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Acception

Variantes Singulier Pluriel
Féminin acception acceptions

Définitions de « acception »

Trésor de la Langue Française informatisé

ACCEPTION1, subst. fém.

I.− Sens variable, nuance sémantique d'un mot suivant ses conditions d'emploi ou d'interprétation :
1. Mais par l'habitude d'employer un mot dans un sens figuré, l'esprit finit par s'y arrêter uniquement, par faire abstraction du premier sens; et ce sens, d'abord figuré, devient peu à peu le sens ordinaire et propre du même mot. Les prêtres, qui conservèrent le premier langage allégorique, l'employèrent avec le peuple qui ne pouvait plus en saisir le véritable sens, et qui, accoutumé à prendre les mots dans une seule acceptation, devenue leur acception propre, entendait je ne sais quelles fables absurdes, lorsque les mêmes expressions ne présentaient à l'esprit des prêtres qu'une vérité très simple. A. de Condorcet, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain,1794, p. 42.
2. Ces nouvelles géorgiques n'ont rien de commun avec celles qui ont paru jusqu'à ce jour, et le nom de géorgiques, ainsi que dans d'autres poèmes français, et particulièrement dans le poème des saisons du cardinal de Bernis, est employé ici dans un sens plus étendu que son acception ordinaire. J. Delille, L'Homme des champs,préf., 1800, p. xxiii.
3. ... comme si pour peindre un événement si soudain et si malheureux, les termes avoient changé d'acception, et que le langage fût bouleversé comme le cœur. F.-R. de Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 125.
4. Le mot liberté, comme tous ceux qui expriment des idées abstraites très-générales, est souvent pris dans une multitude d'acceptions différentes, qui sont autant de portions particulières de sa signification la plus étendue... A.-L.-C. Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 139.
5. Les jeux de mots sont des équivoques fondées sur un mot employé de manière à présenter plusieurs idées. L'esprit sourit aux jeux de mots; la raison même ne les désapprouve pas, quand ils renferment un sens également juste sous leur double acception. À la faveur de ces équivoques, on peut tout dire et tout entendre; la même phrase est à-la-fois maligne et innocente, licencieuse et chaste... V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 225.
6. Permettez-moi de vous dire encore que je n'adopte point le mot de romantique avant qu'il ait été universellement défini. Mmede Staël lui a donné un fort beau sens et je déclare ne pas lui reconnaître d'autre acception. V. Hugo, Correspondance,1824, p. 387.
7. Je ne puis vous laisser dans l'erreur sur le sens de cette expression créer un mot. Je maintiens que Racine a créé l'acception que je donne à décevant. Les mots sont susceptibles de prendre plusieurs significations; et, leur en donner de nouvelles est ce que j'appelle créer, c'est enrichir une langue, une langue s'appauvrit en gagnant des mots, elle s'enrichit en en ayant peu et leur donnant beaucoup de significations. Si l'Académie a négligé cette face du mot décevant, elle a eu tort, comme en beaucoup d'autres occasions. H. de Balzac, Correspondance,1844, p. 690.
8. ... Mais encore les mots sont comme des pièces de monnaie dont l'empreinte s'efface, qui s'usent et se déprécient par la circulation : leur sens propre tombe en oubli; on perd la trace des analogies qui ont successivement amené les diverses acceptions figurées; il n'y a plus entre les idées et les images, entre les pensées et leur expression sensible, entre la construction matérielle des éléments du langage et leur valeur représentative, cet accord que la raison réclame. A. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 324.
