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Usage

Variantes Singulier Pluriel
Masculin usage usages

Définitions de « usage »

Trésor de la Langue Française informatisé

USAGE, subst. masc.

A. −
1. Pratique, manière d'agir ancienne et fréquente, ne comportant pas d'impératif moral, qui est habituellement et normalement observée par les membres d'une société déterminée, d'un groupe social donné. Synon. coutume, habitude, tradition, us.Usage confirmé, consacré, établi, respectable, solennel. Je remarque en passant que cet usage d'une place et d'un siège particuliers pour la maîtresse de la maison est déjà fort ancien; le bon ton, la politesse même lui font une loi de ne l'offrir à aucune autre femme, quels que soient son rang et sa qualité (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 315).Pendant six mois, il me fut interdit de parler au mess. Usage excellent: nous apprenions ainsi à connaître l'humilité de notre condition et le respect dû à nos anciens (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 142).
DR. ,,Règle de droit établie par une pratique ancienne et constante`` (Cap. 1936). Les parties sont libres d'écarter d'un commun accord l'application des usages aussi bien de fait que de droit (Réau-Rond.1951).
Usages commerciaux. Règles pratiquées ordinairement dans les négociations commerciales ou par support à ces négociations (d'apr. Barr. 1974). Usages locaux. Règles établies, dans certains lieux, pour l'exécution des conventions et qui, sans avoir été déterminées par la loi, sont adoptées par tout le monde (d'apr. Barr. 1974).
2.
a) L'usage. L'ensemble des règles et des pratiques qui régissent les rapports sociaux et qui sont les plus couramment observées. Il aimait et respectait sa mère. Il l'aimait plus encore par devoir que par inclination et son respect tenait plus de l'usage que du sentiment (A. France, Révolte anges, 1914, p. 317).
L'usage du monde. L'ensemble des pratiques sociales qui ont cours dans la bonne société. Toutes deux sont pétillantes d'esprit; mais l'esprit de madame de Vertpré est complété par l'usage du monde, qui manque à Pauline (Dumas père, Mari Veuve, 1832, 2, p. 246).Avoir l'usage du monde. Martial avait trop l'usage du monde, trop de finesse et de calcul pour s'exposer à rompre avec une femme si bien en cour (Balzac, Paix mén., 1830, p. 337).
C'est l'usage. C'est ce qui est conforme aux pratiques sociales; c'est ce qu'il convient de dire, ou de faire. Théodore (...) portait un habit bleu, « comme si l'on ne pouvait pas trouver un habit noir, puisque c'est l'usage, que diable! » (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 196).L'excessive froideur que lui témoigna Jeanne (...) l'avertit qu'il avait commis une maladresse. Pour la réparer, il s'empressa, comme c'est l'usage, d'en commettre une seconde (Feuillet, Paris., 1881, pp. 99-100).
D'usage. Conforme aux conventions, habituel, normal. Cérémonie, compliment, formalités, observations, plaisanteries d'usage. [Bénédict] ne lui adressait plus une seule de ces politesses d'usage qui rappellent à chaque instant les conventions (Sand, Valentine, 1832, p. 123).Il ne savait pas s'il devait dire Monsieur ou Docteur ou employer quelque autre formule d'usage et de respect (Arnoux, Rêv. policier amat., 1945, p. 112).
b) Habitude, pratique établie, propre à un groupe, à un individu. Voués par choix à un régime austère, ils placèrent la gourmandise parmi les péchés capitaux (...) et attaquèrent surtout l'usage de manger sur des lits, usage qui leur parut le résultat d'une mollesse coupable (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 271).Selon l'usage de. Je dormais donc, selon mon usage, Sur un banc du jardin d'ombrages entouré (Dumas père, Hamlet, 1848, i, 2, p. 185).Criant fort, exprès, de leurs grasses voix paysannes en se donnant des claques sur l'épaule, selon l'usage des bouviers et des maquignons (Bernanos, Joie, 1929, p. 684).
c) Pratique habituelle d'une activité; habitude de pratiquer une activité. L'usage exclusif d'écrire en latin sur les sciences, sur la philosophie, sur la jurisprudence (...) céda peu à peu la place à celui d'employer la langue usuelle de chaque pays (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p. 138).Le hasard (...) avait placé dans un emploi éminent un homme ayant l'usage d'écrire (Chateaubr., Congrès Vérone, t. 1, 1838, p. 360).
3.
a) Les usages. Les habitudes, les comportements qu'il convient de respecter, qui ne doivent pas être transgressés. Se conformer aux usages; connaître, oublier les usages. Il avait une façon d'enlever son chapeau et de laisser retomber le bras, qui semblait dire: « Ce n'est pas particulièrement pour vous que je me découvre; c'est parce que je tiens aux usages de la politesse » (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 628).Obligé d'habiter cette ville (...) j'ai tout fait pour me conformer aux usages de la province (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 148).
b) Ensemble des bonnes manières qui caractérisent le savoir-vivre; ensemble des règles de civilité, de bienséance observées dans une société policée. Un grand écrivain sans usage s'entrave dans sa gloire comme dans un sabre (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 183).
Avoir de l'usage. Être bien élevé. Tous les enfants élevés par leurs mères ont de l'usage et du savoir-vivre, deux acquisitions qui suppléent à l'esprit naturel (Balzac, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 357).
B. −
1.
a) Fait de se servir de quelque chose, d'appliquer un procédé, une technique, de faire agir un objet, une matière selon leur nature, leur fonction propre afin d'obtenir un effet qui permette de satisfaire un besoin. Synon. emploi, utilisation.Par suite des usages auxquels on destine les métaux étamés, on exige du recouvrement des qualités de fini que l'on ne demande pas aux autres dépôts (Gasnier, Dépôts métall., 1927, p. 53):
