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Sentir

Définitions de « sentir »

Trésor de la Langue Française informatisé

SENTIR, verbe trans.

I. − [Le suj. désigne un être vivant doué de sensibilité] Percevoir, éprouver une sensation, une impression.
A. − [Par l'intermédiaire des sens (excepté la vue et l'ouïe)]
1. Percevoir, éprouver une sensation physique qui renseigne sur l'état de l'organisme ou sur le milieu extérieur. Une saveur âcre qu'elle sentait dans sa bouche la réveilla (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 170).Je sentais la caresse légère de ses doigts sur mon cou (Gracq, Syrtes, 1951, p. 154).
SYNT. Sentir la faim, la fatigue, la soif; sentir une démangeaison, une douleur; sentir la sueur sur son front, les battements de son cœur, des larmes prêtes à jaillir; sentir la chaleur du sable, du soleil; sentir le froid de l'eau glacée, de la bise; sentir une main qui agrippe; sentir un objet dans sa poche; sentir un goût d'ail, d'oignon dans un plat.
[Suivi d'une inf.] Sentir ses forces faiblir, ses genoux fléchir, sa voix trembler, le froid tomber. Cela commença par le bruit aigre d'une croisée qui roulait lentement sur ses gonds, et à travers laquelle je sentis poindre l'air pénétrant des brumes humides de septembre (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 121).Il (...) sentit grincer le sable sous ses semelles (Bernanos, Joie, 1929, p. 717).
[Suivi d'une complét.] Elle sentit qu'elle avait très froid (Maupass., Une Vie, 1883, p. 249).Je sentis que je rougissais (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 41).
Absol. Quand tu dis (...): « Je me brûle », tu ne fais (...) que sentir. Sentir, cette chose que tout le monde connaît par expérience, et que personne, jusqu'à cette année 1805, n'a pu décrire (Stendhal, Corresp., t. 1, 1805, p. 139).
Empl. pronom., littér. Nuit de juin! Dix-sept ans! − On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête... On divague; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête (Rimbaud, Poés., 1871, p. 71).
Empl. subst. masc. Le sentir. La faculté de sentir. On a fini par croire que tout se réduisait à la sensation; qu'il suffisait de transformer la sensation produite par un corps en une autre sensation pour avoir l'explication des facultés intellectuelles. Néanmoins le sentir n'explique pas tout: il n'explique pas (...) les sentiments moraux. (...) la preuve, c'est qu'on trouve ce phénomène chez tous les êtres qui sont du domaine de la zoologie (Broussais, Phrénol., 1836, p. 69).
Empl. factitif. Se faire sentir.Se manifester, devenir sensible. La douleur, la faim, la soif se fait sentir; action, nécessité qui se fait sentir. Le découragement commençait à se faire sentir dans toutes les sphères de l'armée et même au grand quartier général (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 319).
En partic. [Le suj. désigne un agent atmosphérique] Le froid se fait sentir. La bonne chaleur du soleil (...) avait commencé à se faire sentir dès le mois de mars (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 14).Malgré l'approche du mauvais temps dont les premiers effets se faisaient déjà violemment sentir au débouquer, matelots et marchands faisaient cercle autour de l'unique mât (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 11).
Locutions
Ne pas/ne plus sentir ses bras, ses jambes, ses pieds. Ne pas ne plus les percevoir, comme s'ils étaient devenus insensibles (à cause d'une grande fatigue, d'un grand froid). J'arrête Luce au passage et la force à s'asseoir une minute: − Tu n'en es pas fatiguée, de ce métier-là? − Tais-toi! Je danserais pendant huit jours! Je ne sens pas mes jambes (Colette, Cl. école, 1900, p. 315).Plus rarement, à la forme affirm. Sentir ses bras, ses jambes. Y percevoir des douleurs ou des courbatures provoquées par un excès de fatigue. D'un balancement de sa fourche, elle prenait l'herbe, la jetait dans le vent (...). − Ah! ma petite, dit Palmyre, de sa voix dolente, on voit bien que tu es jeune... Demain, tu sentiras tes bras (Zola, Terre, 1887, p. 134).
Sentir la main qui vous démange. V. démanger B.
Ne pas sentir sa force*.
P. anal.
Sentir son cheval. Percevoir les mouvements et réactions de son cheval et savoir en tirer habilement parti. Le cavalier doit être plus qu'un technicien: le compagnon de sa monture. Il doit la sentir, la comprendre, se comporter en psychologue (Jeux et sports, 1967, p. 1604).
MAR. [Le suj. désigne un navire]
Sentir sa barre. Obéir instantanément à l'action du gouvernail (d'apr. Gruss 1978).
Sentir le fond. Manœuvrer avec peu d'eau sous la quille et abattre d'un bord ou de l'autre de façon imprévisible (d'apr. Merrien 1958).
2. En partic.
a) Percevoir par l'odorat. Sentir un parfum de fleur, l'odeur d'un mets, une odeur désagréable; ne rien sentir (parce que l'on est enrhumé). Carmen, en chemise, se glissait à côté de lui. Il sentit le parfum fort de ses épaules rondes (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 359).Je connais toutes les pierres du chemin et je me dirigerais, s'il le fallait, aux odeurs, comme mon père sait le faire, depuis qu'il est aveugle. Tenez, en longeant ce mur, nous allons sentir les lilas. C'est une senteur délicieuse (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 100).
Absol. En émoussant peu à peu ces impressions qui retiennent d'abord toute l'attention de l'enfant, l'habitude lui permet de saisir les attributs particuliers des corps; elle lui apprend ainsi insensiblement à voir, à entendre, à sentir, à goûter, à toucher, en le faisant successivement descendre, dans chaque sensation, des notions confuses de l'ensemble aux idées précises des détails (Bichat, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 65).
Empl. pronom. à sens passif. La camériste faisait remarquer à M. le Conseiller Vénérable l'affreuse odeur qui se sentait dans tout l'étage (Jouve, Scène capit., 1935, p. 150).
Loc. fig., fam. Ne pas pouvoir sentir (qqc., qqn). Éprouver (pour quelque chose, quelqu'un) une grande aversion, une grande antipathie. Synon. détester, haïr, ne pas pouvoir supporter (qqc., qqn) (v. supporter1), ne pas pouvoir souffrir* (qqn) (fam.).Je demande: C'est-y des tableaux vivants?... Parlez donc français − dit Madame Garabis agacée − allons! Reprenez (...) Elle peut pas sentir ma façon de parler. Docilement je reprends: Est-ce des tableaux vivants? (Gyp,Souv. pte fille,1928,p. 167).− (...) quand elle va revenir des toilettes, offrez-lui un verre pendant que nous allons voir les figures de cire. − Ah! non pas moi! dit Lewis. − Mais il lui faut un homme pour s'occuper d'elle. Elle ne connaît pas Bert et elle ne peut pas sentir Willie. − Mais moi je ne peux pas sentir Évelyne, dit Lewis (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 521).
Empl. pronom. réciproque. Ne pas pouvoir se sentir. [Maman] avait été la belle-mère de mon oncle et ils ne pouvaient pas se sentir. Je ne sais pas s'ils étaient formellement brouillés, ou s'ils évitaient simplement de se rencontrer (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 236).Il est des peuples que tout désigne pour une guerre, leur peau, leur langue et leur odeur, ils se jalousent, ils se haïssent, ils ne peuvent pas se sentir (Giraudoux, Guerre Troie, 1935, ii, 13, p. 185).
P. anal. [Le suj. désigne un animal et plus partic. un chien] Percevoir une piste grâce au flair. On ne conçoit pas, mais on voit, on ne peut qu'admirer comment le chien sent souvent après plusieurs heures l'empreinte légère du pied d'un lièvre (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 149).Absol. Dès qu'il pleut trop ou qu'il fait trop sec, que mon chien ne sent plus, que je tire mal, et que les perdrix deviennent inabordables, je me crois en état de légitime défense (Renard, Hist. nat., 1896, p. 264).
[Le suj. désigne un cheval] Sentir l'écurie*.
b) Chercher à percevoir l'odeur de quelque chose. Synon. flairer, humer, renifler (fam.), respirer.Sentir un flacon de parfum, un bouquet de fleurs; sentir le bouquet d'un vin. Un moment, elle a tiré l'œillet de sa poitrine, l'a longuement senti de ses narines ouvertes, puis me l'a passé presque comme une chose qu'elle aurait laissée et m'a dit: « Sentez, j'adore cette odeur (...) » (Goncourt, Journal, 1864, p. 70).Pense que chaque soir, il y a une femme qui pense à toi, une femme qui voudrait s'étendre contre toi, sentir l'odeur de tes cheveux et s'endormir dans ta chaleur (Pagnol, Fanny, 1932, iii, 10, p. 207).
B. − [Par l'intermédiaire de l'intellect]
1. Avoir, prendre conscience de. Je fus d'abord très touché de cette vue, et ce fut un remords qu'il me donna de n'avoir pas assez senti ce que vaut un père (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 178).Il s'était mis, pour ne plus sentir la misère de son existence, à travailler éperdument (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 47).
[Suivi d'une inf.] Tâchez d'atteindre à cette idée sublime, que le véritable bonheur de l'homme ne se trouve que dans le bonheur de ses semblables; dites en vous-mêmes, et dans le secret d'un cœur calme et pur: Je sens avoir besoin du bonheur des autres (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p. 95).
[Suivi d'une interr. indir.] J'ai été bien content de t'avoir vue hier; je sens combien ta société a de charmes pour moi (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1810, p. 196).
Constr. factitive. Faire sentir (qqc.) à (qqn).Faire comprendre (quelque chose) à (quelqu'un) de manière plus ou moins directe. Aussitôt rentrés, Amélie trouva le moyen de me faire sentir qu'elle désapprouvait l'emploi de ma journée (Gide, Symph. pastor., 1919, p. 897).Chaque fois que vous citiez les Offices, le Prado, les Thermes, j'étais sûr que ce n'était qu'une occasion de me faire sentir que j'ignorais les voyages, Florence, Madrid, Rome (Nizan, Conspir., 1938, p. 228).
En partic. Faire comprendre à quelqu'un les points importants d'un exposé, d'un ouvrage en les lui expliquant bien. M. d'Arlincourt (...) venait demander à Michaud d'en parler [de son dernier ouvrage] de manière à faire sentir au public tout ce qu'il y avait de profond, de délicat dans cette conception (Delacroix, Journal, 1854, p. 190).On sait le rôle important que jouent dans les astres ces « pressions de Maxwell-Bartoli ». J'espère avoir pu faire sentir au lecteur, par cette brève analyse, l'intuition profonde et l'extrême souplesse d'esprit de Maxwell (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 240).
Loc. Sentir la moutarde lui monter au nez. V. moutarde ex. 2.
2. Percevoir par l'intuition. Synon. deviner, pressentir, subodorer.
a) [Le compl. désigne un fait, une impression, un sentiment] Sentir une trahison. Cette confiance insensée, on la sentait chez tous les hommes (...) elle était dans l'air (...). Était-ce le canon qui sonnait sans relâche (...), qui enfonçait en nous cette certitude de vaincre? (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 181).C'est bien la femme qu'il te faut. Elle te rendra heureux. Tu sais, entre elles, les femmes sentent ça (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 251).
[Suivi d'une complét.] Mon exil était plus sérieux et plus lointain qu'il n'avait d'abord paru; chacun sentait que la vie pour moi s'apprêtait à vraiment changer (Gracq, Syrtes, 1951, p. 11).
Locutions
Sentir bien (qqc.). En éprouver la certitude. Pluvinage est peut-être le seul d'entre eux qui adhère pleinement à son action, mais c'est une adhésion qui ne peut que mal finir, parce qu'il ne se soucie au fond que de vengeance et croit à son destin sans retour d'ironie sur lui-même. Tout cela est terriblement provisoire, et ils le sentent bien (Nizan, Conspir., 1938, p. 24.