9. Peut-être faudrait-il distinguer connaissance et familiarité en prenant ce dernier mot dans son acception originelle − non dans le sens d'accoutumance. Il n'est pas sûr d'ailleurs qu'entre familiarité et amour il n'y ait pas encore une autre distinction à établir. G. Marcel, Journal métaphysique,1918, p. 146.
10. Le mot de conscience, il faut le prendre dans toutes ses acceptions : psychologique pure, intellectuelle, esthétique pure. Ch. Du Bos, Journal,juill. 1922, p. 140.
11. ... mais peu importe, pourvu qu'on se rende compte de ce qu'on fait, et qu'on ne s'imagine pas (illusion constante des philosophes!) posséder l'essence de la chose quand on s'est mis d'accord sur le sens conventionnel du mot. Disposons alors toutes les acceptions de notre mot le long d'une échelle, comme les nuances du spectre ou les notes de la gamme... H. Bergson, Les Deux sources de la morale et de la religion,1932, p. 183.
12. Sous toutes les acceptions du mot sens, nous retrouvons la même notion fondamentale d'un être orienté ou polarisé vers ce qu'il n'est pas, et nous sommes ainsi toujours amenés à une conception du sujet comme ek-stase et à un rapport de transcendance active entre le sujet et le monde. M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 491.
13. Nous voilà au seuil du domaine de la plastique. Le mot, à la différence de « pictural » n'est pas parfaitement clair; il s'en faut. Que d'acceptions n'a-t-il pas reçues! Or, nous aurons désormais souvent à en faire usage. Il importe donc de préciser le sens qu'il revêtira ici. R. Huygue, Dialogue avec le visible,1955, p. 74.
Loc. dans l'acception du mot, dans toute l'acception de ce mot (pour suggérer que le mot employé est le mot juste) :
14. Fille de cuisine, sale, dégoûtante, la maritorne dans l'acception du mot. Ch. Virmaître, Dict. d'argot fin de siècle,suppl., 1899, p. 171.
II.− P. anal. :
− Dans le domaine de la mus. [En parlant de la valeur d'une tonalité] :
15. Le charme troublant [des] transitions (dites inharmoniques), lorsqu'elles sont (...) employées sobrement, provient de la double acception que prennent les tonalités : l'esprit les saisit d'une façon, l'oreille d'une autre. Gevaert, Cours méthodiques d'orchestration,1885, p. 102.
− Dans le domaine de la peint. [En parlant de l'effet d'une touche] :
16. Les écrivains actuels ont perdu ou dénaturé « l'acception » des mots et les peintres, l'acception de la touche. Elle est posée par à peu près et selon l'effet le plus voyant, non le plus juste. J. Péladan, Salon de 1883,1883, p. 134.
− Dans le domaine de la physionomie [En parlant du sens d'une expression du visage] :
17. Enfin j'étais embarrassé devant certains de ses regards, de ses sourires. Ils pouvaient signifier mœurs faciles, mais aussi gaîté un peu bête d'une jeune fille sémillante mais ayant un fond d'honnêteté. Une même expression, de figure comme de langage, pouvant comporter diverses acceptions, j'étais hésitant comme un élève devant les difficultés d'une version grecque. M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 882.
Rem. 1. Sens et acception sont souvent synon. (cf. en partic. l'ex. 9). Le sens d'un mot désigne son contenu not., l'acception concerne les divers sens partic. qu'il prend ou dans lesquels il est pris suiv. les domaines ou son environnement immédiat (cf. en partic. l'ex. 12). 2. Pour la confusion de acception et de acceptation, cf. ce dernier.

