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Conducteur

Variantes Singulier Pluriel
Masculin conducteur conducteurs

Définitions de « conducteur »

Trésor de la Langue Française informatisé

CONDUCTEUR, TRICE, adj. et subst.

I.− Emploi adj. [En parlant d'une chose concr. ou abstr.]
A.− Qui dirige le mouvement, la marche de quelqu'un ou de quelque chose :
1. − Mais, ma chère, dit le comte Martin placé devant elle, à côté de la princesse, sans idées conductrices, on irait au hasard... A. France, Le Lys rouge,1894, p. 314.
Au fig. Principe, fil conducteur. Principe qui guide une conduite, une recherche :
2. ... et pourtant à cette société instinctive on devra penser, comme à un pendant de la société intelligente, si l'on ne veut pas s'engager sans fil conducteur dans la recherche des fondements de la morale. Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig.,1932, p. 23.
B.− PHYS. Qui transmet (la chaleur, un courant, un influx, etc.). Corps conducteur, p. ell. conducteur. Bon, mauvais conducteur :
3. Un corps est d'autant meilleur conducteur qu'il oppose moins de résistance au mouvement de ces particules. H. Poincaré, Électr. et opt.,1901, p. 423.
II.− Emploi subst.
A.− Celui, celle qui conduit, guide, dirige un véhicule, des animaux. Conducteur de locomotives, mauvaise conductrice :
4. ... tous se heurtaient, s'entraînaient les uns les autres. Les soldats, les chevaux, les conducteurs des bêtes de somme roulaient dans les abîmes. Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 11.
5. Je les ai tous empruntés, celui des haleurs, qui court au long de la rivière, et le sentier du muletier et la route pavée des conducteurs de chars; ... Sartre, Les Mouches,1943, 2etabl., II, 8, p. 84.
P. métaph. Un conducteur de peuples, un conducteur d'âmes. C'est un mauvais conducteur du genre humain que celui qui est athée (Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 59):
6. Ainsi, je ne saurais plus agir autrement que comme le père de famille (ou l'ingénieur ou le conducteur de peuples, ou le surnuméraire aux PTT) que je me prépare à être. Camus, Le Mythe de Sisyphe,1942, p. 81.
Conducteur de diligence. Autrefois employé chargé des rapports avec les voyageurs dans une voiture publique :
7. Dans la nouvelle voiture, on fume. Les cochers et conducteurs laissent pendre leurs pieds et envoient leur poussière aux voyageurs. Michelet, Journal,1835, p. 179.
B.− Personne chargée de surveiller le travail de quelqu'un ou de quelque chose.
Spécialement
IMPR. Conducteur de presse. Ouvrier chargé de surveiller le travail d'une presse mécanique. Le report terminé (...) la pierre peut être portée au conducteur pour le tirage à la machine (R. Chelet, Manuel de lithographie,1933, p. 138).
TRAV. PUBL. Conducteur de travaux. Agent qui, sur un chantier, surveille la bonne marche des travaux.
C.− MUS. Partition dont on se sert pour diriger un orchestre :
8. [La] partie notée appelée (...) conducteur (...) [sert] au chef d'orchestre de partition abrégée (...) sur laquelle on porte les indications principales des entrées d'instruments. M. Brenet, Dict. pratique et hist. de la mus.,1926, p. 180.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃dyktœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 2emoitié xives. conductour « celui qui conduit, qui dirige, ici des hommes en armes » (J. Cuvelier, Du Guesclin, éd. E. Charrière, 18046); 1690 « celui qui gouverne un pays » (Fur.); 2. fin xves. « celui qui dirige la marche de quelque chose » (Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, livre I, chap. 2, p. 11 : Ledict conte de sainct Pol, principal conducteur de ses affaires); 1845 conducteur de travaux (Balzac, La Cousine Bette, p. 19); 3. 1559 conducteurs des elephans (Amyot, Pyrrh., 57 ds Littré); 4. a) 1771 phys. « corps susceptible de transmettre la chaleur ou l'électricité » (Trév.); b) 1805 (Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 2, p. 112 : les enveloppes des nerfs étaient le conducteur de leur force motrice). B. Adj. 1. 1805 « qui conduit » (Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 4, p. 455 : cette trachée artère n'est pas un simple tube conducteur de l'air); 2. 1824 fig. fil conducteur « principe qui guide une recherche » (Barante, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 1, p. 38). Réfection de l'a. fr. conduitor (ca 1243 [ms. Richel. 1526] Geoff., VII. estaz du monde, fo49eds Gdf.) issu du lat. conductor qui à basse époque prit le sens du lat. ductor (1066 conductor « celui qui conduit » ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 852. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 230, b) 1 317; xxes. : a) 1 420, b) 1 012. Bbg. Gohin 1903, p. 357. − Lew. 1960, p. 21.

