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Vermeil

Variantes Singulier Pluriel
Masculin vermeil vermeils
Féminin vermeille vermeilles

Définitions de « vermeil »

Trésor de la Langue Française informatisé

VERMEIL, -EILLE, adj. et subst.

I. − Adjectif
A. − [En parlant de couleur] Vieilli ou littér.
1. D'un rouge éclatant, légèrement plus foncé que l'incarnat et tirant sur le rouge cerise.
a) [En parlant d'un inanimé concr., d'un élément de la nature, d'une matière première transformée, etc.] Fruit, horizon, poivron vermeil; aurore, brique, fleur, rose vermeille; teinte vermeille. Qu'était-ce que ce faune? On l'ignorait (...) On avait beau parler à l'églantier vermeil, Interroger le nid, questionner le souffle, Personne ne savait le nom de ce maroufle (Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 571).Inégalable, sans pareil, C'est lui [le fruit de la vigne] qui, pressé dans la tonne, Nous donne, au retour de l'automne, Le breuvage le plus vermeil, Le Vin! (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 48).[Qualifie la couleur rouge] Des rameaux de houx, aux feuilles d'un vert intense, parmi quoi saignait le rouge vermeil des baies, reposent au pied de la croix (Genevoix, Seuil guitounes, 1918, p. 21).
En partic. [En parlant du sang] Le sang s'échappe en jet vermeil et saccadé (Nélaton, Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 28).
P. méton. [En parlant d'un inanimé concr., d'une pers.] Rougi par le sang. Durandal (...) Avait jonché de morts la terre, et fait ce champ Plus vermeil qu'un nuage où le soleil se couche (Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 301).
Vermeil de sang. L'épée au dur tranchant, belle et de sang vermeille (Banville, Cariat., 1842, p. 165).
b) [En parlant d'une pers.] − Ô toi qu'on venait jadis voir Comme un homme de pourpre errer devant nos portes, Toi, le seigneur vermeil, d'où vient donc que tu portes Cet habit noir, qui semble avec de l'ombre teint? (Hugo, Légende, t. 6, 1883, p. 179).Voici l'enfant vermeil, l'enfant dionysiaque de Boucher et de Bouchardon (Faure, Hist. art, 1921, p. 89).
Empl. subst. Les vermeils, les bien emmanchés d'apparence, les carrés à biceps, ça déçoit. Tout à l'étalage, et la balayette en dentelle (Arnoux, Algorithme, 1948, p. 232).
α) [de ses vêtements] Robe vermeille. Un avait une cotte de velours incarnat, et les deux autres des cottes vermeilles aussi, mais de satin (Hugo, Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 111).
β) [de son aspect physique, de sa peau; en partic., de son teint]
[Naturellement] Bouche vermeille, lèvres vermeilles (Ac.).
[Sous l'effet d'une cause phys. ou physiol. (effort violent, élément atmosphérique, maladie, etc.)] Des cochers à trognes vermeilles en grande livrée (Gautier, Fracasse, 1863, p. 293).
Vermeil au/de + subst. désignant la cause de cette rougeur.Tes mains et ton visage Sont devenus vermeils au froid souffle du vent (Musset, Rolla, 1833, p. 13).Elle frotta son nez vernissé, vermeil de couperose, du dos de l'index (Colette, Fin Chéri, 1926, p. 140).
[Sous l'effet d'une cause psychol., d'une vive émotion, d'un sentiment de pudeur, de honte ou de colère, etc.] Notre jeune maîtresse est devenue vermeille dès que le nom de Vincent a été prononcé (Lamart., Cours litt., 1859, p. 276).
Vermeil de/par + subst. désignant l'émotion, le sentiment qui a provoqué la rougeur.Moi! je suis froide! s'écria la jeune Espagnole stupéfaite et vermeille d'indignation (Sand, Consuelo, t. 1, 1842-43, p. 105).Son visage était devenu tout vermeil par le feu de son cœur (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 189).
[P. méton.]
[En parlant d'une émotion, d'un sentiment intense] Qui se traduit par la rougeur du teint. Colère vermeille. L'amour que je sens (...) C'est l'amour puissant. C'est l'amour vermeil (Richepin, Caresses, 1877, p. 4).