ACCEPTION2, subst. fém.

Action de tenir compte indûment de la qualité des pers. ou de leurs opinions ou conditions.
A.− [En parlant de la qualité des pers.] (Faire) acception de(s) personnes :
1. Dans la lutte éternelle que la société amène entre le pauvre et le riche, le noble et le plébéien, l'homme accrédité et l'homme inconnu, il y a deux observations à faire : la première est que leurs actions, leurs discours sont évalués à des mesures différentes, à des poids différents, l'une d'une livre, l'autre de dix ou de cent, disproportion convenue, et dont on part comme d'une chose arrêtée; et cela même est horrible. Cette acception de personnes, autorisée par la loi et par l'usage, est un des vices énormes de la société, qui suffirait seul pour expliquer tous ses vices. S. Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 79.
2. La seconde garantie est la généralité de la loi, son indifférence entre les individus. Jusque-là elle faisait acception des personnes, distinguait l'homme et l'homme, elle choisissait, legebat (lex, a legendo?) plus de privilèges. J. Michelet, Histoire romaine,t. 1, 1831, p. 124.
3. Ils ne feront pas acception des personnes, ni des nations, ni des races. La routine antique ou les préjugés modernes, la quiétude des riches, le sort de la grammaire et du bon goût, les préoccuperont peu. J. Maritain, Primauté du spirituel,1917, p. 165.
B.− [En parlant des opinions ou conditions des pers.] Sans (faire) acception de :
4. Les soldats quittaient par milliers les drapeaux du protestantisme, pour se ranger sous les ordres d'un général, qui se montrait leur père et leur bienfaiteur, sans acception de croyance. B. Constant, Wallstein,1809, p. 188.
5. Mais là, j'avais à bien voir si ma confiance tomberait sur un cœur désintéressé, et je constatai bientôt que la jalousie de notre patron, comme nous l'appelions, était tout intellectuelle et s'exerçait sur tout ce qui l'approchait, sans acception d'âge ni de sexe. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 126.
Rem. L'acception des pers. ou de leurs opinions est considérée comme une faute contre l'égalité de traitement due par le juge à toute pers. hum. en tant que telle; d'où la valeur gén. péj. Par la forme négative (empruntée à l'Écriture Sainte, qui considère l'égalité de traitement des hommes comme un trait de la justice divine − cf. étymol. citat. de la 1reép. de saint Pierre et aussi Rom. II, 11, non... est acceptio personarum apud Deum, qui reprennent Deutéronome X, 17, Deus... qui personam non accipit necmunera), l'expr. devient positive et laud. Dans la phrase suiv., la valeur est sous ce rapport ambiguë, parce que l'aut. se place tour à tour au point de vue du Conseil dont les intentions sont légitimées par des considérations de droit, et à son propre point de vue qui condamne l'attitude du Conseil :
6. Le Conseil des Indes (...) aura cru devoir faire (...) ce qui a été effectué dans la péninsule pour détruire l'œuvre de la révolution; il aura voulu les replacer [les colonies] de droit sous l'autorité légitime sans faire acception des faits. F.-R. de Chateaubriand, Correspondance générale,t. 5, 1848, p. 133.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aksεpsjɔ ̃]. Enq. : /aksepsiõ/. 2. Homogr. : acceptions, plur. du subst. et forme de accepter.