1. Il ne devait pas être (...) facile de manger proprement quand on mangeait couché (...) on se servait des doigts, ou tout au plus du couteau, pour porter les morceaux à la bouche, car l'usage des fourchettes est moderne; on n'en a point trouvé dans les ruines d'Herculanum... Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 270.
[Le compl. du nom désigne qqc. de gén., d'abstr.] Il est sans doute un moyen d'échapper à la confusion. C'est négligeant l'usage vulgaire de l'argument, et l'appel qu'il fait à toute sorte d'opinions vagues d'en revenir à notre terreur (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 90).Le civilisé a (...) fait un usage croissant de l'abstraction (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 29).Rare. [Le compl. du nom désigne qqn] [Philippe IV] lui accorda [à Velasquez] l'usage gratuit du médecin et du chirurgien de la cour (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 263).
DR. COMM. Droit d'usage. Droit réel permettant à une personne de se servir de la chose d'autrui et d'en percevoir la portion de fruits nécessaire à ses besoins et à ceux de sa famille (d'apr. Cap. 1936). Son droit d'usage ou d'habitation est réglé par les conditions les plus variables, qui créent les rapports de propriété les plus complexes et les plus instables (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 166).
En partic. Fait d'utiliser quelque chose pour sa consommation, pour ses besoins. Synon. consommation.Usage du beurre, du café, de la viande; usage de la cocaïne, de la drogue, du haschisch, de stupéfiants. Vous avez peut-être, madame, les artères du cerveau en tuyau de pipe. La Dame: Ciel! En tuyau de pipe! L'usage du tabac, docteur, y serait-il pour quelque chose? Je prise un peu (Romains, Knock, 1923, ii, 5, p. 13):
2. ... je crois m'apercevoir que le changement qui s'est fait en moi a été beaucoup avancé par l'usage journalier du thé et du vin. Je pense que (...) les buveurs d'eau conservent bien plus long-temps la délicatesse des sensations, et en quelque sorte, leur permière candeur. L'usage des stimulans vieillit nos organes. Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 92.
b) Fait de se servir d'un organe, d'un membre; fait de mettre en action, en activité une fonction physique ou intellectuelle. Avoir, perdre, reprendre, retrouver l'usage de l'esprit, du libre arbitre, de la raison, de ses facultés, des jambes, des yeux. Une conscience bourrelée et l'effroi involontaire inspiré par un crime à ceux qui le commettent lui avaient ôté l'usage de la réflexion (Balzac, Gobseck, 1830, p. 435).Le climat de l'Angleterre (...) a renouvelé toutes mes blessures au point de me priver entièrement de l'usage d'un bras (Vigny,Serv. et grand. milit.,1835,p. 147).
L'usage des sens. Le fait d'avoir des sensations olfactives, gustatives, visuelles. J'avais perdu en un moment l'usage de mes sens, toutes mes facultés, la possession de moi-même, la raison, à cause d'une femme (A. France, Vie fleur, 1922, p. 527).Je reprends difficilement l'usage de mes sens. Mes yeux me pèsent (...). Quelque part, très loin de moi, les choses de la vie s'agitent (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 63).
2. Utilisation, emploi de quelque chose; possibilité de se servir de quelque chose. L'usage des baïonnettes est une atrocité (Robesp., Discours, Subsist., t. 9, 1792, p. 111).Il fourrait, après usage, sa serviette dans la ceinture de son pantalon (Barbusse, Feu, 1916, p. 146).
Faire usage de qqc. Utiliser, employer. Synon. se servir de.Faire usage de la force, de son (bon) droit, de son autorité; faire usage de fausses pièces, de faux noms; faire usage de faux. (Il s'assied et ouvre le livre) Il n'en avait pas fait grand usage, ce me semble (...) Les feuilles sont collées les unes aux autres (Dumas père, Margot, 1845, iii, 8etabl., 7, p. 116).Les gendarmes avaient dû faire usage de leurs armes (Camus, Peste, 1947, p. 1308).
Faire bon, mauvais usage de qqc. Se servir de quelque chose de manière efficace, conforme ou non; utiliser, employer quelque chose à de bonnes fins ou à des fins condamnables. Les dangers de la systématisation ont été souvent mis en lumière (...) C'est un risque inhérent au système (...) que d'en faire mauvais usage, c'est-à-dire de ne pas tenir compte de tous les faits ou de les violenter pour faire entrer de force dans la construction ceux qui ne s'y plieraient pas volontiers (Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 57).
Mettre en usage. Se servir de quelque chose, mettre en action un procédé, quelque chose afin d'obtenir un résultat déterminé. Synon. employer, mettre en œuvre*, utiliser.Mettre tout en usage pour. La jeune coquette avait beau s'éventer gracieusement, sourire à des jeunes gens qui la saluaient et mettre en usage les ruses dont se sert une femme pour cacher son émotion, la douairière (...) savait lire dans son cœur et dans sa pensée (Balzac, Paix mén., 1830, p. 332).
À l'usage. Lors de l'utilisation, de l'emploi (de quelque chose). Je verrais vite, à l'usage, qu'elle s'essouffle, ainsi que mon corps, beaucoup plus vite (Gide, Journal, 1944, p. 260).
Faire beaucoup d'usage, faire de l'usage. Pouvoir être utilisé longtemps. Synon. durer.Chaussures, vêtements qui font de l'usage. P. plaisant. [À propos de qqn] L'insolent trépas de mon père avait désobligé les Schweitzer (...) Pour n'avoir su ni le prévoir ni le prévenir, ma mère fut réputée coupable: elle avait pris, à l'étourdie, un mari qui n'avait pas fait d'usage (Sartre, Mots, 1964, p. 9).
En usage, d'usage. Habituellement employé, couramment utilisé. Être encore en usage; sorti d'usage, de l'usage. Il existe encore un code de la morale et un répertoire des valeurs morales, restés en usage dans la bourgeoisie même (Aymé, Confort, 1949, p. 62).
