La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « ange »

Ange

Variantes Singulier Pluriel
Masculin ange anges

Définitions de « ange »

Trésor de la Langue Française informatisé

ANGE, subst. masc.

I.− RELIGION
A.− [De façon continue dans certaines relig., ou de façon temporaire dans les croyances de certaines époques] Puissance secondaire de caractère sacré, qui anime, régit l'univers et les éléments et qui, soumise à la divinité ou en révolte contre elle, intervient en bien ou en mal dans la vie des hommes :
1. Les Indiens ont aussi leurs génies, qui président aux diverses régions du monde. Le systême astrologique avait soumis chaque climat, chaque ville à l'influence d'un astre. On y substitua son ange, ou l'intelligence qui était censée présider à cet astre et en être l'ame. Ainsi les livres sacrés des Juifs admettent un ange tutélaire de la Perse, un ange tutélaire des Juifs. Dupuis, Abr. de l'Orig. de tous les cultes,1796, p. 59.
B.− Dans les religions (judéo-)chrétiennes.Être spirituel supérieur à l'homme, inférieur à Dieu, dont il est une créature soumise ou révoltée :
2. Différentes religions connaissent des esprits de la nature et des êtres semblables aux anges, intermédiaires entre la divinité et l'homme, tels que les demi-dieux et les démons (...). Les fonctions de ces êtres, dans le domaine judéo-chrétien, sont passées plus ou moins aux anges. Mais la figure de l'« ange », proprement dit, en tant qu'esprit au service d'une puissance supraterrestre, est caractéristique de la foi judaïque et chrétienne, ainsi que des religions qui ont subi son influence (par exemple le syncrétisme antique et l'Islam). Fries t. 4 1967.
3. Conformément au principe de Denys qui veut que le haut de l'ordre inférieur confine au bas de l'ordre supérieur, saint Thomas situe l'homme entre l'ange et la bête, touchant à l'un par le sommet de son intellect, à l'autre par la caducité de son corps. Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,t. 2, 1932, p. 11.
Ange de lumière, ange du ciel, ange fidèle, saint ange, bon ange, ange blanc. Ange resté fidèle à Dieu. C'est aussi ,,l'un des noms de Satan : « Car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. » (Paul, II Cor. 11, 14).`` (Tondr.-Vill. 1968).
Ange déchu, ange rebelle, ange de(s) ténèbres, ange de l'abîme, ange du diable, ange de Satan, ange noir, mauvais ange. Ange qui, à la suite de son prince, Satan, a péché par orgueil, s'est révolté contre Dieu et a été, en châtiment, maudit, chassé du ciel et précipité en enfer. Chute des anges :
4. Il serait difficile de rendre avec une noblesse plus idéale que ne l'a fait Raphaël la sérénité distraite et un peu dédaigneuse de l'Archange exécutant l'ordre de Dieu sur l'ange rebelle, autrefois son compagnon de gloire. T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 31.
Anges de l'Apocalypse. Les quatre cavaliers de l'Apocalypse de Jean, symboles de la guerre, de la victoire, du jugement, de la mort, et ministres de la vengeance divine.
En partic., dans la religion cath.Messager de Dieu auprès des hommes; serviteur chargé d'exécuter les ordres de Dieu :
5. Dieu, dans s. Matthieu, envoie un ange à Joseph, pour lui expliquer le mystère de la naissance de Jésus; puis le même ange réapparaît à Joseph en Égypte, pour lui annoncer la mort d'Hérode. Dans s. Luc, l'ange Gabriel est envoyé à Élisabeth et à Marie. Dans s. Matthieu, quand Jésus ressuscite, « Il se fit un grand tremblement de terre; car un ange du seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre du sépulcre, et s'assit dessus. » Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 854.
6. Notre monde actuel serait-il encerclé par des êtres invisibles? Je crois qu'il existe des anges. Je songe aux Chérubins, aux Trônes, aux Dominations, à la multitude des anges qui peuplent l'espace sur nos têtes et nous surpassent fraternellement dans la série des êtres comme nous-mêmes nous dépassons nos frères inférieurs, les bêtes. Barrès, Mes cahiers,t. 14, 1922-1923, pp. 104-105.
7. Parmi les anges se détachant avec un relief particulier l'« ange de Yahvé » (...) ou « ange de Dieu » (...), par lequel Dieu se manifestait, si bien qu'au lieu de parler de son ange on pouvait aussi parler directement de Dieu (...). Cet « ange » avait peut-être été regardé à l'origine comme une manifestation de Dieu, comme Dieu lui-même qui, invisible en soi, se rendait par son « ange », dans certaines situations, présent et agissant; mais depuis le temps des rois, et déjà bien avant dans la pensée populaire, cette manifestation de Dieu fut considérée comme un envoyé céleste distinct de Dieu (...). Fries t. 4 1967.
Ange exterminateur, ange de la mort. L'ange qui, après le départ des Israélites pour la terre promise, frappa de mort tous les premiers-nés d'Égypte :
8. On a fort accusé Lucain pour avoir dit que la peur a créé des dieux. Joseph de Maistre ne dit pas autre chose et soutient que la terreur est la destinée de l'homme; que l'ange exterminateur parcourt le monde éternellement. Vigny, Le Journal d'un poète,1842, p. 1169.
Pain des anges. L'Eucharistie :
9. Ô Christ, c'était toi! Christ! c'était ton corps sacré, Pain des Anges, par qui tout sera réparé, Ton corps, Seigneur, substance et nourriture vraies, Avec l'intarissable eau vive de tes plaies! Leconte de Lisle, Poèmes barbares,Le Corbeau, 1878, p. 276.
10. ... si l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Deutér. VIII, 3), comment penser que dans l'autre monde il n'y aura plus rien qui réponde à la communion eucharistique et que le pain des anges fera défaut à notre alimentation? Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 195.
