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Loisir

Variantes Singulier Pluriel
Masculin loisir loisirs

Définitions de « loisir »

Trésor de la Langue Française informatisé

LOISIR, subst. masc.

A. − Vieilli, au sing. Possibilité, liberté laissée à quelqu'un de faire ou de ne pas faire quelque chose. Nous avons de cette bienveillance du château des preuves que je vous détaillerai si vous le souhaitez et m'en accordez le loisir (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 298).Il me semble qu'il y aurait, si l'on avait loisir, un intérêt tout neuf et un jour imprévu à l'examiner (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 411).Et puis cette belle expérience que je viens de créer, je pourrai à mon loisir la répéter (Barrès, Homme libre,1889, p. 229).
1. En partic. Possibilité d'employer son temps à son gré. Mais le temps de la curiosité, qui suppose du loisir, de l'aisance et quelque instruction, n'est pas encore arrivé (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 277).Cette condition, c'est le loisir indispensable à l'acquisition des lumières, à la rectitude du jugement (Constant, Princ. pol.,1815, p. 54).Je ne me sens jamais plus embarrassé que devant un loisir absolu. Pourquoi? Parce que j'ai peur de toute entreprise sérieuse, et que le loisir met la conscience en demeure de faire œuvre (Amiel, Journal,1866, p. 373).
2. Loc. verb.
a) Avoir du loisir. Avoir la possibilité, le temps de faire ce que l'on veut. Mais parmi les nations civilisées la femme a du loisir, et le sauvage est si près de ses affaires, qu'il est obligé de traiter sa femelle comme une bête de somme (Stendhal, Amour,1822, p. 9).Jérôme et Jean Tharaud ont également gardé l'esprit d'un temps intelligent, artiste et raffiné où l'on avait du loisir (Arts et litt.,1936, p. 38-7).
b) Être de loisir (vieilli). Être dans la position de faire ce que l'on veut, être maître de son temps. Il faudrait être à Paris, et y être de loisir, deux choses à moi difficiles (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1807, p. 757).Ce que je retrouve, et très bien, pour peu que je sois de loisir, c'est le goût de mes colères juvéniles, de mes peurs, de mes déboires (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 143).
Gén. péj. Subst. (hum.) + de loisir.Oisif. L'homme de travail, ouvrier, fabricant, regarde généralement le marchand comme un homme de loisir (Michelet, Peuple,1846, p. 124).
3. Littér. Libre disposition de quelqu'un ou quelque chose, pouvoir exercé sur quelqu'un ou quelque chose. Le comte avait croisé les bras, paraissant bien sûr d'avoir le loisir de ce qu'il voulait, riant d'un mauvais rire qui secouait son corps énervé et sans autre force que celle de la fièvre qui escarbouclait ses yeux agrandis (Péladan, Vice supr.,1884, p. 93).Il a fallu qu'il sache ce sacré putin de secret pour la commander, la tenir à son loisir, l'enrager quand il veut (Giono, Colline,1929, p. 172).
4. P. méton.
a) Espace propice au loisir, à la flânerie, à la divagation (d'animaux). Et les chèvres rentrèrent à Zermatt, s'égaillant comme dans le loisir d'un chemin creux, aussi tranquillement que si les chalets noirs et vétustes n'avaient jamais vu passer sous eux que leurs troupeaux (Peyré, Matterhorn,1939, p. 252).
b) [En parlant d'un attribut de la pers.] Mais cette répartition (...) enlèverait à la pensée le loisir qui doit la rendre forte et profonde, à l'industrie la persévérance qui la porte à la perfection (Constant, Princ. pol.,1815, p. 114).
5. En partic. À loisir. À satiété, autant qu'on le désire. Quand il eut considéré tout cela dans son ensemble, puis un à un chaque détail, il recommença encore une fois (...) comme une galerie de tableaux que l'on reprend par le bout, s'arrêtant à chaque fait, à chaque forme, (...) et s'en repaissant à loisir, jusqu'à ce que la satiété lui fit réclamer une autre amertume à goûter (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 138).Si l'autre tarde encore, je la verrai au moins monter du désert et envahir le ciel, froide vigne d'or qui pendra du Zénith obscur et où je pourrai boire à loisir, humecter ce trou noir et desséché que nul muscle de chair vivant et souple ne rafraîchit plus (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1586).