Hors d'usage. [En parlant de qqc.] Qui ne peut plus être utilisé du fait de sa vétusté; qui ne peut plus produire l'effet attendu; qui ne fonctionne plus. Synon. désuet, obsolète, usé.Machine, pièce, ustensile hors d'usage. Des berlines hors d'usage traînaient (Zola, Germinal, 1885, p. 1239).P. plaisant. [À propos de qqn] Se sentir hors d'usage pour cette grande action qui va s'engager; d'intelligence non tant diminuée peut-être qu'alentie (Gide, Journal, 1943, p. 225).
À usage + adj., à usage de + subst.Destiné à être utilisé de façon précise, spécifique. Médicament à usage interne, externe; locaux à usage commercial, à usage d'habitation. L'agencement [de l'école maternelle] apparaît impropre à l'usage domestique, à la vie ordinaire: dans l'air, dans l'odeur, la couleur (...) il y a une incrustation de discipline (Frapié, Maternelle, 1904, p. 40).Lorsque j'aperçois sur un flacon pharmaceutique la mention « poison » ou « réservé à l'usage externe » (...) je songe (...) à notre première tentative d'assassinat (Bazin, Vipère, 1948, p. 185).
Avoir l'usage de qqn/qqc. Avoir la possibilité, le loisir d'utiliser quelque chose, de disposer de quelque chose; bénéficier des services de quelqu'un. Il m'est resté l'usage de la chambrière (Colette, Képi, 1943, p. 196).Ils avaient l'usage de la cuisine (...) et ils pouvaient s'y tenir toute la journée (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 210).
À, pour l'usage de. Destiné à être utilisé par une personne ou par une catégorie de personnes; qui est fait spécifiquement à l'intention d'une personne ou d'une catégorie de personnes. La soie était exclusivement réservée aux princes et aux personnages de la plus haute distinction; le camelot et la bure étaient à l'usage de la bourgeoisie et du peuple (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 257).Et comme Gabriel et Gridoux s'esclaffaient, elle ajouta pour leur usage et agrément: C'en est encore une que j'ai trouvée dans les Mémoires du général Vermot (Queneau, Zazie, 1959, p. 231).
C. − Dans le domaine du lang.
1. Fait de réaliser dans le discours, par la parole les éléments du langage. Faire usage d'une expression, d'une locution, d'un mot; expression, mot sorti(e) de l'usage, hors d'usage. Le mot aujourd'hui en usage est assez récent [charcutier], et récent aussi le verbe charcuter, qui n'a pu être fait qu'à un moment où ses éléments n'avaient plus de sens direct (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 145).
2. (Mise en œuvre de l')ensemble des règles qui caractérisent la langue effectivement pratiquée par la majorité des usagers d'une communauté linguistique, correspondant à un groupe social donné et à un moment déterminé. Usage écrit, oral; usage ancien, contemporain; usage courant, familier, littéraire, populaire, soutenu.
Le bon usage. Ensemble des prescriptions constituant un modèle socioculturel. Homme d'honneur, parole d'honneur, affaire d'honneur, ce sont là des locutions à demi-mortes et dont on ne voit pas facilement par quoi la langue de l'usage actuel les remplace. J'entends: la langue de l'usage actuel vrai, car il faut avouer que ce que nous nommons entre nous le bon usage, n'est guère, hélas, qu'une conception de notre Académie (Valéry, Variété IV, 1938, p. 170).
Orthographe d'usage. V. orthographe A 2.
Vx. Le bel usage. Usage qui présente les qualités esthétiques à la mode. Souvent (...) je me suis servi du mot propre. Rien ne choque davantage le bel usage du dix-neuvième siècle (Stendhal, Prom. ds Rome, t. 1, 1829, p. 40).
L'usage. L'utilisation effective du langage. L'usage est le maître de la langue. L'Académie a le Dictionnaire de l'usage qui comprend les termes et acceptions légitimes qui ont cours et vogue depuis deux siècles et de nos jours (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 5, 1863, p. 245).
Prononc. et Orth.: [yza:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1155 « pratique généralement reçue, coutume » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 6385); b) 1261 usaiges de Borgoingne (Charte ds Hist. génér. et part. de Bourg., II, XXVI, éd. 1739 ds Gdf.); c) 1601 (Charron, Sagesse, p. 523: selon l'usage du monde); d) 1654 l'usage de la Cour (Guez de Balzac, Dissertations chrét. et mor., p. 302); 2. a) 1remoit. xiiies. « manière d'être (d'une personne) » (Audefroid le Bastard, éd. A. Cullmann, XIII, 9); b) 1360 (Arch. Nord, B 10285 fol. 4: Se femme et se fille avoient usage de prendre pain et farine au fil Hanciniaul). B. 1. a) Fin xiies. « emploi de quelque chose, fait de se servir de quelque chose » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, 60, 38); b) 1547 « fonction particulière » (J. Martin, Arch. Vitruve, p. 6 vo: il faut accomoder le bastiment a l'usage); 2. 1370 avoir usage de raison (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 183); 3. 1538 hors d'usage (Est., s.v. aboleo); 4. a) 1370 (Oresme, op. cit., p. 146: en latin « mos » c'est coutume et « moralis » c'est moral; mais en françois ces mos « meur » et « moral » ne sont pas en usage commun); b) 1549 (Du Bellay, Deffence et illustration, éd. H. Chamard, p. 35: commun usaige de parler; p. 143: le moderé usaige de telz vocables); c) 1579 (H. Estienne, Precellence, éd. E. Huguet, p. 190: appliquer une particule latine à divers usages; p. 168: [vocables] qui toutefois ne sont en usage qu'en certains endroits de la France [...] l'usage des dialectes); d) 1652 (Guez de Balzac, Socrate Chrestien, p. 247: le bon usage ne l'a point receû [le mot sectaire]). C. 1. a) Ca 1245 usages « impôts, redevances » (Philippe Mousket, Chron., éd. Reiffenberg, 2530); b) 1338 « usufruit » (26 av., Arch. Montjeu ds Gdf.); 2. 1316-28 droit d'usage (Ovide Moralisé, éd. C. de Boer, t. 2, p. 325). Dér. du lat. usus (v. us); suff. -age*; cf. lat. médiév. usagium (xiies. ds Latham) et usaticus (xes., ibid.). Fréq. abs. littér.: 7 079. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 16 559, b) 7 660; xxes.: a) 6 523, b) 7 947. Bbg. Klinkenberg (J.-M.). Les Niveaux de lang. et le filtre du « bon usage ». Fr. mod. 1982, t. 50, pp. 52-61.

