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Gris

Variantes Singulier Pluriel
Masculin gris
Féminin grise grises

Définitions de « gris »

Trésor de la Langue Française informatisé

GRIS1, GRISE, adj. et subst.

I. − Adj. D'une couleur intermédiaire entre le blanc et le noir.
Rem. Une nuance particulière de la couleur peut être précisée : a) [par un adj.] gris ardoisé, gris argenté, gris-blanc, gris-bleu, gris cendré, gris clair, gris foncé, gris laiteux, gris perlé; b) [par un subst. apposé] gris ardoise, gris argent, gris fer, gris moineau, gris perle, gris saumon, gris sauterelle, gris souris, gris taupe; c) [par un subst. compl.] gris d'argent, gris d'argile, gris de fer, gris de lin, gris de pierre, gris de plomb. Dans tous ces cas, l'adj. gris reste invariable.
A. − [Gris est inhérent à la qualité, la nature, la fonction du qualifié]
1. [En parlant d'un animé]
a) [En parlant d'une pers.]
α) [de son aspect physique] Yeux gris.
En partic. [En parlant des cheveux, de la barbe] Barbiche grise. Ces pauvres cheveux gris, ils se sont décolorés, jour par jour, avec moi, un peu par moi, hélas! (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1520).
P. méton. Tête grise. Tête couverte de cheveux gris (souvent avec une idée de sagesse liée à la vieillesse). J'ose espérer qu'elle jugera l'essai comme ma tête grise l'a jugé; car, en avançant dans la vie, on prend de l'équité de cet avenir dont on approche (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 282).Sa grosse tête grise et crépue (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 77).
Loc. verb., fam. Être, devenir gris. (Commencer à) avoir les cheveux gris. Être tout gris (Ac.). Devenir gris de bonne heure. Au fig. Se faire des cheveux gris. Se faire du souci. Synon. se faire des cheveux*, se faire de la bile* (cf. Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p. 92).
β) [de ses vêtements] Chapeau gris; chaussure, robe grise.
P. méton. [En parlant d'une pers., d'un groupe de pers. vêtus de gris en tout ou partiellement] Frère, moine, pénitent gris; éminence*, patrouille*, sœur, souris* grise.
b) [En parlant d'un animal]
α) Chat gris. Une jument grise à queue sombre (Fromentin, Été Sahara,1857, p. 233).Verdier avait tué de bonne heure un loup gris (Pourrat, Gaspard,1930, p. 224).
Proverbe. La nuit tous les chats sont gris (v. chat).
En partic. [En parlant de la robe d'un cheval] Gris pommelé. Tacheté de poils noirs et de poils blancs. Chevaux gris-pommelés (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 264).Attelage normand gris pommelé (Barb. d'Aurev., Memor. pour l'A... B...,1864, p. 436).
β) [Gris caractérise une espèce] Crevette, fauvette, perdrix, souris grise. Deux cents peaux de renard gris ou rouge (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 158) :
1. Toutes les bêtes à fourrure de la création semblent avoir été massacrées pour vêtir ces femmes : zibelines, blaireaux, écureuils gris... Morand, New-York,1930, p. 122.
2. [En parlant d'un inanimé concr.] Roche, terre grise. Ce brouillard gris et froid (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1905, p. 103) :
2. ... une statue de la Vierge avec son enfant Jésus; le tout en marbre gris, excepté la tête et les mains, qui sont de marbre blanc. Dusaulx, Voy. Barège, t. 2, 1796, p. 42.
Spécialement
ADMIN. Carte* grise.
ANAT. Matière*, substance* grise. Cellules grises, cellules de couleur grise distribuées dans certaines parties de l'encéphale (dict. xixeet xxes.).
IMPR. Lettre* grise; papier* gris.
ŒNOLOGIE. Vin gris. D'une couleur entre le blanc et le rosé. La servante apporta ce vin gris de Lorraine, où se rejoignent le goût de la framboise et celui du raisin frais (L. Daudet, Vers le roi,1920, p. 261).Ce raisin translucide qui donne le vin gris (Vialar, Morts viv.,1947, p. 92).
PARFUMERIE. Ambre*gris.
B. − [Gris n'est pas essentiel à la qualité, à la nature, à la fonction du qualifié et s'oppose à ce qui est clair, lumineux, coloré, parfois propre, etc.]
1. [En parlant d'une pers., de la couleur de la peau dans certaines circonstances : fatigue, maladie, conditions atmosphériques, vive émotion] Qui manque de fraîcheur, d'éclat; terne, usé. Elle était lasse, les traits tirés, le teint gris (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 736).J'ai été un petit employé de banque avec des lèvres grises et d'étroites joues anémiques couleur de Gréco (Giono, Poids du ciel,1938, p. 174).
Gris de.[Suivi d'un subst. indiquant la cause de cet aspect] Mes mains grises de froid (Colette, Vagab.,1910, p. 8).Des ouvriers tout gris d'années de travail (Vialar, Morts viv.,1947, p. 287).
2. [En parlant d'un inanimé concr.]
a) Qui est d'une teinte sombre, obscure sous l'effet de l'éclairage ou de conditions atmosphériques :
3. En entr'ouvrant les yeux, elle vit contre la porte leurs ombres d'amoureux qui bougeaient à peine. « Mon ombre enlacée à cette ombre me plaît. Je veux voir nos corps gris se prendre et se casser aux plis des rideaux de ma chambre... » L. de Vilmorin, Fin Villevade,1937, p. 214.
En partic. [En parlant du temps, du climat] Les premiers brouillards, les premières journées grises ajoutaient à tout cela leur désolée tristesse (Loti, Rom. enf.,1890, p. 206).
Il fait un temps gris, p.ell. il fait gris. ,,Le temps est couvert et un peu frais`` (Ac.).