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

conducteur \kɔ̃.dyk.tœʁ\ masculin (pour une femme, on dit : conductrice)

  1. Personne qui conduit, qui mène un déplacement.
    • […] Blanchette […] fit un écart terrible, et, bondissant en avant, envoya son conducteur rouler les quatre fers en l’air, toutes paumes ouvertes, en plein milieu du taillis. — (Louis Pergaud, L’Argument décisif, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Se détachant des murs brodés d’hiéroglyphes,
      Ils suivent la Bari que portent les pontifes
      D’Ammon-Ra, le grand Dieu conducteur du soleil ;
      — (José-Maria de Heredia, Les Trophées, 1893, La lune sur le Nil…)
    • Les femmes « youyoutèrent » à gorge déployée, et nous échangeâmes congratulations et compliments, l’un flattant l’encolure du mulet, notre héros, l’autre exagérant les mérites du conducteur bédouin, […]. — (Évelyne Berriot-Salvadore, La Méditerranée et ses cultures, Éd. du Cerf, 1992, page 184)
  2. Personne qui a les commandes d’un véhicule.
    • En vertu de cette règle, le conducteur d’un véhicule qui approche d’un passage pour piétons doit s’assurer de ce qu’aucun piéton ne se trouve sur le point de traverser (Pol. Ypres, 16 novembre 1999, Dr. circ., 2000, p. 121). — (Bernard Dewit, Circulation routière : Chronique de jurisprudence 1997-2004, Bruxelles : De Boeck & Larcier, 2006, page 91)
    • Des études sur simulateur (Rudin-Brown, 2004 ; Rudin-Brown et McCurdie, 2004 ; Lee, 1995), ainsi que des études expérimentales, laissent penser que les conducteurs de véhicules tout-terrain, de pick-up et de camionnettes évaluent leur vitesse avec moins de précision, parce qu’ils sont assis plus haut, au-dessus de la chaussée, que les conducteurs de voitures particulières. — (La gestion de la vitesse, OCDE, 2007, page 134)
    • J’ai donc épousé Jeanrenaud, un brave homme, conducteur des bateaux de sel. — (Honoré de Balzac, L’Interdiction, 1839)
    • L’exigence selon laquelle tout véhicule ou tout ensemble de véhicules en mouvement doit avoir un conducteur est réputée satisfaite lorsque le véhicule utilise un système de conduite automatisé qui est conforme à la réglementation technique nationale, et à tout instrument juridique international (...) (et/ou) à la législation nationale régissant le fonctionnement du véhicule. — (Amendement à l’article premier et nouvel article 34 bis, Convention de 1968 sur la circulation routière, Genève, 21-25 septembre 2020)
    • Les auteurs présumés d’accident mortel ont des comportements plus infractionnistes que la moyenne des conducteurs français. — (La sécurité routière 2020, Les infractions au code de la route et au code des transports, L’impact sur le permis à points, Bilan statistique 2020, Décembre 2021)
  3. Agent chargé de la conduite des travaux, sous les ordres d’un ingénieur.
    • Je me prépare à passer l’examen de conducteur des Ponts et Chaussées. J’arriverai certainement à être nommé chef de bureau. Tant de ces hommes qui passent avec des femmes au bras vont rester petits employés ! Mais toute la foule en passant lui criait : Qu’importe ! Nous avons des femmes et nous rions. — (Charles-Louis Philippe, Bubu de Montparnasse, 1901, réédition Garnier-Flammarion, page 59)
  4. (Imprimerie) Ouvrier chargé de la conduite d’une presse mécanique ou d’une rotative.
  5. (Audiovisuel) Document listant les étapes successives d’une représentation, d’un spectacle ou d’une émission audiovisuelle et indiquant pour chacune d’elles le minutage et toute information utile à sa réalisation.
  6. (Musique) Document listant les informations synthétiques essentielles d’une pièce ou d’un morceau. En musique classique, il s’agit de toutes les voix de tous les pupitres. En jazz ou musique moderne il synthétise la grille d’accord, les paroles et l’orchestration.

