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Navire

Variantes Singulier Pluriel
Masculin navire navires

Définitions de « navire »

Trésor de la Langue Française informatisé

NAVIRE, subst. masc.

A. − Bâtiment allongé, souvent de fort tonnage, destiné principalement à la navigation sur mer. Une nouvelle sirène de navire appela trois fois, par saccades, puis une fois encore, longuement (Malraux,Cond. hum., 1933, p.195).V. bâtiment ex. 7:
. J'avais quinze ans quand je me rendis à Rome par la mer. Une furieuse tempête survint et mon navire à la dérive heurta un écueil invisible. Camus,Dév. croix, 1953, 1rejournée, p.532.
Rem. ,,En règle générale, navire, peut se dire de toute embarcation flottant sur l'élément liquide, mer ou rivière. En pratique, on n'applique le mot navire qu'à un bateau d'un certain tonnage. (...) vaisseau appartient nettement au vocabulaire de la marine militaire (...). Il est rare dans l'usage courant. Bâtiment s'applique aussi bien à la marine marchande qu'à la marine de guerre`` (Dupré 1972).
P.anal.
Navire aérien (rare). Aéronef. V. aérien1ex. 7.
Navire spatial. Engin destiné à la navigation spatiale. L'observatoire de Bochum captait des signaux qui semblaient émis par un nouveau navire spatial (L. Lamarre,Le Parisien, 17 juin 1963, p.2, col. 3 ds Guilb. Astronaut. 1967).
P.métaph. Tout ce grand navire du monde navigue sur le temps; je n'y suis que passager: j'attends et je regarde (Alain,Propos, 1922, p.398).
Navire mixte*.
B. − DR. MAR. Engin flottant, à l'immatriculation obligatoire, destiné à la navigation maritime. Nationalité, nom, numéro d'un navire. Toutes mes illusions sur l'Océan, envolées (...) mais je ne fais pas grande différence entre les navires marchands et les bateaux (Vallès,J. Vingtras, Enf., 1879, p.242).
Navire à passagers. Navire pouvant transporter, selon le cas, plus de douze ou plus de vingt-six personnes (d'apr. Barr. 1967).
Navire de charge. ,,Navire autre qu'un navire à passagers, un transport de pêche ou un navire de plaisance`` (Barr. 1967). Nous y perdions le torpilleur La Combattante, le sous-marin Protée (...) et plusieurs navires de charge (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p.277).
Navire de commerce. Navire servant au transport des marchandises et des passagers, portant un nom, ayant une certaine capacité, un port d'attache, ou d'immatriculation, une nationalité (d'apr. Lemeunier 1969). Synon. cargo.Une «liaison permanente» serait établie entre leurs services et les nôtres pour régler «l'utilisation des navires de commerce français et de leurs équipages» (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p.81).
SYNT. a) Navire + à: navire à aubes, à roues, à voiles, à vapeur; navire à moteur; navire à propulsion atomique. b) Navire + de: navire de guerre, de pêche, de plaisance, de transport. c) Navire + adj.: navire baleinier, bananier, câblier, charbonnier, marchand, pétrolier. d) Verbe + navire: appareiller, amarrer, armer, équiper, gréer, lancer un navire; commander, conduire un navire; arraisonner, désarmer, déséchouer, renflouer un navire; mettre un navire en quarantaine.
REM. 1.
Navi-, élém. de compos. représentant le subst. navire.V. naviplane et aussi :
Naviport, subst. masc.Port destiné aux naviplanes. Après les premiers naviplanes (...) il s'agira de parfaire les «naviports» (H. Schmidt,Français vivant. Recherches lexicologiquesds Praxis1971t.18 no3, pp.302-303).
2.
Petit navire, subst. masc.,vx, synon. de bateau de loch (v. loch1).
3.
Navire-, élém. de compos.,le 2eélém. indiquant l'utilisation, la fonction ou le type de navire.V. navire(-) câblier (dér. s.v. câble) et aussia)
Navire(-)atelier,(Navire atelier, Navire-atelier) subst. masc.Navire de guerre aménagé pour effectuer des réparations qui ne peuvent être faites à bord (d'apr. Gruss 1978).
b)
Navire-citerne, subst. masc.Navire destiné au transport des liquides. Les Belges ont mis à l'étude un port flottant en mer du Nord pour navires-citernes de 500000tonnes (L'Express, 4 févr. 1974ds Gilb. 1980).
c)
Navire-école, subst. masc.Navire où se fait la formation des futurs cadres de marine. (Ds Rob., Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.).
d)
Navire(-)hôpital,(Navire hôpital, Navire-hôpital) subst. masc.,,En temps de guerre, navire exclusivement affecté au transport des malades et des blessés`` (Gruss 1978).
e)
Navire-jumeau, subst. masc.Navire possédant les mêmes caractéristiques de construction qu'un autre (d'apr. Gruss 1978).
f)
Navire-major, subst. masc.Navire du plus fort tonnage d'un armement (d'apr. Gruss 1978).
g)
Navire-usine, subst. masc.Navire (baleinier ou chalutier), aménagé pour le traitement en mer des produits de la pêche. Le Japon, en 1967, était premier pour la production de bateaux de pêche, y compris les grands navires-usines modernes (Guillain, 1969ds Gilb. 1971).
Prononc. et Orth.: [navi:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1140 «flotte» (Geoffroy Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 3483); ca 1160 «navire» (Enéas, 3313 ds T.-L.); 1690 navire de guerre, navire marchand (Fur.). Issu de navirie «nef», ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 2642) lui-même de navilie «flotte» (ibid. 2627), empr. au lat. pop. *navilium, altération du class. navigium «id.» (dér. de navigare, v. naviguer); cf. aussi l'a. prov. navili «flotte, navire» (Rayn.), le lat. navigium a également donné les formes d'a. fr. navoi, subst. masc. et navie subst. masc. et fém. aux mêmes sens (v. T.-L.); le genre du mot navire a été hésitant du xveau xviies. Fréq. abs. littér.: 3069. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2536, b) 6827; xxes.: a)3406, b) 5181. Bbg. Darm. Vie 1932, p.41, 195. _ Kemna 1901, pp.21-23. _ Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Arch. St.n.Spr. 1969, t.205, p.367.

