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Siècle

Variantes Singulier Pluriel
Masculin siècle siècles

Définitions de « siècle »

Trésor de la Langue Française informatisé

SIÈCLE, subst. masc.

I. − Espace de temps.
A. − Durée de cent ans (dans la façon habituelle de diviser le temps). Ces ormes gigantesques d'un siècle ou deux qui jettent en avril, non des feuilles, mais des fleurs (Michelet,Journal, 1849, p. 42).Giovanni Pisano lui-même, né plus d'un siècle avant Angelico, semble plus jeune que lui (Faure,Espr. formes, 1927, p. 59).
SYNT. Un siècle plus tôt, plus tard; au bout d'un siècle, dans l'espace d'un siècle, près d'un siècle; un quart, trois quarts de siècle; un siècle et demi; dix-neuf siècles de christianisme; tant de siècles d'histoire; à tant de siècles de distance.
P. méton. V. quarante ex. 1.
[En position d'attribut d'un subst. indiquant une durée courte] Après une heure qui parut un siècle au prince (Stendhal,Chartreuse, 1839, p. 120).
Au sing. ou au plur., p. exagér., fam. Temps qui paraît long dans la vie de quelqu'un, dans un acte de la vie quotidienne. Il lui faut des siècles pour comprendre les choses les plus simples (Leclercq,Prov. dram., Électr., 1835, 17, p. 333).Le gérant mit encore un siècle à fermer portes et volets, s'arc-boutant contre le vent qui contrariait ses pesées (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 257).
Rem. Cet empl. est également à rapprocher de C 1 (infra) ex. de Balzac et Du Camp.
P. méton., rare. Personne âgée. Quelques promenades le jour, un salon de siècles attablés autour d'un tapis de boston, le soir (Lamart.,Nouv. Confid., 1851, p. 37).
B. − Division chronologique, historique.
1.
a) Période de cent ans s'inscrivant dans une chronologie ayant un point de repère déterminé. D'un siècle à l'autre; la première, la seconde moitié, partie d'un siècle; les premières, les dernières années d'un siècle. Le commencement, le milieu, la fin d'un siècle (Ac. 1798-1878).
Fin(-)de(-)siècle. V. fin1A 2.De siècle en siècle. Le langage que les beaux génies ont tenu de siècle en siècle jusqu'à nos jours (Staël,Allemagne, t. 4, 1810, p. 401).
b) [Le point de repère est précisé par un compl. prép.] Le IVesiècle avant, après, de Jésus-Christ (J.-C.), avant notre ère, avant l'ère chrétienne, de notre ère, de l'ère chrétienne; les premiers siècles de l'Église, du christianisme. Tout ce que j'ai dit plus haut, ne doit s'entendre que des quatre premiers siècles de Rome (Michelet,Hist. romaine, t. 1, 1831, p. xiii).Vers le commencement du premier siècle de l'hégire (Lamart.,Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 255).
c) [Le subst. est déterminé par un adj., un dém. ou un adj. numéral ordinal; dans ce cas, le point de repère est la date (légèrement inexacte) de la naissance du Christ]
[Le subst. au sing. est déterminé par un adj. et/ou un dém.] Le siècle nouveau, passé, précédent, présent, suivant; l'autre siècle; en ce siècle; au commencement, à, vers la fin du siècle dernier. Ce siècle avait deux ans! Rome remplaçait Sparte, Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte (Hugo,Feuilles automne, 1831, p. 717).Sully-Prudhomme (...) représente dans ce qu'il a de meilleur l'esprit de ce siècle finissant (Lemaitre,Contemp., 1885, p. 32).Le siècle actuel a commencé le premier jour de l'année 1901 et finira le dernier jour de l'année 2000 (Ac.1935).
[Le subst. est déterminé par un adj. numéral ordinal]
Au sing. (abrév. s.). Le 18esiècle; les philosophes du XVIIIesiècle; les hommes du XXesiècle; du XVesiècle à nos jours. Délicieuse découverte de cette petite église du douzième siècle, dans ce creux de vallée, au milieu de ces ombrages (Dupanloup,Journal, 1852, p. 154).La forme ménétrier apparaît dès le XIIIes., par analogie avec d'autres noms d'artisans (Mus.1976, s.v. ménestrel).
Rem. 1. Dans ce cas, il peut arriver que le mot siècle soit omis même s'il n'apparaît pas dans une autre partie de la phrase. La splendide demeure de M. Hamilton Rice qui (...) contient les plus parfaites œuvres du XVIIIefrançais (Morand, New-York, 1930, p. 223). [Des serveurs noirs] travestis en laquais du XVIIIe, promenaient des poissons géants (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 533). 2. Quand l'adj. numéral ordinal est écrit en chiffres, il l'est gén. en chiffres romains plutôt qu'en chiffres arabes.
P. méton. Quelque chose d'analogue à ce que le XVIIIesiècle appelait l'homme sensible (Baudel.,Paradis artif., 1860, p. 374).
[Avec ell. de l'art. et de la prép.] Cathédrale XVIesiècle, transition de la Renaissance (Flaub.,Champs et grèves, 1848, p. 159).
En empl. adj. Qui a certaines caractéristiques propres au siècle en question. L'atmosphère était érasmique, seizième siècle en diable et de haute et cordiale intellectualité (L. Daudet,Paris vécu, 1930, p. 112).
Au plur. Adj. numéral cardinal + premiers siècles.Plût à Dieu que le témoignage rendu à la foi chrétienne par ces hommes de Dieu des six premiers siècles nous eût été conservé d'une manière moins incomplète! (Boegnerds Foi et vie, 1936, p. 109).
2.
a) Division historique, chronologique d'une certaine longueur pouvant recouvrir approximativement un siècle déterminé et généralement marquée par des caractères qui lui donnent une unité, une cohésion. Siècle éclairé, frivole, raffiné; siècle de barbarie, de décadence, de foi, de gloire, d'ignorance. Comme l'Église est bonne en ce siècle de haine (Verlaine, Œuvres compl., t. 2, Amour, 1888, p. 65).On travaille trop vite, dans notre siècle utilitaire (D'Indy,Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 14).
Demi-siècle*.
b) Le siècle de + subst. (indiquant le nom d'une pers., d'un événement, d'une tendance qui marque ou a marqué une période, qui a donné une unité à une période).Le siècle d'Alexandre, d'Auguste, de Périclès, des Médicis; le siècle de la vitesse. Il y a loin du siècle des druides à celui de Louis XIV (Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p. 300).Ce fut le siècle d'Abélard, de sa fabuleuse célébrité, des controverses philosophiques, des audaces de l'esprit (Bainville,Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 61).