Étymol. ET HIST. I.− Début xiiies. « action de faire entrer en ligne de compte la qualité d'une pers. » terme jur. (Les 7 Sages de Rome, éd. P. Paris, 51 ds R. Hist. litt. Fr., I, 184 : Et fist ses barons assambler qui jurerent que loyaulment sans acception ou faveur ilz ayderont a sçavoir la verité de la chose); ca 1350 « action de distinguer (une pers.) » (Gilles Li Muisis, éd. Kervyn de Lettenhove, II, 249 ds T.-L. : acception ne voet dieus de nulle personne); 1541 « action d'admettre par préférence » (Calvin, Inst. chrét., III, XI, 22 ds Hug. : Les fideles sont justes devant Dieu, non point par les œuvres mais par acception gratuite); 1547 de grande acception « de grand prix » (Haudent, Apologues d'Esope, II, 103 ibid. : Je ne te scay (monsieur) ny gré ny grace D'avoir obtins, a la presente place, C'est ascavoir ta benediction Veu qu'el' ne m'est de grand' acception Pourtant que si elle eust vallu de soy Un seul desnier, ne l'eusse eue de toy). II.− 1. 1532 « action de recevoir (qqc.) » (Lemaire de Belges, Schismes et Conciles, éd. Stecher, 1repart., III, 252 ibid. : Les tresors mobiles, portatifz et transitoires des Empereurs Phelippes et l'acception d'iceux par le Pape Fabian, causerent le premier schisme); 1771 terme méd. « action de recevoir » (Encyclop. ds Trév. : Se dit de tout ce qui est reçu, soit par la peau, soit par le canal alimentaire). − 1842, Ac. Compl. qualifié de peu fréq.; 2. xviies. « action d'accepter les épreuves », relig. (Bourdaloue, Panég. St Louis ds DG : une acception volontaire et une soumission chrétienne). De là les confusions entre acception et acceptation av. la distinction mod. des 2 mots. III.− 1694 « sens donné à un mot » gramm. (Ac. 1694 : acception, t. de grammaire, sens dans lequel un mot se prend. Ce mot a plusieurs acceptions; ce mot dans sa première et plus naturelle acception). Empr. au lat. acceptio, au sens II 1 dep. Cicéron, Top., 37 ds TLL s.v., 282, 44 : ...neque deditionem neque donationem sine acceptione intellegi posse; (cf. av. 821 Theodulf, Carmina, 28, 301 ds Mittellat. W. s.v., 480, 36 : acceptio numeris), terme méd. ive-ves. Theod. Prisc., Log., 49 ds TLL s.v., 282, 70 : acceptio ellebori; II 2 s'est développé en fr., pas d'équivalent en lat. chrét. − I, « considération de la pers. » à partir de l'époque chrét. : Tertullien, Adv. Marcionem, 4, 35 ds TLL s.v., 282, 83 : ex acceptione personae parcens ei; se développe en lat. jur. (Digeste de Florent, Code théodosien, ibid., 283, 4 sq.; cf. Lex Alaman., 41, 1 ds Mittellat. W. s.v., 80, 47); cf. avec attest. de 1350 et 1536 : I Pierre, I, 17 : Et si patrem invocatis eum, qui sine acceptione personarum judicat = secundum uniuscujusque opus... voir Théol. Cath. s.v. acception de personnes; voir aussi Naz, Dict. dr. canon. s.v. − III développé en lat. médiév. à partir de accipere « intelligere » (dep. Quintillien, Inst., 5, 10, 42 : duplex significatio est temporis : generaliter... et specialiter accipitur, et chez les grammairiens) : 1163-64, Arno Reichersbergensis, Apologeticus, p. 140, 9 ds Mittellat. W. s.v., 80, 24 : vocum acceptio.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 333. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 518, b) 650; xxes. : a) 233, b) 484.
BBG. − Bailly (R.) 1969. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Bouyer 1963. − Dagn. 1965. − Dam.-Pich. Gloss. 1949. − Delboulle (A.). Notes lexicologiques. R. Hist. litt. Fr. 1894, t. 1, p. 184. − Dictionnaire de droit canonique... Publ. sous la dir. de R. Naz. Paris, 1935. − Fér. 1768. − Foulq.-St-Jean 1962. − Gramm. t. 1 1789. − Kold. 1902. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Marcel 1938. − Springh. 1962. − Théol. cath. t. 1, 1 1909. − Thomas 1956.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