[En parlant du cœur] Empli d'émotions, de sentiments intenses. Et, si je pouvais (...) Lancer au ciel froid et blême Mon cœur brûlant et vermeil Je crois que dans la seconde Il réchaufferait le monde Autant comme le soleil! (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 93).
2. P. anal. (de couleur avec le vermeil (infra II A 1 a)). Qui a l'éclat ou la couleur du vermeil; qui est d'un ton d'or chaud, orangé ou jaune doré.
a) [En parlant d'un inanimé concr.] Raisin vermeil. Le vieillard, de la main leur montrant ces merveilles, Leur cueillait tour à tour la pêche aux chairs vermeilles (Lamart., Chute, 1838, p. 923).Dans ce grand verre de vin vieux Pleure une immortelle maîtresse, (...) Et, comme un ballet magnifique, Je vois, dans le flacon vermeil, Couleur de lune et de soleil, Des rhythmes danser en musique! (Banville, Stalact., 1846, p. 152).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'or, le cuivre, le vermeil aussi,car le pâle colza s'y mêle,enflamment ces landes pauvres d'une insoutenable lumière (Colette, Vagab., 1910, p. 300).Angélo (...) apercevait, du haut des levées de terre, au-delà des arbres, le vert noir du trèfle, le vermeil du blé en herbe, le violet des labours (Giono, Bonheur fou, 1957, p. 258).
b) [En parlant de la peau, du teint d'une pers.; p. méton., en parlant d'une pers.; l'accent est mis sur l'éclat plus que sur la couleur; vermeil connote la bonne santé, la fraîcheur, la jeunesse] [Une petite fille] aimait à l'ombre des feuillages Fouler le sable d'or, chercher des coquillages (...) Ou bien encor partir, folle et légère tête (...) Au risque de brunir un teint frais et vermeil, Livrer sa joue en fleur aux baisers du soleil! (Gautier, Prem. poés., 1830-45, p. 139).De certains êtres ont de la clarté. Cette femme, comme Dea, avait sa lueur à elle, mais autre. Dea était pâle, cette femme était vermeille. Dea était l'aube, cette femme était l'aurore (Hugo, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 141).
[P. méton.]
[En parlant de la qualité du teint] La fraîcheur vermeille de son teint, d'un blanc un peu doré par le hâle (...) comble le regard (Genevoix, Seuil guitounes, 1918, p. 153).
[En parlant d'un âge, d'une époque de la vie] Sous votre vieillesse vermeille La caresse se cache et rit, Comme une chatte qui sommeille Sur les griffes de son esprit (Nouveau, Valentines, 1886, p. 144).Ses quarante ans [de M. Reboudin] étaient vermeils. Son visage, noble et gracieux, comme les pensées qui l'animaient généralement était reposé (Aymé, Brûlebois, 1926, p. 11).
c) P. métaph. Ou plutôt, car la mort n'est pas un lourd sommeil, Envolez-vous tous deux dans l'abîme vermeil, Dans les profonds gouffres de joie, Où le juste qui meurt semble un soleil levant, Où la morte au front pâle est comme un lys vivant, Où l'ange frissonnant flamboie! (Hugo, Contempl., t. 2, 1856, p. 423).
B. − Au fig.
1. Vieilli ou littér.
a) Rire, sourire vermeil. Rire, sourire éclatant, radieux. Chacun de son côté, malice ou maladresse, M'applique son sabot sur mon plus frêle orteil, Sans cesser de me rire un gros rire vermeil (Sainte-Beuve, Livre d'am., 1843, p. 139).Je coulais doucement ma jeunesse éternelle; Les sourires vermeils sur mes lèvres flottaient (Leconte de Lisle, Poèmes ant., 1852, p. 19).
b) [En parlant d'un bruit, d'un son] Éclatant, cristallin, vif. Se peut-il que j'évoque avec des cris vermeils Autant que des arbouses, La splendeur des matins, la chaleur des soleils, La gaîté des pelouses? (Noailles, Éblouiss., 1907, p. 27).Et je dis quen'est-ce pas, Soleil? Le seul devoir d'un coq est d'être un cri vermeil! (Rostand, Chantecler, 1910, iii, 4, p. 169).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Éclat cristallin d'un son. Dans ces terres hautes, les rossignols nichaient tard (...). Dans la nuit creuse, leurs roulades étaient d'un vermeil extraordinaire (Giono, Hussard, 1951, p. 65).
