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Trône

Variantes Singulier Pluriel
Masculin trône trônes

Définitions de « trône »

Trésor de la Langue Française informatisé

TRÔNE, subst. masc.

I.
A. −
1. Siège d'apparat, généralement surélevé et parfois surmonté d'un dais, sur lequel un souverain prend place dans des circonstances particulièrement solennelles. Trône impérial, royal; trône élevé, majestueux, somptueux; marches du trône; salle du trône. Tavernier décrit le trône d'un prince hindou, incrusté de rubis que l'illustre voyageur évaluait à 100-200 carats par pièce (Metta, Pierres préc., 1960, p. 74):
L'ouverture des états généraux eut lieu le lendemain: on avait construit à la hâte une grande salle dans l'avenue de Versailles pour y recevoir les députés (...). Une estrade était élevée pour y placer le trône du roi, le fauteuil de la reine, et des chaises pour le reste de la famille royale. Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 151.
HIST. Place du Trône. Place parisienne, devenue en 1880 place de la Nation, sur laquelle un trône avait été élevé en 1660 à l'occasion du mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche. La place de la Nation évoque bien des souvenirs. Les vieux Parisiens continuent de l'appeler place du Trône (A. Dauzat, F. Bournon, Paris et ses environs, 1925, p. 116).Foire du Trône. Foire qui a lieu chaque année à Paris et qui s'est tenue jusqu'en 1963 à proximité de cette place. Cette brasserie [Lipp] (...) est aujourd'hui aussi indispensable au décor parisien et au bon fonctionnement du pittoresque social que (...) la Foire du Trône ou la traversée de Paris à la nage (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 163).
P. métaph. Trône de Dieu. Séjour de Dieu, ciel. Plongeant dans l'espace, descendant du trône de Dieu aux portes de l'abîme, les mondes étaient livrés à la puissance de mes amours (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 131).
Loc. verb., au fig., littér. ou vieilli
Asseoir (élever, mettre, placer, etc.) qqn sur le trône; porter qqn au trône. Investir quelqu'un du pouvoir suprême. Les fameuses journées de Juillet qui, remplaçant la monarchie traditionnelle et légitime par la monarchie bourgeoise, mirent sur le trône la branche cadette des Bourbons (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 16).Monter au/sur le trône; s'asseoir/se mettre sur le trône. S'emparer du pouvoir suprême; commencer à régner. En montant sur le trône, à vingt-un ans, François 1ers'occupa d'attirer le beau sexe à sa cour (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 9).Buonaparte profita de l'épouvante que l'assassinat de Vincennes jeta parmi nous pour franchir le dernier pas et s'asseoir sur le trône (Chateaubr., Mél. pol., t. 1, 1828, p. 10).Chasser qqn du trône, tomber du trône. Déposséder quelqu'un, être dépossédé du pouvoir suprême. Au moment où les Bourbons tombent du trône pour la troisième fois (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 294).Descendre du trône. V. descendre I A 1 ex. de Dumas père.
Élever un trône à qqn; placer qqn sur un trône. Glorifier quelqu'un, le porter au pinacle. Synon. élever, hisser, mettre sur le pavois*.Paris élève un trône à son enfant, Molière (Barbier, Satires, 1865, p. 35).
Être sur le/un trône. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Occuper une place d'honneur, régner. L'idéalisme est sur le trône en Allemagne mais il ne faut pas croire qu'il y ait entièrement effacé les autres systèmes, ni même le sensualisme (Cousin, Hist. philos. mod., t. 3, 1847, p. 11).
2. P. ext. Siège d'apparat sur lequel prend place une autorité supérieure lors de cérémonies solennelles.
a) FR.-MAÇONN. Trône de Salomon. ,,Siège réservé dans la loge au vénérable`` (Faucher 1981).
b) RELIGION
Trône (épiscopal, abbatial). Siège surélevé et généralement surmonté d'un dais, installé dans le chœur d'une cathédrale ou d'une abbaye, sur lequel l'évêque diocésain ou l'abbé prend place lors d'un office pontifical. Le chœur était habillé de tentures blanches à franges et, à gauche, érigé sur trois degrés, le trône abbatial, la cathedra de velours rouge, surmontée d'un baldaquin (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 251).
Trône papal, pontifical. Siège élevé sur lequel le pape prend place dans certaines cérémonies publiques. Le pape étant dans son trône (Ac.1798-1878).P. méton. Papauté. Ce ministère anglais, qui a rétabli le trône papal, voit les protestants menacés en France (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 400).
3. P. méton. Synon. de couronne (v. ce mot A 3), de sceptre (v. ce mot A 2).
