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Sable

Variantes Singulier Pluriel
Masculin sable sables

Définitions de « sable »

Trésor de la Langue Française informatisé

SABLE1, subst. masc. et adj.

I. − Subst. masc.
A. −
1. Roche sédimentaire meuble, constituée de petits fragments provenant de la désagrégation de roches de nature diverse (notamment silice). Synon. littér. arène.L'argent file entre mes doigts comme du sable, c'est effrayant (Bernanos,Journal curé camp., 1936, p. 1035):
La moitié du temps, il est échoué sur le sable, et cela le fatigue. C'est que c'est une bonne embarcation, voyez-vous, et qui s'est admirablement comportée pendant ce coup de vent qui nous a assaillis si violemment au retour. Verne,Île myst., 1874, p. 360.
Sables siliceux. Pour séparer les sables siliceux des sables calcaires, on arrose d'acide un poids déterminé du premier dépôt jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'effervescence (A. Pérès,Pierres et roches, 1896, p. 54).
Sable gras. La lourdeur du sable gras double le poids de la pioche massive (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 101).
Bain de sable. ,,Sable qu'on interpose entre un foyer et un récipient qu'on ne veut pas chauffer à nu`` (Duval 1959). Pour préparer le baume de soufre simple, on met 8 onces d'huile de lin dans un grand vase de terre au bain de sable (Kapeler, Caventou,Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 115).
Mur de sable. ,,Masse de sable soulevée par le vent et qui progresse à l'avant des fronts froids très actifs sur les déserts`` (Lar. 20e).
Mer de sable. Ensemble de dunes. Le conducteur de peuples d'autrefois (...) eut pitié, immensément, de sa mort. Non de sa mort individuelle, mais pitié de l'espèce qu'effacera la mer de sable (Saint-Exup.,Vol nuit, 1931, p. 121).La première de ces deux-là, Adra-Motril, longe, après Almeria, une côte monotone, faite du même contrefort dénudé plongeant cent fois dans une mer de sable gris (T'Serstevens,Itinér. esp., 1963, p. 91).
Tempête, vent de sable. Vent violent s'élevant brusquement et transportant du sable. Je ramenais avec moi l'odeur âcre des solitudes, le tourbillon des vents de sable, les lunes éclatantes des tropiques! (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p. 179).Tu ne connais pas le désert, quand il y monte une tempête de sable... Les yeux cuisent, le sang vous aveugle, on n'y voit plus clair (Gracq,Syrtes, 1951, p. 296).
CONSTR. Substance pulvérulente utilisée dans la confection de mortiers. Les mortiers de sable grenu sont plus difficiles à appliquer mais ils sont beaucoup plus résistants et plus étanches (Bourde,Trav. publ., 1928, p. 176).
PSYCHOL. Jeu de sable. Jeu qui se pratique dans un bac rempli de sable (ou d'eau) et qui permet au sujet d'objectiver les conflits de l'inconscient et de rechercher des solutions (d'apr. Virel Psych. 1977).
Au fig.
Grain de sable. Un rien. Je m'estime moins qu'un de ces grains de sable, Car ce sable roulé par les flots inconstants, S'il a moins d'étendue, hélas! a plus de temps (Lamart.,Harm., 1830, p. 350).
Statue de sable. Personne inconsistante. Il s'éboula ainsi qu'une statue de sable (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 273).
Loc. verb.
TECHNOL. Jeter en sable. ,,Couler la matière en fusion dans un moule de sable`` (Lar. Lang. fr.).
P. anal. ou au fig. Bâtir sur le sable. Fonder un projet, une entreprise sur quelque chose de peu solide. Anton. bâtir sur le roc (v. roc1).C'était un vrai quine à la loterie; la tête me tournait d'une telle circonstance; mais je bâtissais sur le sable, et je devais expier cruellement ces premiers instants d'illusion (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 619).
Pop., fam. (Être) sur le sable. (Être) sans argent et sans travail. J'y avais [au journal] pourtant connu des gens influents (...). L'un d'eux, alors que je me retrouvais sur le sable, me reçut fort aimablement (Vialar,Carambouille, 1949, p. 274).
Pop. Jeter en sable. Avaler d'un trait. (Ds Hautel 1808, Esn. 1966). Jeter en sable un verre de vin (France1907).
Avoir du sable dans les yeux. Avoir les yeux qui piquent, quand on a sommeil; avoir envie de dormir. Le sommeil commençait à jeter du sable sous les paupières des voyageurs (Gautier,Fracasse, 1863, p. 84).Fam. [Pour signifier qu'un enfant a sommeil] Le marchand de sable est passé (Rob.).
Se perdre dans le sable/les sables. Ne pas avoir d'issue, demeurer sans suite. Impossible de le savoir... Toute enquête, ici se perd dans le sable (Malraux,Espoir, 1937, p. 539).
SYNT. Sable argileux, aurifère, boulant, calcarifère, fin, grossier, micacé, marin, rouge, stanifère; sable blanc, gris; sables asphaltiques, bitumeux, noirs, verts; sable de carrière, de mer, de moulage, de rivière, de verrerie; banc, carrière, château, désert, dune, grève, fond, jet, langue, plage, poignée, tas de sable.