[Suivi d'une complét.] Comment ai-je pu lui résister, se disait-il; si elle allait ne plus m'aimer! (...) Le soir, il sentit bien qu'il fallait absolument paraître aux Bouffes dans la loge de Mmede Fervaques (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 422).
Sentir la mort (pop.). La veuve Dentu se trouva là juste à point, venue soudain ainsi que le prêtre, comme s'ils avaient « senti la mort », selon le mot des domestiques (Maupass., Une Vie, 1883, p. 164).
Sentir venir qqc. (de mauvais). Félix ne le sait que trop bien, et sent le châtiment venir (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 192):
1. L'Intransigeant, qui fut longtemps (...) le seul grand journal du soir de Paris, avait été détrôné par Paris-Soir dès 1933. Sentant venir le danger, son directeur Léon Bailby avait organisé le journal de Rochefort, modernisé son imprimerie, agrandi ses bureaux. Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 47.
Sentir le vent tourner, que le vent va tourner. Pressentir, deviner un changement de situation. Il sut s'arrêter dès qu'il sentit que le vent allait tourner, et que mieux valait demeurer l'auteur du Barbier et de Guillaume Tell qu'ajouter au catalogue de ses œuvres quelques numéros qui l'auraient alourdi sans augmenter sa gloire (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 123).
b) [Le compl. désigne une pers.] − Madame, est-il vrai que vous passiez l'hiver ici, comme l'été? Vous devez vous y trouver terriblement seule! Ses yeux bruns m'examinent deux secondes. Elle a vite fait de sentir un allié. − Oui, seule (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 111).Je pensai moi aussi à m'éloigner, mais je sentais les deux jeunes gens si gênés, si anxieux, l'un en face de l'autre, que je jugeai prudent de ne pas le faire (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 266).
[Suivi d'une inf.] Au fond cette petite guerre sourde et venimeuse l'affligeait beaucoup; il sentait Tarascon lui glisser dans la main (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 40).
En partic. [Le compl. désigne un artiste, un écrivain] Le comprendre en profondeur, être sensible à son art, à sa manière d'écrire. Sur d'autres sujets voisins de Racine, il [La Harpe] est incomplet; il sent peu Molière (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 5, 1851, p. 119).Je me suis élevé contre leur ami R... qui n'aime pas Cimarosa, qui ne le sent pas, à ce qu'il dit avec une certaine satisfaction de lui-même (Delacroix, Journal, 1853, p. 72).
c) [Le compl. désigne Dieu] Percevoir par la foi, l'intuition mystique. L'âme ne peut se mouvoir, s'éveiller, ouvrir les yeux, sans sentir Dieu. On sent Dieu avec l'âme, comme on sent l'air avec le corps. Oserai-je le dire? On connaît Dieu facilement, pourvu qu'on ne se contraigne pas à le définir (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 98).
Empl. pronom. à sens passif. L'abbé Renaud la rassurait. − Dieu se sent, lui disait-il, et ne se prouve pas. Laissons ce cœur s'ouvrir (Feuillet, Sibylle, 1863, p. 339).
3. Éprouver, par la voie de la sensibilité artistique, une émotion, un sentiment d'ordre esthétique. Synon. apprécier, goûter1.Sentir la beauté d'un paysage, d'un tableau, d'une poésie, d'une œuvre musicale; sentir la poésie des vieilles pierres. Le soir, dans le trio de Mozart, pour alto, piano et clarinette, j'ai senti délicieusement quelques passages, et le reste m'a paru monotone (Delacroix, Journal, 1853, p. 24):
2. Il faut avouer que l'Esthétique est une grande et même une irrésistible tentation. Presque tous les êtres qui sentent vivement les arts font un peu plus que de les sentir; ils ne peuvent échapper au besoin d'approfondir leur jouissance. Valéry, Variété III, 1936, p. 139.
Absol. D'autres artistes sentent vivement mais n'ont point de raisonnement abstrait, et comme les précédents, leur communion avec le monde est peu profonde (Gilles de La Tourette, L. de Vinci, 1932, p. 120).
C. − [Par l'intermédiaire de l'affectivité]
1. Littér. Ressentir, éprouver un sentiment, un besoin. Sentir de l'allégresse, de l'inquiétude, de la peine, du plaisir, une grande détresse. Cette femme parut charmée de ce que je lui disais; encouragé par là, je sentis de la joie, de l'amour, de la tendresse (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 228).Il reconnut qu'il avait peur. Il entra deux fois dans des cafés pleins de monde. Lui aussi, comme Cottard, sentait un besoin de chaleur humaine (Camus, Peste, 1947, p. 1262).
Sentir + [subst. désignant un sentiment] pour qqn.Sentir de l'amour pour qqn. Oui, je sentis pour cette fille une tendresse inexprimable (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 60).Harbert sentait pour l'ingénieur une vive et respectueuse amitié (Verne, Île myst., 1874, p. 175).
Ne rien sentir pour qqn. Ne ressentir aucun sentiment pour quelqu'un, ne pas l'aimer. Ils étaient restés seuls; la conversation languissait évidemment. Non! Julien ne sent rien pour moi, se disait Mathilde vraiment malheureuse (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 320).
2. Vieilli. Ressentir, éprouver les suites, le contrecoup d'un événement. Le général Meunier, commandant la place de Cassel, fut blessé d'un éclat d'obus, dont il mourut quelques jours après. Toute la garnison sentit ce coup (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 112).
II. − [Le suj. désigne qqn ou qqc.]
A. − Exhaler, répandre (une odeur).
1.
a) [Le compl. est un subst.] Sentir l'ail, le crottin, la cuisine, le jasmin, le poisson, la poussière, la rose. Je suis descendu, plié en deux, dans notre guitoune, petite cave basse, sentant le moisi et l'humidité (Barbusse, Feu, 1916, p. 18).Je trouvai ma mère très calme: − Tu sens l'eau-de-vie, me dit-elle. D'où viens-tu? (France, Vie fleur, 1922, p. 306).
P. iron., fam. Ça ne sent pas la rose! (Ds Lar. Lang. fr.) Ça sent mauvais. (Ds Lar. Lang. fr.).
P. métaph. Quand on lit à l'ombre d'un chêne les poèmes de Ronsard qui sentent le buis et le laurier, il semble que des apparitions furtives de hanches et de seins nus animent le lit des eaux paisibles (Faure, Hist. art, 1914, p. 496).
b) [Suivi d'un adj. empl. adverbialement] Ces fleurs sentent bon; ce fromage sent fort. Il m'annonça qu'il ne se lavait plus, et que c'était pour cela que ça sentait si mauvais dans la pièce (Gide, Si le grain, 1924, p. 476).Tante Aline les retournait [les souliers] dans tous les sens, en les astiquant avec une crème qui sentait très fort (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 47).
Au fig., pop., fam. Sentir mauvais, ne pas sentir bon. Prendre une mauvaise tournure. Synon. tourner mal, se gâter.Je ne sais quel mic-mac il y a chez eux, dit la vieille fille, mais ça ne sent pas bon (...) Ce Florent (...) qu'est-ce que vous en pensez, vous autres? (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 677).Au commencement, c'était varié, amusant, pittoresque, cette bataille insoluble entre mon règlement et les passagers. Mais ça commence à sentir mauvais. Ça dure. Ça s'éternise (Audiberti, Quoat, 1946, 2etabl., p. 79).
Fam. [Suivi d'un compl. redoublé par l'adj.] Ça sent bon la rose, les fleurs. − Patron, je vous apporte mon lapin sauté. − Oh! oh! ça sent bon l'ail, dit Lecouvreur (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 147).
P. métaph. Si maladroites soient-elles [des peintures], le charme de leurs formules c'est d'être spontanées, variées, sincères, de sentir bon la vie (Dorival, Peintres XXes., 1957, p. 19).
c) Absol. Cette viande, ce poisson commence à sentir. Ce qu'elle doit avoir chaud! Il caressa un peu la fourrure et un parfum tiède et lourd s'en dégagea. C'est donc ça qui sentait, tout à l'heure. Il caressait la fourrure à rebrousse-poil et il était content (Sartre, Sursis, 1945, p. 193).
En partic. [Le suj. désigne un cadavre] Lorsqu'il s'approcha, il reconnut que vraiment Forestier commençait à sentir; et il éloigna son fauteuil, car il n'aurait pu supporter longtemps cette odeur de pourriture (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 194).
Sentir de + compl. désignant une partie du corps.Sentir des pieds, de la bouche. Depuis quèq' temps je r'marque (...) que tu sens fort des pieds! (Courteline, Train 8 h 47, 1888, p. 94).
2. Loc. fig. et fam.
Sentir le brûlé*, l'encre*, le fagot*, l'huile*, la lampe*, le roussi*, le sapin*.
Vieilli
Sentir la corde, l'échelle, le gibet, la lime, la mort, la potence. Être suspect, mériter la mort. (Dict. xixeet xxes.).
Sentir son fruit. Répandre une odeur sui generis. Dans l'air chaud, une puanteur fade montait de tout ce linge sale remué. − Oh! là là, ça gazouille! dit Clémence, en se bouchant le nez. − Pardi! si c'était propre, on ne nous le donnerait pas, expliqua tranquillement Gervaise. Ça sent son fruit, quoi! (Zola, Assommoir, 1877, p. 505).
Proverbe. La caque* sent toujours le hareng.
B. − Révéler par l'odeur, le goût, la saveur de. Plat qui sent le brûlé; poisson qui sent la vase; vin qui sent le bouchon, l'aigre. J'accepte, pour plaire à Claudine, des bribes de chocolat grillé, qui sent un peu la fumée, beaucoup la praline (Colette, Cl. s'en va, 1903, p. 40).Là, peut-être, quelque vieille femme, à l'angle d'une rue noire, serrait-elle encore contre sa poitrine un pot fumant de ces châtaignes bouillies qui sentent l'anis (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 286).
C. − Au fig. Présenter, révéler les caractères de.
1. [Le compl. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Sentir le blasphème, la manigance, la ruse. Elle s'écrie: « On ne sait pas ce qu'on a dit sur moi, sur ma maison. On a dit que ça sentait la Cour d'Assises! » (Goncourt, Journal, 1865, p. 187).Vêtu en traditionnel Gugusse d'hippodrome, tout, en Jarry, sentait l'apprêt (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1170).Sentir le terroir*.
En partic. [Le suj. et le compl. désignent un facteur climatique ou saisonnier] Dans les petites rues solitaires (...), des digitales roses que personne n'avait semées égayaient les murs gris; il y avait du vrai soleil, et tout sentait le printemps (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 53).Un petit vent sec les saisit. Un de ces vents froids d'été, qui sentent déjà l'automne (Maupass., Une Vie, 1883, p. 59).
2. [Le compl. désigne une pers.] Sentir l'espion. Son visage respirait une certaine audace, un je ne sais quoi de belliqueux qui sentait bien plus le gentilhomme que le dévot (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 373).Une délicatesse rusée, qui sentait l'homme de loi (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 98).
Vieilli. [Le compl. est précédé d'un poss.] Sentir son pédant. Monsieur de l'Estorade (...) n'a pas un nom assez européen pour qu'on s'intéressât au chevalier de l'Estorade, dont le nom sentait singulièrement son aventurier (Balzac, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 176).Démétrius voulait éblouir ses hôtes (...) son luxe barbare, ses chasses héroïques sentent fort son parvenu (Mérimée, Faux Démétrius, 1853, p. 237).
III. − Empl. pronom.
A. − [Le suj. désigne un être vivant doué de sensibilité]
1. Empl. pronom. réfl. dir.
a) Vieilli, absol. Avoir conscience de soi, de ses forces, de ses capacités. Ça me flatte, vois-tu, que tu aies reconnu sur ma figure que je n'étais pas une femme à laisser un enfant sur le pavé. On n'est pas riche, mais on se sent (Malot, R. Kalbris, 1869, p. 199).Un jour, − je chaussais alors des culottes fendues au derrière, par prudence, − mon père me dit: − Si tu te sentais, nous irions jusqu'à notre vigne des Oulettes? (Arène, Veine argile, 1896, p. 257).
