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Ramener

Définitions de « ramener »

Trésor de la Langue Française informatisé

RAMENER, verbe trans.

I. − [Marque un déplacement du suj. et/ou de l'obj.]
A. − [Le compl. désigne une pers. ou un animal]
1. Amener de nouveau (en un lieu).
a) [Le suj. désigne une pers.] Ramener son enfant chez le dentiste. Vous allez me ramener cette jeune fille, lui dis-je (...). Vous vous rappelez bien: MlleAlbertine Simonet (Proust,Sodome, 1922, p. 793).
b) [P. méton. du suj.] Le froid, la faim ramena notre chien à la maison. [Avril] Nous ramènera-t-il les cortèges d'oiseaux Et les fleurs en couronne aux parterres promises! (Muselli,Travaux et jeux, 1914, p. 20).Son père le prenait pendant les fêtes du jour de l'an et de Pâques, et les grandes vacances nous le ramenaient (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 154).
2. Faire revenir avec soi, à l'endroit que l'on avait temporairement quitté et qui se trouve être le lieu habituel d'habitation. Synon. raccompagner, reconduire.Le soir tombait: la mère ramena les chèvres (Pourrat,Gaspard, 1931, p. 186):
1. ... bon-papa (...) envoya sa femme et sa fille à la Charité-sur-Loire (...). Bonne-maman, épuisée (...), tomba malade. Pour la soigner, il fallut la ramener à Paris... Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 64.
a) P. anal.
[Le suj. désigne un véhicule] Transporter. Je me promène sur la route, en attendant le train qui va me ramener à Paris (Green,Journal, 1934, p. 216).Dans la voiture qui la ramène chez elle, la pauvre femme se plaint (Green,Journal, 1946, p. 46).
[Le suj. désigne un chemin, une route] Mener, conduire. Ce soir-là, il roulait à vive allure, suivi de sa deuxième auto, sur une route qui le ramenait à L. (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 184).
[Avec ell. du compl. d'obj.] Tout en redescendant les chemins qui ramenaient, un peu trop à pic à mon gré, vers Balbec (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 915).
b) ART MILIT., vx. Faire revenir aux bases de départ, repousser. La cavalerie chargea, mais elle fut vivement ramenée (Ac.).
3. Fam. Faire venir avec soi, à l'endroit d'où l'on était parti seul. Ramener une jeune fille au pair d'Angleterre; ramener un chat de la campagne.
4. Empl. pronom., pop. Arriver, revenir. Synon. pop. s'amener.Se ramener à toute allure. Capron s'est ramené dare-dare... Il a pu seulement constater... Il a levé les deux bras au ciel... (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 365).Il se peut que l'oncle se ramène d'un jour à l'autre et fasse un scandale (Beauvoir,Invitée, 1943, p. 48).
B. − [Le compl. désigne une chose]
1. JEUX (cartes, dés). Amener de nouveau. Il avait amené un roi, il en ramena un quand ce fut à lui de donner: il vient d'amener un sept, s'il le ramène, il a gagné (Littré, Ac.).
2. Rapporter d'un lieu (vers un autre). Jules Guichaoua (...) partait pour la pêche et, le soir, il ramenait au presbytère un gros merlan (Queffélec,Recteur, 1944, p. 139).C'était probablement une femme qui ramenait du ravitaillement de la campagne (Triolet,Prem. accroc, 1945, p. 37).Il ramena un lit de camp de l'appentis (Camus,Exil et Roy., 1957, p. 1616).
Ramener qqc. à qqn.Rapporter (de quelque part) ce qui a été emprunté ou oublié. Est-ce que je te vois vendredi? Si oui, ramène-moi mon bouquin et mes aiguilles (Fallet,Banl. Sud-Est, 1947, p. 25).
Empl. pronom. réfl. indir. Se ramener qqc. (de quelque part).Il me montre alors sur la carte, d'où qu'il vient lui... du bout du monde (...) C'était le mandarin en vacances. Il voulait se ramener [de France] un bijou, seulement il voulait le faire ciseler (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 205).
Rem. Ce sens couramment utilisé dans la lang. parlée ou écrite est impropre selon certains dict. et certains puristes. On ne ramène pas une chose, on la rapporte.
En partic. Tirer à soi. Elle ouvrit une troisième grille; et, à deux mains, elle ramena une carpe qui tapait de la queue en râlant (Zola,Ventre Paris, 1873, p. 719).Quand on s'imagine qu'il ne reste plus rien [dans la carriole], le conducteur se penche, cherche dans les coins et ramène encore trois cochons, une pile de couvertures et une jarre pansue (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p. 188).
3. [Le compl. désigne un moyen de locomotion] Conduire à l'endroit où il se trouvait initialement. Je vais ramener la barque. La réverbération de l'eau vous donnerait mal à la tête (Duhamel,Nuit St-Jean, 1935, p. 176).
C. − Au fig. Faire revenir (à, sur).
1. Ramener qqn à + compl.
a) [Le compl. désigne un certain état physique] Ramener un noyé à la vie. L'aboiement d'un chien monta dans la nuit claire: les bergers égaraient parfois de longues semaines (...) ces bêtes que la solitude ramenait à une demi-sauvagerie (Gracq,Syrtes, 1951, p. 217).
Ramener qqn à lui. Le ranimer, lui faire reprendre connaissance:
2. Il (...) lui lança à son tour un uppercut sous le menton, puis un coup de tête au plexus (...). L'Allemand gémit, recula (...). Otto et les femmes le prirent par les épaules et le poussèrent vers la cour, pour le ramener à lui. Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 174.
Vieilli
[Sans compl. second.] Ce médecin a parfaitement ramené son malade (Ac.1835, 1878).
Ramener qqn de la mort, de l'article de la mort, des portes de la mort. Elle avait plus de dix fois ramené de l'article de la mort [son frère] en ne lui faisant pas d'autre remède que de le rafraîchir avec ses mains et son haleine (Sand,Pte Fad., 1849, p. 293).