P. métaph. Le ciel gris de nos mornes pensées (Moréas, Syrtes,1884, p. 57).
b) Gris de.[Suivi d'un subst. indiquant ce qui donne cette couleur] Une collinette toute grise de thym et de lavande (A. Daudet, Port-Tarascon,1890, p. 18).La pente (...) hérissée à présent de vignes, rugueuse et grise d'échalas (Ramuz, A. Pache,1911, p. 21).Le ciel est tout gris d'étoiles (Giono, Gd troupeau,1931, p. 728).
c) Qui est (comme) sali, souillé. Un lit de fer aux draps gris (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 539).La cuvette pleine d'une eau grise (Bernanos, M.Ouine,1943, p. 1473).Une sage et forte rivière grise, trouble (Arnoux, Visite Mathus.,1961, p. 28).
En partic. Gris de.Couvert d'une couche de. Une page d'un vieux livre entr'ouvert (...) est grise de la poussière tombée depuis des mois (Goncourt, Journal,1875, p. 1037).Il attelait son cheval à une victoria grise d'usure et de boue sèche (Chardonne, Bonh. Barbezieux,1938, p. 63).
P. métaph. [Gris est souvent symbolique de ce qui est trouble, impur] Le regard en arrière sur l'eau grise de sa vie l'entretenait dans le mépris de soi. Quelle stagnation! (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 201).
3. Au fig. [En parlant d'un inanimé abstr.]
a) Sans éclat et p. ext. sans intérêt, déplaisant comme quelque chose de sombre. Synon. monotone, terne, triste; anton. coloré, éclatant, lumineux, passionnant.Ses pensées étaient grises et indistinctes ainsi que les aspects des rues et des places que la pluie effaçait (A. France, Lys rouge,1894, p. 93).Que vous n'aimiez pas, c'est un malheur, un malheur calme et gris, oui, Annie, un malheur ordinaire (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 260).M. Steeg prit la parole, et d'une voix grise, sans allumer ses phares, avec des détours (...) il s'achemina en petite vitesse vers le centre du problème (Barrès, Pitié églises,1914, p. 241) :
4. ... une vie grise avait recommencé. Pendant douze ans, elle ne se souvenait pas d'une secousse. Elle était très calme et très heureuse, sans une fièvre de la chair ni du cœur, enfoncée dans les soucis quotidiens d'un ménage pauvre. Zola, Page amour,1878, p. 848.
B.-A. et LITT. [En parlant d'une œuvre, d'un style, d'un aut.] Il y a [dans ce tableau] bien du bon, mais il est gris et faible (Goncourt, Art xviiies., t. 2, 1882, p. 80).Son orchestration [chez Schumann] est un peu grise, manque de force et d'éclat, de lumière (Lavignac, Mus. et musiciens,1895, p. 490).La prose ondulante et grise de l'élève de Lamennais [de Guérin] (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 311).Par parti pris, je travaille pour les pensionnaires, je me fais plat et gris. Ensuite avec Nana, je rentrerai dans le féroce (Zola, Corresp.,1902, p. 477).
En partic., non péj. Synon. flou, vague :
5. Il faut aussi que tu n'ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l'Indécis au Précis se joint. Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 206.
b) Loc. verb., fam.
Faire grise mine (à qqn). Lui faire mauvais visage, lui réserver un accueil froid. Synon. battre froid.Je ne peux pas supporter qu'on me fasse grise mine. Je n'aime pas les visages renfrognés (Arland, Ordre,1929, p. 37) :
6. − ... Vous aurez beau me faire grise mine, je saurai bien venir à bout de ces manières-là et vous forcer à devenir gracieuse avec nous... Maupass., Mt-Oriol,1887, p. 206.
En voir de grises (vx). Éprouver de grandes contrariétés, de grandes difficultés. Synon. fam. en voir des vertes et des pas mûres.Son poignet en avait vu de grises depuis quinze ans; il était devenu en fer, tant il s'était frotté aux outils (Zola, Assommoir,1877, p. 530).Au cours de sa longue carrière, l'adjudant en avait vu de grises (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., 3, p. 31).En faire voir de grises (à qqn). Jouer des tours, mener la vie dure à. Mon aïeul était spirite (...) il se rendait au moins une fois la semaine chez un médium (...) qui devait lui en faire voir de grises (Montesquiou, Mém., t. 1, 1921, p. 172).
II. − Substantif
A. − Subst. masc.
1. La couleur grise, couleur composée de blanc et de noir ou de toute autre couleur foncée :
7. ... un gris pur, c'est-à-dire formé seulement de blanc et de noir, car toutes les couleurs peuvent par adjonction de gris devenir grises et l'on a ainsi le gris rouge, le gris vert, etc. Ovio, Vision coul.,1932, p. 134.
Rem. Suivi d'un adj. de couleur ou d'un subst. apposé au compl., la couleur grise avec une nuance particulière, v. I adj. rem. gris ardoisé, gris ardoise, gris d'argent, etc.
2. P. méton. Vêtements de couleur grise. Être habillé de gris, porter du gris, jeune fille en gris.
3. Emplois spéc.
a) COMM., pop. et fam. Tabac ordinaire enveloppé de papier gris. Fumer du gris.
b) FROMAGERIE. Gris de Lille. Le Gris de Lille dit aussi Puant, ou Vieux Lille ou Maroilles Gris est un Maroilles salé deux fois et dont l'affinage plus long, dure six mois (L. Bérard, Guide des fromages et de leurs à-côtés, Paris, éd. de la Courtille, 1978, p. 98).
c) MÉTALL. Gris de zinc. Les vapeurs de zinc (...) se condensent sous forme d'une poussière grise, connue sous le nom de gris de zinc (Wurtz, Dict. chim., t. 3, 1878, p. 775) :
