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Embrasser
Sommaire
- Définitions de « embrasser »
- Étymologie de « embrasser »
- Phonétique de « embrasser »
- Fréquence d'apparition du mot « embrasser » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « embrasser »
- Citations contenant le mot « embrasser »
- Traductions du mot « embrasser »
- Synonymes de « embrasser »
- Antonymes de « embrasser »
- Combien de points fait le mot embrasser au Scrabble ?
Définitions de « embrasser »
Trésor de la Langue Française informatisé
EMBRASSER, verbe trans.
Wiktionnaire
Verbe - français
embrasser \ɑ̃.bʁa.se\ 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’embrasser)
-
Serrer, étreindre avec les deux bras.
- Priam se jeta aux pieds d’Achille et lui embrassa les genoux.
- Cet arbre est si gros, que deux personnes ne sauraient l’embrasser.
- J’embrassai en partant le bon colonel et son ami le docteur comme on le fait au théâtre, en nous pressant dans les bras l'un de l'autre et en détournant la tête. — (François Auguste Biard, Deux années au Brésil, 1862)
-
(Par analogie) Entourer, contourner.
- Le lierre embrasse cet ormeau.
- Cette rivière se sépare en deux et embrasse une grande étendue de terrain.
-
Contenir quelque chose dans toute son étendue.
- L’ancien empire germanique embrassait une grande partie de l’Europe.
-
(Figuré) Saisir par le regard, par la pensée quelque chose dans toute son étendue.
- Je me fis conduire les yeux fermés, par mon guide, à l’endroit le plus favorable pour embrasser d’un seul coup-d’œil la double chaîne des Alpes. — (Alexandre Dumas, Impressions de voyage, La Revue des Deux Mondes, tome 1, 1833)
- Quand on sait peu, on éprouve le besoin de tout embrasser ; quand on sait beaucoup, on sent la nécessité de tout résumer. — (Jean-Jacques Ampère, La Chine et les travaux d’Abel Rémusat, Revue des Deux Mondes, tome 8, 1832)
- Pour élucider cette idée, je me propose d’embrasser l’Univers dans un seul coup d’œil, de telle sorte que l’esprit puisse en recevoir et en percevoir une impression condensée, comme d’un simple individu. — (Edgar Poe, Eureka, 1848, traduction de Charles Baudelaire)
- La conviction de l’existence d’un objet éternel, embrassée quand on est jeune, donne à la vie une assiette particulière de solidité. — (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, collection Folio, page 193)
- La littérature érotique embrasse plus de réalités psychologiques que la morale bourgeoise ne voulait en connaître, et que le puritanisme n’en tolère. — (Denis de Rougemont, Comme toi-même : Essais sur les Mythes de l’Amour, Albin Michel, 1961, page 41)
-
(Manège) Serrer avec les cuisses son cheval pour être plus ferme.
- Embrasser bien son cheval.
-
(Figuré) S’attacher à quelque chose par choix, par préférence.
- Toute la situation résulte du progrès de la Révolution contre le Christianisme. Eh bien, devons-nous embrasser le dogme de la Révolution ou celui de l'Église ? Pour nous, c'est toute la question — (Antoine Blanc de Saint-Bonnet, La Légitimité, Tournai, Casterman, 1873, page 31).
- Ces docteurs confondent, par un grossier sophisme, un idéal qui, en tant que non changeant, peut par pure métaphore être qualifié de mort, avec les hommes, les êtres charnels qui embrassent cet idéal, lesquels, en cet embrassement, peuvent être si peu morts qu’ils se battront avec acharnement pour le défendre. — (Julien Benda, La Trahison des clercs, 1927, édition 1946)
- De très bons dessinateurs embrassent d’autres métiers parce qu’ils estiment que c’est dangereux et que ça ne nourrit pas son homme. — (Emeline Wuilbercq, En Afrique, « la caricature est dangereuse et ne nourrit pas son homme », Le Monde. Mis en ligne le 6 mai 2019)
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(Par extension) Serrer quelqu’un entre ses bras et lui donner un baiser.
