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Thème

Variantes Singulier Pluriel
Masculin thème thèmes

Définitions de « thème »

Trésor de la Langue Française informatisé

THÈME1, subst. masc.

I.
A. −
1. Idée, sujet développé dans un discours, un écrit, un ouvrage. Thème d'un discours, d'une conférence, d'un roman, d'un sermon; thème de propagande. On peut faire de très beaux livres sur des thèmes politiques, ton roman en est un exemple (...). Mais je trouverais bien souhaitable qu'on rende ses droits à la littérature pure (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 252):
1. Il m'arrivait, pendant les explosions de l'éloquence paternelle, de regarder ma mère et j'observais alors qu'elle, toujours si généreuse dans l'assentiment, serrait les lèvres et baissait à demi les paupières quand cette éloquence s'exerçait sur le thème favori, le thème de l'éternelle jeunesse. Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 54.
2. P. ext. Idée, pensée constituant le sujet principal des propos, le centre des préoccupations, l'objet de la réflexion, de l'activité d'une personne ou d'un groupe de personnes. Une voix me disait: « Tu iras chez Fœdora. » J'avais beau me débattre avec cette voix et lui crier qu'elle mentait, elle écrasait tous mes raisonnements avec ce nom: Fœdora. Mais ce nom, cette femme, n'étaient-ils pas le symbole de tous mes désirs et le thème de ma vie? (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 113).Entre Solange et moi se montrait l'opposition sans remède de deux philosophies différentes de la vie. Le grand thème de Solange était « l'aventure » (Maurois, Climats, 1928, p. 205).
En partic. Idée, pensée, sujet principal d'une théorie, d'une école littéraire, artistique ou philosophique. Le propos de cette analyse (...) est de retrouver dans quelques faits révolutionnaires la suite logique, les illustrations et les thèmes constants de la révolte métaphysique (Camus, Homme rév., 1951, p. 138):
2. Non qu'on renonce aux certitudes du sens commun et de l'attitude naturelle, − elles sont au contraire le thème constant de la philosophie, − mais parce que, justement comme présupposés de toute pensée, elles « vont de soi », passent inaperçues, et que, pour les réveiller et pour les faire apparaître, nous avons à nous en abstenir un instant. Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1946, p. VIII.
3. PSYCHOL. Idée, pensée spécifique et préférentielle autour de laquelle se développe une attitude psychique ou un délire. Thèmes délirants; thème de persécution. La pauvreté stéréotypée nous est apparue comme caractéristique du thème schizoïde (Mounier, Traité caract., 1946, p. 391).
B. −
1. Unité de contenu (d'un discours, d'un texte ou d'une œuvre littéraire) correspondant à des constantes de la symbolique et de l'imaginaire. Thème du destin, de l'eau, du feu, de la mort, du sacrifice. Dans Œdipe Roi il y a le thème de l'Inceste et cette idée que la nature se moque de la morale; et qu'il y a quelque part des forces errantes auxquelles nous ferions bien de prendre garde; qu'on les appelle destin ces forces, ou autrement (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 90):
3. L'aspiration de nos âmes vers l'infini, l'écrasement de l'homme éphémère et borné sous l'immensité et l'éternité de l'univers, l'angoisse du doute, la communion de l'âme avec la nature, où elle cherche le repos et l'oubli: tels sont les grands thèmes et qui reviennent toujours. M. Sully-Prudhomme n'en invente pas de nouveaux, car il n'y en a point, mais il approfondit les anciens. Lemaitre, Contemp., 1885, p. 38.
