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Caractère

Variantes Singulier Pluriel
Masculin caractère caractères

Définitions de « caractère »

Trésor de la Langue Française informatisé

CARACTÈRE1, subst. masc.

A.− Vieilli. Signe gravé, écrit ou imprimé sur une surface quelconque, auquel on attribue un sens.
1. Empreinte marquée. Les Anciens imprimaient sur le front des criminels et des esclaves certains caractères (Ac.1798-1932).
2. Lettre ou figure gravée sur un anneau, ou inscrite sur un parchemin, à laquelle la superstition populaire accordait un sens mystérieux en vertu d'un pacte conclu entre le porteur de la pièce et le diable. Il n'a jamais été blessé à la guerre (...) on dit qu'il porte un caractère sur lui (Ac.1798-1878);il fut accusé d'avoir un caractère (Ac.1835-1878).
B.− LING. Signe appartenant à un système d'écriture. Déchiffrer les caractères d'une inscription, d'un grimoire; écrire en gros caractères. Leila (...) m'a laissé (...) une feuille de cyprès sur laquelle des caractères que je ne puis lire sont gravés à la pointe du style (A. France, Balthasar,La Fille de Lilith, 1889, p. 98):
1. Cependant j'ai écrit un nom sur des arbres, dans la profondeur des bois (...) le chasseur indien s'enfuira à la vue de ces caractères gravés par un mauvais génie. Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 856.
1. Symbole doué d'un sens dans un système d'écriture idéographique. Caractère chinois, japonais.
2. Signe appartenant à un système d'écriture non idéographique et recevant un sens par sa combinaison avec un ou plusieurs autres signes de même nature. Caractère alphabétique, phonétique, romain, cyrillique. On avait placé sur le mont Aventin, des tables écrites en caractères grecs (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 62); la Bulgarie parle une langue slave et l'écrit en caractères cyrilliques (Arts et litt. dans la société contemp.,1936, p. 5203).
P. méton., au sing. coll., vieilli. L'écriture d'une personne. J'ai reconnu votre caractère (Ac.1798-1878).Adieu, ma très chère Adèle. Il y a une chose que je déteste dans ton caractère, c'est que les lignes sont trop espacées, ce qui rend tes lettres trop courtes (J. de Maistre, Correspondance[à MlleAdèle de Maistre], t. 2, 1806-07, p. 214).
C.− IMPR., gén. au plur. Fonte portant à son extrémité une lettre, un groupe de lettres ou un signe utilisée pour l'impression typographique. Caractère(s) mobile(s), typographique(s) d'imprimerie; caractère(s) gras, maigre(s). Les fondeurs de caractères qui arrivent à fabriquer plus de 3 000 lettres de plomb par jour (Macaigne, Précis d'hygiène,1911, p. 313):
2. Je le vois lui-même, l'ancien graveur, en [du cachet] composer le modèle, chercher la meilleure disposition des mots, le corps des caractères d'imprimerie, choisir les fleurons qui les isoleront et les mettront en valeur. Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 47.
Au sing. coll. Ensemble ou type de caractères d'imprimerie. Un caractère donné comporte normalement du Romain, capitales et bas de casse, de l'Italique, capitales et bas de casse (M. Valotaire, La Typographie,1930, p. 18).
P. métaph. Il [le chevalier du Halga] avait été honoré de l'estime du bailli de Suffren (...). Sa belle conduite comme capitaine de pavillon (...) était écrite en caractères visibles sur son visage couturé de blessures (Balzac, Béatrix,1839-45, p. 40).
D.− P. ext., dans le vocab. sc. Signe conventionnel utilisé en mathématique, en chimie, etc., pour représenter un phénomène, une relation, une substance. Caractères astronomiques, chimiques :
3. On nous dit, et il est assez naturel de croire que l'écriture chinoise comporte certaines finesses d'expression, certaines beautés de style auxquelles rien ne correspond dans la langue parlée. Toutefois, si l'on considère que les idées exprimées par les caractères arithmétiques ou algébriques sont du petit nombre de celles qui admettent une détermination précise; que la continuité des formes de l'étendue ne pourrait jamais s'adapter suivant une méthode régulière et systématique à la représentation conventionnelle des variations qualitatives; que par cette raison toute écriture idéographique resterait un art plutôt qu'une méthode, ou ne deviendrait une méthode qu'en perdant ses avantages spéciaux, et en laissant subsister l'inconvénient de deux langues indépendantes et hétérogènes, dont il faudrait acquérir l'habitude et qu'il faudrait sans cesse traduire l'une dans l'autre, on s'expliquera comment l'invention d'une écriture purement phonétique, en simplifiant la pédagogie, a dû faciliter au moins l'élévation du niveau moyen des esprits, et puissamment contribuer aux progrès de ce qu'on appelle proprement civilisation. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 318.
Prononc. et Orth. : [kaʀaktε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. caractère2.

CARACTÈRE2, subst. masc.