Wiktionnaire

Nom commun - français

usage \y.zaʒ\ masculin

  1. Coutume ; pratique reçue.
    • Il aimait fort les chansons de table ; et en cela il n'est pas blâmable, car depuis qu'elles ne sont plus d’usage le Français a beaucoup perdu de sa gaîté. — (Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Biographie ardennaise ou Histoire des Ardennais, Paris, 1830, vol.2, p.13)
    • Comme les chorfa descendent du Prophète, ils appartiennent à la plus pure noblesse musulmane, et leur illustre ascendance, par un usage spécial au Maghreb, leur vaut les plus extraordinaires avantages. — (Eugène Aubin, Le Maroc dans la tourmente : 1902-1903, Librairie Armand Colin, 1904, rééd. Éditions Paris-Méditérannée, 2004, page 322)
    • […], on chercha, dans le Midi, à les déposséder des biens immeubles qu'ils détenaient en vertu d’usages très anciens. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • […] il était reproché à un charcutier d'avoir confectionné des produits de charcuterie, en l'espèce saucissons, saucisses ou godiveaux, contenant des matières grasses supérieures à un taux de 50%, ce qui l'avait mis en l'état infractionnel, eu égard aux usages locaux, loyaux et constants. — (Revue trimestrielle de droit commercial, volume 20, éd. Sirey, 1967, page 304)
    • L’usage coutumier et les habitudes traditionnelles ont régi les relations commerciales et les transactions en affaires. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, page 64)
  2. (Désuet) Habitude, pratique particulière.
    • Il a l’usage de dîner de bonne heure.
  3. Connaissance pratique acquise par l’expérience.
    • Il avait été formé par un long usage à la vie de cour.
  4. (Désuet) Expérience de la société, habitude d’en pratiquer les devoirs, d’en observer les règles.
    • Manquer d’usage.
    • C’est un homme qui a beaucoup d’usage, qui a peu d’usage.
    • Il n’avait guère d’usage. Il ne savait comment partir. — (Pierre Benoit, Mademoiselle de la Ferté, Albin Michel, 1923, Cercle du Bibliophile, page 46)
  5. Emploi d’une chose.
    • On note une prédominance à l'emploi des réseaux alternatifs et à l’usage généralisé du triphasé 200 V/400 Hz. — (Alain Caillot, Systèmes d’alimentation pour équipements électroniques, Techniques de l'Ingénieur, n° E 3 620, page 3)
    • Les CRS ont fait usage de la force pour expulser les sans-papiers.
    • Le bon, le mauvais usage des richesses.
    • A quel usage destinez-vous cela ?
  6. (Par extension) Utilité, possibilité d’emploi d’une chose.
    • Cela ne m’est plus d’aucun usage.
    • Bréviaire à l’usage de Paris, de Rome.
    • L’usage de la parole.
  7. Emploi qu’on fait des mots de la langue, tel que la coutume l’a réglé.
    • L’usage est l’arbitre souverain des langues.
    • Seulement, remarquez bien ceci, l’Académie, même à cette époque où elle était si franchement réformiste, ne devançait pas l’usage ; elle le suivait. — (Émile Faguet, Simplification simple de l’orthographe, 1905)
    • Ce terme n’a d’usage, n’est en usage que dans le style familier.
    • Le plus grand usage de ce mot est dans le style soutenu.
  8. Emploi personnel qu’on fait des mots.
    • L’usage qu’il a fait de cette expression est heureux.
    • Habile écrivain, il a fait de ce moi un usage inattendu, tout nouveau.
    • Vous faites des mots un usage vicieux.
    • L’Académie ne prétend pas régler l’usage de chaque mot, elle indique l’usage qu’on en fait.
  9. (Droit) Usufruit, droit de se servir personnellement d’une chose dont la propriété est à un autre.
    • En vendant sa bibliothèque, il s’en est réservé l’usage sa vie durant.
    • Les droits d’usage s’établissent et se perdent de la même manière que l’usufruit.
    1. (Droit) Droit qu’ont les voisins d’une forêt ou d’un pacage d’y couper le bois qui leur est nécessaire, ou d’y mener paître leur bétail.
      • J’ai mon usage dans tel bois.