2. P. anal., MÉD. Concrétion qui se forme dans un organe cavitaire (notamment dans l'appareil urinaire) sous forme de petits grains innombrables (d'apr. Villemin 1975). Synon. calcul2, gravelle, lithiase, pierre.Le fameux grain de sable qui s'était mis dans l'uretère de Cromwell en serait aujourd'hui promptement évacué (Valéry,Variété V, 1944, p. 45).
B. − Au plur.
1. Vaste étendue désertique. Les glaces de l'Islande et les sables embrasés de l'Afrique ne manquent point d'habitans (Chateaubr.,Génie, t. 1, 1803, p. 221).Si tu savais comme ces ombrages sont peu de chose! Qu'ils semblent bien perdus parmi les sables, les granits, les forêts vierges, les marais de la terre (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p. 179).
2. Vin de sable(s). Cru blanc et rouge du sud de la France. L'autre [bouteille], un vin de sable trop chaleureux, couleur d'ambre, convient à la salade (Colette,Naiss. jour, 1928, p. 6).
3. Sables mouvants. Sables humides, peu consistants, dans lesquels on s'enfonce; au Sahara, sables secs que les vents déplacent (d'apr. Lar. encyclop.). Il se sentait épuisé, et même vaguement effrayé et vaguement humilié, comme si on venait de l'arracher, après des heures de lutte, à des sables mouvants (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 238).
P. métaph. Au matin j'ai peine à « sortir des sables »; sables mouvants. Je me sens au bas d'une pente qu'il n'est nullement certain que je remonte (Gide,Journal, 1949, p. 339).
P. anal. Fantasia de cavaliers et de dromadaires. Spectacle médiocre. Le sol est du sable mouvant, l'espace manque, les chevaux galopent mal (Fromentin,Voy. Égypte, 1869, p. 126).
II. − Adj. inv. De couleur beige clair, comme le sable. Saharienne coton mercerisé lavable. Blanc, sable, kaki ou châtaigne (Catal. Madelios,été 1951,p. de couv.).
Prononc. et Orth.: [sɑ:bl̥], [sabl̥]. Littré [a]; Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Warn. 1968, Lar. Lang. fr. [ɑ]; Martinet-Walter 1973 [ɑ], [a] (12, 5). Mart. Comment prononce 1913, p. 30 ,,l'a est encore un peu fermé et assez long``, v. aussi Fouché Prononc. 1959, p. 57. Homon. sable2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. Ca 1150 « substance pulvérulente due à la désagrégation de certaines roches » fig. semer ses paroles en sable « les prodiguer en pure perte » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 7582). B. Id. « étendue de sable » fém. (ibid., 8195); ca 1200 (Chans. de Guillaume, éd. J. Wathelet-Willem, 228). II. A. 1. 1482 soble (A. Montbéliard ds Gdf. Compl.); 1483 fém. la sable (A. Nevers, ibid.); 1530 sable masc. (Palsgr., p. 265a); a) 1552 horologe de sable « sablier » (Rabelais, Quart livre, XXXI, éd. R. Marichal, p. 146, 48); 1578-1583 p. abrév. sable (A. d'Aubigné, Printems, Odes, XLI ds Œuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 3, p. 203); b) 1636 jeter an sable « faire couler le métal en fusion dans un moule, un chassis de bois ou de fer rempli de sable » (Monet, p. 463b); 1684 id. fig. « avaler tout d'un coup et sans perdre haleine » (La Fontaine, Ragotin, II, 7); 2. fig. a) ca 1618 bâtir sur le sable (Racan, Stances sur la Retraite, 8 ds Œuvres, éd. L. Arnould, t. 1, p. 177); b) 1690 [en parlant d'une pers. qui s'endort] le petit homme luy a jetté du sable dans les yeux (Fur.); c) 1827 être sur le sable « être à court d'argent » (Ragot, Vice puni ou Cartouche ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 336). B. 1503 plur. « vaste étendue, désert de sable » se sauver sur les sables (Jean d'Auton, Chron., éd. R. de Maulde la Clavière, t. 3, p. 237); 1628 sables mouvants (A. d'Aubigné, Tragiques, V, Les Fers, éd. A. Garnier et J. Plattard, t. 3, p. 219). C. 1588 « calcul urinaire » (Montaigne, Essais, III, 13, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 1087: luy avoit cuit le sable dans les roignons). L'a. fr. sable [I], faiblement att. (en a. et m. fr. on trouve surtout sablon* et areine/arène*), est (de même que l'ital. sabbia, le port. saibro, le galicien jebra, REW 7486) issu du lat. sabulum « sable »; spéc. « gros sable, gravier », forme syncopée sablum (fin vies., Venance Fortunat; gl.). Étant donné le hiatus chronol. entre I et II, ce dernier est prob. un dér. régr. de sablon* (cf. aussi l'a. fr.-prov. a. fribourgeois sablon 1470-90, Comptes [de Fribourg] d'apr. J. Girardin ds Z. rom. Philol. t. 24, 1900, p. 232 et l'a. prov. sablon dep. le xiies., Peire Rogier, Belh Monruelh, 11 ds Œuvres, éd. C. Appel, p. 92); sable fém. s'explique, dans cette hyp., non par un plur. sabula, mais p. anal. avec des groupes tels que glace-glaçon; FEW t. 11, p. 17b. Fréq. abs. littér.: 4 745. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6 612, b) 8 764; xxes.: a) 5 718, b) 6 402.
DÉR.
Sablerie, subst. fém.Partie d'une fonderie où l'on prépare les sables de moulage. (Ds Jossier 1881, Lar. Lang. fr.). [sablə ʀi], [sɑ-]. Ds Martinet-Walter 1973, proportion de réponses [a], [ɑ] 5, 12, comme pour sable. Le timbre exact du segment noté conventionnellement [ɑ] est donné par Martinet-Walter 1973 comme étant le plus souvent [œ], [-blœ ʀi]. 1reattest. 1870 (Littré); de sable1, suff. -erie*.
BBG.Quem. DDL t. 16.