8. La fabrication du zinc, par réduction de son oxyde, donne [comme sous-produit une matière contenant] (...) quelques grenailles et des impuretés (...); on la tamise et le produit obtenu (...) a reçu le nom de gris de zinc par opposition au blanc de zinc. Gasnier, Dépôts métall.,1927, p. 109.
d) ŒNOLOGIE. Vin gris (A 2). Gris de Toul. Mme Caré et Michou (...) n'en finissent pas de servir du gris et du rouget (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 216).
e) ZOOLOGIE
Synon. de grisard.Mouettes, gris et goëlands Mêlent leurs cris et leurs élans. Mouettes, goëlands et gris Mêlent leurs élans et leurs cris (Richepin, Mer,1886, p. 104).
Gris(-)pommelé. Cheval tacheté de poils blancs et de poils noirs. Vous les connaissez, Monsieur Debray, mes gris pommelé! Eh bien! Au moment où Madame de Villefort m'emprunte ma voiture, où je la lui promets pour aller demain au bois, voilà les deux chevaux qui ne se retrouvent plus! (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 692).
Gris ou petit gris. Variété d'écureuil; p. méton. fourrure de cet animal. Nul clerc, s'il n'est prélat ou pourvu d'une dignité, ne pourra porter vair, gris ou hermine (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 182).En partic. Ventre-de-gris. Fourrure du ventre de cet animal. Sa pelisse en ventre-de-gris (Colette, Sido,1929, p. 13).
4. Au fig. Ce qui est morne, terne. Le péché qui est la tiédeur, le gris, le manque de fièvre, le péché, c'est-à-dire tout ce qui contrarie l'amour (Barrès, Homme libre,1889, p. 157).Pour eux, mourir, c'était passer du gris au noir (A. France, Poés., Idylles et lég., 1896, p. 108).
B. − Subst. fém.
1. [La couleur grise est inhérente à la qualité, à la nature, à la fonction du qualifié]
a) BOT. Maladie des végétaux. La grise dont le nom vient de la couleur gris pâle ou jaunâtre qu'elle donne aux parties qui en sont atteintes, est toujours le résultat d'une maladie, le plus généralement due à la présence de nombreux insectes qui vivent sur l'épiderme des parties herbacées des végétaux (Carrière, Encyclop. hortic.,1862, p. 263).
b) CHASSE. Perdrix grise. Il reste en Sologne de belles chasses de perdreaux où grises et rouges alternent dans les terres comme dans les taillis (Chasseur fr.,déc. 1948-janv. 1949, p. 244 ds M. Lenoble-Pinson, Le Lang. de la chasse, Bruxelles, 1977, p. 228).
c) ENTOMOL. La grise des jardiniers Acarus tisserand, grise des jardiniers (...) − Cette très petite espèce d'araignée est de couleur jaunâtre (Du Breuil, Cult. arbres, 1876, pp. 450-451).
2. [La couleur grise n'est pas inhérente à la qualité, à la nature, à la fonction du qualifié] Pop. La grise. Le cafard, le spleen, la tristesse. Avoir la grise. Quand il était dans ses grises, on le voyait bien (Esn.Poilu1919, p. 287).
Prononc. et Orth. : [gʀi], fém. [gʀi:z]. Ds Ac. dep. 1694. Papier gris-vert car vert est adj. de couleur; papier gris bleuté, gris clair, gris fumée, les seconds termes relevant d'autres catégories. Cette règle traditionnelle se vérifie une fois sur deux dans le 1ercas : quatre œufs gris-rose (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 96), [uniforme] gris bleu (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 227); plus souvent dans le second. En emploi subst., le gris-vert ou le gris vert. Le composé est inv. Chevaux gris-pommelés (Balzac supra) est doublement irrégulier (trait d'union, accord). Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1150 adj. « gris (en parlant de la barbe) » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 3828); ca 1165 « gris (en parlant d'un vêtement) » (Troie, éd. L. Constans, 20628); b) av. 1440 subst. masc. vestu de gris (Ch. d' Orléans, Poésies, éd. P. Champion, Chanson 81); c) spéc. 1660 gris de souris (Oudin Esp.-Fr.); 1850 gris-souris (Journ. des demoiselles, janv., 26b ds Quem. DDL t. 16); 1690 gris de fer (Fur.); 2. fig. a) 1556 letres grises impr. (Cess. des grecs du roi par Adrien Turnèbe à Guillaume Morel ds Gdf. Compl.); b) 1609 papier gris (Crespin, s.v. papier); c) 1824 substance grise anat. (A.-J.-L. Jourdan, Trad. ds Quem. DDL t. 8); 3. expr. a) 1460-66 faire grise mine à qqn (M. d'Auvergne, Arrêts d'amour ds La Curne); b) 1640 de nuit tous chats sont gris (Oudin, Curiositez, s.v. chat); 1690 la nuit tous chats sont gris (Fur.) B. P. anal. de couleur a) 1140 subst. masc. « fourrure de petit gris » (G. Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5554); b) 1270 « gros drap gris » (Ph. de Beaumanoir, Manekine, éd. H. Suchier, 5332); c) 1549 decembre qui est gris (Est.); d) 1690 vin gris (Fur.). De l'a. b. frq. *grîs « gris » que l'on peut restituer d'apr. l'ags. grīs « id. », le m. h. all. grīs « id. », le néerl. grijs « id. », l'all. greis « très âgé, sénile ». 3a est empr. de l'a. prov. faire cara grisa (ms. du début du xives., Coblas esparsas ds Arch. St. n. Spr., 50, 266).Ce mot est à l'orig. de nombreux dér. désignant des êtres humains (v. grison1sens 2), des animaux (v. grison1sens 1; grisard* sens 2 a et b; griset* sens 2; grisette* sens 2), des étoffes (v. grisette sens 1), des pierres (v. grisard sens 2 c) et des plantes (v. grisard sens 2 d) dont le trait caractéristique est la couleur grise. Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 253. - Quem. DDL t. 16 (comp.). - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 74, Sources t. 3 1972 [1925], p. 294.