a) Pouvoir, autorité suprême d'un souverain. Trône impérial, royal; trône électif, héréditaire; trône chancelant; héritier du trône; prétendant au trône; convoiter, détenir, obtenir, perdre, usurper le trône; aspirer/être destiné au trône; s'emparer du trône. Le trône fut déféré à Hugues Capet par quelques évêques et quelques nobles; le trône impérial fut donné à Napoléon par la volonté de tous les citoyens (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 64).Le comte de Paris s'efface devant le comte de Chambord étant entendu que celui-ci n'ayant pas d'enfants, le trône reviendra après sa mort à la branche cadette, seule survivante (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 86).
Le trône et l'autel. V. autel I B 2 a.Synon. le sceptre* et l'encensoir.
b) Souverain, monarque. Conseillers du trône; honorer le trône. Après nous, on ne dira plus qu'il n'est pas de dévouement, de fidélité, d'amour près des trônes malheureux (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 479).Il y avait en Angleterre au moins un homme pour qui cette élévation de Disraëli et cette familiarité du trône avec un jongleur hébraïque était un scandale insupportable; c'était Gladstone (Maurois, Disraëli, 1927, p. 238).
Discours du trône. Synon. de discours de la couronne (v. couronne A 3 b synt.).Gavard avait repris le journal, lisant, d'une voix qu'il cherchait à rendre comique, des lambeaux du discours du trône prononcé le matin, à l'ouverture des Chambres (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 710).
Loc. adv. Autour du trône. Dans l'entourage du souverain. (Dict. xxes.).
c) [Suivi d'un compl. ou d'un adj. désignant une nation] Régime monarchique; p. méton., état gouverné par un monarque. Synon. monarchie.Chute, splendeur d'un trône. Une révolution qui renverse le trône de Grèce (About, Grèce, 1854, p. 220).Louis-Philippe et Guizot n'ayant pas admis que le trône d'Espagne sortît de la maison de Bourbon (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 180).
B. − P. anal., pop., fam. et plais. Siège des cabinets d'aisance. Il était justement sur le trône, une caisse de bois très propre, qui ne répandait pas la moindre odeur (Zola, Assommoir, 1877, p. 697).Il restait des heures entières sur le trône (Sartre, Mur, 1939, p. 144).
C. − ASTROL. Signe attribué à une planète. (Dict. xxes.).
II. − THÉOL., RELIG. CHRÉT., le plus souvent au plur. [Avec une majuscule] Ange appartenant au troisième chœur de la première des neuf hiérarchies d'anges. V. chérubin ex. 2, domination B ex. de France, hiérarchie A 1 ex. de Chateaubriand et Gautier.
Prononc. et Orth.: [tʀo:n]. Ac. 1694, 1718: throne, dep. 1740: trône. Étymol. et Hist. I. Subst. masc. sing. 1. 1remoit. xiies. throne « siège allégorique d'où Dieu est censé régner sur le monde » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, 9, 4: tu siez sur throne); 1remoit. xiies. trone (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, 10, 4); 2. a) 1remoit. xiies. throne « siège d'apparat où prend place un souverain dans l'exercice solennel de sa souveraineté » ici métaph. « puissance, autorité du souverain » (Psautier Oxford, 88, 29); ca 1170 trone (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 111, ligne 24); ca 1216 trone « id. du pape » (Anger, Trad. Vie St Grégoire, 1243 ds T.-L.); b) 1550 s'asseoir sur le trône « prendre possession du pouvoir souverain » (Bible Louvain, 1 Rois, 8, 20 d'apr. FEW t. 13, 1, p. 315b); 1640 monter dans le trône (Corneille, Cinna, I, III, 220; monter sur le trône, éd. 1764, correction de Voltaire); 3. 1756 « régime, institution monarchique » renverser le trône (Voltaire, Essai sur l'hist. générale, p. 96); 4. 1808 fam. il est sur son trône se dit d'une personne qui est sur une chaise percée (Hautel t. 2); 1866 trône « siège de cabinet d'aisance » (Delvau); 5. 1904 trône d'une planète (Nouv. Lar. ill.). II. Subst. plur. ca 1265 théol. cath. trosnes « un des neuf chœurs des anges » (Brunet Latin, Trésor, éd. J. F. Carmody, p. 27, ligne 22); fin xiiies. saints trones (Ms 7218, f. 142 ds La Curne). Empr. au lat. d'époque impérialethronus « trône » (lui-même du gr. θ ρ ο ́ ν ο ς « siège élevé, trône pour les rois et les dieux; siège de patriarche ou d'évêque, trône épiscopal »), qui s'est substitué à solium « siège, trône »; très fréq. dans la Vulgate, thronus fut comme terme biblique empr. par la plupart des lang. médiév. soit dér. du lat. (cf. ital., esp. trono, port. throne, cat. trona), soit de l'a. fr. (cf. m. angl. trone, m. h. all. trôn, néerl. troon, bret. tron), cf. FEW t. 13, 1, p. 316b. Fréq. abs. littér.: 2 609. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 340, b) 3 723; xxes.: a) 2 226, b) 1 497. Bbg. Born. 1967, p. II, 75, XIII. − Dub. Pol. 1962, p. 436.