b) [Le compl. désigne un certain état moral] Ramener qqn au bon sens, au devoir, à la raison; ramener qqn dans le droit chemin. Cette tristesse le ramenait à la sienne propre, frappait sur son chagrin comme sur un timbre (Druon,Gdes fam., t. 1, 1948, p. 153).J'ai pensé qu'il pouvait raisonner Hector, le persuader, le ramener à la sagesse (Aymé,Cléramb., 1950, iv, 4, p. 208):
3. ... il suffit souvent d'un changement de condition pour ramener une femme à la vertu; c'est qu'elle ne revient pas de loin. On n'en pourrait dire autant de l'homme, que son imagination entraîne terriblement. Alain,Propos, 1912, p. 130.
Absol. La femme la plus corrompue est plus facile à ramener qu'un homme qui n'aurait fait même qu'un pas dans le mal (Sainte-Beuve,Volupté, t. 1, 1834, p. 185).
En partic. Ramener qqn à Dieu. Le convertir à la foi chrétienne. Je suis venue ici pour vous ramener à Dieu, je le sais maintenant. Vous voulez vous juger et vous sauver seul. Vous ne le pouvez pas. Dieu le pourra (Camus,Justes, 1950, iv, p. 376).
c) [Le compl. désigne un sujet, une occupation] L'horreur des plaisirs frelatés (...) me ramène au travail (Gide,Journal, 1924, p. 785).Cet exemple même me ramène sans effort à ma thèse (Valéry,Variété[I], 1924, p. 29).Je le ramenais au sujet. J'étais décidé à ne pas le laisser se dérober (Céline,Voyage, 1932, p. 378).
2. Ramener qqc.[Le suj. désigne une pers. ou une chose]
a) [Le compl. désigne un état, une situation] Synon. faire renaître, rétablir.Napoléon Ier, notre empereur (...) a ramené et conservé l'ordre public, par sa sagesse profonde et active (Catéchisme impérial, 1806ds Rec. textes hist., p. 135).Il cherchait une phrase, une caresse qui ramèneraient l'intimité entre eux (Chardonne,Épithal., 1921, p. 441).Cette concession parut suffire à ramener le calme (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p. 338).
b) Ramener qqc. sur + compl.On a fui, comme la peste, tout sujet qui risquait de ramener la conversation sur le capitaine de Saint-Avit (Benoit,Atlant., 1919, p. 28).Il voulut ramener son attention sur le travail tout prêt (Roy,Bonheur occas., 1945, p. 33).
II. − Mettre dans une certaine position.
A. − [Le compl. désigne une chose]
1. [Le compl. désigne un vêtement ou une étoffe servant à couvrir] Faire revenir à sa place initiale. Elle ramena sur ses épaules les pans de la grande écharpe de velours qu'elle portait comme une fourrure (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 300).Elle (...) ramenait le drap d'un geste frileux et rapide jusqu'à son cou (Gracq,Syrtes, 1951, p. 177).
2. [Le compl. désigne une partie d'un appareil] Faire revenir à sa position de départ. Ramener la commande à arrêt; ramener le bras du lecteur. Son rôle [du levier] est donc, dans ce cas d'abord, d'interrompre le courant en ramenant le rhéostat au repos (Soulier,Gdes applic. électr., 1916, p. 136).
B. − [Le compl. désigne une partie du corps]
1. Ramener (une partie d')un membre jusqu'à, sous... + compl. Lui faire prendre une certaine position, l'amener dans une certaine direction. Elle ramena doucement ses deux poings fermés jusqu'à son menton (Bernanos,Joie, 1929, p. 658).Il ramène ses jambes sous lui et s'assied sur ses talons, à la turque (Sartre,Mort ds âme, 1949, p. 256).
2. Ramener ses cheveux. Les rabattre vers les tempes et le front de manière à cacher un début de calvitie. Il ramenait une grosse mèche de cheveux plats, d'une tempe à l'autre, pour abriter sa précoce calvitie; car, malgré sa liberté d'allures, il était soucieux du décorum (Gide,Si le grain, 1924, p. 537).
Fam., absol. − D'ailleurs, j'ai été trépané. − Comment, mais ça ne se voit pas! − Mais si, c'est pour ça que je « ramène » un peu (La Varende,Indulg. plén., 1951, p. 165).
3. Ramener ses yeux vers, sur + compl. Les amener à nouveau vers le point d'où ils s'étaient écartés. M'ayant rendu mon salut, il ramena ses yeux gris sur la ruche, et reprit son travail (Bosco,Mas Théot., 1945, p. 88).
Ramener son regard vers, sur + compl. Gustave ne manquait pas de ramener de moment en moment son regard sur Camille (Drieu La Roch.,Rêv. bourg., 1937, p. 245).
C. − ÉQUIT. Ramener un cheval. L'obliger, sous l'action du dressage, à maintenir l'encolure fléchie près de la nuque et la tête sensiblement verticale. On a mis une martingale à ce cheval pour le ramener (Ac.1835, 1878).
Empl. pronom. Ce cheval se ramène bien (Ac.1835, 1878).
Rem. On emploie plus couramment de nos jours le subst. (v. infra rem.).
III. − Au fig.
A. − Ramener à + compl.
1. Ramener tout à. Faire tout converger vers, subordonner tout à. Ignace ramène tout à l'effort (Bremond,Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 467).Je ramenais tout à l'amour (A. France,Vie fleur, 1922, p. 432).
Ramener tout à soi. Faire tout converger vers soi, faire preuve d'égocentrisme. Edmond qui ramenait tout à lui-même devant ce drame intérieur d'une famille alsacienne était bien prêt de se ranger du côté du fils (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 214).
2. Faire converger (plusieurs notions) vers un point de simplification et d'unification. Synon. réduire à.Comprendre, c'est contempler, c'est-à-dire ramener à l'unité ce qui est épars et successif (Amiel,Journal, 1866, p. 217).L'apparente diversité des animaux peut être ramenée à un nombre restreint de modèles (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 124).
3. Empl. pronom. Se réduire. Tout le comportement humain se ramène-t-il, en fin de compte, à des réflexes conditionnés? (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p. 92).V. rame2ex. de Albitreccia.
