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Province

Variantes Singulier Pluriel
Féminin province provinces

Définitions de « province »

Trésor de la Langue Française informatisé

PROVINCE, subst. fém.

A.−
1.− HIST. ROMAINE. Territoire conquis et administré par les Romains en dehors de l'Italie. Il lui avait confié la province la plus importante de l'empire, la Gaule cisalpine (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 280).
Province annonaire*.
[Le subst. est déterminé par un adj. précisant la qualité du gouverneur de la province ou la personne physique ou morale dont relève la province] Province consulaire, prétorienne. Quand l'Achaïe, province sénatoriale sous Auguste, province impériale sous Tibère, fut rendue au Sénat par Claude, Gallien y fut envoyé comme proconsul (A. France, Pierre bl.,1905, p. 138).
La Province/province (romaine). [Désigne la première province que Rome eut en Gaule proprement dite. V. étymol. infra] Strabon dit que les Séquanes étaient maîtres d'ouvrir ou de fermer aux Germains la route de la province romaine (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 236).Les barbares apparurent en 109 sur le Rhin, qu'ils franchirent; une armée romaine, venue de la Province, les rencontra, sans doute dans le bassin du Rhône, et subit un désastre (A. Piganiol, Hist. de Rome,1962, p. 150).
2. P. anal. Territoire extérieur à un État, à une métropole et qui en est dépendant; colonie. Il demeure à peu près prouvé que l'Égypte fût restée à jamais une province française, s'il y eût eu, pour la défendre, tout autre que Menou (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 131).Son mari avait été nommé gouverneur d'une province anglaise plus grande que l'Europe : elle ne voulait point quitter l'Angleterre (About, Grèce,1854, p. 96).Les drapeaux des provinces sujettes de la dominante République [Venise] (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 456).
B.− Division territoriale
1. Division d'un État ayant une organisation administrative déterminée.
a) HIST. En France, sous l'Ancien Régime, division territoriale issue de la féodalité, ayant des privilèges locaux, au sein de laquelle le roi était représenté par différents personnages (baillis, sénéchaux, gouverneur, intendant) dans le cadre de circonscriptions de nature et de limites géographiques diverses. D'Epernon, tu veilleras à ce que des copies de cet acte soient envoyées dans toutes les provinces de notre royaume (Dumas père, Henri III,1829, iv, 6, p. 184).V. gouverneur ex. 2.
b) De nos jours
[En Belgique] Division politique et administrative. Transfert de la région des Fourons de la province de Liège à la province flamande de Limbourg (GDEL s.v. Belgique).
[Au Canada] État fédéré. Bibliothèques, nombreuses surtout dans les provinces d'Ontario et de Colombie britannique (Civilis. écr.,1939, p. 46-14).
La Belle Province. Le Québec. Au Québec (...), on tente de se doter de structures politiques et économiques capables de protéger la langue et la culture de la Belle Province (Le Point,29 janv. 1979, p. 46, col. 3).
2.
a) Région d'un pays caractérisée par son histoire, ses traditions, ses coutumes et s'opposant à la capitale :
1. Nous, dit Laurent avec simplicité, nous avons habité partout. Grâce à l'humeur de mon père, j'ai laissé des souvenirs dans tous les quartiers de Paris et dans bon nombre de provinces françaises. Duhamel, Cécile,1938, p. 154.
SYNT. Province éloignée, reculée; grande, petite, riche province; retourner dans sa province; partir pour une province; se rendre dans une province; au fond d'une province; de province à province.