P. anal., dans le domaine de la peint., de la sculpt.Thème iconographique. Cahiers d'Art reproduit les plus étourdissantes variations de Picasso sur trois thèmes définis, des baigneuses près de leurs cabines, une femme assise dans un fauteuil, divers personnages acharnés sur une sucette (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 92):
4. ... quand l'homme, à l'âge suivant, le néolithique, fera ses débuts dans la céramique, support prédestiné de l'ornementation, il se bornera pendant longtemps à perfectionner, à rendre plus exacts et plus raffinés ses thèmes décoratifs initiaux: parallèles, chevrons, dents de scie, losanges aboutiront au carré, plus régulier, qui se répètera dans le damier. Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 113.
2. MUS. Dessin musical constitué par une mélodie, une harmonie ou un rythme formant le motif d'une composition musicale et qui est l'objet de variations. Varier un thème; répétition d'un thème; thème et variations. L'accordeur est enfin venu hier de Fécamp (...). Il me demande de lui présenter un thème de quelques notes, sur lequel il improvise aussitôt de brillantes fioritures, assez étoffées ma foi; puis reprend en contrepoint le thème (Gide, Journal, 1930, p. 999).Les extraordinaires Variations op. 120 sur un thème de Diabelli (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 482).
P. compar. La donnée sensible du tableau, déjà perceptible à l'esprit dans le sujet lui-même, est comme un thème musical que l'artiste va développer parallèlement par toutes les ressources dont il est maître: dessin, couleur, composition, aussi bien que choix des détails et des objets (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 287).
P. métaph. L'abandon à l'idéal, le ravissement intime, l'extase, sous la forme passionnée ou grave, enthousiaste ou méditative, voilà l'éternelle aspiration de l'amour, et, chez la femme, toutes les formes de l'affection ne sont que des variations de l'amour. Mille modulations d'un même thème primitif, mille répliques du motif suprême: ce sont les métamorphoses du cœur parallèles à la métamorphose des plantes (Amiel, Journal, 1866, p. 310).
C. − LOG., LING. [P. oppos. à rhème] Sujet d'une assertion. Le thème (...) d'un acte d'énonciation, c'est ce dont parle le locuteur, c'est l'objet du discours, ou comme disaient les linguistes du début du siècle, le sujet psychologique; le propos, ou encore rhème (...), c'est l'information qu'il entend apporter relativement à ce thème - ce qu'on appelait autrefois le prédicat psychologique (Ducrot-Tod.1972, p. 345).
D. − ASTROL. Thème (astral*, généthliaque*, natal*, de nativité*). Représentation symbolique de l'état du ciel au moment de la naissance de quelqu'un. J'ai dans mon thème un trigone magnifique, absolument parfait, commandé par le soleil, avec de périodiques oppositions saturniennes que l'opinion courante déclare maléfiques au suprême degré (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 136).
II.
A. − Vieilli. Canevas (d'un exposé, d'une conférence, d'un discours, etc.). Mon texte était double; je l'avais composé sous la forme de brochure, qu'il a gardée, et en façon de discours, différent à quelques égards de la brochure; je supposais qu'à la levée de la France, on se pourrait assembler à l'Hôtel de Ville, et je m'étais préparé sur deux thèmes (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 489).Ne pourriez-vous pas introduire aussi dans le conte un petit ramoneur? (...) Il fait froid, il neige; la jolie demoiselle fait la charité au petit ramoneur (...)Vous broderez sur ce thème (A. France, Crainquebille, Edmée, 1904, p. 327).
B. − Exercice scolaire consistant à traduire un texte de sa langue maternelle dans une langue étrangère. Un enfant qui fait un thème a des idées dont il cherche les mots, et celui qui fait une version a des mots dont il cherche les idées (Bonald, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 139).Sa bizarre écriture hiéroglyphique où chaque lettre était isolée,habitude qui datait de l'époque où il faisait des thèmes grecs (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 816).