c) [Parfois par attraction de merveille] Rare. Admirable, magnifique. [Le Dieu Porteur de lyre] était beau à voir debout dans le soleil, Touchant sa lyre d'or d'un grand geste vermeil (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1906, p. 252).
2. Mod. [P. réf. à la médaille de vermeil, infra II] Carte vermeil. Carte réservée, en France, aux personnes âgées et donnant droit à un tarif réduit sur le réseau des chemins de fer de la SNCF. Si vous avez madame 60 ans et vous monsieur 65 ans vous avez droit à la carte vermeil (L'Aurore, 6 mars 1970, p. 16).En appos. à valeur d'adj., rare, au fém. [En parlant d'une pers.] Qui possède ou est en âge de posséder une carte vermeil. Dame carte vermeille, (...) aimant gaîté, théâtre, voyages, etc. souh. compagnie agréable, désintéressée (Le Nouvel Observateur, 10 oct. 1977, p. 99, col. 6).
[P. méton., en parlant d'un moment, d'une époque] Réservé aux personnes en droit de posséder une carte vermeil, c'est-à-dire aux personnes du troisième âge. Samedi « vermeils » au Carré Thorigny (...). MmeSilvia Monfort, directrice du Carré Thorigny, a décidé d'ouvrir son théâtre le samedi après-midi aux retraités (Le Monde, 30 nov. 1973, p. 19, col. 4).Vacances vermeil. Séjour de 15 jours en pension complète à Bat-Yam au sud de Tel-Aviv. (...) (Programme réservé aux membres des caisses de retraite) (Le Point, 23 févr. 1976, p. 87, col. 1).
II. − Substantif
A. − Subst. masc.
1.
a) ORFÈVR. ou cour.
α) Vermeil doré, ou absol., vermeil. Argent (autrefois cuivre), recouvert d'une dorure tirant sur le rouge. Vermeil dédoré; assiette, couvert, plat, vaisselle, vase en/de vermeil. Les mots dits par les grands hommes sont comme les cuillers de vermeil que l'usage dédore; à force d'être répétés, ils perdent tout leur brillant (Balzac, Comédiens, 1846, p. 313).Il est fait une différence entre les ouvrages « d'argent doré » et ceux « de vermeil doré ». Cette dernière qualification n'était accordée, en effet, qu'aux pièces dorées avec de l'or rouge, et non pas avec du « bas or » mélangé d'argent ou avec de l'or vert (Havard1890).
Médaille de vermeil. Médaille du travail en vermeil accordée aux personnes ayant effectué de longues années de travail. Grande manifestation de remise de médailles du travail mardi à la SNCF. Le chef de la circonscription de Nancy-ouest, (...) et les chefs de gare concernés, ont remis des médailles de vermeil, pour 35 ans de service et d'argent, pour 25 ans, à 23 agents (L'Est Républicain, 18 nov. 1993, p. 611, col. 1).
En appos. à valeur d'adj., vx. Argent vermeil. Une lampe d'argent vermeil suspendue à la voûte de la chapelle, devant un autel magnifiquement orné, jetait sa pâle lumière sur le livre d'Heures que tenait la dame (Balzac, MeCornélius, 1831, p. 202).
P. méton. Couverts, vaisselle de vermeil. La porcelaine suit l'Empereur en exil à Sainte-Hélène, tandis que le vermeil seul tombe aux mains de Louis XVIII avec une partie, fort réduite, de l'opulente argenterie napoléonienne (Grandjean, Orfèvr. XIXes., 1962, p. 92).
β) Dorure en or moulu, qui se fait par l'application de l'or sur l'argent. Ce que ton miroir te vend pour de l'or massif, n'est qu'une mince et légère feuille de vermeil (Dumas père, Intrigue et amour, 1847, iv, 2, p. 280).
b) PEINT. [En appos. à valeur d'adj.] Vernis vermeil. ,,Vernis rouge composé soit de gomme et de cinabre mêlés et broyés dans de l'essence de térébenthine, soit de résine gutte, de résine laque et de sang-dragon dissous dans l'alcool, et qui sert pour donner de l'éclat aux ouvrages dorés ou en détrempe`` (Jossier 1881).
c) [Corresp. à supra II A 1 a et I A 2] P. anal. (avec la couleur du vermeil), littér. Le ciel blond rouge comme du vermeil usé (Flaub., Corresp., 1850, p. 154).
Couleur de/du vermeil. Des rideaux de brume tamisaient une sorte de lumière couleur d'argent doré, de vermeil pâli (Loti, Maroc, 1889, p. 28).Mieux vaut que vous entamiez seul ma dernière bouteille de porto (...) Lorsque vous porterez le verre à la bouche, vos yeux si pâles prendront exactement la couleur du vieux vermeil dédoré (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1548).