I.− Trait(s) distinctif(s) d'une chose. Le caractère spécifique, dominant d'une chose; dégager, souligner le caractère particulier d'une chose. Le bien et le mal sont des caractères réels des actions humaines (Cousin, Du Vrai, du beau et du bien, 1836, p. 347); j'entends par là [les choses générales] des choses communes à plusieurs cas ou individus; ce sont des caractères ou groupes de caractères (Taine, De l'Intelligence, t. 2, 1870, p. 252); [les préoccupations habituelles des paysagistes sont l'étude] du caractère propre des sites, du style des arbres ou des maisons, accentuation du côté décoratif (C. Mauclair, Les Maîtres de l'impressionnisme,1904, p. 29).
A.− [Caractère sert de base à un syntagme dont le 2eélément est un adj. déterminatif ou un compl. déterminatif introd. par la prép. de; ces syntagmes équivalent ou suppléent à des termes abstr. correspondant aux adj. (cf. généralité/le caractère général; universalité/le caractère universel)]
1. [Le syntagme est suivi d'un compl. introd. par la prép. de]
a) [Le compl. désigne une chose concr.]
[Dans un aspect. partic.] Le caractère onéreux, administratif, bénévole, d'une entreprise, d'une démarche. Le caractère conventionnel de cette appellation (Les Gds courants de la pensée mathématique, 1948, p. 149); la mise en place de deux organes de caractère consultatif (Haut Conseil, Assemblée de l'Union) (G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel,1949, p. 576):
1. Les documents politiques et autres de l'ambassade, présentant un caractère confidentiel, doivent être gardés avec le plus grand soin, non pas dans des armoires ordinaires, mais dans des armoires de fer pourvues de bonnes serrures de sûreté. L'Affaire Dreyfus d'après les archives diplom.,1959, p. 277.
SYNT. Une dépense, une série de mesures à (de) caractère social; un bâtiment, un organisme à (de) caractère public; à caractère commercial, financier, institutionnel, juridique, officiel, professionnel.
[Dans sa nature fondamentale] Caractère empirique, général, permanent, universel. Le caractère de plus en plus impersonnel des entreprises modernes (L'Univers écon. et soc.,1960, p. 4015);les établissements à caractère scientifique et culturel relevant du Ministre de l'éducation nationale (Loi d'orientation de l'Enseignement supérieur,1968, p. 7):
2. « ... une profonde modification des structures de la pêche qui, peu à peu, abandonne son caractère artisanal pour devenir une véritable industrie soumise aux impératifs de la mécanisation et de la production de masse. » A. Boyer, Les Pêches mar.,1967, p. 15.
SYNT. Caractère absolu, actuel, aléatoire, arbitraire, artificiel, authentique, contingent, cyclique, exceptionnel, factice, facultatif, irréversible, nouveau, précaire, provisoire, traditionnel, urgent, vraisemblable. Syntagme formé avec un adj. indiquant une qualité techn. Caractères chimiques, climatiques, démographiques, géographiques. Syntagme formé avec un adj. indiquant une qualité intellectuelle. Une loi, un recueil, une revue, une tâche à caractère littéraire, scientifique; des distractions à caractère artistique; caractère encyclopédique, esthétique, logique, philosophique, sémantique.
b) [Le compl. désigne une chose abstr.] Caractère abstrait, concret; caractère de certitude, de simplicité, de vérité, de vraisemblance; caractère moral, religieux, sacré; caractère de sérieux, de sévérité, de violence. Le caractère hypothétique de cette explication (L. Cayeux, Causes anc. et causes actuelles en géol., 1941, p. 56); qu'entend-on en parlant du caractère définitif d'une théorie physique? (Les Gds courants de la pensée mathématique, 1948, p. 429); le caractère fondamental du signe est, selon F. de Saussure d'être arbitraire (J. Perrot, La Ling.,1953, p. 111).
Spéc. Caractère national. Autorité de caractère national; conserver, perdre son caractère national; revêtir un caractère national.
2. Emplois spéc., domaine des sc. de la nature et des sc. hum.
a) SC. NAT. (bot., zool.). Trait ou ensemble de traits permettant de distinguer une espèce, une famille, une plante d'une autre. Caractères génériques; caractères constants, variables. Il y a donc lieu de distinguer des caractères qui sont fixes (...), des caractères spécifiques, et des caractères variables (L. Plantefol, Cours de bot. et de biol. végétale,t. 1, 1931, p. 481).
b) ANTHROPOL. Trait distinctif de la structure biologique de l'homme. Hérédité, transmission des caractères acquis; caractères congénitaux, mendeliens; caractères héréditaires :
3. Les caractères physiques des Tchécoslovaques actuels sont généralement la brachycéphalie, une pigmentation qui va du blond au brun, avec une prépondérance de ce dernier; taille 1 m 69. A.-C. Haddon, Les Races hum.,1930, p. 130.
4. Le développement des seins chez la fillette se produit au moment de la puberté. Il coïncide avec l'apparition des règles et de la pilosité. C'est un caractère sexuel secondaire. Quillet Méd.1965.
SYNT. Caractères anatomiques, morphologiques; caractères ethniques, raciaux; caractères ataviques, innés, latents; caractères dominants, récessifs; caractères qualitatifs, quantitatifs; caractères féminins, masculins.
c) MÉD. [Le compl. de nom désigne une maladie] Les caractères d'une maladie. Nous ne pouvons citer tous les travaux français ayant rapport à la tuberculose du nourrisson et de l'enfant qui s'attachent à mettre en relief les caractères de la primo-infection (Ce que la France a apporté à la méd. dep. le début du XXes.,1946, p. 98).
[Caractère est accompagné d'un adj. qui désigne le degré de la gravité ou le stade de la maladie] Une affection, une maladie à (de) caractère bénin, épisodique, évolutif, grave, infectieux.
B.− Seulement au sing. [Caractère est suivi d'un compl. ou d'un adj. déterminatif désignant un dignitaire revêtu d'une autorité officielle, ou la dignité correspondante]
1. THÉOL. Pouvoir et dignité ineffaçables conférés par un sacre, une ordination canonique. Le caractère d'Évêque, du Prêtre. Le baptême, la confirmation et l'ordre sont des sacrements qui impriment un caractère ineffaçable (Ac. 1932);une sorte d'intimité s'était établie entre nous, sans que jamais, je me hâte de le dire, il ait rien dit ou fait qui ne convînt au caractère sacré dont il est revêtu (Mérimée, L'Abbé Aubain,1847, p. 164);après la chute du druidisme, les bardes perdirent leur caractère sacré (L. Grillet, Les Ancêtres du violon,1901, p. 5).
2. P. anal. Le caractère royal (conféré par le sacre).
3. P. ext. Autorité, mission conférée par une investiture officielle. Le caractère d'un magistrat, d'une magistrature. (Vieilli), n'avoir pas caractère pour agir. Être revêtu du caractère d'Ambassadeur. Un Ambassadeur qui soutient son caractère avec dignité. C'est un caractère qu'il faut respecter (Ac.1798-1932).Tant que M. de Villanueva ne sera pas admis à déployer son caractère il ne fera point partie du corps diplomatique de Rome (Chateaubriand, Correspondance gén.,t. 4,1789-1824, p. 28);je proposai aux deux prisonniers d'écrire sur-le-champ à celui des magistrats qui avait caractère pour recevoir leurs aveux (F. Vidocq, Mémoires de Vidocq,t. 3, 1828-29, p. 392).
