La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « saluer »

Saluer

Définitions de « saluer »

Trésor de la Langue Française informatisé

SALUER, verbe trans.

A. −
1. Honorer quelqu'un que l'on aborde, que l'on rencontre ou que l'on quitte d'une marque de déférence, de civilité, de respect. Avec quelle hauteur il me regardait hier soir au café Tortoni, en affectant de ne pas me reconnaître! Avec quel air méchant il me salua ensuite, quand il ne put plus s'en dispenser! (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p. 339).Si quelqu'un mourait sur son chemin, il le saluait profondément, disant pardon à la mort quand elle le bousculait (Giraudoux,Siegfried et Lim.,1922, p. 156).
Empl. abs. Saluer de droite, de gauche; saluer d'un air mondain, à la ronde; saluer négligemment, avec grâce, avec politesse. Ils chantaient la Marseillaise, gravement, bien en mesure. La foule, sur leur passage, saluait en silence, chapeaux bas (Duhamel,Combat ombres,1939, p. 294).
Empl. pronom. réciproque. En Orient, quand on n'a rien à se dire, on fume du tabac de rose ensemble, et de temps en temps on se salue les bras croisés sur la poitrine pour se donner un témoignage d'amitié (Staël,Allemagne, t. 1, 1810, p. 158).
SYNT. Saluer qqn avec cérémonie, courtoisie, respect; saluer qqn de la casquette, de la main, de la tête, des yeux, par une révérence; saluer à l'orientale; saluer l'assistance, la compagnie; saluer qqn de tout son cœur; ne saluer personne.
a) En partic.
Saluer le public. Revenir sur scène à la fin du spectacle et s'incliner devant le public. De nombreux amis dans la salle firent une sorte de succès au conférencier, qui revint trois fois saluer le public (Gide,Journal,1908, p. 263).Empl. abs. Ils hurlent. Le rideau quatre fois se rouvre. Quelle chose diabolique, le talent! Dans sa robe de soie roulée autour d'elle, beige, Réjane salue une main encore sur le piano où s'est tue la Marseillaise (Aragon,Beaux quart.,1936, p. 215).
Vieilli. J'ai (bien) l'honneur de vous, te saluer; je vous, te salue... [Formule prononcée pour prendre congé, ou utilisée pour terminer une lettre] Le magistrat (...) feignit de ne pas voir la main que le commissaire lui tendait à son tour. − Je vous salue, monsieur le juge (Simenon,Vac. Maigret,1948, p. 124):
Si ce billet est dans vos mains et que vous puissiez attendre mon arrivée qui aura lieu jeudi ou vendredi prochain, cela m'accommoderait mieux. Mais si vous ne pouvez attendre, M. Bidaut vous soldera. J'ai l'honneur de vous saluer, monsieur, de tout mon cœur. Courier,Lettres Fr. et Ital.,1825, p. 927.
b) Spécialement
ART MILIT. Manifester du respect en faisant notamment le salut militaire. Saluer un officier; saluer du drapeau, de l'épée. La danseuse se leva subitement, se mit au port d'armes, et porta le revers de sa main droite à son front, comme un soldat qui salue son général (Balzac,Cous. Pons,1847, p. 199).
MAR. Saluer la terre. [Le suj. est un navire de guerre] Tirer vingt et un coups de canon en plaçant le pavillon de la nation à honorer en tête du mât (d'apr. Merrien 1958). La rade était couverte de navires qui saluaient la terre en s'éloignant (Chateaubr.,Mém., t. 3, 1848, p. 577).Saluer du pavillon. Hisser à mi-drisse le pavillon national, puis le renvoyer à bloc trois fois (d'apr. Merrien 1958). Le Saint-Sacrement, suivi d'une procession lente de femmes et de mères, de fiancées et de sœurs, faisait le tour du port, où tous les navires islandais, qui s'étaient pavoisés, saluaient du pavillon au passage (Loti,Pêch. Isl.,1886, p. 19).
RELIG. CATH. Je vous salue, Marie. Début de la salutation angélique; p. méton., empl. subst., cette prière. Je fais ma prière tous les matins et tous les soirs, mon Notre Père et mon Je vous salue Marie, pour commencer et pour finir ma journée (Péguy,Myst. charité,1910, p. 12).
2. P. ext.
a) (Aller) saluer qqn; saluer qqn de la part de qqn d'autre. Honorer quelqu'un d'une attention particulière en se déplaçant, en lui rendant une visite de politesse. Un aide de camp est venu me dire d'aller saluer sa majesté, à l'ordre de qui je me suis naturellement empressé de déférer (Proust,Swann,1913, p. 459).M. Bouvet, chef de cabinet, monte à bord pour nous saluer de la part du gouverneur qui nous attend à déjeuner (Gide,Voy. Congo,1927, p. 714).
En partic. [Dans une lettre] Transmettre ses civilités à quelqu'un par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre. Aime-moi, et ne pense pas trop à moi. Salue tous nos amis. Je suis trop fatigué pour leur donner de mes nouvelles (Michelet,Journal,1830, p. 720).