- Je ne voulais pas me faire à l’idée que mon père fût mort, et que plus jamais il ne reviendrait. Durant sa maladie, on m’avait défendu de pénétrer dans sa chambre, et il était parti sans que je l’eusse embrassé. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
- Mme Pasteur pouvait bientôt écrire : « Grandeau vient d’annoncer au laboratoire que Roux et Chamberland sont décorés et que Pasteur est grand-cordon . On s’est embrassé cordialement au milieu des cochons d’Inde et des lapins. » — (Victor Fraitot, Une page d’histoire du XIXe siècle - Pasteur (l’œuvre, l’homme, le savant), Paris : librairie Vuibert, 1905, page 47)
-
(Par extension) Donner un ou des baisers à quelqu’un.
- Ils mangent et boivent, font ripaille, remuent leurs membres, embrassent les filles, sonnent les cloches, s’emplissent de bruit : rudes bacchanales où l’homme se débride, et qui sont la consécration de la vie naturelle : les puritains ne s’y sont pas trompés. — (Hippolyte Taine, Histoire de la littérature anglaise, volume 1, 1856, page 255)
- Puis, lorsqu’ils arrivèrent à la maison des mégers, ils tombèrent justement sur les amoureux, Sophie et son meunier, qui s’embrassaient à pleine bouche, près du puits. — (Émile Zola, Le Docteur Pascal, G. Charpentier, 1893, chapitre VIII)
- Des messieurs parfumés, que d’affreux gigolos embrassaient sur la bouche, poussaient des gloussements et, tournoyant avec ivresse, s’abandonnaient. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
- Un mec qui ne s'encombrera pas des convenances et de la séduction à deux balles, qui rentrera, posera le kébab et sans dire un mot, m’embrassera fougueusement en me disant de ne pas m'inquiéter pour toutes les histoires de couple pourries […]. — (Laura Bernard, Football, amour, kébab, Éditions Publibook, 2012, page 49)
- Accepter une idée, adhérer à un concept.
- Mais apparemment, le gouvernement pense serrer la vis encore un peu plus que prévu. Il joue avec l’idée d’un couvre-feu. (…). L’embrassera-t-il vraiment ou la fait-il circuler pour donner un air de modération à ses autres mesures ? — (Mathieu Bock-Côté, Couvre-feu: résolution ou désespoir?, Le Journal de Québec, 6 janvier 2021)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Serrer, étreindre avec les deux bras. Embrasser étroitement. Priam se jeta aux pieds d'Achille et lui embrassa les genoux. Cet arbre est si gros, que deux personnes ne sauraient l'embrasser. On dit, par analogie, Le lierre embrasse cet ormeau. Cette rivière se sépare en deux et embrasse une grande étendue de terrain. Il signifie aussi Contenir quelque chose dans toute son étendue. L'ancien empire germanique embrassait une grande partie de l'Europe. Il signifie aussi figurément dans cette acception Saisir par le regard, par la pensée quelque chose dans toute son étendue. D'un coup d'il, il embrassa tout l'horizon. Son vaste génie embrassait toutes les connaissances de son temps. En termes de Manège, Embrasser bien son cheval, Le serrer avec les cuisses pour être plus ferme. Prov. et fig., Qui trop embrasse mal étreint, Qui entreprend trop de choses à la fois ne réussit à rien. Figurément, il signifie aussi S'attacher à quelque chose par choix, par préférence. Embrasser un état, une profession. Embrasser la cause, la querelle de quelqu'un. Embrasser la vie religieuse. Par extension, il signifie Serrer quelqu'un entre ses bras et lui donner un baiser ou tout simplement Lui donner un baiser. Embrasser ses parents, ses enfants. Je vous embrasse, je vous embrasse de tout cur, Formule finale d'une lettre.
Littré (1872-1877)
-
1Serrer dans ses bras, caresse qui est souvent accompagnée d'un baiser. Il embrassa son père avec effusion. En arrivant, il embrassa sa femme et ses enfants.