c) [Dénom. traditionnelle d'une époque de l'hist.]
Le grand/Grand siècle. La seconde moitié du xviiesiècle français dominée par la personne de Louis XIV et caractérisée par des œuvres grandioses; le siècle, l'époque de Louis XIV. Ses disciples [de saint Ignace] modèlent l'honnête homme, chrétien et cultivé, du grand siècle (Brasillach,Corneille, 1938, p. 28).En empl. adj. Qui a certaines caractéristiques (grandeur, distinction, etc.) propres à cette époque. Il n'y a rien comme ces vieilles masures, lorsqu'on les arrange... Ça vous prend un chic! N'est-ce pas? tout à fait grand siècle (Zola,Nana, 1880, p. 1421).
Le Siècle d'or. L'époque de Philippe II en Espagne, marquée par une vie intellectuelle et artistique brillante. C'est une vieille traduction espagnole des Actes des Saints. Cela sent son castillan de la fin du Siècle d'Or (Larbaud,F. Marquez, 1911, p. 138).
Le siècle des lumières, des philosophes. Le xviiiesiècle, en Europe. V. lumière B 2.[Dans un cont. anal.] À la fin du siècle des philosophes, l'antique régime de la Pingouinie fut détruit de fond en comble (France,Île ping., 1908, p. 181).
Au plur.
Les bas siècles. Le Bas-Empire (192-476 après Jésus-Christ). Les historiens catholiques des bas siècles (Eusèbe, Orose) (Langlois, Seignobos,Introd. ét. hist., 1898, p. 258).
Les premiers siècles. [Dans le cadre de l'hist. chrét.] Les quatre ou cinq premiers siècles après Jésus-Christ. Les chrétiens des premiers siècles. Les évêques de Rome n'étaient point, dans les premiers siècles, ce qu'ils furent depuis (J. de Maistre,Constit., 1810, p. 46).Les basiliques des premiers siècles font la chaîne des catacombes au Vatican (Mauriac,Journal 2, 1937, p. 144).
d) Époque marquée par des caractères qui lui sont propres et par rapport à laquelle quelqu'un se situe. Synon. temps.Être en retard sur son siècle. Douce, patriarcale, innocente, honorable amitié de famille, votre siècle est passé! (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 498).Tu ne peux imaginer notre situation; tu es d'un autre siècle; tu as vécu dans cette époque fabuleuse où un homme prudent tablait sur des valeurs sûres (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 251).
Loc. [Le suj. désigne une pers.] Être de son siècle. Synon. être de son époque*, de son temps*.Sommes-nous, oui ou non, dans un siècle pratique, positif et de lumières? Oui. − Eh bien! soyons de notre siècle! Il faut être de son siècle (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels, 1883, p. 240).
e) Vieilli. [Dans une perspective mythique] Siècle d'or, d'argent, d'airain, de fer. Synon. âge d'or, d'argent, d'airain, de fer (v. âge II B hist.).Dans le beau siècle d'or, quand les premiers humains, Au milieu d'une paix profonde, Couloient des jours purs et sereins (Florian,Fables, 1792, p. 158).
P. anal.
Siècle d'or. Temps heureux, d'abondance, de paix, de richesse culturelle:
1. Chaque siècle, à son tour, qu'il soit d'or ou de fer, Dévoré comme un cap sur qui monte la mer, Avec ses lois, ses mœurs, les monuments qu'il fonde, Vains obstacles qui font à peine écumer l'onde, Avec tout ce qu'on vit et qu'on ne verra plus, Disparaît sous ce flot qui n'a pas de reflux. Hugo,Feuilles automne, 1831, p. 724.
Siècle de boue. Temps de corruption. Un vrai siècle de boue, où plongés que nous sommes, Chacun se vautre et se salit (Barbier,Ïambes, 1840, p. 34).
Siècle de fer. Temps malheureux, de misère, de guerre. V. supra ex. 1.
3. [Empl. sans autre détermination que l'art. déf.] Siècle ou époque dont il est question. L'esprit du siècle; les lumières, les mœurs, les progrès du siècle; à, vers le milieu du siècle. Il faut opposer aux idées libérales du siècle, les idées morales de tous les temps (Joubert,Pensées, t. 1, 1824, p. 426).J'avais suivi la pente de cette génération de l'Empire, née avec le siècle, et de laquelle je suis (Vigny,Serv. et grand. milit., 1835, p. 15).
Le mal du siècle. V. mal3I B.
[P. allus. à l'œuvre de Musset La Confession d'un enfant du siècle (1836)] Introduction. Triste confession d'un enfant du siècle (Balzac,Illus. perdues, 1843, p. 541).
P. hyperb., loc. Du siècle. [En parlant d'un fait, d'un événement] Qui est considéré comme devant rester unique en son genre, comme devant être le plus important dans le siècle en question. Le livre, le marché, le millésime du siècle. Son match à Cannes, le 16 février 1926, contre l'Américaine Helen Wills fut qualifié par l'écrivain Claude Anet de « match du siècle » (Jeux et sports, 1967, p. 1304).
C. − Au plur., à valeur de coll.
1. [Précédé de l'art. indéf. à valeur emphatique ou d'un quantificateur] Grand espace de temps. Durant des siècles; pendant bien des siècles; tant de siècles; des siècles d'expérience; à des siècles d'intervalle; après des siècles de; il a fallu des siècles pour. De longues tables de schiste en équilibre depuis des siècles (Dusaulx,Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 243).[L'Église] pouvait se renouveler, se retremper dans la justice et la vérité pour des siècles encore (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 12).
P. méton. Il y avait là jadis de grandes forêts de chênes, que des siècles de négligence ont mutilées (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 332).
[En contraste avec d'autres subst. désignant une durée courte] Des instants qui paraissent des siècles. Dans une pareille matinée, les heures valent des siècles (Balzac,Splend. et mis., 1847, p. 562).Le temps marchait lentement; les minutes me semblaient des siècles (Du Camp,Mém. suic., 1853, p. 62).