GRIS2, GRISE, adj.

Fam. [En parlant d'une pers.]
A. − Qui est plus ou moins ivre. Synon. éméché, pompette (pop.).On trinqua à la gloire des Rougon. Granoux, très rouge, commençait à balbutier, et Vuillet, très pâle, était complètement gris; mais Sicardot versait toujours (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 305) :
1. Alors mon oncle proposa ce qu'il appelait la « tournée de l'archevêque » (...). À onze heures, il était gris comme un chantre. Il le fallut emporter en voiture, et mettre au lit; et déjà on pouvait prévoir que sa manifestation anticléricale allait tourner en une épouvantable indigestion. Comme je rentrais à mon logis, gris moi-même, mais d'une ivresse gaie, une idée machiavélique (...) me traversa la tête. Maupass., Contes et nouv., t. 2, Oncle Sosthène, 1882, p. 24.
B. − P. anal. et au fig. Gris de.
1. Excité physiquement jusqu'à l'étourdissement par. Ils mangeaient trop, ils étaient gris d'eau et de fruit (Zola, Dr Pascal,1893, p. 375) :
2. Un souvenir lui revint, les nuits où elle rentrait de la Guerdache, grise des caresses de son amant (...) et où elle cuvait son ivresse sur l'oreiller conjugal, tandis que lui, l'innocent, l'imbécile (...) se torturait le cerveau pour l'Abîme... Zola, Travail, t. 2, 1901, p. 89.
2. Excité cérébralement, exalté par. Comme c'était loin, le temps où elle parcourait ce même pays, jeune fille, et grise de rêves (Maupass., Vie,1883, p. 23).
Prononc. et Orth. V. gris1. Étymol. et Hist. 1690 « à demi ivre » (Fur.). Ce sens vient probablement de ce que, dans l'état d'ivresse même légère, les choses apparaissent moins claires, comme sur une grisaille.
STAT. − Gris1 et 2. Fréq. abs. littér. : 6 376. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 425, b) 12 685; xxes. : a) 11 556, b) 9 589.

