La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « nef »

Nef

Variantes Singulier Pluriel
Féminin nef nefs

Définitions de « nef »

Trésor de la Langue Française informatisé

NEF, subst. fém.

I.
A. − Poét. Navire. Va donc! Et souviens-toi de l'heure où, dans sa force, Ta haute nef heurta l'inébranlable écueil (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p.309).
En partic. Grand navire à voile au Moyen Âge. À Chypre la nef de St Louis heurta un banc de sable (Ac.1935).
B. − ORFÈVR. Nef de table. Petit réceptacle ornemental destiné à contenir les couverts et les épices du maître de maison. On voit des pièces d'orfèvrerie ornementales, dont la principale est la nef, placée devant le maître, et qui contient les objets destinés à son service: couteau, cuillers, sel et épices (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p.165).
II.
A. − Partie d'une église comprise entre le portail et le transept, que délimitent les deux rangées de piliers soutenant la voûte, et dont la forme générale rappelle la coque d'un vaisseau renversé. Nef centrale, principale; grande nef. Cantiques en toutes langues lancés à pleine voix par l'assemblée des fidèles, harmonieux orages des grandes orgues qui faites tressaillir la nef des cathédrales (Coppée, Bonne souffr., 1898, p.177):
. ... au centre de l'Apennin, Florence accomplit le mélange du génie chrétien et du génie païen. Sur la nef gothique du treizième siècle, elle exhausse le dôme de la renaissance; elle couronne le moyen-âge avec la coupole du Panthéon. Quinet, All. et Ital., 1836, p.220.
Église à trois nefs, à cinq nefs. ,,Église qui a une nef principale et deux ou quatre nefs latérales`` (Noël 1968).
Nef latérale. Bas-côté, nef qui se trouve de chaque côté de la nef principale. La cathédrale [de Saint-Ouen] est large, vaste: larges nefs latérales, tribunes et chapelles pour recevoir le peuple (Michelet, Journal, 1831, p.80).
B. − P.anal. Tout espace évoquant par ses dimensions ou sa forme la nef d'une église. Ce matin, à l'heure où les premiers traits du soleil font paraître roses (...) au-dessus de moi les bancs de sombre verdure, je pénètre dans la nef colossale qu'emplit délicieusement (...) l'odeur pleine de la résine (Claudel, Connaiss. Est, 1907, p.82).
REM.
Navée, subst. fém.,vieilli. ,,Charge d'un bateau`` (Noël 1968).
Prononc. et Orth.: [nεf]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 «navire» (Alexis, éd. Chr. Storey, 77); 2. a) ca 1130 «grand vase à boire» (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 350); b)1372 «receptacle en forme de navire où l'on rangeait les assaisonnements et les épices sur la table royale» (Exécution du Testament de Jehanne d'Evreux ds Havard, p.978); 3. ca 1150 «partie de l'église» (Wace, Vie de St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 891). Du lat. navis «navire». Fréq. abs. littér.: 768. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1176, b)1214; xxes.: a) 1526, b) 693. Bbg. Archit. 1972, p.141, 219. _ Baldinger (K.). À propos de l'infl. de la lang. sur la pensée... R. Ling. rom. 1973, t.37, pp.255-256. _ Darm. Vie 1932, p.156, 195. _ Kemna 1901, pp.13-15. _ La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p.125.