Sainte mère des anges, reine des anges. La Vierge Marie.
Ange gardien, ange tutélaire, ange protecteur ou bon ange. Ange que la croyance attache à chaque homme en particulier et chargé de le protéger, de le conduire à son salut en l'incitant au bien. Bon ange, mauvais -. Selon la croyance populaire, ange de Dieu donc du bien, et ange de Satan donc du mal, qui se disputent l'âme de chaque homme :
11. Vous vous compariez l'autre jour à cet homme baigné de sueur froide qui, dans la grande scène de Michel-Ange, s'attache avec désespoir à l'ange chargé de le disputer au démon. (...). Prenez garde que le bon ange ne se lasse, prenez garde que le mauvais ne se cramponne à vos pieds débiles : c'est à vous de décider lequel des deux vous aura. G. Sand, Lélia,1839, p. 394.
P. méton. Représentation (en peinture, en sculpture ...) d'un ange :
12. Dans la nouvelle iconographie, l'ange et le démon perdent leur physionomie mystérieuse, leur aspect de rêve et se rapprochent de l'homme. É. Mâle, Art relig. après le Concile de Trente,1932, p. 236.
II.− P. ext.
A.− Pur esprit, créature parfaite opposée à l'être corporel et imparfait. Faire l'ange, (n'être) ni ange ni bête (cf. Pascal, Pensées, Paris, Brunschvicg, 1662, p. 358 : ,,L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête.``) :
13. Aussi je ne dirai pas du tout que qui veut faire l'ange fait la bête; mais bien plutôt que qui n'a point su faire l'ange fait la bête et pis que la bête. Alain, Propos,1926, p. 683.
Bon ange, ange blanc. Symbole du principe du bien. Mauvais ange, ange noir. Symbole du principe du mal :
14. Qu'est-ce que les convulsions d'une ville auprès des émeutes de l'âme? L'homme est une profondeur plus grande encore que le peuple. Jean Valjean, en ce moment-là même, était en proie à un soulèvement effrayant. Tous les gouffres s'étaient rouverts en lui. Lui aussi frissonnait, comme Paris, au seuil d'une révolution formidable et obscure. Quelques heures avaient suffi. Sa destinée et sa conscience s'étaient brusquement couvertes d'ombre. De lui aussi, comme de Paris, on pouvait dire : les deux principes sont en présence. L'ange blanc et l'ange noir vont se saisir corps à corps sur le pont de l'abîme. Lequel des deux précipitera l'autre? Qui l'emportera? Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 383.
La partie spirituelle dans l'homme :
15. Il y aurait en nous deux créatures distinctes. Selon Swedenborg, l'ange serait l'individu chez lequel l'être intérieur réussit à triompher de l'être extérieur. Un homme veut-il obéir à sa vocation d'ange, dès que la pensée lui démontre sa double existence, il doit tendre à nourrir la frêle et exquise nature de l'ange qui est en lui. Si, faute d'avoir une vue translucide de sa destinée, il fait prédominer l'action corporelle au lieu de corroborer sa vie intellectuelle, toutes ses forces passent dans le jeu de ses sens extérieurs, et l'ange périt lentement par cette matérialisation des deux natures. Dans le cas contraire, s'il substante son intérieur des essences qui lui sont propres, l'âme l'emporte sur la matière et tâche de s'en séparer. Quand leur séparation arrive sous cette forme que nous appelons la mort, l'ange, assez puissant pour se dégager de son enveloppe, demeure et commence sa vraie vie. Balzac, Louis Lambert,1832, pp. 68-69.
B.− [P. allus. à la perfection attribuée aux anges]
1. [La constr. ange + de + subst. est fréq.] Personne douée jusqu'à la perfection d'une qualité morale ou physique. Ange de beauté, de pureté :
16. Vous confondez dans les règles vulgaires une personne douée comme aucune femme ne l'a jamais été, un ange d'esprit et de bonté; un génie admirable, et néanmoins un caractère sensible et timide; une imagination sublime, une générosité sans bornes; ... Mmede Staël, Corinne,t. 3, 1807, p. 152.
17. ... il [le docteur] a un ange auprès de lui, la plus céleste jeune fille. Balzac, Ursule Mirouët,1841, p. 124.
Rare. [En parlant de qqc.] :
18. ... le verbe, ange du mouvement, (...) donne le branle à la phrase. Baudelaire, Paradis artificiels,1860, p. 376.
19. ... le pays mérite description pour l'âpreté vraiment remarquable de ses sites et l'exquise suavité de certains de ses produits, − le jambon par exemple, qui est un ange... Verlaine, Correspondance,t. 1, 1869-1896, p. 253.
2. [Dans certaines tournures, en parlant de pers.] Pour marquer l'admiration : c'est un ange, vous êtes un ange; l'amour : mon ange, (mon) cher ange, mon ange adoré(e), mon ange bien-aimé(e); l'affection ou l'amitié, particulièrement à l'égard des enfants : (mon) petit ange; la pitié : pauvre ange, pauvre cher ange, pauvre petit ange.
Rem. Qq. écrivains, employant le mot ange à propos d'une femme, ou imaginant des anges du sexe fém., font de ce mot un fém. : (ma) chère ange, une ange charmante, cette ange, mon ange bien-aimée; ou mettent au fém. le pron. qui s'y rapporte : notre ange, elle aussi... :
20. ... sous une pâle robe, Son pied blanc tour à tour se montre et se dérobe, Et son sein agité, mais à peine aperçu, Soulève les contours du céleste tissu. C'est une femme aussi, c'est une Ange charmante; Car ce peuple d'Esprits, cette famille aimante, Qui, pour nous, près de nous, prie et veille toujours, Unit sa pure essence en de saintes amours : Vigny, Poèmes antiques et modernes,Éloa, 1837, p. 25.
21. ... voilà une ange qui ne m'échappera plus. (...). (J'ai mis ange au féminin. En effet, puisque les anges sont de purs esprits, je ne vois pas pourquoi on les représente exclusivement sous la forme mâle, sinon pour satisfaire la pédérastie inavouée du genre humain.) Montherlant, Les Jeunes filles,1936, pp. 1023-1024.