Adjectif - français

conducteur masculin

  1. Qui conduit, permet la circulation.
    • J'ai vu, dans ma longue carrière d’ingénieur acousticien, bien des matières excellentes conductrices du son, mais jamais je n’en rencontrerai une seule comparable, même de loin, à celle dont sont pétris les murs de l’hôtel Terminus à Marseille. — (Alphonse Allais, Le petit loup et le gros canard, dans Deux et deux font cinq, Paris, Paul Ollendorff, 1895,)
  2. (En particulier) Qui permet le passage de la chaleur, de l’électricité, ou de la sève.
    • Les substances conductrices.

Nom commun 2 - français

conducteur \kɔ̃.dyk.tœʁ\ masculin

  1. (Physique) Matériau permettant le passage de la chaleur ou de l’électricité.
    • On distingue les corps en bons et mauvais conducteurs de la chaleur, de l’électricité.
    • Les métaux sont de bons conducteurs.
  2. Pièce de cuivre, d'aluminium ou parfois d'or, ordinairement cylindrique et isolée, qui, dans la machine électrique, attire et retient l'électricité. (information à préciser ou à vérifier)
  3. (Audiovisuel) Liste écrite ou informatisée donnant l’ordre chronologique des séquences d’un programme audiovisuel.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CONDUCTEUR, TRICE. n.
Celui, celle qui conduit, qui mène. Conducteur du troupeau. Le conducteur d'une barque. Le conducteur d'un tramway, d'un autobus. En termes de Ponts et chaussées, il se dit de l'Agent qui est chargé de la conduite des travaux, sous les ordres d'un ingénieur. Il se dit, en termes de Physique, des Divers corps de la nature, en tant qu'ils sont plus ou moins propres à transmettre la chaleur ou l'électricité. On distingue les corps en bons et mauvais conducteurs de la chaleur, de l'électricité. Les métaux sont de bons conducteurs. Adjectivement, Un fil conducteur. Les substances conductrices de l'électricité. Il se dit aussi de la Pièce de cuivre, ordinairement cylindrique et isolée, qui, dans la machine électrique, attire et retient le fluide. En termes d'Imprimerie,

CONDUCTEUR désigne l'Ouvrier chargé de la conduite d'une presse mécanique ou d'une machine rotative. Points conducteurs. Voyez POINT.

Littré (1872-1877)

CONDUCTEUR (kon-du-kteur, ktri-s') s. m.
  • 1Celui, celle qui conduit. Le conducteur d'une barque. Moïse était le conducteur du peuple de Dieu. Ceux-ci allaient toujours, sans regarder qu'ils allaient à la servitude ; et leur subtil conducteur qui, en combattant, en dogmatisant, en faisant le docteur et le prophète, aussi bien que le soldat et le capitaine…, Bossuet, Reine d'Anglet. Pour mieux entendre ce que feraient par eux-mêmes des chevaux fougueux, il faut les considérer sans bride et sans conducteur qui les pousse ou qui les retienne, Bossuet, Connaiss. III, 9. Tu verras de chameaux un grossier conducteur…, Voltaire, Fanat. I, 4.

    Conducteur du requin, nom d'un poisson (centronote conducteur de Cuvier ; gastérostée conducteur de Linné).

  • 2Celui, celle qui dirige. Ces négociations avantageuses dont il fut le conducteur, Fléchier, le Tel. Veuillent les immortels, conducteurs de ma langue. Que je ne dise rien qui doive être repris, La Fontaine, Fabl. XI, 7. Une musique de luths et de voix se fit entendre à l'un des coins du plafond, sans qu'on vît ni chantres ni instruments, musique aussi douce et aussi charmante que si Orphée et Amphion en eussent été les conducteurs, La Fontaine, Psyché, I, p. 37. Pourvu que l'honnêteté, la discrétion, la prudence soient conductrices de cette affaire, La Fontaine, ib. II, p. 138. Le bon sens et l'esprit, conducteurs du courage, Sont des Condés enfin l'ordinaire apanage, La Fontaine, Lett. XX.

    Terme de ponts et chaussées. Conducteur, agent qui est sous les ordres directs de l'ingénieur et au-dessus des piqueurs, ainsi dit parce qu'il est chargé de la conduite ou direction des travaux. Conducteur embrigadé, celui qui fait partie du corps des ponts et chaussées à titre permanent.