Wiktionnaire

Nom commun - français

navire \na.viʁ\ masculin

  1. (Navigation) Bateau qui sert à naviguer sur mer.
    • Dès le second jour de notre traversée, nous arrivâmes en vue des Orcades. […]. Dans ces parages se sont perdus des milliers de navires, au nombre desquels on compte les vaisseaux de l’Invincible Armada. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 28)
    • Le temps était calme et le navire dériva vers l’Équateur, sans que l’équipage se souciât de son sort. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 419 de l’édition de 1921)
    • Lui-même, à son dernier congé, en plaisantait devant moi, d’être un gradé de la marine qui, comme le petit navire de la chanson, n’avait ja-ja-jamais navigué. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, p.151)
    • Au-dessus de ma couchette est une boussole à carte renversée et, lorsque mon navire se gouverne lui-même et que je me repose, je n’ai qu’à ouvrir les yeux pour savoir la route qu’il suit. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, 1929)
    • […] le navire imperturbable cingle vers l’immensité polaire, se glisse parmi les icebergs fantastiques qui dérivent en tournoyant cauteleusement, évités de justesse, en vain menaçants. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (Héraldique) Meuble représentant un bâtiment de fort tonnage dans les armoiries. Sa représentation est si variée que le blasonnement doit être exhaustif pour éviter les erreurs. Il faut préciser le nombre de mâts ou le type de navire auquel on fait référence. Si les voiles sont d’une couleur autre que le navire, on le dit habillé. S’il est représenté avec son agrès, il est dit équipé. Si des pavillons sont visibles en haut des mâts, on le dit flammé. S’il est posé sur une onde (mer, rivière…), on le dit flottant ou voguant. À rapprocher de bateau, drakkar, flobard, gabarot, galère, nef et vaisseau.
    • D’azur au navire contourné de trois mâts de sable, habillé d’hermine, flammé de gueules et voguant sur une mer d’argent, qui est de la commune d’Hennebont du Morbihan → voir illustration « armoiries avec un navire »
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NAVIRE. n. m.
Bâtiment qui sert à naviguer sur mer. Un navire de cinq cents tonneaux, de trois mille tonnes. Navire voilier ou simplement Voilier. Bâtir, construire, mâter un navire. La construction d'un navire. Charger, décharger un navire. Équiper, armer un navire en guerre. Fréter un navire. Un navire à l'ancre. Couler un navire. Un navire marchand. Il y avait beaucoup de navires dans le port. On dit plutôt Vaisseau en parlant de Bâtiments de guerre et Bâteau en parlant des Bâtiments de la marine marchande.