[Dans des expr. où le subst. est répété] Des siècles de siècles. Il fallut des siècles de siècles pour produire ce quelque chose, pour dégager ce quoi que ce soit du chaos (Gide,Feuillets d'automne, 1947, p. 311).Des siècles et des siècles. Il faudrait des siècles et des siècles, il faudra le temps dont Dieu dispose pour vous apprendre à être heureux (Bernanos,Joie, 1929, p. 659).
2. Période dont la durée est d'une certaine importance bien qu'indéterminée. Les siècles derniers, écoulés, futurs, héroïques, lointains, passés, précédents, révolus, suivants; les siècles les plus éloignés, les plus reculés. Je me rappelai ces siècles anciens où vingt peuples fameux existaient en ces contrées (Volney,Ruines, 1791, p. 11).Le penseur peut prévoir, à travers la brume des siècles à venir, l'époque encore très lointaine où la Terre (...) se refroidira du sommeil de la mort (Flammarion,Astron. pop., 1880, p. 102).
P. méton. Dès lors, tout progrès dans les sciences s'arrêta; une partie même de ceux dont les siècles antérieurs avaient été témoins se perdit pour les générations suivantes (Condorcet,Esq. tabl. hist., 1794, p. 44).
3. [Avec l'art. déf. et sans déterminatif temporel]
a) Littér. [Avec personnification]
Le passé; le temps passé dans sa durée. La poussière, la rouille des siècles; l'expérience, la sagesse des siècles. Malheur aux générations solitaires, qui (...) sont contraintes de recommencer, faibles et mortelles, l'œuvre des siècles! (Ozanam,Philos. Dante, 1838, p. 35):
2. Et soudain, dans le calme immense de la nuit, Sous un souffle venu des siècles jusqu'à lui, Il sent, plein d'un bonheur que nul verbe ne nomme, Le grand frisson du sang passer dans son cœur d'homme. Samain,Chariot, 1900, p. 60.
La postérité. Mais si vous jugez, vous serez jugé aussi. Plus tard vous comparaîtrez devant les siècles, et vous savez assez l'histoire pour avoir apprécié les sentiments et les actes qui engendrent la vraie grandeur (Balzac,Lys, 1836, p. 166).De la race de David l'enfant doit naître dans l'étable pour offrir aux siècles un objet divin de piété (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 193).
b) Le temps; la durée de l'histoire. Le commencement, la durée, la suite des siècles; la couleur des siècles; au cours, au long des siècles; du fond des siècles; hors des siècles. On veut la définir [la morale], on s'égare; les siècles s'écoulent, nous passons d'erreurs en erreurs (Fiévée,Dot Suzette, 1798, p. 9).Il semble que l'esprit sévère de l'antiquité et la douceur du christianisme soient ainsi rapprochés dans Rome à travers les siècles (Staël,Corinne, t. 1, 1807, p. 181).
P. méton. Voici apparoître le Fils de l'Homme sur les nuées; les puissances de l'enfer remontent du fond de l'abyme, pour assister au dernier arrêt prononcé sur les siècles: les boucs et les brebis sont séparés, les méchans s'enfoncent dans le gouffre, les justes triomphans montent dans les cieux (Chateaubr.,Génie, t. 1, 1803, p. 270).
La fin des siècles. Synon. de la consommation des siècles (v. consommation A 2).Tout le temps qui s'écoule depuis l'avènement du Christ jusqu'à la fin des siècles (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 353).
4. Loc. et expr.
a) [Dans des tours prép.] Tous les siècles. L'histoire, la durée de l'histoire, le temps dans sa globalité. Les observateurs de tous les siècles. Ce fils né avant tous les siècles, il [Dieu] l'a envoyé, dans les siècles derniers, au monde, pour le guérir (Thierry,Récits mérov., t. 2, 1840, p. 318).Ils confondent les passions et les idées: les premières sont les mêmes dans tous les siècles, les secondes changent avec la succession des âges (Chateaubr.,Mém., t. 4, 1848, p. 256).
b) Les siècles des siècles. Un temps illimité, l'éternité. Ainsi s'écoulent rapidement les siècles des siècles. Les élus existent, pensent, et voient tout en Dieu (Chateaubr.,Natchez, 1826, p. 175).Une sorte de justice qui depuis les siècles des siècles hante la tristesse des misérables (Bernanos,Journal curé camp., 1936, p. 1217).
c) [Dans des tours prép. reprenant les formules relig. − à, dans tous les siècles; aux siècles des siècles, pour les siècles des siècles; dans (tous) les siècles des siècles − que l'on rencontre dans plusieurs textes du N.T. et dans la liturg. chrét., et qui signifie « pour l'éternité, pour toujours, à jamais »] Adieu pour toujours! Oh! pour la dernière fois, plus que cette minute dans tous les siècles! (Nodier,J. Sbogar, 1818, p. 215).Il était au delà de la résignation; comme s'il eût tout compris − non seulement pour cette fois mais pour les siècles des siècles (Malraux,Espoir, 1937, p. 759).
II. − P. méton., au sing.
A. − Ensemble de caractéristisques propres à un siècle, à une époque donnée. Lorsque nous voyons s'évanouir nos espérances les plus chéries, la justice, la liberté, la patrie, nous nous flattons qu'il existe quelque part un être qui nous saura gré d'avoir été fidèles, malgré notre siècle, à la justice, à la liberté, à la patrie (Constant,Princ. pop., 1815, p. 130).Je me suis senti un désir de peinture du siècle. La vie de Napoléon fourmille de motifs (Delacroix,Journal, 1824, p. 97)
B. − RELIGION [Avec art. déf.]
1. [Le subst. est déterminé par un adj.]
a) Le siècle présent. La vie d'ici-bas. Oublier la corruption et les ténèbres du siècle présent (Bremond,Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 254).
b) Le siècle futur. La vie d'En-Haut, la vie éternelle après la fin du monde. Il en sera ainsi jusqu'à ce que son règne [du Christ] arrive, avec le siècle futur (Maritain,Primauté spirit., 1927, p. 187).
2. Empl. abs.
a) Le monde et ses préoccupations temporelles (considérées comme frivoles, futiles, par opposition à la vie spirituelle, chrétienne). Se peut-il, monsieur, que, menant une vie sainte et retirée, je vous voie tout à coup donner dans les vices du siècle? (France,Contes Tournebroche, 1908, p. 141).La vie chrétienne dans le siècle est toute proportion, toute mesure: un équilibre... (Bernanos,Imposture, 1927, p. 311).