P. méton. Ensemble des habitants d'une province. Toute la province était accourue à Besançon pour voir juger cette cause romanesque (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 478).
b) P. ext. Contrée. Cela fait un gros bruit d'averse qui n'est délicieux que parce qu'on vient de traverser des provinces arides (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 105).Les événements d'une province de la planète retentissent dans toutes les autres (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 351).
c) P. anal., SC. DE LA TERRE. Ensemble naturel ayant des caractères homogènes (d'apr. George 1970). [À l'ère secondaire] il y a déjà de grandes provinces botaniques accusant une diminution de température en allant de l'équateur vers les pôles (Boule, Conf. géol.,1907, p. 137).
d) Au fig. Domaine particulier.Il y avait dans le fond de son âme une petite province sacrée (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 801):
2. Je ne prends pas mon parti de voir ce petit ignorer tant de provinces du plaisir; poésie, pensée, musique, peinture semblent rester pour lui choses fermées... Gide, Journal,1914, p. 491.
3. Vieilli. Aux provinces (au lieu de dans les provinces). Les uns s'en allaient aux provinces lointaines où il n'y avait pas de guerre (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 161).[Il] trouvait bon de laisser son épouse aux provinces (Banville, Cariat.,1842, p. 47).
4. Au sing., à valeur coll. La province. Le pays en dehors de la capitale (particulièrement en France). C'est l'hôtel des gens aisés qui, de la province, viennent à Londres (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 71).Quand on va dans leur pays [les Pays-Bas] et qu'on lit leurs journaux (...), il semble qu'on tombe en province et même plus bas (Taine, Philos. art,t. 1, 1865, p. 253).Rodolphe lui, il était loin il parcourait la province avec le cirque Capitol (Céline, Mort à crédit,1936, p. 125).
SYNT. À Paris et en province; en banlieue et en province; habiter, quitter la province; aller, se retirer, vivre en province.
P. méton.
L'ensemble des habitants de la province. Jugez quel bel effet sur la province en toilette! (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 331).Cette fois, la province donna le signal du mouvement, Paris n'ayant vu encore que quelques manifestations sans portée (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 24).
La vie, les mœurs propres à la province; la province dans ce qu'elle a de caractéristique, de positif (calme, etc.) ou, le plus souvent, de négatif (manque de finesse, d'ouverture, peu de distractions, de vie mondaine, etc.). Gérard consentit, quoiqu'il eût le plus violent désir d'accourir à Paris. La province lui pesait (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 109).Le vide, la province du Paris d'été (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p. 316).
Empl. adj. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Qui a certaines caractéristiques appartenant ou supposées appartenir à la province, à ses habitants. Madame de Brugnol (...) te trouve mauvais goût, petites gens et province de ne pas être venu au déjeuner dimanche avec le petit (Balzac, Corresp.,1844, p. 760).Et combien la mise des femmes [à Londres] est discrète, très province même, dirait-on chez nous (Loti, Chât. Belle-au-bois-dorm.,1910, p. 112).Tout ce quartier tranquille, un peu province (...) est là tout entier (Léautaud, Théâtre M. Boissard,1926, p. 202).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Je deviens d'un province, d'un insulaire, n'est-ce pas? (Verlaine, Corresp.,1876, p. 18).