Wiktionnaire

Adjectif - ancien français

gris \Prononciation ?\ masculin

  1. Gris (de la couleur dite gris).

Nom commun - ancien français

gris \Prononciation ?\ masculin

  1. Gris (couleur).
  2. Gris (fourrure).
    • Samit ne porpre ne biface
      Ne vair ne gris ne sebelin
      — (Guillaume d’Angleterre, vers nos3182-3, transcription de M. Wilmotte, page 98)
    • Bien fut vestus & de vair & de gris — (Garin Le Loherain, f. 38, fin de la troisième colonne (manuscrit du XIIIe siècle))

Nom commun - français

gris \ɡʁi\ masculin singulier et pluriel identiques

  1. Couleur grise, intermédiaire entre le blanc et le noir.
    • Ces infortunés, depuis les temps les plus anciens, se sont évertués à épierrer ces immensités du Causse, ces plateaux calcaires que leur industrie mal rétribuée a compartimenté de murets innombrables d’un gris bleuâtre. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Cependant, tout de gris habillé pour être moins aisément distingué des choses, Kinkin longeait les murs et les haies. — (Louis Pergaud, L’Évasion de Kinkin, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Le coucher de soleil est d’un gris inquiétant et de gros nuages noirs s’accumulent vers l’occident. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Il bruinait ; le Mont-Saint-Michel abandonné des touristes se dressait solitairement entre le gris du ciel et le gris de la mer. — (Simone de Beauvoir, La force de l'âge, Éditions Gallimard, 1960)
  2. (Par ellipse) Vin gris.
    • Belle gamme de vins qui va du célèbre gris de Toul jusqu’à un Chardonnay parfaitement adapté. Le gris est d’une belle couleur saumon et possède des arômes délicats de fruits. — (Guide Ellébore: Vins, vignoble et vignerons, 2007)
  3. (Populaire) Tabac scaferlati qui est vendu emballé dans un papier gris.
    • Il roulait ses cigarettes avec du gris.
    • Du gris que l'on prend dans ses doigts
      Et qu'on roule
      C'est fort, c'est âcre comme du bois
      Ça vous saoule.
      — (chanson Du gris, paroles d'Ernest Dumont, musique de Ferdinand-Louis Bénech, 1920)
    • Maigret avait saisi sa pipe et une blague à tabac qui ne contenait plus qu’un peu de poussière brune. D’un geste automatique, Torrence lui tendit un paquet de « gris » entamé. — (Georges Simenon, Pietr-le-Letton, Fayard, 1931, réédition Le Livre de Poche, pages 32-33)
  4. (Désuet) Fourrure de l’écureuil, dite « petit-gris ».
    • Un manteau en gris.
  5. (Familier) Arabe, Maghrébin.
    • Je vois dans le fond de la cour le rassemblement de quelques gris autour de Mouloud. — (Michel Papet et Bruno Papet, Deux frères. Flic & truand, 1999)

Adjectif - français

gris \ɡʁi\

  1. De couleur grise, entre le blanc et le noir.
    • Son pelage gris blaireau est représenté à peu près sur tous les individus. — (Vincent Bravat, Essai sur la race bovine gasconne, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1869)
    • Dès l’automne, la Fougère Aigle aux frondes desséchées attriste de sa teinte rouille la tonalité déjà grise de l’ensemble. — (Gustave Malcuit, Contributions à l’étude phytosociologique des Vosges méridionales saônoises : les associations végétales de la vallée de la Lanterne, thèse de doctorat, Société d’édition du Nord, 1929, p. 132)
    • Comme les couleurs, l’amour comporte mille nuances. Entre le blanc et le noir, il admet la foule des gris. Pourquoi ne pas croire à des amours gris tourterelle, gris souris ? — (Paul Guth, Le mariage du Naïf, 1957, réédition Le Livre de Poche, page 140)
    • Devant la gare, l’air était gris fumé entre les rais de soleil, des gosses insultaient les mères qui étaient venues les chercher, et elles-mêmes insultaient les maris qui avaient perdu le ticket de parking, et eux-mêmes insultaient le gardien de parking histoire de boucler la boucle. — (Lolita Pille, Bubble gum, Bernard Grasset, Paris, 2004, ISBN 2-246-64411-9, chapitre III, page 44)
  2. Qualifie cette couleur unie de robe de chevaux.
    • Un cheval gris.
  3. (Météorologie) (Familier) Nuageux, couvert et un peu frais.
    • Il fait un temps gris.
    • Il fait gris.
  4. (Figuré) Terne, triste.
    • Un style gris, une ville grise, un paysage gris .
  5. (Familier) Un peu saoul, ivre.
    • La nuit tous les pochards sont gris. — (Élisabeth Sergent alias la reine Pomaré citée par Gustave Bourdin, Voyage autour de Pomaré, reine de Mabille, princesse du Ranelagh, G. Havard, 1844, page 54)
    • Eh bien ! puisque tu es sorcier, s’écria le monarque gris d’admiration et de faro, il faut que, par-dessus le marché, tu nous remplisses trois sacs de malices ! — (Charles Deulin, Manneken-Pis)
    • Vous allez me griser ! […] Puis, reprenant ses idées antérieures sans transition, à la manière des gens gris, il s’écria… — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • La malheureuse était grise et il allait falloir bientôt la transporter dans une salle du premier pour l’y laisser cuver son vin. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Tiens, Spark, je suis gris. Il faut que je fasse quelque chose. Tra la, tra la ! Allons, levons-nous !— (Alfred de Musset, Fantasio, Charpentier, 1888)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GRIS, ISE. adj.
Qui est de couleur mêlée de blanc et de noir. Drap gris. Étoffe grise. Yeux gris. Un homme à barbe grise à cheveux gris, à tête grise. Cheval gris. Plumage gris. Couleur grise. Fam., Être tout gris, Avoir les cheveux gris. Papier gris, Papier qui est ordinairement sans colle et qui sert à faire des enveloppes de paquets, à filtrer des liqueurs, etc. Il fait un temps gris ou simplement, Il fait gris, Le temps est couvert et un peu frais. Fig., Un style gris, Un style terne. Prov. et fig., La nuit tous les chats sont gris. Voyez CHAT. Fig. et fam., Faire grise mine à quelqu'un. Voyez MINE. Pop., En voir de grises, Éprouver de grandes contrariétés. En faire voir de grises à quelqu'un, Lui faire éprouver de grandes contrariétés. Fig. et fam., Être gris, Être pris de vin. À la fin du repas nous étions tous un peu gris. Vin gris, Vin de couleur rosée qu'on appelle ainsi parce qu'il est fait moitié de raisin noir, moitié de raisin blanc. En termes d'Imprimerie, Lettre grise. Voyez LETTRE. Il s'emploie aussi comme nom masculin et signifie la Couleur grise. Gris blanc. Gris cendré. Gris pommelé. Gris brun. Gris souris. Gris mêlé. Gris perle. Gris de lin. Gris de fer. Cela tire sur le gris. S'habiller de gris. On dit aussi adjectivement : Couleur gris perle. Étoffe gris-de-lin. Habit gris-brun. Etc. Petit-gris. Voyez PETIT.