P. méton. Texte résultant de cet exercice. L'incorrection de mon thème, les solécismes et les barbarismes dont il était grevé me replongeaient soudain dans le dernier tiers de la classe (A. France, Vie fleur, 1922, p. 365).
Loc. Fort en thème. V. fort1III A 2 b.
III. − LING. Partie du mot, composée de la racine et éventuellement d'une voyelle thématique, à laquelle s'ajoutent les désinences casuelles ou verbales. Thème modal, nominal, verbal. C'est au thème que s'ajoutent les désinences dans les langues dites à flexion (D. D. L.1976).
Prononc. et Orth.: [tεm]. Voy. longue ds Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Martinet-Walter 1973 (3/17), et ds Grammont Prononc. 1938, p. 38, Buben 1935, p. 57. Ac. 1694, 1718: theme, dep. 1740: thème. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1240 tesme « sujet, idée, proposition qu'on développe dans un discours, un ouvrage » (St François, Ms. Bibl. Nat. 19 531, éd. A. Schmidt, 1636 ds T.-L.); 1269-78 theme (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 19458); 2. 1690 astrol. theme celeste (Fur.); 3. 1814 mus. « dessin mélodique » (Stendhal, Haydn, Mozart et Métastase, p. 20: l'air primitif [...] est ce qu'on appelle le thème [...] le motif); 1834 thème musical (Balzac, Langeais, p. 247); 4. a) 1935 milit. le thème des manœuvres (Ac., s.v. manœuvre); b) 1964 thème tactique (Lar. encyclop.); 5. 1961 ling. (Morier: le thème s'oppose au propos, au prédicat psychologique). B. 1. 1372 « texte biblique cité au début d'un sermon et dont celui-ci forme le commentaire » thieume pris au commencement qui dit: Beatus... (D. Foulechat, Trad. du Policrat. de J. de Salisb., B.N. 24287, fo4 ds Gdf. Compl.); 2. 1580 « composition d'écolier sur un sujet donné » (Montaigne, Essais, I, 26, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 174); 3. 1690 « morceau qu'on donne à traduire à un écolier, d'une langue dans une autre » (Fur.); en partic. 1718 « traduction faite de sa langue maternelle dans une autre » (Ac.); 4. 1773-74 « trame, canevas d'un exposé » (Beaumarchais, Mém., t. 1, p. 67 ds IGLF: la dame [...] s'en tint à sa récusation: c'était son thème; il lui était défendu de s'en écarter). C. 1. 1655 gramm. « première personne du singulier du présent de l'indicatif d'un verbe grec » (Lancelot, Nlleméthode pour apprendre facilement la langue grecque, Paris, Impr. Antoine Vitré, p. 104); 2. a) 1765 id. « racine, radical d'un verbe » (Encyclop. t. 16); b) 1842 ling. « radical d'un mot quelconque » (Ac. Compl.). Empr. au lat. d'époque impérialethema « thème, proposition, sujet, thèse; thème de nativité, horoscope », empr. au gr. θ ε ́ μ α « ce qu'on dépose » d'où « thème, sujet de développement », de τ ι ́ θ η μ ι « poser ». Fréq. abs. littér.: 1 627. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 573, b) 777; xxes.: a) 2 445, b) 4 543. Bbg. Born. 1967, p. 72. − Courtés (J.). Introd. à la sémiotique narrative et discursive... Paris, 1976, pp. 90-91. − Dossiers de mots... Néol. Marche. 1979, no9, p. 88. − Greimas-Courtés 1979, pp. 394-395. − Guillaume (J.). Du Mot thème en exégèse. In: [Mél. Delbouille (M.)]. Gembloux, 1964, t. 1, pp. 287-295. − Martin (R.). Base de données textuelles... In: [Mél. Mourot (J.)]. Nancy, 1982, pp. 623-624. − Martinet (A.). Thème, propos... Linguistique. Paris, 1985, no21, p. 207. − Quem. DDL t. 25. − Thème (Le) en perspective. Lang. fr. 1988, no78, 127 p. - Trousson (R.). Les Ét. de thèmes: questions de méth. In: Mél. Frenzel (E.). Stuttgart, 1980, t. 1, pp. 1-8; Thèmes et mythes. Bruxelles, 1980, 145 p.