Loc. verb., péj. Faire province. Être (ou avoir) une caractéristique de la province, de ses habitants. D'ailleurs, parler de soi fait « province » ou littéraire (La Varende, Contes fervents,Pinsonnière, 1948, p. 25).
5. De province.Synon. de provincial dans ses aspects déterminatifs et caractérisants (v. provincial I B).
a) [En parlant d'une pers. ou d'un ensemble de pers.] Le bourgeois de Paris rit du bourgeois d'une petite ville; le noble de cour se moque du noble de province (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 71).Les Parisiens étaient venus avec femmes, enfants (...) et les parents de province arrivés pour voir l'Exposition (A. France, Bergeret,1901, p. 391).Les mimiques de l'Autodidacte n'ont pas acquis ce velouté; son amour des hommes est naïf et barbare : un humaniste de province (Sartre, Nausée,1938, p. 145).
SYNT. Acteur, avocat, notaire, femme de province; bourgeois, cousins, gens de province; famille, noblesse de province.
b) [En parlant d'une chose] La ville [Meppel] est franchement de province et n'affiche point d'exorbitantes allures de capitale comme Groningue (Du Camp, Hollande,1859, p. 188).Elle était (...) d'une élégance charmante de province (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Chambre, 1884, p. 986):
3. ... ce qui le frappa surtout fut l'atmosphère de province, l'air de vieille ville abandonnée et le calme du décor étalé sous ses yeux. On entendait distinctement des oiseaux chanter. Il aperçut aussi de l'herbe entre les pavés. Bref, il se crut (...) retiré d'un Paris qui l'étourdissait... Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 5.
SYNT. Accent, mœurs de province; académie, collège, faculté, théâtre de province; église, maison, rue de province; journaux de province; un coin de province; la vie de province.
6. Expressions
a) [Le suj. désigne une pers.]
Être de la province, de sa province. Être enraciné dans une province déterminée, dans la province; en suivre les coutumes, en avoir les caractéristiques réelles ou supposées. Madeleine est de sa province. M. de Nièvres me semble n'être de nulle part, comme beaucoup de gens de Paris (Fromentin, Dominique,1863, p. 113).Serait-il assez lourdaud, assez de sa province, le questionneur indiscret qui ne s'en contenterait pas? (Vogüé, Morts,1899, p. 53):
4. Mener en province le train de Paris, c'est se créer des jouissances incomplètes au milieu de deux genres d'existence qui s'excluent. (...) je veux qu'on soit de la province, si on l'habite; qu'on se résigne à ne pas y désirer ce qu'elle ne produit pas. Gozlan, Notaire,1836, p. 113.
Arriver de sa province. Avoir le comportement maladroit, le manque d'ouverture d'esprit que l'on attribue aux habitants de la province. Est-ce qu'il y a besoin de cela, pour réussir?... On voit que tu arrives de ta province! (Estaunié, Empreinte,1896, p. 120).On voit bien que tu arrives de ta province pour être si bavard (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 90).
b) [Le suj. désigne une chose concr. ou abstr.] Sentir la province, sa province (souvent péj.). Avoir certaines caractéristiques appartenant ou supposées appartenir à la province, à ses habitants. La calomnie contre les femmes, comme le madrigal, est passée de mode, cela sent la province, vois-tu? (Borel, Champavert,1833, p. 169).Nous avons pu coucher dans le calme Dourdan. C'est un gros bourg très riche et qui sent sa province (Péguy, Tapisserie N.-D.,1913, p. 680).Sao-Paulo sentant malgré tout sa province pour un galant homme charmeur (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 347).
C.− RELIG. CATH.
1. Province ecclésiastique. Ensemble de diocèses relevant d'un même archevêque métropolitain. Il voulut que la côte du nord eût des évêques, comme les pays de Rennes, de Nantes et de Vannes (...). Il eût bien voulu aussi avoir un archevêque et former ainsi une province ecclésiastique à part (Renan, Souv. enf.,1883, p. 3).
