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Moine

Variantes Singulier Pluriel
Masculin moine moines

Définitions de « moine »

Trésor de la Langue Française informatisé

MOINE, subst. masc.

I.
A. − RELIG. CHRÉT. Religieux ayant prononcé des voeux solennels et vivant généralement cloîtré, selon la règle de son ordre. Bon, gros, jeune, mauvais, pauvre, petit, saint, vieux moine; moine débauché, défroqué, dissolu, paillard; cellule, couvent, habit, robe, vie de moine; se faire moine. Une procession de moines aux frocs blonds (...) Et qui, pieds nus, la corde aux reins, un cierge en main, Ululent d'une voix formidable un cantique (Verlaine,Poèmes saturn.,1866, p.89).Ce moine vit dans un ermitage près de Rouen, enfermé jour et nuit, et travaillant sans relâche. Il est fort savant, et il a publié un ouvrage d'archéologie sur Carthage (Taine,Notes Paris,1867, p.185).Ces fainéants de moines vivaient grassement; ils donnaient le spectacle honteux de leur ivrognerie, de leur paresse et de leurs mauvaises moeurs (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan,t.1, 1870, p.356):
. L'opinion du public sur les moines va d'un extrême à l'autre et ces deux extrêmes sont aussi fous. Les uns se les imaginent (...) joufflus et rebondis, tenant, d'une main, un pâté et serrant, de l'autre, contre leur coeur, une bouteille clissée d'osier, et rien n'est plus inexact, rien n'est plus bête; les autres se les figurent angéliques, planant au-dessus du monde, et c'est non moins inexact et non moins bête. La vérité est qu'ils sont des hommes, valant mieux que la plupart des laïques, mais enfin des hommes... Huysmans,Oblat,t.1, 1903, p.19.
Rem. ,,En Occident, le terme désigne de façon plus stricte les religieux qui suivent la Règle de S. Benoît, c.-à-d. les Bénédictins, les Cisterciens, les Cisterciens réformés ou Trappistes, les Camaldules, les Olivétains, ainsi que les Chartreux`` (Foi t.1 1968).
P. ext.
Religieux vivant en solitaire, non cloîtré. Un beau moine mendiant, les pieds nus, (...) le corps enveloppé des plis lourds de sa robe brune, (...) regarde d'un œil de détachement et d'insouciance ce spectacle de bonheur, d'aisance (Lamart.,Voy. Orient,t.1, 1835, p.75).Un ordre de moines, non plus reclus et sédentaires, mais qui erreraient de par le monde pour chercher partout l'impiété et la confondre, qui seraient les prêcheurs de la foi (Montalembert,Ste Élisabeth,1836, p.xliii).
HIST. Moine lai. ,,Particulier que le Roi nommoit dans chaque Abbaye de nomination Royale, pour y être entretenu`` (Ac. 1798). Au seizième siècle, (...) chaque abbaye de fondation royale possédait un moine appelé «oblat ou lay» dont la nomination appartenait au roi. Il y envoyait généralement un vieux soldat infirme ou blessé; (...) c'était un simple domestique; l'abbaye lui assurait le vivre, le coucher (Huysmans,Oblat,t.1, 1903p.194).
RELIG. NON CHRÉT. Moine bouddhiste. Un moine bouddhiste puissant et devenu dieu gardien (...) du monastère construit en ce lieu (Philos., Relig., 1957, p.54-8).
Locutions
Loc. nom.
Moine blanc. Cistercien. Moine noir. Bénédictin de Cluny. Aux moines «noirs», c'est-à-dire aux moines de Cluny, (...) on reprochait, dit-il, les abus de leurs grands abbés. Aux moines «blancs», c'est-à-dire aux Bénédictins de Cîteaux, (...) on reproche leur dureté de coeur (Faral,Vie temps st Louis,1942, p.43).
Moine bourru (vx). V. bourru A.
Loc. verb.
Vivre comme un moine, en moine. Vivre de manière ascétique. Il faut semer et labourer. Nous ne saurions vivre en moines, en dévots de profession, dont toutes les pensées se tournent vers le ciel (Courier,Pamphlets pol.,Pétition pour vill., 1822, p.144).Il était avare parce qu'il vivait comme un moine, et il ne comprenait pas une autre table ni d'autres mets ni une autre dépense que celle qui convenait à son existence ralentie (Alain,Propos,1922, p.446).