6. Vieilli, péj. Femme de loisir. Courtisane. Le vulgaire appelle cela des femmes de loisir; il les calomnie : aucune des servitudes volontaires dont parle La Boétie n'est comparable à cette servitude (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 195).Sa coiffe blanche allait fort bien à son visage rondelet, et son jupon court à sa jolie jambe; mais la robe longue et drapée des femmes de loisir lui enlevait tous ses avantages (Sand, Jeanne,1844, p. 207).
B. − Temps dont on a la libre disposition pour faire quelque chose.
1. Loisir de + subst. désignant un état, un événement, un procès. Espace de temps libre dû à l'inaction. Les longs loisirs de l'émigration, la vie immobile et studieuse à laquelle l'infirmité de ses jambes le condamnait, avaient accru en lui ce goût des entretiens (Lamart., Nouv. Confid.,1851, p. 302).M. Grandfief, bonhomme méticuleux et pacifique, (...) trompait les loisirs de l'attente en allant sur la pointe des pieds modérer le jeu des lampes et affermir les bougies dans leurs bobèches (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 73).Je me consacrai naturellement à la partie militaire de la coopération que nous allions demander aux Américains et cela suffisait amplement à occuper les loisirs forcés de notre traversée (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 449).
2. Avoir le loisir de + inf. Avoir le temps, la possibilité matérielle ou intellectuelle de faire quelque chose. Convenez donc, M. L'Hermite, qu'il n'y a point d'être plus heureux qu'un bourgeois de Paris qui a dix mille livres de rente, et qui a le loisir de tout voir (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 62).Jos-Mari de son côté eut tout le loisir de se morfondre, à la forge ou dans l'échoppe d'Andreas, en réflexions dont il n'était pas coutumier (Peyré, Matterhorn,1939, p. 96).Toujours, le microbiologiste a le loisir de vérifier l'identité du matériel vivant sur lequel il travaille, par un moyen conférant au témoignage de ses sens une valeur décisive (P. Morand, Confins vie,1955, p. 12):
1. ... nous étions assis à une petite table éclairée par une bougie renfermée dans un globe de verre. J'eus alors tout le loisir d'examiner ma gitana pendant que quelques honnêtes gens s'ébahissaient, en prenant leurs glaces, de me voir en si bonne compagnie. Mérimée, Carmen,1847, p. 21.
3. Loc. adv. Avec loisir (vx), à loisir, tout à loisir. En prenant son temps, en ayant le temps. Il s'enferma tout un jour pour mesurer à loisir la profondeur de l'abîme où venaient s'engloutir ses espérances (Sandeau, Sacs,1851, p. 46).Ne pas me presser, m'appliquer à écrire; achever ce volume dans la sérénité, avec loisir; donnant à mon pauvre esprit le temps de s'élever, de s'éclairer, de s'échauffer (Dupanloup, Journal,1856, p. 188).Du vivant de sa femme, un repas sur deux, en semaine, et les deux repas du dimanche étaient pris à loisir dans la salle à manger (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 275).
4. En partic., gén. au plur. Espace de temps habituellement libre que laissent les occupations et les contraintes de la vie courante (travail, sommeil, nutrition principalement). Synon. récréation, repos, vacances.Instant, jour, moment de loisir; loisir dominical, hebdomadaire; avoir des loisirs; employer, meubler, occuper ses loisirs; ministère, sous-secrétariat des loisirs et des sports. Alors, afin d'occuper ses tristes loisirs, il lui était venu une idée, celle de dresser un inventaire total de sa maison et d'y étudier certains perfectionnements, depuis longtemps rêvés (Zola, Débâcle,1892, p. 544).Il pêchait au large, raccommodait ses filets, calfatait sa barque et, à ses heures de loisirs, construisait dans une carafe une goélette parfaitement gréée (France, Pt Pierre,1918, p. 95).Le gouvernement, favorable au monde du travail, vote les lois sociales les plus avancées de son histoire : le temps de loisir devient une réalité (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 108):