SABLE2, subst. masc.

(Émail de) couleur noire. (Ds Mots rares 1965; Past. Hérald. 1979).
Prononc. et Orth.: [sɑ:bl̥], [sa:bl̥]. Warn. 1968: sable et dér. [ɑ], à l'exception de sable2, sablier, sablonneux, sablonnière. Homon. sable1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « fourrure de zibeline » mantiax gris, orlez de sables (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 2286); 1176-81 (Id., Chevalier à la charrette, même éd., 509); 2. ca 1245 hérald. escut d'or à l'aigle de sable (Philippe Mousket, Chron., 22036 ds T.-L.). Prob. empr. à l'a. b. frq. (cf. m. néerl., m. b. all. sabel), lui-même empr. au russe sobol' « zibeline », le commerce de la fourrure entre le nord de la Russie, la Sibérie vers l'Europe occ. se faisant dès le haut Moy. Âge, par la Baltique et l'Allemagne. Il n'est pas impossible que les Vikings aient joué un rôle dans la diffusion de ces peaux vers l'ouest, FEW t. 20, p. 49b; v. aussi zibeline*. L'empl. du mot en hérald. s'explique par le fait que les boucliers, les écus étaient recouverts de fourrures de diverses couleurs; le sens de « noir » dans cet empl. s'explique par l'habitude prise de teindre en noir cette fourrure: propr. « couleur noire comme la zibeline », v. A. G. Ott, Ét. sur les couleurs en voc. fr., Paris, E. Bouillon, 1899, pp. 31-32.