Plus rarement. [En fonction d'attribut, avec valeur d'adj.] Être ange, être plus ange que (qqn), être trop ange, être par-dessus tout ange :
22. Oh! si vous existez, mon ange, mon génie (...) volez (...) Vers cet être charmant que je sers à genoux Et qui, puisqu'il est femme, est plus ange que vous! Hugo, Toute la lyre,t. 2, 1885, p. 85.
3. Subst. + de + ange.Voix, cheveux d'ange, visage, figure d'ange :
23. Il rit avec un regard d'ange, avec ses yeux, avec son front où tout est limpidité. Barrès, Les Amitiés françaises,1903, p. 193.
Patience d'ange. Patience extraordinaire, exemplaire.
4. Loc. Comme un ange. S'emploie précédée d'un adj. ou d'un verbe pour exprimer le haut degré de la qualité que possède qqn (beau, belle comme un ange) ou la perfection avec laquelle qqn fait qqc. (dormir, travailler comme un ange) :
24. ... ce damné seigneur, beau comme un ange et méchant comme un diable, n'abandonnerait certes pas son entreprise, ... T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 355.
5. Proverbes
Faire d'un ange deux. ,,Faire deux bonnes choses d'un seul coup. On disait, dans le sens contraire, faire d'un diable deux.`` (Lar. 19e). Au prêter ange, au rendre, diable. ,,Proverbe qui répond à celui-ci : ami au prêter, ennemi au rendre.`` (Lar. 19e). Ange à l'église et diable à la maison. ,,Se dit d'une personne qui, en public, paraît bonne et douce, et qui, dans son intérieur, se montre méchante et acariâtre.`` (Lar. 19e).
C.− Loc. [P. allus. au bonheur céleste des anges tel que notamment il est représenté dans les arts plast.].
Être aux anges. Être transporté de joie. Ell. aux anges :
25. Ma femme est bien heureuse d'être grand'mère, Charles est aux anges d'être papa, Alice est ravie d'être maman, tu es enchanté d'être oncle, et moi je suis enchanté, ravi, heureux, et aux anges. Hugo, Correspondance,1867, p. 14.
Rem. Être aux anges est ,,fam.`` selon Ac. t. 1 1932.
Rire aux anges, sourire aux anges. En bonne part, dans le même sens que être aux anges, ou en parlant de quelqu'un (en partic. d'un bébé) qui semble sourire dans son sommeil; en mauvaise part, avec le sens « rire niaisement » :
26. Le bonheur la transfigure, elle va revoir sa petite Aimée, et, d'allégresse, ne cesse de sourire aux anges, dans l'omnibus qui nous ramène à la gare. Colette, Claudine à l'école,1900, p. 238.
Un ange passe. Se dit lorsqu'un silence gêné ou ironique interrompt une conversation :
27. Un silence ironique laissa passer ses anges... H. Bazin, La Tête contre les murs,1949, p. 312.
Vieilli. Boire aux anges. ,,Boire sans plus savoir quelle santé on peut porter.`` (Nouv. Lar. ill.); attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré).Vx. Voir des anges violets. ,,Avoir un éblouissement causé par un coup porté sur les yeux; ou, se repaître de songes creux. On dit de même, dans le premier sens, en voir trente-six chandelles.`` (Lar. 19e; attesté également ds Ac. 1835, Besch. 1845, Littré, Nouv. Lar. ill.).
D.− [P. allus. aux différentes sortes d'anges, à leurs différentes fonctions, le plus souvent à propos d'une pers.] :
28. En guerre, l'homme ne devient-il pas un ange exterminateur, une espèce de bourreau, mais gigantesque? Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 178.
29. Et elle [MmeJosserand] parla de son fils (...). − Songez donc, chère amie, qu'il n'a pas trente ans... Oh! il sait ce qu'il vous doit, et je suis moi-même pénétrée de reconnaissance. Vous resterez son bon ange. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 326.
30. Pierre de B. n'avait pas été un grand criminel, un ange de ténèbres; l'eût-il été que Céline l'aurait accompagné allègrement en chantant ses gloires jusque dans les palais souterrains. Giono, Angelo,1958, p. 32.
[P. allus. à divers épisodes de la Bible, notamment Gen. XXXII, 25-31 (lutte de Jacob avec l'ange, symbole du combat spirituel)] :
31. La poésie de Baudelaire, c'est la lutte avec l'ange. Et Taine aussi a connu ces crises de celui qui, aux prises avec la vérité, ne s'y veut pas soumettre. Barrès, Mes cahiers,t. 13, 1921, p. 98.
[P. allus. à la représentation des anges] Ange bouffi. ,,Popul. Enfant qui a le visage fort plein et de grosses joues, parce que les peintres représentent communément ainsi les anges, et surtout les chérubins et les séraphins.`` (Besch. 1845; attesté également ds DG). Vx. Ange de grève. ,,Crocheteur; dit ainsi par plaisanterie, à cause que les crocheteurs se tenaient beaucoup sur la place de Grève et que l'on comparait leurs crochets à des ailes.`` (Littré; attesté également ds Besch. 1845, Guérin 1892).
III.− Emplois techn.
A.− AMEUBL. ANC. Lit d'ange ou lit à l'ange. Lit sans colonnes, surmonté (sur une partie de sa longueur seulement) d'un baldaquin à rideaux relevés :
32. L'alcôve était séparée de la salle par une cloison qui s'arrêtait au pied d'un lit à l'ange. Genevoix, Les Mains vides,1928, p. 83.
B.− HÉRALD. ,,Esprit céleste, dont la position ordinaire dans l'écu est d'être de front, les extrémités vers le chef. On en rencontre peu dans les armoires; ils font plus souvent partie des ornements extérieurs.`` (Grandm. 1852).
C.− ICHTYOL. Ange de mer (ou ange ou angel ou angelot). Nom usuel d'un poisson d'une forme intermédiaire entre celle des squales et celle des raies :
33. La chair de l'ange de mer est assez délicate et sa saveur rappelle beaucoup celle de la raie. Tous les modes d'apprêts indiqués pour ce dernier poisson sont applicables à l'ange de mer. Mont.1967.
D.− MODES. Coiffure à l'ange, cheveux à l'ange, être coiffée à l'ange :