Wiktionnaire

Nom commun - français

trône \tʁon\ masculin

  1. (Mobilier) Siège élevé où les souverains sont assis dans les circonstances solennelles.
    • Trône magnifique, superbe, éclatant de pierreries.
    • L’empereur se plaça sur son trône pour recevoir les ambassadeurs.
    • Le roi étant sur son trône.
    • La salle du trône.
  2. (Figuré) Position suprême incontestable.
    • Contester le trône de la rationalité relève en effet du crime de lèse-majesté, sur cette terre où la vie se veut toujours plus scientifique. — (Argument, XXIII, 1, automne-hiver 2020-2021, p. 181)
  3. (Par métonymie) (Par analogie) Puissance souveraine, synonyme : couronne.
    • Auteurs ou payeurs des journaux les plus répandus, ils ne cessèrent de tromper la France & l’Europe sur la révolution qui venait de renverser le trône. — (Maximilien de Robespierre, Discours contre Brissot & les girondins, 10 avril 1793)
    • Alors, sire, dit Catherine, vos sujets les huguenots feront comme le sanglier à qui on ne met pas un épieu dans la gorge : ils découdront le trône. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VI)
    • Le peuple avait rendu le trône responsable des maux qui l’accablaient depuis si longtemps ; Louis XVI n’avait su rien faire, […]. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • On a fêté médiocrement l’anniversaire des Trois Glorieuses qui délivrèrent la France des Bourbons et amenèrent Philippe sur le trône. — (Albert Noret, Les Féodaux du Blé, E. Figuière, 1930, p.94)
  4. (Par extension) (Mobilier) Siège élevé qu’occupe un personnage important.
    • Mme Kocher a refait sa vie avec un associé que le cabinet de chasseur de têtes Egon Zehnder avait diligenté chez Engie dans le cadre de la mission confiée en juillet 2014 par le comité des nominations du conseil d’administration pour évaluer les prétendants au trône. — (Jean-Michel Bezat, Isabelle Chaperon et Nabil Wakim, Bataille pour la présidence d’Engie : coups bas, sexisme et boules puantes, Le Monde. Mis en ligne le 13 février 2018)
  5. (En particulier) (Christianisme) Siège placé au haut du chœur, dans les églises cathédrales, et où l’évêque se met quand il officie pontificalement. → voir cathèdre.
    • Le trône épiscopal.
  6. (Ironique) Siège des toilettes.
    • Le trône était fait d’une cuvette de porcelaine blanche, immaculée, encastrée dans une confortable lunette de chêne polie par l’usage et quotidiennement encaustiquée. — (Marie Cardinal, Les mots pour le dire, Livre de Poche, page 102)
  7. (Religion) Un des chœurs de la hiérarchie des anges.
    • Je sais que vous gardez une place au Poète
      Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
      Et que vous l'invitez à l'éternelle fête,
      Des Trônes, des Vertus, des Dominations.
      — (Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857, extrait du poème Bénédiction)
    • Voici comment s'exprime saint Grégoire le Biglosse : « Nous reconnaissons neuf degrés ou ordres d’Anges, parce que la Parole de Dieu rend témoignage des Anges, des Archanges, des Vertus, des Puissances, des Principautés, des Dominations, des Trônes, des Chérubins et des Séraphins. — (Macaire, Théologie dogmatique orthodoxe, tome 1, traduit du russe par un russe, Paris : chez Joël Cherbuliez, 1859, page 484)
    • Afin d’en finir avec cette orfèvrerie symbolique, disons encore que […] la sarde évoque les Séraphins, la topaze les Chérubins, le jaspe les Trônes, la chrysolithe les Dominations, le saphir les Vertus, l’onyx les Puissances, le béryl les Principautés, le rubis les Archanges et l’émeraude les Anges. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • […] et l’étonnement éternel des Séraphins ou des Trônes à les voir se traîner ainsi dans la boue des siècles… ! — (Léon Bloy, Le Salut par les Juifs, Joseph Victorion et Cie, 1906)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TRÔNE. n. m.
Siège élevé où les souverains sont assis dans les circonstances solennelles. Trône magnifique, superbe, éclatant de pierreries. L'empereur se plaça sur son trône pour recevoir les ambassadeurs. Le roi étant sur son trône. La salle du trône. Il s'emploie figurément pour désigner la Puissance souveraine. Prendre possession du trône. Chasser un prince du trône. Alexandre renversa le trône des Perses. Soutenir un trône chancelant. Relever un trône abattu. Cette victoire servit à affermir le trône du nouveau prince. Tomber du trône. Aspirer au trône. L'héritier du trône. Trône héréditaire. Trône électif. Monter sur le trône, Prendre possession de la souveraineté. Descendre du trône, Abandonner le pouvoir souverain. Discours du trône, Discours prononcé par un souverain constitutionnel à l'ouverture de chaque session des chambres législatives.