b) Rendre hommage. Saluer l'autel; saluer le Saint-Sacrement d'une génuflexion; saluer la patrie, un cercueil. La victoire est coûteuse. Je salue les jeunes lorrains morts pour la France et pour la civilisation (Barrès,Cahiers, t. 1, 1917, p. 255).
B. − Au fig.
1. Saluer qqc. par qqc.Accueillir un événement par des manifestations extérieures favorables ou hostiles. Saluer par des applaudissements, des cris, des sifflets. J'avais l'impression de subir une fatalité, plutôt que d'aller librement vers le bonheur. Je saluai mon vingtième anniversaire par un couplet mélancolique. « Je n'irai pas en Océanie... » (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p. 261).
2. Saluer qqc.Accueillir favorablement quelque chose. Saluer qqc. avec joie, avec satisfaction; saluer le lever du jour. Tu sais que le soir de la Saint-Sylvestre, nous dînons toujours en famille. C'est une tradition. Peut-être un jour futur passeras-tu cette fête avec nous. On soupe. On attend le coup de minuit pour saluer l'année nouvelle, on s'embrasse et chacun va se coucher (Duhamel,Terre promise,1934, p. 234).
3. Saluer en qqn1qqn2(défini par une qualité).Honorer quelqu'un en lui reconnaissant un titre au respect, à la gloire, à l'admiration. Saluer en lui le libérateur. La citoyenne Rochemaure répondit qu'elle serait heureuse de saluer en Marat un citoyen illustre, qui avait rendu de grands services au pays (France,Dieux ont soif,1912, p. 91).
Être salué de (+ un titre).En Bavière, j'avais été salué de monseigneur et d'excellence; un officier bavarois à Waldmünchen disait hautement dans l'auberge, que mon nom n'avait pas besoin du visa d'un ambassadeur d'Autriche (Chateaubr.,Mém., t. 4, 1848, p. 197).
Être salué comme (+ subst.).Le roi lépreux fit dans la forteresse une entrée triomphale, salué comme un sauveur par la foule des assiégés (Grousset,Croisades,1939, p. 230).
Prononc. et Orth.: [salɥe], (il) salue [saly]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. saluder cum « honorer du titre de » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 251); 2. ca 1100 « honorer quelqu'un d'une marque extérieure de respect » (Roland, éd. J. Bédier, 121); 1540 se saluer « se faire mutuellement des salutations » (Nicolas Herberay des Essars, Premier livre d'Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, 37); 3. ca 1175 « envoyer ses salutations par l'intermédiaire de quelqu'un » (Chronique Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 3847); 4. 1538 « complimenter par lettre » (Est.); 5. 1547 « en s'adressant à des objets inanimés » (N. du Fail, Propos rustiques, éd. J. Assézat, p. 129); 1839 saluer qqc. par « accueillir un événement par des manifestations d'approbation » (Balzac, Béatrix, p. 217); 6. 1609 « honorer du salut militaire » (P. Prevost de Beaulieu-Persac, Mémoires, p. 31); 1694 saluer la mer (Ac.); 1831 fig. saluer un grain (Will.); 1832 saluer des voiles, du drapeau, du pavillon (Raymond); 7. 1835 « formule de politesse à la fin d'une lettre » (Ac.); 8. 1866 saluer le public (des acteurs) (Bussy, Art dram., p. 344). Du lat. salutare « saluer quelqu'un », « aller présenter ses hommages, faire visite à ». Fréq. abs. littér.: 5 373. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6 438, b) 10 747; xxes.: a) 9 766, b) 5 721.
DÉR. 1.
Saluade, subst. fém.,vieilli. Salut avec révérence. Les premiers moments se passèrent en respects et en saluades du savant (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p. 173). [salɥad]. Att. ds Ac. 1694-1878. 1reattest. 1571 (P. d'Oudegherst, Annales de Flandre, II, 620 ds Gdf. Compl.); de saluer, suff. -ade*.
2.
Salueur, -euse, adj. et subst.[Pas d'empl. au fém.] (Celui) qui salue. Les deux adjoints rentrent dans la cour, Antonin Rabastens expansif et salueur, l'autre intimidé, presque farouche (Colette,Cl. école,1900, p. 30).À deux ou trois pauvres diables particulièrement salueurs, il donne, il laisse sa main sans s'arrêter, sans tourner la tête (Montherl.,J. filles,1936, p. 958). [salɥ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1reattest. 1558 (Bonaventure des Périers, Nouvelles recreations, éd. K. Kasprzyk, p. 128); de saluer, suff. -eur2*.
BBG. Benveniste (E.). Les Verbes délocutifs. In: [Mél. Spitzer (L.)]. Berlin, 1958, pp. 61-63. − Cornulier (B. de). La Notion de dér. délocutive. R. Ling. rom. 1976, t. 40, pp. 117-118. − Mignot (X.). Salutare en lat., saluer en fr. sont-ils bien des verbes délocutifs? B. Soc. Ling. 1981, t. 76, n o1, pp. 327-344. − Quem. DDL t. 7 (s.v. salueur).