(Être) gras comme un moine (fam.). (Dict. xixeet xxes.).
Expr. et proverbes
Vx ou vieilli
Attendre qqn comme les moines font l'abbé. Se mettre à table à l'heure prévue, sans attendre (Dict. xixeet xxes.).
Pour un moine, on ne laisse pas de faire un abbé; pour un moine, l'abbaye ne faut pas/ne se perd. L'absence d'une personne ne doit pas empêcher de faire ce qui est nécessaire. (Dict. xixeet xxes.).
L'habit ne fait pas le moine. V. habit B 1 loc. proverbiale.
B. − P. anal. Personne qui vit à certains égards comme un moine. Serais-je donc sans belles et folles amours? (...) Vivrais-je sans éprouver ces rages de coeur qui grandissent la puissance de l'homme? Serais-je un moine conjugal? (Balzac,Béatrix,1839-45, p.118).Un voyageur est un moine en mouvement. Dans aucun couvent de Chartreux la règle du silence n'est plus stricte que dans un wagon rempli d'inconnus (Maurois,Mes songes,1933, p.140).Orage fulgurant, voilà ce qu'est Rimbaud. Mais il n'est pas l'homme-dieu, l'exemple farouche, le moine de la poésie qu'on a voulu nous présenter (Camus,Homme rév.,1951, p.117).
II. − P. anal.
A. − ARTS MÉN.
1. Appareil formé d'un cadre en bois où l'on suspend un réchaud de braises et servant à chauffer les lits. Lit que bassinait en votre absence un «moine» − c'est ainsi qu'on appelle là-bas [à Lamalou-le-Haut] un réchaud qu'un ingénieux système d'arceaux suspend entre les draps écartés (Gide,Si le grain,1924, p.428).
2. P. ext. Objet quelconque servant à chauffer les lits. Après (...) la femme dessert, fait son petit train train, la couverture, le moine, et quand elle est couchée, la place chaude, on tombe dans le tas (A. Daudet, Sapho,1884, p.189).Elle s'a frotté d'onguent et couchée avec un moine sur les reins (Arnoux,Seigneur,1955, p.46).
B. − IMPR. Blanc dû à un défaut d'impression; p.méton., feuille mal imprimée. On lit encore aisément une feinte, tandis qu'on ne peut pas lire un moine, puisqu'il ne marque absolument pas (Momoro,Impr.,1793, p.170).
C. − JEUX, vx, région. Toupie. Différent était le moine, grosse toupie qui aurait pris le nom du clou sans tête fiché à son sommet, auquel on accrochait la ficelle destinée à donner l'impulsion (Vie Lang.1973no255, p.348).
Bailler, donner, mettre le moine. Attacher par malice une ficelle au pied d'un dormeur et le tirailler. Le pied bleu [jeune recrue] dort paisiblement. Soudain, il se sent tiraillé par le pied (...) et se réveille, à sa grande surprise, les jambes pendantes sur le carreau. Pour amener ce résultat, on lui a noué autour de l'orteil une ficelle dont l'autre extrémité a été attachée au lit de la rangée parallèle. Un voisin perfide, prenant en main le ballant de la corde, a opéré une traction qui semblait venir d'en face. Cette plaisanterie s'appelle le moine, nom enfantin de la toupie, qui obéit à la ficelle comme la recrue en cette circonstance (E. de La Bédollierre, Français peints par eux-mêmes,L'Armée, t.5, 1842, p.41).
D. − MAR. ,,Feu de bengale employé pour les signaux`` (Gruss 1952). Faites brûler un moine! (Gruss 1952).
E. − TECHNOL. Masse, marteau de forme conique. (Dict. xixeet xxes.).
F. − Domaine de la zool.
1. Coquillage univalve du genre cône (Dict. xixeet xxes.).
2. Insecte coléoptère noir et blanc. Les téléphores [insectes coléoptères carnassiers] sont fort communs et bien connus sous le nom de Moines. Leurs élytres sont molles et de couleur grise ou fauve (Coupin,Animaux de nos pays,1909, p.251).