En vermeil. Deux Suédois (...) tout en vermeil pâle des chevilles aux cheveux (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 61).
2. Arg. ,,Sang`` (France 1907).
B. − Subst. fém., JOAILL. ,,On donne ce nom à l'Hyacinthe, lorsque sa couleur, naturellement jaune orangé, se trouve mêlée d'une teinte rouge. La Vermeille orientale est un Corindon de couleur rouge écarlate; la Vermeille commune ou occidentale est un Grenat de couleur rouge orangé`` (Bouillet 1859).
REM. 1.
Vermeillé, -ée, adj.,vieilli ou littér. [Corresp. à supra I A et B] De couleur vermeille, rouge à orangé ou jaune doré. L'étui de pipe [japonais] est en une imitation de peau de serpent (...) décoré d'une libellule de métal avec des parties bronzées et vermeillées (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 336).Cette drogue [l'eau-de-vie de pommes] était un philtre érotique, qu'il ne pouvait jamais sucer sans voir, dans ses lueurs, surgir une tête vermeillée, et rosissante, et consentante (La Varende, Roi d'Écosse, 1941, p. 192).
2.
Vermeillet, -ette, adj.,vieilli ou littér. [Corresp. à supra I A et B] Légèrement vermeil, légèrement rouge, orangé ou jaune doré. Cerises, roses vermeillettes. La vermeillette gerbe dont il [le jeune prince] devait faire plus tard son glorieux chapeau de laurier (D'Esparbès, Roi, 1901, p. 65).
3.
Vermois, subst. masc.,rare. [Corresp. à supra II A 2] Sang. Les Athéniennes (...) offraient aux meurtriers leurs poitrines rondes (...) d'autres, mégères et amazones, se précipitaient, brandissaient des dards (...) visant la figure, la bouche, l'œil, creusant ainsi des blessures horribles, d'où le vermois ruisselait à bouillons (L. Daudet, Sylla, 1922, p. 46).
Prononc. et Orth.: [vε ʀmεj]. Ac. 1694-1740: ,,vermeil doré, ou absolument, vermeil``; dep. 1762: vermeil. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 adj. « d'un rouge vif et léger » (Roland, éd. J. Bédier, 968: vermeill sanc; 386: une vermeille pume); b) 1969 tour. carte vermeil (Avis général T., no50, 24 déc.,4 [doc. SNCF]); 1970 (Le Monde, 3 mars, p. 26); 2. ca 1100 subst. « couleur rouge vif » (Roland, 1299: tut li trenchet le vermeill e le blanc); 3. 1213 « étoffe rouge » (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 654, 28: mantel [...] [t]eissuz a or de porpre et [de] vermaill); 1389 (Registre criminel du Châtelet, éd. H. Duplès-Agier, t. 1, p. 54: une houppellande longue d'un fin vermeil d'Engleterre); 4. 1490 orfèvr. (Inventaire d'Anne de Bretagne ds Havard 1890: six bouestes à mettre confitures, argent vermailles doréez dedans et dehors); 1532 (Invent. de Florimond Robertet, p. 31 ds Gay, s.v. buffet: un buffet de cérémonie, d'argent vermeil doré); 1573 (V. de Beauvillé, Rec. de doc. inéd. concernant la Picardie, t. 3, p. 545: ung basin vermail doré); 1610 (Invent. de Jérôme Franck, peintre ds Havard 1890: une couppe vermeil dorée); 1634 (Gazette de France, 15 avr., ibid.: un beau buffet de vermeil doré); 1653 (P. Le Moyne, Saint-Louys ou le Héros chrestien, p. 84: une Aigle de vermeil); 5. 1676 peint. « vernis rouge dont on se sert pour donner de l'éclat aux ouvrages dorés ou en détrempe » (Félibien, p. 290: ce Vermeil est composé de Gomme gutte, de Vermillon, d'un peu de Brun rouge). Du lat. vermiculus (dimin. de vermis « ver ») « petit ver, vermisseau », b. lat., lat. chrét. « cochenille; couleur écarlate produite par la cochenille » (Vulgate Exode 35, 25), pris comme adj. au vies.: palla vermicula ds Diez, s.v. vermiglio. Fréq. abs. littér.: 849. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 549, b) 2 278; xxes.: a) 1 003, b) 463. Bbg. Esnault (G.). Lois de l'arg. R. de Philol. fr. 1929, t. 41, p. 127. − Goug. Mots. t. 1. 1962, p. 279. − Thomas (A.). Nouv. Essais 1904, p. 272.

