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Brasser

Définitions de « brasser »

Trésor de la Langue Française informatisé

BRASSER1, verbe trans.

A.− Fabriquer de la bière en opérant à chaud le mélange du malt et de l'eau. Brasser la bière, le moût :
1. Là étaient tous les instruments d'économie domestique de ces pauvres filles, leur petit cuvier pour faire la lessive, leur petite cuve avec un appareil elliptique pour brasser elles-mêmes leur bière. Stendhal, Souvenirs d'égotisme,1832, p. 81.
2. Félicie avait même brassé de la bière en laissant aigrir de l'avoine bouillie et du sucre avec un peu de houblon. Quelle fête! Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 167.
P. métaph. Quinet, tout énivré de houblon, nous brasse des cuves de poésie (Sainte-Beuve, Mes poisons,1869, p. 115).
Absol. Ingelby ne brassait plus, mais il continuait les limonades, les sirops (Van der Meersch, Invasion 14,1935p. 310).
P. ext. Brasser le cidre :
3. Au mois de novembre ils brassèrent du cidre. C'était Bouvard qui fouettait le cheval, et Pécuchet, monté dans l'auge, retournait le marc avec une pelle. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 29.
B.− P. anal.
1. Agiter, remuer une substance ou un mélange à température élevée :
4. Pour préparer un bain, on laisse couler l'acide dans le saturateur vidé du sel du bain précédent, et contenant encore les eaux mères chaudes; on brasse le liquide pendant l'écoulement de l'acide, et on surveille sa densité... Y. Quéret, Manuel de l'industr. du gaz,1923, p. 271.
SYNT. Huiles brassées par la vapeur; brasser et mélanger les gaz combustibles et carburants; brasser du bitume (Lar. 20e).
P. métaph. Les héros, les gredins, les fous, les créateurs, sont mêlés et brassés dans l'ébullition d'une époque (Valéry, Variété 4,1938, p. 184).
Absolument :
5. En été (...) on caille le lait froid (...) mais alors on doit brasser et chauffer beaucoup (...) pour bien ressuyer le caillé... A.-F. Pouriau, La Laiterie,1895, p. 785.
MÉTALL. (notamment dans la technique de fabrication des monnaies). Brasser du métal (en fusion) :
6. Les lingots de fonte, jetés dans un four doublé d'un revêtement de scories, y étaient d'abord portés à une température élevée. Pour obtenir du fer, on aurait commencé à brasser cette fonte aussitôt qu'elle serait devenue pâteuse. Pour obtenir de l'acier, (...) on attendait que la fonte fût fluide et l'on avait soin de maintenir dans les fours une chaleur plus forte. Le puddleur alors, du bout de son crochet, pétrissait et roulait en tout sens la masse métallique; il la tournait et retournait au milieu de la flamme; ... Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 73.
2. Agiter, remuer, retourner, malaxer quelque chose en vue de résultats divers. Son pied a heurté par malchance le seau dans lequel on brasse la bouillie de son pour les poules (Bernanos, Nouvelle Hist. de Mouchette,1937, p. 1298):
7. Elle se plongeait dans les lingots jusqu'aux épaules, les brassait, les agitait, les roulait, les faisait sauter; ... T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 317.
8. ... les grands ventilateurs brassaient toujours l'air épais de la salle et les petits éventails multicolores des jurés s'agitaient tous dans le même sens. Camus, L'Étranger,1942, p. 1196.
P. métaph. ou au fig. Votre colossale machine publicitaire n'a fait que remuer l'opinion, l'agiter, la brasser (Bernanos, Les Enfants humiliés,1948, p. 258):
9. Tandis que la civilisation enferme le monde barbare dans les serres invincibles de l'Angleterre et de la Russie, la France brassera l'Europe dans toute sa profondeur. Michelet, Introd. à l'hist. universelle,1831, p. 470.
a) En partic. Malaxer, pétrir, remuer.
P. métaph. :
10. ... beaucoup de praticiens, habitués à brasser la chair (...) ont pu s'endurcir les nerfs jusqu'à regarder froidement toutes les plaies physiques... F. Fabre, Mademoiselle de Malavieille,1865, p. 292.