C.− Emplois abs.
1. Domaine de l'esthétique.Avoir du caractère. Une forte originalité, beaucoup d'expressivité. Être sans caractère. Synon. avoir du cachet; anton. être plat.
a) [En parlant d'un obj. d'art, d'un édifice, d'un paysage] Une église pleine de caractère, un studio de caractère. C'est l'Apennin, avec ses bandes de contreforts allongés dans une péninsule étroite qui donne à tout le paysage italien son caractère (Taine, Voyage en Italie, t. 2, 1866, p. 8); Hortense, regardant la façade : Nous sommes bien ici. − Très-joli, ce château! beaucoup de caractère (E. Augier, Jean de Thommeray, 1874, VI, p. 315); la notion de caractère substituée sans mesure ni tact à la notion de beauté a accordé toute impunité à la laideur (C. Mauclair, Les Maîtres de l'impressionnisme,1904, p. 231).
b) [En parlant d'un visage hum.] Le caractère d'une tête; un visage dénué de caractère :
5. Moi, ces bonnes gens ont trouvé que ma tête avait du caractère mais que ma poésie n'en avait pas du tout. Ils m'ont joliment encouragé, va! A. Daudet, Le Petit Chose,1868, p. 273.
2. Folkl. Danse, air de caractère. Dont la forme, typique d'une région ou d'un pays, exprime symboliquement une action. Cette année (...) Antipas (...) se trouva à Machéro (...). Il y donna un grand festin, durant lequel Salomé exécuta une de ces danses de caractère qu'on ne considère pas en Syrie comme messéantes à une personne distinguée (Renan, Hist. des origines du Christianisme, Vie de Jésus, 1863, p. 204).
Rem. Attesté ds les dict. gén. dep. Ac. 1835.
II.− Ensemble des traits psychiques et moraux qui composent la personnalité d'un individu.
A.− Lang. cour. Ensemble des manières stables d'être, de sentir ou d'agir qui habituellement règlent le comportement d'une personne adulte dans ses relations avec d'autres personnes. Leurs caractères ne peuvent s'accorder (Ac. 1835-1932); (p. ell.) quel caractère!
1. [L'accent est mis sur l'appréciation à la fois distinctive et valorisante de la personnalité]
a) [L'appréciation s'exprime par un qualificatif]
[En parlant d'une pers., l'appréciation s'exprime par un adj. qualificatif ou plus rarement par un compl. introd. par la prép. de] Avoir (un) bon (mauvais) caractère, être d'un caractère aimable, un caractère (de) cochon, être jeune de caractère. Synon. nature, humeur.L'autre était une veuve, âgée, sourde, d'un caractère acariâtre et revêche, toujours mécontente et en colère (Montalembert, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie, 1836, p. 242); son naturel tortueux, son caractère sauvage et vindicatif reprirent insensiblement le dessus (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 22).Malgré ton caractère de rabat-joie, de vieux garçon monomane et sans patience, tu es tout de même gentil (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 119):
6. Cette femme, naguère si bienveillante, d'un caractère si affable et si conciliant, qui acceptait le présent sans colère, qui regrettait le passé sans amertume, raillait maintenant sans pitié la cour et les institutions nouvelles. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 40.
7. Depuis leur plus petite enfance (ils étaient camarades à Sainte-Barbe), il [Brassy] avait toujours exercé sur lui [Maurice] l'ascendant d'un caractère énergique et d'un cerveau habile aux complications sur une nature simple et une volonté molle. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 308.
En antéposition caractérisante, fam. C'est un bon caractère d'homme (Ac.1835-1932).
SYNT. 1. Avoir un, être d'un caractère bienveillant, complaisant, docile, doux, (toujours) égal, facile, flegmatique, gai, généreux, jovial, optimiste, placide, ouvert, serviable, sociable; caractère enthousiaste, expansif, taquin, être d'un heureux caractère. 2. Avoir, être d'un caractère absolu, autoritaire, despotique, entier, froid, passionné; un caractère atrabilaire, borné, bougon, chagrin, colérique, craintif, cruel, cupide, égoïste, émotif, exécrable, farouche, frondeur, fourbe, grognon, hargneux, intraitable, instable, irascible, irritable, mesquin, méticuleux, morose, odieux, ombrageux, passif, pénible, peureux, renfermé, sordide, soupçonneux, taciturne, têtu, timide, tracassier; (fam.) avoir un sale caractère, un fichu, un foutu caractère. 3. Les aspérités, les brusqueries, les divergences, les sautes de (du) caractère(s).
P. anal. [En parlant d'une collectivité; l'appréciation s'exprime par un adj. déterminatif prenant valeur de qualificatif] L'ensemble des traits distinctifs d'un groupe de personnes, d'une classe sociale et, p. ext. d'une région, d'une nation. Le caractère aristocratique; le caractère breton, gascon, lorrain; le caractère d'une nation; le caractère germanique oriental. Synon. littér. génie.Le trait le plus saillant du caractère des habitants du Midi, c'est la soif de la vengeance, remarquable surtout dans les classes inférieures (Bonstetten, L'Homme du Midi et l'homme du Nord, 1824, p. 141); je disais hier à Redon, au bal des Tuileries, à propos du mariage d'un auguste personnage, que l'un des plus grands inconvénients du caractère français (...) c'est l'absence (...) du sentiment du devoir (E. Delacroix, Journal, 1856, p. 25); la tolérance fait partie du caractère anglais (Morand, Londres,1933, p. 61).
b) [L'appréciation s'exprime par un adj. poss.] Loc. Soutenir, ne pas démentir son caractère, ne pas sortir de son caractère. Rester fidèle à son comportement habituel.
Sortir de son caractère. Sortir de son bon caractère habituel, devenir nerveux, se mettre en colère :
8. ... il [Pierre] aperçut M. Vigneron exaspéré, poussant furieusement devant lui sa femme et le petit Gustave. − Oh! monsieur l'abbé, je vous en prie, dites-moi où est notre wagon, aidez-moi à y fourrer mes bagages et cet enfant (...). Je perds la tête, ils m'ont jeté hors de mon caractère... Zola, Lourdes,1894, p. 221.
Avoir, montrer son (petit) caractère. N'être pas d'un comportement facile, se montrer buté dans certaines circonstances.
2. Toujours au sing. [L'accent est mis sur l'aspect moral et la qualité de la volonté manifestée par le comportement d'une pers.] Façonner le caractère.
a) [Avec un mot précisant la qualité]
[La qualité est exprimée par un adj. souvent antéposé] Un beau, un noble caractère; montrer un grand caractère; un caractère bas, abject. Un grand caractère de chef courageux et prudent (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 297); pour détester ce qui vous flatte, quelle force de caractère ne faut-il pas? (Gide, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1022); je compte sur Georges pour faire preuve de caractère une fois au moins, et pour trancher dans le vif (Cocteau, Les Parents terribles,1938, p. 221):
9. Le prince est un homme spirituel, intelligent, fin, mais faible de caractère et dominé par ses passions, quand sa paresse n'est pas la plus forte. Delécluze, Journal,1826, p. 303.
10. Madame Roland avait eu du caractère plutôt que du génie : le premier peut donner le second, le second ne peut donner le premier. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 386.