Wiktionnaire

Adjectif - français

sable \sabl\ ou \sɑbl\ invariable

  1. De couleur beige clair. #E0CDA9

Nom commun 2 - français

sable \sɑbl\ ou \sabl\ masculin

  1. (Héraldique) Émail indiquant la couleur noire d’un élément des armoiries.
    • Parti de sable et d’or à la bande de l’un en l’autre, qui est de Conilhac-de-la-Montagne.
  2. (Désuet) Variété de martre zibeline (Martes zibellina) de couleur noire.
    • Sable vient du Polonais « Saboï », terme désignant la martre zibeline ou martre noire. — (Christian Jacq, ‎Patrice Delaperriere, De sable et d'or, Éd. Des Trois Mondes, 1980)
  3. (Par métonymie) (Désuet) Fourrure de cet animal.
    • Le sable, ou pointe de queue de zibeline. — (Ph. Le Bas, L'univers : histoire et description de tous les peuples, Éd. Firmin Didot, Paris, 1842)

Nom commun 1 - français

sable \sabl\ ou \sɑbl\ masculin

  1. (Géologie) Substance pulvérulente de taille granulométrique comprise entre 62,5 μm et 2 mm. Cette substance pouvant être de type détritique (issue de la désagrégation d’autres roches par érosion) ou bien être issue du dépôt in situ d’éventuelles parties carbonatées de minuscules organismes marins.
    • Quand il voyait, sur le sable des allées un piquet de chat, il entrait aussitôt dans une colère affreuse. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
    • Les sables sont les matières que l’on mélange le plus habituellement à la chaux pour former les mortiers ; ils doivent être rudes au toucher et crier quand on les serre dans la main. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 21)
    • La désagrégation des grès donne naissance à un sable fin mélangé d’argile. — (Gustave Malcuit, Contributions à l’étude phytosociologique des Vosges méridionales saônoises, les associations végétales de la vallée de La Lanterne, thèse de doctorat, Société d’édition du Nord, 1929, p. 12)
    • Je marchais à la limite des vaguelettes, là où les pieds s’enfoncent peu dans le sable lisse et frais. Le léger ressac effaçait aussitôt l’empreinte de mes pas. — (Michel Goeldlin, Panne de cerveau, Alban, 2004, p. 45)
    • La formation géologique des sables verts de l’Albien.
    • L’ombre peu à peu s’étend sur le sable,
      et les caravanes prient à genoux.
      Une première étoile au ciel insondable,
      évoque en moi soudain ton amour si doux.
      — (Dario Moreno, Misirlou)
  2. (Figuré) Sol sableux d’une région.
    • L’Empire romain, qui s’étendait des sables d’Arabie jusqu’aux neiges d’Écosse, fut constamment à la recherche de frontières défendables. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, p. 163)
    1. Sol sableux, donc peu solide.
      • Bâtir sur le sable, fonder un projet, une entreprise sur quelque chose de peu solide.
  3. (Fonderie) Mélange de cette substance et de diverses matières qui sert à faire des moules de fonderie.
    • Un sable net.
    • Jeter une médaille en sable.
  4. (Médecine) (Familier) Calcul urinaire, gravelle fine comme du sable.
    • Il fait du sable.
    • Ses urines sont pleines de sable.
  5. (Par métonymie) Sablier.
    • J’y ai parlé toute ma demi-heure ; et, sans le sable, j’eusse bien fait changer ce malheureux proverbe qui court déjà dans Paris : Il opine du bonnet comme un moine en Sorbonne. — (Pascal, Les Provinciales, lettre II)
    • Dans chacune de nos cellules nous avons placé une tête de mort et un sable pour les objets de notre contemplation.
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Littré (1872-1877)