THÈME2, subst. masc.

HIST. ,,Division militaire et administrative de l'Empire romain d'Orient`` (GDEL). Du point de vue ethnique, l'élément grec ne reste, plus ou moins compact, que dans les régions au sud d'Aimos, qui formaient les nouvelles circonscriptions administratives et militaires, les thèmes de Thrace, de la Macédoine, de Nikopolis (Encyclop. univ.t. 71970, p. 1078, s.v. Grèce).
Prononc. V. thème1. Étymol. et Hist. 1726 hist. (Fonten[elle], [Eloge de G.] Delisle ds Littré). Empr. au gr. byz. θ ε ́ μ α « corps d'armée », « région qu'il régissait » (dep. viies., v. Du Cange Graec.) spécialisation du gr. θ ε ́ μ α, v. thème1.

Wiktionnaire

Nom commun - français

thème \tɛm\ masculin

  1. (Littéraire) Sujet, matière ou proposition que l’on entreprend de prouver ou d’éclaircir.
    • Quels termes saurai-je trouver, suffisamment simples dans leur sublimité, — suffisamment sublimes dans leur simplicité, — pour la simple énonciation de mon thème ? — (Edgar Poe, Eureka, 1848, traduction de Charles Baudelaire,)
    • Ainsi la télévision publique est-elle un thème de débat, une posture obligée, une rhétorique de salon qui mériterait de figurer dans les mythologies des couches cultivées. — (Monique Dagnaud, L’État et les Médias: Fin de partie, Éditions Odile Jacob, 2000)
    • (Figuré) (Familier) C’est son thème habituel, son thème favori : c’est un sujet sur lequel il revient volontiers, une chose qu’il aime à répéter.
  2. (Musique) Phrase musicale qui sert de sujet à une composition.
  3. (Linguistique) Élément d’un énoncé qui est réputé connu par les participants à la communication, placé ou marqué spécialement dans la phrase dans certaines langues. Le thème peut être sujet, COD, COI ou n’importe quoi. En français parlé, le thème est montré par une dislocation à gauche. Par exemple, le pronom moi est thème dans la phrase Moi, je connais bien cet homme et le syntagme cet homme dans Cet homme, je le connais bien.
  4. (Linguistique) Traduction de la langue maternelle vers une langue étrangère.
    • Donner, dicter, corriger un thème à des écoliers.
    • Cours de thème grec, latin, anglais.
    • En thème, j’étais parfaitement nul : pourtant, j’apprenais par cœur mes leçons de grammaire, et j’avais la tête farcie de règles et d’exemples, mais je n’en comprenais pas l’usage, et je croyais en toute bonne foi qu’il était suffisant d’être capable de les réciter. Pour traduire une phrase, je cherchais les mots latins dans mon dictionnaire et je les alignais tels quels à la place des mots français : c’est pourquoi Socrate prétendait que j’étais un remarquable fabricant de solécismes et de barbarismes, alors que je ne savais même pas ce que c’était. — (Marcel Pagnol, Le temps des secrets, 1960, collection Le Livre de Poche, page 341)
  5. (Grammaire) Partie du mot, composée de la racine et éventuellement d’une voyelle thématique, à laquelle s’ajoutent les désinences casuelles ou verbales. En latin, par exemple, cantabamus (« nous chantions »), a pour thème cantaba-, composé du radical canta- et du suffixe formant des imparfaits ba-, -mus étant la désinence personnelle.
    • Thème modal, nominal, verbal.
  6. (Linguistique) En arabe, partie du mot, complémentaire à la racine. Schème. Par exemple, la racine ك ت ب KTB (« écrire ») associée au thème _ā_a_a (« action réciproque ») donne كاتَبَ KāTaBa (écrire au sens de correspondre, ou s'écrire).
  7. (Histoire) Corps d’armée de l’empire byzantin.
    • Le thème de Macédoine.
  8. (Histoire) Dans le Bas-Empire, circonscription administrative ardée par un thème dans le sens précédent.
    • Au dixième siècle l’empire grec était divisé en thèmes.
  9. (Astrologie) Position où se trouvent les astres, par rapport au lieu et au moment de la naissance de quelqu’un, et dont les astrologues tirent les conséquences conjecturales appelées horoscopes.
  10. (Art) Genre récurrent en peinture.
  11. (Échecs) Énoncé d’un problème d’échecs.
  12. (Cartographie) Matière générale à laquelle se rapporte le sujet d’une carte thématique[1].
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Littré (1872-1877)