Enfant du siècle. Personne incrédule qui rejette toute valeur morale, spirituelle. Partout il [ce Signe, le Talisman de la Croix-stellaire] se dresse, ignoré des enfants du siècle, mais inévitable (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels, 1883, p. 386):
3. ... toute cette vie de combats et de tortures serait-elle perdue? Non! s'écria-t-il encore avec enthousiasme en élevant ses longs bras grêles hors de ses manches de bure, je ne le croirai pas; je ne me laisserai pas décourager par les paroles impies de cet enfant du siècle. Sand,Lélia, 1833, p. 277.
b) Le monde et ses activités profanes par opposition à la vie consacrée à Dieu, à la vie en religion. Vivre dans le siècle, hors du siècle; vivre selon le siècle; quitter le siècle, renoncer au siècle. Ce stage dans la cléricature dura peu. Il abandonna à temps une carrière pour laquelle il n'était pas fait et rentra dans le siècle (Grousset,Croisades, 1939, p. 55).
c) P. anal. Le monde et la civilisation par opposition à la nature, à la vie naturelle. Tandis que l'homme naturel suit tranquillement la pente douce et facile qui doit le conduire au repos éternel, le vieillard du siècle dispute avec acharnement une place que la nature destine à sa postérité (Laclos,Éduc. femmes, 1803, p. 443).Le siècle n'a mis aucune marque sur cet horizon qui n'est fait que du grand ciel et des plis du terrain (Barrès,Pitié églises, 1914, p. 335).
Prononc. et Orth.: [sjεkḽ]. Ac. 1694, 1718: siecle; dep. 1740: siècle. Étymol. et Hist. A. Cont. relig. 1. a) 881 « vie terrestre » [p. oppos. à la vie après la mort] (Ste Eulalie, 24 ds Henry Chrestomathie, p. 3: Volt [Eulalia] lo seule lazsier); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 548: Briés est cist secles, plus durable atendez); 1197 autres siecles « vie après la mort, dans l'autre monde » (Hélinant, Vers de la mort, 36, 1 ds T.-L.); b) 1160-74 « monde, société laïque [p. oppos. à la société monacale] » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1709: Moinne veut devenir et sa vie muer [...] Moult a fait mal en siecle, moult a a amendre); ca 1180 (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, XLV, 30, p. 150); c) ca 1200 « vie dans le siècle [p. oppos. à la vie monacale] » mener son siecle (Chans. de Guillaume, éd. J. Wathelet-Willem, 2421); 2. ca 1050 « le monde, par rapport à la qualité des hommes qui y vivent, de la vie que l'on y mène » (St Alexis, 1: Bons fu li secles al tens ancïenur; 8); ca 1200 (Guiot de Provins, Bible, 1 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 10); 3. ca 1100 « le monde terrestre » la fin del secle (Roland, éd. J. Bédier, 1435); ca 1135 (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 258: trespasser de cest siecle; 720: De totes bestes, por le siecle estorer, Male et femele fist en l'arche poser). B. « Période dans la succession des temps » 1. « longue période indéterminée » a) 1remoit. xiies. lang. relig. en secle de siecle [in saeculum saeculi] « éternellement, dans l'éternité » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, IX, 5); fin xiies. ens seules des seules (Sermons de St Bernard, éd. W. Forster, p. 119, 29); b) ca 1165 en tot le siegle trespassé (Benoît de Ste-Maure, Troie, 24113); 1176 (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 27); fin xiiies. [ms.] plur. li siegle « le temps, la succession des temps » (Roland, éd. J. L. Bourdillon, IV, p. 197); 1580 aux siecles advenir (Montaigne, Essais, II, 3, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 357); ca 1590 les siecles passez (Id., op. cit., II, 6, p. 380); 2. 1258 spéc. désigne la période contemporaine de l'auteur (Alexandre du Pont, Mahomet, éd. Y. G. Lepage, 1171); 1588 la corruption de ce siecle (Montaigne, op. cit., III, 5, p. 863); 1833 mal du siècle (Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littér., note à XIVeleçon, art. sur Oberman ds Rob., s.v. mal3, citat. 24); 1836 (Musset, La Confession d'un enfant du siècle [titre]), v. aussi FEW t. 11, p. 46a, note 2; 3. ca 1618 siècle doré « l'âge d'or » (Malherbe, Poésies, LXXIII ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 235); 1670 siècle d'or (Pascal, Pensées, 38 ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 1097); 4. 1588 « période longue ou qui semble telle » (Montaigne, op. cit., III, 10, p. 1017: un siecle d'ennuys et d'ordes [...] pratiques). C. 1. « Période de 100 ans » [ca 1380 (Roques t. 2, I, 11021: seculum: secles)] 1580 en tout un siecle (Montaigne, op. cit., I, 31, p. 210); 2. 1636 « id. dont la limite est déterminée » les deus premiers siècles (Monet, p. 823b); 1690 le XVII. Siecle depuis Jesus-Christ (Fur.); 3. 1671 « id. considérée comme unité historique présentant certains caractères » le siècle d'Alexandre (P. Bouhours, Les Entretiens, p. 133 d'apr. A. Nidest ds Fr. mod. t. 39, 1971, p. 209); 1751 (Voltaire, Siècle de Louis XIV, I ds Œuvres hist., éd. R. Pomeau, p. 618: Avant le siècle que j'appelle de Louis XIV et qu commence à peu près à l'établissement de l'Académie). Empr. au lat.saeculum, dans la lang. class. « génération, race, espèce; durée d'une génération humaine; âge, époque, temps [saeculum aureum]; (fig.) esprit du siècle, mode de l'époque; espace de 100 années, siècle; (plur.) long espace de temps, siècles »; dans la lang. chrét. « long espace de temps (dans le passé: a saeculo « de toute éternité »; dans l'avenir: [usque] in saeculum; [avec redoublement intensif d'apr. l'hébr.] in saeculum saeculi, Vulgate; in saecula saeculorum, ve-vies., Eugippius); « le monde, la vie présente [p. oppos. à l'éternité] »: de saeculo evadere (déb. iiies., Tertullien); péj. « le monde, le siècle »: diligens hoc saeculum, Vulgate; « les païens, le paganisme » (Tertullien); « la condition laïque [p. oppos. à la condition monacale] » (anno 305 ds Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 17 085. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 31 445, b) 20 600; xxes.: a) 24 370; b) 20 131. Bbg. Krauss (W.). Siècle im achtzehnten Jahrhundert. Beitr. rom. Philol. 1961, t. 1, pp. 83-98.