3. Synon. usuel de diverses espèces de phoques.Quant aux mammifères marins, je crois avoir reconnu, en passant à l'ouvert de l'Adriatique, (...) une douzaine de phoques au ventre blanc, au pelage noir, connus sous le nom de moines et qui ont absolument l'air de Dominicains longs de trois mètres (Verne,Vingt mille lieues,t.2, 1870, p.77).Les Monachinés [sous-famille des Phocidés ou Phoques] comprennent seulement trois espèces: le Phoque moine (...), le Moine au ventre blanc (...) et le Moine tropical (Encyclop. Sc. Techn.t.81972, p.922).
4.
a) Moine de mer ou, en appos., macareux moine. Macareux vivant notamment sur les îles et les promontoires continentaux du nord de l'Europe et de Bretagne. Macareux arctique (...) appelé aussi (...) Moine de mer, Petit moine (...). Dessus de la tête et du corps noir (...). Attitude droite, sérieuse et grave (Coupin,Animaux de nos pays,1909p.89).Des oiseaux également, comme les mouettes et les goélands, les alcidés (macareux moine, pingouin torda que l'on trouve en Bretagne) (Almanach du Pèlerin,1981, p.18).
b) Vx. Synon. de moineau.C'était un doux parlage de tous à la fois, huppes, mésanges, (...) bouvreuils, moines (Hugo,Travaill. mer,1866, p.448).Notre moineau familier avec sa capuche brune était un petit moine; de nos jours, c'est un pierrot ou un piaf (Vie Lang.1971no235, p.554).
REM. 1.
Moinaille, subst. fém.,fam., péj. Ensemble des moines. Synon. moinerie. (Dict. xixeet xxes.).
2.
Moineton, subst. masc.,vieilli, rare. Jeune moine. Synon. moinillon.Il s'agit de prier le Seigneur quand personne ne le prie plus; (...) dans ce concert permanent, votre place est réservée. − C'est juste, dit le P. Felletin. − Expliquez-nous cela, dirent les moinetons (Huysmans,Oblat,t.2, 1903, p.48).
3.
Moinifier (se), verbe pronom.,plais., hapax. Se transformer en moine, vivre comme un moine. Mes enfants auront tout leur bien (...); mais ils ne veulent sans doute pas que leur père s'ennuie, se moinifie et se momifie!... Ma vie est joyeuse! (Balzac,Cous. Bette,1846, p.282).
4.
Monacaille, subst. fém.,fam., péj. a) Ensemble des moines (et du clergé). Synon. moinerie.Vous en êtes encore à n'avoir de respect que pour la monacaille (Mérimée,Théâtre Cl. Gazul,1825, p.34).Il fut grand ennemi de ce qu'il appelait la monacaille (Sand,Mauprat,1837, p.27).b) Moines (et clergé). Belle abondance de monacaille et de curés; un carillon de cloches aux quatre cents églises de la ville et des mendiants à tous les pavés (Flaub.,Corresp.,1851, p.301).
Prononc. et Orth.: [mwan]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 monie «religieux qui vit retiré du monde» (Roland, éd. J. Bédier, 1881); 1121-34 muine (Ph. de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 2870); 1275-80 la robe ne fet pas le moine (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11028); 2. 1605 moine de mer «genre de phoque» (Descript. du voyage de Gunea, p.64 ds Roll. Faune t.8, p.169); 1840 moine «phoque» (Ac. Compl. 1842); 1705 moine «ange de mer, squale» (Voyage de M. Guillaume Dampier, p.114); 3. 1621 impr. «feuille mal imprimée» (E. Binet, Merv. de nat., p.186); 4. 1652 «ustensile pour chauffer un lit» (Sauzé de Lhoumeau, Inventaire hôtel Rambouillet, p.49). Du b. lat. monachus «anachorète, solitaire» (av. 375) et «cénobite» (av. 430), gr. μ ο ν α χ ο ́ ς «seul, unique», «qui vit seul», dér. de μ ο ́ ν ο ς «seul, unique». Il n'est pas absolument nécessaire de passer par l'intermédiaire d'une forme vulg. monicus att. dans une inscription de Gaule (cf. TLL 1397, 10) et qui est à l'orig. des formes germ. tel l'all. Mönch (v. REW3, 5654 et FEW t.6, 3, p.69b; et pour l'opinion contraire v. Cor.-Pasc., s.v. monje, Fouché, p.285 et Pope § 473 et 645). Fréq. abs. littér.: 2392. Fréq. rel. littér.: xixes. : a) 3862, b) 2802; xxes.: a) 6085, b) 1714. Bbg. Ahokas (J.). De l'Emploi des mots abbé et moine pour désigner des personnages et des organ. laïques. Neuphilol. Mitt. 1962, t.63, pp.81-106. _ Sain. Sources t.1 1972 [1925] p.166, 295; t.2 1972 [1925] p.347.