Wiktionnaire

Verbe - français

saluer \sa.lɥe\ transitif réciproque 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se saluer)

  1. Donner à quelqu’un une marque de civilité, de déférence ou de respect, en l’abordant, en le rencontrant, en le quittant.
    • On s'égayait,[…], d’un dialogue,[…], entre le duc se promenant aux abords de son château de l’Eure et un paysan trainant un taureau dont il a plein les mains. « Vous ne me saluez pas? » interroge le duc qui veut être aimable, mais qui ne sais pas s’y prendre. — « Eh ! monsieur le duc, répond le rural, voulez vous ben tenir mon taureau et je m’en vas vous saluer? » — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
    • Les règles de la politesse exigent que deux Chinois qui se rencontrent, mettent pied à terre pour se saluer, et qu’ils insistent ensuite pour savoir qui reprendra sa place le premier, bien que l’ordre de préséance provenant de l'âge ou de la situation sociale soit parfaitement connu des deux interlocuteurs […]. — (Émile Bard, Les Chinois chez eux, 1899)
    • Pareil à une bête tapie dans les hauteurs, le lourd rideau s'abattait, puis remontait au cintre, tandis que les duettistes venaient saluer. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Je suis le directeur de ces messieurs, le directeur que l’on salue très bas et qui s’offre le délicat plaisir de faire attendre dans l’antichambre nombre de solliciteurs. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 179)
    • Il saluait chapeau bas tous ceux qui appartenaient à une classe sociale supérieure à la sienne, il traitait avec mépris ou condescendance ses inférieurs. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 118 de l’édition de 1921)
    • Il m’a salué à sa manière, en portant deux doigts à sa tête et en souriant d’un air bonasse. — (Émile Thirion, La Politique au village, p. 133, Fischbacher, 1896)
  2. Donner les marques de respect qu’on doit à de certaines choses. — Note : On le dit particulièrement dans certaines cérémonies.
    • Saluer le drapeau.
    • Saluer de loin le lieu de sa naissance.
    • Saluer le catafalque.
  3. (En particulier) (Militaire) Donner les marques de civilité, de déférence, de respect qui sont en usage dans les troupes de terre et dans la marine.
    • Le Yacht Club salua mon départ de trois coups de canon, je répondis en amenant le pavillon français. C’était un départ public, cérémonieux. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Saluer de l’épée, saluer du drapeau.
    • La mer salue la terre, les vaisseaux qui mouillent devant une forteresse la saluent en tirant le canon.
  4. (Figuré) Tirer avec ses armes.
    • Nous n’y fûmes pas plus tôt embarqués que les sauvages accoururent en foule et nous saluèrent d’une grêle de flèches et de pierres. — (Dillon, Voyage dans la mer du sud, Revue des Deux Mondes, 1830, tome 1)
  5. Proclamer, nommer par acclamation.
    • Vespasien fut salué empereur par toute l’armée.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SALUER. v. tr.
Donner à quelqu'un une marque extérieure de civilité, de déférence ou de respect, en l'abordant, en le rencontrant, en le quittant. Les manières de saluer sont différentes selon les différentes nations. En France et dans presque toute l'Europe, les hommes saluent en ôtant leur chapeau et en s'inclinant. Saluer de la main, du geste, de la voix. Saluer en passant. Saluer quelqu'un de loin. Je vous salue, j'ai l'honneur de vous saluer se dit, par civilité, à une personne que l'on aborde. Nous nous saluons, mais nous ne nous parlons pas, Nous sommes poliment et froidement ensemble. Aller saluer quelqu'un, Aller lui faire visite, lui rendre ses devoirs. Les officiers de la garnison sont allés saluer le gouverneur.