[La qualité est exprimée par un subst. qualificatif suivi de de + caractère] Force, fermeté, vigueur de caractère; faiblesse, mollesse, veulerie de caractère.
b) Emploi abs. (partitif). Continuité et résolution dans les idées et dans le comportement. Avoir, montrer (beaucoup de) du caractère, n'avoir pas de caractère, manquer de caractère; un homme de (à) caractère, un homme sans caractère.
c) P. méton. Personne ayant un tel caractère.
[Avec un mot qualificatif (cf. supra A 2 a)] C'est un beau, un grand caractère. [Le consul :] Vous êtes, dis-je en continuant, la femme du plus noble et du plus considéré des hommes (...) Vous et lui, vous êtes deux grands caractères (Balzac, Honorine,1843, p. 373).
[Sans mot qualificatif (cf. supra A 2 b)] Personne de caractère résolu. C'est un caractère! Le Président [au substitut]. − (...) je vous donne mon opinion, − qui est aussi, par parenthèse, celle du procureur général. Il le disait hier encore : Il ira loin, ce garçon-là. C'est plus qu'une conscience, c'est un caractère! (Courteline, Un Client sérieux,1897, I, p. 118).Deuxième patricien. − S'il [Caligula] ne revient pas, il faudra le remplacer. Entre nous, les empereurs ne manquent pas. Troisième patricien. − Non, nous manquons seulement de caractères (Camus, Caligula,1944, I, 3, p. 112).
B.− [L'accent est mis sur la structure et l'étude des composantes de la personnalité]
1. [Son étude relève de la littérature]
a) Traits composant le portrait d'une personnalité type. Composer, étudier, analyser un caractère; caractère(s) (des pièces) de Molière, de Racine; diversifier les caractères.
P. méton., au plur. Œuvre relevant du genre littéraire, ayant pour objet de tels portraits. Les caractères de Théophraste, de La Bruyère.
b) Comédie de caractère. Comédie ayant pour objet principal l'analyse d'un caractère type. Anton. comédie de mœurs, d'intrigues.
2. [Son étude relève de la caractérologie] Ensemble des dispositions psychiques congénitales et acquises, normales ou pathologiques, qui composent une personnalité. Traits de caractère; analyse, étude du caractère; test de caractère, formation du caractère, le déterminisme des caractères. Ce n'est donc pas assez dire que le caractère est une résultante du donné et du voulu (Mounier, Traité du caractère,1946, p. 61):
11. Si la notion biologique du tempérament doit être distinguée de la notion psychologique de caractère, il y a néanmoins entre tempéraments et caractères certaines corrélations. J. Delay, Ét. de psych. méd.,1953, p. 152.
Spéc. PSYCHOPATHOLOGIE
Les troubles du caractère (cf. caractériel B 1).
Caractère paranoïaque, obsessionnel. Les traits du caractère anal défini par la propreté extrême, le souci d'ordre et d'exactitude, la conscience poussée jusqu'au scrupule, l'obstination (J. Delay, Ét. de psych. méd.,1953, p. 157).
SYNT. Caractère génital, phallique; caractère hystérique, phobique, schizoïde.
Prononc. et Orth. : [kaʀaktε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1274 karactere (Chron. de St. Den., ms. Ste-Gen., fo50a ds Gdf. Compl., sans contexte); 1. a) 1372 fém. caratere « empreinte » (Ord., V, 513 ds Gdf.); 1550 carathere « signe d'écriture » (J. Le Blond, trad. de Th. Morus, L'Isle d'Utopie, L. II, 67 vods Hug. : [...] les caratheres des lettres grecques); 1596 caractère (Hulsius, Dict. fr.-all. et all.-fr.); d'où 1567 « signe conventionnel dont on se sert dans certaines sciences (algèbre, chimie, etc.) pour exprimer qqc. » (J. Martin, Architecture, trad. de Vitruve, Paris, J. Gazeau, p. 104 : characteres d'Arithmetique); av. 1589 impr. (Plantin, Correspondance, I, p. 50); b) 1389-92 « signe sensible d'un sacrement » (Reg. du Chât., II, 491 ds Gdf. Compl.); xvies. « marque spirituelle d'un sacrement » (d'apr. FEW t. 2, 1, s.v. character); av. 1672 caractêre de bâtême (Godeau ds Rich. 1680); c) xves. « empreinte » (Jard. de santé, I, 504 ds Gdf. Compl.); 2. a) av. 1662 « manière d'être propre qui distingue une chose d'une autre » (Pasc. dans Cousin ds Littré : Nous naissons avec un caractère d'amour dans nos cœurs qui se développe à mesure que l'esprit se perfectionne); cf. 1667 (Rac., Phèd., IV, 2, ibid.); en partic. 1699 peint. (Roger de Piles, Idée du Peintre parfait, p. 71 ds Brunot t. 6, p. 733); 1704 bot. « ce qui distingue les différents genres » (Trév.); b) 1798 emploi abs. mus. (Ac. : Ce début en Musique a du caractère); 3. av. 1662 « ensemble de traits dominants de la physionomie morale d'un homme » (Pasc., Pens., I, 46 ds Rob. : Diseur de bons mots, mauvais caractère); d'où a) 1686 « la manière d'être morale » (Boss., Michel Le Tellier ds Rob.); av. 1757 p. ext. « les personnes mêmes considérées dans leur individualité » les grands caractères (Fonten., Czar Pierre, ibid.); xviies. « peinture des sentiments, des passions, des idées des personnes dans une œuvre littéraire » (Molière d'apr. FEW, loc. cit.); 1751 pièce de caractère (Volt., Louis XIV, 32 ds Rob.); b) 1736 « énergie, force d'âme » (Mariv., Marianne, 4epart., 218 ds Brunot t. 6, p. 1356). Empr. au lat. character attesté d'abord par Varron ds TLL s.v., 994, 19, au sens de « manière d'être propre à un style », puis au ives. à celui de « manière d'être, comportement (d'un homme) » (Donat, ibid., 994, 14); le sens premier de « marque que l'on applique à un animal en le brûlant au fer » n'est attesté qu'au iers. (Colum., ibid., 992, 65) ensuite « marque d'un poids ou d'une monnaie » iiies. (Lib. de asse, 12, ibid., 993, 31); fin ive-début ves. « signe de l'écriture » (Sergius, ibid., 993, 39); au fig., désigne la marque sacramentelle du baptême en lat. chrét. (St Augustin ds Blaise); le lat. est empr. au gr. χ α ρ α κ τ η ́ ρ « empreinte » en partic. de monnaie, ves. (Eur. ds Bailly), puis « signe distinctif, marque, caractère propre à une personne, une chose » (Hérodote, ibid.) « traits particuliers du visage (π ρ ο σ ω ́ π ο υ » « nature d'une personne » (Denis d'Halicarnasse, ibid.); en parlant du style (Id., ibid.; cf. Cicéron, Orator, éd. A. Yon, Paris, Belles-Lettres, 1964, § 134 : Sed iam forma ipsa restat et χ α ρ α κ τ η ́ ρ ille qui dicitur).
STAT. − Caractère1 et 2. Fréq. abs. littér. : 15 460. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 32 207, b) 17 544; xxes. : a) 14 602, b) 20 084.
DÉR.
Caractérisme, subst. masc.,vx. Analogie de forme, de couleur entre certaines plantes et certaines parties du corps donnant lieu à l'exercice d'une thérapeutique originale en vertu des propriétés que l'on reconnaissait à ces plantes pour guérir les parties du corps correspondantes. Attesté ds Ac. 1835 avec la mention ,,très-peu usité``; même mention ds les autres dict. gén. du xixes. Dernière transcr. ds DG : kà-ràk-té-rism'. Ds Ac. 1798 et 1835. 1reattest. 1752 (Trév. Suppl.); de caractère, étymol. 2, suff. -isme*; cf. le lat. characterismus « description » (Sénèque ds TLL, s.v. 994, 68) empr. au gr. χ α ρ α κ τ η ρ ι σ μ ο ́ ς, « désignation au moyen d'un signe caractéristique » (Clém. 156 ds Bailly).
BBG. − Barb. Infl. 1923, p. 8. − Feugère (F.). Le Gd s. de Saint Louis et son vocab. Déf. Lang. fr. 1970, no53, p. 11. − Quem. 2es. t. 4 1972, p. 44.