Wiktionnaire

Nom commun - français

moine \mwan\ masculin (pour une femme, on dit : moniale)

  1. Religieux faisant partie d’un ordre dont les membres vivent sous une règle commune et séparés du monde.
    • En dépit du pape, en dépit du diable, reprit Athelsthane, ils mourront ; n’en parlons plus. Quand ce seraient les meilleurs moines de la terre, le monde saura s’en passer. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Aussi à Lima, tous les étrangers vont-ils à l’église, non pour entendre chanter aux moines l’office divin, mais pour admirer, sous leur costume national, ces femmes d’une nature à part. — (Flora Tristan, Les Femmes de Lima, in Revue de Paris, tome 32, 1836)
    • Vous avez, docteur, de bien curieuses fréquentations, dit-il d’un ton un peu méprisant, un représentant de ces mauvais moines adorateurs du démon ! Que les Chinois sérieux estiment un peu plus qu’un soldat, mais un peu moins qu’une prostituée ! — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, p. 30)
    • L’église chrétienne va transformer les fantômes et les revenants en âmes en peine en même temps qu’elle met en place le Purgatoire entre l’Enfer et le Paradis. Les morts ont besoin des vivants et les moines de Cluny mettent en place la fête des morts. — (Claude Nachin, Les Fantômes de l’âme : à propos des héritages psychiques, 1993, p. 21)
    • Cette association du politique et du religieux perpétua, jusqu’au milieu du XXe siècle, un système féodal abusif entretenu par la noblesse et les moines. — (Louis Dubé, La Sagesse du dalaï-lama : Préceptes et pratique du bouddhisme tibétain, in Le Québec sceptique, nº 66, été 2008, p. 5)
  2. (Par extension) N'importe quel religieux.
  3. Personne vivant comme un moine, une vie chaste et frugale.
    • Serais-je donc sans belles et folles amours ? […] Vivrais-je sans éprouver ces rages de cœur qui grandissent la puissance de l’homme ? Serais-je un moine conjugal ? — (Balzac, Béatrix, 1839-45, p. 118)
    • Les terribles prêcheurs de Seize, les moines qui portaient le mousquet aux processions de la Ligue, s'humanisent tout à coup ; les voilà devenus bénins. C'est qu'il faut bien essayer d’endormir ceux qu'on n'a pas pu tuer. — (Jules Michelet, Le prêtre, la femme, la famille, Paris : Chamerot, 1862 (8e éd.), p.17)
  4. Appareil destiné à chauffer les lits.
    • Lit que bassinait en votre absence un « moine » − c’est ainsi qu’on appelle là-bas [à Lamalou-le-Haut] un réchaud qu’un ingénieux système d’arceaux suspend entre les draps écartés. — (Gide, Si le grain, 1924, p. 428)
    1. Objet quelconque servant à chauffer, bouillotte.
      • Après […] la femme dessert, fait son petit train train, la couverture, le moine, et quand elle est couchée, la place chaude, on tombe dans le tas. — (Alphonse Daudet, Sapho, 1884, p. 189)
      • Y a, dit la nièce, d’une voix aussi blafarde que sa peau, monsieur Jérôme, que ma tante Marta peut pas monter les escaliers, rapport à son lumbago qui la paralyse ; elle s’a frotté d’onguent et couchée avec un moine sur les reins. — (Alexandre Arnoux, Le Seigneur de l’heure, Gallimard, 1955, p. 46)
  5. Blanc dû à un défaut d’impression, feuille mal imprimée.
    • On lit encore aisément une feinte, tandis qu’on ne peut pas lire un moine, puisqu’il ne marque absolument pas.
  6. Grosse toupie.
    • Différent était le moine, grosse toupie qui aurait pris le nom du clou sans tête fiché à son sommet, auquel on accrochait la ficelle destinée à donner l’impulsion. — (Vie Lang., no 255, 1973, p. 348)
  7. (Québec) (Familier) (Technique) Perceuse.
  8. Équipement d’un étang ou d’un bassin d’aquaculture.
    • Le moine est l’équipement le plus facile à réaliser. Il permet à la fois une vidange et un trop-plein […] — (Cirad/Gret/MAE, Mémento de l’agronome, Cirad/Gret/Ministère des Affaires Étrangères, Paris, 2002, page 1606)
  9. (Ichtyologie) (Vieilli) Sorte de requin.
    • Dans la nuit du 27 au 28 décembre, le patron du bateau le Saint-André, de Nice, a capturé, au moyen du palangre, quatre moines ou monges, squales de la famille des requins : deux de 3m,50 de long, et deux de 2m,50. — (Revue maritime et coloniale, 1895, vol.124, page 469)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MOINE. n. m.
Religieux faisant partie d'un ordre dont les membres vivent sous une règle commune et séparés du monde, comme les Bénédictins, les Dominicains, les Chartreux. Les moines de l'abbaye de Cluny. Un moine défroqué. Fam., Gras comme un moine. Voyez GRAS. Prov. et fig., L'habit ne fait pas le moine. Voyez HABIT. Prov. et fig., Pour un moine l'abbaye ne faut pas. Voyez ABBAYE. Moine bourru. Voyez BOURRU.