BOULANGERIE. Brasser la pâte (du pain). Synon. pétrir la pâte (du pain).Un boulanger qui malaxe et brasse la pâte de son pain (Cocteau, Poésie critique 2,1960, p. 7).
P. métaph. Préparons-nous à être versés dans le pétrin du Seigneur, à être brassés par les bras du Seigneur (Giono, Batailles dans la montagne,1937, p. 203).
b) Spécialement
AGRIC. Brasser le sol, la terre. L'aérer en la retournant (cf. brassage1C 1).
JEUX, fam. Brasser les cartes*; brasser les dominos, les dés :
11. ... nous jouons ces trous-là aux dés, ou bien avec des numéros brassés dans le bonnet du mousse. Chacun de nous gagne le sien et, pendant toute la campagne après, l'on n'a plus le droit de planter sa ligne ailleurs, ... Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 287.
PÊCHE. Brasser l'eau. La remuer pour amener le poisson dans les filets.
C.− Au fig.
1. [Le compl. d'obj. désigne un groupe humain. Correspond à brassage1* B] Brasser les hommes, les classes, les peuples... Les mêler, les amalgamer :
12. Une école régionale est d'une très grande valeur éducative. Elle brasse les diverses classes de la province, obtient une sorte d'homogénéité sociale dont la conquête est impossible autrement. J. de La Varende, La Dernière fête,1953, p. 69.
13. De grands faits historiques, ayant fortement brassé les hommes, ont pris naissance dans ce milieu. On a vu les familles et les tribus se combiner en confédérations, s'agglomérer en hordes qu'ont signalées des éclairs de puissance quasi mondiale. Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 212.
2. Brasser des affaires. Traiter de nombreuses et importantes affaires en même temps, souvent à la hâte et sans grand scrupule. Brasser de l'argent, des millions. En posséder, en manier beaucoup et le faire travailler :
14. Et qui sait si la lettre de ce prêteur, de ce Muller ne recelait pas quelque combinaison frauduleuse? Comment le débrouiller? Il en était bien incapable, ignorant tout du monde de l'argent, hors que s'y brassaient d'obscures affaires, souvent louches, toujours compliquées. Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 73.
3. Rare.
Brasser (plusieurs choses) en (une seule chose). Mêler ... en ..., fondre ... en ...
Brasser un ouvrage, un travail. Car ça « m'urge » en vue d'un bouquin de Mélanges que je brasse pour de vagues printemps (Verlaine, Correspondancet. 3, 1869-96, p. 184):
15. La prière du soir, grave et recueillie, se disait dans la salle à manger, devant une table débarrassée, parmi les heures confuses qui tenaient du plein jour par le travail qu'on y brassait encore et de la nuit par l'apaisement qu'elles conseillaient. Malégue, Augustin,t. 1, 1933, p. 64.
4. Vieilli. Tramer. Brasser une trahison, brasser quelque chose contre l'État (Ac. 1835-78).
Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires.
Pronom. [Sens passif] Se tramer, se préparer, se passer.
PRONONC. ET ORTH. : [bʀase], (je) brasse [bʀas]. Enq. : /bʀas/ (il) brasse. ,,La véritable orthographe serait non brasser, puisque le mot ne vient pas de bras, mais bracer, comme on l'écrivait généralement dans l'ancienne langue`` (Littré).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1175 bracier « fabriquer (de la bière) » (Benoît, Chron. des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 36738); 2. a) 1176 id. « mélanger » (Cligès, éd. A. Micha, 5700); b) ca 1175 « tramer, ourdir » (Benoît, ibid., 15105); 3. 1808 brasser des affaires (Ch. Fourier, Théorie des quatre mouvements et des destinées gén., éd. J.J. Pauvert, Paris, 1967, p. 213). Dér. du gallo-rom. *braciāre, de brace (brai2*). Lat. médiév. bratsare (ca 815, Polypt. Irminonis, br. 13, chap. 6 dans Nierm., s.v. braciare). Brasser a subi l'attraction sém. de bras dans certains de ses développements.
BBG. − Gohin 1903, p. 372. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 45; t. 2 1966, p. 15. − Horning (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1906, t. 30, p. 455. − Tournemille (J.). Étymol. et attraction. Déf. Lang. fr. 1966, no35, p. 15.

