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Maudit

Définitions de « maudit »

Trésor de la Langue Française informatisé

MAUDIT, -ITE, part. passé et adj.

I. − Part. passé de maudire*.
II. − Emploi adj. Qui encourt la réprobation.
A. − [La réprobation est hum.]
1. Méprisable. Richesses maudites. Les idées de Joseph de Maistre ont contribué à favoriser l'ignorance du clergé, qui évitait de se tenir au courant d'une science maudite (Sorel,Réflex. violence,1908, p.34).
2. P. exagér. Détestable, exécrable. Vous ignorez les nuits maudites que passe un homme de parti qui a travaillé à une révolution (Gozlan,Notaire,1836, p.187).
[Antéposé] Très mauvais, dont on se plaint avec amertume ou colère. Synon. fam. damné, fichu, sacré, satané.Je dois vous dire que ce maudit haschisch est une substance bien perfide (Baudel.,Paradis artif.,1860, p.367).Goering protestait au procès de sa fidélité au Führer et «qu'il existait encore une question d'honneur dans cette maudite vie» (Camus,Homme rév.,1951, p.228):
1. Avec vos maudites observations sur les pensionnats de jeunes demoiselles, sur les distributions de prix, vous êtes cause que me voilà reléguée à Versailles... Jouy,Hermite,t.1, 1811, p.184.
3. [En forme d'imprécation] Maudite soit l'Église romaine pour avoir fait de la France généreuse le sombre réceptable de ce crime universel (Clemenceau,Vers réparation,1899, p.432).[Avec idée de blasphème] Rejeté. Puisque la chair retient Dieu, maudit soit tout créateur de la chair! (Flaub.,Tentation,1849, p.258).
B. − [La réprobation est divine] Réprouvé, condamné. Anton. béni.Puissé-je être brûlé comme un chien maudit pendant toute l'éternité (Gobineau,Nouv. asiat.,1876, p.193).C'était le fragment d'un autre monde, d'une planète inconnue et maudite, une vue de l'enfer (Proust,Fugit.,1922, 518):
2. S'il y a quelque part des hommes étrangers à la race maudite d'où nous sortons, ceux-là ont peut-être droit à «l'adoration d'un Dieu considéré comme grand et puissant et éternel» et infiniment aimable... Bremond,Hist. sent. relig.,t.4, 1920, p.386.
Emploi subst. Quelle que soit la pourpre où le bonheur se vautre, Tout vivant qui jouit en martyrise un autre: C'est le destin pareil des saints et des maudits (Sully Prudh.,Justice,1878, p.188).Le Maudit. Le Démon. Par ses propres fureurs le maudit se dévoile; Dans le démon vainqueur on voit l'ange proscrit (Hugo,Odes et ballades,Paris, Hetzel, 1880 [1828], p.61).
Poète maudit. Poète que le destin comme la société semblent condamner et dont la grandeur est méconnue et bafouée. (Dict. xxes.).
III. − Région. (Canada).
A. − Subst. [En appellatif hypocoristique] ,,Coquin, diable. Mon petit maudit, laisse mes poules tranquilles`` (Bél. 1957).
B. − Subst. et adj. (Personne) très habile, très rusée. C'est un maudit pour jouer aux cartes (Canada1930).Il est maudit pour tricher (Bél.1957).
C. − Loc. verb. Être en maudit. Être en colère. Elle ne veut pas m'entendre dire, par exemple, que je suis en maudit. Cela m'arrive pourtant assez souvent. Comme elle a déjà passé quelques jours sur les bords de la Seine, elle veut me faire dire que je suis en rogne ou que je suis en colère (A. Thério,Le Mors aux flancs,Montréal, éd. Jumonville, 1965, p.13).
Prononc.: [modi], fém. [-it]. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1100 «réprouvé par Dieu» en partic. «qui semble frappé de la malédiction divine» tere maldite (Roland, éd. J. Bédier, 1916); en partic. 1170 imprécation maudiz soies tu (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 4991); 2. 1636 «qui appartient à une personne frappée de malédiction» (Corneille, Le Cid, II, 3, 457); d'où 1671 «détestable, exécrable» style ... maudit (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, II, 277). B. Subst. fin xvies. «celui qui est réprouvé de Dieu» en partic. Satan (D'Aubigné, Poésies religieuses et vers mesurés ds Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, t.3, p.286). Part. passé adj. de maudire*. Fréq. abs. littér.: 1897. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3194, b) 3881; xxes.: a) 2558, b) 1723. Bbg. Lew. 1968, p.148.