Wiktionnaire

Nom commun - français

nef \nɛf\ féminin

  1. (Navigation) (Vieilli) (Poétique) Grand navire à voile, à l’époque du Moyen Âge.
    • Oh ! marins perdus !
      Au loin, dans cette ombre
      Sur la nef qui sombre,
      Que de bras tendus
      Vers la terre sombre !
      — (Victor Hugo, Les Voix intérieures – Une nuit qu’on entendait la mer sans la voir)
    • Pour mériter le nom de bateau ou nef (navis, buzus ou banzonus), ces embarcations gréées de voiles latines devaient posséder au moins deux ponts, un château arrière, un gaillard d'avant et une hune de combat.— (Frédéric C. Lane, Venise, une république maritime, Champs, Flammarion, 1985)
    • Telles que des oiseaux endormis, les longues nefs rangées près des quais laissaient pendre leurs rames parallèles dans l’eau. — (Pierre Louÿs, Aphrodite, Mercure de France, Paris, 1896)
  2. (Héraldique) Meuble représentant de manière stylisée le navire du même nom dans les armoiries. Elle est généralement représentée de profil, proue orientée à dextre avec une voile. Sa coque est généralement formée d’un arc de cercle terminé d’un chapiteau à chaque extrémité. Elle se blasonne comme le navire. À rapprocher de bateau, drakkar, flobard, gabarot, galère, navire et vaisseau.
    • […] ; elle ne signait pas en vain Nieuport-la-Noble ; elle ne portait pas pour rien sur son blason un lion lampassé issant d'une nef et brandissant une hallebarde. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, page 103)
    • De gueules à une nef équipée et habillée d’argent voguant sur des ondes du même mouvant de la pointe, au chef d’azur fleurdelysé d’or, qui est de la commune de Paris d’Île-de-France → voir illustration « armoiries avec une nef »
  3. (Architecture, Religion) Partie d’une église qui s'étend depuis le portail jusqu'au transept, entre les rangs de piliers, de colonnes soutenant la voûte (on dit aussi vaisseau).
    • L'église des Jacobins de Toulouse a la particularité de présenter une double nef sans collatéraux.
    • Cette église se compose d’une nef dont la construction remonte à la fin du XIe siècle ou au commencement du XIIe, et d’un transept avec abside et chapelles, datant du commencement du XIVe siècle. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • Elles eurent un sentiment de délivrance, en levant les yeux vers les hautes fenêtres gothiques de la nef, qui s’élançaient au-dessus de la lourde assise romane. — (Émile Zola, Le Rêve, ch. VIII, Georges Charpentier et Cie, Paris, 1888, p. 183)
    • Et le soir, quand la nef harmonique de la cathédrale s’endormit couchée les bras en croix, il aperçut, de l’échelle, à l’horizon, un village incendié par des gens de guerre, qui flamboyait comme une comète dans l’azur. — (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
    • Et il descendit de sa chaire, plus rouge et plus excité que jamais, les yeux lançant des éclairs et brandissant vers la nef un poing terrible et vengeur. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  4. (Architecture) (Par analogie) Partie centrale et principale d’un bâtiment.
    • Les serres lyonnaises datent de cette époque (la fin du XIXe siècle) et impressionnent toujours par leurs dimensions : plus de 3 000 m2 pour les grandes nefs centrales, 20 mètres de hauteur pour la principale. — (Lucien Jedwab, A Paris, Lyon, Genève… ces beaux jardins d’hiver, Le Monde. Mis en ligne le 10 janvier 2020)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NEF. (On prononce l'F.) n. f.
Navire. Il n'est guère d'usage qu'en poésie ou pour désigner un Navire du moyen âge. À Chypre, la nef de saint Louis heurta un banc de sable.

NEF se dit aussi du Vaisseau d'une église compris entre le portail et le transept. La nef de l'église Notre-Dame. Nefs latérales, Nefs qui se trouvent de chaque côté de la nef principale. Église à trois nefs, à cinq nefs, Église qui a une nef principale et deux ou quatre nefs latérales.

Littré (1872-1877)

NEF (nèf) s. f.
  • 1Synonyme poétique de navire. Il devait mieux remplir nos vœux et notre attente, Faire voir sur ses nefs la victoire flottante, Corneille, Pomp. I, 1. [Gens] À qui la demeure des villes Plaisait plus que celle des nefs, Scarron, Virg. VI. Peut-être ces débris promenés par les flots Sont-ils ceux de la nef qui portait ce héros ! Ducis, Oscar, I, 2. La nef tourne, s'abîme et disparaît aux yeux, Delille, Énéide, I. Sa nef avait franchi les colonnes d'Alcide, Delille, Trois règnes, VI. Dès qu'on signale une nef vagabonde, Serait-ce lui [Napoléon] ? disent les potentats ? Béranger, Cinq mai. Quand sur le flot sombre et grossi Je risquai ma nef insensée, Moi je cherchais un monde aussi, Hugo, Feuilles d'automne, IX.
  • 2Moulin à nef, moulin à eau construit sur un bateau.

    Nef ou bateau de Condé, sorte de bateau naviguant sur les rivières du Nord et assez semblable aux alléges de la Seine.

  • 3La partie d'une église qui est depuis le portail jusqu'au chœur et entre les deux rangées de piliers qui soutiennent la voûte ; ainsi dite par assimilation de forme avec un navire. Ils passent de la nef la vaste solitude, Boileau, Lutr. III.

    Nef centrale, la nef, par opposition aux collatéraux.

    Nefs latérales, les bas côtés d'une église.

    Aujourd'hui, on ne donne plus le nom de nef qu'à la nef centrale, et pour les nefs latérales on dit les bas côtés, les collatéraux.