B. − Pop. Ramener sa fraise, sa gueule, sa pastille, sa poire ou, p. ell., la ramener. Intervenir en protestant; faire l'important. Synon. pop., fam. râler, rouspéter.Y aura chacun sa part, les gars, et pas d'rouspétance, ou l'premier qui la ramènerait, je l'brûle (Carco,Jésus-la-Caille, 1914, p. 196).Qu'est-ce que t'as à ramener ta fraise, t'es jamais content! (Dussort,Preuves exist., 1927, dép. par Esnault, 1938, p. 82).
Absol., vieilli. Fallait diviser pour résoudre!... C'était l'essentiel!... Tous les emmerdeurs en deux classes!... D'un grand côté... Tous ceux qui ramenaient pour la forme! (...) d'autre part ceux qui fumaient énormément, ceux qui sortaient pas du pétard... Ceux-là c'était du péril! (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 506).
REM.
Ramener, subst. masc.,équit. Attitude du cheval qui consiste, sous l'action du dressage, à maintenir l'encolure fléchie près de la nuque et la tête sensiblement verticale. Le ramener s'obtient dans la décontraction et à partir de la descente d'encolure (...). Le ramener contrarie la nature du cheval. Il est donc normal qu'il s'y oppose (TondraCheval1979).
Prononc. et Orth.: [ʀamne], (il) ramène [-mεn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. V. mener. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1remoit. xiies. « faire revenir quelqu'un à son état précédent » (Psautier Cambridge, 67, 7 ds T.-L.); b) ca 1175 « favoriser le retour à un état moral antérieur » (Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 22542); 2. ca 1155 « faire revenir à l'endroit d'où l'on était parti » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 4461); 1596 « amener de nouveau à un endroit donné » (Hulsius); 3. 1680 terme de manège (Rich.); 1904 subst. « opération de dressage » (Nouv. Lar. ill.); 4. 1690 « amener avec soi quelqu'un ou quelque chose à un endroit d'où l'on était parti seul » (Fur.); 5. xives. « réduire, simplifier » (Decretales, ms. Boulogne-sur-Mer, 123, f o1a ds Gdf. Compl.); 6. 1844 « faire revenir à sa place une chose qui s'en était écartée » (Sainte-Beuve, Portr. femmes, p. 429); 7. 1876 « amener ses cheveux sur le devant de la tête pour cacher sa calvitie » (V. Cherbuliez, Rev. des deux mondes, 15 janv., p. 269 ds Littré Suppl. 1877); 8. 1908 la ramener (sa gueule), ramener sa fraise, sa pastille, sa poire « rouspéter, protester » (ds Esn.). B. 1. 1611 verbe pronom. équit. (Cotgr.); 2. a) 1640 se ramener en soi « se replier sur soi-même en parlant de l'esprit » (Corneille, Cinna, 369); b) 1740-55 « revenir à un sujet, reprendre le fil d'un discours » (St Simon, 323, 23 ds Littré); 3. 1869 « être réduit à, simplifié » (Littré); 4. 1916 « venir » (Carco, Innoc., p. 156). Formé de l'élém. r(e)-* et amener*. Fréq. abs littér.: 7 049. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 338, b) 8 445; xxes.: a) 9 647, b) 11 681.
DÉR. 1.
Ramenable, adj.Que l'on peut ramener, faire revenir à de meilleurs sentiments. Au point où il en est, Eudolfe (...) est difficilement ramenable à l'honnêteté (Gide,Faux-monn., 1925, p. 1225).[ʀamnabl̥]. 1resattest. fin xives. « qui a rapport à quelque chose » (Roques t. 1, p. 349), 1842 « susceptible d'être ramené » (Ac. Compl.), 1869 « que l'on peut espérer corriger » (Littré); de ramener, suff. -able*.
2.
Ramenard, -arde, subst. et adj.,pop. a) (Celui, celle) qui la ramène, qui intervient en protestant. (Dict. xxes.). Synon. râleur.b) Prétentieux. Les Anglais sont furax (...). Dans la presse, ils s'interrogent, goguenards: et pourquoi pas rebaptiser Trafalgar Square square Tricolore, pendant qu'on y est? Non, mais c'est vrai. Je suis d'accord avec eux, pour une fois (...). Et il n'y a pas que nos victoires sur ces bêcheurs, sur ces ramenards d'Anglais (Le Monde, 29 sept. 1984, p. 24). [ʀamna:ʀ], fém. [-aʀd]. 1reattest. 1977 (J. Lacane, in Le Canard enchaîné, 27 juill., p. 6 ds Cellard-Rey 1980); de ramener, suff. -ard*.
3.
Rameneur, -euse, subst.a) Rare, littér. Celui, celle qui ramène quelqu'un, qui le fait revenir à l'endroit qu'il avait temporairement quitté. À la fin de ces réunions toutes masculines, un rien d'élément féminin: les femmes venant chercher les maris; et aujourd'hui, les rameneuses d'époux sont MmeDaudet, de Bonnières, Charpentier (Goncourt,Journal, 1885, p. 505).b) Subst. masc. α) Pop. Homme presque chauve qui rabat ses cheveux vers les tempes et le front de manière à cacher une calvitie précoce. L'avez-vous seulement regardé, Chavarot? Il ramène... c'est un rameneur!... c'est un genou qui n'ose pas porter perruque, ou, si vous l'aimez mieux, un commerçant dégarni qui emprunte à son arrière-boutique quelques rossignols oubliés pour en parer sa devanture (Labiche,Ptes mains, 1859, III, 6, p. 92). β) Arg. ,,Individu d'aspect et de mise respectables, chargé de racoler des dupes pour un tripot`` (France 1907). Un personnel de rameneurs qui, membres réguliers du cercle, gentlemen en apparence, ont pour mission de racoler ceux qui, bien nourris à la table d'hôte, seront, une heure après, dévorés à celle du baccara (H. Malot,ibid.).c) Subst. fém., arg. ,,Prostituée qui racole sur la voie publique, qui ramène les clients chez elle`` (France 1907). La Garenne [table d'hôte-tripot] qui doit son nom au grand sacrifice de lapins que font chaque soir les rameneuses pour y attirer leurs amis (Hogier-Grison,Monde où l'on triche, 1resérie,1886,p. 167). [ʀamnœ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. a) ca 1350 « qui ramène » (Gilles Li Muisis, Poésies, I, 247 ds T.-L.), b) 1859 « celui qui, pour cacher sa calvitie, ramène ses cheveux sur le devant » (Labiche, loc. cit.), c) 1902 « fanfaron d'audace » (d'apr. Chautard Vie étrange Argot, p. 447), 1918 « homme toujours mécontent » (ds Esnault, Notes compl. Poilu); de ramener, suff. -eur2*.
BBG.Klein Vie paris. 1976, pp. 59-60 (s.v. rameneur).

