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Tragédie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin tragédie tragédies

Définitions de « tragédie »

Trésor de la Langue Française informatisé

TRAGÉDIE, subst. fém.

A. − HIST. LITTÉR.
1. ANTIQ. GR. Œuvre lyrique et dramatique mettant en scène des acteurs masqués dialoguant et un chœur chantant, dont le sujet, propre à exciter la terreur ou la pitié, était emprunté à la mythologie ou à l'histoire; genre dramatique auquel appartient ce type de pièce. Melpomène, muse de la tragédie; les tragédies d'Eschyle, d'Euripide, de Sophocle. À l'épopée la tragédie emprunte sa matière: la geste des grands héros légendaires (Encyclop. univ.t. 161973, p. 234):
... s'il est vrai qu'« il n'y a pas de théâtre sans un secret qui se révèle », comme dit Ionesco, ce secret est celui-là même que la tragédie grecque produisait devant les spectateurs: l'homme souffre au sein du bonheur, l'homme chute au sein de la grandeur, l'homme meurt au sein de la vie... J.-M. Domenach, Le Retour du tragique, 1967, p. 276.
Tragédie latine. Adaptation des tragédies grecques. Par l'intermédiaire de la tragédie latine de collège, c'est de Sénèque que sortira toute la tragédie classique en France (Brasillach, Corneille, 1938, p. 44).
2. Pièce de théâtre dont le sujet est analogue. Tragédie espagnole, italienne. Dans plusieurs tragédies on met un tyran, comme une espèce de machine qui est la cause de tout (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 51).C'est cela qui est commode dans la tragédie (...). C'est minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts et les éclats, et les orages et les silences (...) C'est propre, la tragédie. C'est reposant, c'est sûr (...) parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir (Anouilh, Antig., 1946, p. 165).
En partic. [En France aux xviieet xviiies.] Œuvre dramatique en vers, dont la composition est soumise à des règles strictes (les trois unités), qui met en scène des personnages illustres, tirés de l'Antiquité grecque ou romaine, qui fait reposer l'action sur des conflits passionnels dans lesquels les personnages sont déchirés et implacablement entraînés vers une catastrophe ou un destin désastreux. Tragédies de Corneille, de Racine; admirable, belle tragédie; confident, princesse de tragédie. Une tragédie racinienne est en un sens toujours la même tragédie. Qui est proprement la tragédie racinienne (..) comme une série linéaire de chefs d'œuvre (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 783).La tragédie classique, par ses vers d'allure épique, figure bien ce progrès des passions et des actions que rien n'arrête (...). Ainsi marche le destin (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 145).
3. Manière de traiter ce genre littéraire. Tragédie héroïque, morale, musicale, politique, sacrée. Qu'est-ce que la tragédie romantique? Je réponds hardiment: C'est la tragédie en prose qui dure plusieurs mois et se passe dans des lieux divers (Stendhal, Racine et Shakspeare, t. 1, 1825, p. 80).
P. anal. Tragédie lyrique. ,,Opéra dont le sujet est tragique`` (Mus. 1976).
4. Drame. Tragédie bourgeoise; les tragédies de Shakespeare. Une édition de Shakespeare (...) contient des résumés et des extraits des tragédies les plus célèbres: Hamlet, Othello, Antoine et Cléopâtre (Green, Moïra, 1950, p. 189).
B. − Au fig.