Se sentir de + inf.Se sentir la force, le courage de. − Hep, fait Maurras doucement. Ils s'arrêtent. Le pas clair de Gagou sonne devant eux. − Il va là-haut. − Ça semble. − Tu te sens d'y aller, la nuit? − À deux, oui; seul, j'aimerais mieux retourner (Giono, Colline, 1929, p. 92).
[Le suj. désigne un/une adolescent(e)] Commencer à se sentir. ,,Commencer à éprouver les premières impressions de la puberté`` (Ac. 1835, 1878).
À la forme nég.
Ne plus se sentir. Ne plus avoir conscience de son corps. On a craint pour moi une fièvre cérébrale (...) Mon corps était bien au lit sous l'apparence du sommeil, mais mon âme galopait dans je ne sais quelle planète. Pour parler tout simplement, je n'y étais plus et je ne me sentais plus (Sand, Corresp., t. 1, 1830, p. 107).
Ne pas se sentir de/ne plus se sentir de + subst. Perdre le contrôle de soi sous l'effet d'une émotion forte. Le père Landriani (...) ne se sent pas de joie de voir sous ses ordres un del Dongo (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 175).Quand Kobus entendait la petite Sûzel soupirer tout bas: − Oh! que c'est beau! Cela lui donnait une ardeur [pour jouer du clavecin], mais une ardeur vraiment incroyable; il ne se sentait plus de bonheur (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 96).
Fam., mod. Ne plus se sentir. Perdre la tête, être fou, perdre le contrôle de soi.
b) Avoir conscience de l'état physique ou moral dans lequel on se trouve.
[Suivi d'un adj. attribut] Se sentir complexé, coupable, fier, fiévreux, gai, heureux, impuissant, joyeux, libre, moite, triste; se sentir capable de. Mon vieux, je me sens réellement malade (Bernanos, Crime, 1935, p. 821):
3. La culture, c'est pouvoir comprendre beaucoup de choses dans tous les domaines, dans le travail, dans la politique. La culture permet de ne pas se sentir inférieur; c'est se mettre en valeur pour tout ce que l'on sait. B. Schwartz, Pour éduc. perman., 1969, p. 75.
Se sentir bien, se sentir mieux, ne pas se sentir bien, se sentir mal. Avoir conscience de se trouver dans de bonnes ou mauvaises conditions physiques ou morales. César: Bonjour, petite... Tu te sens mieux? Fanny: Mais oui, je me sens très bien (Pagnol, Fanny, 1932, i, 1ertabl., 4, p. 18).
[Suivi d'un compl.] Se sentir à l'aise, à bout de forces; se sentir maître de soi, en sécurité, dans son droit, dans l'obligation de; se sentir en faute, sans défense. Lorsqu'il se trouvait assis devant la cheminée en compagnie de femme et enfant, il se sentait un homme content et plein de bons sentiments (Beer1939, p. 80).
[Suivi d'une inf.] Se sentir étouffer, mourir, revivre, rougir. Qu'allait-il répondre à son père? Il se sentit défaillir (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 665).
Loc. pop. Ne plus se sentir pisser*. P. ell. Je pouvais plus te tenir, plus t'approcher, tu ne te sentais plus. Tu étais devenu d'une suffisance insupportable (Le Monde, 22 juin 1988, p. 48, col. 5).
2. Empl. pronom. réfl. indir. Reconnaître, percevoir en soi une disposition, une inclination d'ordre physique, intellectuel, moral. Se sentir du dégoût, de la volonté, du zèle; se sentir le courage de, le désir de; se sentir une faim de loup. Mon père... Ah!... je me sens une angoisse! (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 146).L'eau du lavoir continue de ruisseler sur les visages, les cous et les mains. Elle efface le souvenir de l'effort et de la peine. Et ces hommes qui se croyaient épuisés en arrivant se sentent une force nouvelle (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 109).
Loc. Ne pas se sentir le cœur à, de. Ne pas avoir le désir, le courage à, de. Je ne me sens pas le cœur d'épouser quelque douairière, contemporaine du roi Charlemagne (Banville, Gringoire, 1866, 5, p. 40).
3. Empl. pronom. réciproque, pop. Se sentir les coudes. S'appuyer mutuellement, se soutenir. Synon. se serrer les coudes (v. coude).Une seconde d'hésitation devant la terre bouleversée, la plaine nue: on attendait de voir sortir quelques copains pour se sentir les coudes, puis un dernier regard derrière soi... Et sans un cri, tragique, silencieuse, la compagnie disloquée s'élança (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 285).
B. − [Le suj. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Empl. pronom. à sens passif
1. Être perceptible. On entend communément par intermittence une suspension subite et momentanée du pouls, pendant laquelle l'artère affaissée ne se sent plus sous le doigt (Laennec, Auscult., t. 2, 1819, p. 233).Le bonheur se sent en soi ainsi qu'un fruit qui est plein de sa saveur (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 593).
2. Loc. Cela/ça se sent
a) Cela se devine, cela n'a pas besoin d'être démontré, prouvé. Il n'avait pas l'occasion, aux Sables, de voir souvent de pareils spectacles et il en restait chaviré. Cela se sentait à sa façon de dire là-bas (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 89).Nous poussions rarement plus avant nos commentaires; il détestait s'appesantir. Souvent, si je lui demandais un éclaircissement, il souriait et me citait Cocteau: « C'est comme les accidents de chemin de fer: ça se sent, ça ne s'explique pas » (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 201).
b) Fam. Cela est perceptible, appréciable. Une couverture en plus, ça se sent en hiver. − En mars, reprit-il, c'est étonnant, de pouvoir ainsi rester dehors, comme en été. − Oh! dit-elle, dès que le soleil monte ça se sent bien (Zola, Bête hum., 1890, p. 109).
C. − Vieilli, littér. Se sentir de
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Continuer à éprouver les effets d'un mal physique. Synon. ressentir (v. ce mot II A).Il a eu une fièvre quarte dont il se sent encore (Ac.1835, 1878).Il se sentira longtemps de cette blessure (Ac.1835, 1878).
b) Éprouver l'influence de, subir les suites, le contrecoup de. Synon. ressentir (v. ce mot II A).Il a fait une grande perte au jeu, il s'en sentira longtemps (Ac.1835, 1878).Un cœur noble se sent de sa noble origine (Delille, Énéide, t. 2, 1804, p. 3).
2. [Le suj. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Subir les conséquences de. Mon travail de ce soir se sentira de ma mélancolie (Desmoulinsds Vx Cordelier, 1793-94, p. 147).Les pauvres dieux de marbre (...) se sentent de leur long séjour dans la terre humide (Taine, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 133).
Prononc. et Orth.: [sɑ ̃ti:ʀ], (il) sent [sɑ ̃]. Att. ds Ac. de p. 1694. Étymol. et Hist. I. Trans. et intrans. A. 1. Ca 1100 « percevoir, saisir quelque chose par intuition » (Roland, éd. J. Bédier, 1952: Oliviers sent que a mort est feruz); 2. a) déb. xiies. « connaître, saisir, comprendre en faisant usage de la raison, du jugement » (St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 72); b) 1774-76 « penser, juger, être d'avis » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 846 ds T.-L.); ca 1470 faire sentir « faire connaître, faire comprendre » (Chastellain ds Dochez d'apr. FEW t. 12, p. 471a); cf. 1580 je lui ferai sentir que c'est temerité (R. Garnier, Antigone, IV, 2302 ds Les Tragédies, éd. W. Foerster, t. III, p. 80); 3. 1555 « prendre conscience de quelque chose d'une façon plus ou moins claire ou explicite » (Ronsard, Odes, XVIII, 9 ds Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 7, p. 102); 1690 se faire sentir « se manifester de façon sensible, apparente » (Fur.); 4. a) 1694 « avoir l'appréciation de ce qui est beau dans une œuvre » (Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 1068); b) 1769 senti part. passé adj. « rendu, exprimé avec vérité » raccourci mal senti (Diderot, Salon de 1769 ds Œuvres compl., éd. J. Assézat, t. 11, p. 391). B. 1. a) 1121-34 « percevoir par l'odorat » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 406); 1530 « humer » (Palsgr., p. 722); d'où 1671 fig. sentir qqn de loin (Th. Corn., Comt. d'Orgueil, IV, 8 ds Littré); 1788 ne pas pouvoir sentir qqn (Fér.); 1819 ils ne peuvent pas se sentir (Boiste); b) ca 1135 « recevoir une impression par le moyen des sens » (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction AB, 1670); 2. a) 1135 « subir quelque chose, en supporter les effets » (Wace, Vie Ste Marguerite, 338 ds T.-L.); b) ca 1220 faire sentir « faire éprouver » fist ... sentir son pooir et sa force (Jean Renart, Lai Ombre, éd. F. Lecoy, 122-123). C. 1. a) 1160 « éprouver un sentiment, ressentir » (Enéas, 1828 ds T.-L.); 1662 absol. « réagir de manière affective » (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, n o44, p. 504); b) 1672 ne rien sentir pour qqn (Th. Corn., Ariane, I, 1 ds Littré); 2. fin xiie-déb. xiiies. « ressentir un fait qui touche ou heurte la sensibilité » (Chastelain de Couci, Chansons, éd. A. Lerond, XI, 12); 1689 sentir de + inf. « éprouver du déplaisir, de la peine de » (Sévigné, op. cit., p. 582). II. Trans. et intrans. A. 1225-50 « exhaler, répandre l'odeur de » (Venus, 186c ds T.-L.); 1530 sentir bon (Palsgr., p. 722); 1656 fig. sentir le bâton (Molière, Dépit amoureux, III, 3); 1594 sentir le fagot (Satyre Menippée, 87 [Charpentier] ds Quem. DDL t. 15, s.v. fagot). B. 1. 1450 sentir ... son lieu sauvaige « avoir le caractère du lieu d'où l'on vient » (Mist. vieux Testament, éd. J. de Rothschild, 11660); 2. 1635 « avoir le goût, la saveur de » (Monet). C. 1527 « avoir le caractère, les manières, l'air de quelqu'un, de quelque chose » (d'apr. FEW t. 12, p. 469a); 1558 avec un poss. (B. des Périers, Nouv. récréations et joyeux devis, éd. K. Kasprzyk, p. 165). III. Pronom. A. 1. Ca 1100 « avoir conscience de son propre état » quant se sent abatut (Roland, 2083); 2. 1580 « percevoir en soi la présence d'une inclination, d'un état physique, affectif ou moral » se sentant encore quelque reste de vie (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, III, p. 356); 3. 1662 « avoir conscience de soi, de son existence, de ses possibilités » (Molière, École des femmes, V, 4, 1504); 1668 ne pas se sentir de (La Fontaine, Fables, I, 2, 10 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 1, p. 63). B. Déb. xiies. « se ressentir de quelque chose » del freid ... me sente (St Brendan, 1396). C. 1. 1637 « (d'une chose) être éprouvé, perçu par les sens » (Descartes, Météores, Discours premier ds Œuvres philos., éd. F. Alquié, t. 1, p. 723); 2. 1662 « être perçu par l'esprit ou appréhendé par la sensibilité, l'intuition » (Pascal, op. cit., n o110, p. 512). Du lat. class. sentīre « percevoir par les sens (les sons, les sensations de plaisir, de douleur, etc.) et par l'intelligence », sens largement maintenu dans toute la Romania: ital. sentire, esp.-cat.-port. sentir (v. FEW t. 11, p. 472a); le sens de « sentir », qui ne semble pas att. en lat. mais bien celui de « goûter, savourer » qui lui est très proche, est très bien représenté en gallo-rom. et se présente aussi bien sous la forme active au sens de « percevoir une odeur » que passive, au sens de « exhaler une odeur », se comportant en cela comme son concurrent fragrare, v. flairer; au sens de « exhaler une odeur » sentir a éliminé l'a. fr. oloir, ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, Troie, 12894 ds T.-L.) du lat. olere « id. », d'où aussi l'esp. oler. Fréq. abs. littér.: 34 192. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 39 547, b) 46 003; xxes.: a) 51 144, b) 56 263. Bbg. Danell (K. J.). Rem. sur la constr. dite causative: faire (laisser, voir, entendre, sentir) + inf. Stockholm, 1979, 123 p. − Gohin 1903, p. 339. − Klein (F.-J.). Lexematische Untersuchungen zum frz. Verbalwort-schatz... Genève, 1981, pp. 186-190. − Lerch (E.). Sentir... Archivum Romanicum. 1941, t. 25, pp. 303-346. − Orr (J.). Words and sounds. Oxford, 1953, pp. 209-214. − Petrei (A.). Zu frz. sentir v. und sensation n. fr. Klagenfurt, 1983, 88 p. − Quem. DDL t. 13, 15, 19, 23, 27, 34.