Wiktionnaire

Verbe - ancien français

ramener \Prononciation ?\

  1. Ramener.
    • Or le m’a chi chest chevalier
      Par la soie amor ramené
      — (L’âtre périlleux, anonyme, manuscrit 1433 français de la BnF. Fol. 34v.)

Verbe - français

ramener \ʁa.mə.ne\ ou \ʁam.ne\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Amener de nouveau.
    • […], j'avais près de cent brasses de chaîne et mon ancre à ramener à bord, une tâche énorme pour un homme seul qui me prit près de quatre heures et demie, […]. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • (Au jeu de dés)Il avait amené cinq, sept, etc., il ramena ce même nombre.
  2. Reconduire une personne, un animal ou un objet dans le lieu où elle (il) était au départ.
    • Vous m’aviez confié ce jeune homme, je vous le ramène sain et sauf.
    • Je vous prête ma voiture, vous me la ramènerez.
  3. Amener quelque chose d’un endroit donné, sans qu’on y ait obligatoirement été auparavant. — Note : Le préfixe n’a qu’un sens augmentatif
    • À la fin de la huitième lune, une chaleur lourde s’étendit sur la vieille cité et ramena avec elle une effrayante recrudescence de puanteur ambiante. — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, page 290)
    • Ils vendirent leur mobilier sur place et ne ramenèrent de Termonde que leurs vêtements et leur linge de maison, leur plus belle vaisselle, le fauteuil d'osier de bon-papa et ce qui lui restait de livres ainsi que les ustensiles de cuisine de bonne-maman. — (Marie-José Hervyns, De zéro à vingt-et-un ans: Souvenirs, Éditions du Bélier, 1973, page 143)
    • — C'est ça ! Ramène-nous le sida, tiens ! Ce sera le pompon ! En tout cas, je te préviens pour la dernière fois : si tu continues ainsi, je te coupe les vivres ! Tu es prévenu. — (Jacques Mazeau, Le Bâtard et la Colombe, Éditions Plon, 2000)
    • Pourquoi tu ramènerais de quoi béqueter dans un bar ? À moins d'être germophobe et de ne pas vouloir mettre les doigts dans la coupelle, on t'offre toujours de quoi manger, au pire, tu commandes. — (Mathieu Guibé, Elvira Time, Saison 1/Épisode 1 : Dead Time, illustrations d'Élodie Marze, Éditions du Chat Noir, 2013)
  4. (Militaire) Retourner, lorsqu'il est poursuivi, à la place d’où il était parti, en parlant d’un corps de troupes, après une charge qui a échoué.
    • La cavalerie chargea, mais elle fut vivement ramenée.
    • — Allons au-devant d’eux, ce sont les gens d’armes de la garde du Roi, dit Fontrailles ; je les reconnais à leurs cocardes noires. Je vois aussi beaucoup de chevau-légers avec eux ; mêlons-nous à leur désordre, car je crois qu’ils sont ramenés.
      Ce mot est un terme honnête qui voulait dire et signifie encore
      en déroute dans le langage militaire. — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, Michel Lévy frères, 1863)
  5. Faire revenir.
    • Je leur souhaite, comme vœu du Jour de l’An, de mener à bien leur entreprise et de ramener sur la terre l’âge évangélique. — (Anatole Claveau, La Vertu, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e éd., page 45)
    • (Figuré)De nouveau il crachinait. Le printemps du dimanche n'avait été qu'un faux-semblant et l'aube du lundi avait ramené les nuages. — (Pierre Lucas, Police des mœurs, n°66 : Les dingues du Hainaut, Vauvenargues, 2014, chap. 11)
    • (Figuré) Ramener la question sur son véritable terrain.
  6. Réduire.
    • Ramener une fraction à sa plus simple expression.
    • Tous ces problèmes se ramènent à un seul.
  7. (Figuré) Faire renaître ; rétablir.
    • Et ce n'était plus tant ce qu'il considérait comme des élucubrations qui l'énervaient, mais qu'elle jouât la carte de la tendresse pour tenter de le ramener à de meilleurs sentiments, ça ne passait pas. Elle ne tarderait pas à s'en apercevoir... — (Jean-Claude Lanoizelez, Un soir en hiver, Éditions Publibook, 2016, page 151)
    • La paix a ramené la prospérité., Cette mesure a ramené l’ordre.
  8. Tirer, faire venir en avant ou dessus ce qui est en arrière ou dessous.
    • Ramener les bras en arrière., Il ramène ses cheveux sur le devant de sa tête.
    • Ramener son épée, sa lance : la retirer à soi.
    • Dans la rue juste au-dessous des familles dînent, ça ressemble à des tableaux. Une femme ramène ses persiennes, je devine des plantes vertes, des fauteuils, de la chaleur. — (Annie Ernaux, La femme gelée, 1981, réédition Quarto Gallimard, page 382)
  9. Définition manquante ou à compléter. (Ajouter) ...
    • Mais cette habitude de toujours tout ramener à elle l’agaçait un peu beaucoup en temps normal, mais là, c'était le pompon !! D'ailleurs son beau-frère ne se priva pas de le lui dire. — (Sophia Sagnot, C'est forcément le chiffre trois !!!, Éditions Librinova, 2016, chap. 10)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RAMENER. v. tr.
Amener de nouveau. Vous m'aviez amené telle personne, je vous prie de me la ramener. Au jeu de Dés, Il avait amené cinq, sept, etc., il ramena ce même nombre.