Wiktionnaire

Nom commun - français

caractère \ka.ʁak.tɛʁ\ masculin

  1. Empreinte, marque, figure tracée sur une surface quelconque avec une plume, un burin, un ciseau ou de toute autre manière, et à laquelle on attribue une signification. Note : Se dit particulièrement des lettres et autres figures dont on se sert dans l’écriture ou dans l’impression.
    • J’aimerais autant que vous me dissiez que l’Iliade d’Homère, ou la Henriade de Voltaire est un résultat de jets fortuits de caractères. — (Denis Diderot, Pensées philosophiques, texte établi par J. Assézat, Garnier, 1875-77)
    • Ce qui m’étonne, c’est que le propriétaire dudit bouquin ne semble pas le lire de droite à gauche. Est-ce qu’il ne serait pas imprimé en caractères chinois ? — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre VI, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892, Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/72)
    • La littérature tatare et kiptchake (ou ancien tatar) en caractères arméniens constitue une part intégrante de la culture arménienne et possède une valeur philologique certaine. — (Claude Mutafian, Arménie, la magie de l'écrit, ‎Centre de la Vieille Charité , éd. Somogy, 2007, p. 338)
  2. (Imprimerie) Type dont se servaient les imprimeurs.
    • Il fabriqua, en 1621, des poinçons pour former des caractères hébreux, chaldaïques, syriaques, arabes, grecs et allemands, et pour les lettres fleuries, les notes de musique, les vignettes et les fleurons, et rendit public, durant cette année, un cahier d'épreuves de ces caractères, qu'il avait gravés. — (« JANNON (Jean) », dans Biographie ardennaise ou Histoire des Ardennais qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs vertus et leurs erreurs, par Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Paris, 1830, vol. 2, p. 56)
    • On appelle caractère, en typographie, toute lettre ou signe quelconque qui se trouve en relief à l’extrémité d’un petit parallélipède [sic] de métal fondu, ou d’un morceau de bois, si ce sont des lettres destinées aux affiches. — (Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1877 → consulter cet ouvrage, tome 3, page 350, article « Caractère »)
    • Caractères neufs. — Caractères d’imprimerie. — Graver, fondre des caractères.
    • Caractère usé.
    • La force de corps, l’œil d’un caractère.
  3. (Par métonymie) (Imprimerie) Ensemble des types d’une même famille.
    • Garamond est le caractère littéraire français par excellence depuis François Ier. — (Emmanuel Hocquard, Le cours de Pise, POL Éditeur, 2018, page 82)
    • Ce caractère n’a pas encore servi.
    • Ce caractère est bon, est mauvais.
  4. (Par analogie) (Informatique) Donnée qui représente un élément de texte selon un système de codage.
    • Caractère alphanumérique, de contrôle, spécial, imprimable.
    • Les 128 caractères du code ASCII.
    • Une requête SQL se termine toujours par le caractère « ; ». — (Nicolas Larrousse, Création de bases de données, Pearsons, 2006)
  5. (Par ellipse) (Programmation) Type de donnée existant dans certains langages de programmation, contenant un caractère.
    • Une variable caractère.
  6. (Sciences) (Vieilli) Signe, abréviation utilisé dans une science, dans un art.
    • Caractères algébriques, caractères astronomiques.
  7. (En particulier) (Chimie) (Vieilli) Signe dont les chimistes se servent pour représenter en abrégé les substances qu’ils emploient dans leurs opérations.
  8. Mission, autorité, pouvoir pour faire ou dire quelque chose.
    • Il n’a pas caractère pour agir, il parle sans caractère.
  9. Ce qui distingue une personne des autres à l’égard des mœurs, de l’âme.
    • Des observateurs mal informés ont pris cela pour du charme, ou même pour une faiblesse de ce qu’ils croyaient être le caractère autrichien. C’était faux ; il est toujours faux de vouloir expliquer les phénomènes d’un pays à travers le caractère de ses habitants. Car l’habitant d’un pays a toujours au moins neuf caractères : un caractère professionnel, un caractère de classe, un caractère sexuel, un caractère national, un caractère politique, un caractère géographique, un caractère conscient, un inconscient, et peut-être même encore, un caractère privé ; il les réunit dans sa personne, mais s’en trouve dissocié, et n’est plus finalement qu’un petit vallon creusé par cette multitude de cours d’eau, vallon dans lequel ils viennent s’écouler pour en ressortir ensuite et remplir d’autres vallons avec d’autres ruisselets. C’est pourquoi tout habitant de la terre possède encore un dixième caractère, qui n’est rien d’autre que l’imagination passive d’espaces non encore remplis ; ce caractère donne à l’homme toutes ses libertés, sauf une : celle de prendre au sérieux ce que font ses autres caractères (neuf pour le moins), et ce qui leur arrive ; donc, en d’autres termes, la seule liberté, précisément, qui pourrait remplir cet espace. — (Robert Musil, L’Homme sans qualités, 1930-1932, traduction de Philippe Jaccottet, 1956, pp. 42-43)
    • Les desservants peuvent, désormais, disparaître ; le peuple tiendra. Il tiendra, car il est, par caractère, obstiné ; car il vit groupé dans un rayon peu étendu. — (Auguste Billaud, La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres, 1800–1830, Nouvelles Éditions Latines, 1961, p. 594)
    • La tête en l’air, qui suit à Oxford quelques cours de botanique, se prépare à devenir pasteur quand une chance imprévue s’offre à elle : on lui propose de partir, au titre d’homme de compagnie du capitaine Robert Fitz-Roy, âgé de vingt-six ans et au caractère difficile, pour un très long voyage d’étude. — (Jean d’Ormesson, C’est une chose étrange à la fin que le monde, 2010, ISBN 978-2-221-12336-2)
    • Montrer un grand, un beau, un noble caractère.
    • Force, vigueur de caractère.
    • Trait de caractère.
    • Caractère doux, gai, sérieux, sournois, triste, vindicatif, perfide, etc.
    • Il y a des caractères difficiles à dompter.
    • Le poète dramatique doit saisir, tracer, développer habilement les caractères.
    • Garder, soutenir, diversifier les caractères.
    • Faire sentir l’opposition des caractères.
    • Comédie de caractère.
  10. (Par analogie) Tour d’esprit, qualité bonne ou mauvaise qui distingue un peuple des autres.
    • Les étranges figures dont tout Mangarévien bigarrait sa peau […] lui donnaient un air martial et terrible, que ne démentait pas son caractère ; car il passait, avant sa conversion, pour le plus féroce insulaire de l’Océanie. — (Caret, Archipel de Mangaréva (Îles Gambier), dans Revue de l’Orient, 1844)
    • Le caractère de cette nation est la légèreté, la fierté, etc.
  11. (Absolument) Force d’âme, fermeté.
    • Il a montré, dans cette occasion, beaucoup de caractère.
    • C’est un homme à caractère.