Wiktionnaire

Verbe - français

sentir \sɑ̃.tiʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se sentir)

  1. Recevoir quelque impression par le moyen des sens, éprouver en soi quelque chose d’agréable ou de pénible.
    • Sentir le chaud, le froid.
    • Je sentais battre mon cœur.
    • Sentir la faim, la soif.
    • Elle ne sentait pas son ridicule, mais perdait cependant de sa contenance. Elle me rappelait les brebis imbéciles qui s’agitent au milieu des buissons, et, sans sentir les ronces, laissent cependant un flocon de laine à chacune. — (Jean Giraudoux, Provinciales, Grasset, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 47)
    • Zaheira sentait grandir son antipathie pour elle. Elle sentait aussi que la jeune femme n’était pas aimée dans la maison […] — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », Édition Corrêa, 1940)
  2. (En particulier) Action qui résulte de l’utilisation de son odorat.
    • Je sens une odeur bizarre tout à coup.
  3. (En particulier) Action qui résulte de l’utilisation du toucher.
    • J’ai senti sa main sur mon épaule.
  4. (Par extension) (Pronominal) Avoir une impression, ressentir.
    • Je ne me sens pas bien aujourd’hui.
    • Rêvé-je ? Est-ce que je sommeille ? Ai-je l’esprit troublé par des transports puissants ?
      Ne sens-je pas bien que je veille ?
      Ne suis-je pas dans mon bon sens ?
      — (source à préciser)
  5. Être ému, touché, affecté de quelque chose d’extérieur.
    • Il ne sent point les affronts.
    • Je sens toute l’horreur de votre situation.
    • Sentir la poésie, la musique, etc., en être ému, touché.
  6. Avoir un sentiment, aimer, être disposé à aimer.
    • Je ne sens rien pour elle.
    • Ce que je sens pour lui ne saurait s’exprimer.
  7. Discerner, connaître directement, par intuition.
    • Zaheira sentait grandir son antipathie pour elle. Elle sentait aussi que la jeune femme n’était pas aimée dans la maison […] — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », Édition Corrêa, 1940)
    • Les affaires de banque je n'y comprends peut-être pas grand-chose, mais les mauvais coups, je les sens et je dis que cette affaire n'est pas catholique. — (Jacqueline Mirande, Étranger, d'où viens-tu ?, Éditions Casterman, 1974, chapitre 2)
    • Je ne me sentais pas la force de lui en dire davantage.
    • Sentir de loin, découvrir, prévoir les choses de loin.
  8. Flairer.
    • Sentir une tubéreuse.
  9. (Figuré) (Familier) Avec la négation, avoir de la répugnance, de l’aversion.
    • Trop heureux de ne pas recevoir mon beau-père et son fils qui, entre nous, ne peuvent pas me sentir. — (Jo Barnais, Mort aux ténors, chapitre XI, Série noire, Gallimard, 1956, page 101)
  10. Exhaler, répandre une certaine odeur.
    • Il a eu la vie plus belle que ceux qui sentent, jusqu’à leur mort, l’odeur des ministères, le moisi des commandes. — (Jules Vallès, Courbet, dans Le Réveil, 6 janvier 1878)
    • Les oignons de l’Église, ça devait être, sans doute, pour le général, les sacristies sentant le moisi, les nonciatures, les pastorales d'ensemble, et tout notre bazar extérieur. — (Guy Gilbert, La Rue est mon église, Stock, 1980)
    1. S’emploie absolument dans cette acception avec les mots bon, mauvais, fort, etc.
      • Cela sent bon.
      • Cette chose sent mauvais.
      • Ce poisson sent fort.
  11. Exhaler une mauvaise odeur, puer.
    • Cette viande commence à sentir.
    • Ça pue, ça sent.
  12. Avoir du goût, de la saveur, en parlant d’un aliment ou d’une boisson.
    • Cette soupe ne sent rien.
    • Ce vin sent la framboise, sent le fût, le terroir.
    • Ce cidre sent le moisi.
  13. (Figuré) Avoir le caractère, les manières, l’air, l’apparence de.
    • Sentir le terroir se dit de même des ouvrages de l’esprit, quand ils ont le caractère qu’on attribue au pays d’où l’auteur est, où il a vécu.
    • [À Gravesend], les rues plus étroites que larges, et bâties en brique, étaient encombrées sur plusieurs points d’une population qui sentait son marin d’une lieue à la ronde. — (François-Xavier Garneau, Voyage en Angleterre et en France dans les années 1831, 1832 et 1833, 1855)
    • — La petite aurait pu nous prévenir qu'elle allait à Segré !
      Puis coupée en deux par une quinte, elle s'était réfugiée dans l'ombre et Marthe n'avait plus trouvé que moi devant elle pour souffler :
      — Ça sent le galant !
      — (Hervé Bazin, Cri de la chouette, Grasset, 1972, réédition Le Livre de Poche, page 233)
  14. (En particulier) à propos du climat.
    • Un petit vent sec les saisit. Un de ces vents froids d'été, qui sentent déjà l'automne. — (Guy de Maupassant, Une Vie, 1883, p. 59)
    • Dehors, il faisait presque nuit, sans doute à cause des nuages d'un gris jaune qui sentait la neige. — (Jacques Decrest, Six bras en l'air, 1954)
  15. (Pronominal) Connaître, percevoir en quel état, en quelle disposition on est.
    • Il y a présentement ce qu’on appelle une crise dans le monde. […] Cette crise est arrivée au moment même où le monde se sentait de nouveau prospère et confiant […] — (Paul Nizan, Les Chiens de garde, 1932)
    • Des chut ! s’élevèrent aussitôt, mais les deux acrobates avaient compris l’allusion et ils se sentirent mal à l’aise. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Ils se sentaient en sécurité comme les spectateurs d’une course de taureaux : ils risquaient peut-être leur argent sur le résultat, mais c’était tout. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 211 de l’édition de 1921)
    • Et l’estomac lesté, tonifiés par quelques verres de thé bouillant, nous nous sentons prêts pour une nouvelle étape, quelle qu'elle soit. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 41)
    • Il ne se sent pas de joie, il ne se sent pas d’aise : il est si pénétré de sa joie qu’elle lui ôte tout autre sentiment.
    • Se sentir de quelque chose : sentir, éprouver quelque chose.
    • Se sentir de quelque mal, de quelque bien : En avoir quelque reste.
    • – Est-ce qu’elle a beaucoup souffert ? […]
      « Non, elle ne s’est guère sentie. C’est une attaque qui l’a prise.
      — (Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 85)


Sur la polysémie du verbe sentir :

  • Mesure la fortune du verbe qui en exprime l'activité [de l'odorat] : c'est celui qui dit à la fois l'impression que tu éprouves en ta perception de toute chose et les mouvements de ton âme devant l'objet perçu. Tu sens, donc tu vis. Tu sens le parfum du lis et tu sens ton bonheur; sens le coeur te battre, sens l'orage venir, sens un beau vers de Baudelaire, et sens cette feuille de menthe qui sent frais. — (Maurice Bedel, « L'odorat », Traité du plaisir, 1945)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SENTIR. (Je sens, tu sens, il sent; nous sentons. Je sentais. Je sentis. Je sentirai. Que je sente. Que je sentisse. Sentant. Senti.) v. tr.
Recevoir quelque impression par le moyen des sens; éprouver en soi quelque chose d'agréable ou de pénible. Sentir le chaud, le froid. L'approche de l'hiver commence à se faire sentir. Sentir une chaleur douce. Sentez-vous dans cette sauce le goût de champignon? Je sentais battre mon cœur. Sentir la faim, la soif. Sentir une grande douleur de tête. Sentir une pesanteur dans le bras. Sentir des inquiétudes dans les jambes. Absolument, La faculté de sentir. Il se dit spécialement des Sensations l'odorat. Sentir une odeur. J'ai senti une odeur de brûlé. Ce parfum est agréable à sentir. Il est enrhumé, il ne sent rien.

SENTIR se dit également en parlant des Différentes impressions que l'âme éprouve. Il a senti une grande joie de la nouvelle qu'il reçue. Il a senti un extrême chagrin du passe-droit qu'on lui a fait. Il sentait du plaisir à se sacrifier pour elle. Je sens pour lui une aversion insurmontable. Je sens le besoin d'être utile aux autres. Il n'a jamais senti aucun remords. Il signifie encore Être ému, touché, affecté de quelque chose d'extérieur. Il ne sent point les affronts. Il ne sent pas la perte qu'il a faite. Je sens toute l'horreur de votre situation. Sentir la poésie, la musique, etc., En être ému, touché. Sentir quelque chose pour quelqu'un, L'aimer, être disposé à l'aimer. Je ne sens rien pour elle. Ce que je sens pour lui ne saurait s'exprimer.