2. Unité de juridiction regroupant un certain nombre de maisons religieuses d'un ordre, d'une congrégation. Cet homme (...) régnait avec une autorité calme sur les quatre cents religieux des treize monastères de la Province de France (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 148).
Prononc. et Orth. : [pʀ ɔvε ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1160-74 « circonscription ecclésiastique » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 9257); 2. 1680 « réunion de maisons religieuses dépendant d'un même supérieur » (Rich.). B. Ca 1165 « contrée, pays » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 23139); ca 1175 (Id., Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 70; 14271). C. 1. Ca 1175 « circonscription territoriale, état » (Id., ibid., 444); ca 1265 (Brunet Latin, Trésor, I, 122, 7, éd. F. J. Carmody, p. 111 : c'est [la Judée] une grant province); 2. a) « certaine étendue de pays faisant partie du royaume de France » 1328 province de Poitou (Chron. d'apr. G. Dupont-Ferrier ds R. hist. t. 160, 1929, p. 255, note 11); 1384 synon. de bailliage : ès provinces et ès bailliages de nostre royaume (Pièces [...] règne de Charles VI, éd. Douët d'Arcq, t. 1, 1863, p. 55); 1477 en parlant du comté d'Artois (Ordonnances [...] 3erace, t. 18, éd. de Pastoret, p. 307); b) 1675, 20 oct. désigne les habitants de ce pays (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 885 : Je prends part à la tristesse et à la désolation de toute la province); 3. a) 1653 spéc., en France, p. oppos. à la capitale (Racan, Vie de Malherbe ds Œuvres ds Malherbe, Paris, Barbou, 1723, t. 1, p. 40 : Dois je dans la province établir mon séjour? [cf. La Fontaine, Fables, III, 1 ds Œuvres, éd. R. Groos, 1954, t. 1, p. 690, note 4]); 1672 vicomte de province (Molière, Comtesse d'Escarbagnas, XI); b) 1672, 11 déc. plur. « l'ensemble de ceux qui n'habitent pas à Paris » (Sévigné, op. cit., t. 1, p. 598). D. Ca 1213 antiq. romaine (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, 656, 20). Empr. au lat. provincia « circonscription territoriale gouvernée par un proconsul ou un propréteur » [D] (sens issu de celui de « domaine, sphère où s'exerce l'activité légale d'un magistrat [? munus] »), spéc. « administration d'un territoire conquis », de là, à basse époque, et p. ext. « région, contrée, pays » (déb. iiies., Tertullien ds Blaise Lat. chrét.) [B]; cf. a. prov. proensa ca 1140 Trad. Code Justinien ds Rayn.; au déb. du ves. (418-422, Blaise Lat. chrét.) provincia désigne dans le vocab. de l'admin. eccl. le district d'un évêque métropolite [A]; à partir du viiies., il entre dans le vocab. de l'admin. franque pour désigner une circonscription territoriale [C], devenant synon. de ducatus, pagus, comitatus (fin 747 d'apr. Dupont-Ferrier, op. cit., p. 251, note 7). Provincia « circonscription territoriale » a spéc. désigné la 1reprovince romaine de Gaule, ébauchée en 123-122 par le consul Caius Sextus Calvinus et qui, en 59, au moment où César en prit le gouvernement, comprenait le bassin du Rhône depuis le confluent de la Saône jusqu'à la Méditerranée et allait des Corbières et des Cévennes jusqu'aux Alpes; d'où, par voie pop., l'a. prov. Proensa (1130-48, Marcabru, éd. J. Dejeanne, IV, 4; IX, 27; 1145-80, Bernard de Ventadour, éd. C. Appel, XII, 36) et la forme sav. fr. Provence, v. provençal (Ronjat, § 288; Fouché, p. 642). Fréq. abs. littér. : 4 403. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 112, b) 8 303; xxes. : a) 5 421, b) 4 092.