MOINE se dit aussi de Divers appareils destinés à chauffer les lits.

Littré (1872-1877)

MOINE (moi-n') s. m.
  • 1Homme qui s'est engagé par des vœux à suivre une certaine règle autorisée par l'Église. Les chevaliers de Malte… cadets de bonne maison qui ne veulent rien savoir, rien valoir, mais qui voudraient bien tout avoir ; au reste, gens de bien et d'honneur, moines d'épée…, Patin, Lett. t. II, p. 425. Ils ont jugé plus à propos et plus facile de censurer que de repartir, parce qu'il leur est bien plus facile de trouver des moines que des raisons, Pascal, Prov. III. Des évêques [anglicans] qui ont anéanti eux-mêmes l'autorité de leur chaire… en condamnant ouvertement leurs prédécesseurs jusqu'à la source même de leur sacre, c'est-à-dire jusqu'au pape saint Grégoire et au saint moine Augustin son disciple et le premier apôtre de la nation anglaise, Bossuet, Reine d'Anglet. Vous avez vu, au douzième et au treizième siècle, les moines devenir princes ainsi que les évêques ; ces évêques et ces moines partout à la tête du gouvernement féodal, Voltaire, Mœurs, 197. On demande pourquoi on permet à des moines de reprendre un de leurs moines qui s'est fait soldat, et pourquoi un capitaine ne peut reprendre un déserteur qui s'est fait moine, Voltaire, Dict. phil. Vœux. Il faut entrevoir pendant ces cinq siècles [de saint Benoît à saint Bernard] les efforts surhumains tentés par ces légions de moines sans cesse renaissantes, pour dompter, pacifier, discipliner, purifier vingt peuples barbares successivement transformés en nations chrétiennes, Montalembert, Moines d'Occident, t. I, p. V. Le premier de tous les services que conféraient les moines à la société chrétienne, c'était de prier, de prier beaucoup, de prier toujours pour tous ceux qui prient mal ou qui ne prient point ; la chrétienté honorait et estimait surtout en eux cette immense force d'intercession, ces supplications toujours actives, toujours ferventes, ces torrents de prières sans cesse versées aux pieds du Dieu qui veut qu'on l'implore, ID. ib. p. XLVIII.

    Moines gris, s'est dit des moines de Cîteaux, au commencement de leur institution.

    Familièrement. Gras comme un moine, fort gras.

    Attendre quelqu'un comme les moines font l'abbé, c'est-à-dire se mettre à table et dîner sans l'attendre (locution née de ce que dans les monastères l'heure de chaque chose est réglée).

  • 2Moine lai, laïque, ordinairement homme de guerre invalide, que le roi plaçait dans une abbaye de nomination royale, pour y être entretenu.
  • 3Moine bourru, voy. BOURRU.
  • 4Caisse doublée de fer-blanc, où l'on suspend un réchaud pour chauffer un lit ; ou cylindre de bois creusé, doublé de tôle, dans lequel on introduit un fer chaud pour ce même usage. Une femme de chambre accourt avec une bougie, elle trouve un moine dont on avait chauffé le lit, que la Furstemberg n'avait pas senti, Saint-Simon, 311, 72.
  • 5Feuille de papier dont on couvre la traînée de poudre qui doit porter le feu au saucisson d'une mine.