Littré (1872-1877)

NAVIRE (na-vi-r') s. m.
  • 1Bâtiment qui sert à naviguer sur mer. Tout nous rit, et notre navire A la bonace qu'il désire, Malherbe, III, 2. Du bris de mon navire au rivage amassé, Régnier, Élég. V. On voit comme une forêt de mâts de navires, et ces navires sont si nombreux qu'à peine peut-on découvrir la mer qui les porte, Fénelon, Tél. III. La mer gémissait sous le nombre et sous la grandeur énorme de nos navires, Massillon, Louis le Grand. Les navires longs à un rang de rames [chez les anciens] s'appelaient aphractes, c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas couverts, et n'avaient pas de pont ; on les distinguait par là des cataphractes qui en avaient, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 571, dans POUGENS. Pline et Strabon nous disent que le chemin qu'un navire des Indes et de la mer Rouge faisait en vingt jours, un navire grec ou latin le faisait en sept, Montesquieu, Esp. XXI, 6. Plus un navire est petit, plus il est en danger dans les gros temps ; telle tempête submerge un navire, qui ne ferait que le tourmenter s'il était plus grand, Montesquieu, ib. On lui accorda [à Colomb] trois petits navires et quatre-vingt-dix hommes ; avec cette faible escadre, dont l'armement ne coûtait pas cent mille francs, il mit à la voile le 3 août 1492, Raynal, Hist. phil. VI, 3. Qu'il va lentement le navire à qui j'ai confié mon sort ! Béranger, le Retour.

    Fig. Il est, Chateaubriand, de glorieux navires Qui veulent l'ouragan plutôt que les zéphires, Hugo, Odes, III, 2.

    Navire ! cri de l'homme en vigie, pour avertir quand il découvre un bâtiment au large.

  • 2Petit navire, nom donné anciennement au loch.
  • 3Navire de registre, nom qu'on donnait en Espagne à un navire marchand auquel le conseil des Indes avait accordé la permission d'y aller trafiquer, moyennant une certaine somme et sous certaines conditions.
  • 4 Terme d'astronomie. Le Navire Argo, constellation de l'hémisphère austral.

REMARQUE

Ce mot a été longtemps d'un genre incertain, tantôt masculin, tantôt féminin, comme on peut voir à l'historique. Malherbe l'a fait féminin dans ce vers : Car aux flots de la peur sa navire qui tremble, I, 4 ; Ménage, dans sa remarque sur ce vers, dit que navire féminin est partout usité en poésie où il fait mieux. Bossuet aussi : De même que l'ancre empêche que la navire ne soit emportée…, Bossuet, dans GANDAR, Choix de sermons de la jeunesse de Bossuet, p. 131. Aujourd'hui navire n'est plus que masculin.

SYNONYME

BÂTIMENT, VAISSEAU, NAVIRE. Bâtiment est le terme général. Vaisseau se dit plutôt des bâtiments de guerre, et navire de ce qui n'est pas bâtiment de guerre. Ces distinctions, qui sont techniques, n'empêchent pas que V. Hugo ait bien dit : Le navire à trois ponts qui tonne avec l'orage, Feuilles d'automne, I. Le langage commun confond navire et vaisseau ; étymologiquement, bâtiment se rapporte à la construction ; vaisseau à la contenance, à la capacité ; et navire, qui est le plus précis, à l'acte d'aller sur mer.