Wiktionnaire

Nom commun - français

siècle \sjɛkl\ masculin

  1. Période de cent ans.
    • Rabalan était le dernier représentant d’une famille de sorciers qui, durant plus d’un siècle, régnèrent dans Trélotte. Son arrière-grand-père, son grand-père, son père, tous ses oncles et tous ses cousins avaient été sorciers. — (Octave Mirbeau, Rabalan)
    • Pendant cinq siècles, sous la direction de ses capitouls et de ses consuls, Montauban fut une courageuse petite démocratie autonome. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Sous les Omeyyades, les Arabes ont créé, en moins d’un siècle, entre 660 et 750, les conditions dans lesquelles une civilisation islamique nouvelle a pu se développer dans les grands centres urbains du Proche-Orient ancien. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
    • Condamnée à cent ans de solitude. Un siècle, 36 500 jours, coincée dans le petit village de Macondo. — (Impact Campus, Université Laval, vol. 6 n° 3, décembre 2021, p. 64)
  2. Durée de cent années dans la logique du calendrier julien puis grégorien. Le ier siècle comprend les années 1–100, et le iie siècle, 101–200, etc. Nous sommes maintenant dans le xxie siècle des années 2001–2100. Note : Quand on écrit un ordinal de siècle en chiffres romains, on le met en petites capitales.
    • Les apologistes de la reine la représentent comme une femme du dix-huitième siècle, aimant la vie, l’amusement, la distraction, […]. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Depuis sa conquête par César et jusqu’à la fin du Ve siècle, la Gaule n’a été qu’une terre romaine, entièrement latinisée et son histoire se confond avec celle de Rome. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, Avant-propos, 1937)
    • L’éducation moyenne atteignait un niveau extraordinaire, et, à l’aube du XXe siècle, on trouvait relativement peu de gens, dans l’Europe occidentale, qui ne sussent lire et écrire. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduit par Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, p. 407, Mercure de France, 1921)
    • Un aqueduc du IIe siècle, long de 3 km amenait l’eau de la fontaine Bonnet pour alimenter des thermes gallo-romains, situés à un carrefour des voies antiques près de l’actuel presbytère d’Arthon. — (Le Petit Futé Loire-Atlantique 2012–2013, p. 119)
  3. Période plus ou moins longue.
    • Le siècle d’or espagnol.
    • C’est un homme qui fait honneur à son siècle.
  4. (En particulier) Temps rendu célèbre par le règne de quelque grand prince, ou par les actions, les ouvrages de quelque grand homme.
    • Le siècle de Périclès.
    • Le siècle de Louis XIV.
  5. (Familier) Temps qui paraît long pour quelqu’un.
    • Mmm... ça ressemble bien à un message. Mais ça fait des siècles que je n'ai pas transcrit un message en morse. Pour ne rien vous cacher, ça date de mes années de scoutisme. — (Jeff Balek, Yummington 2075 : Le Rêve Oméga, épisode 5: Enquête à #Tijuana 2, Bragelonne, 2014, chap.71)
  6. (Vieilli) (Religion) Vie mondaine, opposée à l’état d’une vie chrétienne ou religieuse.
    • Grand chasseur, il courait avec eux l’immensité des Ardennes ; l’apparition d’un cerf miraculeux le décida à quitter le siècle pour entrer dans l’Église. — (Jules Michelet, Histoire de France, tome I, A. Lacroix et Cie, Paris, 1880, p. 282)
    • Plus d’un jeune instituteur stagiaire a retrouvé dans le siècle celle pour qui s’échafaudaient ses odes et ses sonnets. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SIÈCLE. n. m.
Période de cent années. L'empire romain a duré plusieurs siècles. Un demi-siècle. De siècle en siècle. Il se dit particulièrement d'une Période de cent ans, comptée à partir d'une ère donnée, spécialement de l'ère chrétienne. Nous sommes dans le vingtième siècle de l'ère chrétienne. Le siècle actuel a commencé le premier jour de l'année 1901 et finira le dernier jour de l'année 2000. Le commencement, le milieu, la fin d'un siècle. Ils vivaient dans le même siècle. Le siècle précédent. Le siècle présent. Aux siècles passés. Aux siècles à venir. Il s'est dit aussi des Quatre différents âges du monde, tels que les poètes se sont plu à les imaginer. Le siècle d'or. Le siècle d'argent. Le siècle d'airain. Le siècle de fer. Il désigne aussi un Grand espace de temps indéterminé. Les mœurs de ce siècle. C'est un homme qui fait honneur à son siècle. Il n'est pas de son siècle. Ce siècle était ignorant, barbare, grossier. C'était un siècle de barbarie, un siècle d'ignorance. Depuis ce temps-là il est venu des siècles plus polis, plus éclairés. Le siècle des lumières. Les beaux siècles de l'Église, de la Grèce, de Rome. À la fin des siècles. Jusqu'à la consommation des siècles. Les siècles futurs, La postérité. Cet ouvrage excitera l'admiration des siècles futurs. Les siècles les plus éloignés, les siècles les plus reculés, Les temps qui ont précédé de beaucoup le nôtre, ou ceux qui viendront longtemps après. Cette croyance remonte aux siècles les plus reculés. Son nom vivra jusqu'aux siècles les plus reculés. En termes de l'Écriture sainte, À tous les siècles, aux siècles des siècles, dans tous les siècles des siècles, Éternellement, dans toute l'éternité.