TRÔNE se dit, par extension, du Siège élevé qu'occupe le pape dans certaines cérémonies publiques. Trône épiscopal, Siège placé au haut du chœur, dans les églises cathédrales, et où l'évêque se met quand il officie pontificalement.

TRÔNES, au pluriel, dans le langage religieux, désigne Un des chœurs de la hiérarchie des Anges. Les Séraphins, les Chérubins et les Trônes.

Littré (1872-1877)

TRÔNE (trô-n') s. m.
  • 1Siége où les rois, les empereurs s'asseyent dans les fonctions solennelles de la souveraineté. Autour de ce même trône il y en avait vingt-quatre autres, sur lesquels étaient assis vingt-quatre vieillards vêtus de robes blanches, Sacy, Bible, St Jean, Apocal. IV, 4. Sur son trône avec lui j'allais prendre ma place… L'ingrat [Néron]… Se leva par avance, et, courant m'embrasser, Il m'écarta du trône où je m'allais placer, Racine, Brit. I, 1. Vous, enfants, préparez un trône pour Joas, Racine, Ath. V, 3. Un seul de ses trônes [d'Aurengzeb] a été estimé par Tavernier cent soixante millions de son temps, qui en font plus de trois cents du nôtre, Voltaire, Mœurs, 194. Loin de se fixer sur ces objets, les regards se portent rapidement sur la statue et sur le trône de Jupiter ; ce chef-d'œuvre de Phidias et de la sculpture fait, au premier aspect, une impression que l'examen ne sert qu'à rendre plus profonde, Barthélemy, Anach. ch. 38.

    Par extension. Il me semble que je les vois déjà [les élus] dans un de ces trônes où ceux qui auront tout quitté jugeront le monde avec Jésus-Christ, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 3.