Mais il me traite en père, il me flatte, il m'embrasse
, Corneille, Héracl. V. 2.Lorsqu'un homme vous vient embrasser avec joie, Il faut bien le payer de la même monnoie
, Molière, Mis. I, 1.J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer
, Racine, Brit. IV, 3.J'allais, seigneur, pleurer un instant avec lui ; Je ne l'ai point encore embrassé d'aujourd'hui
, Racine, Andr. I, 4.Formules de salutation épistolaire. Je vous embrasse de tout cœur. Je vous embrasse tendrement.
Il se dit, par extension, de tout ce qu'on serre, saisit avec les bras, soit que les bras entourent ou n'entourent pas. Embrasser l'autel.
Les uns avec transport embrassent le rivage
, Racine, Mithr. IV, 6.Je cherche mon enfant avec des cris funèbres, Pleurant, rampant, hurlant, embrassant les ténèbres
, Ducis, Rom. IV, 5.Embrasser les genoux, se mettre aux pieds de quelqu'un et lui serrer les genoux pour l'implorer.
Seigneur, c'est donc à moi d'embrasser vos genoux
, Racine, Iphig. III, 5.Par le salut des Juifs, par ces pieds que j'embrasse
, Racine, Esth. III, 5.Embrasser son écu, se disait du combattant qui empoignait plus fortement son écu pour se couvrir et attaquer.
Fig.
Qu'un stoïque [un stoïcien] aux yeux secs vole embrasser la mort ; Moi je pleure et j'espère ; au noir souffle du nord Je plie et relève la tête
, Chénier, la Jeune captive.Dans toute sa grandeur j'embrassai ma misère
, Delavigne, Paria, III, 4. -
2Entourer, environner, en parlant des choses. Le lierre embrasse l'ormeau. La mer embrasse la terre.
À l'ombre des lauriers qui t'embrassent la tête
, Malherbe, I, 4.[Draperie] Qui ne s'y colle point, mais en suive la grâce [du corps], Et sans le serrer trop, le caresse et l'embrasse
, Molière, Val-de-Grâce. -
3Saisir par la vue, par le regard. Il embrassa rapidement tout le champ de bataille et donna ses ordres.
Comme, en considérant une carte universelle, vous sortez du pays où vous êtes né et du lieu qui vous renferme, pour parcourir toute la terre habitable que vous embrassez par la pensée avec toutes ses mers et tous ses pays
, Bossuet, Hist. Dessein général.Au delà de leur cours et loin dans cet espace, Où la matière nage et que Dieu seul embrasse
, Voltaire, Henr. VII, 61.C'est en vain que ma vue De la terre et des mers embrasse l'étendue
, Ducis, Oscar, I, 1.Saisir par l'esprit. Aristote a embrassé l'ensemble des connaissances humaines de son temps.
Il [la Mothe le Vayer] a tout embrassé dans ses écrits, l'ancien, le moderne, le sacré, le profane, mais sans confusion
, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 137, dans POUGENS.Le compas d'Uranie a mesuré l'espace ; ô temps, être inconnu que l'âme seule embrasse, Invisible torrent des siècles et des jours
, Thomas, Ode, le Temps.Saisir par l'imagination.
Mon esprit embrassant tout ce qu'il s'imagine
, Corneille, Poly. III, 1.Vous qui, de l'Asie embrassant la conquête, Querellez tous les jours le ciel qui vous arrête
, Racine, Iphig. IV, 6.Je voudrais embrasser un si doux avenir
, Ducis, Oscar, I, 2.Et d'un bonheur prochain embrassez l'espérance
, Delavigne, Vêpr. sicil. sc. supprimée.Saisir par l'exécution.
Dans les grandes affaires, il faut tout envisager, et se contenter de ce qu'on peut exécuter avec succès, sans vouloir embrasser tout à la fois
, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VIII, p. 320, dans POUGENS. -
4Adopter, suivre. Il embrassa les opinions des novateurs.