1. Événement ou enchaînement d'événements terribles, funestes, dont l'issue est fatale. Synon. drame.Tragédie effroyable; cruelle tragédie. Ce long drame qui s'ouvre par un meurtre et qui se dénoue par un meurtre; véritable tragédie où rien ne manque, ni les passions, ni les caractères, ni cette sombre fatalité qui était l'âme de la tragédie antique, et qui donne aux accidents de la vie réelle tout le grandiose de la poésie (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 59).Alors l'officier prit le parti de tuer un des fantassins, et fut aussitôt tué lui-même. Cette tragédie courte est belle à comprendre (Alain, Propos, 1923, p. 537).
Tourner en tragédie. Devenir un désastre. Est-ce que par hasard la bouffonnerie diplomatique des Balkans tournerait en tragédie, et aboutirait à la guerre? (Jaurès, Eur. incert., 1914, p. 95).
2. Aventure difficile, douloureuse, pleine de déboires et de risques. Tragédie humaine. Ces liens très étroits [de la famille] créent mille drames. Le Français aime la tragédie, les voies difficiles, les aspérités qui aiguisent l'esprit et déchirent le cœur (Chardonne, Éva, 1930, p. 57).
3. Caractère d'une chose funeste et implacable. Tragédie de l'amour, de la mort, de la déportation, de la famine, de la mine. Ces rayonnements si étranges par leur nature, et que l'on ne peut ni sentir ni voir, se sont véritablement fait connaître au monde par la tragédie d'Hiroshima et l'accident des pêcheurs japonais de 1954 (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 222).
P. métaph. Chez Rembrandt, le principal intérêt du tableau n'est pas l'homme, mais la tragédie de la lumière mourante (...) combattue incessamment par l'envahissement de l'ombre (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 305).
Prononc. et Orth.: [tʀaʒedi]. Ac. 1694, 1718: tragedie; dep. 1740: tragédie. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1300 « poème dramatique » (Jean de Meun, trad. Boèce, Consolation, éd. V. L. Dedeck-Héry, II P 2, p. 189); 1370 (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 137: es tragedies); b) 1876 expr. jouer la tragédie « user de feintes propres à exciter la pitié ou un autre sentiment tragique » (Lar. 19e, citant G. Sand, s. réf.); 2. 1552 « événement ou ensemble d'événements tragiques » (Rabelais, Quart-Livre, éd. R. Marichal, prol., p. 21: voyez vous quelles tragedies sont excitées par certains Pastophores?); 3. 1553 « genre dramatique » (Ronsard, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 5, p. 63, 144: [Jodelle] Pour avoir d'une voix hardie Renouvellé la Tragedie). Empr. au lat.tragœdia « la tragédie »; plur. « effets oratoires, mouvements pathétiques; déclamations; grands mots », et celui-ci au gr. τ ρ α γ ω δ ι ́ α « chant du bouc », c'est-à-dire « chant religieux dont on accompagnait le sacrifice d'un bouc aux fêtes de Bacchus; chant ou drame héroïque, tragédie; récit dramatique et pompeux; événement tragique; action de jouer la tragédie », dér. de τ ρ α γ ω δ ο ́ ς « qui chante ou danse pendant l'immolation du bouc aux fêtes de Bacchus »; p. ext. « qui chante ou danse dans un chœur de tragédie, acteur tragique, poète tragique », comp. de τ ρ α ́ γ ο ς « bouc » et -ω δ ο ς, issu de α ̓ ε ι ́ δ ω « chanter » (v. Chantraine). Fréq. abs. littér.: 1 982. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 086, b) 1 976; xxes.: a) 1 724, b) 2 846. Bbg. Girdlestone (C.). La Tragédie en mus. considérée comme genre littér. Genève, 1972, 423 p. − Quem. DDL t. 11, 21.