THÈME (tê-m') s. m.
  • 1Sujet, proposition que l'on entreprend de prouver ou de traiter. Vous discourez fort bien, sans avoir un thème, Sévigné, 236. M. de Cambrai prit son thème [de sermon] sur la soumission due à l'Église, Saint-Simon, 66, 95. M. Delisle va à son régiment, et je n'aurai plus de nouvelles ; il avait une pitié charmante pour ma curiosité ; il me donnait des thèmes toutes les semaines, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 28 juill. 1774.

    Fig. Prendre mal son thème, avancer quelque chose qu'on ne peut soutenir, et aussi prendre mal ses mesures.

  • 2Matière Je devoir qu'on donne aux écoliers à traduire de leur langue dans celle qu'ils apprennent. Un thème latin. Un thème grec. Quand les enfants ont déjà quelque légère teinture du latin, et qu'ils ont été un peu formés à l'explication, je crois que la composition de thèmes peut leur être fort utile, Rollin, Traité des Ét. I, 3.

    La composition de l'écolier faite sur le thème donné. Il compose un thème, madame, que je viens de lui dicter sur une épître de Cicéron, Molière, Comtesse, 17. M. de Beauvillier traita M. de Chevreuse comme un régent fait un écolier qui apporte un thème plein des plus gros solécismes, Saint-Simon, 333, 122. Un illustre ami de Mme Dacier m'a assuré qu'elle n'avait fait qu'un seul thème en sa vie, ce qu'il avait appris d'elle-même et qu'elle ne l'avait fait que par amusement, Dumarsais, Œuv. t. I, p. 129. En classe… j'écrivais sans peur, mais sans système, Versant le barbarisme à grands flots sur le thême, Hugo, Rayons et ombres, 44.

    Faire un thème en deux façons, le recommencer en employant d'autres expressions, d'autres tournures que celles qu'on avait employées la première fois. Il n'est peut-être pas aussi utile qu'on le pense de faire le thème en deux façons, Dumarsais, Œuv. t. III, p. 259.

    Fig. Faire son thème en deux façons, dire, écrire la même chose de deux façons différentes.

    Faire son thème en deux façons, signifie aussi tendre à un même but par des moyens différents, examiner les différentes ressources auxquelles on peut recourir. Vous calculez votre désordre [le désordre de vos affaires], ma fille, et vous tournez votre thème en plusieurs façons, Sévigné, 11 déc. 1689.

    Fort en thème, se dit d'un élève qui fait bien les thèmes, et, à cause que le thème n'exige pas d'imagination, d'un élève dont l'esprit n'a point de vivacité.

  • 3 Terme de grammaire. Le mot non encore revêtu de sa désinence de flexion, mais prêt à la recevoir. Le thème d'un nom, d'un verbe.

    Particulièrement, on appelle thème, en termes de grammaire grecque, la première personne du présent de l'indicatif, Dumarsais, Œuv. t. IV, p. 350.

  • 4 Terme de musique. Chant, motif suffisamment caractérisé, qui peut servir de sujet soit pour un morceau de contre-point, soit pour des variations.
  • 5 Terme d'astrologie. Thème céleste, ou, simplement, thème, figure que tracent les astrologues, lorsqu'ils veulent tirer l'horoscope de quelqu'un, en marquant le lieu où sont à ce moment les étoiles et les planètes.
  • 6S'est dit, dans le Bas-Empire, d'un gouvernement gardé par une légion qui était elle-même appelée thème. Une carte de l'empire grec du moyen âge, tirée de la description qu'en fit l'empereur Constantin Porphyrogénète dans le Xe siècle… l'empire est divisé en thèmes, expression inouïe jusque-là…, Fontenelle, Delisle.