SALUER se dit aussi des Marques de respect qu'on donne à de certaines choses. Saluer le drapeau. Saluer de loin le lieu de sa naissance. On le dit particulièrement dans certaines cérémonies. Saluer l'autel. Saluer le catafalque. Il s'emploie spécialement pour désigner les Marques de civilité, de déférence, de respect qui sont en usage dans les troupes de terre et dans la marine. Saluer de l'épée, saluer du drapeau. On salue à la mer en tirant le canon. Les navires se saluèrent de tant de coups de canon. Les vaisseaux saluèrent la citadelle. Saluer du pavillon. En termes de Marine, La mer salue la terre, Les vaisseaux qui mouillent devant une forteresse doivent la saluer en tirant le canon.

SALUER signifie encore Faire ses compliments par lettre. Je salue tels et tels. Je vous prie de le saluer de ma part, quand vous le verrez. J'ai bien l'honneur de vous saluer. Il signifie aussi Proclamer, nommer par acclamation. Vespasien fut salué empereur par toute l'armée.

Littré (1872-1877)

SALUER (sa-lu-é), je saluais, nous saluions, vous saluiez ; que je salue, que nous saluions, que vous saluiez v. a.
  • 1Donner à quelqu'un que l'on aborde, que l'on rencontre, etc. une marque extérieure de civilité, de respect. Saluer la compagnie. Saluer de la main, du geste, de la voix. Allons, saluez monsieur, Molière, Mal. imag. II, 6. D'où vient qu'Alcippe me salue aujourd'hui, me sourit et se jette hors d'une portière de peur de me manquer ? La Bruyère, XI. Les grands sont entourés, salués, respectés ; les petits entourent, saluent, se prosternent ; et tous sont contents, La Bruyère, IX. Venez, mademoiselle, et saluez les gens, Regnard, le Distr. I, 4. [â Fontenoy] les officiers anglais saluèrent les Français en ôtant leurs chapeaux ; le comte de Chabanes, le duc de Biron, qui s'étaient avancés, et tous les officiers des gardes-françaises leur rendirent le salut, Voltaire, Louis XV, 15. Et, revenant avec la chaloupe, il salua le vaisseau de son mouchoir, aussi longtemps qu'il le put, Staël, Corinne, XVIII, 1.

    Absolument. Les manières de saluer sont différentes selon les différentes nations. En Europe les hommes saluent en ôtant leur chapeau et en s'inclinant. Vous voyez des gens qui entrent sans saluer que légèrement, qui marchent des épaules, La Bruyère, VIII. Ils laissent croître leurs ongles comme les Chinois ; ils saluent comme eux, et l'on sait que ce salut consiste à se mettre à genoux et à se prosterner jusqu'à terre, La Pérouse, Voy. t. III, p. 41, dans POUGENS.

  • 2On dit par civilité saluer, en abordant ou en quittant une personne. Je vous salue. J'ai l'honneur de vous saluer. Je vous salue très humblement.

    Je vous salue, j'ai l'honneur de vous saluer, est aussi une manière de terminer une lettre.