2. Pour qu'il soit plus facile de doter les logis des services communs destinés à réaliser dans l'aisance le ravitaillement, l'éducation, l'assistance médicale ou l'utilisation des loisirs, il sera nécessaire de les grouper en « unités d'habitation » de grandeur efficace. Le Corbusier, Charte Ath.,1957, p. 109.
Organisation, politique des loisirs. Ensemble des options d'un système (étatique, associatif p. ex.) qui orientent ou planifient, dans un but déterminé, le temps ou les activités de loisir d'une collectivité. Le sens d'une organisation des loisirs ne doit pas être d'offrir le plus possible de distractions aux gens, mais donner une signification à l'éducation et à la culture de la communauté (Becquet, Organ. loisirs travaill.,1939, p. 75).La politique des loisirs est encore dans l'enfance. Elle constituera l'une des rubriques prioritaires de la politique tout court (G. Heneinds Pol.1969).
Civilisation des loisirs. État d'une civilisation dans lequel la place laissée aux loisirs serait de plus en plus importante et bouleverserait complètement les habitudes et l'organisation de la vie publique et privée :
3. Pour incomplet que soit l'exposé sur cet univers se rattachant à la civilisation des loisirs, il n'en relève pas moins les formes multiples, la complexité, l'intention de prise en charge de besoins biologiques de détente et d'expansion. Gds ensembles habit.,1963, p. 18.
P. méton. Activité, distraction à laquelle on se consacre pendant les loisirs. Loisir de plein air, culturel, sportif; loisir coûteux; activité de loisir; loisir individuel, collectif. Sur la table, une tête de mort insultée par un brûle-gueule; des livres achetés pour les loisirs des vacances (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 150).Il restait à mettre en place des infrastructures qui permissent aux jeunes en particulier, par l'organisation d'un vaste réseau de lieux de rencontre, de profiter culturellement des loisirs de voyage (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 98).Aujourd'hui, les loisirs des industriels et des cadres supérieurs d'Annecy ne présentent que très rarement ce caractère [du loisir de la classe oisive]; ils ne se distinguent presque jamais de façon radicale de ceux de la majorité (Dumazedier, Ripert, Loisir et cult.,1966, p. 303).
Base, zone de loisir. Lieu, infrastructure aménagés pour pratiquer un loisir, un ensemble de loisirs culturels, sportifs, d'agrément. La « base de loisirs » de Saint-Quentin-en-Yveline, dans la région parisienne, a servi de « prototype » pour mieux cerner le contenu à donner à l'aménagement d'espaces de détente familiaux (P. Augéds Autrement, no10, sept. 1977, p. 206).À l'est, vers le cœur du quartier des affaires, la zone de loisirs avec sa patinoire artificielle, ses neuf cinémas, ses quatorze restaurants (Le Monde,3 mars 1981, p. 17, col. 5).
Prononc. et Orth. : [lwazi:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « possibilité (de faire quelque chose) » (Roland, éd. J. Bédier, 459); ca 1140 leisir de + inf. (Geoffroi Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 6073); 2. id. a leisir « en prenant le temps nécessaire, sans contrainte » (Id., ibid., 141); ca 1165 « temps nécessaire pour faire quelque chose » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 2025 ds T.-L.); 3. fin xives. « temps libre permettant de faire ce que l'on veut » (Froissart, Chron., éd. Ch. Diller, I, XXII, p. 116, 36); Ac. 1740 signale l'emploi du plur. dans la langue poét. : d'heureux loisirs. Substantivation du verbe a.fr. loisir, impers. « être permis » (2emoitié xes. lez ind. prés. sing. 3 St Léger, éd. J. Linskill, 93), du verbe impers. lat. licere « être permis ». Fréq. abs. littér. : 1 779. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 999, b) 1 976; xxes. : a) 1 696, b) 2 926.