SENTIR signifie aussi Discerner, connaître directement, par intuition. Je sens bien qu'on me trompe. Je ne me sentais pas la force de lui en dire davantage. Il sent tous ses torts. Je sens la difficulté de cette entreprise. Je sens tout le prix de ce que vous faites pour moi. Je me sens assez de courage pour l'attaquer. Je sentis renaître ma colère. Il sentira, je lui ferai sentir ma colère, les effets de ma colère, de mon ressentiment, etc. Je le sentis venir de loin, Je connus, je pénétrai où il en voulait venir. Sentir de loin, Découvrir, prévoir les choses de loin.

SENTIR signifie aussi Flairer. Sentir un rose. Sentir une tubéreuse. Fig. et fam., Je ne puis pas sentir cet homme. là, J'ai pour lui beaucoup de répugnance, d'aversion.

SENTIR signifie aussi Exhaler, répandre une certaine odeur. Cela sent le brûlé. Cela sent la fleur d'oranger. Sentir le renfermé. Fig. et fam., Cet ouvrage sent l'huile, Il paraît avoir coûté beaucoup de veilles, beaucoup de travail à son auteur. Fig. et fam., Cet homme sent le fagot, Il est soupçonné d'hérésie, d'impiété. On dit dans un sens analogue : Cet écrit, ces vers sentent le fagot. Fig. et fam., Cela sent le sapin se dit d'un Symptôme qui semble présager la mort. Il a une mauvaise toux, cela sent le sapin. Prov. et fig., La caque sent toujours le hareng se dit en parlant de Ceux qui, par quelque action ou par quelque parole, font voir qu'il reste en eux quelque chose de la bassesse de leur origine, de la vulgarité du milieu où ils se sont formés. Ce parvenu joue l'homme de qualité, mais la caque sent toujours le hareng.

SENTIR s'emploie dans cette acception avec les mots Bon, mauvais, fort, etc. Cela sent bon. Cette chose sent mauvais. Ce poisson sent fort. Fig. et fam., Cela ne sent pas bon se dit d'une Affaire qui prend une mauvaise tournure, qui peut avoir des suites fâcheuses.

SENTIR s'emploie absolument et signifie Sentir mauvais. Cette viande commence à sentir.

SENTIR se dit, dans un sens analogue, du Goût, de la saveur d'un aliment ou d'une boisson. Cette soupe ne sent rien. Cette eau sent la terre. Cette carpe sent la vase. Ce vin sent la framboise, sent le fût, sent le terroir. Ce cidre sent le moisi. Fig., Cet homme sent le terroir, Il a le caractère qu'on attribue aux gens du pays d'où il est. Sentir le terroir se dit de même des Ouvrages de l'esprit, quand ils ont le caractère qu'on attribue au pays d'où l'auteur est, où il a vécu.

SENTIR signifie, au figuré, Avoir le caractère, les manières, l'air, l'apparence de. Il sent le coquin d'une lieue. Cela sent son pédant. Cette proposition sent l'hérésie. Tout dans cette maison sent la richesse et le luxe. Tout sent ici la joie et le bonheur.

SE SENTIR signifie, au sens physique et au sens moral, Connaître, sentir en quel état, en quelle disposition on est. Je me sens bien, je ne suis pas si malade qu'on croit. Il se sent plus mal aujourd'hui. Il ne se sentait pas à son aise. Je me sens faible. Il ne se sentit pas mourir. Il est si engourdi qu'il ne se sent pas. Il ne se sent pas de froid. Je me sens tout autre depuis que j'ai pris ce parti. Il ne se sent pas de joie, il ne se sent pas d'aise, Il est si pénétré de sa joie qu'elle lui ôte tout autre sentiment. Se sentir de quelque chose, Sentir, éprouver quelque chose. Se sentir de quelque mal, de quelque bien, En avoir quelque reste. Il a eu une fièvre dont il se sent encore. Ce pays se sent encore de la guerre. Il vieillit. On dit aujourd'hui Se ressentir. Le participe passé

SENTI s'emploie comme adjectif. Cela est senti, cela est bien senti se dit, en termes de Littérature et de Beaux-Arts, de Ce qui est rendu, exprimé avec vérité, avec sincérité. Un discours bien senti.

Littré (1872-1877)

SENTIR (san-tir), je sens, tu sens, il sent, nous sentons, vous sentez, ils sentent ; je sentais ; je sentis ; je sentirai ; je sentirais ; sens, qu'il sente, sentons, sentez ; que je sente, que nous sentions, que vous sentiez ; que je sentisse ; sentant ; senti v. a.

Résumé

  • 1° Recevoir une impression.
  • 2° Particulièrement, percevoir par l'odorat.
  • 3° Il se dit des différentes affections que l'âme éprouve.
  • 4° Il se dit des impressions que l'âme reçoit de ce qui agit sur elle.
  • 5° Avoir l'appréciation délicate et instinctive.
  • 6° S'apercevoir, connaître.
  • 7° Éprouver.
  • 8° Se sentir quelque chose, sentir en soi quelque chose.
  • 9° Faire sentir, faire connaître, faire comprendre. Faire éprouver. Marquer dans le discours, accentuer. Se faire sentir, imprimer sa marque.
  • 10° Exhaler, répandre une odeur.
  • 11° Avoir telle ou telle saveur.
  • 12° Fig. Avoir les qualités, l'air, l'apparence de, indiquer, dénoter.
  • 13° Terme de marine. Sentir le fond. Sentir la barre.
  • 14° V. réfl. Se sentir, être senti.
  • 15° Être l'objet d'un sentiment.
  • 16° Connaître, apercevoir en quel état, en quelle disposition l'on est.
  • 17° Ne pas se sentir, être hors de soi par colère, joie, etc.
  • 18° Se sentir, suivi d'un verbe actif qui prend le sens passif.
  • 19° Se sentir de, éprouver, ressentir. Éprouver quelque mal, quelque dommage, ou, en sens contraire, quelque bien, quelque avantage. Porter la marque de, la trace de.
  • 1Recevoir une impression qui vient soit par l'extérieur du corps et par les sens, soit par l'intérieur et les parties profondes. Sentez-vous le goût de vinaigre dans cette sauce ? Sentir une grande douleur de tête. Sentir la faim, la soif. Nous ne sentons ni l'extrême chaud, ni l'extrême froid, Pascal, Pens. I, I, édit. HAVET. Elle n'a point encore senti son enfant ; elle sera bientôt à quatre mois et demi, Maintenon, Lett. à d'Aubigné, 20 févr. 1682. La Mollesse oppressée Dans sa bouche à ce mot sent sa langue glacée, Boileau, Lutr. II. Je sentis tout mon corps et transir et brûler, Racine, Phèd. I, 3. J'ai senti tout à coup un homicide acier Que le traître en mon sein a plongé tout entier, Racine, Ath. II, 5. La fée : Cher Arlequin, ces tendres chansons ne vous inspirent-elles rien ? que sentez-vous ? - Arlequin : Je sens un grand appétit, Marivaux, Arlequin poli par l'am. sc. III. Ai-je un sentiment propre de mon existence, ou ne la sens-je que par mes sensations ? voilà mon premier doute, qu'il m'est, quant à présent, impossible de résoudre, Rousseau, Ém. IV.

    Fig. Cette main invisible, ce bras qui ne paraît pas, donnent les coups que le monde sent, Guez de Balzac, Socrate chrétien, Disc. 8e.

    Absolument. Quoi ! le charme de sentir est-il si fort que nous ne puissions rien prévoir ? Bossuet, Duch. d'Orl. Si le bonheur des dieux est de voir, de connaître, Celui de l'homme est de sentir, Lamotte, Odes, t. I, p. 336, dans POUGENS. Nous ne connaissons l'âme et ses propriétés que par le sentiment intérieur que nous en avons ; nous sentons, et même nous avons un sentiment réfléchi de nos sensations ; nous sentons que nous sentons, Dumarsais, Œuv. t. V, p. 308. La faculté de sentir est la première de toutes les facultés de l'âme, elle est même la seule origine des autres, et l'être sentant ne fait que se transformer, Condillac, Traité anim. II, 10. Concluons que, si les bêtes sentent, elles sentent comme nous ; pour combattre cette proposition, il faudrait pouvoir dire ce que c'est que sentir autrement que nous ne sentons, Condillac, ib. II, 2. Je ne pensais plus, mais je sentais encore, et je souffrais toujours, Genlis, Mères riv. t. I, p. 347, dans POUGENS.

    S. m. L'action de sentir. Le sentir ne dépend pas de nous, mais le vouloir en dépend, Fénelon, t. III, p. 325.

    Terme de manége. Sentir son cheval, se rendre raison de tous ses mouvements et savoir en profiter.

    Sentir son cheval dans la main, le tenir de la main et des jarrets de manière qu'on en soit le maître.

    Sentir ne se dit point des simples perceptions de la vue et de l'ouïe. Cependant Corneille l'a employé au sens d'entendre, mais c'est un archaïsme. C'était fait de ma vie, ils me traînaient à l'eau ; Mais, sentant du secours, ils ont craint pour leur peau, Corneille, Suite du Ment. IV, 7.

  • 2Particulièrement, percevoir par l'odorat. Sentir une odeur. Que sens-tu ? dis-le moi : parle sans déguiser, La Fontaine, Fabl. VII, 7. Il me sentait venir de cent pas à la ronde, La Fontaine, ib. IX, 19. …Je l'ai vue avant vous [l'huître], sur ma vie. - Eh bien ! vous l'avez vue, et moi je l'ai sentie, La Fontaine, ib. IX, 9. Si le petit reste en arrière, elle [la femelle du tapir] retourne de temps en temps sa trompe, dans laquelle est placé l'organe de l'odorat, pour sentir s'il suit ou s'il est trop éloigné, et, dans ce cas, elle l'appelle et l'attend pour se mettre en marche, Buffon, Quadr. t. X, p. 6.

    Fig. Sentir de loin quelqu'un, reconnaître quel il est. Je sens un poëte de demi-lieue loin, Scarron, Rom. com. ch. 11.

    Sentir quelqu'un de loin, signifie pénétrer à l'avance ses intentions. Ce diable de beau-père a l'odorat subtil ; Il nous sent de bien loin, Th. Corneille, Comt. d'Orgueil, IV, 8.

    On dit de même : Je le sentis venir de loin.

    Fig. Sentir de loin, découvrir, prévoir les choses de loin.

    Flairer. Sentir une rose. Conservez bien vos sentiments, vos pensées, la droiture de votre esprit, repassez quelquefois sur tout cela, comme on sent de l'eau de la reine de Hongrie, quand on est dans le mauvais air, Sévigné, 511.

    Fig. et familièrement. Je ne puis sentir cet homme-là, j'ai pour lui beaucoup d'aversion.