Wiktionnaire

Interjection - français

maudit [mo.d͡zi]

  1. (Québec) (Populaire) Version atténuée des sacres, jurons.
    • Maudit, comment tu penses qu'on va faire pour transporter tout ça? demande une voix perplexe. — (Renée Laroche et Cécile Girard, Un jardin sur le toit, Association franco-yukonnaise, Whitehorse (Yukon), 1991, p. 102.)

Nom commun - français

maudit \mo.di\ masculin (pluriel à préciser)

  1. Employé comme nom dans cette phrase de l’évangile :
    • Allez, maudits, au feu éternel.

Adjectif - français

maudit \mo.di\

  1. Qui est très mauvais.
    • Un maudit chemin.
    • Un temps maudit.
    • Un maudit métier.
  2. Qui encourt la malédiction
    • L’humanité est maudite si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement. — (Jean Jaurès, « Discours à la jeunesse », Albi, 1903)
  3. (Par extension) (Sens figuré) S’utilise parfois pour se plaindre de personnes ou de choses.
    • C’est à cause de ce maudit avocat que j’ai perdu mon procès.
    • Ce maudit valet de chambre a cassé toute ma verrerie.
    • Il y a près de chez moi un forgeron dont le maudit marteau me casse la tête.
    • Arrêtons cette maudite mentalité de dominés qui nous suit depuis la foutue Conquête! — (Le Devoir, 1-2 juin 2002)
  4. Par imprécation.
    • Maudit soit le butor, le maladroit !
    • Maudit soit le jour où je suis né !
  5. (Québec) (Populaire) Expression d’accentuation.
    • Si quelqu’un qui ne parle pas français n’éprouve aucun problème à s’éduquer, à recevoir des services du gouvernement, à décrocher des contrats publics et à trouver du boulot au Québec ; bref, si quelqu’un peut passer toute sa vie au Québec sans parler un maudit mot de français, pourquoi se forcerait-il à apprendre notre langue ? — (Richard Martineau, Ici, c’est en français que ça se passe!, Le Journal de Québec, 13 mai 2021)
    • Vraiment, ils ont manqué une maudite bonne pandémie, à l’Agence de la santé publique du Canada. Avoir passé sa vie professionnelle à se préparer pour un tel événement et rater son coup d’aussi spectaculaire façon, c’est tragique. — (Claude Villeneuve, Les tout nus de la Santé publique fédérale, Le Journal de Montréal, 13 mai 2021)
    • Les contorsions sont un peu inévitables en politique, mais il y a tout de même, comme on dit, de maudites limites. — (Joseph Facal, Jean Charest prend les conservateurs pour des cons, Le Journal de Québec, 7 mai 2022)
    • Mario est un maudit bon joueur.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

MAUDIT (mô-di, di-t') part. passé de maudire
  • 1Frappé de malédiction. Caïn maudit de Dieu. Et le sang répandu de mille conjurés Rend mes jours plus maudits et non plus assurés, Corneille, Cinna, IV, 3. Le mérite et l'esprit ne sont plus à la mode ; Un poëte… s'y voit [à Paris] maudit de Dieu, Boileau, Sat. I.