  • 2 Fig. Il se dit de Dieu. Ce sont de ces protestations d'Antiochus, dont la justice divine n'est point fléchie, et qui ne pénètrent pas jusqu'au trône de la miséricorde, Bourdaloue, Serm. 18e dim. après la Pentecôt. Domin. t. IV, p. 123. Dieu que la lumière environne… Et dont le trône est porté par les anges, Racine, Esth. I, 5. [Dieu] Juge tous les mortels avec d'égales lois, Et du haut de son trône interroge les rois, Racine, ib. III, 4.
  • 3 Fig. La puissance souveraine. Aujourd'hui dans le trône, et demain dans la boue, Corneille, Poly. IV, 3. Mademoiselle, cousine germaine du roi, Mademoiselle destinée au trône, Sévigné, 9. Toute autre place qu'un trône eût été indigne d'elle, Bossuet, Reine d'Anglet. Un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli, Bossuet, Reine d'Anglet. Soit que Dieu élève les trônes, soit qu'il les abaisse, Bossuet, ib. Madame, née sur le trône, avait l'esprit et le cœur plus haut que sa naissance, Bossuet, Duch. d'Orl. D'une commune voix ils l'appellent au trône, Racine, Bajaz. I, 2. Loin du trône nourri, de ce fatal honneur, Hélas ! vous ignorez le charme empoisonneur, Racine, Ath. IV, 3. Dans les lieux où l'erreur est sur le trône, Massillon, Carême, Parole de Dieu. Le trône, tout imposant qu'il est, ne préserve pas toujours du ridicule, nous l'avons vu, Genlis, Mlle de Lafayette, p. 272, dans POUGENS. Un moment alors se réveilla [chez Napoléon] l'orgueil du trône et du génie, Villemain, Souven. contemp. les Cent-Jours, XII.

    Monter sur le trône, monter au trône, prendre possession de la royauté. Pour remonter au trône, on peut tout hasarder, Corneille, Perthar. III, 2. Et les proscriptions et les guerres civiles Sont les degrés sanglants dont Auguste a fait choix Pour monter sur le trône et nous donner des lois, Corneille, Cinna, I, 3.

    Mettre, placer sur le trône, donner la puissance souveraine. Depuis le temps que David avait été mis sur le trône par ordre de Dieu, la souveraine puissance appartenait à sa maison, Bossuet, Hist. II, 5. Quoique les maires, dans les derniers temps, eussent mis sur le trône celui des Mérovingiens qu'ils voulaient, ils n'avaient point pris de roi dans une autre famille, Montesquieu, Esp. XXXI, 16.

    Placer sur le trône, se dit aussi d'un monarque qui prend pour épouse une femme d'un rang inférieur. En Russie, Pierre Ier plaça sur le trône une femme née dans le dernier rang de la société, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 105, dans POUGENS.

    Se mettre sur le trône, s'emparer de l'autorité souveraine. Ce traître que Chinaladan… avait fait général de ses armées… prit Chinaladan dans Ninive, détruisit cette grande ville… et se mit sur le trône de son maître, Bossuet, Hist. I, 7.

  • 4 Fig. La personne du souverain, son gouvernement. Ce sont les peuples tout seuls qui donnent aux grands le droit qu'ils ont d'approcher du trône ; et c'est pour les peuples tout seuls que le trône lui-même est élevé, Massillon, Pet. car. Hum. grands. Patkul… fut député de la noblesse livonienne pour porter au trône les plaintes de la province, Voltaire, Charles XII, I.

    Discours du trône, discours que, dans les états constitutionnels, le souverain prononce à l'ouverture de chaque session des assemblées législatives.i Le discours du roi, que l'on appelle dans l'argot de ce temps-ci discours du trône ou discours de la couronne, Alph. Karr, les Guêpes, déc. 1840.

  • 5Siége élevé où le pape se met dans certaines cérémonies publiques.

    Trône épiscopal, le siége qui est au haut du chœur dans les églises cathédrales, et où l'évêque se met quand il officie pontificalement.

  • 6 Au plur. Terme de théologie. Un des neuf chœurs des anges (on met un T majuscule). Parmi tant de Séraphins, de Trônes, d'Ardeurs… nul ne se sentit assez de force pour s'offrir au sacrifice, Chateaubriand, Génie, I, I, 4.
  • 7Le Trône, nom donné parfois à la constellation de Cassiopée, appelée aussi la Chaise.