  • 3Il se dit des différentes affections que l'âme éprouve. Je sentais tendrement ce déplaisir d'être haïe de Dieu, et je le sentais même, comme je crois, entièrement détaché des autres peines de l'enfer, Bossuet, Anne de Gonz. Sentiez-vous, dites-moi, ces violents transports Qui d'un esprit divin font mouvoir les ressorts ? Boileau, Sat. IX. Mais je m'étonne enfin que pour reconnaissance, Pour prix de tant d'amour, de tant de confiance, Vous ayez si longtemps, par des détours si bas, Feint un amour pour moi que vous ne sentiez pas, Racine, Bajaz. V, 3. Quel penchant, quel plaisir je sentais à les croire ! Racine, ib. IV, 5. Tremblante comme vous, j'en sens quelques remords, Racine, Phèdre, III, 3. Je vous avoue que je sens déchirer mes entrailles, quand on vient m'annoncer que quelques malades dans une paroisse sont morts sans secours par la faute et la négligence du curé, Massillon, Disc. synod. XI. Du soin que les curés doivent avoir pour les malades Tout ce que je sens, je l'exprime ; Ne sens-je rien, je finis, Lamotte, Odes, t. I, p. 462, dans POUGENS. Je ne suis plus qu'un juge à son devoir fidèle, Et qui ne doit sentir ni regrets ni courroux, Voltaire, Tancr. II, 6. Mais nous [les poëtes], pour embraser les âmes, Il faut brûler, il faut ravir Au ciel jaloux ses triples flammes ; Pour tout peindre, il faut tout sentir, Lamartine, Médit. I, 11.

    Absolument. Or il faut, quelque loin qu'un talent puisse atteindre, Éprouver pour sentir, et sentir pour bien peindre, Piron, Métrom. I, 4. Ce sont les passions qui sont l'âme de la tragédie ; par conséquent un héros ne doit point prêcher, et doit peu raisonner ; il faut qu'il sente beaucoup et qu'il agisse, Voltaire, Comm. Corn. Rem. sur les disc. Discours 1er. Il ne jouit plus de rien ; le malheureux ne sent plus, il ne vit plus ; il est déjà mort, Rousseau, Ém. IV.

    Sentir quelque chose pour quelqu'un, être disposé à l'aimer, ou l'aimer déjà. Cependant, quoique aimable et peut-être plus belle, Je la vois, je lui parle, et ne sens rien pour elle, Th. Corneille, Ariane, I, 1. Hippolyte est sensible, et ne sent rien pour moi ! Racine, Phèdre, IV, 5.

  • 4Il se dit des impressions que l'âme reçoit de ce qui agit sur elle. Il ne sent point les affronts. Il sent vivement les services qu'il a reçus. Vous ne sentez pas votre bonheur. Il y a des choses qu'il ne faut que sentir. On n'a tous deux qu'un cœur qui sent mêmes traverses, Corneille, Poly. I, 3. C'est dommage de la perte de cet enfant [un enfant né à huit mois] ; je la sens, et j'ai besoin de vos réflexions chrétiennes pour m'en consoler, Sévigné, à Mme de Grignan, 23 févr. 1676. Le prince se souvint de toutes les fautes qu'il avait commises ; et, trop faible pour expliquer avec force ce qu'il en sentait, il emprunta la voix de son confesseur pour en demander pardon au monde, à ses domestiques et à ses amis, Bossuet, Louis de Bourb. Très reconnaissante des services, elle aimait à prévenir les injures par sa bonté ; vive à les sentir, facile à les pardonner, Bossuet, Duch. d'Orl. Il me semblait sentir la présence réelle de Jésus-Christ, comme on sent les choses visibles et dont on ne peut douter, Bossuet, Anne de Gonz. S'il [le poëte] ne sent pas du ciel l'influence secrète, Boileau, Art p. I. Il sent soudain frapper et son cœur et ses yeux Par l'objet le plus agréable…, Perrault, Contes en vers, Grisel. Elle [la Dauphine] a senti jusqu'où va la misère humaine, jusqu'où vont les miséricordes divines, Fléchier, Dauphine. Quoique Chamillart ne pût me raccommoder avec le roi, je ne sentis pas moins cette tentative, Saint-Simon, 114, 252. Illustres malheureux, que j'aime à voir vos cœurs Embrasser mes desseins, et sentir mes fureurs ! Voltaire, Alz. II, 6. Mon père, en tous les temps, je sais que votre cœur Sentit tous mes chagrins, et voulut mon bonheur, Voltaire, Tancr. I, 3.

    Sentir de, avec un infinitif, éprouver un regret, une peine de. Je sens vivement de ne plus causer avec le chevalier [de Grignan], Sévigné, 22 avr. 1689. Il [le chevalier de Grignan] a bien fait de choisir la demeure de Grignan pour être malade, plutôt que celle de Paris, où l'on sent encore plus de n'être pas comme les autres, Sévigné, 4 janv. 1690.

  • 5Avoir l'appréciation délicate et instinctive de ce qui est beau dans une œuvre, dans une personne, dans un auteur ou un artiste. Sentir la musique. Quand je ne vous nomme point Pauline [fille de Mme de Grignan], c'est une faute ; car elle est toujours vive sur votre sujet, et sent votre esprit et vos lettres d'une manière qui fait son éloge, Sévigné, à Mme de Coulanges, 16 nov. 1694. Ou il est présenté à une troupe d'ignorants qui ne sont pas en état de le sentir, ou il est senti par quelques envieux qui se taisent, Diderot, Rech. phil. sur le beau, Œuv. t. II, p. 465, dans POUGENS. On peut dire sans paradoxe que les Français ne sentent pas les arts, mais qu'ils les comprennent, D. Stern, Esquisses morales, p. 145.
  • 6S'apercevoir, connaître. Alexandre dit qu'on le faisait fils de Jupiter, mais qu'il sentait bien qu'il était fait comme les autres, Vaugelas, Q. C. VII, 10. Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passion… il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide, Pascal, Pens. XXV, 26, éd. HAVET. Toute l'armée était en joie, et jamais elle ne sentit qu'elle fût plus faible que celle des ennemis, Bossuet, Louis de Bourbon. Elle vit le monde, elle en fut vue ; bientôt elle sentit qu'elle plaisait, Bossuet, Anne de Gonz. Je sens de jour en jour dépérir mon génie, Boileau, Épît. VIII. L'endroit que l'on sent faible et qu'on se veut cacher, Boileau, Art p. IV. Britannicus le gêne [Néron], Albine, et chaque jour Je sens que je deviens importune à mon tour, Racine, Brit. I, 1. Un cœur noble ne peut soupçonner en autrui La bassesse et la malice Qu'il ne sent point en lui, Racine, Esth. III, 9. Bajazet, écoutez, je sens que je vous aime, Racine, Bajaz. II, 1. Je sentais renaître mon courage au fond de mon cœur à mesure que ce sage ami me parlait, Fénelon, Tél. II. Les honnêtes gens veulent qu'on sente leur droiture, Fénelon, ib. XXIV. Le chevalier sentait le dénoûment de l'aventure, Hamilton, Gramm. 11. Le mouvement de l'amour-propre nous est si naturel, que le plus souvent nous ne le sentons pas, et que nous croyons agir par d'autres principes, Fontenelle, Mondes, 1er soir. La société nous apprend à sentir les ridicules ; la retraite nous rend plus propres à sentir les vices, Montesquieu, Esp. XIX, 27. Vous sentez sans doute ces vérités [des reproches que Voltaire adresse à Frédéric], Voltaire, Lett. au roi de Pr. 21 avr. 1760. Colin sentit son néant et pleura, Voltaire, Jeannot et Colin. Malherbe, le premier, sentit quel heureux choix de mots pouvait donner aux vers français de la pompe et de l'harmonie, Marmontel, Œuv. t. IV, p. 399, dans POUGENS. Vous paraissez trop sentir votre tort, pour qu'il me soit possible de vous le reprocher, Genlis, Théât. d'éduc. Dangers du monde, III, 9.

    Vous sentez que, il vous est apparent, vous reconnaissez que. Vous sentez que ma fille au sortir de l'enfance Pourrait s'effaroucher de ce sévère accueil, Voltaire, Tancr. I, 2.

    On dit de même : On sent que. On sent assez que je parle des Romains, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. II, p. 375, dans POUGENS.

  • 7Éprouver. Tout notre sang doit-il sentir votre colère ? Racine, Théb. II, 2. Plus d'un monstre farouche Avait de votre bras senti la pesanteur, Racine, Phèdre, III, 5. Ainsi mes ennemis sentiront mon courroux, Voltaire, Fanat. V, 4. Qui n'ose me venger sentira ma justice, Voltaire, Oreste, V, 4.
  • 8Se sentir quelque chose, sentir en soi quelque chose. Je me suis senti des forces que je ne me connaissais pas. Il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs ; je me sens un cœur à aimer toute la terre, Molière, D. Juan, I, 2. Si jamais votre cœur affligé se sent besoin de ressources qu'il ne trouvera pas en lui-même, Rousseau, Lett. à Mme d'Houdetot, 13 juill. 1758.
  • 9Faire sentir, faire connaître, faire comprendre. Les rois [d'Angleterre] ont trop fait sentir aux peuples que l'ancienne religion se pouvait changer, Bossuet, Reine d'Anglet. Les bontés que vous m'avez fait sentir me donnent le droit de me servir d'un nom si tendre, Fénelon, Tél. X. Je faisais même de temps en temps sentir à Protésilas que je supportais son joug avec impatience, Fénelon, ib. XII. Je ne me ferai pas toujours sentir à votre cœur, Massillon, Or. fun. Prof. 4. Je ne suis qu'une suivante, et vous me le faites bien sentir, Marivaux, Jeux de l'am. et du has. III, 8. Cette victoire d'Hollosin, en comblant Charles XII de gloire, pouvait lui faire sentir tous les dangers qu'il allait courir en pénétrant dans des pays si éloignés, Voltaire, Russie, I, 16. Comme je l'ai déjà fait sentir, la nature n'a ni classes ni genres, elle ne comprend que des individus, Buffon, Hist. anim. ch. 11.

    Faire éprouver. Avant que de frapper, elle [son entreprise] lui fit sentir [à Brutus, meurtrier de César] Plus d'un remords en l'âme et plus d'un repentir, Corneille, Cinna, III, 2. Après avoir fait sentir aux ennemis durant tant d'années l'invincible puissance du roi, Bossuet, Louis de Bourbon. Tant que la reine d'Angleterre a été heureuse, elle a fait sentir son pouvoir au monde par des bontés infinies, Bossuet, Reine d'Angleterre. Ce n'est point au bout de l'univers Que Rome fait sentir tout le poids de ses fers, Racine, Mithr. III, 1. La colère des dieux se ferait sentir aux Phrygiens par une cruelle peste, Fénelon, Tél. XXIV. Il fit sentir à tout le monde le pouvoir sacré des lois, et ne fit sentir à personne le poids de sa dignité, Voltaire, Zadig, 6.

    Marquer dans le discours, accentuer. Il fallait faire sentir cela davantage.

    Se faire sentir, imprimer sa marque. La physique est à la poésie ce que l'anatomie est à la peinture : elle ne doit pas s'y faire trop sentir ; mais, revêtue des grâces de la fiction, elle y joint le charme de la vérité, Marmontel, Œuvr. t. IX, p. 423.

  • 10Exhaler, répandre une odeur. Cela sent la fleur d'orange. J'aime nos Bretons, ils sentent un peu le vin ; mais votre fleur d'orange ne cache pas de si bons cœurs, Sévigné, 83. Vespasien… ôtant le brevet d'une charge à un jeune homme qui était venu tout parfumé pour l'en remercier, et ajoutant : j'aimerais mieux que vous sentissiez l'ail, Rollin, Traité des Ét. V, 1re part. 4. D'honneur, il sent la fièvre d'une lieue, Beaumarchais, Barb. de Sév. III, 11.