Wiktionnaire

Nom commun - français

tragédie \tʁa.ʒe.di\ féminin

  1. (Théâtre) Pièce de théâtre qui offre une action héroïque et met en scène des personnages illustres. Elle excite la terreur et la pitié, et se termine par la mort ou un quelconque autre destin pathétique des principaux personnages.
    • Platon, le divin Platon, n'était en verve que lorsqu'il était en pointe de vin. Ennius ne travaillait jamais à son poème héroïque, que Bacchus ne l'eût réconforté, et Alcée n'écrivait ses tragédies que lorsqu'il était ivre. — (C. de Méry, Histoire générale des proverbes, adages, sentences, apophtegmes, vol. 3, Paris : chez Delongchamps, 1829, page 165)
    • L’individu doit être transformé en quelque chose d’impersonnel ; voilà ce que se propose la tragédie ; elle veut qu’il désapprenne l’épouvante qu’inspirent à chacun la mort et le temps ; car dans le moment le plus fugitif de son existence il peut lui arriver quelque chose de saint qui l’emporte infiniment sur toute espèce de lutte et de souffrance ! Et c’est là ce qui s’appelle avoir le sentiment tragique. — (Nietzsche, Richard Wagner à Bayreuth, trad. Baumgartner, 1877)
    • Je demande quelque chose qui m’exalte, qui m’enlève aux misères de ce monde !
      Et Pécuchet, porté à l’idéal tourna Bouvard, insensiblement vers la Tragédie.
      Le lointain où elle se passe, les intérêts qu’on y débat et la condition de ses personnages leur imposaient comme un sentiment de grandeur.
      Un jour, Bouvard prit
      Athalie, et débita le songe tellement bien, que Pécuchet voulut à son tour l’essayer. […]
      Ce qui leur plaisait de la Tragédie, c’était l’emphase, les discours sur la Politique, les maximes de perversité.
      — (Flaubert, Bouvard et Pécuchet, 1881)
    • Les tragédies de Sophocle, d’Euripide, de Corneille, de Racine, Les tragédies composées par ces auteurs.
    • Les tragédie d’Œdipe, de Cinna, de Brutus, Les tragédies dont Œdipe, Cinna, Brutus sont respectivement le héros, et auxquelles ils donnent leur titre.
  2. Genre tragique.
    • Le peuple souvent a le plaisir de la tragédie : il voit périr sur le théâtre du monde les personnages les plus odieux, qui ont fait le plus de mal dans diverses scènes, et qu'il a le plus haïs. — (La Bruyère, Les Caractères, 1688)
    • En France, la tragédie a atteint la perfection au XVIIe siècle.
    • Les chefs- d’œuvre de la tragédie grecque sont éternels.
    • Cet acteur excelle dans la tragédie.
  3. (Figuré) Événement funeste.
    • Celui qui plane sur les plus hautes montagnes se rit de toutes les tragédies de la scène et de la vie. — (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1883, trad. H. Albert, 1898)
    • Lentement, irrésistiblement, avec ampleur, Bert se rendit compte de l’immense tragédie qui ébranlait l’humanité, et au milieu de laquelle s’écoulait sa petite existence ; il comprit qu’arrivait une époque où l’univers se désorganisait effroyablement, où c’en était fini de la sécurité, de l’ordre, de l’habitude… — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910)
    • Les tragédies de l’Histoire révèlent les grands hommes : mais ce sont les médiocres qui provoquent les tragédies. — (Maurice Druon, Les Rois maudits, tome 7, Quand un roi perd la France, Introduction, 1977)
    • Mais aussi parce que nous nous trouvons à la veille d’une tragédie. L’angoisse monte, celle de perdre nos proches, ou simplement celle de mourir. — (Michel Eltchaninoff, « Carnet de la drôle de guerre », dans la newsletter du 21/03/220 de Philosophie Magazine.)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TRAGÉDIE. n. f.
Pièce de théâtre qui offre une action importante et des personnages illustres, qui est propre à exciter la terreur ou la pitié, et qui se termine ordinairement par un événement funeste. Composer, représenter une tragédie. Cet acteur est admirable dans la tragédie. Les tragédies de Sophocle, d'Euripide, de Corneille, de Racine, Les tragédies composées par ces auteurs. La tragédie d'Œdipe, de Cinna, de Brutus, La tragédie dont Œdipe, Cinna, Brutus est le sujet et à laquelle il a donné son nom.

TRAGÉDIE se dit aussi du Genre tragique. La tragédie a atteint son plus haut point de perfection en France au XVIIe siècle. Les chefs-d'œuvre de la tragédie grecque. Cet acteur excelle dans la tragédie. Il se dit figurément d'un Événement funeste. Il s'est passé d'horribles tragédies dans cette cour. Il est à craindre que cette affaire ne finisse par quelque tragédie.

Littré (1872-1877)