HISTORIQUE

XIIe s. Que le regne seit del tut remued de Saul e des suens, e li throdnes David seit eshalcied sur Israel e sur Juda dès Dan jesque Bersabée, Rois, p. 129.

XIIIe s. Saint Jehan en fait ses devises Des sept angels, des sept eglises, Des sept chandeliers où Dieu raie, Des sept lampes ou trosne assises, Où toute charité est gaye, J. de Meung, Tr. 119. N'a plus bele dessous le tron [ciel], Partonop. v. 1710. Sa ureison [prière] ert [était] pure e bone, Devant la face Deu en trone Munte cume fet la fumée De encens ki à Deu agrée, Édouard le confess. v. 734.

XIVe s. Roan estoit, d'antiquité, La plus orgueilleuse cité Qui fust comme li trosne [ciel] cuevre, Guiart, t. I, p. 197.

XVe s. Et Trones [anges] sont interpretés sieges et repos de vray jugement, par vraye charité et par plenitude de toute science, Bibl. des ch. 6e série, t. II, p. 134.

XVIe s. Pour ce que la gloire de Dieu reside en eux [les anges], ils sont nommez ses throsnes, Calvin, Instit. 105. [ô Dieu] Ne partiront jamais, du throsne où tu te sieds, Et la Mort et l'Enfer qui dorment à tes pieds ! D'Aubigné, Tragiques, édit. LALANNE, p. 72.

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Étymologie de « trône »

Lat. thronus, du grec θρόνος, siége.

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Du moyen français throne, de l’ancien français trone (XIIe siècle), trosne, du latin thronus, du grec ancien θρόνος, thrónos (« chaise haute, chaise pour les rois »). Cognat de l’italien trono.
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Phonétique du mot « trône »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
trône tron

Fréquence d'apparition du mot « trône » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « trône »

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Citations contenant le mot « trône »

  • Un trône n'est qu'une planche garnie de velours.
    Napoléon Bonaparte
  • Les trônes et les Rois sont rongés par les vers […].
    Philippe Habert — Le Temple de la mort
  • Aucun trône, aucun sceptre, aucune lance ne peut nous purger et nous ouvrir à l'amour vrai.
    Eric-Emmanuel Schmitt — L'Evangile selon Pilate
  • Le mariage, c'est l'état, c'est le trône de la femme.
    Jacques Audiberti — Le mal court
  • Tous les jours, Dieu s'installe sur le trône de la justice pour juger le monde. Mais quand il s'aperçoit que le monde mériterait tout à fait d'être détruit, il abandonne alors ce trône pour aller s'asseoir sur celui de la Miséricorde.
    Le Talmud
  • Sur le plus beau trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul !
    Michel de Montaigne
  • En 2002, lors d'une visite privée de Buckingham Palace organisée par le prince Andrew, Ghislaine Maxwell et Kevin Spacey s'étaient assis dans le trône de la reine Elizabeth II et du prince Philip.
    Quand Ghislaine Maxwell et Kevin Spacey s'asseyaient dans le trône d'Elizabeth II
  • Ce qui a perdu Napoléon, c’est l’ambition. S’il était resté simple officier d’artillerie, il serait encore sur le trône
    Henry Monnier
  • Quand le peuple est plus éclairé que le trône, il est bien près d'une révolution.
    Antoine de Rivarol — L’esprit de Rivarol
  • Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide, Le Poète serein lève ses bras pieux, Et les vastes éclairs de son esprit lucide Lui dérobent l’aspect des peuples furieux
    Charles Baudelaire — Les Fleurs du mal
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Traductions du mot « trône »

Langue Traduction
Anglais throne
Espagnol trono
Italien trono
Allemand thron
Chinois 王座
Arabe عرش
Portugais trono
Russe трон
Japonais 王位
Basque tronu
Corse tronu
Source : Google Translate API

Combien de points fait le mot trône au Scrabble ?

Nombre de points du mot trône au scrabble : 4 points

Trône

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