    Substantivement, un maudit, une maudite, celui, celle contre qui une malédiction a été prononcée. Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel, Sacy, Bible, Évang. saint Math. 25, 41. Je suis un fugitif, un profane, un maudit, Delavigne, Paria, I, 1. Par ses propres fureurs le maudit se dévoile ; Dans le démon vainqueur on voit l'ange proscrit, Hugo, Od. I, 4.

  • 2Digne de malédiction, en parlant des choses. Et l'ingrat a pu faire un acte si maudit, Mairet, Soliman, II, 4. Dis-nous les compagnons de tes maudites trames, Du Ryer, Scévole, V, 4. Maudite ambition, détestable manie, Corneille, Cid, II, 3. Ces maudites maximes [des casuistes], Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 6.
  • 3Dont on se plaint avec impatience ou colère. Ce maudit tailleur me fait bien attendre pour un jour où j'ai tant d'affaires, Molière, Bourg. gent. II, 7. Ô ciel ! que l'heure de manger Pour être mis dehors est une maudite heure ! Molière, Amphitr. III, 7. J'ai su faire des vers avant que de connaître Les chagrins attachés à ce maudit talent, Deshoulières, Poés. t. I, p. 42. Une école maudite Me coûte, en un moment, douze trous tout de suite ; Que je suis un grand chien ! parbleu, je te saurai, Maudit jeu de trictrac, ou bien je ne pourrai, Regnard, le Joueur, I, 4. J'ai été très fâché qu'on ait poussé trop loin la philosophie ; ce maudit livre du Système de la nature est un péché contre nature, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 170. J'ai cruellement souffert de ma maudite vessie durant une assez grande partie du mois de novembre, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 13 déc. 1782.
  • 4Très mauvais. Le style de la Calprenède est maudit en mille endroits, Sévigné, 67. J'ai vu Ariane [tragédie de Th. Corneille] pour elle seule [la Champmeslé] ; cette comédie est fade, les comédiens sont maudits ; mais, quand la Champmeslé arrive, on entend un murmure ; tout le monde est ravi, et l'on pleure de son désespoir, Sévigné, 1er avr. 1672.
  • 5 Par imprécation. Maudit soit le butor, le maladroit ! Que maudit soit l'amour, et les filles maudites Qui veulent en tâter, puis font les chattemites ! Molière, Dép. amour. V, 4. Martine : Que maudits soient l'heure et le jour où je m'avisai d'aller dire oui ! - Sganarelle : Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine ! Molière, Méd. malgré lui, I, 1. Maudit soit l'auteur dur, dont l'âpre et rude verve, Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve…, Boileau, Épigr. XI.
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Étymologie de « maudit »

Participe passé du verbe maudire.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « maudit »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
maudit modi

Fréquence d'apparition du mot « maudit » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « maudit »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « maudit »