Note :

Dans le sens « emploi d’une chose », usage est souvent remplacé par « utilisation », hormis précédé de « bon », « mauvais », et dans « faire usage de ».
Fais-en bon usage.
L’utilisation de cet adjectif par l’auteur n’est pas innocent.

Note :

Ne pas confondre usage avec usure.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

USAGE (u-za-j') s. m.
  • 1Action d'user de, emploi de. Je ne hais point la vie, et j'en aime l'usage, Corneille, Poly. v, 2. Soumission et usage de la raison, en quoi consiste le vrai christianisme, Pascal, Pens. XIII, 2 bis, éd. HAVET. Un peu de patience m'apprendra tout ; mais vous savez que c'est une vertu qui n'est guère à mon usage, Sévigné, 101. Comme je ne sais point l'usage d'une grande chaise, Sévigné, 13 nov. 1675. Mais ce qui couronne la vie de cette princesse [Marie-Thérèse], c'est qu'elle fut toujours égale ; mêmes vertus… même usage des sacrements, mêmes principes, mêmes règles, Fléchier, Mar.-Thér. Vous avez vu cent fois nos soldats en courroux Porter en murmurant leurs aigles devant vous [Agrippine] ; Honteux de rabaisser par cet indigne usage Les héros dont encore elles portent l'image, Racine, Brit. IV, 2. Je demeurai sans voix, et n'en repris l'usage Que par mille sanglots qui se firent passage, Racine, Iphig. I, 1. Non-seulement toutes les viandes cuites avec des ragoûts par des cuisiniers, mais encore le vin, le pain, le sel, l'huile, le lait et tous les autres aliments ordinaires ne pouvaient être de son usage [de Pygmalion], Fénelon, Tél. VIII. Il est moins rare de trouver de l'esprit que des gens qui se servent du leur, ou qui fassent valoir celui des autres et le mettent à quelque usage, La Bruyère, II. Laissant à Elvire les jolis discours et les belles-lettres qu'elle met à tous usages, La Bruyère, XII. Son péché renfermait plusieurs désordres ; premièrement un injuste usage de son cœur, qui n'avait jamais été occupé que des créatures, Massillon, Carême, Pécheresse. Quand il s'agit d'une langue vivante, le chemin de l'usage est plus court que celui des préceptes, D'Olivet, Rem. Rac. 81. Le duc de Montausier a réellement fait commenter les meilleurs auteurs latins à l'usage du Dauphin, qui n'en faisait aucun usage, Voltaire, Dict. phil. Aristée. Je vous remercie, madame, de l'avis que vous voulez bien me donner ; on me le donne de toutes parts ; mais il n'est pas de mon usage, Rousseau, Lett. à Mme de Créqui, 7 juin 1762. Pourquoi ? dans quel dessein ? parlez : à quel usage ? Ducis, Othello, v, 4. Il fut [Leibnitz] chargé par M. de Montausier de l'édition de Martius Capella, à l'usage du Dauphin, Diderot, Opin. des anc. philos. (Leibnitzianisme).

    Mettre en usage, faire usage, employer. Il met tout en usage, et prière et menace, Corneille, Poly. I, 1. Il n'y a sorte de calomnie que vous n'ayez mise en usage, Pascal, Prov X. Ah ! qu'il [Pompone] fait un bon usage de sa disgrâce ! Sévigné, 12 juin 1680. Ma fille, il y a des femmes qu'il faudrait assommer à frais communs… la perfidie, la trahison… sont les qualités dont elles font l'usage le plus ordinaire, Sévigné, 28 août 1680. C'est une femme aimable [Mme de la Fayette]… et que vous aimiez dès que vous aviez le temps d'être avec elle, et de faire usage de son esprit et de sa raison, Sévigné, 4 janv. 1690. Il n'y a point d'autre parti à prendre que de les souffrir chrétiennement [les tribulations] ; c'est tout l'usage qu'on en doit faire, Sévigné, 20 août 1690. L'âme, déçue par sa liberté, dont elle a fait un mauvais usage, songe à la contraindre de toutes parts, Bossuet, la Vallière.