RAMENER signifie aussi Remettre une personne dans le lieu d'où elle était partie, la faire revenir avec soi. Montez dans ma voiture, je vous ramène chez vous. Il a ramené deux fois les troupes à l'assaut, au combat. Vous m'aviez confié ce jeune homme, je vous le ramène. Je vous le ramène sain et sauf. Il se dit également en parlant des Animaux et des Choses. Ramener un cheval à l'écurie. Je vous prête ma voiture, vous me la ramènerez. Il se dit encore en parlant des Choses qu'on amène d'un endroit donné, quoiqu'on ne les y ait pas menées. Ce camion était parti à vide et il a ramené tout un chargement. Il a vendu son cheval à vingt lieues d'ici et en a ramené un meilleur. Il est allé à mon ancien logement et m'a ramené mes meubles. Il se dit, en termes militaires, d'un Corps de troupes qui, après une charge qui a échoué, retourne, poursuivi, à la place d'où il était parti. La cavalerie chargea, mais elle fut vivement ramenée. Il signifie encore Faire revenir. Quel sujet vous ramène? Cet acteur ramène la foule au théâtre. Il s'emploie figurément dans ce sens. Ramener quelqu'un à la raison, à son devoir, à la vraie foi. Ramener la question sur son véritable terrain. Personne ne s'entend mieux que lui à ramener les esprits. Absolument, Ramener quelqu'un, Le faire revenir d'un préjugé, d'une disposition hostile, d'un entêtement. Il est violemment irrité : vous seul pourrez le ramener. Fam., Je le ramènerai bien, Je le ferai bien revenir à la raison.

RAMENER signifie aussi Réduire. Ramener une fraction à sa plus simple expression. Tous ces problèmes se ramènent à un seul. Il signifie aussi figurément Faire renaître, rétablir. La paix a ramené la prospérité. Cette mesure a ramené l'ordre. Ramener une vieille mode, La remettre en vogue.

RAMENER signifie quelquefois Tirer, faire venir en avant ou dessus ce qui est en arrière ou dessous. Ramener les bras en arrière. Il ramena sur son épaule droite un pan de son manteau. Il ramène ses cheveux sur le devant de sa tête. Absolument, Ramener se dit, dans le langage familier, de Quelqu'un qui fait revenir ses cheveux sur le devant de la tête pour dissimuler une calvitie. Ramener son épée, sa lance, La retirer à soi.

Littré (1872-1877)

RAMENER (ra-me-né. La syllabe me prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je ramène) v. a.
  • 1Amener de nouveau. Le malade fut ramené au médecin. Vous m'avez amené un cheval qui me convient ; ramenez-le-moi aujourd'hui.

    À certains jeux. Il avait amené un roi ; il en ramena un, quand ce fut à lui à donner. Il vient d'amener un sept ; s'il le ramène, il a gagné.

  • 2Être cause qu'on revient. Que veut-il, dira-t-on ? quelle verve indiscrète Ramène sur les rangs encor ce vain athlète ? Boileau, Épître X. Sitôt que mon malheur me ramène à sa vue, Racine, Brit. II, 2. Mais que vois-je ? mon fils, quel sujet vous ramène ? Racine, Athal. II, 2.

    Faire venir des gens qui ne venaient plus. Cet acteur a ramené la foule au théâtre. L'approbation de Louis XIV ramena la cour aux pièces de Molière.

  • 3Remettre une personne dans le lieu d'où elle était partie, la faire revenir avec soi. Je t'ai ramenée des extrémités de la terre, des lieux les plus éloignés, Bossuet, Anne de Gonz. Zorobabel… ramena les captifs, qui rebâtirent l'autel et posèrent les fondements du second temple, Bossuet, Hist. I, 8. Il employa son argent et son crédit pour ramener les officiers qu'abandonnait à leur triste captivité l'indigence ou l'avarice des familles, Fléchier, Duc de Mont. Dans son appartement, gardes, qu'on la ramène, Racine, Brit. III, 8. Votre carrosse est-il là-bas ? lui dit-il, voulez-vous que nous ramenions madame ? Marivaux, Marianne, 7e part. p. 51. Le roi de Pologne fit tout ce qu'on devait attendre d'un prince qui combattait pour sa couronne, il ramena lui-même trois fois ses troupes à la charge, Voltaire, Charles XII, 2.

    Poétiquement. Quoi ! seigneur, se peut-il que, d'un cours si rapide, La victoire vous ait ramené dans l'Aulide ? Voltaire, Iphig. I, 2.

    Il se dit également en parlant des animaux. Ramener les troupeaux du pâturage. Ramener un cheval à l'écurie.

    Il se dit même quelquefois des choses. Je vous prête ma voiture ; vous me la ramènerez.

    Ramener en arrière, forcer à revenir au lieu qu'on avait quitté. Dieu en avait disposé autrement [n'avait pas permis la chute de la Pologne]… sa main puissante ramène en arrière le Suédois indompté, Bossuet, Anne de Gonz.

    Ramener sa main, avancer la main qu'on avait d'abord retirée. Le Seigneur, m'accablant du poids de sa colère, Retire tour à tour et ramène sa main, Lamartine, Médit. I, 30.

    Ramener ses regards, les reporter vers le point d'où ils s'étaient écartés. Il ramena ses regards sur la plaine qui était à ses pieds.