  • 3Saluer quelqu'un, faire visite à quelqu'un, lui rendre ses devoirs. Les officiers de la garnison sont allés saluer le gouverneur. Voilà, nous dit-il, un honnête homme et courtois ; ce n'est pas aujourd'hui seulement que je l'ai connu civil comme cela ; il m'a toujours fort salué, et m'est venu ici souvent entretenir, Théophile, Œuv. 1e part. p. 110, dans LACURNE. Monsieur, je viens saluer, reconnaître, chérir et révérer en vous un second père, Molière, Mal. imag. II, 6. Je ne vois pas ce qui pourrait m'empêcher de venir, dans les beaux jours, saluer l'Étoile du nord et maudire le Croissant, Voltaire, Lett. à Catherine II, 2 sept. 1769.
  • 4Faire ses compliments par lettre. Je vous prie de le saluer de ma part. Je lus hier une lettre du bonhomme la Maison… il ne m'en dit pas un mot [du mariage de Monsieur], et salue toujours madame la comtesse, comme si elle était encore à mes côtés, Sévigné, 95.
  • 5Donner des marques de respect, à la vue de certaines choses. Saluez ces pénates d'argile, La Fontaine, Philém. et Baucis. Il meurt, comme Moïse, avant d'avoir pu passer le Jourdain ; il salue de loin, comme lui, cette terre heureuse…, Massillon, Panég. St Louis. Les oiseaux en chœur se réunissent et saluent de concert le père de la nature [le soleil], Rousseau, Ém. III.

    On le dit particulièrement dans certaines occasions de cérémonie. Saluer l'autel. Saluer le catafalque, la représentation.

    On disait de même autrefois : saluer les armes. Saluer le lit du roi. Saluer la nef du couvert du roi.

    Fig. Son retour fut salué par d'immenses acclamations. On salua son avénement au trône par de grandes marques de joie.

  • 6Il se dit de la manière dont se rendent certains honneurs militaires sur la terre ou sur la mer. Saluer de l'épée, du drapeau, en défilant devant le général. On salue à la mer en tirant le canon ; on salue aussi quelquefois en baissant le pavillon.

    La mer salue la terre, les vaisseaux qui mouillent devant une forteresse doivent la saluer en tirant le canon.

    Terme de marine. Saluer de la voix, c'est crier vive le roi, la république, l'empereur, suivant le régime ; ce cri est poussé par l'équipage, ordinairement monté dans les haubans.

    Fig. Saluer un grain [sorte de tempête], se mettre en mesure contre sa force.

  • 7Proclamer, en parlant des anciens qu'on élevait au trône. Ils saluèrent Baléazar comme leur roi, et le firent proclamer par des hérauts, Fénelon, Tél. VIII. Ils trouvèrent dans un lieu obscur un homme tremblant de peur, c'était Claude ; ils le saluèrent empereur, Montesquieu, Rom. 15.

    Saluer empereur, s'est dit aussi pour donner le salut en nommant empereur, général, le Romain à qui on s'adresse. Septime se présente, et, lui tendant la main, Le salue empereur en langage romain, Corneille, Pomp. II, 2.

  • 8Se saluer, v. réfl. Se faire l'un à l'autre un salut. Ils se saluèrent en s'abordant. Les navires se saluèrent de tant de coups de canon.

    Fig. Nous nous saluons, mais nous ne nous parlons pas, se dit quand on est en froideur avec quelqu'un.

HISTORIQUE

XIe s. S'il saluerent par amur et par bien, Ch. de Rol. VIII.

XIIe s. Si tost cum s'entrevirent, lues [aussitôt] se sunt encontré ; E li reis Henris l'a, e il li, salué, Th. le mart. 114.

XIIIe s. Et nos François la vont sagement saluer, Berte, III. Quant Berte voit l'hermite, de Dieu [elle] l'a salué, ib. XLV. Li rois… i envoia ses gens et dix chevaliers preudomes et sages qui passerent mer, et troverent le roi Phelippe à Montleon et le saluerent de par le roi Henri, Chr. de Rains, p. 12.