    On dit aussi d'une manière générale conducteur des travaux pour désigner une sorte de contre-maître qui dirige les travaux de bâtisse sous un entrepreneur ou un architecte. Conducteur des travaux du Louvre.

    Homme de confiance qui, sans être nécessairement le cocher d'une voiture, la dirige et fait payer les voyageurs, etc. Conducteur de diligence, d'omnibus.

  • 3Livre qui sert de guide. Conducteur de l'étranger dans Paris.
  • 4 Terme de chirurgie. Instrument employé autrefois dans l'opération de la taille par le grand appareil.
  • 5 Terme de physique. Corps qui transmet le fluide électrique ou le calorique. Les métaux sont bons conducteurs de la chaleur. J'ai un antitonnerre à Ferney dans mon jardin ; vous savez que cela s'appelle un conducteur, Voltaire, Lett. d'Argental, 8 mars 1775.

    Cylindre métallique, soutenu par des colonnes de verre, qui se trouve au devant de la machine électrique, et à la surface duquel l'électricité se rassemble.

  • 6 Adj. Thésée reçut d'Ariane un fil conducteur dans le labyrinthe. Acceptez le secours de ma main conductrice, Lemercier, Charles VI, III, 6.

    Corps conducteur du calorique ou de l'électricité, corps qui se laisse facilement traverser par l'un ou l'autre de ces agents.

    Terme de botanique. Tissu conducteur, portion du tissu du style et du placenta, à travers lequel pénètrent les boyaux polliniques pour arriver dans la cavité de l'ovaire et aux ovules.

    Terme d'imprimerie. Points conducteurs, voy. POINT.

HISTORIQUE

XIVe s. [Il] Retint et soudoia et paia sans errour Trois mille combattans dont il fu couductour, Guesclin. 18045.

XVe s. Et nonobstant qu'à ces trois assauts, la dessus dite pucelle, la commune renommée dit en avoir esté la conducteresse, Monstrelet, liv. II, ch. 59. Ainsi faut conclure que ce voyage fut conduit de Dieu ; car le sens des conducteurs [des chefs], que j'ay dit, n'y servit de gueres, Commines, VII, Prol. Le conte de sainct Pol principal conducteur de ses affaires, Commines, I, 2.

XVIe s. De gens de pied, sans leurs bons conducteurs, Ving et sept mil misrent dessus les champs, Marot, J. V, 107. Tu mettras dans la playe l'une de ces verges d'argent, appelées conducteurs (pource qu'ils servent de guide aux autres instrumens que l'on veut introduire dans la vessie), Paré, XV, 45. Quand il fut question d'envoyer gens pour repeupler ces villes, il en fut deputé conducteur et commissaire, Amyot, Flamin. 3. Les conducteurs des elephans se trouverent enveloppez, Amyot, Pyrrh. 57.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CONDUCTEUR, s. m. (Gramm.) celui qui en conduit un autre, qui lui sert de guide de peur qu’il ne s’égare. Ce terme se prend au simple & au figuré. Voyez les articles suivans.

Conducteur, (Physiq.) depuis quelque tems se dit aussi, en parlant d’expériences d’électricité, d’un corps isolé, c’est-à-dire soûtenu sur des cordons de soie, sur du verre, &c. consideré comme communiquant ou transmettant à un ou à plusieurs corps, la vertu électrique qu’il reçoit d’un autre ; ainsi une corde mouillée, une chaîne, un fil d’archal, & en général tout corps électrisable par communication (voyez Électricité), regardé comme chargé de transmettre cette vertu d’un corps à un ou à plusieurs autres, est dit un conducteur.

D’après cette définition on pourroit conclure que dans un système de corps électrisés par un globe, un tube, &c. on devroit appeller la plûpart de ces corps conducteurs, puisqu’ils sont presque tous dans le cas de se transmettre successivement l’électricité ; cependant ce seroit contre l’usage, qui ne leur donne ce nom qu’autant qu’ils sont envisagés, ainsi que nous venons de le dire, comme chargés de cette fonction. Dès que cette considération cesse, ils le perdent, & rentrent dans la classe des corps électriques ordinaires.

On appelle encore conducteur ou plûtôt le conducteur, un corps isolé, électrisable par communication, qui reçoit la vertu électrique immédiatement d’un globe ou d’un tube pour faire différentes expériences, quoique souvent il ne serve nullement à transmettre cette vertu à aucun corps : mais comme on l’emploie aussi à cet usage, auquel cas il devient le premier de tous les conducteurs, les autres corps quelconques électrisés ne l’étant que par la vertu électrique qu’il leur communique, on lui a donné le nom de cette fonction en l’appellant simplement le conducteur, comme pour dire le premier de tous. Voyez les Planches de l’Électricité, Planches physiq.