  • 4Ramener se dit, en termes militaires, d'une troupe de cavalerie qui, ayant fait une charge qui a échoué, retourne, poursuivie, à la place d'où elle est partie. La cavalerie chargea, mais elle fut ramenée.
  • 5En chirurgie rendre à une partie la direction, la place qui lui con vient. Le chirurgien ramena le membre à sa direction régulière. Après une amputation, ramener les chairs, la peau sur le moignon.
  • 6Amener avec soi, en s'en retournant. Le charretier vous apporte du bois ; il me ramènera du vin. Retournez chez vous, et ramenez tout ce que vous avez laissé dans votre appartement. Eschine et Démosthène furent du nombre des dix ambassadeurs [en Macédoine], qui en ramenèrent trois de Philippe, Antipater, Parménion, Eurylochus, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 63, dans POUGENS.
  • 7Ramasser ce qui s'écarte ; faire venir devant, dessus ce qui est en arrière, dessous. Il ramenait sur le devant de la tête ses rares cheveux. Ramener le pan de son manteau sur l'épaule droite. Il faut ramener la terre au pied des arbres déchaussés.

    Tirer à soi. En ramenant la serpe, il se coupa. Ramenez à vous l'instrument. Pendant que Pisistrate, ébranlé du faux coup qu'il avait donné, ramenait sa lance, Fénelon, Tél. XX. Telle, pour sommeiller la blanche tourterelle Courbe son cou d'albâtre et ramène son aile Sur son œil endormi, Lamartine, Médit. II, 24.

  • 8 Terme de manége. Ramener un cheval, lui faire baisser le nez, quand il porte au vent.

    L'obliger à bien placer sa tête et à la maintenir dans une belle position.

    Son mors le ramène bien, il lui fait bien porter la tête.

  • 9Au jeu de la longue paume, rechasser un coup de volée. Il a bien ramené ce coup-là.

    Absolument. Ce joueur ramène bien.

  • 10 Fig. Faire revenir à des lois, à des règles dont on s'était écarté. J'ai su le ramener aux termes du devoir, Corneille, Nicom. V, 2. Et par cet apologue… [Ménénius] Les ramena dans leur devoir, La Fontaine, Fabl. III, 2. Combien de fois vit-on Marie-Thérèse ramener les courtisans à l'exercice de leur foi par les marques qu'elle donnait de la sienne ! Fléchier, Mar.-Thér. C'est Pyrrhus, c'est le fils et le rival d'Achille, Que la gloire à la fin ramène sous ses lois, Racine, Andr. II, 5. On peut dans son devoir ramener le parjure, Racine, Brit. III, 5. Vous ne pourriez plus… ramener les hommes aux principes de la vertu, après que vous leur auriez appris à les mépriser, Fénelon, Tél. XX. Laissez-moi lui parler ; je veux tâcher de le ramener à la raison, Brueys, Grondeur, I, 5. N'est-ce pas une extrême folie de croire les ramener [les hommes] à nos dogmes… en les persécutant, en les traînant aux galères…, Voltaire, Polit. et lég. Avis au public, La tolérance peut seule....

    Ramener de, faire quitter. Il éclaire les humbles, il les ramène de leurs égarements, Bourdaloue, Pens. t. II, p. 163.

    Ramener une personne à quelqu'un, faire reprendre à cette personne de bons sentiments pour quelqu'un. Par un chemin plus doux Vous lui pourrez plutôt ramener son époux, Racine, Brit. III, 3. Flemming, son premier ministre [de l'électeur de Saxe]… contribua par son adresse à ramener à son maître une grande partie de la noblesse polonaise, Voltaire, Charles XII, 5.

    Absolument. C'est le propre des malheurs de ramener à la philosophie, comme le joueur qui a tout perdu revient à sa maîtresse, D'Alembert, Apolog. de l'étud. Œuv. t. IV, 218.

    Ramener quelqu'un, changer les sentiments de quelqu'un et lui en faire prendre de meilleurs, le radoucir, le calmer. Tous les jours elle ramenait quelqu'un des rebelles, Bossuet, Reine d'Anglet. De tels discours [de Paul IV aux ambassadeurs d'Élisabeth], s'ils sont véritables, n'étaient guère propres à ramener une reine, Bossuet, Var. X, 1. Qui n'a pas quelquefois sous sa main un libertin [esprit fort] à réduire, et à ramener par de douces et insinuantes conversations à la docilité ? La Bruyère, XVI. Tout ce dont un amour ingénieux peut s'aviser pour ramener un cœur rebelle, Massillon, Carême, Fauss. conf. Le goût dégénère en tout genre, c'est aux Français à ramener les Velches, Voltaire, Lett. à Damilaville, 10 avril 1767. J'ai perdu l'idée de ramener le public sur mon compte, Rousseau, Prom. 1. Les bienfaits qui ne ramènent pas un ennemi ne servent qu'à l'aigrir, Duclos, Œuv. t. II, p. 262.

    Je le ramènerai bien, je le ferai bien revenir à la raison.

  • 11 Fig. Ramener quelqu'un à la vie, le sauver de ce qui menace de lui ôter la vie. Vivons, si vers la vie on peut me ramener, Et si l'amour d'un fils en ce moment funeste De mes faibles esprits peut ranimer le reste, Racine, Phèdre, I, 5.

    Ce médecin a parfaitement ramené son malade, il a rétabli sa santé qui semblait désespérée.

    On dit de même : il l'a ramené des portes de la mort.

  • 12Ramener une affaire de bien loin, remettre en bon état une affaire qui paraissait désespérée.

    Au jeu, ramener une partie, la rétablir. On croyait qu'il avait perdu ; et voilà qu'il a ramené la partie.

  • 13Faire repasser par un état par où on avait passé. La vieillesse ramène quelquefois l'homme à l'enfance.

    Absolument. Ce châtiment [le fouet] qui met dans l'humiliation extrême, ce châtiment qui ramène, pour ainsi dire, à l'enfance, Montesquieu, Lett. pers. 157.

  • 14Il se dit de la pensée que l'on fait passer sur ce qu'elle a déjà parcouru. Ramener sa pensée en arrière. Le sermon que vous fîtes la veille de votre départ ne peut jamais sortir de ma mémoire ; mais, comme je ne puis ramener cet endroit sans commencer par vous voir entrer dans ma chambre…, Sévigné, 7 août 1675. Et des corps enterrés dans leur couche profonde, Le tombeau le ramène au vieux berceau du monde, Delille, Trois règn. IV.