    Familièrement Ce drap fera beaucoup d'usage, il durera beaucoup ; il devient plus beau par l'usage, il prend, porté, une plus belle apparence.

    Toiles garanties à l'usage, toiles dont on garantit qu'elles dureront.

  • 2Utilité, service. Je ne connais point cette terrasse, où vous êtes toujours ; elle est d'un grand usage, puisqu'elle est à couvert de la bise, Sévigné, 564. Elle [une opinion probable] est de grand usage, Pascal, Prov. VI. Les histoires ne sont composées que des actions qui les occupent [les princes], et tout semble y être fait pour leur usage, Bossuet, Hist. Dessein général. La duplicité y est honorée [dans le monde] comme un talent d'un grand usage, Massillon, Paraphr. Ps. XXIV, V. 11.
  • 3 Terme de physiologie. Usage des organes, chacun des actes exécutés par chaque organe.
  • 4Démembrement du droit de propriété : le droit de se servir personnellement d'une chose dont la propriété est à un autre. En vendant sa bibliothèque, il s'en est réservé l'usage sa vie durant. Les droits d'usage et d'habitation s'établissent et se perdent de la même manière que l'usufruit, Code civ. art. 625. Celui qui a l'usage des fruits d'un fonds ne peut en exiger qu'autant qu'il lui en faut pour ses besoins et ceux de sa famille, ib. art. 630.
  • 5 Terme de droit administratif et forestier. Droit qu'ont les voisins d'une forêt ou d'un pacage, d'y couper le bois qui leur est nécessaire ou d'y mener paître leur bétail. On a ôté les usages aux riverains de cette forêt. J'ai droit d'usage, j'ai mon usage dans tel bois.

    Les grands usages comprenaient l'affouage, le maronage, le pâturage ou pacage, la glandée et la paisson. Les petits usages consistaient dans le droit d'enlever les branches sèches, le bois mort et le mort-bois.

  • 6Emploi ordinaire des mots, tel qu'il est dans la bouche du plus grand nombre. Que, pour cet effet [la correction de la langue], il serait bon d'établir un usage certain des mots [pour le style noble, le médiocre et le bas], Pellisson, Hist. de l'Acad. I. L'usage, je le confesse, est appelé avec raison le père des langues ; le droit de les établir, aussi bien que de les régler, n'a jamais été disputé à la multitude ; mais, si cette liberté ne veut pas être contrainte, elle souffre toutefois d'être dirigée, Bossuet, Disc. de récept. Par quelle raison ces mots de propre substance du corps et du sang sont demeurés en usage dans la réformation, Bossuet, Euchar. II, 4. Il me suffit de dire… que l'usage est contraire à tout ce que vous avez dit, et que c'est cet usage, qu'on appelle le tyran des langues vivantes, qui en juge en dernier ressort, Caillères, Mots à la mode, 2e conv. Il y a deux sortes d'usages, le bon et le mauvais, ID. ib. Le bon plaisir de l'usage, maître absolu des langues, D'Olivet, Ess. gramm. III, 1. L'usage malheureusement l'emporte toujours sur la raison ; c'est ce malheureux usage qui a un peu appauvri la langue française, et qui lui a donné plus de clarté que d'énergie et d'abondance, Voltaire, Lett. Beauzée, 14 janv. 1768. L'usage n'est pas aussi peu fondé en raison qu'ils le prétendent ; il s'établit d'après ce qu'on sent, et le sentiment est bien plus sûr que les règles des grammairiens, Condillac, Art d'écr. I, 10. Nous avons vu, en examinant les progrès des langues, que l'usage ne fixe le sens des mots que par le moyen des circonstances où l'on parle, Condillac, Connaiss. hum. II, II, 2. En matière de langue, il est une infinité de nuances imperceptibles et fugitives, qui, pour être démêlées, ont besoin, si on peut parler de la sorte, du frottement continuel de l'usage, D'Alembert, Œuv. t. IV, p. 124. Dans la manière de s'exprimer, comme dans celle de se vêtir, l'usage diffère de la mode, en ce qu'il a moins d'inconstance, Marmontel, Œuv. t. x, p. 406.

    Phrases d'usage, phrases toutes faites qu'on échange dans la conversation. Des phrases d'usage dont on se paye réciproquement, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 7 oct. 1760.

    Emploi particulier qui se fait des mots. L'usage qu'il a fait de ce mot est heureux. L'usage vicieux de cette locution. Cet usage du mot de sceptre se trouve à toutes les pages de l'Écriture, Bossuet, Hist. II, 2.