HISTORIQUE

XIIIe s. Por plus enforcier l'anatesme, Quant il aura finé son tesme, Li met ou poing ung ardant cierge, la Rose, 19788.

XVe s. Noblece de corage, prise en maniere de teume en ceste primiere partie de mon volume, Christine de Pisan, Charles V, I, 4. D'autre part dit saint themme et glose Que ce seroit aussi fort chose Passer par le tro d'une aguille Un chamel…, Deschamps, Poésies mss. f° 569.

XVIe s. Et, pour venir au propos de mon theme, il [Julien] couvoit, dict Marcellinus, de longtemps en son cœur le paganisme, Montaigne, III, 83. Si, par essai, on me vouloit donner un theme à la mode des colleges, Montaigne, I, 194.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

THÈME, s. m. (Gram.) ce mot est grec θέμα, & vient de τιθημι, pono ; thema, (thème), positio, id quod primò ponitur. Les grammairiens font usage de ce terme dans deux sens différens.

1°. On appelle communément thème d’un verbe, le radical primitif d’où il a été tiré par diverses formations. « On appelle thême en grec, le présent d’un verbe, parce que c’est le premier tems que l’on pose pour en former les autres ». (Méth. gram. de P. R. liv. V. ch. vj.) Il me semble qu’en hébreu le thême est moins déterminé, & que c’est absolument le premier & le plus simple radical d’où est dérivé le mot dont on cherche le thême.

« La maniere de trouver le thême (en grec), est donc de pouvoir réduire tous les tems qu’on rencontre, à leur présent ; ce qui suppose qu’on sache parfaitement conjuguer les verbes en ω, tant circonflexes que barytons ; & les verbes en μι, tant réguliers qu’irréguliers ; & qu’on connoisse aussi la maniere de former ces tems (ibid.) ». Ainsi l’investigation du thême grec, est une espece d’analyse par laquelle on dépouille le mot qui se rencontre, de toutes les formes dont le présent aura été revêtu par les lois synthétiques de la formation, afin de retrouver ce présent radical ; & par-là de s’assurer de la signification du mot que l’on a décomposé.

Par exemple, pour procéder à l’investigation du thème de λυσόμενος, dont la terminaison annonce un futur premier du participe moyen : j’observe, 1°. que ce tems se forme du futur premier de l’indicatif moyen, en changeant μαι en μενος ; d’où je conclus qu’en otant μενος, & substituant μαι, j’aurai le futur premier de l’indicatif moyen, λυσομαι : j’observe 2°. que ce tems de l’indicatif moyen est formé de celui qui correspond à l’indicatif actif, en changeant ω en ομαι ; si je mets donc ω à la place de ομαι, j’aurai λύσω, futur premier de l’indicatif actif : j’observe enfin que ce futur en σω suppose un thême en ω pur, ou en δω, τω, θω ; ainsi consultant le lexicon, je trouve λύω, solvo, d’où vient λύσω, puis λύσομαι, & enfin λυσωμενος, soluturus.

L’investigation du thême, dans la langue hébraïque, est aussi une sorte d’analyse, par laquelle on dépouille le mot proposé, des lettres serviles, afin de n’y laisser que les radicales, qui servent alors à montrer l’origine & le sens du mot. Les Hébraïsans entendent par lettres radicales, celles qui, dans toutes les métamorphoses du mot primitif, subsistent toujours pour être le signe de la signification objective ; & par lettres serviles, celles qui sont ajoutées en diverses manieres aux radicales, relativement à la signification formelle, & aux accidens grammaticaux dont elle est susceptible. On peut approfondir dans les grammaires hébraïques ce méchanisme, qui ne peut appartenir à l’Encyclopédie, non plus que celui de l’investigation du thême grec.