Je veux, comme il souhaite, embrasser la douceur
, Tristan, M. de Chrispe, II, 7.Non, non, n'embrassez pas de vertu par contrainte
, Corneille, Hor. II, 3.Embrasse ma vertu pour vaincre ta faiblesse
, Corneille, ib. IV, 7.Impatients désirs d'une illustre vengeance… Que ma douleur séduite embrasse aveuglément
, Corneille, Cinna, I, 1.Il est ce que tu dis s'il embrasse leur foi
, Corneille, Poly. III, 2.J'embrasse comme vous ces nobles sentiments
, Corneille, Rodog. I, 5.J'embrasse un bon avis, de quelque part qu'il vienne
, Corneille, Perthar. I, 4.Il est temps de tourner du côté du bonheur, De ne plus embrasser des destins trop sévères
, Corneille, ib. IV, 5.Il n'embrassa point de secte particulière, mais il prit ce qu'il y avait de bon en chacune
, Perrot D'Ablancourt, Lucien, t. II, dans RICHELET.Qui d'une sainte vie embrasse l'innocence Ne doit point tant prôner son nom et sa naissance
, Molière, Tart. II, 2.Il embrasse la religion chrétienne
, Bossuet, Hist. I, 10.Un autre secours encore, mais le plus efficace qu'il pût opposer à ses adversités, ce fut la dévotion solide, qu'il embrassa pour le reste de ses jours, et même, si cela se peut, avec quelque sorte d'excès
, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 92, dans POUGENS.Je chéris la vertu, mais j'embrasse le crime
, Voltaire, Brut. IV, 3.J'embrassai les vertus qu'exigeait mon malheur
, Voltaire, Mérope, V, 1.Je l'aimai, je connus ce premier esclavage Qu'embrasse avec transport une âme encor sauvage
, Delavigne, Paria, I, 1.Se charger de, se mettre du côté de.
Vous saurez embrasser bien mieux son intérêt
, Corneille, Hor. V, 3.Je ne veux point douter que la vertu romaine N'embrasse avec chaleur l'intérêt de la reine
, Corneille, Nicom. I, 1.Du timon qu'il embrasse il se fait le seul guide
, Corneille, Othon, III, 4.Il faut premièrement Me rendre un bon office, et nous verrons en suite Si je dois de vos vœux embrasser la conduite
, Molière, l'Étour. III, 5.Régner et de l'État embrasser la conduite
, Racine, Phèd. III, 1.Vous seul pouvez contre eux embrasser sa défense
, Racine, ib. II, 5.Pour oser de ton peuple embrasser l'intérêt
, Racine, Esth. I, 4.Les vrais apôtres de notre Seigneur, selon la tradition de tous les Pères, afin de n'être occupés que de Dieu et de l'Évangile, quittaient leurs femmes pour embrasser le célibat
, Bossuet, Var. II, § 25.Les Athéniens, commandés par Démosthène et Hippocrate, étaient entrés en Béotie, dans l'espérance que plusieurs villes embrasseraient leur parti dès qu'ils se montreraient
, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. III, p. 581, dans POUGENS.Ayant pour cette dame, en quelque différend Et dans l'occasion, embrassé sa querelle
, Legrand, Roi de Cocagne, I, 2.J'ose encore embrasser tes projets, tes malheurs
, Lemercier, Agam. IV, 4.Par extension, saisir, ne pas laisser échapper.
À lui rendre service elle m'offre une voie Que tout mon cœur embrasse avec excès de joie
, Corneille, Sertor. II, 5.J'ai embrassé cette occasion-ci de me mettre à mon aise
, Molière, le Mar. for. 12.L'occasion est belle, il la faut embrasser
, Racine, Phèd. V, 1. -
5Contenir en soi. Ce royaume embrasse plusieurs provinces. La chimie embrasse un vaste domaine.
Un empire qui embrassait tant de nations
, Bossuet, Hist. III, 6.Telle a été l'origine de ces fameux empires qui embrassaient une grande partie du monde
, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. I, p. 6, dans POUGENS.Confondre.