BRASSER2, verbe.

Agir avec les bras.
A.− Emploi trans., MAR. Agir avec ses bras sur une vergue pour orienter la voile dans une direction donnée. Brasser les vergues, les voiles :
1. Il s'agissait donc de conserver des voiles et de les brasser obliquement, de manière à présenter le travers à la tempête. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2,1868, p. 55.
Emplois abs. Brasser au vent, brasser babord, brasser tribord, brasser à culer. John remit la barre dessous et brassa en pointe (Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 21868p. 41).
B.− Rare, emploi intrans., SP. Nager à la brasse (cf. brasse II) :
2. ... j'entendis de grandes clameurs sortir des eaux. Je regardai et je vis trois ou quatre hommes qui nageaient vers ma cange et criaient : « Bakhchich, Christiani Kaouadja! » Puis ils approchèrent des plats-bords qu'ils saisissaient de leurs mains, recevant mon aumône, qu'ils mettaient dans leur bouche, et s'éloignèrent en brassant, ... Du Camp, Le Nil,1854, p. 105.
C.− Rare, emploi pronom. réfl. Se frotter le corps avec les bras :
3. ... avant l'ouverture de sa porte [de Popinot], ils s'étaient attroupés vers le matin en hiver, les femmes se chauffant avec des gueux, les hommes se brassant pour s'échauffer... Balzac, L'Interdiction,1836, p. 126.
PRONONC. ET ORTH. : [bʀase], (je) brasse [bʀas]. Dernière transcr. de la forme brasseïer dans Littré : bra-sé-ié; de la forme brasseyer dans DG : bra-sè-yé. La majorité des dict. enregistre les formes brasseïer et brasseyer pour lesquelles elle renvoie à brasser. On trouve brasseïer dans Besch. 1845, Lar. 19e(Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e), Littré; brasseyer dans Ac. 1835 et 1932, et dans Besch. 1845 (qui écrit brasséyer avec é accent aigu), Lar. 19e(Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e), Littré, Guérin 1892, DG, Rob. et Quillet 1965. Besch. 1845, Littré et Guérin 1892 mentionnent de plus les formes bracher, brachier. Besch. 1845 fait au sujet des nombreuses formes différentes de brasser la rem. suiv. : ,,Bracher, brachier, brasséier, brasseïer, brasseyer et brasser sont-ils des variantes d'un même verbe? Bracher et brachier peuvent avoir leur mérite sous le rapport étymologique; mais ils ne sont point, ils n'ont jamais été employés par les marins. Toutes ces formes sont dérivées du mot bras, soit qu'il s'agisse des manœuvres appelées bras, soit qu'elles désignent la fréquence du mouvement des bras de l'homme; par conséquent, bracher et brachier pèchent contre l'analogie. Brasséier, brasseïer et brasseyer sont le même mot sous trois formes rigoureusement incorrectes; ce devrait être brassier. Le choix devrait être en faveur de brasseyer et par analogie avec les autres verbes de même désinence, et parce que tout accent, tout signe orthographique est une gêne. Brasser est une expression correcte et claire qui a sa signification propre : en marine, c'est orienter les vergues au moyen des manœuvres appelées bras.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1683 mar. brassayer « orienter les vergues au moyen des bras » (Le Cordier dans Delboulle, Recueil de vx mots cité dans DG, s.v. brasser2); 1690 bracher, brasseyer (Fur., s.v. bras); 1694 brasser (Corneille). Spécialisation de sens de l'a. fr. braçoier, braceier, bracier « agiter les bras » (ca 1170, Benoit de Sainte-Maure, Chron. des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, Lund, 1954, t. 2, p. 166, 27747-48), dér. de bras* avec le suff. -eyer (-oyer*), alternant avec -ier (v. Nyrop t. 3, § 449) réduit à -er p. anal. avec les verbes où cette finale est précédée de consonne chuintante; l'acquisition du sens techn. mar. du mot s'est faite à partir du sens techn. « cordage » de bras*. À rapprocher avec d'autres termes de mar. comportant le même suff. -eyer; capeyer*, barbeyer*, faseyer*, etc. Les formes bracher et brachier sont des var. dialectales.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 192.
BBG. − Le Scal (Y.). Lang. de la mar. à voile. Vie Lang. 1961, p. 191.