Wiktionnaire

Nom commun - français

vermeil \vɛʁ.mɛj\ masculin singulier

  1. Argent doré dont la dorure tire sur le rouge.
    • À l’aide d’un de ces instruments, il ouvrit le tabernacle, en tirant d’abord le saint-ciboire, […], puis un ostensoir massif, […], puis enfin deux burettes de vermeil. — (Alexandre Dumas, Les Mille et Un Fantômes)
    • Gillonne obéit et rentra, tenant d’une main la cassette, et de l’autre une aiguière de vermeil et du linge de fine toile de Hollande. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre X)
    • Au bout d’un moment il revint, lui tendant une petite cuiller de vermeil à demi dépouillé par le temps, et dont le manche se terminait par le lys de Florence, au calice émaillé de rouge. — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 220)

Adjectif - français

vermeil \vɛʁ.mɛj\

  1. D’une couleur rouge vif plus foncé que l’incarnat. #FF0921
    • Buvez donc, dit la jeune fille en lui versant un verre de vin vermeil comme du sang. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer, 1839)
    • Elle revient du cabinet de toilette, […], une brosse à dents à la main, la bouche toute mouillée et vermeille, les cheveux épars. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Zariffa et ses compagnes dépouillaient les orangers de leurs fruits vermeils, que les hommes alignaient dans des caissettes de bois. — (Out-el-Kouloub, « Zariffa », dans Trois Contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Les joues vermeilles, les yeux qui brillent
      Chavirés par de doux émois
      Le vin réjouit le cœur des filles
      Et des garçons, ça va de soi.