    Être accompagné de. Parce qu'il [le signe] en ramène l'idée [de l'original] nécessairement à l'esprit, Bossuet, Euch. III, 4.

    Réduire. Ramener tout au plaisir. Ramener la question au point véritable. La diversité des lieux où les choses se sont passées et la longueur du temps qu'elles ont consumé dans la vérité historique, m'ont réduit à cette falsification, pour les ramener dans l'unité de jour et de lieu, Corneille, Pompée, Examen. Socrate, qui, un peu après, ramena la philosophie à l'étude des bonnes mœurs, Bossuet, Hist. I, 8. Il ramenait toutes choses à une noble et frugale simplicité, Fénelon, Tél. XI. Eux seuls [les justes] n'étudient pas vos penchants pour y accommoder lâchement leurs suffrages, mais ils étudient vos devoirs pour y ramener vos penchants, Massillon, Carême, Mélange.

    Ramener à soi, donner aux choses un but égoïste. L'entend-on jamais parler sur le ton décisif et important qui veut tout ramener à soi ? Massillon, Panégyr. St Thomas.

  • 15 Fig. Faire renaître, rétablir. Ramener la fièvre. Et, pour éloigner de leur esprit [des matelots] les funestes idées de la mort qui se présentait de tous côtés, elle disait avec un air de sérénité qui semblait déjà ramener le calme, que les reines ne se noyaient pas, Bossuet, Reine d'Anglet. Il sut qu'un de ces deux captifs qu'on avait pris pour des Phéniciens avait ramené l'âge d'or dans ces déserts presque inhabitables, Fénelon, Tél. II. L'histoire ramène souvent les mêmes malheurs, les mêmes attentats, et le crime puni par le crime, Voltaire, Mœurs, 169. On a tant de plaisir à ramener la joie sur un visage encore enfant ! Staël, Corinne, XVII, 5.

    Ramener une vieille mode, la remettre en vigueur.

  • 16 Terme de chimie. On dit qu'un réactif ramène une couleur végétale à une autre couleur, quand il fait passer la première à la seconde. Les alcalis ramènent au bleu le papier rouge de tournesol.

    On dit de même : Ramener un peroxyde à un moindre degré d'oxydation.

  • 17Se ramener, v. réfl. Se concentrer. Et, comme notre esprit jusqu'au dernier soupir Toujours vers quelque objet pousse quelque désir, Il se ramène en soi n'ayant plus où se prendre, Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre, Corneille, Cinna, II, 1. C'est lorsque j'ai senti mon âme tout entière Se ramenant en soi, faire un dernier effort, Pour braver les horreurs que l'on joint à la mort…, Chaulieu, à Lafare.
  • 18Reprendre le fil d'un discours. L'enchaînement naturel de toutes ces choses m'emporte, il faut se ramener, Saint-Simon, 327, 23. N'ayant pas voulu rompre le fil des affaires d'Angleterre, je me ramène à ce qui se passait dans le continent, Voltaire, Louis XIV, 16.
  • 19 Terme de manége. Ce cheval se ramène bien, il porte bien sa tête.
  • 20Être ramené à, réduit à. Cette proposition se ramène à cette autre, en découle.

HISTORIQUE

XIIe s. Li sire mortified et vivified, demeine à enfers e rameined, Liber psalm. p. 235. Que Dex [Dieu] par sa vertu vous ramaint sauvement ! Sax. XX.

XIIIe s. Car Diex maint desvoié bien à voie ramaine, Berte, L. Si outrageusement porroient il ordener que le [la] partie qui se daurroit [se plaindrait] porroit aller encontre et fere ramener l'ordenance dusqu'à loial jugement, Beaumanoir, XLI, 34. Et ensi averas le [la] contenance de tot le tonnel par paus [pouces], et ces paus ramenras en piés, Comput, f° 21.

XIVe s. Autrement ne sont pas curées les plaies, se les membres ne sont ramenez en leur nature, Lanfranc, f° 12.

XVe s. Se [je] me desprise et rameyne à neant, et que toute propre reputation faille en moy, Intern. consol. II, 8.

XVIe s. Qui vouldra ramener les vestemens à leur vraye fin…, Montaigne, I, 119. Ramener Dieu et la puissance de la nature à la mesure de nostre capacité, Montaigne, I, 201. Caton ramena à la raison les Corinthiens, Montaigne, Caton, 25. Les assiegeans n'avoient point fait de logis ; se contentans de r'amener ceux qui sortoient jusques à la place du moulin, D'Aubigné, Hist. II, 438. Par ce moyen tu rameneras les parties des muscles coupées sur l'os, Paré, X, 32. Puis [il] entoisa sa grosse masse, ramenant un coup foudroyant, et bastant à atterrer un elephant, Alector, roman, p. 1, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RAMENER. Ajoutez :
21 Absolument, ramener ses cheveux sur le devant de la tête. M. de Niollis est un de ces chauves qui ramènent…, V. Cherbuliez, Rev. des Deux-Mondes, 15 janv. 1876, p. 269.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

RAMENER, v. act. (Gramm.) on dit cet officier a rament plusieurs fois sa troupe à la charge ; alors c’est le reduplicatif d’amener ou conduire. On dit les bergers ramenent leurs troupeaux des champs ;& ramener signifie alors remettre à l’endroit d’où l’on est parti. C’est un correlatif d’amener dans ces phrases & autres, il a amené des marchandises de clinquaille, & il a ramené des vins. Il a encore une acception particuliere, lorsqu’on dit, il commandoit, dans cette action, huit cens hommes, dont il n’a ramené que deux cens. Le printems ramene l’hirondelle. Un sage conseil ramene un homme à son devoir. Un juge habile ramene les autres à son opinion. Il ne faut pas ramener tout à soi. C’est un esprit difficile à ramener. J’ai ramené cette affaire de loin.