HISTORIQUE

XIe s. Par Sebre amont tut lur naviries [ils] turnent, Ch. de Rol. CLXXXVII.

XIIe s. Li reis feist aturner navirie en Asiongaber, Rois, p. 270.

XIVe s. Et si avoient navire de deux cent nefs, Chron. de Saint-Denis, t. I, f° 121, dans LACURNE. Celui qui est maistre de navire, Oresme, Eth. 112.

XVe s. Lesquelz Anglois ont prins et destroussé aucuns navires, Du Cange, abotinare. Si ils en estoient seigneurs [d'Audenarde], ils auroient la bonne riviere de l'Escaut et le navire [navigation] à leur aise et à leur volonté, Froissart, II, II, 58. Et à tout ledict navire [avec ladite flotte] vint à Rhodes devers le mareschal, Bouciq. II, 14. Dedans la navire, Commines, VII, 13. Je suis d'avis que hastivement les deux navires [barques] soient mises es fossez…, Perceforest, t. I, f° 83.

XVIe s. Aussi facilement que le timon faict retourner la navire…, Montaigne, II, 195. Tous les navires qui relaschoient du port de Pyrée, Montaigne, II, 220.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

NAVIRE, ce nom se donne également à tout vaisseau : on dit un navire de guerre, un navire marchand, &c. Voyez Vaisseau.

Navire marchand, c’est un navire qui va en mer seulement pour faire le commerce.

Navire en guerre et marchandise, c’est celui qui étant marchand ne laisse pas de prendre commission pour faire la guerre.

Navire en course, voyez Armateur.

Navire à fret, c’est un navire que le bourgeois ou propriétaire loue à des marchands ou autres, pour transporter leurs marchandises d’un port à un autre port, & même pour des voyages de longs cours. Voyez Fret.

Navire envictuaillè, c’est un navire qui a toutes ses provisions & munitions, tant de guerre que de bouche.

Navire en charge, est un navire dans lequel on embarque actuellement des marchandises, & qui n’a pas encore sa cargaison complete. Voyez Cargaison.

Navire chargé, est celui dont la charge est faite ou la cargaison complete.

Navire terre neuvier, c’est un navire destiné à la pêche de la morue, sur le grand banc de Terre-Neuve. On y appelle navire banqué, celui qui est placé sur le banc & qui y fait sa pêche ; & navire débanqué, celui qui a fini sa pêche, ou qui est dérivé de dessus le banc par le mauvais tems.

Navire, on donne aussi quelquefois aux navires le nom des états, provinces, villes où ils ont été construits ou équipés : ainsi l’on dit navire anglois, navire normand, navire breton, navire malouin, navire nantois, &c.

Navire de registre, on appelle ainsi en Espagne & dans l’Amérique espagnole un navire marchand à qui le conseil des Indes a accordé la permission d’y aller trafiquer, moyennant une certaine somme & sous certaines conditions. Voyez Registre, dictionn. de Commerce.

Navire Argo, (Mytohl.) c’est le célebre vaisseau sur lequel s’embarquerent pour la conquête de la toison d’or tout ce qu’il y avoit de héros dans la Grece, c’est-à-dire, de gens des plus distingués par la valeur, la naissance & les talens. Voyez Argo. (D. J.)

Navire d’Argos, (Astron.) grande constellation méridionale près du chien au-dessous de l’hydre. Elle est composée de 57 étoiles.

M. Halley se trouvant dans l’île de sainte Helene, a déterminé la longitude & la latitude de 46 de ces étoiles, qu’Hevelius a réduites à l’année 1700 dans son prodromus astronomiæ, pag. 312. Le P. Noel a déterminé l’ascension & la déclinaison de ces étoiles pour l’année 1687 dans les observations mathématiques & physiques. Il a aussi donné la figure de la constellation entiere dans cet ouvrage, de même que Bayer Vranometria, Plan. q. q. & Hévelius Firmamentum sobiescianum, fig. EEe. Quelques astronomes donnoient à cette constellation le nom de l’arche de Noé. On l’appelle encore currus volitans, marea & sephina. Dictionn. de mathémat. (D. J.)