34. La nouvelle coiffure à l'ange, les bandeaux de Cléo de Mérode, s'accommodaient du canotier en auréole... Colette, Le Képi,1943, p. 23.
E.− PARFUMERIE ANC. Eau d'ange, eau des anges. Eau distillée aromatique :
35. Le style parfumé Louis XIII, composé des éléments chers à cette époque, de la poudre d'iris, du musc, de la civette, de l'eau de myrte déjà désignée sous le nom d'eau des anges, était à peine suffisant pour exprimer les grâces cavalières, les teintes un peu crues du temps, ... Huysmans, À rebours,1884, p. 151.
F.− SP. Saut de l'ange. En natation ou en chorégraphie, saut ou plongeon qui s'exécute en s'élançant les bras ouverts, les jambes réunies arquées en arrière.
G.− FOLKL. Cheveu(x) d'ange. Guirlande en fil d'argent pour la décoration des arbres de Noël.
IV.− Arg., fam.
Ange gardien, ange. Gardien de la paix chargé d'accompagner et de surveiller un détenu; p. ext. agent de police; p. anal. gendarme :
36. Mais une fois rentré sous la garde d'un huissier à chaîne d'acier, dans le vestibule où les gendarmes m'attendaient, je me suis mis à pleurer comme un enfant, si bien que « mes anges gardiens » se mirent à me consoler... Verlaine, Mes prisons,1893, p. 391.
37. ... ce n'était pas en son honneur [du fils du comte de Paris] mais au mien que le préfet de police jugeait bon de nous faire escorter par ses anges. Excès de prudence, je le crois. Il n'empêche que cela compose l'atmosphère d'une époque. Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes,1961, p. 160.
Donner un ange au bon Dieu. Faire avorter. Faiseuse d'ange. Avorteuse (cf. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu, 1936, p. 171).
Les anges pissent. ,,Il pleut.`` (L. Rigaud, Dict. du jargon parisien, L'Arg. anc. et mod., 1878, p. 11).
,,Lesbienne`` (Bruant 1901) :
38. ... − Vous aviez un ange? − Un amour qui s'appelait Suze Flavigny... (R. Maizeroy). Bruant1901.
Rem. gén. Ange peut, dans la lang. littér., fonctionner comme 1erélément de composé, habituellement relié au second par un trait d'union : un ange-femme (Balzac, Louis Lambert, 1832, p. 71); ces anges-vierges (Hugo, Les Rayons et les Ombres, 1840, p. 408); ces petits anges-gitons (E. et J. de Goncourt, Journal, 1860, p. 804); un petit ange-pupitre (T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 105).
PRONONC. : [ɑ ̃:ʒ]. Enq. : /ã ʒ/.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− 1. Mil. xies. angele (Alexis, éd. Paris et Pannier, 18c ds T.-L. : une imagene... Qued angele firent); ca 1100 angle (Rol., éd. Bédier, 2262); xiies. angre (Ronc., p. 92 ds Littré); 1641 ange (Calvin, Instit., 107, ibid.); 2. p. anal. fin xvies. « jolie et douce créature (ici au fém., désigne une femme aimée) » (Guy de Tours, Le paradis d'amour, II, 21 ds Hug. : Pose la Devarfil auprès cette belle ange. Il n'est fille dans Tours plus digne de louange Pour la facondité de son langage doux). II.− a) 1340, 27 janv., par synecdoque, numism. « monnaie d'or émise par Philippe VI de Valois, portant sous un dais gothique un ange couronné, debout sur un dragon et tenant une croix à long pied et un écu, le tout dans une rosace » [d'apr. Giani, Les Monnaies royales fr., 1926, p. 64] (Ord., VI, X ds Gdf. Compl. : Deniers d'or fin appelez angles qui auront cours pour soixante quinze souls tournois la piece); b) peut-être par antiphrase, 1548 ichtyol. ange de mer « sorte de squale » (Rabelais, IV, 60 ds Hug.). Du lat. chrét. angelus (gr. α ́ γ γ ε λ ο ς « messager, envoyé », Homère, et « envoyé de Dieu, ange », Septante ds Bailly), attesté au sens 1 dep. Tertullien, passim ds TLL s.v., 45, 44-50; p. anal. au sens de « homme de piété remarquable » (Collectio avellana, 566, 8, ibid., 45, 68). Angle, angre sont de formation pop., reposant sur une forme syncopée par chute de la pénultième atone (paroxyton). Angele suppose un lat. proparoxyton où la pénultième atone a été conservée (en raison du caractère sav. du mot et prob. aussi en raison de la complexité du groupe consonantique qu'aurait entraîné la syncope); apr. chute régulière de la voyelle finale, la consonne intervocalique, devenue finale derrière voyelle inaccentuée, ne tarda pas à s'amuïr; angele n'a été dès lors qu'une graphie traditionnelle ne comptant que pour deux syllabes; Fouché p. 472, 507, 661; voir aussi Berger, Die Lehnwörter in der frz. Sprache ältester Zeit. 1899, pp. 56-58.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 6 725. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 13 918, b) 10 177; xxes. : a) 7 442, b) 6 794.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Allmen 1956. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Baudr. Pêches 1827. − Bible 1912. − Bible Suppl. t. 1 1928. − Bouillet 1859. − Boulan 1934, p. 132. − Bouyer 1963. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Chass. 1970. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 158. − Dheilly 1964. − Divin. 1964. − Duch. Beauté 1960, pp. 109-110. − Dul. 1968. − Esn. 1966. − Foi t. 1 1968. − France 1907. − France Suppl. 1907. − Fries t. 1 1965. − Gottsch. Redens. 1930, pp. 357-359. − Grandm. 1852. − Jal 1848. − Lar. mén. 1926. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. − Lej. 1969. − Le Roux 1752. − Mar. Lex. 1933. − Marcel 1938. − Masson 1970. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 20, 57; pp. 230-231. − Michel 1856. − Mont. 1967. − Nelli 1968. − Noter-Léc. 1912. − Pollet 1970. − Pope 1961 [1952], § 639, 641, 644. − Privat-Foc. 1870. − Rolland (E.). Faune pop. de la France. 11. Paris, 1967, p. 158. − Sain. Lang. par. 1920, p. 400. − Théol. bibl. 1970. − Timm. 1892. − Tondr.-Vill. 1968. − Viollet 1875. − Will. 1831.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

