La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « fange »

Fange

[fɑ̃ʒ]
Ecouter

Définitions de « fange »

Fange - Nom commun

  • Substance molle et humide, principalement composée de terre mêlée d'eau.

    Il nous fallut repasser le Rhin sur le pont de Strasbourg à travers des eaux et des fanges inconcevables.
    — Louis de Rouvroy, 47
  • (Fig.) Condition dégradante d'un individu vivant dans la dépravation ou adoptant un comportement indigne.

    Les grandes âmes choisissent hardiment des favoris illustres, et des ministres approuvés ; Louis XI n’eut guère pour ses confidents et pour ses ministres que des hommes nés dans la fange, et dont le cœur était au-dessous de leur état.
    — Voltaire, Mœurs

Expressions liées

  • Fange d'un marais

Étymologie de « fange »

Issu d'une forme germanique reconstruite, fanga, du vieux-francique fani avec le suffixe -ga. Ce mot a des variantes en normand, wallon, provençal, catalan, espagnol et italien. Il a aussi été lié au gothique fani et au latin famicosus (fangeux) et famix (abcès, bourbe). Le terme a également été expliqué par le mot fagne, dérivé de fania, un mot germanique latinisé.

Usage du mot « fange »

Évolution historique de l’usage du mot « fange » depuis 1800

Fréquence d'apparition du mot « fange » dans le journal Le Monde depuis 1945

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Synonymes de « fange »

Citations contenant le mot « fange »

  • Le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange.
    Alfred de Musset — On ne badine pas avec l’amour
  • Peu importe ce qu’on pense de Benjamin Griveaux aujourd’hui, cette histoire est profondément dégueulasse, et inquiétante pour la suite. La politique, cela ne doit pas, cela ne peut pas être ça. Ressaisissons-nous collectivement ou nous allons tous nous noyer dans la fange.
    Les Inrockuptibles — Retrait de Benjamin Griveaux : les réactions unanimes de la classe politique
  • "Il ne faut pas se rouler dans la fange avec ceux qui s'y complaisent." Sibeth Ndiaye répond aux propos racistes de Nadine Morano pic.twitter.com/u4kAORjALO
    Franceinfo — "Il ne faut pas se rouler dans la fange avec ceux qui s'y complaisent" : Sibeth Ndiaye répond au tweet raciste de Nadine Morano
  • Reste les moralisateurs, les écolos, les raisonneurs qui nous culpabilisent... Ne sont-ils pas en fait, ces Cassandre, à l'origine de nos maux ? Laissez-nous vivre dans notre fange et crever à notre aise, merde !
    AgoraVox — Avec Castex ça carbure sec - AgoraVox le média citoyen
  • Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompés en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
    Alfred de Musset — On ne badine pas avec l’amour
  • Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
    Alfred de Musset — On ne badine pas avec l’amour
  • C'est l'éblouissement suprême qui se lève. Courbez-vous, le travail de vingt siècles a tort. Le progrès, serpent vil, dans la fange se tord
    Victor Hugo — L'Année terrible
  • Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu’il faudrait appeler l’odeur de pension. Elle sent le renfermé, le moisi, le rance ; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements ; elle a le goût d’une salle où l’on a dîné ; elle pue le service, l’office, l’hospice. Peut-être pourrait-elle se décrire si l’on inventait un procédé pour évaluer les quantités élémentaires et nauséabondes qu’y jettent les atmosphères catarrhales et sui generis de chaque pensionnaire, jeune ou vieux. Eh bien, malgré ces plates horreurs, si vous le compariez à la salle à manger, qui lui est contiguë, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme doit l’être un boudoir. Cette salle, entièrement boisée, fut jadis peinte en une couleur indistincte aujourd’hui, qui forme un fond sur lequel la crasse a imprimé ses couches de manière à y dessiner des figures bizarres. Elle est plaquée de buffets gluants sur lesquels sont des carafes échancrées, ternies, des ronds de moiré métallique, des piles d’assiettes en porcelaine épaisse, à bord bleus, fabriquées à Tournai. Dans un angle est placée une boîte à cases numérotées qui sert à garder les serviettes, ou tachées ou vineuses de chaque pensionnaires. Il s’y rencontre de ces meubles indestructibles, proscrits partout, mais placés là comme le sont les débris de la civilisation aux Incurables. Vous y verriez un baromètre à capucin qui sort quand il pleut, des gravures exécrables qui ôtent l’appétit, toutes encadrées en bois noir verni à filets dorés ; un cartel en écaille incrustée de cuivre ; un poêle vert, des quinquets d’Argand où la poussière se combine avec l’huile, une longue table couverte en toile cirée assez grasse pour qu’un facétieux externe y écrive son nom en se servant de son doigt comme de style, des chaises estropiées, de petits paillassons piteux en sparterie qui se déroule toujours sans se perdre jamais, puis des chaufferettes misérables à trous cassés, à charnières défaites, dont le bois se carbonise. Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. Le carreau rouge est plein de vallées produites par le frottement ou par les mises en couleur. Enfin, là règne la misère sans poésie ; une misère économe, concentrée, râpée. Si elle n’a pas de fange encore, elle a des taches ; si elle n’a ni trous ni haillons, elle va tomber en pourriture.
    Balzac — Le Père Goriot

Traductions du mot « fange »

Langue Traduction
Anglais mire
Espagnol fango
Italien fango
Allemand schlamm
Chinois 泥潭
Arabe الوحل
Portugais lama
Russe трясина
Japonais 湿原
Basque mire
Corse mire
Source : Google Translate API


Sources et ressources complémentaires

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.