Wiktionnaire

Verbe 2 - français

brasser \bʁa.se\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Marine) Mouvoir les bras d’une vergue pour changer la direction de la voile qu’elle porte.
    • Brasser au vent.
    • Il s’agissait donc de conserver des voiles et de les brasser obliquement. — (Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant, 1868, Chapitre V)
  2. Nager la brasse.
    • Je regardai et je vis trois ou quatre hommes qui nageaient vers ma cange et criaient : « Bakhchich, Christiani Kaouadja! » Puis ils approchèrent des plats-bords qu'ils saisissaient de leurs mains, recevant mon aumône, qu'ils mettaient dans leur bouche, et s'éloignèrent en brassant. — (Maxime Du Camp, Le Nil, 1854)

Verbe 1 - français

brasser \bʁa.se\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) ou \bʁɑː.se\ (standard Québec)

  1. Fabriquer de la bière en remuant le malt.
    • Brasser la bière, le moût.
    • Là étaient tous les instruments d'économie domestique de ces pauvres filles, leur petit cuvier pour faire la lessive, leur petite cuve avec un appareil elliptique pour brasser elles-mêmes leur bière. — (Stendhal, Souvenirs d'égotisme, 1832)
  2. (Par extension) Faire fermenter des pommes pour fabriquer du cidre.
    • Au mois de novembre ils brassèrent du cidre. C'était Bouvard qui fouettait le cheval, et Pécuchet, monté dans l'auge, retournait le marc avec une pelle. — (Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, 1880)
    • On prépare encore une boisson très-capiteuse et agréable au goût, nommée cidresse, avec les poires, en les brassant avec partie égale de pommes bien mûres. Mais elle passe vîte à l’acescence. — (Précis analytique des travaux de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, pendant l'année 1824, Rouen : Imprimerie de P. Periaux père, 1825, note 1 de la page 70)
  3. (Figuré) (Vieilli) Tramer, fomenter, comploter.
    • Il se brassait une conspiration conçue à Vienne, tramée à Rome, et prête d'éclater à Naples. — (Saint-Simon, 107)
    • Le pèlerin, d'aussi loin qu'il le vie,
      Feignit de croire apercevoir la dame,
      Et lui cria : Quoi donc méchante femme !
      A ton mari tu brassais un tel tour !
      Est-ce le fruit de son parfait amour !
      Dieu soit témoin que pour toi j'en ai honte.
      — (Jean de La Fontaine, Le Cocu, battu, et content)
  4. (Par analogie) Mouvoir, agiter en vue d’une opération.
    • Brasser du métal, des cuirs, des épingles, des clous.
  5. (Jeux) Mélanger des cartes ou tout autre objet.
    • Brasser les cartes, les dés, les feuilles.
    • Il sortit de la poche de sa robe de chambre un paquet de cartes, et les brassa. — (Patrick Modiano, Livret de famille, Gallimard, collection Folio, 1977, page 151)
    • Il était à ce moment dans son bureau et brassait au hasard, comme il avait dû le faire des dizaines de fois au cours des deux dernières semaines, les photos du sol de la scène du crime. — (Michel Houellebecq, La carte et le territoire, 2010, J’ai lu, page 326)
  6. (Informatique) Connecter.
    • Mais comment brasser ces deux lignes. — (frameip.com)
  7. (Argot des Gadz’Arts) Parler.
  8. (Pronominal) (Rare) Se frotter le corps avec les bras.
    • Tyltyl. – Quand on tremble comme ça : brrr ! brrr !... qu'on souffle dans ses mains et qu'on fait aller les bras comme ceci...
      . (Il se brasse vigoureusement.) — (Maurice Maeterlinck, L’Oiseau Bleu : féerie en cinq actes et dix tableaux, Éditions Charpentier & Fasquelle, 1910, page 120)
  9. (Québec) (Populaire) Créer ou maintenir une situation où il y a beaucoup d'action ; malmener.
    • Ça va brasser !
    • Or, Mme Blais s’est beaucoup fait brasser ces derniers mois. Certains en ont fait le bouc émissaire du printemps meurtrier dans les CHSLD. — (Josée Legault, Le combat de Marguerite Blais, Le Journal de Montréal, 6 novembre 2020)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BRASSER. v. tr.
Fabriquer de la bière en remuant le malt. Par extension, Brasser le cidre, Remuer des pommes à demi écrasées dans une certaine quantité d'eau. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Traiter, négocier hâtivement, et il ne se dit qu'en mauvaise part. Brasser beaucoup d'affaires, Traiter les affaires avec précipitation, en paraissant tenir plus au nombre qu'à la qualité. En termes d'Arts, il désigne par analogie l'Action de mouvoir, d'agiter en vue d'une opération. Brasser du métal, des cuirs, des épingles, des clous.