ange \Prononciation ?\ masculin

  1. Ange.

Nom commun - français

ange \ɑ̃ʒ\ masculinNote : Le féminin, lorsqu’il se justifie (les anges pourraient être asexués ; la scolastique n’a toujours pas tranché), peut être une ange ou une angesse.

  1. (Bible, Religion) Créature purement spirituelle, qu’on représente sous figure humaine, avec des ailes, et qui désigne tantôt un envoyé céleste, tantôt un pur esprit intermédiaire entre Dieu et les hommes.
    • Il n'y a d'ailleurs pas de mot spécifique dans l’hébreu biblique pour parler des anges. Le mot mal’ak désigne une fonction, celle d’émissaire, d’envoyé. — (Jean-Christophe Thibaut, Libère-nous du mal, Novalis/Artège 2020, p. 39)
    • Les hommes sont endormis, susurrait Jean-Louis, les péchés sont abolis ; il reste les anges. — Oui, répondis-je, et, Dieu merci, les mauvais anges : méfie-toi, Jean-Louis, je suis Lucifer […] — (Pierre-Henri Simon, Les Raisins verts, 1950)
    • Les êtres corporels se trouvent tous ensemble dans la matière, mais les anges ne se rencontrent pas avec les êtres corporels dans une matière commune. — (Thomas d’Aquin, De la production des anges dans l’ordre de la nature, part. 1, question 61, article 4, dans Somme théologique de S. Thomas d’Aquin, vol.2, traduction F. Lachat, 1855, p. 595)
    • Saint Augustin, dans sa cent neuvième lettre, ne fait nulle difficulté d'attribuer des corps déliés et agiles aux bons et aux mauvais anges. — (Voltaire, Dictionnaire philosophique, 1764)
    • Dieu, répondit la mère, qui voit ceux qui souffrent et qui leur envoie ses anges pour les secourir. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer, 1839)
    • L’ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
      Les anges y volaient sans doute obscurément,
      Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
      Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.
      — (Victor Hugo, Booz endormi in « La légende des siècles »)
    • Qui a rejeté son démon nous importune avec ses anges. — (Henri Michaux, Tranches de savoir)
    1. Esprit bienheureux qui fait partie de la hiérarchie céleste.
      • Les sons mélodieux que les anges chantent aux martyrs et qui leur font oublier les souffrances ont accompagné l’orgue ! — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844 ; page 221 de l’édition Houssiaux de 1855)
      • Lorsque je me confessais à un abbé, je lui avouais mes relations avec Notre-Seigneur, avec la Vierge, avec les Anges ; aussitôt il me traitait de folle quand il ne m’accusait pas d’être possédée par le démon ; en fin de compte, il refusait de m’absoudre ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
      • Et l'ange tomba doucement, jusqu'à en perdre ses plumes — (Tony Perraut, Et l'ange tomba, 2017)
    2. Démon.
      • Les anges déchus.
  2. (Figuré) Personne d’une piété extraordinaire, d’une grande vertu, d’une extrême douceur.
    • Ce sont des anges que ces sœurs de charité.
    • Cette femme est un ange de piété, de vertu, de douceur, de bonté.
    • Tartuffe — Je sais qu’un tel discours de moi paraît étrange ;
      Mais, Madame, après tout, je ne suis pas un ange,
      Et si vous condamnez l’aveu que je vous fais,
      Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits.
      — (Molière, Tartuffe ou l’Imposteur, acte III)
    • L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. — (Blaise Pascal, Pensées)
  3. (Par extension) Personne d’une grande utilité, d’une grande influence.
    • Tu es toujours mon bon ange, Waldemar, s’écria le prince, et, avec un chancelier tel que toi dans mes conseils, le règne de Jean deviendra célèbre dans nos annales. — (Walter Scott, Ivanhoé, ch. XXXIV, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
  4. (Figuré) Mot affectueux s’adressant aux personnes des deux sexes.
    • — Vous avez chaud, maman.
      — Va, laisse-nous, mon ange, répondit la marquise.
       — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ansch. II, Paris, 1832 ; p. 75)
    1. (Héraldique) Meuble représentant un être humain avec des ailes dans les armoiries. Il est généralement représenté en pied, de front, les mains jointes ou tenant une autre meuble, les ailes éployées vers le chef. Parfois, une auréole est ajoutée. À rapprocher de angelot, archange, chérubin et saint.
      • De sable à trois anges d’or, mains jointes et ailes déployées, qui est de Limeux de la Somme → voir illustration « armoiries avec 3 anges »
    2. (Héraldique) Support ou tenant représentant un être humain avec des ailes utilisé comme ornement extérieur d’armoiries.
      • D’argent, au chevron de gueules, accompagné en chef de deux étoiles d’or et en pointe d’un croissant du même (armes à enquerre), l’écu tenu par deux anges au naturel, à la couronne de baron et à l’aigle de sable en cimier, qui est de la famille Vismes → voir illustration « armoiries tenues par 2 anges »
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ANGE. n. m.
Créature purement spirituelle, qu'on représente sous la figure humaine, avec des ailes. Il désigne tantôt un Envoyé céleste, tantôt un Pur esprit intermédiaire entre Dieu et les hommes. L'Ange exterminateur. L'Ange de la mort. L'ange tutélaire. Ange gardien. Quand il est employé absolument, il se dit généralement des Esprits bienheureux qui composent la hiérarchie céleste. Les anges environnent le trône de Dieu. Les neuf chœurs des anges. Les anges sont au-dessous des archanges. Il s'emploie encore avec une épithète péjorative pour désigner le Démon. Le mauvais ange, les anges déchus. Il signifie figurément Personne d'une piété extraordinaire, d'une grande vertu, d'une extrême douceur. Ce sont des anges que ces sœurs de charité. Cette femme est un ange. Un ange de piété, de vertu, de douceur, de bonté. Fig., Être le bon ange, le mauvais ange d'une personne, Avoir sur elle une bonne, une mauvaise influence. L'Ange de l'École, Surnom donné à saint Thomas d'Aquin, parce qu'il excelle entre les scolastiques. Fig. et fam., Être aux anges, Être dans un tel transport de joie qu'on en paraît extasié. Rire aux anges, se dit dans le même sens; il se dit aussi de Ceux qui rient seuls et sans sujet connu. Comme un ange signifie Fort bien, parfaitement. Il écrit, il parle, il chante comme un ange. Elle danse comme un ange. Elle est belle comme un ange. Il a de l'esprit comme un ange. En termes de Zoologie, par analogie, Ange de mer, Poisson qui a des nageoires semblables à des ailes. On dit aussi ANGELOT.

Littré (1872-1877)

ANGE (an-j') s. m.
  • 1Être créé, mais d'une nature purement spirituelle. Bon, mauvais ange. On représente les anges sous la forme de jeunes hommes avec des ailes. L'ange exterminateur. Un ange gardien. C'est les anges que nous devons invoquer comme nos sauveurs, Fénelon, t. III, 134. Prince aimable, dis-nous si quelque ange au berceau Contre tes assassins prit soin de te défendre ? Racine, Athal. IV, 6.

    Les neuf chœurs des anges, les esprits heureux qui composent la cour céleste. Ô Dieu… qui voles sur l'aile des vents, Et dont le trône est porté par les anges, Racine, Esth. I, 5.