XVe s. Que je vous y trouve, ou autrement tenez vous pour salué [congédié], Petit Jehan de Saintré, p. 19, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SALUER. Ajoutez :
9En termes militaires, saluer le boulet, faire un mouvement au moment où un boulet passe auprès de soi en sifflant. Le plus brave salue toujours les premiers boulets.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « saluer »

Wallon, salowé ; provenç. et espagn. saludar ; portug. saudar ; ital. salutare ; du lat. salutare, de salus, salut.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin salutare (« saluer, souhaiter la bienvenue »). (Vers 980) saludent (« saluent »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « saluer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
saluer salµe

Fréquence d'apparition du mot « saluer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « saluer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « saluer »

  • Deux hommes qui ne se connaissent pas sont capables, par amour-propre, de passer l'un à côté de l'autre, dans un désert, sans se saluer.
    Jules Renard — Journal 1893 - 1898
  • L'amusant, au théâtre, c'est de sortir aux entractes, de saluer, de serrer des mains, d'entendre des opinions et de s'en faire une moyenne, avec toutes les extrêmes, sans effort, sur la pièce.
    Jules Renard — Journal 1893 - 1898
  • Un chemin se reconnaît au fait que l’autre passant devient notre semblable et qu’il nous paraîtrait inconvenant de ne pas le saluer.
    Pierre Sansot
  • On a beau saluer une statue, elle vous ignore.
    Lao She — Quatre générations sous un même toit
  • Le jour de notre mort traverse chaque jour de notre vie comme une eau plus sombre dans l'eau limpide, mais nous sommes trop agités pour le voir et saluer comme il convient notre prochaine disparition dans toutes présences du monde.
    Christian Bobin — L'Eloignement du monde
  • Il est deux femmes qu'il faut saluer avec un infini respect : la vierge volontaire et la mère de famille accomplie.
    Marie-Antoinette Grégoire-Coupal — Le Sanglot sous les rires
  • La vie, c'est un peu comme une pièce de théâtre, dont nous serions les acteurs... et les autres, le public. Mais à la fin, on ne vient pas saluer. On meurt sur scène comme Molière.
    Philippe Geluck — Le Chat à Malibu
  • « Ce jour qui marque également la célébration de la Journée Internationale de la Femme Africaine m’offre l’occasion de saluer le travail louable des femmes togolaises », a écrit le président togolais, Faure Gnassingbé, sur les réseaux sociaux.
    L-FRII — Journée Internationale de la Femme Africaine : Faure Gnassingbé salue les « actrices incontestables de la marche du pays » - L-FRII
  • UNION EUROPÉENNE - Check du coude, gestes de la tête ou des mains... Chaque dirigeant européen avait sa méthode (ou presque) pour saluer ses homologues au sommet à Bruxelles, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article. Les 27 sont réunis depuis le 17 juillet pour trouver un accord sur un plan massif pour relancer l’économie de l’UE et surmonter la crise provoquée par le coronavirus.
    Le HuffPost — Au sommet européen, la chorégraphie des dirigeants pour se saluer en respectant les gestes barrières | Le HuffPost
  • Le ministre de l'intérieur fraîchement nommé avait décidé de faire le déplacement jusqu'en Seine Maritime, ce dimanche 26 juillet, pour assister aux hommages religieux et républicains, rendus au père Jacques Hamel, victime, en 2016, d'un attentat revendiqué par l'état Islamique. Un assassinat perpétré au cœur même de l'église de Saint-Etienne du Rouvray, un édifice encore trop petit pour accueillir tous ceux qui étaient venus saluer une nouvelle fois la mémoire de l'abbé martyr. Parmi elles, la sœur de Jacques Hamel ou des représentants des autres cultes.
    tendanceouest.com — Seine-Maritime. Darmanin vient saluer la mémoire du père Hamel
Voir toutes les citations du mot « saluer » →

Traductions du mot « saluer »

Langue Traduction
Anglais greet
Espagnol saludar
Italien salutare
Allemand grüßen
Chinois 迎接
Arabe تحية
Portugais cumprimentar
Russe приветствуйте
Japonais 挨拶する
Basque greet
Corse saluta
Source : Google Translate API

Synonymes de « saluer »

Source : synonymes de saluer sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot saluer au Scrabble ?

Nombre de points du mot saluer au scrabble : 6 points

Saluer

Retour au sommaire ➦