acception \Prononciation ?\ féminin

  1. Action de recevoir.
  2. Action d’employer.

Nom commun - français

acception \ak.sɛp.sjɔ̃\ féminin

  1. Sens particulier dans lequel un mot est utilisé.
    • Ce défaut est celui des esprits cultivés, mais stériles ; ils ont des mots en abondance, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détournant les acceptions. — (Georges Louis Leclerc Buffon, Traité du style).
    • C’était en somme, avec sa peau blanche, sa haute taille et ses larges épaules, un fort beau cavalier dans l’acception ordinaire du mot. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre IV)
    • C'était dans toute l’acception du mot, un gosse naïf, heureux de jouer à l’explorateur. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Ce mot, dans son acception la plus naturelle, dans son acception la plus étendue, dans son acception rigoureuse, signifie, etc.
  2. (Vieilli) Sorte de préférence qu’on a pour une personne au préjudice d’une autre.
    • Sans acception de qualités, sans acception de fortune, sans acception de parti, c’est-à-dire sans tenir compte des qualités d’une personne, de sa fortune, du parti auquel elle appartient. Référence nécessaire
    • Instituons des règlements de justice et de paix auxquels tous soient obligés de se conformer, qui ne fassent acception de personne, et qui réparent en quelque sorte les caprices de la fortune en soumettant également le puissant et le faible à des devoirs mutuels. — (Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755, deuxième partie, alinéa 31)
    • Zadig entra dans le temple en sautant à pieds joints et il prouva ensuite, par un discours éloquent, que le Dieu du ciel et de la terre, qui n'a acception de personne, ne fait pas plus de cas de la jambe gauche que de la jambe droite. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, VII. Les disputes et les audiences, 1748)
    • La loi ne fait acception de personne et s'applique également à tous, et tous ont droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, indépendamment de toute discrimination... — (Charte canadienne des droits et libertés, art. 15(1), 1982)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ACCEPTION. n. f.
Sorte de préférence qu'on a pour une personne au préjudice d'une autre. Il est surtout usité dans cette locution, Faire acception de personnes. Rendre la justice sans acception de personnes. La justice ne fait acception de personne. On dit aussi Sans acception de qualités, sans acception de fortune, sans acception de parti, c'est-à-dire Sans tenir compte des qualités d'une personne, de sa fortune, du parti auquel elle appartient. Il signifie aussi, en termes de Grammaire, Sens dans lequel un mot se prend. Ce mot a plusieurs acceptions. Acception propre. Acception figurée. C'est l'acception ordinaire de ce mot. Ce mot, dans son acception la plus naturelle, dans son acception la plus étendue, dans son acception rigoureuse, signifie, etc. Ce mot est mis, est employé ici dans une acception détournée.

Littré (1872-1877)

ACCEPTION (a-ksè-psion ; en poésie, de quatre syllabes, a-ksè-psi-on) s. f.
  • 1Action d'admettre par préférence. La loi ne fait pas acception des personnes. Ne faire acception de personne. Si l'on voit une acception de personnes dans la chaire de saint Pierre…, Bossuet, Lettr. quiét. 129. Le Dieu du ciel et de la terre qui n'a acception de personne, Voltaire, Zad. 7.
  • 2Manière de prendre un mot, sens qu'on lui donne. Ce mot a plusieurs acceptions. Acception propre, acception figurée. On prend ce mot dans une double acception.

HISTORIQUE

XVe s. Soyez renommé en administration de vraie justice, et à icelle puissamment exercer et executer, sans acception de personne, Juvénal Des Ursins, Ch. VI, 1410.

XVIe s. Sans nulles acceptions de personnes, D'Aubigné, Hist. II, 229. Sans acception ne exception de personne, D'Aubigné, ib. Les fideles sont justes devant Dieu, non point par les œuvres, mais par acception gratuite, Calvin, Inst. 590.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ACCEPTION, s. f. terme de Grammaire, c’est le sens que l’on donne à un mot. Par exemple, ce mot esprit, dans sa premiere acception, signifie vent, souffle : mais en Métaphysique il est pris dans une autre acception. On ne doit pas dans la suite du même raisonnement le prendre dans une acception différente.

Acceptio vocis est interpretatio vocis ex mente ejus qui excipit, Sicul. p. 18. L’acception d’un mot que prononce quelqu’un qui vous parle, consiste à entendre ce mot dans le sens de celui qui l’emploie : si vous l’entendez autrement, c’est une acception différente. La plûpart des disputes ne viennent que de ce qu’on ne prend pas le même mot dans la même acception. On dit qu’un mot à plusieurs acceptions quand il peut être pris en plusieurs sens différens : par exemple, coin se prend pour un angle solide, le coin de la chambre, de la cheminée ; coin signifie une piece de bois ou de fer qui sert à fendre d’autres corps ; coin, en terme de monnoie, est un instrument de fer qui sert à marquer les monnoies, les médailles & les jettons ; coin ou coing est le fruit du coignassier. Outre le sens propre qui est la premiere acception d’un mot, on donne encore souvent au même mot un sens figuré : par exemple, on dit d’un bon livre qu’il est marqué au bon coin : coin est pris alors dans une acception figurée ; on dit plus ordinairement dans un sens figuré. (F)