      — (Juliette Noureddine, Petite messe solennelle, 2008)
    • Elle avait un teint d’un blanc de coton, une mine très intelligente, des lèvres vermeilles, des cheveux très abondants et d’un noir luisant. Mais, ses membres étaient mous et elle était incapable de se déplacer. — (Le Courrier du Vietnam, Amours maternels, lecourrier.vn, 12 décembre 2020)
    • Petit-Pierre paraissait plus avisé que ses frères ; mais autant ceux-ci étaient gros, joufflus et vermeils, autant il avait l’air maigre, chétif et pâlot. — (Charles Deulin, Manneken-Pis)
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Littré (1872-1877)

VERMEIL (vèr-mèll, mè-ll', ll mouillées) adj.
  • 1Qui est d'un rouge un peu plus foncé que l'incarnat. Gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille, Molière, Tart. I, 5. Ses blessures [de Jésus] toutes récentes, toutes teintes et toutes vermeilles de ce divin sang, Bossuet, Sermons, Ascension, I. D'un vin pur et vermeil il fait emplir sa coupe, Boileau, Lutr. I. Ses chanoines vermeils et brillants de santé, Boileau, ib. I. Elle dit que l'éclat vermeil, Dont on voit l'orient se peindre à ton réveil, Vient des roses que ta main sème Dans la carrière du soleil, Deshoulières, Poés. t. II, p. 32. Une lèvre qu'on mord pour rendre plus vermeille, Regnard, le Joueur I, 2. Il tombe, un sang vermeil rougit ce corps charmant ; Il succombe…, Delille, Én. IX.

    Une plaie vermeille, celle dont les chairs sont d'un rouge vif.

  • 2 S. m. Anciennement, vermeil doré, vaisselle d'argent, ou de cuivre, qu'on a dorée avec de l'or dissous en poudre par de l'eau forte et amalgamé avec du mercure. Les clous qui clouent le galon sont de diamants ; le pied est de vermeil doré, très riche et très bien travaillé, Sévigné, 13 déc. 1679.
  • 3Aujourd'hui, espèce de dorure en or moulu qui se fait par l'application de l'or sur l'argent. Je dors au bruit des eaux, au son lointain des lyres, Sur un lit aux pieds de vermeil, Hugo, Odes, IV, 8.
  • 4Vermeil ou vernis-vermeil, vernis rouge, composé de résine gutte, de résine laque et de sang-dragon dissous dans l'alcool, dont on se sert pour donner de l'éclat aux ouvrages dorés ou en détrempe.
  • 5 S. f. Vermeille, sorte de gemme où le rouge est mêlé d'orangé. Les joailliers appellent vermeille occidentale l'almandine de Beudant, vermeille orientale le corindon, et vermeille hyacinthe le zircon orangé brunâtre.

HISTORIQUE

XIe s. Nus les feruns [nos épées] vermeilles de chald sanc, Ch. de Rol. LXXIV. Que tut [il] li trenchet le vermeill e le blanc [de son escu], ib. XCIX.

XIIe s. [Au temps] Que bois et prez sont de mainte semblance, Vert et vermeil, couvert d'erbe et de flor, Couci, XVI. La bouche [elle] ot savorose, plus vermoille que sans [sang], Sax. v. Car dunc veïst le sanc el blanc cervel rouir [rougir], Le cervel ensement el vermeil sanc blanchir, Th. le mart. 151. Quant il unt fait al rei ceste parole entendre, D'ire devint vermeilz plus que carbuns sur cendre, ib. 44.

XIIIe s. Vermeille ert [elle était] comme rose, blanche com flor de lis, Berte, XX. Li vermaus li monte en la face, Et les lermes du cuer aux iex, Lai de l'ombre. En plusors sens seras destrois [affligé], Une heure chaus, une autre frois, Vermaus une hore, une autre pales, la Rose, 2289. Vos les [les herbes] metreiz trois jors dormir en boen vin blanc ; se vos n'aveiz blanc, si preneiz vermeil, Rutebeuf, 258. Deux muys de vin blanc et deux de vermeil [sorte de vin], Du Cange, vermiculus.