    • N’avoir pas de caractère, être sans caractère, manquer de caractère.
  12. Expression, air expressif, personnel, original, en parlant surtout des figures peintes ou sculptées.
    • Il y a du caractère, il n’y a point de caractère dans sa physionomie.
    • Cette tête a un grand caractère, est d’un grand caractère.
  13. (Par extension) Expression musicale.
    • Un beau caractère de tête.
    • Cette ouverture n’a point de caractère.
  14. Ce qui est le propre d’une chose ; ce qui la distingue.
    • Les rives de la Moselle sont vraiment pittoresques et réjouissantes au possible ; pour les artistes elles offrent un caractère tout particulier. — (Gustave Fraipont, Les Vosges, 1895)
    • Vers le soir la tempête présentait des caractères cycloniques et je pris la cape, les amures à tribord, pour m’éloigner du centre de la dépression. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Le sol y est compact, souvent imperméable, marécageux par endroits, d’où le caractère mésohygrophile de la flore […] — (Gustave Malcuit, Contributions à l’étude phytosociologique des Vosges méridionales saônoises : les associations végétales de la vallée de la Lanterne, thèse de doctorat, Société d’édition du Nord, 1929, p. 14)
    • Et s’il y a un judaïsme de rite aschkenazi, avec son caractère propre, qui le distingue nettement du judaïsme sefardi, ce n’est pas d’Allemagne qu’il est originaire, mais bien de France. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • À l’encontre des autres routes d’Europe, celles du Royaume Uni n’avaient jamais été soumises à aucun essai organisé de redressement et d’aplanissement, et c’est à cela sans doute qu’il faut attribuer leur caractère pittoresque. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 47 de l’édition de 1921)
  15. (Botanique, Géologie, Zoologie) (Au pluriel) Marque essentielle qui distingue une substance, une plante, un animal de tout autre.
    • Dire quels sont les caractères d’une plante, d’un insecte.
    • Caractères constants, variables.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CARACTÈRE. n. m.
Empreinte, marque; figure tracée sur une surface quelconque avec une plume, un burin, un ciseau, ou de quelque autre manière, et à laquelle on attribue une certaine signification. Il se dit particulièrement des Lettres et autres figures dont on se sert dans l'écriture ou dans l'impression. Gros caractère. Petit caractère. Caractère lisible. Cet ouvrage est imprimé en beaux caractères. Caractère romain. Caractère italique. Caractères gothiques, grecs, arabes, sanscrits, hiéroglyphiques, cunéiformes, etc. Caractères symboliques. Les anciens imprimaient sur le front des criminels et des esclaves certains caractères. Nous ne pûmes déchiffrer les caractères de cette inscription. Il se dit également des Types dont se servent les imprimeurs. Caractères neufs. Caractères d'imprimerie. Graver, fondre des caractères. Graveur, fondeur en caractères. On le dit aussi de l'Ensemble des types de même grosseur ou force de corps. Ce caractère n'a pas encore servi. Ce caractère est bon, est mauvais. Caractère usé. La force de corps, l'œil d'un caractère. Caractères algébriques, caractères astronomiques, Caractères dont les algébristes et les astronomes se servent. On appelle également Caractères les Signes dont les chimistes se servent pour représenter en abrégé les substances qu'ils emploient dans leurs opérations. Fig., Ces enseignements se sont gravés dans son esprit en caractères ineffaçables. Caractère sacré. Cette mission n'avait pas de caractère officiel. En termes de Théologie, Le baptême, la confirmation et l'ordre sont des sacrements qui impriment un caractère ineffaçable. Il n'a point caractère pour agir, il parle sans caractère, se dit de Quelqu'un qui n'a point de mission, d'autorité, ni de pouvoir pour faire ou dire quelque chose. Il se prend aussi pour Ce qui distingue une personne des autres à l'égard des mœurs, de l'âme. Cet homme a un étrange caractère. Soutenir, ne pas démentir son caractère. Montrer un grand, un beau, un noble caractère. Force, vigueur de caractère. Faiblesse de caractère. Trait de caractère. Caractère doux, gai, sérieux, sournois, triste, vindicatif, perfide, etc. Il y a des caractères difficiles à dompter. Leurs caractères ne peuvent s'accorder. Le poète dramatique doit saisir, tracer, développer habilement les caractères. Garder, soutenir, diversifier les caractères. Faire sentir l'opposition des caractères. Comédie de caractère. On le dit aussi, dans un sens analogue, du Tour d'esprit, de la qualité bonne ou mauvaise qui distingue un peuple des autres. Le caractère de cette nation est la légèreté, la fierté, etc. Absolument, Avoir, montrer du caractère, Avoir, montrer de la force d'âme, de la fermeté. Il a montré, dans cette occasion, beaucoup de caractère. On dit, dans un sens analogue, C'est un homme à caractère; et, dans le sens opposé, N'avoir pas de caractère, être sans caractère, manquer de caractère. Sortir de son caractère se dit souvent d'une Personne ordinairement calme qui perd patience et s'emporte. Vous me faites sortir de mon caractère. Les Caractères de, etc., Titre de certains ouvrages qui ont pour objet la peinture des caractères, des mœurs. Les " Caractères " de Théophraste, de La Bruyère. Il peut signifier aussi Expression, air expressif, personnel, original. Il y a du caractère, il n'y a point de caractère dans sa physionomie. Dans ce sens il se dit plus souvent en parlant de Figures peintes ou sculptées. Cette tête a un grand caractère, est d'un grand caractère. Un beau caractère de tête. On le dit, par extension, de l'Expression musicale. Cette ouverture n'a point de caractère. Danse de caractère, Danse qui consiste principalement en attitudes expressives et originales. Il se dit encore, en général, de Ce qui est le propre d'une chose, de ce qui la distingue. La fierté est le caractère de sa physionomie. Cet édifice a le caractère qui convient à sa destination. La simplicité est le caractère de son style. L'éloquence de Bourdaloue a un tout autre caractère que celle de Massillon. Cet écrit porte un caractère d'authenticité. Imprimer, donner à une chose son véritable caractère. Les passions ont, chacune, leur caractère particulier. Cette action porte le caractère d'une atroce perfidie; elle en a tous les caractères. L'affaire a pris un caractère de gravité exceptionnelle. Le caractère ou les caractères d'une maladie, d'une affection. Il désigne particulièrement, dans les Sciences naturelles et surtout en termes de Botanique, Certaines marques essentielles qui distinguent une substance, une plante, un animal de tout autre. Dire quels sont les caractères d'une plante, d'un insecte. Caractères constants. Caractères variables. Caractère générique, Celui qui convient à tout un genre. Caractère spécifique, Celui qui convient à une espèce.