Ramener, en termes de Manege, c’est faire baisser le nez à un cheval qui porte au vent, qui leve le nez aussi haut que les oreilles, qui ne porte pas en beau lieu. On met des branches hardies, ou la martingale aux chevaux pour les ramener. Voyez Branche, Martingale.

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Étymologie de « ramener »

Re…, et amener ; wallon, reminé ; bourg. rémené.

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Du verbe amener avec le préfixe r- indiquant un retour au point de départ.
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Phonétique du mot « ramener »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ramener ramœne

Évolution historique de l’usage du mot « ramener »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « ramener »

  • L'aiguille ne revient point à l'heure qu'on voudrait ramener. De François René de Chateaubriand / Mémoires d’outre-tombe , 
  • Dire, c'est une façon de ramener à la vie. De Claudio Magris / Entretien avec Filippe Otsatto, Nico Orengo, Gabriella Zani - Novembre 1998 , 
  • L’homme est le terme unique d’où il faut partir et auquel il faut tout ramener. De Denis Diderot , 
  • Les écrivains devraient moins la ramener, ils oublient que la plupart des gens ne lisent que pour s'endormir. De Christophe Paviot , 
  • On peut, si on veut, ramener tout l'art de vivre à un bon usage du langage. De Simone Weil / Leçon de philosophie , 
  • L'héroïsme a de ces causes démystifiantes mais qui savent ramener celui qui les voit aux justes mesures de ce qui est. De Wilfrid Lemoine / Le Déroulement , 
  • C'est le propre des grands voyageurs que de ramener tout autre chose que ce qu'on allait chercher. De Nicolas Bouvier , 
  • La meilleure façon qu'on ait de ramener toutes ses peines à leur juste valeur, c'est de se croire déjà passé. De Marcel Jouhandeau / Réflexions sur la vieillesse et la mort , 
  • C'est le lot de l'âge et de la sagesse que de ramener les désirs à un niveau de satisfaction possible. De Robert Blondin / 7ème de solitude ouest , 
  • Ma seule ambition de poète est de recomposer, de ramener à l'unité, ce qui n'est que fragment, énigme, effroyable hasard. De Friedrich Nietzsche / Ecce Homo , 
  • Lorsqu’on a la prétention, comme moi, d’entraîner les gens dans l’imaginaire, il faut pouvoir les ramener dans le réel, ensuite... et sans dommage ! De Raymond Devos / Supporter l’imaginaire , 
  • Est-il nécessaire d'aller aussi loin et en étant toujours aussi pressé ? Bien des gens pourraient ramener des souvenirs pour la vie s'ils allaient les chercher un peu moins loin. De Björn Larsson / La Sagesse de la mer , 
  • « C’est une formidable opportunité de gagner un trophée. Cela fait trop longtemps que l’on n’en a pas gagné. Il faut croquer à pleine dent dans cette opportunité. On veut ramener le trophée à Lyon. On sait qu’on sera l’outsider mais on a aussi une équipe de haut-niveau. Pression positive, on ne pense qu’à ça. C’est fantastique d’avoir ces deux matches à jouer. Je suis très excité et motivé. On espère bien rafler la mise en donnant tout. » www.OL.fr, Rudi Garcia : « Ramener le trophée à Lyon, on ne pense qu’à ça »
  • On ne sait pas quand les salles se dérouleront comme d’habitude (j’adore Christopher Nolan mais vous ne pouviez pas me payer pour aller au théâtre voir Tenet dans quelques semaines). En attendant, nous devrons tous nous contenter d’une solution à la maison. Lancer un Blu-ray ou mettre un film sur Netflix ne gratte pas exactement la démangeaison du film. Mais il existe un moyen de ramener l’expérience cinématographique d’été à la maison. Tout ce dont vous avez besoin, ce sont quelques outils de choix et le bon film. Urban Fusions, Les essentiels du cinéma maison pour ramener la saison des films d'été à la maison | Gaming
  • Plusieurs ministres de la Défense de l’OTAN s’étaient déclarés préoccupés par la décision de retirer des milliers de soldats d’Allemagne, d’autant plus que Trump avait parlé à plusieurs reprises de ramener des troupes au pays et de sortir les États-Unis de «guerres sans fin». News 24, Les États-Unis vont ramener 6400 soldats d'Allemagne et en déplacer 5400 de plus - News 24
  • Choix difficile que de ne garder que trois recettes à ramener dans vos valises !. Les ingrédients qui font les saveurs de la Franche-Comté sont multiples, des vins du Jura, aux fromages comme le Comté, le Morbier, le Mont d'Or, aux délicieuses cerises de Fougerolles. Nous avons choisi une entrée, un plat, un dessert aux saveurs comtoises et aux valeurs sûres. France 3 Bourgogne-Franche-Comté, CUISINE. Trois recettes faciles à ramener de vos vacances en Franche-Comté
  • L'aiguille ne revient point à l'heure qu'on voudrait ramener. De François René de Chateaubriand / Mémoires d’outre-tombe , 
  • Dire, c'est une façon de ramener à la vie. De Claudio Magris / Entretien avec Filippe Otsatto, Nico Orengo, Gabriella Zani - Novembre 1998 , 
  • L’homme est le terme unique d’où il faut partir et auquel il faut tout ramener. De Denis Diderot , 
  • Les écrivains devraient moins la ramener, ils oublient que la plupart des gens ne lisent que pour s'endormir. De Christophe Paviot , 
  • On peut, si on veut, ramener tout l'art de vivre à un bon usage du langage. De Simone Weil / Leçon de philosophie , 

Images d'illustration du mot « ramener »

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Traductions du mot « ramener »

Langue Traduction
Anglais bring back
Espagnol devolver
Italien portare indietro
Allemand zurückbringen
Chinois 带回
Arabe أعد
Portugais trazer de volta
Russe вернуть
Japonais 持ち帰る
Basque bueltatu
Corse ritorna
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Synonymes de « ramener »

Source : synonymes de ramener sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « ramener »

Combien de points fait le mot ramener au Scrabble ?

Nombre de points du mot ramener au scrabble : 9 points

Ramener

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