Littré (1872-1877)

BRASSER (bra-sé) v. a.
  • 1Opérer les mélanges nécessaires pour la fabrication de la bière. Brasser de la bière.
  • 2Remuer, agiter ensemble. Brasser de l'or et de l'argent fondus dans le creuset. Brasser la paillasse d'un lit. Disant ceci, toujours son lit elle brassait, Régnier, Sat. X.
  • 3 Fig. et en mauvaise part, tramer, pratiquer secrètement. Brasser une trahison, une perfidie. L'empereur ne savait rien de ce qu'on brassait contre sa famille, Perrot D'Ablancourt, Tacite, 255. Méchante femme ! À ton mari tu brassais un tel tour, La Fontaine, Coc. Sans qu'il se doute… De ce qu'amour en dehors vous lui brasse, La Fontaine, Cuv. J'étais venu afin de brasser mort à ce mage [Smerdis], Courier, II, 185.

    Se brasser, v. réfl. Être brassé, tramé. Il se brassait une conspiration conçue à Vienne, tramée à Rome, et prête d'éclater à Naples, Saint-Simon, 107, 136.

  • 4 Terme de pêche. Agiter et troubler l'eau avec des bouloirs pour faire donner le poisson dans les filets.

HISTORIQUE

XIIe s. Mais ore oiez que il li brace, Qu'il engigne, qu'il li porchace Sa mort e sa destruction, Benoit de Sainte-Maure, II, 691.

XIIIe s. Nus ne puet ne ne doit vendre cervoise ailleurs que en l'ostel où en [on] la brasse, Liv. des mét. 30. Tant a bracié la serve et tant s'en est peinée…, Berte, XVI. Qui a fait à ma fille brassier si fait chaudel ? ib. LXXXV. Nous savons bien que li quens Renaus a brasset ceste boulie, pour le descort dou conte de saint Pol, Chr. de Rains, 145. Chantecler, n'en sui pas en dot, Avez ceste traïson tote, Ce m'est vis, quise et porchaciée ; Mainte mauvestié as braciée, Ren. 29932. Toutevoies [il] tornoie et brace Por issir, mès riens ne li vaut, ib. 5088. Dames lor braceront tel poivre, Si pueent en lor laz cheoir, Qu'il lor en devra mescheoir, la Rose, 10934. J'ai par moi-meïsme brassé Mesaise que tousjours aurai, Bl. et Jeh. 1044. Jherusalem, ahi ! ahi ! Com t'a blecié et esbahi Vaine gloire, qui toz maus brasse, Rutebeuf, 104.

XIVe s. Et il dit que par vous en fu li fais brassés, Baud. de Seb. VI, 700.

XVe s. [Jean Lyon] veoit bien que Gisebrest Mahieu avoit en ce voyage brassé aucune chose contre lui, Froissart, II, II, 53.

XVIe s. De mal brasser vient l'amere boisson, Marot, J. V, 309. Adverti d'une conjuration que luy brassoit Cinna, Montaigne, I, 128. D'aultres rendent la gorge à veoir brasser un lict de plume, Montaigne, I, 184. Ainsi comme Menestheus brassoit ceste menée, la guerre survint là dessus, Amyot, Thés. 41. Perseus, voyant qu'Aemylius ne se remuoit point du lieu où il estoit, ne se doubtoit point aussi de la venue qu'on luy brassoit, Amyot, P. Aem. 36. Brassant et versant de l'eau de puits d'un verre en autre, Paré, XX, 23.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

BRASSER, v. neut. il se dit proprement de la manœuvre des brasseurs ou fabricateurs de bierre, dont le principal travail est des bras. Voyez Brasserie.