Littré (1872-1877)

CARACTÈRE (ka-ra-ktê-r') s. m.
  • 1Signe tracé ou écrit. Les lettres de l'alphabet, les signes de ponctuation, les chiffres sont des caractères. Caractères d'écriture. Les caractères de l'alphabet. Gravé en gros caractères. Écrit en petits caractères. Il ne forme pas ses caractères. Caractères symboliques, hiéroglyphiques. Les caractères de cette inscription sont en partie effacés. Si vous avez peine à lire cette lettre, pour n'être pas en assez beau caractère, Pascal, Prov. 17. Madame, dois-je croire un billet de Maurice ? Voyez si c'est sa main, ou s'il est contrefait ; Vous en devez connaître encor le caractère, Corneille, Héracl. II, 6. Voyez ce qu'en mourant me laisse votre mère ; J'en baise en soupirant le sacré caractère, Corneille, ib. V, 8. … Voici ces sacrés caractères, Les garants trop certains de ces cruels mystères, Voltaire, Sémir. IV, 2. Les sommets brisés des Apalaches se dessinaient comme des caractères d'azur, Chateaubriand, René, 168.

    Se dit des types d'imprimerie. Graveur, fondeur en caractères. Ces caractères sont usés. Ce caractère est bon à refondre. L'œil de ce caractère est trop petit.

    En algèbre, en astronomie, en chimie, en botanique, en pharmacie, caractère, signe abréviatif dont on se sert pour exprimer quelque chose.

    Signe, marque portée par superstition comme talisman. Oui, c'est un enchanteur qui porte un caractère Pour ressembler aux maîtres des maisons, Molière, Amph. III, 5. On dit qu'il a un caractère pour se faire aimer de toutes les femmes, Molière, Pourc. III, 8. Vieux en ce sens.

  • 2 Fig. Quoique cette idée générale de la beauté soit gravée dans le fond de nos âmes en caractères ineffaçables, Pascal, dans COUSIN. C'est sans les oublier qu'on quitte ses parents : L'hymen n'efface point ces profonds caractères, Corneille, Hor. III, 4.
  • 3Titre naturel ou légal qui donne qualité de… Il dépouille le caractère d'ami quand il prend celui de juge. Le caractère royal. Les députés viennent ici avec un caractère public. Qui est sans caractère officiel. Qui a caractère pour ordonner et pour défendre. Certains sacrements impriment un caractère indélébile. Déployer, cacher son caractère, faire connaître, cacher le titre officiel que l'on a. Les généraux romains commencèrent à s'attacher leurs soldats, qui ne regardaient en eux jusqu'alors que le caractère de l'autorité publique, Bossuet, Hist. III, 7. Un père est toujours père ; Rien n'en peut effacer le sacré caractère, Corneille, Poly. V, 3. Et que dois-je être ? - Roi. Reprenez hautement ce noble caractère, Corneille, Nicom. IV, 3. Un agent sans caractère d'un roi suédois réfugié chez les Turcs, Voltaire, Charl. XII, 5.
  • 4Ce qui est le propre d'une chose. Le caractère distinctif de la vérité. C'est un des caractères du génie. Je rechercherai les caractères de la folie. L'imprévoyance est le caractère de la jeunesse. Donner aux origines des villes un caractère plus auguste. Ces trois philosophes avaient une éloquence d'un caractère différent. Conserver le caractère des différents genres de littérature. Nous naissons avec un caractère d'amour dans nos cœurs qui se développe à mesure que l'esprit se perfectionne, Pascal, dans COUSIN. La bonté est le caractère le plus naturel des rois, Bossuet, Polit. Elle porte le caractère de la main de Dieu, Bossuet, Hist. II, 13. Le style même porte imprimé le caractère des âges, Bossuet, ib. II, 1. Pour garder le caractère du temps, Bossuet, ib. II, 3. Faut-il que sur le front d'un profane adultère Brille de la vertu le sacré caractère ? Racine, Phèd. IV, 2. Un caractère de faiblesse et de timidité né avec nous, Massillon, Conf. Zèle contre les vices. Vous êtes marqué du caractère des réprouvés, Massillon, Car. Fausse confession. Il les marqua sur le front d'un caractère de réprobation, Massillon, Car. Médis. Elles sont marquées du caractère des justes, Massillon, Avent. Afflict. L'Église, sous Julien, fut exposée à une persécution du caractère le plus dangereux, Chateaubriand, Génie, I, 1.

    Dans les sciences, ensemble de modifications apparentes propres à faire distinguer les objets. Les naturalistes entendent par caractère, les traits les plus saillants, les plus propres à faire reconnaître une classe, un genre ou une espèce. Caractère générique, caractère qui appartient à un genre. Caractère spécifique, caractère qui appartient à une espèce. M. de Linné chercha les caractères fondamentaux de son système dans les parties des plantes qui servent à leur reproduction, Condorcet, Linné.

    En médecine, caractère s'emploie pour exprimer l'état plus ou moins grave d'une maladie. Pneumonie de mauvais caractère, d'un caractère fâcheux. Fièvre d'un caractère bénin.

  • 5Ce qui distingue, au moral, une personne d'une autre ; nature, naturel, mœurs, sentiments. La différence des caractères. D'un caractère irascible. Dompter ces caractères intraitables. Un mauvais caractère. Un noble caractère. Force de caractère. Suivre son caractère. Peinture des caractères. Je suis sorti de mon caractère, Bossuet, Var. Préf. Il faudrait des foudres pour des âmes de ce caractère, Massillon, Carême, Confess. Des chevaliers français tel est le caractère, Voltaire, Zaïre, II, 3. Quelle véhémence dans les sentiments [chez Corneille] ! Quelle dignité, et en même temps quelle prodigieuse variété dans les caractères ! Racine, Disc. de récept. de Th. Corneille.

    Comédie de caractère, celle où l'on présente un caractère dominant qui fait proprement le sujet de la pièce. Le Menteur, l'Avare, le Glorieux sont des comédies de caractère.

    Familièrement. C'est un bon caractère d'homme.

    La personne même qui a le caractère. Les mauvais caractères sont toujours malheureux.