Wiktionnaire

Adjectif - français

province \pʁɔ.vɛ̃s\ invariable

  1. (Familier) (Péjoratif) Caractéristique de gens de la province.
    • Il a un air province.
    • Il est très province.
    • Moi, je ne portais aucun bijou hormis ma gourmette en or, gravée à mon prénom, que mon père m’avait offerte. Elle me conseilla de l’enlever, elle trouvait que ça faisait province, mais au fond, elle s’en foutait, j’attrapai mes clefs de voiture sans relever, et nous partîmes. — (Lolita Pille, Bubble gum, Bernard Grasset, Paris, 2004, ISBN 2-246-64411-9, chapitre V, page 80)

Nom commun - français

province \pʁɔ.vɛ̃s\ féminin

  1. (Toponymie) Étendue de pays qui fait partie d’un État et qui possède plusieurs villes, bourgs, villages, etc., sous un même gouvernement.
    • C'est surtout la Turquie d'Asie qui fournit les meilleures laines, et principalement la province de l'Irak. — (D. de Prat, Nouveau manuel complet de filature ; 1re partie : Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)
    • C'est à ces sentiments nettement latins et fédéralistes tout ensemble de l’École de Marseille qu'il faut rattacher la manifestation à laquelle se livrèrent quelques Félibres, qui, par une déclaration solennelle, publiée le 22 février 1892, se déclaraient partisans de l’autonomie et de la fédération des provinces françaises ; […]. — (Émile Ripert, Le Félibrige, Armand Collin, 1924, page 142)
    • Toulon, en réalité, n'appartient, en propre, à aucune de nos provinces, c'est le Brest de la Méditerranée, à moins que Brest ne soit le Toulon de l'Océan. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • La faiblesse du califat permit aux gouverneurs de provinces et autres satrapes d'usurper le pouvoir et de fonder ainsi, à leur gré, des dynasties de courte ou de longue durée. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
    • Un de ses tenants est le néo-royaliste Charles Maurras (1868-1952) qui revendique le retour aux provinces d'Ancien Régime dont nous savons qu'elles n'existaient pas. — (Jocelyne Georges, Paris-province : un mouvement du capital, dans Province-Paris : Topographies littéraires du XIXe siècle, 2000, page 23)
  2. (Par extension) Les habitants d’une province.
    • Cette province était surchargée d’impôts.
    • Plusieurs provinces se soulevèrent.
  3. (Au singulier) (France) Le reste du pays par opposition à la capitale, en parlant de la France.
    • On voit, dit-il en goguenardant, que ces Messieurs arrivent de province. À Paris, la mode est passée de massacrer les aubergistes qui refusent de louer leurs chambres. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre IV)
    • Vuillet était la bête noire d’Aristide. Il ne se passait pas de semaine sans que les deux journalistes échangeassent les plus grossières injures. En province, où l’on cultive encore la périphrase, la polémique met le catéchisme poissard en beau langage : Aristide appelait son adversaire « frère Judas », ou encore « serviteur de saint Antoine », et Vuillet répondait galamment en traitant le républicain de « monstre gorgé de sang dont la guillotine était l’ignoble pourvoyeuse. » — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, page 99)
    • Cette fin de l'année 1871 ne fut signalée que par la propagande des partis ; un grand nombre des brochures bonapartistes et légitimistes se distribuèrent en province. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Le trait dominant de la province, telle que notre constitution la fait, c’est que l’homme n’y a pas de quoi s’occuper. Il se débat d’abord, puis s’alanguit. C’est la vie latente des animaux hibernants. — (Hippolyte Taine, Carnets de voyage : Notes sur la province, 1863-1865, Hachette, 1897)
  4. (Au singulier) (Péjoratif) La province par opposition à la capitale avec un aspect péjoratif.
    • Il a un air de province.
    • Accent de province.
    • Manières de province.
    • Cela sent la province.
  5. Les habitants des provinces en général.
    • Toute la province en parle.
    • Cet ouvrage a charmé la cour, la ville et la province.
    • Tous les soirs je serai là, dans cette bonne chaleur des provinces qui entre dans nos cœurs et couve nos idées comme des petits poussins. — (Charles-Louis Philippe, Bubu de Montparnasse, 1901, réédition Garnier-Flammarion, pages 166-167)
  6. Étendue de la juridiction d’une métropole, dans l’ancienne circonscription ecclésiastique de la France ; province ecclésiastique.
    • Il serait bon encore d'invoquer la protection du grand thaumaturge vers qui des milliers et des milliers de pèlerins venaient de toutes les provinces, de toutes les nations. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Il y avait dix-huit provinces ecclésiastiques dans le royaume.