Littré (1872-1877)

GRIS (grî, gri-z') adj.
  • 1Qui est de couleur entre blanc et noir, de couleur de cendre. Certaine fée un jour était souris ; C'était la fatale journée Où l'ordre de la destinée Lui faisait prendre l'habit gris, Lamotte, Fabl. V, 20.

    Papier gris, papier qui n'a pas de colle et qui sert à filtrer.

    Vin gris, vin très paillet.

    Patrouille grise, ronde d'agents de police qui fait un service de sûreté pendant la nuit, et qui ne porte pas d'uniforme, mais qui est couverte de manteaux gris.

    Sœur grise, espèce de religieuse qui sert les malades, et qui porte un costume gris. Monseigneur fut enseveli, les uns ont dit par des sœurs grises, les autres par des frotteurs du château, Saint-Simon, 295, 26.

    Terme d'anatomie. Substance grise de l'encéphale, substance de couleur grise qui est distribuée dans certaines parties de l'encéphale.

  • 2Il se dit de la nuance des cheveux qui par l'âge perdent leur couleur naturelle. Les ridicules aventures D'un amoureux en cheveux gris, Malherbe, III, 3. Il me sied bien, ma foi, de porter tête grise, Et d'être encor si prompt à faire une sottise, Molière, Ét. II, 6. Qu'il y a d'enfants à cheveux gris, et qu'il y a d'enfants dans le monde, puisque nous n'y voyons autre chose que des hommes faibles en raison et impétueux en désirs ! Bossuet, 2e serm. Purific. 2.

    Familièrement. Être tout gris, avoir les cheveux gris.

  • 3 Par extension, sombre. La nuit venait, et déjà ses mains grises Sur la nature étendaient ses rideaux, Voltaire, Bégueule.

    Temps gris, temps couvert et froid.

    Elliptiquement. Il fait gris.

  • 4 Terme d'imprimerie. Lettres grises, grandes lettres gravées sur bois ou sur cuivre, qui ont des vides de manière à n'être pas tout à fait noires, et dont on se sert au commencement des chapitres.
  • 5 Fig. Qui est déplaisant comme quelque chose de sombre. Faire grise mine à quelqu'un, lui faire mauvais visage. L'inconsolable dame Élise, Faisant une mine bien grise, Scarron, Virg. IV.

    Populairement. En voir de grises, éprouver de grandes contrariétés.

    En faire voir de grises, faire éprouver de grandes contrariétés.

  • 6 Fig. et familièrement. Être gris, être à moitié ivre. Il est gris dès le matin, Beaumarchais, Mar. de Figaro, II, 21. C'est peu d'être gris, Amis, soyons ivres, Béranger, Scandale.
  • 7 S. m. La couleur grise. Les gris blanc, gris sale, gris brun, de castor, de Bréda et toutes autres sortes de gris, Règlem. sur les manuf. août 1669, Teint. en soie, laine et fil, art. 69. Gris de ramier, ib. art. 15. Gris tannés, ib. art. 16. Les gris plombés, ib. art. 29. L'intérieur était d'un gris de souris fort lustré, Bonnet, Observ. 1, Insect.

    Gris de lin, couleur qui participe du blanc et du rouge. Dans les derniers tournois, Monseigneur portait ses couleurs ; quelles sont ses couleurs ? l'aurore et le gris de lin, Genlis, Jeanne de France, t. II, p. 11, dans POUGENS.