Wiktionnaire

Verbe - ancien français

loisir \Prononciation ?\

  1. Être permis.

Nom commun - français

loisir \lwa.ziʁ\ masculin

  1. Temps dont on peut disposer en dehors de ses occupations habituelles (emploi, gestion de la maison, éducation des enfants, etc.) et des contraintes qu’elles imposent (transports par exemple).
    • « Le loisir ? fit-il. Mais, ma petite demoiselle, c’est l’état naturel de l’homme ; c’est l’instant des jours fuyants où il ne travaille point pour les autres, où il a le temps devant lui, l’espace autour de lui et pour seul souci le choix du plaisir qu’il va prendre. » — (Maurice Bedel, La nouvelle Arcadie, 1934)
    • Ces éminentes personnalités ont toutes été d’accord pour admettre que, dans vingt ans, l’homme consacrera le tiers de sa vie à son éducation, un deuxième tiers à travailler, et le troisième à profiter des fruits de son travail. D’où l’avertissement tiré des conclusions : « Les loisirs vont s’abattre sur l’homme non préparé comme une peste morale. Notre civilisation doit faire face à trois dangers graves : la guerre nucléaire, la surpopulation et le loisir. » — (André Brincourt, André Malraux ou le temps du silence, 1966)
  2. Espace de temps suffisant pour faire quelque chose commodément.
    • Le manque de loisir nous prive de parler plus au long de cet excellent écrit; […]. — (Anonyme, Revue littéraire, 1830, Revue des deux Mondes, 1830, tome 1)
    • Pour être cultivé, il fallait des loisirs : une classe de gens peinait pour permettre à un très petit nombre de jouir de la vie, de s’instruire, et le jardin de la culture, des belles-lettres et des arts, restait une propriété privée où seuls pouvaient avoir accès non les plus intelligents, les plus aptes, mais ceux qui, depuis leur enfance, s’étaient trouvés à l’abri du besoin. — (André Gide, Discours sur Maxime Gorki, en annexe de Retour de l’U.R.S.S. -1936)
    • Seuls les professionnels ont tout loisir, du prime matin au soir tombant, d’inspecter cinq mille — voire dix mille crins. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

LOISIR. n. m.
Temps dont on peut disposer sans manquer à ses devoirs. Avoir du loisir. Jouir d'un doux loisir, d'un honnête loisir. Il emploie bien ses loisirs. Vous ferez cela à vos heures de loisir. Je n'ai pas un moment de loisir. Son absence me donne, me laisse du loisir. La musique amuse, charme ses loisirs.

LOISIR se dit aussi d'un Espace de temps suffisant pour faire quelque chose commodément. Je n'ai pas eu assez de loisir pour y penser. Je n'en ai pas eu le loisir. Vous ne me donnez pas le loisir de respirer.

À LOISIR. loc. adv. À son aise, à sa commodité, sans se presser. Vous ferez cela à loisir, tout à loisir. Vous y penserez à loisir.

Littré (1872-1877)

LOISIR (loi-zir) s. m.
  • 1État dans lequel il est permis de faire ce qu'on veut. Je me tiendrai toujours plus obligé à ceux par la faveur desquels je jouirai sans empêchement de mon loisir, que je ne serais à ceux qui m'offriraient les plus honorables emplois de la terre, Descartes, Méth. VI, 12. La circonstance de leur mauvaise santé [la Rochefoucaud et Mme de la Fayette] qui les rendait comme nécessaires l'un à l'autre, et qui leur donnait un loisir de goûter leurs bonnes qualités, Sévigné, 5 avr. 1680. Mais je ne trouve point de fatigue si rude Que l'ennuyeux loisir d'un plaisir sans étude, Qui, jamais ne sortant de sa stupidité, Soutient, dans les langueurs de son oisiveté… Le pénible fardeau de n'avoir rien à faire, Boileau, Ép. X. Des problèmes qui… n'étaient destinés qu'à amuser le loisir des écoles et la vanité des sophistes, Massillon, Carême, Vérité de la relig. Un loisir inutile qu'on est bien aise d'amuser, Massillon, Carême, Parole. Nous ne gagnerions à nous marier que le loisir de nous quereller à notre aise, et ce n'est pas là une partie de plaisir bien touchante, Marivaux, le Legs, SC. 17. Ce même homme [Alberoni], étant depuis légat à Bologne, et ne pouvant plus entreprendre de bouleverser des royaumes, occupa son loisir à tâcher de détruire la république de Saint-Marin, Voltaire, Siècle de Louis XV, I. Ainsi l'on dort tranquille ; et, dans son saint loisir, Devant son propre cœur on n'a point à rougir, Chénier, Élég. XVI. Oui, ma mie, il faut vous croire, Faisons-nous d'obscurs loisirs, Béranger, Plus de pol. Le temps s'est réveillé ; ma tâche recommence ; Adieu, besoins du cœur, solitude, silence, Adieu loisir, adieu loisir ! Sainte-Beuve, Poésies, au loisir.

