
- ronchonneur
- vipérin
- chimère
- vampire
- scélérat
- phénomène
- accident
- hydre
- laid
- laideron
- manifestation
- merveille
- rareté
- repoussoir
- tarasque
- titan
- vouivre
Antonymes de « monstre »
Combien de points fait le mot monstre au Scrabble ?
Nombre de points du mot monstre au scrabble : 9 points