TRAGÉDIE (tra-jé-die) s. f.
  • 1Pièce de théâtre en vers, dans laquelle figurent des personnages illustres, dont le but est d'exciter la terreur et la pitié, et qui se termine ordinairement par un événement funeste. Le bonhomme Pyrante disait que vous étiez en philosophie, qu'il n'était encore qu'en cinquième, et qu'à la tragédie du collége il jouait Cupidon quand vous représentiez l'empereur, Hauteroche, Crispin méd. I, 1. La première de toutes les tragédies françaises est la Cléopâtre de Jodelle ; elle est d'une simplicité fort convenable à son ancienneté, Fontenelle, Hist. Théât. fr. Œuv. t. III, p. 52. Il faut toujours dans une tragédie, que l'on craigne, qu'on espère à chaque scène, Voltaire, Lett. d'Argental, 18 nov. 1768. Nous apprenons qu'il s'élève une petite secte de barbares qui veut qu'on ne fasse désormais des tragédies qu'en prose, Voltaire, Dict. phil. Rime. De tous les plaisirs de l'âme, je tiens que le premier est une tragédie bien jouée, Voltaire, Lett. Landgr. Hesse-Cassel, 7 avr. 1764. On fait une tragédie, ma chère nièce, en trois semaines, il n'y a rien de plus aisé ; mais, en trois semaines, on ne l'achève pas, Voltaire, Lett. Mme de Fontaine, 11 juin 1761. J'avais cru que Racine serait ma consolation [à son commentaire sur Corneille] ; mais il est mon désespoir ; c'est le comble de l'insolence de faire une tragédie après ce grand homme-là, Voltaire, Lett. d'Argental, 25 févr. 1763. Une tragédie est une expérience sur le cœur humain ; et cette expérience ne réussit pas toujours, même entre les mains des plus habiles, Condorcet, Vie de Voltaire. Euclide avait tâché de réunir toutes les tragédies, comédies et satyres que depuis près de deux cents ans on a représentées sur les théâtres de la Grèce et de la Sicile ; il en possédait environ trois mille, Barthélemy, Anach. ch. 80. Mon petit neveu, vous me garderez une loge pour votre tragédie de société ; je me sens en train de rire, Picard, Vieille tante, I, 7.

    Les tragédies de Sophocle, de Corneille, de Racine, etc. les tragédies composées par ces poëtes.

    La tragédie de Cinna, d'Athalie, etc. la tragédie dont Cinna, Athalie, etc. est le sujet. Le roi et toute la cour sont charmés de la tragédie d'Esther, Sévigné, 513. La tragédie de Mérope, première pièce profane sans le secours d'une passion amoureuse et qui fit à notre auteur plus d'honneur qu'il n'en espérait, fut représentée le 26 février 1743, Voltaire, Comm. Œuv. aut. Henr.

    Fig. Muse tragique. Ainsi, pour nous charmer, la Tragédie en pleurs D'Œdipe tout sanglant fit parler les douleurs, Boileau, Art p. III.

  • 2Art de composer, de jouer des tragédies ; le genre tragique. La tragédie, informe et grossière en naissant, N'était qu'un simple chœur où chacun en dansant, Et du dieu des raisins entonnant les louanges, S'efforçait d'attirer de fertiles vendanges ; Là, le vin et la joie éveillant les esprits, Du plus habile chantre un bouc était le prix, Boileau, Art p. III. Je ferais voir que, pour la tragédie, nous sommes beaucoup supérieurs aux Latins, qui ne sauraient opposer à tant d'excellentes pièces tragiques que nous avons en notre langue, que quelques déclamations plus pompeuses que raisonnables d'un prétendu Sénèque, et un peu de bruit qu'ont fait en leur temps le Thyeste de Varius et la Médée d'Ovide, Boileau, Lett. à Perrault. Thespis est regardé comme l'inventeur de la tragédie ; il est aisé de juger combien dans ces premiers temps elle était grossière et imparfaite, Rollin, Hist. anc. liv. XXV, ch. I, I, 2. Eschyle commença à perfectionner la tragédie, et à la mettre en honneur ; il donna à ses acteurs un masque, un habit plus décent, une chaussure plus haute appelée cothurne, et leur construisit un petit théâtre, Rollin, ib. La tragédie est encore plus faite pour être représentée que pour être lue, Voltaire, Zulime, Lettre. On a beaucoup et trop écrit depuis Aristote sur la tragédie ; les deux grandes règles sont que les personnages intéressent, et que les vers soient bons, Voltaire, Don Pèdre, Disc. hist. Ils [les modernes] ont fait le la tragédie non pas le tableau des calamités de l'homme esclave de la destinée, mais le tableau des malheurs et des crimes de l'homme esclave de ses passions ; dès lors le ressort de l'action tragique a été dans le cœur de l'homme, et tel est le nouveau système dont Corneille est le créateur, Marmontel, Œuv. t. x, p. 291.
  • 3 Fig. Événement funeste. La tragédie d'Angleterre [l'exécution de Charles Ier], Descartes, Lett. à Élisabeth, Rev. Germ. t. XXXI, p. 82. En un temps où la fortune joue des tragédies par tous les endroits de l'Europe, Voiture, Lett. 53. Nous verrons ce que Dieu voudra représenter après cette tragédie [révolution d'Angleterre], Sévigné, 25 fév. 1685. L'homme est celui des animaux qui est le plus né pour la concorde, et l'homme est celui des animaux où l'inimitié et la haine font de plus sanglantes tragédies, Bossuet, Sermons, Charité fratern. préamb. Il [Louis le Débonnaire] envoie des gens pour arrêter ceux qui avaient contribué au désordre de ses sœurs ; cela causa bien des tragédies, Montesquieu, Esp. XXXI, 20. Que me parles-tu, Vallier, de m'occuper à faire des tragédies ? la tragédie court les rues ; si je mets les pieds hors de chez moi, j'ai du sang jusqu'à la cheville, Ducis, Corresp. à M. Vallier (sans date, mais pendant la terreur).