SABLE (sa-bl' ; quelques-uns prononcent sâbl' ; mais il n'y a aucune raison de lui donner le son d'â circonflexe comme dans âme) s. m.
  • 1Substance minérale, pulvérulente, provenant de la désagrégation, par les eaux, des roches calcaires, granitiques, siliceuses, etc. qui se trouve dans le lit des rivières, sur les bords de la mer, qui forme les dunes, les déserts, et qui entre pour une certaine proportion dans les terrains d'alluvion. Ils se mirent tous en campagne avec leurs troupes, qui consistaient en une multitude de gens de pied aussi nombreuse que le sable qui est sur le rivage de la mer, Sacy, Bible, Josué, XI, 4. Nous vîmes serpenter, sur un sable plus jaune que l'or, plusieurs petits ruisseaux…, Lesage, Gil Bl. V, 1. Triton, Cymothoë, d'une main secourable, Délivrent ses vaisseaux [d'Énée] de leurs prisons de sable, Leur ouvrent une route, Malfilâtre, Génie de Virg. Ce n'est pas une supposition précaire ou gratuite, que d'avancer, comme je l'ai fait, que les glaises, les argiles et les sables ont été formés par les scories et les écumes vitrifiées du globe terrestre, Buffon, Hist. nat. preuv. théor. terre, Œuv. t. I, p. 387. Il y a souvent de ces nuées de sable en Arabie, qui obscurcissent l'air et forment des tourbillons dangereux, Buffon, ib. t. II, p. 260. Je suis bien porté à croire, comme M. de Luc, que les sables ne sont point tous des produits du brisement ou détritus des pierres, Saussure, Voy. Alpes, t. V, p. 294, dans POUGENS. Depuis les sables inhabités de l'Inde jusqu'aux glaces de l'Ourse, Bailly, Atlantide, p. 116. On distingue trois sortes de sables, celui de mer, celui de rivière et celui de terre, qu'on appelle communément sable terrain ou sable de cave, parce que, pour l'avoir, il faut creuser dans la terre, Genlis, Maison rust. t. I, p. 31, dans POUGENS. J'ai connu un homme qui avait fait une collection de sables, qu'il a vendue cent louis à un amateur, Genlis, ib. t. I, p. 103. En Afrique, cinq livres de sable contiennent souvent soixante-trois grains d'or, tandis qu'en France il est assez rare de trouver du sable qui, sur cent livres, en tienne plus de vingt à vingt-quatre grains, Fourcroy, Conn. chim. t. VI, p. 354.

    Sable mâle, sable femelle, se dit de deux espèces de sable dans un même lit, dont la première est d'une couleur plus foncée, et l'autre d'une couleur moins chargée.

    Sables bouillants, sables mêlés d'eau qui, lorsqu'on les enlève, sont à l'instant remplacés par d'autres sables qui s'élèvent du fond en bouillonnant.

    Sables mouvants, sables qui s'enfoncent sous le pied, ou qui se laissent disperser par les vents. Les sables mouvants de l'Afrique septentrionale et des bords de la Syrie voisins de l'Égypte, peuvent-ils être autre chose que les sables de la mer qui sont demeurés amoncelés quand la mer s'est peu à peu retirée ? Voltaire, Mœurs, Introd. Il dort couché sur les sables mouvants, Ce noble ami plus léger que les vents, Millevoye, l'Arabe et son coursier.

    Fig. [Dans la réforme] on tourne à tout vent de doctrine, et il n'y a point de sable si mouvant, Bossuet, 2e avert. 17.

    Fig. Bâtir, fonder sur le sable mouvant, ou, simplement, bâtir, fonder sur le sable, fonder des projets, des entreprises, des établissements sur quelque chose de peu solide. Le bien de la fortune est un bien périssable ; Quand on bâtit sur elle, on bâtit sur le sable, Racan, la Retraite. Voilà [la faveur] le sable sur quoi l'on bâtit, et voilà la feuille volante à quoi l'on s'attache, Sévigné, 19 août 1676. On sentait une religion bâtie sur le sable, qui n'avait pas même de stabilité dans ses confessions de foi, Bossuet, Var. XI. Se ménager des établissements qui sont fondés sur le sable, Massillon, Pet. carême, Drapeaux.

    Fig. Semer sur le sable, perdre sa peine. C'était, comme on dit, semer sur le sable, Lesage, Gil Blas, VII, 12.

    Fig. et familièrement. Avoir du sable dans les yeux, éprouver une envie de dormir qui, appesantissant les paupières, fait qu'on y porte souvent la main pour les frotter et se tenir éveillé.

    Le petit homme lui a jeté du sable dans les yeux, se dit d'un enfant que l'envie de dormir saisit.