Avant de rien dire de particulier sur ces deux différens conducteurs, il est à-propos de rapporter quelques faits au moyen desquels nous serons en état de déterminer plus précisément tout ce qu’il faut observer à leur égard.

Ces faits peuvent se réduire aux trois suivans : 1° l’eau, les métaux & quelques êtres animés, comme un homme par exemple, sont les seules substances connues qui transmettent l’électricité en entier, v. Électricité ; les autres la transmettant plus imparfaitement & plus difficilement, & en arrêtant d’autant plus qu’elles sont plus électrisables par frottement, voyez Électricité : 2° dans un corps électrique, les pointes, les angles, & en général toutes les parties saillantes sur sa surface, dont les extrémités sont aiguës, sont autant d’issues ainsi que nous l’a appris M. Franklin, par où se dissipe le fluide électrique ; & les aigrettes de feu que l’on voit à ces parties ne sont formées que par ce fluide qui en sort ; car l’électricité a cela de remarquable, qu’elle passe & se fait jour à travers les pointes & les angles des corps, comme le font les fluides à travers les ouvertures des vases dans lesquels ils sont retenus. Ainsi de même qu’un réservoir dans lequel se décharge une source qui coule toûjours également, paroîtra plus ou moins plein, selon qu’il aura des fentes ou des trous plus ou moins grands, ou plus ou moins multipliés par où l’eau pourra s’écouler ; de même, en regardant l’électricité fournie par le globe comme constante ou toûjours la même, elle paroîtra plus ou moins forte dans le système de corps électrisés par ce globe, selon qu’ils auront moins ou plus de ces parties aigues par où le fluide électrique pourra s’échapper. Enfin le verre & les autres substances électrisables par frottement, ont la propriété de repousser, si cela se peut dire, le fluide électrique, de façon qu’elles l’empêchent de s’échapper. Ainsi une aigrete partant de la pointe d’un corps électrique quelconque dans une certaine direction, en prendra une autre dès qu’on en approchera du verre, & cette nouvelle direction sera telle que l’aigrete paroîtra comme le fuir. On trouve à la suite des lettres de M. l’abbé Nolet, pag. 255. un fait observé par cet habile physicien, qui confirme pleinement ce que nous venons d’avancer. Il dit dans cet endroit, qu’il parut évident par les aigretes que donnoient à voir les quatre angles d’une tringle de fer recouverte d’un tuyau de verre, & par la vivacité des étincelles qu’on en tiroit, que cette enveloppe rendoit l’électricité bien plus forte qu’à l’ordinaire ; de sorte, continue-t-il, qu’on peut dire que c’est un nouveau moyen de faire prendre ou de conserver aux conducteurs une plus grande vertu.

Ces faits une fois connus, on voit que par rapport aux conducteurs en général, ou lorsqu’on veut simplement transmettre l’électricité d’un corps à un autre, il faut employer les substances les plus électrisables par communication qu’il est possible, comme l’eau, les métaux, &c. L’eau même a cet avantage, que toutes sortes de substances, comme pierres, bois, &c. qui en sont bien imbues, peuvent devenir par-là de fort bons conducteurs, quelque peu électrisables par communication qu’elles soient d’ailleurs ; parce qu’alors elles ne forment plus, pour ainsi dire, que des especes de supports contenant des filets d’eau qui transmettent le fluide électrique : il faut aussi que les conducteurs soient cylindriques, cette forme étant de toutes celles qu’on peut leur donner celle qui a le moins de parties angulaires ; qu’ils n’ayent en aucun endroit de ces parties aigues, quelque petites qu’elles soient, par où le fluide électrique puisse se dissiper ; & ainsi qu’ils soient fort lisses, ce fluide s’échappant souvent par les plus petites éminences ou rugosités ; enfin pour mieux empêcher l’électricité de se dissiper, & la rendre en même tems plus forte, il est à propos de recouvrir les conducteurs de tuyaux de verre ou de rubans de soie bien roulés les uns par-dessus les autres, sur-tout lorsque ces conducteurs passent dans des endroits où ils ne sont pas assez éloignés des corps qui peuvent leur dérober l’électricité.