Navire profoncié, terme de Marine, vaisseau qui tire beaucoup d’eau, & à qui il en faut beaucoup pour le faire flotter.

Navire sacré, (Antiquit. égypt. grecq. & rom.) On appelloit navires sacrés chez les Egyptiens, les Grecs & les Romains, des bâtimens qu’on avoit dédiés aux dieux.

Tels étoient chez les Egyptiens 1°. le vaisseau qu’ils dédioient tous les ans à Isis ; 2°. celui sur lequel ils nourrissoient pendant quarante jours le bœuf Apis, avant que de le transférer de la vallée du Nil à Memphis, dans le temple de Vulcain. 3°. La nacelle nommée vulgairement la barque à Caron, & qui n’étoit employée qu’à porter les corps morts du lac Achéruse ; c’est de cet usage des Egyptiens qu’Orphée prit occasion d’imaginer le transport des ames dans les enfers au-delà de l’Achéron.

Les Grecs nommerent leurs navires sacrés, θεωγίδες ou ἰεραγωγοὶ. Mais entre les bâtimens sacrés qu’on voyoit en différentes villes de la Grece, les auteurs parlent sur-tout de deux galeres sacrées d’Athènes, qui étoient particulierement destinées à des cérémonies de religion, ou à porter les nouvelles dans les besoins pressans de l’état.

L’une se nommoit la Parale, ou la galere Paraliene, ναῦς παράλος ; elle emprunta son nom du héros Paralus, dont parle Euripide, & qui joint à Thésée, se signala contre les Thébains. Ceux qui montoient ce navire s’appelloient Paralliens, dont la paie étoit plus forte que celle des autres troupes de marine. Quand Lisandre eut battu la flotte athénienne dans l’Hellespont, l’on dépêcha la galere Paralienne, avec ordre de porter au peuple cette triste nouvelle.

L’autre vaisseau, dit le Salaminien, ou la galere Salaminienne, ναῦς σαλαμίνια, prit, selon les uns, sa dénomination de la bataille de Salamine, & selon les autres, de Nausitheus, son premier pilote, natif de Salamine ; c’étoit cette célebre galere à trente rames, sur laquelle Thésée passa dans l’île de Crête, & en revint victorieux ; on la nomma depuis Déliaque, parce qu’elle fut consacrée à aller tous les ans à Délos y porter les offrandes des Athéniens, à l’acquit du vœu que Thésée avoit fait à l’Apollon Délien pour le succès de son expédition de Crete. Pausanias assure que ce navire étoit le plus grand qu’il eût jamais vu. Lorsqu’on rappella de Sicile Alcibiade, afin qu’il eût à se justifier des impiétés dont on l’accusoit, on commanda pour son transport la galere Salaminienne. L’une & l’autre de ces galeres sacrées servoit aussi à ramener les généraux déposés ; & c’est en ce sens que Pitholaüs appelloit la galere paralienne, la massue du peuple.

Les Athéniens conserverent la galere salaminienne pendant plus de mille ans, depuis Thésée jusques sous le regne de Ptolomée Philadelphe ; ils avoient un très-grand soin de remettre des planches neuves à la place de celles qui vieillissoient ; d’où vint la dispute des philosophes de ce tems-là, rapportée dans Plutarque ; savoir, si ce vaisseau, dont il ne restoit plus aucune de ses premieres pieces, étoit le même que celui dont Thésée s’étoit servi : question que l’on fait encore à présent au sujet de Bucentaure, espece de galéace sacrée des Vénitiens.