    Terme de marine. Se dit de petits cônes de poudre humectée avec du vinaigre, que l'on brûle dans l'entre-pont pour chasser le mauvais air.

    Artifice que l'on nomme aussi feu de conserve.

  • 6Sorte de masse ou de marteau à peu près pointu.
  • 7Partie intérieure du moule qui sert à faire les coupelles.
  • 8Boursouflure qui paraît quelquefois dans le fer et dans l'acier quand on le forge.
  • 9Les imprimeurs appellent moines des feuilles mal imprimées qui, n'ayant pas bien pris l'encre, paraissent noires et blanches comme l'habit de certains moines.

    Moine se dit aussi, en imprimerie, de la partie blanche elle-même.

  • 10Coquille univalve du genre cône (voy. SARCORAMPHE).
  • 11Donner le moine, se disait d'une certaine malice que pratiquaient les écoliers, les pages et les laquais, en attachant une petite corde au gros doigt du pied d'un homme endormi, et la tirant de temps en temps ; on ne connaît pas l'origine de cette locution. Au XVIe siècle, bailler le moine, signifiait porter malheur.

PROVERBES

Pour un moine on ne laisse pas de faire un abbé, pour un moine l'abbaye ne faut pas, ou faute d'un moine l'abbaye ne manque pas, ne chôme pas, c'est-à-dire l'absence d'une personne n'empêche pas, ne doit pas empêcher que la chose dont il s'agit ne se fasse.

L'habit ne fait pas le moine, c'est-à-dire ce ne sont point les habits ni la parure extérieure qui font l'honnête homme.

HISTORIQUE

XIe s. Ainz [il] deit moine estre en un de ces moustiers, Ch. de Rol. CXXXIX.

XIIe s. E quant li moinie [prononcé moine] vindrent lur complie chanter, Th. le mart. 48. Muine e cou [cuisinier] e sergant, escuier e garçun, Chascun aveit sun pain e dreite livreisun, ib. 61.

XIIIe s. Et puis [il] se rendit moine dedans une abeïe, Berte, II. La robe ne fait pas le moine, la Rose, 11092.

XVe s. Ja ne verrez moine c'on face abbé, De bien servir eglise entalenté [désireux], Bibl. des chartes, 4e série, t. V, p. 353. Convoitise de moines blans, envie des moines ners [dicton né de la convoitise des nouveaux ordres vêtus de blanc, et de l'envie des anciens ordres vêtus de noir], Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 35. Et pour ce dit-on : pour la pitié de la nonnain, baise le moine l'oreiller ; ainsi estoit il du chevalier [qui alla se coucher en plein air au plus près qu'il put du logis de sa dame], Perceforest, t. V, f° 65.

XVIe s. Pour tant encore est le proverbe en usaige de bailler le moyne à quelqu'ung [lui porter malheur], Rabelais, I, 45. Frere Jan des Entommeures… vray moyne si oncques en feust, depuys que le monde moynant moyna de moinerye, Rabelais, Garg. I, 27. À la fin le regnard sera moine, Cotgrave Homme ne connoist mieux la malice que l'abbé qui a esté moine, Cotgrave Il a bien eu du moine [il a été bien pris, bien étrillé], Carloix, VI, 25. Paillard comme un moine, H. Estienne, Apol. pour Hérod. p. 326, dans LACURNE. Il se falloit garder du devant d'une femme, du derriere d'une mule, et d'un moyne de tous costez, Des Accords, Bigarrures, p. 49, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MOINE. Ajoutez :
12Nom d'un papillon de nuit, bombyx monacha.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « moine »

Bourg. mone ; Provenç. monge, mongue, mongue, moncgne, moyne ; cat. monjo ; esp. et port. monge ; ital. monacho. Le français moine vient non du latin monachus, mais d'un thème monius, qui se trouve dans le bas-latin monialis (en des textes du VIIe siècle) ; monius est une autre forme de monachus, grec μοναχὸς, dérivé de μόνος, seul.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Vers 1100) Du latin monachus, du grec μοναχός, monachos (« homme solitaire »)[1], dérivé de μόνος, monos (« seul »). Terme général pour une personne de sexe masculin qui mène une vie monastique dans un monastère. À l’origine : hermite qui vit seul, isolé. Plus tard, désigne aussi celui qui partage la vie des « frères » qui ont choisi, eux aussi, de vivre retirés du monde, en communauté, dans un monastère.
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Phonétique du mot « moine »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
moine mwan