Il se présente ici naturellement plusieurs questions. On demandera si quel que soit le volume de ces conducteurs, la quantité du fluide électrique transmise sera la même ; si pareillement la force de l’électricité n’augmentera ou ne diminuera pas quelle que soit leur longueur ; enfin si cette force sera la même dans un conducteur fort long, à la partie la plus éloignée du globe, selon le cours de l’électricité, qu’à celle qui en est plus près selon le même cours. Nous répondrons, quant à la premiere question, que le volume est ici indifférent, la quantité d’électricité transmise étant toûjours la même, de quelque grosseur que soit le conducteur, comme nous l’avons prouvé M. le chevalier d’Arcy & moi, dans un mémoire inséré dans le volume de l’Académie de l’année 1749 ; en effet on s’en assurera facilement en transmettant alternativement l’électricité à deux corps, tantôt par une barre de fer, & tantôt par un fil-de-fer fort délié ; car on verra alors que ces deux corps seront électrisés au même degré, soit qu’ils reçoivent l’électricité par la barre, soit qu’ils la reçoivent par le fil-de-fer, ce qui, pour le dire en passant, prouve que le fluide électrique a la propriété de tous les autres fluides qui se répandent toûjours également, quels que soient les canaux de communication, c’est-à-dire que dans plusieurs réservoirs qui communiquent ensemble, l’eau, par exemple, est toûjours de niveau de quelque grosseur que soient les tuyaux de communication. De ce principe de fait on tire la réponse à la troisieme question ; savoir, que l’électricité ne peut être plus forte à une extrémité du conducteur qu’à l’autre, puisque si cela étoit, elle ne se distribueroit pas également, ce qui seroit contraire à ce principe : enfin par rapport à la seconde question, nous répondrons que par toutes les expériences que l’on a faites, on n’a pas remarqué que l’électricité diminuât quelle que fût la longueur du conducteur, quoiqu’on en ait employé qui avoient plus de 1300 piés. Il y a plus : selon ce que dit M. le Monnier le medecin, pag. 463 des mémoires de l’Académie de 1746. plus les corps électrisés ont d’étendue en longueur, plus l’électricité paroît forte. Quoi qu’il en soit, il est constant qu’à quelque distance qu’on ait transmis l’électricité jusqu’ici (& cette transmission s’est toûjours faite dans un tems inassignable), on n’a pas remarqué que sa force en fût diminuée.

Passons à ce qu’on appelle particulierement le conducteur. Ce que nous venons de dire des conducteurs en général, par rapport à leur figure & à la substance dont ils doivent être formés, étant également appliquable à ceux dont il est actuellement question, il s’ensuit qu’ils doivent être comme les premiers, de métal ou revêtus d’une substance métallique, de figure cylindrique, & aussi lisses qu’il est possible. Nous n’ajoûterions rien à leur égard, si ce n’est que devant servir à différentes expériences, il est à-propos de parler de la grandeur qu’ils doivent avoir pour acquérir & conserver beaucoup d’électricité.

C’est un principe de fait, que plus ces sortes de conducteurs sont grands, plus les étincelles qu’on en tire sont fortes ; car il est essentiel de remarquer que quoique la quantité d’électricité transmise par un corps soit la même, qu’il soit grand ou qu’il soit petit, l’attraction, la repulsion, & tous les phénomenes de l’électricité paroissent cependant plus considérables dans le grand que dans le petit. Mais ces phénomenes augmentent-ils selon l’augmentation de la masse du conducteur, ou simplement selon l’augmentation de sa surface ? ou, en d’autres mots, l’intensité de l’électricité dans les corps augmente-t-elle dans la raison de leurs masses ou dans celle de leurs surfaces ? C’est une question qui a déjà beaucoup exercé les Physiciens, & sur laquelle ils sont fort partagés. Les uns, comme M. l’abbé Nolet, pensent que l’électricité augmente avec les masses, non pas à la vérité dans la raison directe de ces masses, mais cependant dans une plus grande raison que celle qui devroit resulter de la simple augmentation des surfaces ; enfin qu’une plus grande masse est susceptible d’acquérir plus d’électricité qu’une plus petite : les autres, comme M. le Monnier le medecin, pensent qu’elle augmente seulement comme les surfaces, & c’est ce qui a paru resulter aussi d’un grand nombre d’expériences que nous avons faites M. d’Arcy & moi, rapportées dans le mémoire déjà cité ; voyez là-dessus l’article Électricité. Quoi qu’il en soit, il est toûjours mieux d’avoir un grand conducteur cylindrique, comme nous l’avons dit ; & quand même il seroit creux, pourvû qu’il ait une certaine épaisseur, les étincelles que l’on en tirera seront très-belles & très-fortes.