Nous ne devons point la tirer [la censure de la comédie] des bornes qu'elle s'est données, l'étendre plus loin qu'il ne faut, et lui faire embrasser l'innocent avec le coupable
, Molière, Préf. de Tart. -
6Tenir, occuper, remplir.
On voyait les colonnes russes se prolonger et se retrancher sur cette pente rase, d'une demi-lieue de rayon, d'où elles dominaient et embrassaient tout par leur nombre et leur position
, Ségur, Hist. de Napol. IX, 2. -
7 Terme de manége. Un cheval embrasse la volte ou, simplement, embrasse, quand ses pas embrassent l'espace d'environ un pied et demi.
Embrasser bien son cheval, le serrer avec les cuisses pour être plus ferme.
-
8S'embrasser, v. réfl. Se presser dans les bras l'un de l'autre.
Femmes, vieillards, enfants, s'embrassant avec joie
, Racine, Athal. V, 6.PROVERBE
Qui trop embrasse mal étreint, se dit de celui qui, entreprenant beaucoup, réussit mal à chaque chose.
REMARQUE
1. Racine a dit : Et qu'affectant l'honneur de céder le dernier, L'un ni l'autre ne veut s'embrasser le premier
, Racine, Théb. IV, sc. dern. Le second vers est incorrect ; on s'embrasse l'un l'autre, mais on n'est pas le premier à s'embrasser l'un l'autre.
2. On lit parfois dans les auteurs contemporains : il lui embrasse la main. C'est mal parler ; il faut dire : il lui baise la main. Embrasser c'est non appliquer la bouche, mais serrer dans les bras.
HISTORIQUE
XIe s. Contre son piz puis si [il] l'ad embracet
, Ch. de Rol. CLIX. De son destrier le col il enbraçat
, ib. CCL.
XIIe s. Parmi les flans [il] le courut enbracier
, Ronc. p. 97. Ne sunt pas fil Jesu, ainz sunt tuit forslignié ; N'erent una [ne seront cette année], s'il poent, pur Deu crucifié ; Mult enviz perdereient ço qu'il unt enbracié
, Th. le mart. 127. E maistre Edwart Grim l'aveit forment saisi, Embracié par dessus, quant l'orent envaï
, ib. 149.
XIIIe s. Sa fille [elle] a embracie, si la baise en la chere
, Berte, XI. Et li troi serjan l'ont par les flans embracié [saisi]
, ib. XX.
XIVe s. L'utilité de sa curvation [de l'humérus] fu que il peust miex [mieux] embrachier les choses
, H. de Mondeville, f° 20, verso.
XVe s. Si [le varlet] embrassa l'escuyer qui estoit travaillé de longuement combattre et le tourna et l'abattit sous lui à la lutte
, Froissart, II, III, 9. Tant embrasse-on que chet la prise
, Villon, Ball. Le roy Gadiffer brocha premier, picquant des esperons son cheval, qui print à embrasser la terre comme un fouldre
, Perceforest, t. II, f° 46.
XVIe s. Si vous avez prins garde au bransle de mes quatre saisons, elles embrassent l'enfance, l'adolescence, la virilité et la vieillesse
, Montaigne, I, 86. Si nous embrassons la vertu d'un desir trop aspre et violent
, Montaigne, I, 223. Nous embrassons tout, mais nous n'estreignons que du vent
, Montaigne, I, 230. Si les princes et la cour du parlement de Paris veulent sans feintise embrasser l'œuvre de la reconcillation, petit à petit elle se parfera
, Lanoue, 36. Faillir à embrasser l'occasion de faire un grand exploit
, Amyot, Pér. et Fab. comp. 7. Il atendit le plus qu'il peut les ailes de sa gendarmerie pour embrasser le plus de païs
, Amyot, Marcell. 8.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
Embrasser un cheval. (Manége.) Expression assez usitée parmi ceux qui, sans connoissance des principes de notre art, décident des dispositions requises pour y faire des progrès, & croyent pouvoir en juger par l’inspection seule de la taille : un homme très-grand embrasse beaucoup mieux un cheval qu’un autre. Tel est le principe sur lequel ils étayent & fondent leurs prédictions, presque toûjours démenties par l’évenement ; car il est très-rare que celui qui ne sera que d’une taille médiocre, ne l’emporte pas, soit du côté de la fermeté & de la tenue, soit du côté de la finesse & de la précision.