SIÈCLE se dit, particulièrement, d'un Temps rendu célèbre par le règne de quelque grand prince, ou par les actions, les ouvrages de quelque grand homme. Le siècle de Périclès. Le siècle d'Alexandre. Le siècle d'Auguste. Le siècle des Médicis ou de Léon X. Le siècle de Louis XIV. Le siècle d'Homère. Le siècle de Virgile et d'Horace. Il se dit, par exagération et familièrement, de Quelque espace de temps que ce soit, lorsqu'on le trouve long. Il y a un siècle qu'on ne vous a vu. Il a été un siècle à revenir. Un siècle de tourments, de douleur. Il désigne encore l'État de la vie mondaine, en tant qu'il est opposé à l'État d'une vie chrétienne, de la vie religieuse. Il est demeuré dans le siècle. Il se retira du siècle. Vivre suivant les maximes du siècle.

Littré (1872-1877)

SIÈCLE (siè-kl') s. m.
  • 1Espace de cent années. Le siècle actuel a commencé le premier jour de l'année 1801, et finira le dernier jour de l'année 1900. Et de ses successeurs l'empire inébranlable Sera de siècle en siècle enfin si redoutable, Qu'un jour toute la terre en recevra des lois, Corneille, Attila, I, 2. Il [Alexandre] vit dans la bouche de tous les hommes, sans que sa gloire soit effacée ou diminuée depuis tant de siècles, Bossuet, la Vallière. Sous lui [Louis XIV] la France a appris à se connaître ; elle se trouve des forces que les siècles précédents ne savaient pas, Bossuet, Mar.-Thér. Ces deux hommes [Condé et Turenne] que la voix commune de toute l'Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés, Bossuet, Louis de Bourbon. Feuilletez à loisir tous les siècles passés, Boileau, Sat. V. Les siècles diffèrent entre eux comme les hommes : ils ont chacun leur tour d'imagination qui leur est propre, Fontenelle, Hist. théât. franç. Œuvr. t. III, p. 21. J'ai vu souvent neuf ou dix femmes, ou plutôt neuf ou dix siècles, rangées autour d'une table, Montesquieu, Lett. pers. 55. Le sage, qui voit de sang-froid tous les siècles, et même le sien, pense que les hommes y sont à peu près semblables, D'Alembert, Œuvr. t. III, p. 24. Elle [la cochenille] ne se gâte jamais ; sans autre précaution que celle de l'enfermer dans une boîte, on la garde des siècles entiers avec toute sa vertu, Raynal, Hist. phil. VI, 18. Le quatrième siècle avant Jésus-Christ, celui où l'esprit humain a fait les plus grands progrès, et où s'est trouvée une réunion bien étonnante d'hommes de génie, d'artistes célèbres, et d'écrivains illustres en tous les genres, Barthélemy, Anach. t. VII, tab. 5. Et vous, pourquoi d'un soin stérile Empoisonner vos jours bornés ? Le jour présent vaut mieux que mille Des siècles qui ne sont pas nés, Lamartine, Méd. II, 4. Et le siècle qui meurt racontant ses misères Au siècle renaissant, Lamartine, ib. I, 7.

    Un demi-siècle, l'espace de cinquante ans. Ce bouquet vient m'annoncer Qu'un demi-siècle sur ma tête Achève aujourd'hui de passer, Béranger, Cinquante ans.

  • 2Les siècles futurs, les siècles à venir, et, absolument, les siècles, la postérité, l'avenir. Je suis maître de moi comme de l'univers ; Je le suis, je veux l'être ; ô siècles ! ô mémoire ! Conservez à jamais ma dernière victoire, Corneille, Cinna, V, 3. Les capitaines des siècles futurs lui rendront un honneur semblable : on viendra étudier sur les lieux ce que l'histoire racontera du campement de Piéton et des merveilles dont il fut suivi, Bossuet, Louis de Bourbon. Je veux qu'on dise un jour aux siècles éffrayés…, Racine, Esth. II, 1. Et les siècles obscurs devant moi se découvrent, Racine, Athal. III, 7.

    Les siècles les plus éloignés, les siècles les plus reculés, les siècles qui ont précédé de beaucoup le nôtre, ou qui viendront longtemps après le nôtre.