    Adjectivement (emploi où le mot gris reste invariable et où l'on met un trait d'union). Couleur gris-de-lin. Étoffe gris-brun. Des habits gris-brun. Étoffe gris-de-perle. N'est-elle pas rouge [la cassette] ? - Non, grise. - Hé oui, gris-rouge, c'est ce que je voulais dire, Molière, Avare, V, 2. De quelle couleur me conseilles-tu de le prendre ? gris-de-fer ou gris-demore ? Brueys. Avoc. Pat. I, 3. Un cavalier vêtu de velours gris-blanc, Lesage, Diabl. boit. 13. Dans les pays du nord il y en a de toutes couleurs [des renards], des noirs, des bleus, des gris, des gris-de-fer, Buffon, Quadrup. t. II, p. 216. Elle [l'hirondelle de rivage] a toute la partie supérieure gris-de-souris, Buffon, Ois. t. XII, p. 394. Sa lumière gris-de-perle [de la lune] descendait sur la cime indéterminée des forêts, Chateaubriand, Atala, le Récit des chasseurs.

    Fig. Si les pensées n'y sont pas noires, elles y sont au moins gris-brun, Sévigné, 221. Tu verras les maris sourire avec un visage gris-brun, Dallainval, École des bourg. III, 12.

  • 8 Terme de vétérinaire. Le gris, robe du cheval caractérisée par un mélange de poils blancs et de poils noirs. On distingue plusieurs variétés : le gris très clair ; le gris clair ; le gris ordinaire ou cendré ; le gris foncé ; le gris ardoisé ; le gris de fer. Les espèces gris tourdille, gris étourneau, gris sale, sont dues à des modifications particulières de la nuance générale.

    Gris pommelé, se dit du poil des chevaux, qui est mêlé de blanc et de noir.

  • 9Habillement gris. Il ne porte que du gris. Il est un petit homme Tout habillé de gris Dans Paris, Béranger, Petit h. gris.
  • 10Petit-gris, voy. PETIT-GRIS, à son rang.
  • 11Gris-perlé, sorte de mauvais champignon.

    PROVERBE

    La nuit tous les chats sont gris, voy. CHAT.

HISTORIQUE

XIIe s. Un petit mantel gris, Ronc. p. 24.

XIIIe s. Il la recouvrent chaut et de gris [petit-gris] et d'ermin, Berte, LV.

XVe s. De Cisteaux qui est ordre grise [ordre portant le gris ou plutôt le blanc], Deschamps, Poésies mss. f° 559. Et pareillement ne exposeront en vente gris en bote qui ne soit bon et loyal ; et seront tenus mectre gris d'aumusse fin, gris entre fin et le moindre gris chacun à part, sans les mesler les ungs par les autres, Ordonn. juillet 1486. Faire grise mine et mauvais recueil ausdites masques, Aresta amorum, p. 417, dans LACURNE.

XVIe s. Ventre saint gris, que tu es aise, Marot, I, 213. J'ay bon vouloir, respond la teste grise, Marot, II, 299. Quel visage eus-tu d'elle ? - Gris, Marot, I, 202. Sous du gris ou du bureau habite bien souvent un courage de pourpre, Calvin, Instit. 664. Laisse le gris [froc] et son austerité, Marguerite de Navarre, Nouv. LXIV. Quatre grands roussins gris-pommelez, Carloix, VIII, 28. Gris de lin, gris d'esté… gris de ramier, gris perlé, gris argenté, D'Aubigné, Faen. I, 2.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GRIS.
3Ajoutez :

Substantivement. Le gris s'est dit autrefois pour vent de bise, vent froid.

Vendeur de gris, nom d'une statue qui était sur la place du parvis Notre-Dame, et qui y resta jusqu'à 1745 ; à cause de sa situation sur le bord de la rivière, domaine du vent, le populaire l'avait ainsi baptisée. Hé quoi, madame la statue… Depuis que vous vendez du gris à tous les simples de Paris, les Révélations du jeûneur, p. 3, Paris, 1649, dans CH. NISARD, Parisianismes, p. 129. Les Parisiens d'abord envoyaient au vendeur de gris, pour acheter de sa marchandise, les nouveaux venus de la province aux dépens desquels ils voulaient s'amuser ; c'est ainsi qu'aujourd'hui on envoie un garçon simple et crédule acheter chez l'épicier de l'huile de cotret, Ch. Nisard, ib. p. 130.

6Ajoutez :

Substantivement. Le gris d'officier, une légère ivresse… Soit un commencement d'ivresse, le gris d'officier, soit enfin l'ivresse proprement dite, Dr Danet, Monit. univ. 10 août 1868, p. 1183, 3e col.

12Bois gris, se dit, dans le commerce des bois, par opposition à bois pelard. On cote les bois gris de 120 à 125 fr. le décastère ; les bois pelards, de 112 à 115 fr. ;… les falourdes grises, 38 fr. ; les falourdes pelards, de 58 à 60 fr. le cent, Journ. offic. 5 janv. 1874, p. 127, 1re col.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

GRIS, (Gramm.) Si l’on imagine une infinité de petits points noirs, distribués entre une infinité de petits points blancs, on aura le gris, & toutes ses nuances, selon que les points noirs ou blancs domineront. Voy. à l’art. suiv. les diverses especes de gris.