    Être de loisir, n'avoir rien à faire. Hébé est de grand loisir, depuis que Ganymède verse le nectar en sa place, Fénelon, t. XIX, p. 126. Quelques-uns de ces tigres [les conquérants tartares], à la vérité, ont été un peu astronomes quand ils ont été de loisir, après avoir saccagé tout le nord de l'Inde, Voltaire, Lett Bailly, 19 janv. 1776. Il parut plusieurs édits de quelques personnes qui, se trouvant de loisir, gouvernent l'État au coin de leur feu, Voltaire, l'Homme aux 40 écus, désastre.

    Familièrement. Il est bien de loisir, il faut qu'il ait bien du loisir de reste, se dit de celui qui s'amuse à des bagatelles, ou qui se mêle d'affaires qui ne le regardent pas.

    À loisir, tout à loisir, loc. adv. À son aise, à sa commodité, sans être dérangé. Tu pourras me répondre, après, tout à loisir, Corneille, Cinna, V, 1. Mais rien ne vient m'interrompre ; Je mange tout à loisir, La Fontaine, Fabl. I, 9. Mme de Chaulnes eut avant-hier au soir un si grand mal de gorge… à Paris, on aurait saigné d'abord ; mais ici elle fut frottée à loisir avec du baume tranquille…, Sévigné, 24 avr. 1689. Hélas ! oui, mon pauvre monsieur, vous êtes malade… je suis touchée de la tristesse de votre état ; j'en vois toutes les conséquences, et j'en suis triste à loisir, Sévigné, 13 juin 1685. Vous pouvez à loisir faire des vœux pour elle [la Grèce], Racine, Iphig. I, 2.

    Il s'en repentira à loisir, il aura tout le loisir de s'en repentir, se dit d'un homme qui fait quelque chose dont on croit qu'il souffrira longtemps.

  • 2Espace de temps nécessaire pour faire quelque chose à son aise. Mais pour les mieux choisir [les champions], Nos chefs ont voulu prendre un peu plus de loisir, Corneille, Hor. I, 4. Nous n'avons pas loisir d'un plus long entretien, Corneille, Ment I, 3. Au sortir de Pharsale, un si grand capitaine Saurait mal son métier s'il laissait prendre haleine, Et s'il donnait loisir à des cœurs si hardis De relever du coup dont ils sont étourdis, Corneille, M. de Pomp. II, 4. À peine eus-je loisir de lui dire un adieu, Corneille, D. Sanche, II, 1. Je vous demanderais le loisir d'y penser, Corneille, Nicom. IV, 3. Je n'ai fait celle-ci [lettre] plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte, Pascal, Prov. XVI. Sans avoir eu le loisir d'établir ses affaires, Bossuet, Hist. III, 5. Achitoas, qui avait eu le loisir de cacher sa jalousie, Fénelon, Tél. VII. On a toujours du loisir, quand on sait s'occuper ; ce sont les gens qui ne font rien, qui manquent de temps pour tout, Mme Roland, Mémoires, XV, 164.
  • 3Temps qui reste disponible après les occupations. Soit que tu donnes ton loisir à prendre quelque autre plaisir, Malherbe, IV, 5. J'abuse trop, seigneur, d'un précieux loisir, Corneille, Sertor. I, 3. Je reverrai tout au premier loisir, Bossuet, Lett. Corn. 90. Là, dans le seul loisir que Thémis t'a laissé, Tu me verras souvent à te suivre empressé, Boileau, Épît. VI. Un roi victorieux vous a fait ce loisir, Racine, Poésies, 3. Quel moyen de pouvoir tenir contre des gens qui ne savent pas discerner votre loisir, ni le temps de vos affaires ? La Bruyère, Théophraste, III. La chose qui me manque le plus, c'est le loisir, Voltaire, Lett. Helv. 12 déc. 1760.

SYNONYME

LOISIR. OISIVETÉ. Loisir, qui vient du verbe latin licere, être permis, est un temps de liberté, où l'on a permission d'agir ou de ne pas agir. L'oisiveté est un temps d'inaction.

HISTORIQUE

XIe s. Sa coustume est qu'il parole à leisir, Ch. de Rol. X.