    Fig. Cet ouvrage sent l'huile, sent la lampe, il paraît avoir coûté beaucoup de veilles, beaucoup de travail à son auteur.

    Fig. Cette chanson sent le corps de garde, elle est libre ou grossière.

    Fig. Cette action sent le gibet, la roue, la hart, les coups de bâton, celui qui l'a commise mérite d'être pendu, roué, bâtonné. Savez-vous, mes drôles, Que cette chanson Sent sur vos épaules Les coups de bâton ? Molière, Sicil. sc. 9.

    Fig. Sentir le fagot, voy. FAGOT.

    Fig. Sentir le sapin, voy. SAPIN.

    Sentir la Brinvilliers, avoir l'air aussi malade que si on avait été empoisonné par la Brinvilliers (phrase de Mme de Sévigné au moment où l'on s'entretenait des crimes de cette célèbre empoisonneuse, et qui est oubliée avec cet événement). Le prince [chevalier de Lorraine] est d'une maigreur et d'une langueur qui sent la Brinvilliers, Sévigné, 19 août 1676.

    Il s'emploie souvent comme neutre. Cela sent bon, sent mauvais. D'où vient cette puanteur qui confond tous les parfums ? c'est sans doute que l'incrédulité et l'ingratitude sentent mauvais comme les vertus sentent bon, Sévigné, 561.

    Sentir comme baume, avoir une très agréable odeur.

    Fig. Nous ne vous donnons pas de ces effets véreux [effets de commerce] ; Cela sent comme baume, Regnard, Joueur, III, 4.

    Absolument. Sentir se dit pour sentir mauvais. Cette viande commence à sentir. C'est, dit-il, un cadavre, ôtons-nous, car il sent, La Fontaine, Fabl. V, 20.

    Impersonnellement. Il sent bon dans cette chambre. Il sent le brûlé dans la cuisine. Il sent mauvais.

    Fig. et impersonnellement. Ouais, je ne sais d'où cela vient ; mais il sent ici l'amour, Molière, Am. magn. I, 1. Que regardes-tu là ? - C'est qu'il sent le bâton du côté que voilà, Molière, le Dép. V, 4.

    Fig. et familièrement. Cela ne sent pas bon, l'affaire prend une mauvaise tournure, elle peut avoir des suites fâcheuses.

  • 12Avoir telle ou telle saveur. Cette soupe ne sent rien. Ce vin sent le fût, sent le terroir, sent un goût. Ce cidre sent le pourri.

    Fig. et familièrement. Sentir le terroir, se dit d'un homme qui a les défauts des gens de son pays, ou d'un ouvrage dans lequel se trouvent des défauts qui tiennent à des habitudes de localité. Ragotin, chien picard et sentant le terroir, Lamotte, Fabl. V, 4. Fig. Avoir les qualités, l'air, l'apparence de, indiquer, dénoter. Cela sentirait trop sa fin de comédie, Corneille, Gal. du Pal. V, 8. Je ne hais point la vie et j'en aime l'usage, Mais sans attachement qui sente l'esclavage, Corneille, Poly. V, 2. Elles [les lettres patentes de l'Académie française] sont conçues en termes fort purs et fort élégants, qui, sans s'écarter des clauses et des façons de parler ordinaires de la chancellerie, sentent néanmoins la politesse de l'Académie et de la cour, Pellisson, Hist. Acad. I. Je me dispenserai seulement de suivre toujours et pas à pas l'ordre des dates, qui sentirait un peu trop le journal, et m'obligerait à revenir trop souvent sur les mêmes choses, Pellisson, ib. Un vieux renard, mais des plus fins, Sentant son renard d'une lieue, La Fontaine, Fabl. V, 5. Quatre siéges boiteux [chez une devineresse], un manche de balai, Tout sentait son sabbat et sa métamorphose, La Fontaine, ib. VII, 15. Cybèle est vieille, Junon de mauvaise humeur ; Cérès sent sa divinité de province, et n'a nullement l'air de cour, La Fontaine, Psyché, II, p. 214. Cela sent son vieillard, qui, pour en faire accroire, Cache ses cheveux blancs d'une perruque noire, Molière, Éc. des mar. I, 1. Vous êtes orfévre, monsieur Josse, et votre conseil sent son homme qui a envie de se défaire de sa marchandise, Molière, Am. méd. I, 1. La ballade, à mon goût, est une chose fade ; Ce n'en est plus la mode, elle sent son vieux temps, Molière, Femm. sav. III, 5. Je trouve que le château de Grignan est parfaitement beau, il sent bien les anciens Adhémars, Sévigné, 60. J'espère que ceux qui sont à Paris vous auront mandé des nouvelles ; je n'en sais aucune, comme vous voyez ; ma lettre sent la solitude de notre forêt, Sévigné, 28 août 1676. Persuadé que rien ne sentait plus le grand seigneur, Boursault, Lett. nouv. t. II, p. 293, dans POUGENS. Les Locriens, venus de la Grèce, sentent encore leur origine, et sont plus humains que les autres, Fénelon, Tél. X. Voici qui sent bien le roman, Hamilton, Gramm. 3. Ils [les Anglais] ont un penchant pour ce qui sent le gladiateur, Hamilton, ib. 9. Pollion, d'un goût raffiné et difficile, prétendait découvrir, dans le style de Tite-Live, de la patavinité, c'est-à-dire apparemment quelques termes ou quelques tours qui sentaient la province, Rollin, Hist. anc. liv. XXV, II, 2. Barbezieux, avec tous ses grands airs, sentait plus l'intendant que le général d'armée, Saint-Simon, 23, 5. Ramener tout à l'amour de Dieu sent peut-être moins l'amour de Dieu que la haine que tout janséniste a pour son prochain moliniste, Voltaire, Rem. Pens. Pasc. 20. De tous ceux qui ont un peu vécu avec M. le cardinal de Polignac, il n'y a personne qui ne lui ait entendu dire que Newton était péripatéticien, et que ses rayons calorifiques et surtout son attraction sentaient beaucoup l'athéisme, Voltaire, Dict. phil. Newton, 2. Il [le roi de Prusse] vous a envoyé sans doute le petit ouvrage qu'il a composé en dernier lieu dans le goût de Marc-Aurèle, pendant qu'il avait la goutte ; cela sent encore plus son Frédéric que son Marc-Aurèle, Voltaire, Lett. d'Alembert, 27 avr. 1770. Qui est-ce qui dit mon père, à la cour ? Monsieur, appelez-moi monsieur ! vous sentez l'homme du commun ! Beaumarchais, Mère coupable, I, 12.

    Cet homme, ce valet sent le vieux battu, sent son vieux battu, locution vieillie qui signifie : il est devenu insolent, négligent, parce qu'il y a longtemps qu'il n'a été châtié.

    Sentir son bien, avoir de bonnes manières, être de bon ton (locution vieillie, qu'en 1690 Caillières déclarait du dernier bourgeois). Une raillerie noble et galante qui sent son bien et sa personne de condition, Pellisson, Hist. Acad. 1. Vous savez vivre, vous sentez votre bien, et vous avez l'air français, Boissy, Français à Lond. sc. 14. La raillerie de Cicéron a je ne sais quoi d'honnête et qui sent son bien, Gedoyn, Trad. de Quintil. 6.

  • 13 Terme de marine. Sentir le fond, se dit d'un bâtiment qui est mouillé sur un fond presque égal à son tirant d'eau.

    Un navire sent bien sa barre [du gouvernail], lorsqu'il obéit vivement à ses mouvements.

  • 14Se sentir, v. réfl. Être senti, faire éprouver une sensation. Les marbres et les métaux se sentent plus froids que le bois, Descartes, Météores, I.
  • 15Être l'objet d'un sentiment. Les principes se sentent, les propositions se concluent, et le tout avec certitude, quoique par différentes voies, Pascal, Pens. VIII, 6, édit. HAVET.
  • 16Connaître, apercevoir en quel état, en quelle disposition l'on est. Il ne se sentit pas mourir. Il n'est pas étrange que les hommes ne se connaissent pas ; il y a des temps mêmes où l'on peut dire qu'ils ne se sentent point, Retz, Mém. t. III, liv. IV, p. 268, dans POUGENS. Ô paroles qu'on voyait sortir de l'abondance d'un cœur qui se sent au-dessus de tout ! Bossuet, Duch. d'orl. Madame savait estimer les uns sans fâcher les autres ; et, quoique le mérite fût distingué, la faiblesse ne se sentait pas dédaignée, Bossuet, ib. Au moment où j'ouvre la bouche pour célébrer la gloire immortelle du prince de Condé, je me sens également confondu par la grandeur du sujet…, Bossuet, Louis de Bourbon. L'esprit ne se sent point plus vivement frappé Que lorsqu'en un sujet…, Boileau, Art p. III. Jamais je ne me suis senti plus amoureux, Racine, Bérén. V, 7. Il y a de la douceur à se sentir vertueux, Marivaux, Pays. parv. 4e part. Réduite au sentiment fondamental, elle [la statue] se sentira comme dans un point, s'il est uniforme ; et, s'il est varié, elle se sentira seulement de plusieurs manières à la fois, Condillac, Traité sensat. II, 12.

    Je ne me sens pas bien, je ne me sens pas à mon aise, j'éprouve quelque indisposition.

    Absolument. Se sentir, se bien sentir, avoir conscience des forces qu'on a, du mérite qu'on possède, de ce qu'on est en droit d'exiger. Petit serpent que j'ai réchauffé dans mon sein, Et qui, dès qu'il se sent, par une humeur ingrate Cherche à faire du mal à celui qui le flatte ! Molière, Éc. des fem. V, 4. Il faut se sentir, et prendre sur soi certaines choses décisives où l'on ne peut vous conseiller que faiblement, Bossuet, Polit. X, IV, 4. Les ligues et les guerres, au commencement détestées, aussitôt que les protestants se sentirent, devinrent permises, Bossuet, Var. X. Un écrit signé de la main de Persée, qui attestait tout ce qui vient d'être dit, et qu'elle devait remettre entre les mains de lui, Philippe, lorsqu'il serait en âge de se sentir, Rollin, Hist. anc. t. IX, p. 223, dans POUGENS. Elle a le noble orgueil du mérite qui se sent, qui s'estime, et qui veut être honoré comme il s'honore, Rousseau, Ém. V.

    Se sentir, ressentir les premières impressions de la puberté. Dans les premiers temps où M. le comte de Toulouse commença à être hors de page et à se sentir, elle [Mme d'O] lui plut fort par ses facilités, Saint-Simon, 39, 202.

  • 17Ne pas se sentir, être hors de soi par colère, joie, etc. À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie, La Fontaine, Fabl. I, 2. Je suis dans une colère que je ne me sens pas, Molière, Mar. forcé, 6. Je ne me sens pas, je l'avoue ; je jette des larmes de joie ; tous mes vœux sont satisfaits, Molière, Festin, V, 1.
  • 18Se sentir, suivi d'un verbe actif qui prend le sens passif. Par d'inquiétants transports me sentant émouvoir, Corneille, Poés. div. Élégie. Ah ! je me sens saisir d'horreur, Quinault, Phaéth. I, 8. Mon cœur tremble, soupire et se sent déchirer, Quinault, ib. II, 4. De ses bras innocents je me sentis presser, Racine, Ath. I, 2. De ce discours, ô ciel ! que je me sens confondre ! Voltaire, Alz. III, 5.