Quelques-uns s’expriment encore ainsi, en parlant d’un cavalier qui serre médiocrement les cuisses, & qui tient ses jambes très-près du ventre de son cheval. L’idée de la signification du mot embrasser seroit peut-être plus nette, s’ils disoient que le cavalier ne peut parfaitement bien embrasser son cheval qu’autant que les cuisses sont exactement tournées, & que le tronc porte véritablement sur l’enfourchure. Voyez Position.
Les auteurs du dictionnaire de Trévoux semblent n’adopter ce mot que dans le cas où un cheval maniant sur les voltes, fait de grands pas & embrasse bien du terrein ; c’est le contraire de battre la poudre, qui se dit lorsque le cheval ne sort presque point de sa place.
En premier lieu, l’expression d’embrasser le terrein n’est point restrainte aux seules voltes, ni aux seuls changemens de main : nous l’employons pour désigner un cheval déterminé par le droit ; ce cheval embrasse franchement & librement le terrein qu’il découvre devant lui. En second lieu, on ne doit pas croire que le cheval soit contraint sur les voltes pour embrasser bien du terrein, de faire de grands pas : ce bien du terrein ne consiste que dans l’espace nécessaire pour que le cheval ne se retrécisse point (voyez Retrécir), & qu’il avance toûjours insensiblement à chaque tems ; car si ce bien du terrein étoit indéfini & n’étoit point limité, il s’ensuivroit que l’animal fausseroit les lignes qu’il doit décrire, & s’élargiroit trop. (Voyez Elargir.) Quant aux grands pas desirés par les auteurs de ce vocabulaire, comme tout cheval qui manie, doit indispensablement observer une cadence juste, il ne s’agit point de l’immense étendue de sa marche & de son action qui doit être soûtenue & mesurée sans être pressée ; d’ailleurs en faisant des pas aussi grands, il ne seroit pas possible que l’animal travaillât avec grace, d’autant plus que tous ceux dont nous ne modérons pas les mouvemens, se jettent toûjours & se précipitent sur les épaules. Ajoûtons encore que si, lorsqu’ils chevalent, nous les obligions à croiser, pour ainsi dire, de maniere à porter la jambe qui passe sur l’autre, fort en-dedans du terrein qu’ils doivent embrasser, celle qui se trouveroit dessous auroit une peine extrème à se dégager, la position de l’animal seroit très-incertaine, & il s’entableroit incontestablement à l’effet d’éviter sa chûte. Enfin, c’est le contraire de battre la poudre, qui se dit lorsque le cheval ne sort presque point de sa place. L’expression de battre la poudre, n’a point la signification qu’on lui donne ici ; par elle nous désignons un cheval qui trépigne, c’est-à-dire, un cheval qui étant retenu en une seule & même place, & ayant beaucoup d’ardeur, fait de vains efforts pour en sortir, & se remue sans cesse & avec plus ou moins de vivacité, mais le mouvement de ses jambes ne part alors qu’imperceptiblement de ses épaules, & paroît ne dériver que du genou ; car s’il étoit tel que toute l’extrémité fût dans une agitation sensible, l’animal ne battroit pas la poudre & ne trépigneroit pas, mais il piafferoit. Nombre de chevaux, soit par ardeur, soit par mollesse, trépignent & battent la poussiere dans les piliers, au lieu d’y piaffer. Voyez Piliers. C’en est assez de ces définitions pour indiquer le véritable sens du mot embrasser, & pour sauver des esprits trop crédules des erreurs dans lesquelles ils pourroient tomber, en se persuadant que de certains écrivains n’ignorent rien, par la seule raison qu’ils parlent de tout. (e)
Embrasser, terme d’Aiguilletier ; c’est entourer près de son extrémité un ruban de fil, de laine ou de soie, avec un petit morceau de laiton ou d’argent, que l’on ploie sur le ruban, au moyen de l’enclume crenée (fig. premiere.) & du marteau (fig. 2. Pl. de l’Aiguilletier) ensorte que le morceau de laiton forme un anneau ou frette qui embrasse le ruban ou cordon ; on éfile ensuite la partie du ruban ou cordon qui passe outre l’anneau qu’on appelle fer à embrasser, ce qui se fait pour les premiers, en retirant les fils de trame, ensorte qu’il ne reste plus que ceux de la chaine pour les seconds, en démêlant les fils qui composent le cordon.