HISTORIQUE

XIVe s. Malvestiés et injustices que l'on raconte es tragedies, Oresme, Eth. 27.

XVIe s. Voyez vous quelles tragedies sont excitées par certains pastophores [prêtres] ? Rabelais, IV. Prol. de l'aut. Cette tragedie [l'exécution de Horn et d'Egmont] que le duc d'Albe nous feit voir à Bruxelle, Montaigne, I, 30. Les tragedies latines de Bucanan, Montaigne, I, 198.

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Étymologie de « tragédie »

(Ca 1300) Du latin tragoedia, du grec ancien τραγῳδία, tragôidía (« tragédie »), de τράγος, trágos (« bouc ») et ᾠδή, ôidế (« chant, poème chanté »). D’où le sens « chant du bouc », désignant le chant rituel qui accompagnait le sacrifice du bouc aux fêtes de Dionysos à l’époque archaïque[1][2].
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Lat. tragœdia, de τραγῳδία, de τράγος, bouc (voy. TRAGIQUE), et ᾠδὴ, chant (voy. ODE).

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Phonétique du mot « tragédie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tragédie traʒedi

Fréquence d'apparition du mot « tragédie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tragédie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tragédie »

  • Les tragédies des autres sont toujours d'une banalité désespérante.
    Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde — Le Portrait de Dorian Gray, 4 The Portrait of Dorian Gray, 4
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Dans le passé nous nous sommes créés à travers la comédie de la tragédie humaine, maintenant il se peut que nous nous anéantissions dans la tragédie de la comédie humaine.
    Edward Bond — Libération - A quoi pensez-vous ?
  • Le caleçon est au vaudeville ce que la toge est à la tragédie.
    Carlo Rim
  • La récente tragédie des Harragas algériens, les migrants clandestins, qui ont débarqué massivement sur les côtes espagnoles a relancé de nouveau la polémique sur le risque migratoire algérien sur l’Europe. Un risque concret et démontré dans un rapport secret établi par le Quai d’Orsay en 2019 lorsque des analystes français ont planché sur les dangers encourus par la France et l’Union Européenne au cas où l’Algérie s’effondrerait dans une profonde crise politique et sécuritaire.
    Maghreb Intelligence — Exclusif. 15 millions d’Algériens pourraient venir se réfugier en Europe au cas où… – Maghreb Intelligence
  • La tragédie est plus vulgaire que la farce.
    Louis Scutenaire
  • Le sujet d'une belle tragédie doit n'être pas vraisemblable.
    Pierre Corneille — Héraclius, Au lecteur
  • Émilie Gruat a appris le grec ancien à l’école, et c’est dans une version bilingue qu’elle a relu cet été « Les Perses » d’Eschyle, tentée par l’adaptation d’une tragédie, « ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps », dit-elle. Ce sera chose faite à partir de jeudi 13 février au Théâtre du Jour.
    SudOuest.fr — Une tragédie bien enlevée au Théâtre du Jour à Agen
  • […] C'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir.
    Jean Anouilh — Antigone, le chœr , La Table Ronde
  • Les tragédies de l’Histoire révèlent les grands hommes ; mais ce sont les médiocres qui provoquent les tragédies.
    Maurice Druon — Quand un roi perd la France. Les rois maudits
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Traductions du mot « tragédie »

Langue Traduction
Anglais tragedy
Espagnol tragedia
Italien tragedia
Allemand tragödie
Chinois 悲剧
Arabe مأساة
Portugais tragédia
Russe трагедия
Japonais 悲劇
Basque tragedia
Corse tragedia
Source : Google Translate API

Antonymes de « tragédie »

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Tragédie

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