  • 7Pratique reçue généralement. Je viens, selon l'usage antique et solennel, Célébrer avec vous la fameuse journée Où sur le mont Sina la loi nous fut donnée, Racine, Athal. I, 1. Quoi ? mes frères, ce serait un délassement pour nous de voir la religion anéantie, les maximes de Jésus-Christ effacées, Dieu inconnu, les désordres devenus des usages, Massillon, Confér. Conduite des clercs dans le monde. On n'offense jamais plus les hommes que lorsqu'on choque leurs cérémonies et leurs usages, Montesquieu, Rom. 11. Vous êtes fou… quoi ! le public, l'usage ! - Le comte : L'usage est fait pour le mépris du sage, Voltaire, Nanine, I, 1. Des usages méprisables ne supposent pas toujours une nation méprisable, Voltaire, Dict. phil. Usage. L'usage est le maître de tout, Voltaire, Louis XIV, 13. Y a-t-il une plus exécrable tyrannie que celle de verser le sang à son gré, sans en rendre la moindre raison ? ce n'est pas l'usage, disent les juges ; eh, monstres ! il faut que cela devienne l'usage, Voltaire, Lettre à d'Argental, 5 juillet 1762. C'est le sort des usages établis, de subsister encore après que les besoins qui les ont fait naître ont cessé, Condillac, Conn. hum. II, I, 2. Il est certain que les anciennes monarchies se sont gouvernées par des usages plutôt que par des lois, Condillac, Hist. anc. Lois, 7. On dit les usages d'un corps et la coutume d'un pays, D'Alembert, Œuv. t. III, p. 294. L'exemple seul amène lentement les nouveaux usages, et, pour les faire admettre, il faut que les faits prouvent que ce qui est aujourd'hui vaut mieux que ce qui était hier, Toulongeon, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. III, p. 110. Nos usages et même notre luxe ne sont pas poétiques, Staël, Corinne, XV, 8.

    L'usage ordinaire, ce qui se fait habituellement dans la vie. Dans l'usage ordinaire, la première question qu'on fait sur une femme c'est ¨ Est-elle belle ? Fontenelle, Didon, Stratonice.

  • 8Pratique particulière. Il a l'usage de dîner de bonne heure. Il veille beaucoup, c'est son usage. Il est dans l'usage de prendre, chaque année, un mois de vacance. Je sais que des sultans l'usage m'est contraire, Racine, Baj. I, 3. Du moins, s'il faut céder, si, contre notre usage, Il faut d'un suppliant emprunter le visage, Racine, Mithr. III, 1.
  • 9Habitude d'user d'une chose, de la pratiquer. En tout indifférent, tout est à son usage, Régnier, Sat. XI. Les peuples qui n'ont pas l'usage des lettres, Bossuet, Hist. II, 3. Le peu d'usage que nous avons de la prière, Massillon, Carême, Prière 1. Les armes de Saül n'étaient pesantes pour David que parce qu'il n'en avait point l'usage, Massillon, Carême, Salut. Il [l'ennemi de mon salut] a un trop long usage de me vaincre, pour que j'aille imprudemment essayer mes forces naissantes contre les siennes, Massillon, Paraphr. Ps. XVII, V. 26. Les proscriptions étaient les armes à son usage [de Philippe II, d'Espagne], Voltaire, Mœurs, 165.
  • 10Connaissance, pratique acquise par l'expérience. Les ministres de Pharaon étaient des vieillards consommés dans les affaires, et formés par un long usage, Bourdaloue, Instruct. Prudence du salut, Exhort. t. II, p. 427. Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage, Sur les yeux de César composent leur visage, Racine, Brit. v, 5. Que n'ai-je plus d'usage dans l'art de décrire des victoires et des batailles ! Massillon, Or. fun. Conti. [Le maître d'école du village] Connaît les lunaisons, prophétise l'orage, Et même du latin eut jadis quelque usage, Delille, L'homme des champs, 1.

    Absolument. Ils regardent notre ministère comme un art d'exagération et d'hyperbole, les plus saints mouvements du zèle ne sont dans leur esprit que les tours étudiés d'un artifice humain… les maximes les plus incontestables, des discours où il entre plus d'usage que de vérité, Massillon, Carême, Parole.

  • 11Usage du monde, de la vie, expérience de la société, habitude d'en pratiquer les devoirs, d'en observer les manières. Du beau monde avait quelque usage, La Fontaine, Contr. C'est un homme qui a un grand usage, une grande pratique du monde, Acad. 1762, au mot monde. La mère de Valère est maussade, ennuyeuse, Sans usage du monde, une femme odieuse, Gresset, le Méch. I, 4. Le grand usage du monde qu'il [Moncrif] avait acquis, usage qui suppose, du moins à certain degré, la connaissance des hommes, de leurs passions et de leurs travers, D'Alembert, Élog. Moncrif. On peut avec beaucoup d'usage du monde n'être qu'un sot, Genlis, Veillées du château t. I, p 431.

    Absolument. Il manque d'usage. Il a beaucoup d'usage. Il a peu d'usage. Il [Villeroy] avait cet esprit de cour et du monde, que le grand usage donne, Saint-Simon, 392, 62. Telle personne a de l'usage, D'Alembert, Œuv. t. III, p. 294.

    Avoir de l'usage, pour avoir l'usage du monde, n'est ni dans Furetière ni dans l'Académie de 1694. Elle a de l'usage, de quoi ?… on doit dire : elle a de l'usage du monde, Genlis, Mém. t. v, p. 92. Mme de Genlis attribue cette locution au langage révolutionnaire ; mais elle se trompe ; la locution est antérieure à la Révolution, témoin Saint-Simon et d'Alembert.