Étymologie de « embrasser »
En 1, et bras ; bourguig. ambrassié ; provenç. embrassar ; anc. esp. embrazar ; ital. imbracciare.
Phonétique du mot « embrasser »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
embrasser | ɑ̃brase |
Fréquence d'apparition du mot « embrasser » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « embrasser »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « embrasser »
-
Quand on joue dans un western, on peut embrasser le cheval mais pas l'actrice.
Gary Cooper -
Ma secrétaire a démissionné. Elle m’a surpris en train d’embrasser ma femme.
Anonyme -
Quand on veut embrasser une femme frigide, on a l'air de vouloir écarter de la neige.
Jules Renard — Journal -
Pour fumer moins, embrasser plus. Se méfier des allumeuses et prendre la précaution d'utiliser des filtres.
Roland Topor -
J'adore les huîtres : on a l'impression d'embrasser la mer sur la bouche.
Léon-Paul Fargue -
Qui peut lécher peut mordre, et qui peut embrasser peut étouffer.
Alfred de Musset -
Plutôt embrasser une vache folle sur le mufle qu’une fumeuse sur la bouche.
Paul Carvel — Jets d’encre -
Asseoir ( s') -Contentez, s'il vous plaît, l'envie que ce siège a de vous embrasser.
Antoine Baudeau de Somaize — Dictionnaire des précieuses -
Professeure de science politique à l'université de Lyon-2, Sandrine Lévêque relativise les progressions enregistrées les 15 mars et 28 juin en matière de féminisation du personnel politique. Ses travaux concernant la loi sur la parité en politique et son application au niveau local mettent au jour la sélection sexuée qui continue de s’opérer dans la vie politique, et les multiples embûches se posant sur le chemin des élues souhaitant embrasser une carrière politique.
Courrier des maires — « Malgré la féminisation à la tête des grandes villes, 80 % des maires restent des hommes » -
On se retrouve dans mon lit, à poil, et là je découvre qu’il s’est rasé de partout. Ça piquait sur le torse. Je commence à l’embrasser un peu partout et à lui tailler une pipe. Et là, l’horreur: ça sent pas bon, une odeur de toilettes. J’essaie vraiment de l’occulter, mais je n’arrive pas à me mettre dedans. Pour couronner le tout, il n’avait pas de préservatif, et le sexe était nul. Il ne pensait pas du tout à mon plaisir. Il a commencé à grogner, ça a duré cinq minutes et c’était fini. C’était vraiment zéro.
Le Huffington Post — 9 femmes racontent leur coup d'un soir le plus insolite | Le Huffington Post LIFE
Traductions du mot « embrasser »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | embrace |
Espagnol | besar |
Italien | baciare |
Allemand | küssen |
Chinois | 亲吻 |
Arabe | يقبل |
Portugais | beijar |
Russe | целовать |
Japonais | キスをする |
Basque | musu egiteko |
Corse | à basgià |
Synonymes de « embrasser »
- étreindre
- épouser
- adopter
- enserrer
- comprendre
- enlacer
- serrer
- bécoter
- contenir
- suivre
- caresser
- baiser
Antonymes de « embrasser »
Combien de points fait le mot embrasser au Scrabble ?
Nombre de points du mot embrasser au scrabble : 13 points