    Se sentir, se dit aussi avec le participe passif : se sentir ému. Mais cela rentre alors dans le cas du n° 16.

  • 19Se sentir de, éprouver, ressentir. Il commence à se sentir de la goutte, des incommodités de la vieillesse. Je suis ravie que vous vous sentiez aussi quelquefois de la faiblesse humaine, Sévigné, à Mme de Grignan, 19 juin 1675.

    Éprouver quelque mal, quelque dommage. Il se sentira longtemps de cette blessure. Il se sent de s'être exposé au froid, à l'humidité. Comme nous eûmes part à vos prospérités, Il nous faut bien sentir de vos adversités, Mairet, Sophon. II, 5. Il faut que les affaires de M*** se sentent du temps, comme celles de tout le monde, Sévigné, 17 juil. 1689. Quand il considère qu'il laisse, en mourant, un monde qui ne se sent pas de sa perte, et où tant de gens se trouvent pour le remplacer, La Bruyère, II. Son éducation se sentit de cette négligence, Rousseau, Conf. 1.

    En un sens contraire, recevoir quelque bien, quelque avantage. On a donné tant pour les domestiques ; il faut le distribuer entre tous, afin que chacun s'en sente, Dict. de l'Acad. Cette marquise a des soins de M. de la Garde, dont vous vous sentirez, Sévigné, 473. Le jeune prince se sentira éternellement d'avoir été cultivé par de telles mains, Bossuet, Louis de Bourbon. Les ignorants même d'un siècle savant se sentent un peu de la science de leur siècle, Fontenelle, Hist. Théât. fr. Œuv. t. III, p. 51, dans POUGENS. Le monde entier se sent de leurs vertus ou de leurs vices [les grands] : ils sont, si j'ose le dire, citoyens de l'univers, Massillon, Petit. car. Exempl.

    Porter la marque de, la trace de. De son orgueil ses habits se sentaient, La Fontaine, Court. Mon Dieu, ma chère enfant, que mon loisir est dangereux pour vous ! je crains qu'il ne vous fasse mal, il se sent de la tristesse de mes rêveries, Sévigné, 543. Le vers se sent toujours des bassesses du cœur, Boileau, Art p. IV. Heureux si ses discours [de Régnier], craints du chaste lecteur, Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'auteur ! Boileau, ib. II. Vos repas se sentent-ils de la frugalité de ce temps de pénitence ? Massillon, Carême, Jeûne. Un autre ouvrage [la Chronologie réformée] plus à la portée du genre humain [que les Principes], mais qui se sent toujours de cet esprit créateur que M. Newton portait dans toutes ses recherches, Voltaire, Dict. phil. Newton, 3.

    PROVERBE

    La caque sent toujours le hareng, voy. CAQUE.

REMARQUE

Au présent, 1re personne du singulier, dans l'interrogation, on dit : sens-je, qui se trouve dans quelques auteurs, ou est-ce que je sens. Senté-je est un grossier barbarisme.

HISTORIQUE

XIe s. Oliviers sent que à mort est ferut, Ch. de Rol. CXLIV.

XIIe s. Or est amors tornée à fable, Por ce que cil qui rien n'en santent, Dient qu'il aiment, mais il mantent ; Et cil fable et mançonge en font, Qui s'an vantent et droit n'i ont, Chrestien de Troyes, Cheval. au Lyon, V. 24. [La prison] Qu'ele me fait assaier et sentir, Couci, XII.

XIIIe s. Adonc m'est vis que jel sente [le vent] Par desous mon mantau gris, Dame de Faïel, dans Couci. Tel chose [le comte Thibaut] a faite en sa vie, Dont [il] deüst estre apelés [en champ clos] ; Il ne se deffendist mie, Car il se sent encoupé [inculpé, criminel], Hues de la Ferté, Romancero, p. 187. Cil qui chantent de flor ne de verdure, Ne sentent pas la douleur que je sent, Eust. le Peintre, dans Couci. Berte pleure du froit et du mal qu'ele sent, Berte, XLVII. Quant Berte sent le feu, à Dieu graces en rent, ib. XLVII. Du duel [deuil] que ele en ot, jusqu'au cuer [elle] s'en senti, ib. LXXXIX. Cil qui savoit assez de guile [tromperie], Qui ne volt pas estre veüz, Par ces haies, par ces seüz [saules] S'en va le pas, sentant le vent, Ren. 4929. Il lui fist en tans et en lieu Sentir son pooir et sa force, Lai de l'ombre. Qu'est-ce qui si m'a alegié De toute ma grant maladie, De mes doleurs ? ne les sent mie, St-Graal, V. 1686.

XIVe s. L'utilité de la creation des ners ou [au] cors est que tous les membres sentent et aient mouvement par euls, H. de Mondeville, f° 9. La chose qui sent et la chose sensible ou qui est sentue, Oresme, Éth. 305. Icelluy exposant dist audit Creton qu'il sentist audit bailly pour combien il donroit son office de bailli, Du Cange, sentire. Laquelle Marguerite estoit grosse d'enfant sentant, dès six sepmaines avoit, Du Cange, ib.

XVe s. Quand le jeune roi se sentit defié [par Robert Bruce], Froissart, I, I, 29. Il avoit intention de chevaucher contre les Anglois, qu'il sentoit moult efforciement en Cambresis, Froissart, I, I, 84. Par quoi si ceux [gardes et écoutes] sentissent ni ouïssent rien, ils le signifiassent en l'ost, Froissart, I, 1, 43. Si j'ay mon temps mal despendu, Fait l'ay par conseil de folie ; Je m'en sens et m'en suis sentu Ez derreniers jours de ma vie, Orléans, Ball. 106. Tantost après que le comte de Warwyc… sentit ces nouvelles, il se hasta…, Commines, III, 7. Ses bienfaitz n'estoient point fort grans, pource qu'il vouloit que chascun s'en sentist, Commines, V, 9.

XVIe s. Ce ne sont pas tant remedes pour adoucir le mal, que venins arrousez de miel, afin de n'offenser point trop par leur rudesse le premier goust, ains tromper et entrer aux parties cordiales avant qu'estre sentuz, Calvin, Instit. 499. …Qu'il nous falloit sentir humblement de nous devant Dieu, et avoir neantmoins nostre justice en quelque estime, Calvin, ib. 596. Vostre halaine me sent le vin. - La tienne me sent la fiebvre, Rabelais, Pant. IV, Prol. Mon languaige françois est alteré, et en la prononciation et ailleurs, par la barbarie de mon creu ; je ne veis jamais homme des contrées de deça qui ne sentist bien evidemment son ramage, et qui ne bleceast les aureilles pures françoises, Montaigne, III, 39. Se sentir incapable de…, Montaigne, I, 42. Nous sentons nostre corps agité, Montaigne, I, 91. L'entreprinse se sent de la qualité de la chose qu'elle regarde, Montaigne, I, 70. Livia sa femme le sentant [Auguste] en ces angoisses, Montaigne, I, 128. Invention qui ne sent aulcunement la barbarie, Montaigne, I, 244. Je hais à mort de sentir au flatteur, Montaigne, I, 292. La plus exquise senteur d'une femme, c'est ne sentir à rien… c'est puer que de sentir bon, Montaigne, I, 391. Democrites, ayant mangé des figues qui sentoient le miel…, Montaigne, I, 242. J'estime que les anciens avoient encore plus à se plaindre de ceulx qui apparioient Plaute à Terence (cettuy cy sent bien mieulx son gentilhomme) que Lucrece à Virgile, Montaigne, II, 102. Elle nous faisoit sentir tous les plaisirs du monde à nous festoyer, La Boétie, 328. … Que, de tous les actes de recreation, il n'y en avoit point qui sentist moins son homme que la danse, Despériers, Contes, XL. Il commencea à user d'une franchise de parler qui sentoit plus son accusateur que sa libre defense, Amyot, Cor. 26. Ilz se saisirent de la place, avant que ceux de la ville en sentissent rien, Amyot, Pyrrhus, 72. C'estoit un païs bossu et malaisé pour gens de cheval, en quoy il se sentoit le plus foible, Amyot, Agés. 15. Adieu ma lyre, adieu fillettes, Jadis mes douces amourettes, Adieu, je sens venir ma fin, Ronsard, 493. Ces ouvrages sentent à l'huile et à la lampe [façons de parler gasconnes, reprochées à Montaigne], Pasquier, Lettres, t. II, p. 380.

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Étymologie de « sentir »

(fin XIe siècle) Du latin sentire (« percevoir par les sens », puis « être d’un certain avis, penser » et, dans la langue juridique et politique, « décider »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. et espagn. sentir ; ital. sentire ; du lat. sentire ; comparez l'allem. sinnen. Le participe senti se conforme à la 4e conjugaison, tandis qu'en latin il perd ce caractère (sensus).

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Phonétique du mot « sentir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sentir sɑ̃tir

Fréquence d'apparition du mot « sentir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sentir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sentir »

  • La manière la plus profonde de sentir quelque chose est d'en souffrir.
    Gustave Flaubert — Carnets
  • Pour tout peindre, il faut tout sentir.
    Alphonse de Prât de Lamartine — Premières Méditations poétiques, l'Enthousiasme
  • Quel que soit votre âge, ne pas se sentir aimé, c'est se sentir repoussé.
    Coco Chanel
  • Pour agir, il faut se sentir observé.
    Jacques Languirand — Tout compte fait
  • Comprendre, c'est se sentir capable de faire.
    André Gide — Les nourritures terrestres
  • Vaut mieux s'engueuler que de se sentir seul.
    Marcel Achard — Gugusse
  • L’équilibre, c'est se sentir à sa place.
    Stephen Carrière — Une vieille querelle
  • Etre isolé du reste des hommes, c'est se sentir inutile. Se sentir inutile est pire encore que de se sentir coupable.
    Charles-Ferdinand Ramuz — Journal
  • Pour se sentir respectable, il faut respecter les autres.
    Pierre Bellemare — Le Prix de vivre
  • Les premiers jours étaient comme un rêve: ils allaient faire de longues promenades et pique-niquer dans le parc. Ines correspondait à l’idéal d’Andreas du partenaire parfait, mais il remarqua peu à peu qu’Ines le tenait à distance d’une manière étrange, alors qu’il voulait la manger sur place. Par un après-midi nuageux, ils sont tous deux tombés sous une averse et ont fui sous un auvent. À bout de souffle, ils étaient face à face en sueur et Ines savait maintenant exactement: elle ne pouvait pas sentir l’homme de ses rêves.
    45 Secondes.fr — Odeur corporelle et partenariat: si vous ne pouvez pas vous sentir, ne le faites pas
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Traductions du mot « sentir »

Langue Traduction
Anglais feel
Espagnol sensación
Italien sentire
Allemand gefühl
Chinois 感觉
Arabe يشعر
Portugais sentir
Russe чувствовать
Japonais 感じる
Basque sentitzen
Corse senti
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Synonymes de « sentir »

Source : synonymes de sentir sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot sentir au Scrabble ?

Nombre de points du mot sentir au scrabble : 6 points

Sentir

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