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Coterie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin coterie coteries

Définitions de « coterie »

Trésor de la Langue Française informatisé

COTERIE, subst. fém.

A.− FÉOD. Communauté paysanne chargée de la mise en valeur des terres d'un seigneur. P. méton. Terre non noble grevée de redevances au seigneur.
Rem. Attesté par la plupart des dict. gén., excepté Ac.
B.− Usuel
1. Société restreinte de personnes entretenant de très étroites relations fondées sur des intérêts communs :
1. Les uns avaient oublié, les autres pouvaient répondre qu'à l'origine de toutes les fermentations humaines, à la naissance de toutes les écoles, et même des plus grandes religions, il y a toujours de très petites coteries, d'imperceptibles groupes longtemps fermés, longtemps impénétrables; bafoués, fiers de l'être, et avares de leurs clartés séparées. Au sein de ces secrètes sociétés, germe et se concentre la vie des très jeunes idées et se passe le temps de leur première fragilité. Valéry, Variété IV,1938, p. 17.
Emplois partic.
a) Société d'ouvriers. Ces vingt filles se renouvelant, tous les dix jours, formaient cette population nomade, cette coterie des ouvrières brocheuses, étrange association où l'on vocifère (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 18).
b) [Toujours au sing.] Appellation familière que les ouvriers du bâtiment utilisent pour s'interpeller, ou désigner un ou plusieurs de leurs camarades. La coterie peintre, la coterie charpentier (Chabat1881).La coterie maçon, la coterie menuisier (Havard1887) :
2. Mais tout à coup, à leur étonnement extrême, quelqu'un les héla dans la nuit, à mi-voix : − Eh! la coterie! Les deux cœurs ne firent qu'un saut. (...). Ils arrondirent leurs mains en cornet sur leurs bouches, et lancèrent dans la direction un appel retentissant : − Oh hé, la coterie! oh hé! ... Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 2epart., 4, p. 132.
2. P. ext., péj. Groupement de personnes se soutenant mutuellement, en cherchant par la lutte ou l'intrigue à faire prévaloir leur(s) intérêt(s) commun(s). Coterie littéraire, politique; petite coterie; esprit de coterie. Il n'y a rien d'insupportable comme les cabales et les coteries (Scribe, Camaraderie,1837, V, 3, p. 329).Je te disais qu'il se formait, dans l'ombre, deux sectes, deux coteries (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 136):
3. Monsieur, Je vous remercie de m'avoir fait lire Salammbô. C'est un beau, puissant et savant livre. Si l'Institut de France, au lieu d'être une coterie, était la grande institution nationale qu'a voulu faire la Convention, cette année même vous entreriez, portes ouvertes à deux battants, dans l'Académie française et dans l'académie des inscriptions. Hugo, Correspondance,1862, p. 430.
Prononc. et Orth. : [kɔtʀi]. ds Ac. 1694-1932. Lar. 19edistingue coterie pour désigner une réunion de personnes ayant des intérêts communs de côterie, terme féod. Étymol et Hist. A. 1255 lat. médiév. coteria Rouen « tenure rurale modeste » ds Du Cange s.v.; 1376 terre tenue en coterie [La Falesque, cnede St-Michel, Pas-de-Calais?] (Arch. JJ. 109, pièce 417 ds Gdf.), seulement attesté dans les coutumes picardes, v. E. de Laurière s.v. B. 1. 1611 « Association de paysans tenant d'un seigneur une tenure roturière » (Cotgr.); 2. 1660 « association de gens qui se fréquentent familièrement » (Oudin, Fr.-Esp.); 3. 1808 péj. (Hautel : Coterie, terme de mépris, bande de meneurs, d'intrigans). A dér. en -erie* (exprimant le lieu où s'exerce une action, un droit) du rad. de cotier (1086 subst. lat. médiév. coterius « tenancier d'une petite tenure rurale », Domesday Book ds Du Cange); ca 1283 adj. « [d'un cens] payé pour cette tenure roturière » (Beaumanoir, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 704), dér. de l'a. fr. *cote « cabane » que l'on peut restituer d'après les toponymes normands (v. Longnon, p. 183) et le dér. cotin « maisonnette » (Wace, Rou, III, 1653 ds Keller, p. 209 b), issu de l'a. b. frq. *kot « cabane » (pour les dér. localisés dans l'est de la Normandie et la Picardie) et du correspondant a. nord. de même forme (De Vries, Anord., pour les dér. localisés dans l'ouest de la Normandie; FEW t. 16, p. 346a; H.-E. Keller ds Mél. Delbouille (M.) t. 1 1964, pp. 354-359); le subst. coterius de 1086 étant dér. de l'anglo-saxon cot (ixes. ds NED, s.v. cot subst. 1). En B le suff. exprime une idée collective. V. aussi cottage. Fréq. abs. littér. : 245. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 573, b) 269; xxes. : a) 296, b) 229.