  • 4Petite machine en forme de navire où l'on enfermait le couvert du roi, et qui se servait sur un bout de la table. Il y eut un grand couvert chez Madame la Dauphine, où Monsieur le Dauphin dîna ; Villacerf, son premier maître d'hôtel, la servit avec le bâton ; la nef était sur la table du prêt [le dîner servi tout prêt], Dangeau, Journal, t. XIII, p. 452. François Ier fut très offensé par les billets qu'ils [les protestants] firent couler dans la nef dont on le servait à table, Varillas, dans BAYLE, Dict. Melanchthon, note N.
  • 5Dans la vie privée du moyen âge, on appelait nef un vase allongé et de vaste capacité, qu'on plaçait sur la table en face du seigneur. Cette nef contenait tout ce que la cuisine ne fournissait pas ; j'entends les épices, les vins, les vases à boire, les cuillers. De Laborde, Émaux, p. 403.

HISTORIQUE

XIe s. Jo jettai voz choses de la nef par poür [peur] de mort, Lois de Guill. 38.

XIIe s. Si com fait nes que vens guie, Couci, III.

XIIIe s. Nous ferons, dist li dus, vaissiaus pour passer quatre mille et cinq cens chevaux, et nes pour passer quatre mille cinq cens chevaliers, Villehardouin, XIV. Nous apelons nef qui cort par mer ou par flueve ou par estanc, jà soit ce que ele soit petite, Dig. f° 165.

XIVe s. En la maniere que l'en fait en medecine et en l'art de gouverner une naif, Oresme, Eth. 36. La grant nef d'or, à deux angres [anges] sur les deux bouts, à iij escuçons esmailliez de France, dont les deux sont à iij fleurs de lys et les autres semez de fleurs de lys à vi lyons d'or qui la soustiennent, De Laborde, Émaux, p. 404.

XVe s. Ceux qui dient la messe et l'escripture De l'evangile, Si sont dehors et les gens de la ville ; Et en la nef sont les dames sans guile, Qui respondent de haulte voix habile à ceulx de hors, Christine de Pisan, Dit de Poissy. À Jehan Tarenne, changeur, pour avoir fait faire et forgier une grant nef d'argent doré, asise sur VI tigres, et est laditte nef esmaillée tout autour à oiseaux enlevez des armes de France, et aux deux bouts d'icelle nef sur deux terrasses a deux paons qui font la roue, esmaillées de leur couleur, De Laborde, Émaux, p. 404.

XVIe s. L'artillerie au champ sembloit tonnerre, Les grosses naux de Pregent respondoyent, Marot, J. V, 29. Chascun se retira en sa nauf, et, en bonne heure, feirent voille on vent grec levant, Rabelais, Pant. IV, 1. Comme une nave attachée au rivage, Venu le vent, rompt tout chable et cordage, Amyot, De la vertu morale, 13. Qui entre en nef n'a pas vent à gré, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 142.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « nef »

(Siècle à préciser) Du latin navis, via son accusatif navem.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, nâve, bateau ; provenç. nau ; esp. nave ; port. nao ; ital. nave ; du lat. navem ; grec, ναῦς ; sansc. nāu ; la racine est snu, couler, qui a fait νέω, nager : nāu, ναῦς, navis, signifie donc la nageante.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « nef »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
nef nɛf

Fréquence d'apparition du mot « nef » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « nef »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « nef »

  • Bucy-lès-Cerny Les dernières finitions achevées sur le clocher, les échafaudages vont pouvoir glisser du côté nef, transept et chœur dont on va d’abord déposer les tuiles
    Journal L'Union abonné — ABucy-lès-Cerny, l’église a retrouvé son clocher d’ardoises
  • Les héritiers des milliardaires versent peu de larmes. Ceux qui sanglotent au fond des nefs, près du bénitier, ne sont pas de la famille... c’est pour cela qu’ils pleurent.
    José Artur
  • L’heure est comme une nef sur la mer du silence.
    Fleury Vindry — La Gamme sévère
  • A savoir : « La nef des damnés », un roman addictif, passionnant, très bien construit de Jean-Paul Le Denmat, à découvir aux éditions du Palémon, 10 €.
    Guerlédan : «La nef des damnés », un polar angoissant... et d'actualité ! | Le Courrier Indépendant

Traductions du mot « nef »

Langue Traduction
Anglais nave
Espagnol nave
Italien navata
Allemand kirchenschiff
Chinois 中殿
Arabe صحن الكنيسة
Portugais nave
Russe неф
Japonais 身廊
Basque nabe
Corse navata
Source : Google Translate API

Synonymes de « nef »

Source : synonymes de nef sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot nef au Scrabble ?

Nombre de points du mot nef au scrabble : 6 points

Nef

Retour au sommaire ➦