  • 12 Au plur. Ancien terme de librairie. Livres pour le service divin, tels que bréviaires, rituels, etc.

    PROVERBE

    Usage rend maître, on devient maître, habile, en pratiquant beaucoup une chose.

REMARQUE

Au mot monté, l'Académie, au lieu de dire : il est dans l'usage de faire, dit : en usage de faire. Pautex blâme cette locution, à tort. Disant être dans l'usage de faire, il n'y a aucune raison pour ne pas dire être en usage de faire.

SYNONYME

USAGE, COUTUME. Suivant l'étymologie propre à chacun de ces mots, usage exprime la manière d'user, de se servir des choses de la vie ; et coutume, les habitudes que l'on a de faire telle ou telle chose. Mais on dit indistinctement : c'est la coutume, ou c'est l'usage.

HISTORIQUE

XIIe s. Je l'aim et serf et aor [adore] par usage [par habitude] ; Si ne li os [ose] mon penser descouvrir, Couci, XI.

XIIIe s. La diference qui est entre coustume et uzage, si est que toutes coustumes font à tenir ; mais y a tex [tels] usages que qui vaurroit [voudrait] pledier encontre et mener dusques à jugement, li uzaiges seroit de nule valeur, Beaumanoir, XXIV, 3. Et li commanda que tout cil Qui venissent à Aix manoir, De tous usages [impôts] fusent franc, Du Cange, usaticum. Car tel sont li usaige Qu'on ne peut mais, sans demant, rien trouver, Quesnes, Romancero, p. 84. Li rois et la roïne ont perçu vostre usage [manière d'être], Et bien dient entr'eus que [vous] n'estes mie sage, Audefroi le Bastard, ib. p. 14. Dame qui maine tel usage Le faucon resamble ramage, Lai du conseil. Enfant sont de parler vo lage, Se bien ne sont apris d'usage, ib. Ele avoit ung mauvès usage, Qu'ele ne pooit ou visage Regarder riens de plain en plaing, la Rose, 283. Ne n'an puet cil husage avoir, Liv. de jost. 56.

XIVe s. En françois ces mos meur et moral ne sont pas en usage commun, Oresme, Éth. 33. Et se il avenist que pour ce il perdist usage de raison, Oresme, ib. 25.

XVe s. Le suppliant depuis se mist à bon usaige [s'amenda], Du Cange, usagium.

XVIe s. Pourquoy m'alleguez vous l'usage Et la coustume… ? Marot, IV, 163. J'ay trouvé la fontaine, on m'en oste l'usage ; J'ay cultivé la plante, un autre a le fruitage, Desportes, Diverses amours, XXVI. L'usage des viandes salées, Montaigne, I, 20. L'utilité du vivre est en l'usage [façon d'user], Montaigne, I, 88. J'advisay d'en tirer quelque usage, Montaigne, I, 95. Cela ostoit tout usage d'armes et de membres, Montaigne, I, 362. Simple usage en forest n'emporte que mort bois et bois mort, Loysel, 251. Depuis, ceste parole est demourée en usage entre les Grecs, comme un proverbe commun, Amyot, Pélop. 20. La tempeste l'a prinse [la nef], et faut beaucoup d'usage Pour la mener au port entiere du naufrage, Ronsard, 709.

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Étymologie de « usage »

Berry, urage, terre communale ; wallon, uzeg ; prov. usatge ; espagn. usage ; ital. usaggio ; du bas-lat. usaticum, dérivé de usus, usage.

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 Dérivé de user, avec le suffixe -age.
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Phonétique du mot « usage »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
usage yzaʒ

Fréquence d'apparition du mot « usage » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « usage »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « usage »

  • Qui prête son aiguille sans gage en perd l’usage.
    Proverbe limousin
  • Dalf a appris, avec les surréalistes, à faire usage du tract et du manifeste, à répandre rapidement et fortement idées, programmes, attaques et justifications en tous genres.
    Salvador Dalí — Lettres à Picasso
  • Politesse : usage hors d'usage.
    Romain Coolus
  • Moisson : usage de faux.
    Léo Campion
  • Mémoire et usage, rendent l'homme sage.
    Proverbe français
  • Conseil. Petite monnaie d'usage courant.
    Ambrose Bierce — Le Dictionnaire du diable
  • Beau projet et drap neuf rétrécissent à l’usage.
    Proverbe scandinave
  • Le 25 juillet, le premier ministre Jean Castex a annoncé la généralisation, en septembre, de l’amende forfaitaire pour usage de stupéfiants. Objectif : lutter contre les trafics. Dans l’agglomération lilloise, ce dispositif est expérimenté depuis le 16 juillet. Mais il a tardé à s’appliquer. Pour les policiers, il s’agit d’un outil de plus aux effets limités.
    La Voix du Nord — Dans la métropole lilloise, les débuts laborieux de l’amende pour usage de cannabis
  • Chaque usage a sa raison.
    Michel de Montaigne
  • L'usage du temps exclut la fantaisie.
    Pierre Kyria — Pierrot des solitudes
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Traductions du mot « usage »

Langue Traduction
Anglais use
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Italien uso
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Synonymes de « usage »

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Usage

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