Le verbe brasser a passé de-là dans plusieurs autres Arts.

Brasser les vergues, (Marine.) c’est mettre les vergues horisontalement de l’avant en arriere, en maniant les manœuvres.

Brasser les voiles sur le mât, c’est-à-dire manœuvrer les voiles de telle maniere que le vent se mette dessus, au lieu d’être dedans : ce qui est aussi brasser à contre, terme usité pour la misene.

Brasse au vent, terme de commandement pour faire manœuvrer les vergues du côté d’où vient le vent. Brasse au vent tout court, se dit pour faire manœuvrer, ensorte que le vent ne soit pas au plus près. Brasse au plus près du vent, pour qu’il soit au plus près. Brasse sous le vent, c’est pour faire manœuvrer les vergues du côté opposé à celui du vent. Brasse à l’autre bord, pour faire brasser les vergues à l’autre bord. Brasse à porter, brasse à servir ; c’est pour faire brasser les vergues, ensorte que le vent donne dans les voiles. Brasser à contre, c’est-à-dire, brasser les bras du vent, & faire que le vent donne sur les voiles ; cela se pratique ordinairement lorsqu’on veut le mettre sur la voile de misene. C’est dans ce sens qu’on dit, brasse la misene à contre. (Z)

Brasser, (à la Monnoie.) verbe qui marque l’action de remuer le métal lorsqu’il a acquis l’état de fluidité. L’or ne se brasse point de même que l’argent & le billon. Voyez Brassoir.

* Brasser, terme de Pêcheur, c’est agiter & troubler l’eau avec la bouloire, pour faire sortir le poisson & le conduire dans les filets.

* Brasser, en terme de Tannerie, c’est remuer les cuirs, les agiter, & retourner pendant un certain tems dans une cuve remplie de tan & d’eau chaude, pour les rougir. Voyez Tanner.

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Étymologie de « brasser »

(Verbe 1) Du gaulois bracis, passé au latin populaire *braciare, de braces (« blé blanc, malt »), apparenté à braise (« drêche »), brai. Le sens étymologique est proche de « (faire) fermenter ». Il a subi l’influence sémantique de bras dans certains de ses sens. La véritable orthographe serait non brasser, puisque le mot ne vient pas de bras, mais bracer, comme on l'écrivait autrefois[1].
(Verbe 2) Dénominal de bras ou brasse.
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Wallon, bréser ; bas-lat. brassare, braciare, brachare, brasiare, braxare, brassicare, bratsare ; anc. espagn. brasar ; allem. brauen ; angl. to brew. On regarde ordinairement brasser comme venant de bras, et comme signifiant remuer avec les bras ; mais quand on prend en considération brasium, braseum, bracium, brace, qui signifient orge trempée dans l'eau, le wallon brâ, ancien wallon braz, le namurois brai, blé préparé pour faire de la bière ou du genièvre, le wallon brahî, torréfier le blé germé pour en faire du brâ ; le rouchi grain bragé, braisé, brésé ; on reconnaît que brace, mot qui se trouve dans les auteurs latins et qu'ils donnent pour gaulois, est l'origine de brasser. Ce mot existe en effet dans le celtique : kymri, brag ; gaél. bracha, braich, grain fermenté ; bas-breton, bragez, germe de grain. Les germanistes accordent que l'allemand brauen vient du bas-latin braxare, et non braxare de brauen. La véritable orthographe serait non brasser, puisque le mot ne vient pas de bras, mais bracer, comme on l'écrivait généralement dans l'ancienne langue.