  • 2Bain de sable, sable dont on entoure un vaisseau qu'on veut chauffer. Distiller au bain de sable.
  • 3 Terme de fondeur. Composition faite avec du sable et dans laquelle on moule les monnaies, les médailles, etc. Un sable net. Jeter une médaille en sable. Le sable de mouleur doit être un peu terreux ; et, s'il ne l'est pas, il faut y ajouter un peu d'argile pour lui donner de la liaison, Duhamel, Instit. Mém. scienc. t. III, p. 319.

    Fig. Jeter en sable, avaler un verre de vin (voy. SABLER). Il y a un Tigillin qui souffle ou qui jette en sable un verre d'eau-de-vie, La Bruyère, XIII.

    Sable vert, dans quelques fonderies, mélange de sable et de poussier de houille ou de charbon.

  • 4Synonyme peu usité de sablier.

    Terme de marine. Manger du sable, retourner trop tôt un sablier.

  • 5Gravier qui s'engendre dans les reins et qui forme la gravelle. Cromwell allait ravager toute la chrétienté ; la famille royale était perdue, et la sienne à jamais puissante, sans un petit grain de sable qui se mit dans son uretère, Pascal, Pens. III, 7, éd. HAVET. Ce sel qu'on nomme communément sable de l'urine est de l'acide urique, Fourcroy, Instit. Mém. scienc. t IV, p. 380. C'est là qu'un plus beau ciel peut-être dans mes flancs Éteindra les douleurs et les sables brulants, Chénier, Élég. I, 10.

HISTORIQUE

XVIe s. Bancs de sable, Du Bellay, J. VIII, 16, recto.

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Étymologie de « sable »

Lat. sabulum, sable ; origine inconnue, comparez saburra, lest de navire.

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(Nom 1) (XIIe siècle) Du moyen français sable, de l’ancien français sable (souvent féminin par analogie avec des paires telles que glace-glaçon), faiblement attesté : on trouve surtout sablon et areine, arene (→ voir arène). Le mot devient courant à partir du XVIe siècle ; plus avant, du latin sablum, forme syncopée du latin sabulum (« sable, gravier »).
(Nom 2) (XIIe siècle) Du vieux haut allemand sabel, emprunté au vieux slave соболь, soboli : le commerce de la fourrure entre le nord de la Russie, la Sibérie vers l’Europe occidentale se faisant dès le haut Moyen Âge, par la Baltique et l’Allemagne (→ voir zibeline). L’emploi du mot en héraldique s’explique par le fait que les boucliers, les écus étaient recouverts de fourrures de diverses couleurs.
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Phonétique du mot « sable »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sable sabl

Fréquence d'apparition du mot « sable » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sable »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sable »

  • Le marchand de sable ne fait pas fortune dans le désert.
    Alexandre Vialatte — Les proverbes bantous
  • Sur mes cahiers d’écolierSur mon pupitre et les arbresSur le sable sur la neigeJ’écris ton nom […]Sur l’absence sans désirSur la solitude nueSur les marches de la mortJ’écris ton nomSur la santé revenueSur le risque disparuSur l’espoir sans souvenirJ’écris ton nomEt par le pouvoir d’un motJe recommence ma vieJe suis né pour te connaîtrePour te nommerLiberté.
    Paul Eluard — Poésie et Vérité
  • Une fausse amitié est comme un banc de sable.
    Proverbe indien
  • La connaissance de la vie est comme le sable : elle ne salit pas.
    Elsa Triolet — Luna-Park
  • Aimable souvent Est sable mouvant.
    Robert Desnos
  • C'est décourageant le sable. Rien n'y pousse. Tout s'y efface.
    James Joyce — Ulysse
  • Chausse tes sandales, et foule le sable qu’aucun esclave n’a piétiné !
    Hawad
  • Le désert n'ayant pas donné de concurrent au sable, grande est la paix du désert.
    Henri Michaux — Tranches de savoir, Cercle des Arts
  • Les injures s'écrivent sur l'airain et les bienfaits sur le sable.
    Proverbe français
  • La Loire, un grand fleuve de sable quelquefois mouillé.
    Jules Renard
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Traductions du mot « sable »

Langue Traduction
Anglais sand
Espagnol arena
Italien sabbia
Allemand sand
Chinois
Arabe الرمل
Portugais areia
Russe песок
Japonais
Basque harea
Corse rena
Source : Google Translate API

Synonymes de « sable »

Source : synonymes de sable sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot sable au Scrabble ?

Nombre de points du mot sable au scrabble : 7 points

Sable

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