Outre ces deux vaisseaux sacrés dont je viens de parler, les Athéniens en avoient encore plusieurs autres ; savoir, l’Antigone, le Démétrius, l’Ammon, & celui de Minerve. Ce dernier vaisseau étoit d’une espece singuliere, puisqu’il étoit destiné à aller non sur mer, mais sur terre. On le conservoit très religieusement près l’aréopage, ainsi que le dit Pausanias, pour ne paroître qu’à la fête des grandes panathénées, qui ne se célébroient que tous les cinq ans le 23 du mois Hécatombéon, qui, selon Potter, répondoit en partie à notre mois de Juillet. Ce navire servoit alors à porter en pompe au temple de Minerve, l’habit mystérieux de la déesse, sur lequel étoient représentées la victoire des dieux sur les géants, & les actions les plus mémorables des grands hommes d’Athènes. Mais ce qu’on admiroit le plus dans ce navire ; c’est qu’il voguoit sur terre à voile & à rames, par le moyen de certaines machines que Pausanias nomme souterraines ; c’est-à-dire, qu’il y avoit à fond de cale des ressorts cachés qui faisoient mouvoir ce bâtiment, dont la voile, selon Suidas, étoit l’habit même de Minerve. (D. J.)

Navire, nom d’un ordre de chevalerie, nommé autrement l’ordre d’outremer, ou du double croissant, institué l’an 1269 par S. Louis, pour encourager par cette marque de distinction, les seigneurs à le suivre dans la seconde expédition contre les infideles. Le collier de cet ordre étoit entrelacé de coquilles d’or & de doubles croissans d’argent, avec un navire qui pendoit au bout dans une ovale, où il paroissoit armé & fretté d’argent dans un champ de gueules, à la pointe ondoyée d’argent & de sinople. C’étoient, comme on voit, autant de symboles & du voyage, & des peuples contre lesquels on alloit combattre. Quoique ce prince en eût décoré ses enfans, & plusieurs grands seigneurs de son armée, cet ordre ne subsista pas long-tems en France ; mais il conserva son éclat dans les royaumes de Naples & de Sicile, où Charles de France, comte d’Anjou, frere de saint Louis, & qui en étoit roi, le prit pour ses successeurs ; & René d’Anjou, roi de de Sicile, le rétablit en 1448, sòus le nom d’ordre du croissant. Voyez Croissant. Favin, theat. d’honn. & de chevalerie.

Navires, (Hist. anc.) les anciens en ont eu d’un grand nombre d’especes. Il y en avoit qu’on faisoit naviger fort vîte, par le moyen de 10, 20, 30, 50, & même 100 rames d’un & d’autre bord, naves actuariæ, ou actuariolæ ; ceux qui avoient le bec garni de bronze, & qui étoient employés à percer le flanc ennemi, s’appelloient æratæ, ou æneæ. Ceux qui apportoient des vivres, annotinæ, ou frumentariæ ; ceux qui avoient été construits dans l’année, hornotinæ ; ceux qui avoient au-derriere & à l’avant deux tillacs séparés par une ouverture ou vuide placé entre deux, apertæ. Les combattans étoient sur ces tillacs, ces bâtimens étoient communément à deux rames, ou même plus petits. Les rameurs s’appelloient thranitæ. Ceux qui étoient à voiles & à rames, & qui n’alloient dans le combat qu’à rames, armatæ. Ceux dont on usoit sur le Tibre, & qui étoient faits de planches épaisses, caudicariæ, ou codicariæ. Ceux dont le tillac occupoit tout le dessus de l’arriere à l’avant, constratæ. Ceux où l’on avoit pratiqué des appartemens &toutes les autres commodités d’une maison, cubiculatæ. Ceux qu’on n’employoit que sur les rivieres, lentres, pontones, fluviatiles. Ceux qui faisoient le transport des vivres, frumentanæ. Ceux qui faute de tillac étoient fort legers, leves. Ceux qu’on avoit construits pour porter un grand nombre d’hommes, longæ. Ils étoient tous à rame ; Ptolomée Philosopater en fit construire un, qui avoit 280 piés de longueur, sur 38 de hauteur, à 40 rangs de rames. Ceux sur lesquels on se promenoit, lusoriæ. Les vaisseaux appellés militares, étoient les mêmes que les vaisseaux appellés longæ. Les vaisseaux de charge, ils étoient à voiles & à rames, onerariæ. Les vaisseaux côtiers, orarioe, trabales, littorariæ. Les vaisseaux construits de bois & de cuivre, & qu’on pouvoit désassembler & porter par terre, plicatiles. Ceux qui précédoient les flottes, proecursoriæ. Ceux qui étoient longs, vîtes, légers & à l’usage des pirates, prædatoriæ, prædaticæ. Ceux qui portoient les amiraux, prætoriæ. Ils étoient grands & forts. On les discernoit à une banderole & à une lanterne particuliere. Le pavillon rouge qu’on arboroit étoit le signal du combat. Ceux sur lesquels étoient les gardes avancées de sa flotte, prophulactoriæ. Ceux qui se composoient & se décomposoient, prenoient différentes formes, laissoient échaper de leur flanc sur l’amphithéâtre des bêtes féroces, &c. Néron fit promener sa mere dans un vaisseau de cette espece ; le vaisseau se décomposa ; mais Agrippine s’échapa à la nage, naves solutiles. Ceux qu’on envoyoit reconnoître l’ennemi, speculatoriæ. Ceux qui demeuroient fixes à l’ancre, slationariæ. Ceux qui étoient tissus de fortes baguettes, & revêtus de cuir, sutiles. Ceux qui étoient legers, & qu’on détachoit de la flotte pour aller annoncer son approche, tabellariæ. Ceux qui étoient creusés d’une seule piece, trabariæ, lintres. Ceux qui portoient deux tours, l’une à l’avant, l’autre à l’arriere, turritæ.