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Phonétique du mot « brasser »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
brasser brase

Fréquence d'apparition du mot « brasser » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « brasser »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « brasser »

  • Dire que les microbrasseries ont poussé comme des champignons dans notre Royaume est une lapalissade. Selon l’asbl Zythos, on comptait en effet, en début d’année, près de 607 sociétés brassicoles quand il n’y en avait encore ‘que’ 267 en 2014. Un phénomène qui n’est d’ailleurs pas que Belge. A l’instar du vin, la bière a retrouvé ses lettres de noblesse dans l’esprit des gens. Les concepts de terroir, produits naturels, production local et savoir-faire ont participé à cet engouement. Si on boit peut-être moins, on le fait en tout cas mieux. Moins de pils certes, mais plus de bières ‘spéciales’.
    Metro — Des bières XXS
  • Rituels qui brassent beaucoup de monde (comme l'affichage des résultats du bac devant les lycées), les kermesses ne sont pas interdites par le ministère de l'Éducation nationale. Elles sont même encouragées, mais il faut respecter l'interdiction de brasser les élèves de différentes classes.
    Franceinfo — "Je n'ai absolument pas le temps de penser à organiser un chamboule-tout" : le casse-tête des kermesses de fin d'année
  • « Nous gardons le cap même si le coronavirus a retardé notre développement », raconte Benoit Fleuret, le directeur général de la brasserie L'Instant, une marque de bière artisanale seine-et-Marnaise, implanté à Pontault-Combault. Avec ses associés, ils ont lancé un appel au financement participatif sur Ulule afin d'acquérir du matériel de qualité pour brasser leurs bières avec du matériel de professionnel.
    leparisien.fr — Pontault-Combault : le financement participatif du brasseur de L’Instant pétille - Le Parisien
  • Des engins de terrassement ont investi depuis peu l’espace de verdure en contrebas du château du Burck, à l’angle de l’avenue Pierre-Mendès-France et de la rue du Maréchal-Foch. Leur mission : brasser des tonnes de terre en vue d’améliorer le drainage du site.
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  • « J’ai monté ce projet pour brasser du livre »
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  • Ce qui me parlait, c’était le côté « patrimoine perdu ». En Lorraine, on avait une très bonne eau grâce aux Vosges, donc on a eu plein de brasseries. Petit à petit, ça s’est réduit et une partie de l’industrie est allée en Alsace. Les traditions du XXe siècle se sont un peu perdues et ont disparu. Depuis 10 à 20 ans, le mouvement des microbrasseries est apparu et ça a recommencé à croître.
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  • Au mois de mars, Jeanne, ma dernière fille, s’ennuyait et m’annonce qu’elle souhaite brasser. La brasserie étant en sommeil pour cause de coronavirus, j’accède à sa demande. Ma fille me dit : nous allons faire une bière au miel. Ce sera rigolo. Je ne savais pas où nous allions. J’ai écrit la recette sur un coin de table vite fait à la fin d’un repas.
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  • Pour ça, Guillaume Melin a mis toutes les chances de son côté. Il a investi une grange, qu’il a rénovée pour y installer ses trois fermenteurs. « J’ai préféré le format de bière 75 cl qui demande moins de manutentions. Tout est fait à la main », explique Guillaume Melin, qui prévoit de brasser 1 500 à 2 000 litres par mois.
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  • La bière a fait la renommée de nombreuses abbayes pendant des siècles. Si avant, le brassage était une activité réservée aux femmes, les moines prirent peu à peu le relais dès le début du Moyen-Age. On leur accorde d’ailleurs la découverte du houblon. Le brassage leur a également donné des privilèges. Privilèges que Charlemagne leur donnera en 768 en leur accordant l’exclusivité. Les laïcs pouvaient brasser mais devaient s’acquitter de la « taxe de Gruyt » qu’ils reversaient aux moines.
    Radio Notre Dame — Avec les moines de St Wandrille : « Apportez votre bière à l’édifice » – Radio Notre Dame
  • Une politique qui se borne à brasser des rêves les trompe tous. Une politique qui les ignore se trompe sur la nature de ceux qu'elle prétend conduire.
    François Mitterrand — France-Soir - 23 Novembre 1970
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Traductions du mot « brasser »

Langue Traduction
Anglais brew
Espagnol brew
Italien fermentare
Allemand brauen
Portugais amadurecer
Source : Google Translate API

Synonymes de « brasser »

Source : synonymes de brasser sur lebonsynonyme.fr

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Brasser

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