Acception, en Medecine, se dit de tout ce qui est reçû dans le corps, soit par la peau, soit par le canal alimentaire. (N)

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Étymologie de « acception »

Provenç. acceptio ; catal. accepció ; espagn. accepcion ; de acceptio, de accipere, recevoir, de ad, à, et capere, prendre (voy. CAPTURE).

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Emprunté au latin acceptio (« action de recevoir, approbation ») lui-même dérivé de accipere (« prendre, recevoir »). De la même famille que capiare (prendre possession)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « acception »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
acception aksɛpsjɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « acception » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « acception »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « acception »

  • Mais ces listes qui s’approprient ou revendiquent une conception municipaliste dans leurs discours « tordent » l’acception initiale du terme.
    The Conversation — Listes citoyennes « municipalistes » : une réelle alternative politique ?
  • Une acception de nature à sortir de l’impasse politique qui dure depuis plusieurs mois en Libye, débouchant sur une hausse de la tension et des affrontements armés entre les deux camps.
    Tunisie Numerique — Libye: L'ONU annonce l'acceptation de la reprise des pourparlers pour un cessez-le-feu par les parties en conflit
  • Pour le président de l’association SOS Tabagisme-Niger, M. Saouna Idi Inoussa, la question du tabagisme a été mal perçue au début. «Les gens nous prenaient comme des fous car ce n’est pas une question inscrite sur l’agenda social. Les dirigeants politiques, les média et la population de manière générale ne croyaient pas qu’on peut lutter contre le tabac car c’est un produit qui bénéficiait d’une acception sociale», a-t-il soutenu.
    Lutte anti-tabac au Niger : «Le tabac est le seul produit légal en vente au monde qui tue un sur deux de ses consommateurs», relève M. Saouna Idi Inoussa, président de l’association SOS Tabagisme-Niger
  • Les démarches entreprises par le gouvernement pour dénoncer le grave dérapage du consul général marocain à Oran et appeler la partie marocaine dans des termes sans équivoque, à prendre les mesures qui s’imposent, ne peuvent avoir une autre acception ou interprétation que celle de son rappel par son pays
    Dérapage du consul marocain : Les démarches de l’Algérie ne peuvent avoir d’interprétation autre que celle de son rappel
  • Un livre sur l'acception de la différence mis en lumière par le talent de dessinateur et la verve de l'auteur alsacien. Ce classique de la littérature jeunesse de 1966 n'a rien perdu de sa pertinence.
    France Inter — Livre pour enfants : pourquoi relire "Jean de la Lune" de Tomi Ungerer, véritable ode à la tolérance ?
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    Tunisie Numerique — Libye: L'ONU annonce l'acceptation de la reprise des pourparlers pour un cessez-le-feu par les parties en conflit
  • Les dirigeants politiques, les média et la population de manière générale ne croyaient pas qu’on peut lutter contre le tabac car c’est un produit qui bénéficiait d’une acception sociale», a-t-il soutenu.
    Lutte anti-tabac au Niger : «Le tabac est le seul produit légal en vente au monde qui tue un sur deux de ses consommateurs», relève M. Saouna Idi Inoussa, président de l’association SOS Tabagisme-Niger

Traductions du mot « acception »

Langue Traduction
Anglais sense
Espagnol acepción
Italien accezione
Allemand bedeutung
Portugais acepção
Source : Google Translate API

Synonymes de « acception »

Source : synonymes de acception sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot acception au Scrabble ?

Nombre de points du mot acception au scrabble : 15 points

Acception

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