    • La province de Sens.
    • Toute la Bourgogne était de la province de Lyon.
    • La Bretagne était de la province de Tours.
  7. (Religion) Ensemble de monastères soumis à la direction d’un même supérieur, appelé provincial.
    • Les cordeliers de la province de France.
    • Les augustins de la province d’Aquitaine.
  8. (Belgique) (Administration) (Depuis 1830) Division administrative du pays, équivalent de département en France.
  9. Pays conquis assujetti aux lois du conquérant et administré par un gouverneur.
    • […] ; il fallut que les Romains envoyassent une armée & foutissent une guerre qui dura quatre ans, aprés laquelle le Royaume de Pergame fut réduit en Province Romaine, […]. — (Nicolas Lenglet Dufresnoy, Méthode pour étudier l'histoire, 1735, volume 1, page 450)
  10. Nom d'une sorte de division de l'Empire britannique, plus tard remplacée par des dominions plus autonomes contenant une ou plusieurs anciennes provinces.
    • De 1763 à 1867, le Canada a été une puis deux puis une province de l'Empire britannique ; puis il est devenu 2 provinces parmi 4 dans le Dominion du Canada.
  11. (Canada) (Administration) (Depuis 1867) État doté d’un gouvernement élu et faisant partie de la fédération canadienne. Note : Cette appellation a été choisie (plutôt qu’État) par le gouvernement britannique pour éviter toute analogie avec les États des États-Unis d’Amérique. L’État québécois l’a fait disparaître de son vocabulaire, pour se désigner soi-même, dans les années 1970 (voir citation ci-dessous).
    • Le Canada compte dix provinces et trois territoires.
    • Le Québec et l’Ontario sont les deux provinces centrales du Canada.
    • Je me rappelle qu'une fois élu [en 1976], à l'une de nos premières réunions du caucus, quand nous avons reçu notre premier chèque de député, j'ai constaté qu'il était émis par le gouvernement de la « Province de Québec ». J'étais insulté d'avoir un chèque de la « province », parce que ma bataille comme fonctionnaire, c'était de faire sauter le mot province pour le remplacer par État. On trouvait d'ailleurs ce mot dans les discours de Jean Lesage dans les années 1960, et je m'étais battu à l'Agence de coopération culturelle et technique pour que le Québec ait un statut d'État, pas de province. Ce mot est synonyme de colonie. — (Denis Vaugeois et Stéphane Savard, Entretiens, Boréal, Montréal, 2019, pages 199-200)
  12. (Burundi) Division administrative de premier niveau au Burundi (comprend des communes).
  13. (Géographie) Vaste territoire qui présente une certaine unité.
    • La province zoogéographique était définie comme une vaste aire où est présente une faune caractéristique en raison d'une position géographique par rapport à des barrières (y compris climatiques), en excluant ainsi le faciès en tant que facteur de contrôle du provincialisme. — (Fabrizio Cecca, René Zaragüeta i Bagils Paléobiogéographie, EDP Sciences, 2015, page 110)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PROVINCE. n. f.
Étendue de pays qui fait partie d'un État et qui comprend plusieurs villes, bourgs, villages, etc., sous un même gouvernement. La France était divisée en provinces. La province de Guyenne, de Normandie, etc. Les provinces d'un royaume. Ce prince voyait la plupart de ses provinces au pouvoir de l'ennemi. Les États, les députés de telle province. Il se dit, par extension, des Habitants mêmes d'une province. Cette province était surchargée d'impôts. Plusieurs provinces se soulevèrent. En parlant de la France, il se dit, au singulier, par opposition à la Capitale, du Reste du pays. Gens de province. Noblesse de province. Aller en province. Partir pour la province. Se fixer en province. Demeurer en province. La vie de province. Une ville de province. Il se dit aussi des Habitants des provinces en général. Toute la province en parle. Cet ouvrage a charmé la cour, la ville et la province. Il a un air de province, se dit d'un Homme venu depuis peu de sa province et qui n'a pas encore pris l'air, les manières, le langage des habitants de la capitale. On dit aussi, familièrement et adjectivement : Il a un air province; Il est très province. On dit encore dans le même sens : Accent de province. Manières de province. Cela sent la province. Dans l'ancienne circonscription ecclésiastique de la France, Province ecclésiastique, Étendue de la juridiction d'une métropole. Il y avait dix-huit provinces ecclésiastiques dans le royaume. En ce sens on disait aussi Province absolument. La province de Sens. Toute la Bourgogne était de la province de Lyon. La Bretagne était de la province de Tours.