    Les anges, pris dans un sens spécial, ceux qui sont du dernier chœur. Les anges sont au-dessous des archanges.

    Les anges déchus, les démons. On les nomme aussi anges de ténèbres.

    Bon ange, mauvais ange, anges qu'une croyance populaire assigne à chaque homme pour présider à sa destinée. Ce parti que son bon ange et le mien nous suggéraient, Rousseau, Conf. v. Soudain le jeune chevalier, à qui son bon ange est fidèle, Trompe les regards du geôlier, Béranger, Pris. et Chev.

    Fig. Elles [Mmes d'Heudicourt et de Dangeau] le mauvais ange et le bon ange de Mme de Maintenon, Saint-Simon, 218, 184. Vous que je dois nommer l'ange [le messager] de mon bonheur, Molière, l'Étour. v, 3.

  • 2Personne d'une grande piété, d'une grande vertu, d'une extrême douceur. C'est un ange de douceur. Son gouverneur qui après tout ne sera pas un ange, Rousseau, Ém. II.

    Fille, femme charmante, adorable, spirituelle. Avant le mariage, anges si gracieux, Boileau, Sat. X.

    Comme un ange, fort bien, parfaitement. Vous chanteriez ces airs-là comme un ange, Sévigné, 144. Elle était belle comme un ange, Sévigné, 29. On dit qu'il parlait comme un ange, La Fontaine, Pâté. Ce n'est pas que vous ne soyez jolie comme un ange dans cet habillement, Hamilton, Gramm. 9. Avec quelques femmes de ses amies qui ont de l'esprit comme les anges, Vauvenargues, Ernest.

    Mon ange, mon cher ange, mon petit ange, expressions familières d'amitié et d'affection.

  • 3Être aux anges, être dans le ravissement. Je chante un roi devenu bœuf : Surtout la cour en fut aux anges, Béranger, Nabuchod.

    Rire aux anges, être transporté de joie. En mauvaise part, rire sans sujet, niaisement. À qui en as-tu donc ? Ou si c'est aux anges que tu ris ? Hamilton, Gramm. 2.

    Boire aux anges, ne savoir plus quelle santé porter.

    Fig. Voir des anges violets, avoir des visions creuses. Locution qui vieillit.

  • 4 En termes d'artillerie, boulet coupé en deux, trois ou quatre parties enchaînées ensemble, dont on se servait autrefois dans les combats de mer.
  • 5En histoire naturelle, ange de mer, et plus communément ange, poisson du genre des squales, dont la peau sert à polir le bois ou l'ivoire.

    Ange de mer est masculin et non pas, comme le disent quelques dictionnaires, féminin.

  • 6Lit d'ange ou lit à l'ange, lit sans colonnes et à rideaux relevés.
  • 7Manches d'anges, manches de robes de femmes très larges et n'allant qu'à la moitié du bras.
  • 8Ange de grève, crocheteur ; dit ainsi par plaisanterie, à cause que les crocheteurs se tenaient beaucoup sur la place de Grève et que l'on comparait leurs crochets à des ailes.

HISTORIQUE

XIe s. Anuit m'avint une avision d'angele, Ch. de Rol. LXV. Angle du ciel i descendent vers lui, ib. CLXXII.

XIIe s. Li angre Deu descendent erramant, Ronc. p. 92. Angle enpenné la porterent chantant, ib. p. 106. Le premier roi de France fist Diex par son commant Couronner à ses angeles dignement en chantant, Sax. I. Ço sace bien li reis, et tu li deiz mustrer, Que cil ki puet les angles e hummes guverner, Dous poestez suz sei fist en terre ordener, Th. le mart. 90. E de l'enfant Jesu li prist à recorder, Que li angles del ciel fist en Egypte aler, Pur la poür d'Erode…, ib. 65. Bien le sai que tu es prudum, e utle e profitables à mun os, si cume uns angeles Deu, Rois, 113.

XIIIe s. Par le commant de Dieu fu ses haubers ostés, Et de saint Michel l'angre fu amont relevés, Ch. d'Ant. IV, 994. Tant vous ama [Dieu], Dame des angles vous clama, En vous s'enclost, ainz n'entama Vo dignité ; N'en perdistes virginité, Rutebeuf, II, 4. Je en aurai une corone es ciex plus que les angres qui le voient face à face, Joinville, 198. Il leur fist entailler en la chapelle toute nostre creance, l'annonciation de l'angre, la nativité, etc. Joinville, 262.

XVIe s. Quant S. Pierre estant sorti miraculeusement de la prison, heurta à la maison où ses freres estoyent assemblez, iceux ne pouvans penser que ce fust, ils disoyent que c'estoit son ange, Calvin, Instit. 107. Allez, maudits, au feu eternel, lequel est preparé au diable et à ses anges, Calvin, ib. 112. Ange de greve [crocheteur], Despériers, Contes, LXX. Et avez-vous ouï jamais parler d'angesses, de cherubines ou seraphines ? Yver, p. 555. Ores, mon angellette…, Yver, p. 574.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ANGE. Ajoutez :

9Eau d'ange, voy. EAU, n° 22.
10 Au féminin, une ange. Je vous avoue, mon divin ange [M. d'Argental], et vous aussi, ma divine ange [Mme d'Argental], que je trouve vos raisons pour ne pas venir à Genève, extrêmement mauvaises, Voltaire, Lett. à d'Argental, 24 janv. 1766.

On peut voir à l'historique des féminins angesse et angelette. Le féminin de Voltaire vaut mieux.

REMARQUE

M. Miller dit : « Sous Henri II, deux célèbres Grecs, Ange Vergèce et Constantin Palaeocappa, rédigèrent deux catalogues des manuscrits grecs de Fontainebleau. L'écriture d'Ange Vergèce était si remarquablement belle, qu'elle servit de type pour les caractères grecs avec lesquels ont été imprimées au Louvre ces belles éditions du XVIe siècle. La fille du célèbre calligraphe ornait de charmantes miniatures quelques-uns des manuscrits copiés par son père. La réputation de celui-ci était telle, qu'on disait écrire comme un Ange. Ce nom, plus tard, ayant été détourné de son sens primitif, devint synonyme de perfection ; et, l'origine de l'expression ayant été oubliée, on a fini par dire abusivement Chanter, danser comme un ange, avoir de l'esprit comme un ange, Journ. des Savants, nov. 1875, p. 707). » Cela est curieux ; mais l'idée que les anges doivent tout faire en perfection, a pu suggérer la locution. Cependant il faut noter que l'historique ne contient aucun appel à cette habileté des anges ; cela porte à croire qu'en effet la locution n'est pas ancienne.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

ANGE, s. m. (Théol.) substance spirituelle, intelligente, la premiere en dignité entre les créatures. Voyez Esprit, Substance.