2°. Le second usage que l’on fait en grammaire, du mot thême, est pour exprimer la position de quelque discours dans la langue naturelle, qui doit être traduit en latin, en grec, ou en telle autre langue que l’on étudie. Commencer l’étude du latin ou du grec par un exercice si pénible, si peu utile, si nuisible même, est un reste de preuve de la barbarie où avoient vêcu nos ayeux, jusqu’au renouvellement des lettres en France, sous le regne de François I. le pere des lettres : car c’est à-peu-près vers ce tems que la méthode des thêmes s’introduisit presque partout ; aujourd’hui justement décriée par les meilleures têtes de la littérature, personne ne peut plus ignorer les raisons qui doivent la faire proscrire, & qui n’ont plus contre elle que l’inflexibibté de l’habitude établie par un usage déja ancien. Voyez Etudes, Littérature, & Méthode.

« Au reste, dit M. du Marsais, (Préf. d’une gram. lat. §. vj.) je suis bien éloigné de desapprouver, qu’après avoir fait expliquer du latin pendant un certain tems, & après avoir fait observer sur ce latin les regles de la syntaxe, on fasse rendre du françois en latin, soit de vive voix, soit par écrit. Je suis au-contraire persuadé que cette pratique met de la varieté dans les études, qu’elle fait voir de nouveau (& sous un autre aspect) la réciprocation des deux langues, & qu’elle exerce les jeunes gens à faire l’application des regles qu’ils ont apprises dans l’explication, & des exemples qu’ils y ont remarqués ; mais le latin que le disciple compose, ne doit être qu’une imitation de celui qu’il a vu auparavant.

» Quand votre disciple sait bien décliner & bien conjuguer, & qu’il a appris la raison des cas dont il a remarqué l’usage dans les auteurs qu’il a expliqués, vous ferez bien de lui donner à mettre en latin, un françois composé sur l’auteur qu’il aura expliqué, en ne changeant guere que les tems, & quelques légeres circonstances : mais il faut lui permettre d’avoir l’original devant les yeux, afin qu’il le puisse imiter plus aisément : pourquoi l’empêcher d’avoir recours à son modele ? plus il le lira, plus il deviendra habile ; c’est à vous à disposer le françois de façon qu’il ne trouve ni l’ouvrage tout fait, ni trop éloigné de l’original ».

On peut encore, quand le disciple a acquis une certaine force, lui donner le françois de quelque chose qu’il a déja expliqué, & lui en faire retrouver le latin : vous ferez cela sur une explication du jour ; peu après vous le ferez sur celle de la veille, ensuite sur une plus ancienne. Insensiblement vous pourrez lui proposer le françois de quelque trait qu’il n’aura pas encore vu, & lui en demander le latin ; vous serez sûr de le bien corriger, & de lui donner un bon modele, si vous avez pris votre matiere dans un bon auteur. Un maître intelligent trouvera aisément mille ressources pour être utile ; le véritable zele est un feu qui éclaire en échauffant.

« Je ne condamne donc pas, continue M. du Marsais (ibid.), la pratique de mettre du françois en latin ; j’en blâme seulement l’abus & l’usage déplacé ». Ainsi pense le rédacteur des instructions pour les professeurs de la grammaire latine, faites & publiées par ordre du roi de Portugal, à la suite de son édit sur le nouveau plan des études d’humanités, du 28 Juin 1759. « Comme pour composer en latin il faut auparavant savoir les mots, les phrases, & les propriétés de cette langue, & que les écoliers ne peuvent les savoir qu’après avoir fait quelque lecture des livres où cette langue a été déposée, pour être comme un dictionnaire vivant, & une grammaire parlante. Les hommes les plus habiles soutiennent en conséquence que dans les commencemens on doit absolument éviter de faire faire des thêmes... ils ne servent qu’à molester les commençans, & à leur inspirer une grande horreur pour l’étude ; ce qu’il faut éviter sur toutes choses, selon cet avis de Quintilien, dans ses institutions : (lib. I. cap. j. §. 4.) Nam id in primis cavere oportet, ne studia, qui amare nondùm potest, oderit ; & amaritudinem semel præceptam, etiam ultrà rudes annos, reformidet ». Instruct. pour les professeurs de la gramm lat. §. xiv. (B. E. R. M.)