En Allemagne, en Hollande, & en Angleterre, on se sert ordinairement pour conducteur d’un canon de fusil : mais de pareils conducteurs ne paroissent pas devoir nous donner des phénomenes aussi considérables que celui de M. Franklin par exemple, qui ainsi qu’il nous l’apprend dans ses lettres, a dix piés de long & un pié de diametre. Selon cet auteur, lorsque son conducteur est bien chargé, on en peut tirer des étincelles à près de deux pouces de distance, qui causent une douleur assez sensible dans la jointure du doigt. Il est composé de feuilles de carton formant un cylindre, & ces feuilles sont recouvertes d’un papier d’Hollande relevé en bosse en plusieurs endroits, & doré presque par-tout.

Pour terminer, nous dirons deux mots de la maniere dont le conducteur doit recevoir l’électricité du globe, c’est à quoi il nous paroît qu’on n’a pas fait assez d’attention jusqu’ici. On se contente pour l’ordinaire de faire toucher legerement au globe du clinquant, des galons de métal effilés, ou quelque chose de cette nature électrisable par communication, qui ne puisse point l’endommager, & qui ne cause que peu ou point de frottement. Les uns disposent ces matieres de façon qu’elles embrassent une certaine partie du globe ; & cette pratique paroît la meilleure : les autres se contentent de les faire porter dans un petit espace. Mais l’électricité se dissipant, comme nous l’avons dit plus haut, par les parties aiguës & pointues des corps électrisés, il s’ensuit qu’il doit s’en dissiper beaucoup par tous les angles & toutes les pointes qui se trouvent au clinquant & aux galons, &c. Aussi lorsqu’on électrise un globe, voit-on toutes ces parties briller d’un grand nombre d’aigrettes & de gerbes de feu électrique. Pour remédier à cette dissipation de l’électricité, voici comme nous nous y prenons. Nous attachons du clinquant au bord inférieur de la base d’un entonnoir de fer-blanc, dont le diametre est égal à la grandeur de la partie du globe que l’on veut embrasser ; nous faisons déborder ce clinquant d’un demi-pouce ou environ, & nous le découpons comme à l’ordinaire, pour qu’il puisse poser sur le globe & le toucher dans un grand nombre de points sans aucun frottement considérable : ensuite nous recouvrons le tout par un entonnoir de verre, dont le bord excede celui de l’entonnoir de fer-blanc, d’un quart de pouce ou à-peu-près, afin qu’il puisse être fort près du globe sans cependant le toucher. Par ce moyen l’électricité ne peut se dissiper par les angles des feuilles du clinquant, ces feuilles se trouvant environnées du verre qui, comme on l’a vû plus haut, repousse le fluide électrique & l’empêche de se dissiper. Nous ne parlerons point de la maniere d’adapter cet entonnoir au conducteur, la chose étant trop facile pour s’y arrêter. (T)

Conducteur, instrument de Chirurgie dont on se sert dans l’opération de la taille. On le fait ordinairement d’acier ou d’argent. Il y en a de deux sortes, le mâle & la femelle. Ils ont l’un & l’autre la figure d’une croix, & sont fort polis, pour ne point blesser la vessie dans laquelle on les introduit, ni les parties par où ils passent. Leur corps est large d’environ trois lignes, arrondi en-dehors, plat en dedans. La partie postérieure comprend trois branches applaties ; deux font les bras de la croix, & la troisieme en compose la tête ou le manche : celle-ci doit être fort renversée en-dehors, afin de donner plus d’espace aux tenettes qu’on introduit entre les deux. Tout le long de la face plate du corps ou branche antérieure, regne une crête dans le milieu d’environ deux lignes de saillie : cette crête commence peu-à-peu dès le milieu du manche, afin que l’opérateur l’apperçoive mieux. Elle finit insensiblement vers la fin du conducteur mâle, & se termine par une languette longue de six lignes relevée & recourbée en-dedans, applatie sur les côtés : cette languette fait l’extrémité de l’instrument qu’on place dans la cannelure d’une sonde qui doit être mise auparavant dans la vessie. La crête dans l’autre espece de conducteur ne s’étend pas si loin ; l’extrémité antérieure est un peu recourbée en-dedans, & terminée par une échancrure qui lui a fait donner le nom de conducteur femelle. Voyez les figures 4 & 5. Pl. XI. de Chirurgie.