Ce mot est formé du Grec ἄγγελος, qui signifie messager ou envoyé ; & c’est, disent les Théologiens, une dénomination non de nature, mais d’office, prise du ministere qu’exercent les anges, & qui consiste à porter les ordres de Dieu, ou à annoncer aux hommes ses volontés. C’est l’idée qu’en donne Saint Paul, Hebr. ch. j. vers. 14. Nonne omnes angeli sunt administratorii spiritus in ministerium missi propter eos qui hæreditatem capient salutis ? C’est par la même raison que ce nom est quelquefois donné aux hommes dans l’Ecriture ; comme aux prêtres dans le prophete Malachie, ch. xj. & par saint Matthieu à saint Jean-Baptiste, chap. xj. vers. 10. Jesus-Christ lui-même, selon les Septante, est appellé dans Isaïe, ch. ix. vers. 6. l’ange du grand conseil ; nom, dit Tertull. Lib. de carn. Christi, ch. iv. qui déclare son ministere & non pas sa nature. Le mot Hébreu employé dans les Ecritures, pour exprimer ange, signifie à la lettre un ministre, un député, & n’est par conséquent qu’un nom d’office. Cependant l’usage a prévalu d’attacher à ce terme l’idée d’une nature incorporelle, intelligente, supérieure à l’ame de l’homme, mais créée, & inférieure à Dieu.

Toutes les religions ont admis l’existence des anges, quoique la raison naturelle ne la démontre pas. Les Juifs l’admettoient, fondés sur la révélation, si l’on en excepte les Sadducéens : cependant tous ceux de cette secte ne l’ont pas niée, témoin les Samaritains & les Caraïtes, comme il paroît par Buzard, auteur d’une version Arabe du Pentateuque, & par le commentaire d’Aaron, Juif Caraïte, sur le même Livre, ouvrages qui se trouvent dans les manuscrits de la Bibliotheque du Roi. Voyez Sadducéens & Caraites.

Les Chrétiens ont embrassé la même doctrine : mais les anciens Peres ont été partagés sur la nature des anges ; les uns, tels que Tertullien, Origene, Clement d’Alexandrie, &c. leur ayant donné des corps, quoique très-subtils ; & les autres, comme saint Basile, saint Athanase, saint Cyrille, saint Grégoire de Nysse, saint Chrysostome, &c. les ayant regardés comme des êtres purement spirituels. C’est le sentiment de toute l’Eglise.

Les Auteurs ecclésiastiques divisent les anges en trois hiérarchies, & chaque hiérarchie en trois ordres. La premiere hiérarchie est des séraphins, des chérubins & des thrones. La seconde comprend les dominations, les vertus, les puissances ; & la derniere est composée des principautés, des archanges & des anges. Voyez Hiérarchie, Séraphin, Chérubin, &c.

Ange s’entend donc particulierement d’un esprit du neuvieme & dernier ordre du chœur céleste, & est devenu un nom commun à tous ces esprits bienheureux. Les Chrétiens croyent que tous les anges ayant été créés saints & parfaits, plusieurs sont déchûs de cet état par leur orgueil ; qu’ils ont été précipités dans l’enfer & condamnés à des peines éternelles, pendant que les autres ont été confirmés en grace, & qu’ils sont bienheureux pour toûjours : on nomme ceux-ci les bons anges, ou simplement les anges ; & l’on sait que Dieu a donné à chacun de, nous un ange gardien. Les autres sont appellés les mauvais anges, ou les diables & les démons ; chez les Juifs on les nommoit satans ou ennemis, parce qu’ils tentent les hommes, & les poussent au mal. Voyëz Gardien, Démon, Diable, Satan.

Les Théologiens ont agité différentes questions plus curieuses qu’utiles sur le nombre, l’ordre, les facultés & la nature des anges, qui ne peuvent être décidées ni par l’Ecriture ni par la Tradition.

Dans l’Apocalypse le titre d’ange est donné aux Pasteurs de plusieurs églises ; ainsi l’évêque d’Ephese y est appellé l’ange de l’église d’Ephese ; l’évêque de Smyrne, l’ange de l’église de Smyrne, &c. M. du Cange remarque qu’on a aussi donné autrefois le nom d’ange à quelques Papes & à quelques Evêques à cause de leur éminente sainteté.

Les Philosophes payens, & entre autres les Platoniciens & les Poëtes, ont admis des natures spirituelles mitoyennes entre Dieu & l’homme, qui avoient part au gouvernement du monde. Ils les appelloient démons ou génies, & en admettoient de bons & de mauvais. Saint Cyprien en parle au long dans son Traité de la Vanité des idoles, & quelques Ecrivains chrétiens, d’après Lactance, Instit. lib. I. ch. xv. alleguent les énergumenes & les opérations de la magie comme autant de preuves de leur existence. Saint Thomas l’appuie sur d’autres considérations, qu’on peut voir dans son ouvrage contra gentes, Lib. II. ch. xlvj. Voyez Démon, Génie, Oracle, Magie, Énergumene, &c.