PROVINCE, parmi les Religieux, se dit d'un Certain nombre de monastères soumis à la direction d'un même supérieur, appelé Provincial. Les cordeliers de la province de France. Les augustins de la province d'Aquitaine. En termes d'Histoire romaine, il désigne un Pays conquis hors de l'Italie, assujetti aux lois romaines et administré par un gouverneur romain. Après la défaite de Persée, la Macédoine fut réduite en province romaine.

Littré (1872-1877)

PROVINCE (pro-vin-s') s. f.
  • 1 Terme de l'histoire romaine. Pays conquis hors de l'Italie, assujetti aux lois romaines et administré par un gouverneur romain. Toutes les Gaules, toutes les Espagnes… la Grèce, la Thrace, la Syrie, l'Égypte, tous les royaumes de l'Asie Mineure… n'ont été durant plusieurs siècles que des provinces romaines, Bossuet, Hist. III, 6.
  • 2Certaine étendue de pays qui fait partie d'un État (ainsi dite en oubliant le sens de pays vaincu qui est attaché étymologiquement à province). Elle marche comme un général à la tête d'une armée royale, pour traverser des provinces que les rebelles tenaient presque toutes, Bossuet, Reine d'Anglet. On verra, sous le nom du plus juste des princes, Un perfide étranger désoler vos provinces, Racine, Esth. III, 4. La même année, le connétable de Luynes mena Louis XIII de province en province, Voltaire, Louis XIV, 36. Mes sujets sont heureux, mes provinces tranquilles, P. Lebrun, Marie St. III, 4.

    Les habitants mêmes d'une province. Plusieurs provinces se soulevèrent.

  • 3Anciennement, en France, une certaine étendue de pays qui était gouvernée au nom du souverain par un gouverneur particulier. M. de Chaulnes amène 4000 hommes à Rennes pour punir cette ville ; l'émotion y est grande et la haine incroyable dans toute la province contre le gouverneur, Sévigné, 224. La ruine de Rennes emporte celle de la province, Sévigné, 227. Sache quelle province enrichit les traitants, Combien le sel au roi peut fournir tous les ans, Boileau, Sat. VIII.

    Province rassemblée, les états d'une province. Je ne crois pas qu'il y ait une province rassemblée qui ait un si grand air que celle-ci [la Bretagne], Sévigné, 73.

    Les habitants d'une province. Je prends part à la tristesse et à la désolation de toute la province, Sévigné, 227.

  • 4 Par extension, contrée. Je tiens l'éloignement pire que le trépas ; Et la terre n'a point de si douce province Où le jour m'agréât loin des yeux de mon prince, Corneille, Clit. IV, 6.

    Petit Etat. … Ceci montre aux provinces Que, tout compté, mieux vaut, en bonne foi, S'abandonner à quelque puissant roi, Que s'appuyer de plusieurs petits princes, La Fontaine, Fabl. VIII, 18. L'enragé qu'il était [Alexandre], né roi d'une province Qu'il pouvait gouverner en bon et sage prince, Boileau, Sat. VIII.

  • 5Union des dix-sept Provinces, union que les provinces méridionales des Pays-Bas contractèrent avec les provinces septentrionales, au commencement de l'insurrection contre la domination espagnole.

    Les sept Provinces-Unies, se dit de la république que formèrent les sept provinces septentrionales des Pays-Bas, et qui fut reconnue par le traité de Westphalie.

  • 6 Au singulier, tout ce qui, en France, est hors de la capitale (souvent avec l'idée de ce qui est arriéré en fait de mode, de manières, de goût). Dois-je dans la province établir mon séjour ? La Fontaine, Fabl. III, 1. Cela est étrange, qu'on ne puisse avoir en province un laquais qui sache son monde, Molière, Comtesse, 2. Pour Monsieur votre vicomte, quoique vicomte de province, c'est toujours un vicomte, Molière, ib. 11. Mon pauvre mérite, tout médiocre qu'il est, n'est pas encore réduit à se sauver en province comme les mauvais comédiens, Sévigné, 69. La province est l'endroit d'où la cour, comme dans son point de vue, paraît une chose admirable, La Bruyère, VIII. Vous venez de province ; vous en avez rapporté un air de timidité qui ne sied pas à votre âge, Marivaux, Paysan parv. 4e part. Elle n'était jamais sortie de Paris, et elle avait une horreur invincible pour la province, Genlis, Veillées du château t. I, p. 3, dans POUGENS.

    Il a encore un air de province, se dit d'un homme qui, venu depuis peu de sa province, n'a pas encore le ton, le langage, les manières de la capitale.