La maniere de se servir de ces deux instrumens, consiste à introduire d’abord le conducteur mâle dans la vessie, à la faveur d’une sonde cannelée, la tête en-haut, le dos en-bas ; ensuite on retire la sonde, & on glisse le conducteur femelle par son échancrure, le dos en-haut sur la crête du mal. Ces deux instrumens ainsi introduits, forment par leurs crêtes parallelement opposées, une espece de coulisse qui sert à conduire les tenettes dans la vessie pour charger la pierre.

On ne se sert pas beaucoup des conducteurs pour la taille des hommes ; on leur a substitué le gorgeret. Voyez Gorgeret. Les conducteurs sont en usage pour la taille des femmes. Voy. Lithotomie des femmes. (Y)

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France Terme

Liste écrite ou informatisée donnant l'ordre chronologique des séquences d'un programme audiovisuel.

FranceTerme, Délégation générale à la langue française et aux langues de France

Étymologie de « conducteur »

Voy. CONDUIRE ; provenç et espagn. conductor ; ital. conduttore.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Le latin conductor existe mais avec le sens de « locataire ». Ce mot plus vraisemblablement formé sur l’étymon conduct avec le suffixe -eur.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « conducteur »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
conducteur kɔ̃dyktœr

Fréquence d'apparition du mot « conducteur » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « conducteur »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « conducteur »

  • Les abeilles ont leur reine et les cigognes leur conducteur.
    Proverbe danois
  • On roule confortablement sur l’autoroute de la vie, protégé par la ceinture de sécurité de nos certitudes et l’air-bag conducteur de la routine.
    Dave Barry — Chroniques déjantées d’internet
  • Les conducteurs: 75 chevaux dans le moteur, 1 âne au volant.
    Roland Magdane — Le Merdier
  • La plupart des accidents d’auto ont une cause très simple : la voiture était en prise directe et l’attention du conducteur au point mort.
    Anonyme
  • Quoi de plus affligeant que l'émoi génital des conducteurs démarrant au feu.
    Yann Queffélec — Libération - 9 Septembre 2000
  • Ils s’arrêtent alors sur l’aire d’autoroute de Castelnau-d’Estretefonds, au nord de Toulouse. Au moment du paiement, elle tente d’alerter la caissière de la station-service, qui ne comprend pas qu’elle est en face d’une personne enlevée. Sur ces entrefaites, son ravisseur arrive, énervé. La conductrice a alors l’idée de simuler un évanouissement en pleine boutique, forçant le jeune homme à prendre la fuite.
    Faits divers : pour aller à Montpellier, un jeune de 18 ans enlève une conductrice
  • Les conducteurs de taxi parfois se mettent en grève. Ce sont des moments difficiles où l'on n'en trouve pas. Comme d'habitude.
    Alain Schifres
  • Un chef d'orchestre, c'est comme le conducteur d'une voiture : il tourne le volant doucement, quand il le faut, en anticipant, parce que s'il tourne le volant trop violemment, la voiture va dans le fossé.
    Les solistes de l'Orchestre de Paris
  • C'est l'inconnu qui m'attire. Quand je vois un écheveau bien enchevêtré, je me dis qu'il serait bien de trouver un fil conducteur.
    Pierre-Gilles de Gennes — Le Monde - 23 Octobre 1991
  • Rien de bon n'est jamais sorti des reflets de l'esprit se mirant en lui-même. Ce n'est que depuis que l'on s'efforce de se renseigner sur tous les phénomènes de l'esprit en prenant le corps pour fil conducteur, que l'on commence à progresser.
    Friedrich Nietzsche — Ainsi parlait Zarathoustra
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Images d'illustration du mot « conducteur »

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Traductions du mot « conducteur »

Langue Traduction
Anglais driver
Espagnol conductor
Italien autista
Allemand treiber
Chinois 司机
Arabe سائق
Portugais motorista
Russe водитель
Japonais 運転者
Basque gidari
Corse driver
Source : Google Translate API

Synonymes de « conducteur »

Source : synonymes de conducteur sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot conducteur au Scrabble ?

Nombre de points du mot conducteur au scrabble : 15 points

Conducteur

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