    Les Caractères de tel auteur, l'ouvrage dans lequel un auteur a peint les caractères, les mœurs. Les Caractères de Théophraste, de La Bruyère.

  • 6 Absolument, ensemble des facultés qui se rapportent à l'action, distinct du cœur et de l'esprit. C'est le caractère qui domine en lui.

    Les facultés morales opposées aux facultés intellectuelles. Grand de génie et grand de caractère, Béranger, Cinq mai.

    Fermeté. Il veut montrer du caractère. Comme il convenait à des hommes de caractère. Dans cet entretien il fit preuve de caractère. Manquer entièrement de caractère. Homme sans caractère. C'est un homme à caractère. Elle aimait mieux qu'on manquât de sagesse que de caractère, et qu'on eût le cœur faible que l'esprit impertinent et corrompu, Marivaux, Vie de Marianne, 4e partie, p. 218.

    Celui, celle qui a dans son moral quelque chose qui se distingue en s'accusant. C'est un caractère.

  • 7 Absolument, en un autre sens, expression, air expressif. Il a une physionomie sans caractère. Voilà un beau caractère de tête. La nature a tracé dans ses regards mourants Un si grand caractère et des traits si touchants, Voltaire, Mahom. IV, 4.

    Danse de caractère, danse qui représente une petite action. On pria Blanca d'exécuter une de ces danses de caractère où elle surpassait les plus habiles guitanas, Chateaubriand, D. des Abenc. 166.

    Dans les œuvres de littérature et d'art, qualité qui les élève au-dessus du commun et du vulgaire ; certaine originalité d'intention et de style. Cette comédie, cette musique n'a point de caractère.

    En musique, demi-caractère se dit de la musique ou de la danse qui tient le milieu entre le genre grave et le genre comique.

SYNONYME

CARACTÈRE, MŒURS. En termes de théâtre, on entend par mœurs ou mœurs générales les habitudes qui appartiennent à une nation, à une époque, à tel ou tel âge, à telle ou telle condition. Le caractère, qu'on appelle aussi quelquefois les mœurs particulières, est plus spécial à chaque personnage. Dans Iphigénie Achille est ardent, Ulysse est rusé, ce sont deux caractères différents ; mais tous les deux doivent représenter les mœurs grecques ou ce que nous consentons à regarder comme ces mœurs.

HISTORIQUE

XIIe s. L'aveit issi [ainsi] aparilliez, D'arz enchanté e primseignez, E sur lui tant caractes fait, Que jà d'armes n'en fust sanc trait, Benoit de Sainte-Maure, Chron. I, 709.

XIIIe s. Après doivent faire jurer à chascun des champions que il ne porte bref, ne charei, ne sorcerie, Ass. de Jérus. ch. 102, dans DU CANGE, caraula.

XIVe s. Le dit Camus usoit et ouvroit de mauvais art, comme de sorceries et caraux, Du Cange, caraula. Fait faire par une juifve pluseurs poudres et charays, Du Cange, ib. Raymon mist certains sorceries, charoiz et faitures soubz le sueil de l'uys de l'ostel, Du Cange, ib.

XVe s. Faisant invocation de caracteres, sorcelleries, charmes, superstitions et malefices, Monstrelet, I, 39.

XVIe s. Mes caracteres se trouverent plus veneriens que solaires, Montaigne, I, 96. Le createur a laissé en ces haults ouvrages le charactere de sa divinité, Montaigne, II, 148. Le charactere de la cornardise est indelebile, Montaigne, III, 347. Le premier chapitre traicte des termes et caractes de ceste regle, Etienne de la Roche, Arismetique, f° 42.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CARACTÈRE. Ajoutez :
8Il s'est dit pour portrait, description, au XVIIe siècle. Qu'il me soit permis de copier ici tout au long ce que dit Homère du pouvoir et de l'efficacité des prières sur l'esprit des dieux et de l'admirable caractère qu'il en fait, Rollin, Traité des Ét. II, De la lecture d'Homère, II, III, 4. Ulysse parla le premier ; on sait le caractère qu'en fait Homère ailleurs, Rollin, ib. I, II, 4.
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Étymologie de « caractère »

Character, marque, de χαραϰτὴρ, de χαράσσειν, graver. L'historique de ce mot se divise en deux parties : d'abord, formé d'après l'accentuation latine, comme c'est la règle pour l'ancienne langue, il est caracte, caraus, charaie, charoy, et signifie une sorte de sortilége ; plus tard, calqué sur le latin écrit, il change de forme et étend ses acceptions.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Avant 1662) Via le latin chăractēr (« marque au fer rouge, empreinte, cachet, style, caractère »), du grec ancien χαρακτήρ, kharakter (« signe, empreinte »). (1274) karactere.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « caractère »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
caractère karaktɛr

Fréquence d'apparition du mot « caractère » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « caractère »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « caractère »

  • Un renard change de poil, non de caractère.
    Suétone — Vespasien
  • Sème un acte, tu récolteras une habitude ; sème une habitude, tu récolteras un caractère ; sème un caractère, tu récolteras une destinée.
    Dalaï Lama
  • Astérix est à l'image du Français tel que l'image d'Épinal l'a popularisé à l'internationale, et tel que René et moi souhaitions le caricaturer. Il a du caractère, et ce caractère, c'est bien le nôtre.
    Albert Uderzo — Le Figaro.fr, 5 août 2015.
  • Certains pensent qu’il suffit d’avoir mauvais caractère pour avoir du caractère, comme s’il suffisait d’avoir mauvaise haleine pour avoir du souffle !
    Grégoire Lacroix — Les euphorismes de Grégoire
  • On peut tout acquérir dans la solitude, hormis du caractère.
    Stendhal — De l’amour
  • Il n’y a pas un caractère d’entrepreneur. Mais il faut du caractère pour l’être.
    Peter Drucker
  • Ce qui persuade, c'est le caractère de celui qui parle, non son langage.
    Ménandre — Hymnis, fg. 472 K (traduction G. Guizot)
  • Le caractère est une force de la nature, l’absence de caractère d’autant plus.
    Anton Tchekhov — Platonov
  • L'indépendance, c'est d'abord une question de caractère, Certains ont les tendons fragiles, d'autres le foie ou le sommeil et d'autres encore, le caractère.
    Bernard Pivot — Le Métier de lire
  • Le caractère, qui, parfois demeure étranger au talent, anime toujours le génie.
    Georges Duhamel — Défense des lettres, Mercure de France
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Traductions du mot « caractère »

Langue Traduction
Anglais character
Espagnol carácter
Italien carattere
Allemand charakter
Portugais carácter
Source : Google Translate API

Synonymes de « caractère »

Source : synonymes de caractère sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « caractère »

Combien de points fait le mot caractère au Scrabble ?

Nombre de points du mot caractère au scrabble : 12 points

Caractère

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