XVIe s. Aux nouveaux raiz du matinal soleil, Les fleurs ainsi reprennent leur vermeil, Du Bellay, J. III, 9, recto. J'ay encore pour quinze mille francs de vaisselle, tant de cuisine que de buffet, blanche et vermeille, Carloix, IV, 7. Playe vermeille, non aride et seiche, jettant pus louable, Paré, VIII, 13. Un jour estant blecé [Alexandre], regardant escouler le sang de sa playe : Eh bien ! qu'en dites-vous ? feitil ; est-ce pas icy un sang vermeil et purement humain ? Montaigne, I, 328. … et le vermeil de ceste belle joue Qui fait honteux le pourpre tyrien, Ronsard, 60.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « vermeil »

Du latin vermiculus (« petit ver, vermisseau »), dimininutif de vermis (« ver »), bas latin pour (« cochenille, couleur écarlate produite par la cochenille »), pris comme adjectif.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, varmeil, varmé ; provenç. vermelh, vermel ; cat. bermell ; espagn. bermejo ; portug. vermelho ; ital. vermiglio ; du lat. vermiculus, kermès (voy. KERMÈS) ou cochenille du chêne, qui donne une couleur rouge, proprement petit ver, diminutif de vermis (voy. VER).

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Phonétique du mot « vermeil »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vermeil vɛrmɛj

Fréquence d'apparition du mot « vermeil » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « vermeil »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vermeil »