Gris, (Manége & Maréchall.) épithete par laquelle nous désignons un cheval, dont le poil ou la robe présente un fond blanc mêlé de noir, ou même de quelqu’autre couleur : nous admettons diverses especes de gris.

Le gris sale est celui dans lequel le poil noir domine. Si les crins de l’animal sont blancs, la robe en est d’autant plus belle.

Le gris brun est différent du premier, en ce que les poils noirs y sont en moindre quantité que dans le gris sale, quoiqu’ils l’emportent néanmoins sur les poils blancs.

Le gris sanguin, le gris rouge, ou le gris vineux, est un gris mêlé de bai dans tout le poil.

Le gris argenté est une robe sur laquelle nous appercevons un gris vif, peu chargé de noir, & dont le fond blanc brille & reluit.

Le gris pommelé se reconnoît à des marques assez grandes de couleur blanche & noire parsemées, à distances assez égales, soit sur le corps, soit sur la croupe.

Le gris tisonné ou charbonné a des taches irrégulierement éparses de côté & d’autre, comme si le poil eût été noirci avec un charbon.

Le gris tourdille est un gris sale approchant de la couleur d’une grive.

Le gris truité autrement appellé tigre, consiste dans un fond blanc mêlé ou d’alzan ou de noir, semé par de petites taches assez également sur tout le corps. On appelle aussi cette robe gris moucheté, ces taches approchant de la figure des mouches.

Le gris de souris est ainsi nommé par sa ressemblance au poil de cet animal. Quelques chevaux de cette robe ont les jambes & les jarrets garnis de raies noires, comme certains mulets ; d’autres en ont une sur le dos ; les uns ont les crins d’une couleur claire, les autres les ont noirs.

Enfin il est encore une espece de gris que nous appellons gris étourneaux. Voyez Etourneau. (e)

Gris, (Petit-Gris) en Plumasserie, ce sont des plumes qui sont ordinairement sous le ventre & sous les aîles de l’autruche.

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Étymologie de « gris »

De l’ancien bas vieux-francique grīs (cf. néerlandais grijs), apparenté au bas-allemand gries « chenu, gris blanchâtre », au frison de l’Ouest griis. La forme griseus en latin médiéval a donné l’italien grigio.
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Provenç. gris ; espagn. et portug. gris, petit-gris ; ital. griso, grigio ; bas-lat. griseus du IXe siècle ; du germanique : ancien saxon, gris, qui a les cheveux blancs ; allem. mod. Greis, vieillard. Comme grec s'est dit gris, Génin, Récréat. t. I, p. 137-144, a prétendu que gris venait de là ; mais l'antiquité de griseus ne permet pas une pareille étymologie ; il a pensé aussi que gris dans le sens d'un peu ivre représentait le latin græcari, faire la débauche, faire le grec ; mais gris en ce sens paraît récent, du moins l'historique n'en offre pas de trace ; il faut donc y voir un mot de plaisanterie pour indiquer l'état entre le blanc et le noir et figurément entre la raison et l'ivresse.

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Phonétique du mot « gris »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gris gri

Fréquence d'apparition du mot « gris » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « gris »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « gris »

  • Il est un petit homme Tout habillé de gris, Dans Paris, Joufflu comme une pomme, Qui, sans un sou comptant, Vit content
    Pierre Jean de Béranger — Chansons
  • Le savon est gris, mais il lave blanc.
    Proverbe russe
  • L'amour, c'est comme de la fumée de cigarette : ça entre bleu et ça sort gris.
    Léo Bertrand — Alexandre Peuchat
  • Chacun a les gris-gris de son âge. Les peuples aussi, sans doute.
    Vercors — Les animaux dénaturés
  • Les lunettes et les cheveux gris sont des quittances de l’amour.
    Proverbe français
  • Novembre est un beau mois. Mais il faut aimer le gris. Et l'oeil en saisir la lumière.
    Gilles Vigneault — La Petite Heure
  • Les cheveux gris, certaines stars les cachent, d'autres les assument ! Ben Affleck semblait apprécier les siens. Il a pourtant décidé de les teindre. Le signe de l'influence de sa chérie Ana de Armas ?
    Ben Affleck : Nouveau look, l'acteur teint ses cheveux gris et sa barbe - Purepeople
  • La nuit tous les chats sont gris.
    Proverbe français
  • Une petite perturbation qui arrive de la Bretagne nous donne pour ce dernier jour de juin, un ciel gris et du soleil en fin d’après-midi
    France 3 Pays de la Loire — Météo en Pays de la Loire : un peu gris, mais les températures remontent
  • On dit : la nuit tous les chats sont gris. Faux : tous les chats dorment.
    Patrick Timsit — Fallait pas l’ouvrir
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Images d'illustration du mot « gris »

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Traductions du mot « gris »

Langue Traduction
Anglais grey
Espagnol gris
Italien grigio
Allemand grau
Chinois 灰色
Arabe اللون الرمادي
Portugais cinzento
Russe серый
Japonais グレー
Basque grisa
Corse grisgiu
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Synonymes de « gris »

Source : synonymes de gris sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot gris au scrabble : 5 points

Gris

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