  • 3Grand espace de temps indéterminé. C'est une vertu rare au siècle d'aujourd'hui, Molière, Mis. IV, 1. Il y a un siècle pour les blondes, un autre pour les brunes, Pascal, Pass. de l'amour. Vous voilà un peu mortifiés, messieurs les grands seigneurs… il faut suivre les siècles ; celui-ci n'est pas pour vous, Sévigné, 9 oct. 1675. Quel spectacle de voir et d'étudier ces deux hommes [Condé et Turenne], et d'apprendre de chacun d'eux toute l'estime que méritait l'autre ! c'est ce qu'a vu notre siècle, Bossuet, Louis de Bourbon. Il a fallu des siècles pour rendre justice à l'humanité, pour sentir qu'il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît, Voltaire, Lett. sur les Anglais, 9.
  • 4Époque célèbre par quelque prince renommé, par quelque grand homme, par quelque grande œuvre. Le siècle d'Homère. Le siècle de l'invention de l'imprimerie. Le siècle de Périclès. Corneille commença, en 1636, par la tragédie du Cid, le siècle qu'on appelle de Louis XIV, Voltaire, Mœurs, 176. Dans le siècle qu'on nomme de Léon X, ce pape Léon X avait-il tout fait ? n'y avait-il pas d'autres princes qui contribuèrent à polir et à éclairer le genre humain ? Voltaire, Lett. Harvey, 1740. Notre siècle, j'en conviens encore avec Votre Majesté, ne vaut pas le siècle de Louis XIV pour le génie et pour le goût ; mais il me semble qu'il l'emporte pour les lumières, pour l'horreur de la superstition et du fanatisme, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 14 février 1774. Le siècle de Louis XIV a-t-il un ouvrage philosophique à mettre à côté de l'Émile ? Marmontel, Œuvr. t. IV, p. 430. Le siècle de Médicis, qui fut pour l'Italie le règne le plus florissant des lettres et des arts, Marmontel, ib. p. 392.
  • 5Il se dit relativement à la civilisation, à l'état des mœurs des hommes dans le temps dont on parle. Un siècle de corruption. Cet homme n'est pas au niveau de son siècle. Tu vois, ma Stratonice, en quel siècle nous sommes, Corneille, Poly. I, 3. Mais son triste mérite, abandonné de tous, Contre ce siècle aveugle est toujours en courroux, Molière, Mis. V, 3. Quand il [Dieu] a fait dans ses ennemis aussi bien que dans ses serviteurs ces belles lumières d'esprit, ces rayons de son intelligence, ces images de sa bonté, ce n'est pas pour les rendre heureux qu'il leur a fait ces riches présents, c'est une décoration de l'univers, c'est un ornement du siècle présent, Bossuet, Louis de Bourbon. Vous lui allez voir [à Jurieu] aujourd'hui déchirer les siècles les plus purs, flétrir le christianisme dès son origine…, Bossuet, 1er avert. II. Siècle vainement subtil où l'on veut pécher avec raison, où la faiblesse veut s'autoriser par des maximes, Bossuet, Anne de Gonz. Hypocrisie, caractère de notre siècle, ou, pour mieux dire, caractère de tous ces siècles où le libertinage a régné, Bourdaloue, Serm. 24e dim. après la Pentecôte. Dominic. t. IV, p. 446. Ainsi qu'en sots auteurs, Notre siècle est fertile en sots admirateurs, Boileau, Art p. I. Celui qui n'a égard en écrivant qu'au goût de son siècle songe plus à sa personne qu'à ses écrits, La Bruyère, I. Les beaux siècles de la république romaine, Voltaire, l'Ingénu, 10. Personne n'ose convenir franchement des richesses de son siècle ; nous sommes comme les avares, qui disent toujours que le temps est dur, Voltaire, Mél. litt. Nouv. du Parnasse. Dans quel siècle vivons-nous, et après quel siècle ? Voltaire, Lett. Cideville, 8 déc. 1736. Il semble que le propre des siècles d'ignorance est de représenter la nature plus grossière, mais aussi plus vraie ; et celui des siècles de lumière, de la peindre plus délicate, mais plus déguisée, D'Alembert, Œuvr. t. III, p. 361. Ah ! madame, me dit le comte avec dépit, vous êtes bien de votre siècle ! Marmontel, Cont. mor. Heureusement. Il est un degré de talent où l'on ne peut plus apercevoir, entre deux hommes livrés aux mêmes recherches, d'autre différence que celle de leur siècle, Condorcet, Linné. Eh ! quel temps fut jamais en vices plus fertile ? Quel siècle d'ignorance, en beaux faits plus stérile, Que cet âge nommé siècle de la raison ? Gilbert, Le XVIIIe siècle. D'un siècle sans espoir naît un siècle sans crainte, Musset, Rolla.

    Un nouveau siècle, une ère qui se distingue par des idées plus grandes, plus humaines. Il me semble qu'il se forme un nouveau siècle, Voltaire, Lett. Laharpe, 10 oct. 1775.

  • 6 Par exagération et familièrement. Un espace de temps qu'on trouve trop long. Votre absence a duré un siècle. Un siècle de tourments, de douleurs. Il y a un siècle que l'on ne vous a vu, Dancourt, Agioteurs, II, 8. Il y a un siècle, mon cher et grand philosophe, que je ne vous ai rien dit, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 2 sept. 1760. S'il ne me trouvait pas, il faudrait bouder des siècles, Poinsinet, Cercle, sc. 3.
  • 7 Terme de l'Écriture. Dans tous les siècles des siècles, à tous les siècles, aux siècles des siècles, éternellement. C'est pour cela que les peuples publieront éternellement vos louanges dans tous les siècles des siècles, Sacy, Bible, Psaum. XLIV, 18. Ces corps malheureux dévoués à l'étang de soufre et de feu dont la fumée monte jusqu'aux siècles des siècles, Fénelon, t. XVII, p. 291.
  • 8Le siècle à venir, le siècle futur, la vie future, la béatitude céleste. C'est de saintes méditations, c'est de bonnes œuvres, c'est ces véritables richesses que vous enverrez devant vous au siècle futur, qui vous inspireront de la force [au moment de la mort], Bossuet, le Tellier. Un chrétien n'est plus de ce monde ; c'est un homme du siècle à venir ; c'est le juge et l'ennemi du monde, Bossuet, Carême, Samaritaine. Vous êtes un homme du siècle, mais vous n'êtes pas un homme du siècle à venir, Massillon, Carême, Pardon des offenses.
  • 9Le monde, la vie mondaine, par opposition à la vie religieuse. Puissances du siècle, voyez dans quel sentier la vertu chemine, doublement à l'étroit, et par elle-même et par l'effort de ceux qui la persécutent, Bossuet, Reine d'Anglet. On voulait avoir des intercesseurs [les ecclésiastiques] purs du commerce des hommes, et on craignait de les rengager dans le siècle, d'où ils avaient été séparés pour être le partage du Seigneur, Bossuet, le Tellier. Carloman, dégoûté du siècle… embrassa la vie monastique, Bossuet, Hist. I, 11. Un religieux qui, malgré ses vœux, quitterait son cloître et son habit de pénitence pour rentrer dans le siècle, Fénelon, Éduc. filles, 8. Si vous êtes disciple de Jésus-Christ, ou enfant du siècle, Massillon, Mystères, Résurrection. S'il [un enfant] paraît plus propre que les autres à soutenir la gloire de son nom et l'estime publique, on le sépare pour la terre ; on le regarde comme consacré et destiné au siècle par sa naissance, Massillon, Mystères, Dispositions p. se consacrer à Dieu. Un de ces hommes que le siècle loue, Massillon, Carême, Mauv. riche. Nous tous chrétiens vieillis dans le siècle et non pas dans la foi, Chateaubriand, Génie, I, I, 6.
  • 10Les quatre différents âges du monde, tels que les poëtes les supposent : le siècle d'or, d'argent, d'airain, de fer. Alors, ce fut alors, sous ce vrai Jupiter, Qu'on vit naître ici-bas le noir siècle de fer, Boileau, Sat. X.

    Fig. Siècle d'or, un temps heureux où règnent l'abondance et la paix. Le siècle doré En ce mariage Nous est assuré, Malherbe, VI, 7. On a inventé de certains termes bizarres : siècle d'or, merveille de nos jours, et on appelle ce jargon beauté poétique, Pascal, Pens. VII, 25, éd. HAVET. Je transportais dans les asiles de la nature des hommes dignes de les habiter : je m'en formais une société charmante dont je ne me sentais pas indigne, je me faisais un siècle d'or à ma fantaisie, Rousseau, 3e lett. à M. de Malesherbes.