  • CinéMA #97 M le maudit Vendredi 16 juin, 20h00 Maison de l’Architecture de Franche-Comté Entrée libre
    Unidivers — CinéMA #97 M le maudit Maison de l’Architecture de Franche-Comté Besançon Besançon vendredi 16 juin 2023
  • Les heures passèrent. Dehors, il pleuvait une complainte d’adieux. Elle se farda, utilisa des étoffes, se déguisa. Durant toute la nuit, une ingéniosité diabolique peupla la chambre de femmes venues de toutes contrées, insinuantes, expertes ou naïves, tourmentées, buveuses de saccades. Vers le matin, les femmes disparurent et deux hommes s’effrénaient devant le grand miroir au flamboiement des bûches.L’épuisement passé, il se leva, toucha distraitement les seins d’Adrienne.– Ils te plaisent ? Lui demanda-t-elle avec une maternité étrange. Tu vois, ils commencent à tomber. Je suis devenue une vieille femme. (Songeant à la jeune rivale, elle écrasa, abaissa les seins.) Encore mieux ainsi. (Elle rit.) Je suis vieille. Il faut aller de plus en plus souvent chez le dentiste. Et tout le reste ! Les articulations qui craquent, les cheveux qui se dessèchent, la peau si glorieuse à quatre heures du matin, l’haleine. Je suis fâchée de te faire de la peine. Mon pauvre chéri qui boude.Elle rit. Mais Solal n’écoutait pas et songeait à Aude. Pourquoi, lorsqu’elle était entrée avec son père, avait-il accentué le balancement maudit et avait-il feint de ne pas la reconnaître ? Il n’était même pas fou, il était lucide à ce moment-là. Quel démon plus fort que lui l’avait possédé à ce moment ? Et il ne la verrait plus. Ô son regard, le soir des grandes fiançailles, le geste gauche et le sourire timide avec lesquels elle s’était dévoilée. Quel démon l’avait poussé à hausser les épaules, à faire ce sourire peureux ? Et maintenant, elle gardait l’image dégoûtante de ces deux balanceurs d’Orient qui crevaient de peur devant la fille d’Europe.Il effaça cette pensée, ne voulu pas savoir ce qu’il allait faire et ouvrit le tiroir. Mais elle fut plus prompte que lui, s’élança, saisit sa main, et le revolver qu’il tenait. La balle effleura le front qui saigna. Il s’abattit.La femme nue prit sur ses genoux l’homme nu. Elle baisa les deux plaies, le calma, le berça tout en songeant que la nuit, depuis si longtemps prévue par elle, était arrivée, nuit pareille aux nuits des hivers passés et des hivers qui viendraient lorsqu’elle ne serait plus.Elle regardait le beau corps blessé et il lui semblait tenir sur ses genoux un grand fils évanoui, irresponsable, frappé par les hommes, condamné, trop vivant, irrémédiablement vaincu. Elle pensait à sa propre vie manquée. Elle n’avait pas su se faire aimer. Elle n’avait jamais rien su. Peut-être la faute de son père et l’effroi qu’elle avait de lui dans son enfance ? Cette paralysie, cette passivité. Les autres, celles qui savaient se faire aimer, étaient superficielles. Elle aurait pu aussi, mais elle avait préféré la servitude. Servante, depuis le soir où l’adolescent était entré dans sa chambre jusqu’à cette dernière nuit. Et maintenant impossible de recommencer. C’était l’autre, Aude, qui l’aurait. Si l’autre ne l’empêchait pas de vaincre, tout était bien. Il deviendrait Solal et un grand homme. Mais personne ne viendrait confier à sa tombe les victoires de l’aimé. Tout de même, elle aurait su avant les autres. Avant les autres, elle avait deviné l’attente et l’espoir de cet homme si simple, si bon en réalité, si pur et qui cachait sa naïveté sous des rires et des étrangetés. Et si elle se trompait, s’il devait n’être qu’un homme comme les autres hommes, du moins elle garderait son illusion jusqu’à la fin et personne non plus ne viendrait la détromper
    Albert Cohen — Solal – Éditions Gallimard 1930
  • Après cela rien d'étonnant à ce que cet espace maudit soit sens dessus dessous : le plancher vermoulu, défoncé, était couvert d'épaisses couches de boue séchée, près de la porte les mauvaises herbes envahissaient le sol, un vieux chapeau aplati, méconnaissable, traînait au milieu des détritus de nourriture, des sacs en plastique, des fioles de médicament, des pages de carnet, des rognures de crayon.
    László Krasznahorkai — Tango de Satan