Fréquence d'apparition du mot « moine » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « moine »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « moine »

  • Reconstruire la charpente en bois de la cathédrale parisienne serait un choix sans rapport avec la mission de protection du patrimoine que revêt un tel chantier, relève le médiéviste Julien Le Mauff dans une tribune au « Monde ».
    Le Monde.fr — « L’incendie de la cathédrale de Nantes sonne comme un avertissement pour la restauration de Notre-Dame »
  • A la fin le renard sera moine.
    Proverbe français
  • Le moine en fuite n’échappe pas à son monastère.
    Proverbe chinois
  • Le travail du moine, c'est de voir venir de loin ses pensées.
    Les Pères du désert
  • Sur le coup de 17 heures, ­l'auteur de thrillers joue à se faire peur : une heure intense d'exercices physiques. "Des poids, des tractions, des pompes, j'explore mes limites musculaires. C'est assez violent. Je suis un adepte de la sagesse antique, de la philosophie spartiate : le corps et l'esprit sont indissociables. La discipline m'est essentielle. Je suis comme un moine-soldat." Lequel, à bientôt 60 ans (fin août), est fier d'arborer le même corps qu'à la grande époque en Espagne, les joints en moins.
    lejdd.fr — Bernard Minier : "Je suis un moine-soldat"
  • Matthieu Ricard, 74 ans, a quitté son monastère de l’Himalaya fin mai pour rejoindre la France, encore bouleversée par la crise sanitaire. Depuis la Dordogne, où il a retrouvé sa mère – la peintre et nonne bouddhiste Yahne Le Toumelin, 97 ans –, le moine nous a accordé une interview.
    La Vie.fr — Matthieu Ricard : “Le bonheur en cinq points et trois semaines, cela n’existe pas”
  • En voyant s’élever, majestueuse ou grotesque, la croix de Lorraine, érigée en 1972 après une souscription nationale, et même internationale, on pourrait se dire que de Gaulle était un moine soldat… Mais non. Sa première « apparition » mythique aux Français, c’était à Notre-Dame, le 26 août 1945… Il refuse la présence de l’archevêque de Paris Mgr Suhard, soutien zélote du maréchal Pétain. Aucune intonation religieuse dans cette déclaration patriotique et victorieuse… Il prit possession politique de ces lieux symboliques. Jamais il n’invoqua Dieu, la religion, pour justifier ses guerres, ses engagements, ses choix.
    La Croix — Charles de Gaulle, le catholique
  • Nous voici confinés seuls ou à plusieurs dans un espace clos pour lutter contre la pandémie liée au coronavirus. Notre repli forcé peut s'apparenter à celui des moines et moniales retirés dans leurs monastères. Comment se repérer et vivre au mieux cette situation ? Les conseils de ceux qui ont choisi cette vie.
    La Vie.fr — Confinement : les conseils des moines
  • Avant Hokusai, d’autres artistes se sont eux aussi employés à représenter ce repère géographique mais aussi spirituel, lieu sacré pour les shintoïstes puis les bouddhistes, où l’on faisait pèlerinage – les hommes seulement dans un premier temps, les femmes n’y furent autorisées qu’à partir de 1868 ! Sur une précieuse estampe monochrome datée de 1740, réalisée par Okumura Masanobu (1686-1764), un moine à dos de buffle emprunte un chemin menant au mont Fuji, représenté au loin comme flottant au-dessus des nuages.
    Le Monde.fr — Le mont Fuji vu sous tous les angles
  • Ni moine, ni cowboy, le Shaolin Cowboy de Geof Darrow affronte un monde hostile et stupide. 
    Franceinfo — BD, bande dessinée. Le retour du Shaolin Cowboy
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Traductions du mot « moine »

Langue Traduction
Anglais monk
Espagnol monje
Italien monaco
Allemand mönch
Chinois
Arabe راهب
Portugais monge
Russe монах
Japonais モンク
Basque monje
Corse monacu
Source : Google Translate API

Synonymes de « moine »

Source : synonymes de moine sur lebonsynonyme.fr

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Moine

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