    Fig. Siècle de fer, un temps rempli de guerres, de misères, de corruption. C'est par là… que le sort burlesque, en ce siècle de fer, D'un pédant, quand il veut, sait faire un duc et pair, Boileau, Sat. I.

    On a dit semblablement : siècles de boue et de sang, pour désigner des temps marqués par beaucoup de honte et beaucoup de sang.

HISTORIQUE

Xe s. [Elle] Volt lo seule lazsier, si ruovet Crist, Eulalie.

XIe s. La fin del secle qui nus est en present, Ch. de Rol. CIX.

XIIe s. Nostre Signor Jhesu Crist, à cui est honors et gloire en seules des seules, Saint Bernard, p. 560. Si li a dit : mes sire Yvain Quel siegle avez vos puis eü ? Tel, fet il, qui molt m'a pleü. Pleü ? por Deu, dites vos voir [vrai] ? Comant puet donc boen sigle avoir, Qui voit qu'an le quiert por ocirre ? Chev. au lyon, V. 1550. Tant com durront li siegle, en sera reparlance, Ronc. p. 197.

XIIIe s. Si [de sorte] qu'à Dieu et au siecle la bonté de vous pere [paraisse], Berte, IV. Troi chevalier d'amors me proient, Et moult me dient qu'il voudroient De moi avoir l'amor entire : Et vous savez, fet-ele, sire, Du siecle [le monde] ; si m'en aprenez Li quels doit estre miex amez, Lai du conseil. Moult aroit li siecles de soufrete, se marceandise n'aloit par tere, Beaumanoir, XXV. Et li ciecles est ores tel, que moult y a de ciaus [ceux] qui feroient volontiers comment il fussent riches…, Ass. de J. I, 248. Et li disoient : quant je venré en l'autre siecle, si me rendras ce que je te baille, Joinville, 266. Ne nul castel tant bien assis En tot le siecle, ce m'est vis, Partonop. V. 1711.

XIVe s. En laquelle ville avoit feste pour une fillette de siecle, Du Cange, saecularis.

XVe s. Elle qui peu sçavoit du siecle encore, et moins lui en chaloit par la raison de jeunesse…, Perceforest, t. I, f° 91. Or vous seez auprès de moy, et me comptez de vos nouvelles ; car vostre venue me semble ung autre siecle, ib. f° 115. Les compaignons de la paroisse Sainte-Marguerite en la ville de St-Quentin signifierent que ilz donroient un chapel de fleurs au mieulx chantant une chançon de siecle, Du Cange, saecularis.

XVIe s. Siecle sot met au ciel un sot, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 416. Du siecle jusqu'au siecle à jamais tu es Dieu, Desportes, Œuvres chrest. XVIII. Prière de Moyse Aprez un siecle d'ennuis et d'ordes et viles practiques, Montaigne, IV, 166. Ce siecle, autre en ses mœurs, demande un autre style ; Cueillons les fruicts amers desquels il est fertile, D'Aubigné, Tragiques, Princes.

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Étymologie de « siècle »

Du latin saecŭlum.
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Bourg. siaique ; wallon, siék ; provenç. secle, segle ; catal. sigle ; espagn. siglo ; portug seculo ; ital. secolo ; du lat. saeculum. On en a rapproché le gaélique saoghal, temps de la vie. La seule orthographe authentique est saeculum ; par conséquent le rapprochement est bon avec saoghal ; et il ne le serait pas avec sequi, qui a été proposé.

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Phonétique du mot « siècle »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
siècle sjɛkl

Fréquence d'apparition du mot « siècle » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « siècle »

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Citations contenant le mot « siècle »

  • Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
    Sacha Guitry — Beaumarchais
  • Le sentiment qu’inspire le dimanche c’est le même calme mélancolique et lourd qu’inspire les mots : Ainsi il a été et ainsi il sera pour les siècles des siècles.
    Anonyme
  • Non. Il fut gallican, ce siècle*, et janséniste !
    Paul Verlaine — Sagesse, I, 10 , Messein
  • Ce siècle, autre en ses mœurs, demande un autre style.
    Théodore Agrippa d'Aubigné — Les Tragiques
  • Ce siècle est à la barre et je suis son témoin.
    Victor Hugo — L'Année terrible
  • Je ne crois pas, ô Christ, à ta parole sainte : Je suis venu trop tard dans un siècle trop vieux. D'un siècle sans espoir naît un siècle sans crainte.
    Alfred de Musset — Poésies, Rolla
  • Au XVIIIe siècle seulement les portraits sont expressifs. Les visages marquent l'instant.
    Paul Valéry — Mélange, Gallimard
  • Notre siècle s'interprète mal lui-même et par moments ne se comprend pas. Il s'appelle le siècle du progrès et il se croit le siècle de l'utile. S'il était l'un il ne serait pas l'autre.
    Victor Hugo — Choses vues
  • Selon une étude internationale, la variole était déjà présente en Europe à la fin du VIe siècle, soit près de 1000 ans plus tôt que ce qui était admis. Ce virus aurait même contaminé les Vikings qui l'auraient propagé à travers le continent...
    Science-et-vie.com — La variole contaminait déjà les Vikings au VIe siècle - Science & Vie
  • Bienvenue au 18e siècle à Londres et dans le monde des Harlots, une série dramatique de la BBC2 qui commence la semaine prochaine, qui lève le voile sur le commerce du sexe de l’époque géorgienne.
    News 24 — Un nouveau drame de la BBC sur le commerce du sexe au 18e siècle à Londres est inspiré par les courtisanes de Covent Garden - News 24
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Traductions du mot « siècle »

Langue Traduction
Anglais century
Espagnol siglo
Italien secolo
Allemand jahrhundert
Chinois 世纪
Arabe مئة عام
Portugais século
Russe века
Japonais 世紀
Basque mendeko
Corse seculu
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Combien de points fait le mot siècle au Scrabble ?

Nombre de points du mot siècle au scrabble : 7 points

Siècle

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