  • Rentre ! C’est le moment où la lune réveille Le vampire blafard sur sa couche vermeille.
    Théophile Gautier — Comédie maudite
  • Œil protecteur, pierres délicates, vermeil solaire… Depuis dix ans déjà, Nadia Azoug a fait de sa ligne Monsieur Paris une adresse phare de la capitale. L'occasion de revenir sur ses temps forts, condensés en une capsule anniversaire hautement désirable.
    Madame Figaro — Monsieur Paris fête ses 10 ans avec une collection solaire - Madame Figaro
  • Boucles d’oreilles en vermeil, Charlotte Chesnais, 750 €.
    Madame Figaro — Précieux et attractif, le vermeil fait merveille - Madame Figaro
  • Deux candidats se présentaient ce lundi à la présidence de la communauté de communes Albères Côte vermeille Illiberis.
    lindependant.fr — Communauté de communes Albères Côte vermeille Illiberis : Antoine Parra élu président - lindependant.fr
  • Pourtant, sous la tutelle invisible d’un Ange, L’Enfant déshérité s’enivre de soleil, Et dans tout ce qu’il boit et dans tout ce qu’il mange Retrouve l’ambroisie et le nectar vermeil.
    Charles Baudelaire — Les Fleurs du mal
  • Né le 13 mars 1946, il est reconduit depuis 30 ans, soit 5 mandats, dans ses fonctions de conseiller municipal. Un engagement qu’il qualifie de « tout à fait normal », une évidence en somme qui lui vaut d’être décoré de la médaille d’honneur communale, départementale et régionale, échelon vermeil. Son premier mandat a été accompli alors qu’il résidait à Nancy pour des raisons professionnelles. Suivront alors quatre mandats avec Gérard Michel à la tête de la commune.
    Culture - Loisirs | Michel Crouvizier médaillé de vermeil
  • La Communauté de communes a été créée le 1er janvier 2007. Elle est devenue CDC Albères-Côte vermeille-Illibéris le 1er janvier 2014. Suite à ses élargissements, elle rassemble aujourd’hui 15 communes : Argelès-sur-Mer, Bages, Banyuls-sur-Mer, Cerbère, Collioure, Elne, Laroque-des-Albères, Montesquieu-des-Albères, Ortaffa, Palau-del-Vidre, Port-Vendres, Saint-André, Sorède, Saint-Génis-des-Fontaines et Villelongue-dels-Monts. Agissant sur le quotidien des 55 000 habitants qui y résident, elle exerce de plein droit, en lieu et place des communes, les compétences obligatoires définies par la loi.
    La Semaine du Roussillon — Albères-Côte Vermeille-Illibéris : les animations estivales pour les 3-17 ans
  • En argent massif ou en vermeil, proposée dans une édition limitée à 100 exemplaires numérotés pour chaque version, chaque pièce porte la signature de César en plus de celle de Celine. Un ready-made à porter autour du cou, tout près du coeur, à la fois objet totémique et grigri, talisman et pièce de collection. C'est une oeuvre d'art, c'est un peu cher : il faut compter 3000 euros pour la pièce argent massif, et 4000 euros pour celle en vermeil
    LExpress.fr — [JOAILLERIE] Un César autour du cou - L'Express Styles
  • Ô géraniums, ô digitales… Celles-ci fusant des bois-taillis, ceux-là en rampe allumés au long de la terrasse, c’est de votre reflet que ma joue d’enfant reçut un don vermeil. Car « Sido » aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines filles du rosier, de la crois-de-Malte, des hortensias, et des bâtons-de-Saint-Jacques, et même le coqueret-alkékenge, encore qu’elle accusât sa fleur, veinée de rouge sur pulpe rose, de lui rappeler un mou de veau frais… A contre-cœur, elle faisait pacte avec l’Est : « Je m’arrange avec lui », disait-elle. Mais elle demeurait pleine de suspicion et surveillait, entre tous les cardinaux et collatéraux, ce point glacé, traître aux jeux meurtriers. Elle lui confiait des bulbes de muguet, quelques bégonias, et des crocus mauves, veilleuses des froids crépuscules. Hors une corne de terre, hors un bosquet de lauriers-cerises dominés par un junkobiloba, – je donnais ses feuilles, en forme de raie, à mes camarades d’école, qui les séchaient entre les pages de l’atlas – tout chaud jardin se nourrissait d’une lumière jaune, à tremblements rouges et violets, mais je ne pourrais dire si ce rouge, ce violet, dépendaient, dépendent encore d’un sentimental bonheur ou d’un éblouissement optique. Étés réverbérés par le gravier jaune et chaud, étés traversant le jonc tressé de mes grands chapeaux, étés presque sans nuits… Car j’aimais tant l’aube, déjà, que ma mère me l’accordait en récompense. J’obtenais qu’elle m’éveillât à trois heures et demis, et je m’en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues. A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensible que tout le reste de mon corps… J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion… Ma mère me laissait partir, après m’avoir nommée « Beauté, Joyau-tout-en-or » ; elle regardait courir et décroître sur la pente son œuvre, - « chef-d’œuvre » disait-elle. J’étais peut-être jolie ; ma mère et mes portraits de ce temps-là ne sont pas toujours d’accord… Je l’étais à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la verdure, des cheveux blonds qui ne seraient lissés qu’à mon retour, et de ma supériorité d’enfant éveillée sur les autres enfants endormis. Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d’avoir mangé mon saoul, pas avant d’avoir, dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l’eau de deux sources perdues, que je révérais. L’une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, et traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L’autre source, presque invisible, froissait l’herbe comme un serpent, s’étalait secrète au centre d’un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goût de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de jacinthe… Rien qu’à parler d’elles, je souhaite que leur saveur m’emplisse la bouche au moment de tout finir, et que j’emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire…
    Colette — Sido

Traductions du mot « vermeil »

Langue Traduction
Anglais vermeil
Espagnol vermeil
Italien vermiglio
Allemand vermeil
Chinois 金银花
Arabe الزنجفر
Portugais vermeil
Russe киноварь
Japonais vermeil
Basque vermeil
Corse vermeil
Source : Google Translate API

Synonymes de « vermeil »

Source : synonymes de vermeil sur lebonsynonyme.fr

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Vermeil

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