Thême, en terme d’astrologie, est la figure que tracent les astrologues, lorsqu’ils veulent tirer l’horoscope de quelqu’un, en représentant l’état du ciel par rapport à un certain point, ou par rapport au moment dont il est question, en marquant le lieu où en sont à ce moment-là les astres & les planetes. Voyez Horoscope.

Le thême céleste consiste en douze triangles que l’on enferme dans deux quarrés, & qu’on appelle les douze maisons. Voyez Maison.

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Étymologie de « thème »

Provenç. thema ; espagn. et ital. tena ; du lat. thema, qui est le grec θέμα, thème, de τίθημι, poser (voy. THÈSE).

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Du latin thema qui donne, en vieux français tesme. Le latin est issu du grec ancien θέμα, théma, de τίθημι tithemi (« placer »).
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Phonétique du mot « thème »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
thème tɛm

Fréquence d'apparition du mot « thème » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « thème »

  • Agiter le thème de l'exception culturelle française, c'est chercher à se réhabiliter comme on sauverait les meubles.
    Jean Baudrillard — Le Monde de l'éducation - Octobre 1999
  • Créé par Shane Hedge et Tyler Strand, à l’origine de Air, un tableau collaboratif pour les images et vidéos, Branded Slack Themes est tout simplement une énorme base de données de thèmes Slack. Les deux compères ont ainsi rassemblé plus de 1000 marques et conçu des thèmes personnalisés.
    Siècle Digital — Cet outil permet de personnaliser son thème Slack à l'image de 1000 marques !
  • Les thèmes de la disparition, de l'identité, du temps qui passe sont étroitement liés à la topographie des grandes villes.
    Patrick Modiano — Discours de réception de son prix Nobel de littérature
  • A quoi serviraient les expériences sans la perspective de les répéter ? La vie, au fond, est un nombre infini de variations sur un même thème.
    Antonine Maillet — Le Huitième Jour
  • Chaque écrivain tout au long de sa vie exprime un seul thème. C'est la nécessité de compréhension, de tendresse et de persévérance dans l'infortune chez des individus traqués par les circonstances.
    Tennessee Williams
  • En littérature, il n'y a pas de bons thèmes ni de mauvais thèmes, il y a seulement un bon ou un mauvais traitement du thème.
    Julio Cortazar — Quelques aspects du conte
  • L'originalité, c'est la vision nouvelle d'un thème éternel.
    Michel Ciry — Le Figaro Littéraire
  • Un écrivain ne choisi pas ses thèmes, ce sont les thèmes qui le choisissent.
    Mario Vargas Llosa — Le romancier et ses démons
  • Les thèmes de la tragédie sont universels, alors que ceux de la comédie sont plus ancrés dans les cultures.
    Umberto Eco
  • C'est un thème récurrent, je l'ai observé dans les foyers catholiques : l'humour du prêtre; les blagues de prêtre : rien que d'y penser, j'en ai le frisson.
    Emmanuel Carrère — Le Royaume
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Images d'illustration du mot « thème »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « thème »

Langue Traduction
Anglais theme
Espagnol tema
Italien tema
Allemand thema
Chinois 主题
Arabe موضوع
Portugais tema
Russe тема
Japonais テーマ
Basque gaia
Corse tema
Source : Google Translate API

Synonymes de « thème »

Source : synonymes de thème sur lebonsynonyme.fr

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