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Étymologie de « navire »

(XIIe siècle) Du latin navigium (« navire »)[1] devenu, en latin populaire, *navilium puis en ancien français navile, navilie[2] (« navire, vaisseau, flotte »), apparenté[3] à naviglio (« flotte », « canal navigable ») en italien, navío, navio en espagnol et portugais.
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Bourg, naivire, s. f. ; du bas-latin navirium, dérivé du latin navis (voy. NEF). Navire signifie proprement flotte, puis, par restriction, vaisseau. La forme navirie est purement orthographique, et ne compte que pour trois syllabes. À côté de navire, il y avait une forme en l : bas-latin, navilium ; provenç. navili, naveli ; ital. navile, naviglio.

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Phonétique du mot « navire »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
navire navir

Fréquence d'apparition du mot « navire » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « navire »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « navire »

  • Le navire qui n’obéit pas au gouvernail devra bien obéir au récif.
    Proverbe français
  • Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir.
    Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire — Alcools, la Chanson du Mal-Aimé , Gallimard
  • Les derniers à embarquer sur un navire sont les premiers à prendre pied sur la rive.
    Proverbe chinois
  • Quand il y a sept timoniers sur huit marins, le navire sombre.
    Proverbe chinois
  • Quand le navire doit sombrer, les rats sont les premiers à le quitter.
    Fiodor Dostoïevski — Les Démons
  • La vie est ton navire et non pas ta demeure.
    Alphonse de Lamartine
  • Le ministre de l’Energie et des Ressources naturelles Fatih Donmez a fait savoir que le navire Fatih a effectué son premier forage en mer Noire.
    Le navire turc Fatih effectue son premier forage en mer Noire | TRT Français
  • Un éclectique est un navire qui voudrait marcher avec quatre vents.
    Charles Baudelaire — Curiosités Esthétiques
  • Il ne faut pas lier un navire à une seule ancre, ni une vie à un seul espoir.
    Epictète
  • Le navire qui n'obéit pas au gouvernail devra obéir aux écueils.
    G. Torriano — Piazza universale di proverbi itiliani
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Images d'illustration du mot « navire »

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Traductions du mot « navire »

Langue Traduction
Anglais ship
Espagnol embarcacion
Italien nave
Allemand schiff
Chinois
Arabe سفينة
Portugais navio
Russe корабль
Japonais 輸送する
Basque itsasontzi
Corse navi
Source : Google Translate API

Synonymes de « navire »

Source : synonymes de navire sur lebonsynonyme.fr

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Navire

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