L’Alcoran fait souvent mention des bons & des mauvais anges, que les Musulmans divisent en différentes classes, & auxquels ils attribuent divers emplois, tant au ciel que sur la terre. Ils attribuent particulierement un très-grand pouvoir à l’ange Gabriel, comme de descendre du plus haut des cieux en une heure, de fendre & de renverser une montagne du coup d’une seule plume de son aile. Ils disent que l’ange Asrael est préposé à saisir les ames de ceux qui meurent. Ils en représentent un autre qu’ils nomment Etraphill, se tenant toûjours debout avec une trompette qu’il embouche pour annoncer le jour du jugement. Ils débitent encore bien d’autres rêveries sur ceux qu’ils appellent Munkir & Nekir. V. Munkir & Nekir. Voyez aussi Alcoran, Mahométisme, &c. (G)

Ange, s. f. (Hist. nat.) poisson de mer appellé en Latin squatina. Il est cartilagineux & plat ; il devient quelquefois aussi grand qu’un homme ; son corps est étroit, sa peau est assez dure & assez rude pour polir le bois & l’ivoire. Le dessus du corps de ce poisson est brun & de couleur cendrée, le dessous est blanc & lisse ; la bouche est grande, les mâchoires sont arrondies par le bout, la langue est pointue & terminée par un tubercule charnu. Ce poisson a les dents petites, fort pointues, & rangées autrement que dans les autres poissons ; elles sont disposées en plusieurs rangs qui sont à quelque distance les uns des autres : dans chaque rang les dents se touchent de si près, qu’on croiroit qu’il n’y en auroit qu’une seule : mais il est aisé de les séparer avec la pointe d’un coûteau. Il y a dans l’intérieur de la mâchoire inférieure un endroit dégarni de dents, qui est occupé par la langue ; tout le reste est hérissé de dents ; la mâchoire supérieure l’est en entier, sans excepter l’endroit qui se rencontre sur la langue. Toutes ces dents sont recourbées en arriere ; le bout de la mâchoire supérieure n’est pas recouvert de peau ; il y a deux barbillons qui y pendent ; les yeux sont petits, placés sur la tête, & disposés pour voir de côté. Il se trouve derriere les yeux des trous comme dans les raies ; les oüies sont sur les côtés. Ce poisson a deux nageoires de chaque côté ; la premiere est auprès de la tête, & l’autre est à l’endroit où le corps se retrécit ; il y en a deux petites sur la queue qui est terminée par une autre nageoire. Il y a des aiguillons sur le milieu du dos, & d’autres autour des yeux. L’ange fait des petits deux fois l’an, & il en a sept ou huit à chaque fois. Ce poisson se tient caché dans le sable, & se nourrit de petits poissons qu’il attire avec ses barbillons ; sa chair est dure & d’assez mauvais goût. Rondelet. Voyez Poisson. (I)

On emploie ses œufs desséchés pour arrêter le dévoiement ; on prépare avec sa peau un savon ou smegma pour le psora & la gale ; les cendres servent contre l’alopécie & les achores. (N)

Ange, subst. m. on appelle boulets à l’ange, dans l’Artillerie, des boulets enchaînés. Ce sont deux boulets, ou plûtôt deux demi-boulets attachés ensemble par une chaîne ; leur usage est d’abattre les vergues & les mâts, & de couper les manœuvres, ou les autres cordages d’un vaisseau. (Q)

* Ange, (Saint) (Géog. mod.) ville d’Italie au royaume de Naples, dans la Capitanate. Long 33-38. lat. 41-43.

Il y a en Italie deux autres villes du même nom ; l’une dans la principauté ultérieure, au royaume de Naples, l’autre dans les terres du Pape & le duché d’Urbin.

Il y a encore deux châteaux appellés Château-Saint-Ange ; l’un à Rome qui n’est pas fort, l’autre à Malte qui passe pour imprenable.

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « ange »

Angelus, ἃγγελος, messager ; bressan, anzo ; bourguig. ainge ; provenç. angel, angil ; espagn. angel ; portug. anjo ; ital. angelo.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du moyen français, de l’ancien français ange, angel, du latin angelus qui donne aussi angélus, emprunté au grec ancien ἄγγελος, ángelos (« messager »), et qui, dans la Septante sert à traduire l’hébreu מלאך, maleakh (« messager »).
Un dérivé spécial du mot grec nous donne évangile (« bonne nouvelle ») via le latin evangelium et évangéliser (« répandre la bonne nouvelle »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « ange »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ange ɑ̃ʒ

Fréquence d'apparition du mot « ange » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « ange »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « ange »

  • J'ai vu un ange dans le marbre et j'ai seulement ciselé jusqu'à l'en libérer.
    Michel-Ange
  • Chaque génération a un message divin à apporter à la cité des hommes, et chaque jeune homme est, dans ce sens, un ange, même s'il est rebelle ou déchu. Mais ce message reste presque toujours énigme et musique, sans pouvoir féconder la réalité de la terre.
    Giovanni Papini — Le Sac de l'ogre Il Sacco dell'orco
  • J'ai déjà suggéré dans un ancien article que la belle métaphore chrétienne de l'ange gardien pourrait être élargie et enrichie. Nous bénéficions peut-être, en effet, de la protection permanente d'une présence invisible. À chacun d'en décider selon son expérience et ses convictions. En revanche, tout se passe comme si, en tout temps et partout, un gardien veillait pour de bon sur l'espérance des humains. Peut-être faudrait-il mettre ce mot au pluriel et parler des anges gardiens qui, d'un bout de la terre à l'autre, empêcheraient l'espérance de s'éteindre, comme une flamme soufflée par la méchanceté du monde. 
    La Vie.fr — Des “anges gardiens” pour l'espérance
  • L'ange est le musicien du silence de Dieu.
    Dominique Ponnau — Dieu en ses Anges
  • L'homme est comme un ange en danger.
    MC Solaar — Un Ange en danger
  • L'ange, parfois, reprend du poil de la bête.
    Gilbert Cesbron
  • Dans les temps anciens, il y avait des ânes que la rencontre d'un ange faisait parler. De nos jours, il y a des hommes que la rencontre d'un génie fait braire.
    Victor Hugo — Fragments
  • Chaque pays a son ange gardien. C'est lui qui préside au climat, au paysage, au tempérament des habitants, à leur santé, à leur beauté, à leurs bonnes mœurs, à leur bonne administration. C'est l'ange géographique.
    Valery Larbaud — Jaune, bleu, blanc, Gallimard
  • Les hommes recouvrent leur diable du plus bel ange qu'ils peuvent trouver.
    Marguerite d'Angoulême — L'Heptaméron
  • Qui a rejeté son démon nous importune avec ses anges.
    Henri Michaux — Tranches de savoir
Voir toutes les citations du mot « ange » →

Images d'illustration du mot « ange »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « ange »

Langue Traduction
Anglais angel
Espagnol ángel
Italien angelo
Allemand engel
Portugais anjo
Source : Google Translate API

Synonymes de « ange »

Source : synonymes de ange sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « ange »

Combien de points fait le mot ange au Scrabble ?

Nombre de points du mot ange au scrabble : 5 points

Ange

Retour au sommaire ➦

Partager