  • ALCESTE :Non : elle est générale, et je hais tous les hommes : Les uns, parce qu'ils sont méchants et malfaisants,Et les autres, pour être aux méchants complaisantsEt n'avoir pas pour eux ces haines vigoureusesQue doit donner le vice aux âmes vertueuses.De cette complaisance on voit l'injuste excèsPour le franc scélérat avec qui j'ai procès : Au travers de son masque on voit à plein le traître ;Partout il est connu pour tout ce qu'il peut être ; Et ses roulements d'yeux et son ton radouci N'imposent qu'à des gens qui ne sont point d'ici. On sait que ce pied-plat, digne qu'on le confonde, Par de sales emplois s'est poussé dans le monde, Et que par eux son sort de splendeur revêtu Fait gronder le mérite et rougir la vertu. Quelques titres honteux qu'en tous lieux on lui donne,Son misérable honneur ne voit pour lui personne ; Nommez-le fourbe, infâme et scélérat maudit, Tout le monde en convient et nul n'y contredit. Cependant sa grimace est partout bienvenue : On l'accueille, on lui rit, partout il s'insinue ; Et s'il est, par la brigue, un rang à disputer, Sur le plus honnête homme on le voit l'emporter. Têtebleu ! ce me sont de mortelles blessures, De voir qu'avec le vice on garde des mesures ;Et parfois il me prend des mouvements soudains De fuir dans un désert l'approche des humains.
    Molière —  Le Misanthrope
  • Un mal qui répand la terreur,Mal que le ciel en sa fureurInventa pour punir les crimes de la terre,La peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom),Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,Faisait aux animaux la guerre.Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :On n’en voyait point d’occupésÀ chercher le soutien d’une mourante vie ;Nul mets n’excitait leur envie ;Ni loups ni renards n’épiaientLa douce et l’innocente proie ;Les tourterelles se fuyaient :Plus d’amour, partant plus de joie.Le lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,Je crois que le ciel a permisPour nos péchés cette infortune.Que le plus coupable de nousSe sacrifie aux traits du céleste courroux ;Peut-être il obtiendra la guérison commune.L’histoire nous apprend qu’en de tels accidentsOn fait de pareils dévouements.Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgenceL’état de notre conscience.Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,J’ai dévoré force moutons.Que m’avaient-ils fait ? nulle offense ;Même il m’est arrivé quelquefois de mangerLe berger.Je me dévouerai donc, s’il le faut : mais je penseQu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi ;Car on doit souhaiter, selon toute justice,Que le plus coupable périsse.Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi ;Vos scrupules font voir trop de délicatesse.Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce,Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes, seigneur,En les croquant, beaucoup d’honneur ;Et quant au berger, l’on peut direQu’il était digne de tous maux,Étant de ces gens-là qui sur les animauxSe font un chimérique empire.Ainsi dit le renard ; et flatteurs d’applaudir.On n’osa trop approfondirDu tigre, ni de l’ours, ni des autres puissances,Les moins pardonnables offenses :Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,Au dire de chacun, étaient de petits saints.L’âne vint à son tour, et dit : J’ai souvenanceQu’en un pré de moines passant,La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et, je pense,Quelque diable aussi me poussant,Je tondis de ce pré la largeur de ma langue ;Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.À ces mots, on cria haro sur le baudet.Un loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangueQu’il fallait dévouer ce maudit animal,Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.Sa peccadille fut jugée un cas pendable.Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !Rien que la mort n’était capableD’expier son forfait. On le lui fit bien voir.Selon que vous serez puissant ou misérable,Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
    Jean de La Fontaine — Les animaux malades de la peste
  • Il fallait encore gagner du temps mais, cette fois, je perdis pied :– Hein, dis donc, hé ! au fait, le moine maudit, qu'est-ce qu'il glandait, ce nase, ce radis noir, ce foutu ratichon ?
    Frédéric-H. Fajardie — « Panne sèche »

Traductions du mot « maudit »

Langue Traduction
Anglais damn
Espagnol maldición
Italien dannazione
Allemand verdammt
Chinois 该死
Arabe اللعنة
Portugais droga
Russe проклятие
Japonais くそ
Basque madarikatua
Corse maledetta
Source : Google Translate API

Antonymes de « maudit »

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Nombre de points du mot maudit au scrabble : 9 points

Maudit

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