Wiktionnaire

Nom commun - français

coterie \kɔt.ʁi\ féminin

  1. (Histoire) Société de villageois réunis pour tenir d’un seigneur quelque héritage.
  2. (Histoire) Groupe d’ouvriers appartenant à un même corps de métier, spécialement dans le cadre du compagnonnage et des métiers du bâtiment.
    • [Il] monta vers la gare, accompagné par la coterie qui portait en chantant deux lourdes caisses pleines de ses outils. — (Marcel Pagnol, Le temps des secrets, 1960, collection Le Livre de Poche, page 38)
    • La coterie Iosef prit un large ciseau à bois, fendit une des pièces en plusieurs parties, égales puis, avec le même ciseau, les arrondit et les affûta d'un bout. — (Benigno Cacérès, Le compagnon charpentier de Nazareth, Éditions du Seuil, 1974, chap. 1)
    • Les maçons travaillaient dans la bonne humeur et sans doute une joie créatrice les animait-elle. Ils sifflaient sur leurs échelle. Ils montaient les seaux de mortier et de pierres à l’aide d’un treuil qu’ils actionnaient à deux. Ils s’interpellaient :
      « Alors, ça va la coterie ? »
      — (Édouard Bled, J’avais un an en 1900, Fayard, 1987, Le Livre de Poche, page 159)
  3. (Péjoratif) Groupe restreint de personnes liées par des intérêts ou des idées communes et qui cabalent contre ceux qui sont en dehors de ce groupe.
    • Cette femme, dévouée avec calcul à la fortune politique de son mari, tenait à connaître l’opinion des moindres coteries ; […]. — (Julie de Quérangal, Philippe de Morvelle, Revue des deux Mondes, T. 2, 4, 1833)
    • Considérant que M. Fidèle Simon a toujours professé les opinions d’une coterie politique qui a été néfaste à la République, en mécontentant le pays tout entier par son intolérance et sa maladresse… — (Appel du Comité républicain de Saint-Nazaire à voter pour Aristide Briand - Législative de 1889)
    • Comme beaucoup de femmes du faubourg Saint-Germain, la présence dans un endroit où elle se trouvait de quelqu’un de sa coterie, et auquel d’ailleurs elle n’avait rien de particulier à dire, accaparait exclusivement son attention aux dépens de tout le reste. — (Marcel Proust, Un amour de Swann, 1913, réédition Le Livre de Poche, page 190)
    • Il porta délicatement l’index à la perpendiculaire de sa bouche, puis l’écarta d’un geste ample et prompt, geste de coterie qui scellait on ne savait quel serment, mais qui allait de soi. Il signifiait avec une solennité furtive que nous étions des compagnons et qu’il y avait de l’honneur à n’être pas compris. — (Antoine Blondin, Monsieur Jadis ou l'École du soir, 1970, réédition Folio, 1972, page 64)
    • Je veux sortir l’art contemporain des discours sur les cotes et les coteries. L’espace des Capucins de Landerneau n’est pas réservé aux « sachants ». — (Sabine Gignoux, Sortir des coteries des milieux culturels, Journal La Croix, page 15, 17 octobre 2014)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

COTERIE. n. f.
Société de personnes qui favorisent ceux qui font partie de leur groupe et cabalent contre ceux qui sont en dehors de ce groupe. Toute la ville était partagée en coteries animées les unes contre les autres. Langage, opinion de coterie. Coterie littéraire, politique.

Littré (1872-1877)

COTERIE (ko-te-rie) s. f.
  • 1Mot ancien, qui signifiait un certain nombre de paysans, unis ensemble pour tenir les terres d'un seigneur.
  • 2Aujourd'hui, compagnie de personnes qui vivent entre elles familièrement, ou qui cabalent dans un intérêt commun. Cela l'avait rendu si cher dans toutes leurs coteries, que…, Hamilton, Gramm. 10. Deux années ne passent point sur une même coterie ; il y a toujours, dès la première année, des semences de division, pour rompre dans celle qui doit suivre, La Bruyère, VII. On n'a qu'à s'informer de leurs sociétés, de leurs coteries, Rousseau, Hél. II, 14. Ce qui m'empêchait de vous écrire, c'étaient les coteries [clubs] auxquelles je me trouve livré aujourd'hui, Courier, Lett. I, 16. Qui diantre me poussait à vouloir être de l'Académie, moi qui m'étais moqué quarante ans des coteries littéraires ? Courier, I, 121. Voltaire et sa coterie Sont à l'index en Barbarie, Béranger, Ste all. Là, chaque coterie a ses arrangements ; Chacun y fait emplette et d'amis et d'amants, Delille, Trois règnes, III.