XIIIe s. Diex ! est-ce jà que [je] la tienne à celée Entre mes bras, nu à nu, à loisir ? Vidame de Ch. Romanc. p. 114. La traïson [ils] de visent entre eux trois à loisir, Berte, XIII De vous afestoier [je] n'ai ores pas loisir, ib. LXXXVII.

XIVe s. Ce que aucun eslit et fait selon longue preparacion et qu'il delivre par grant loisir et par cogitacion ou pensée, il semble moins estre fait selon habit, Oresme, Eth. 88.

XVe s. Là put-on voir dames noblement parées et richement atournées, qui eust loisir, Froissart, I, I, 31. Sans leur donner loysir de tirer ung coup de flesche, Commines, I, 3. Il advertist bien les amys secrets de ce qu'ils avoient à faire, et se mist en la mer à son beau loysir, Commines, III, 4.

XVIe s. Heureuse la mort qui oste le loisir aux apprests de tel equipage ! Montaigne, I, 90. Hommes de loisir et curieux de nouveautez, J. Pelletier, dans LIVET, la Gramm. franç. p. 144. Vous qui les ruisseaux d'Helicon frequentez, Vous qui les jardins solitaires hantez Et le fond des bois, curieux de choisir L'ombre et le loisir, Rapin, Vers métr. sur Ronsard.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

LOISIR, s. m. (Gramm.) tems vuide que nos devoirs nous laissent, & dont nous pouvons disposer d’une maniere agréable & honnête. Si notre éducation avoit été bien faite, & qu’on nous eût inspiré un goût vif de la vertu, l’histoire de nos loisirs seroit la portion de notre vie qui nous feroit le plus d’honneur après notre mort, & dont nous nous ressouviendrions avec le plus de consolation sur le point de quitter la vie : ce seroit celle des bonnes actions auxquelles nous nous serions portés par goût & par sensibilité, sans que rien nous y déterminât que notre propre bienfaisance.

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Étymologie de « loisir »

Picard, laisi ; wallon, légi ; bourguig. loizi, lesy. Loisir est un infinitif, anciennement usité, qui signifiait être permis, du latin licere (voy. LICET). Le loisir est donc proprement licence, permission, d'où le sens de temps accordé, temps laissé libre.

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Substantivation de l’ancien verbe loisir, « être permis » (2e moitié du xe siècle), du verbe impersonnel latin licere (« être permis »).
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Phonétique du mot « loisir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
loisir lwazir

Fréquence d'apparition du mot « loisir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « loisir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « loisir »

  • Pour qui peut se promener à loisir, même la jungle est une route royale.
    Proverbe cingalais
  • A vouloir enseigner trop de médecine, on n'a plus le loisir de former le médecin.
    Jean Hamburger — La Puissance et la fragilité
  • Je crains plus la réputation que je ne la désire, estimant qu'elle diminue toujours en quelque façon la liberté et le loisir de ceux qui l'acquièrent.
    René Descartes — Correspondance, à Mersenne, 15 avril 1630
  • Un jour de loisir, c'est un jour d'immortalité.
    Proverbe chinois
  • Rien d'excellent ne se fait qu'à loisir.
    André Gide
  • Je plains l'homme accablé du poids de son loisir.
    Voltaire
  • Nous ne gagnerions, à nous marier, que le loisir de nous quereller à notre aise.
    Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux — Le legs
  • Sans un minimum de loisir, pas de travail créateur, par conséquent pas de culture ni de civilisation.
    Roy Lewis — Pourquoi j’ai mangé mon père
  • La création apparaîtra bientôt comme une activité socialement nécessaire, un travail utile et non plus un loisir.
    Jacques Attali — Lignes d'horizon
  • Il faut penser à loisir, et exécuter promptement.
    Chevalier de Méré — Maximes, sentences et réflexions morales et politiques
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Images d'illustration du mot « loisir »

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Traductions du mot « loisir »

Langue Traduction
Anglais leisure
Espagnol ocio
Italien tempo libero
Allemand freizeit
Chinois 休闲
Arabe راحة
Portugais lazer
Russe досуг
Japonais 余暇
Basque aisia
Corse passatempu
Source : Google Translate API

Synonymes de « loisir »

Source : synonymes de loisir sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « loisir »

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Nombre de points du mot loisir au scrabble : 6 points

Loisir

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