HISTORIQUE

XIVe s. Trente six mencaudées de terre tenues en coterie du seigneur de Falesque, Du Cange, coteria.

XVe s. Comme Robin de Chaumont escuier tenist en fief et coterie certaines terres de Jehan de Gouy…, Du Cange, ib. Tenir en cotterie par l'usage de coustume localle, si est tenir toutes terres en possession de main ferme, c'est à dire qui n'est tenu en fief que rurallement, on appelle entre les coustumiers terre vilaine, et ne doit hommage, service, ost ne chevauchée, fors la rente au seigneur aux termes accoustumez et à la mort double rente en plusieurs lieux, Bouteiller, Somme rural, titre 84.

XVIe s. En vilainie, cotterie [biens tenus à cens cottier ou sur cens] ou roture, n'y a bail [il n'y a pas de gardien ou baillistre des héritages], Loysel, 189, 547.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COTERIE. Ajoutez :
3Société d'ouvriers, espèce de compagnonnage.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

* COTERIE, s. f. terme emprunté des associations de commerce subalterne, où chacun fournit sa cote part du prix, & reçoit sa cote part du gain, & auquel on n’a rien ôté de la force de sa premiere acception, en le transportant à de petites sociétés où l’on vit très-familierement, où l’on a des jours reglés d’assemblées & des repas de fondation, où chacun fournit sa cote part de plaisanterie, bonne ou mauvaise ; où l’on fait des mots qui ne sont entendus que là, quoiqu’il soit presque du bon ton d’en user par tout ailleurs, & de trouver ridicules ceux qui ne les entendent point, &c. Toute la ville est divisée en coteries, ennemies les unes des autres & s’entre-méprisant beaucoup. Il y a telle coterie obscure qui équivaut à une bonne société, & telle société brillante qui n’équivaut tout juste qu à une mauvaise coterie. Il n’y a presque point de bonnes coteries, gaies, libres, & franches, sous les mauvais regnes.

Coteries, (Jurisp.) c’est le nom que l’on donne en certaines coûtumes aux héritage roturiers, comme dans celle d’Artois, art. 20. suivant lequel ces coteries doivent être relevées & droiturées dans sept jours, sinon elles sont réunies de plein droit à la table du seigneur. Les héritages cotiers, qui sont la même chose que coteries, ne peuvent, lorsqu’ils sont patrimoniaux, être aliénés sans le consentement de l’héritier apparent. Les héritiers en égal degré succedent aux coteries par égales portions ; la femme a la moitié des coteries acquises par son mari. La dessaisine & saisine, & la saisie seigneuriale des coteries ou rotures mouvantes de la seigneurie vicomtiere, doivent être faites en présence des hommes de fief & non des hommes cotiers, qui ne doivent point desservir les plaids de la justice du vicomte, puisqu’il y a des vassaux pour l’exercer. Voyez la coût. d’Artois, art. 20. 77. 106. 136. Pour l’étymologie du mot coterie, voyez Ducange, gloss. lat. cota, cotagium, cotarius. Menage, dict. au mot coteraux. (A)

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « coterie »

Du latin médiéval coteria (« petite tenure »), dérivé de l’ancien saxon *kot (« cabane »), apparenté à cottage et cotier.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Bas-latin, coteria, société de villageois réunis pour tenir d'un seigneur quelque héritage, de cota, cabane (voy. COTTAGE). Diez, à tort, le tire de cote, quote-part.

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Phonétique du mot « coterie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
coterie kɔtri

Évolution historique de l’usage du mot « coterie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « coterie »

  • Les raisons pour lesquelles cette situation dangereuse s’est mise en place sont bien connues. La gauche bobo qui tient les manettes dans les grandes administrations est prête à tout pour sauver ses privilèges face aux Gaulois réfractaires qui les menacent. Prête à tout signifie qu’elle entend étendre au pays tout entier son esprit de coterie et de politiquement correct où la moindre parole est surveillée et sanctionnée.  Atlantico.fr, François Hollande, le président normal qui avait généralisé la surveillance des Français | Atlantico.fr

Vidéos relatives au mot « coterie »

Traductions du mot « coterie »

Langue Traduction
Anglais coterie
Espagnol grupo
Italien consorteria
Allemand clique
Chinois 小圈子
Arabe زمرة
Portugais círculo
Russe кружок
Japonais 同人
Basque coterie
Corse coterie
Source : Google Translate API

Synonymes de « coterie »

Source : synonymes de coterie sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot coterie au scrabble : 9 points

Coterie

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