    On dit dans le même sens : accent de province, manières de province, cela sent la province. Elle avait de beaux yeux pour des yeux de province, Gresset, Méch. III, 9.

    Il se dit quelquefois au pluriel dans le même sens. M. de Vaugelas nous avertit dans cette remarque qu'il a fait un traité sur les fautes particulières de quelques provinces, Vaugelas, Nouv. Rem. Observ. de M***, p. 640. C'est une sorte de vie étrange que celle des provinces : on fait des affaires de tout, Sévigné, 11 mars 1671. Était-elle éloignée de la cour, on eût dit qu'elle était née pour les provinces ; sortait-elle des provinces, on voyait bien qu'elle était faite pour la cour, Fléchier, Duch. de Montausier. Sais-tu pourquoi mes vers sont lus dans les provinces, Sont recherchés du peuple et reçus chez les princes ? Ép. IX. [Molière, paraissant pour la première fois devant Louis XIV] ajouta que, puisque Sa Majesté avait bien voulu souffrir leur manière de campagne, il la suppliait très humblement d'avoir agréable qu'il lui donnât un de ces petits divertissements qui lui avaient acquis quelque réputation et dont il régalait les provinces, Grimarest, Vie de Molière. On ne consulte plus le cœur que dans le fond des provinces, Mme de Puisieux, Ridic. à la mode, p. 52, dans POUGENS.

    Les habitants de la province. Toute la province en parle. Je reconnais bien le style et le bavardage des provinces, Sévigné, 236. Les provinces sont peu instruites des devoirs du christianisme, Sévigné, 21 déc. 1672. On a fait trois éditions de ce petit ouvrage en province ; car la province pense depuis quelques années, Voltaire, Lett. d'Alembert, 13 janv. 1769.

  • 7Dans l'ancienne circonscription ecclésiastique de la France, province ecclésiastique, toute l'étendue de la juridiction d'un métropolitain. Il y avait dix-huit provinces ecclésiastiques dans le royaume.

    Absolument. La province de Lyon. La province de Reims.

  • 8Nombre de couvents qui sont dans une ou plusieurs provinces de France, et qui sont gouvernés par un religieux dit provincial. Les augustins de la province d'Aquitaine.

HISTORIQUE

XIIIe s. Abbasie [Abyssinie] est une grant province, et sachiez qu'elle est la moienne Inde, Marc Pol, p. 690.

XVe s. Si devez sçavoir que ung tel don ie ne perderoye point pour tous les royaulmes de ceste province…, Perceforest, t. III, f° 43.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PROVINCE, s. f. terme de Géographie. Les grands états sont ordinairement divisés par leurs souverains en différentes sortes de gouvernemens politiques, pour les armes, pour la justice, pour les finances, & pour l’assemblage des états ; & on appelle province l’étendue de chacun de ces gouvernemens.

L’origine du nom de province vient des Romains, qui donnoient le nom de province aux gouvernemens qu’ils établissoient dans les pays conquis par les armes, comme qui diroit pays vaincu ou pays conquis ; & quoique les gouvernemens dans lesquels l’on divise présentement les états souverains ne soient pas dans ce cas, on n’a pas laissé de les appeller provinces. Introduct. à la Géograph. par Samson.

Province, s. f. (Hist. rom.) Par provinces, les Romains entendoient une certaine étendue de pays conquis & tributaire, tels que la Sicile, la Sardaigne, l’île de Corse, l’Afrique, l’île de Crete, la Cyrénaïque, la Numidie, la Mauritanie ; les Espagnes, les Gaules, l’Illyrie, la Macédoine, l’Achaïe, l’Asie mineure, la Cilicie, la Syrie, la Bythinie, le Pont, l’île de Cypre, en un mot tous les pays hors de l’Italie conquis par leurs armes. Provincia, dit Festus, propriè dicitur regio quam populus romanus provicit, id est antè vicit. Ces provinces étoient sujettes aux magistrats qu’on y envoyoit ; & les peuples n’avoient pas toujours la consolation d’être jugés suivant les formalités usitées entre citoyens.

I. Chaque année des magistrats annuels partoient de Rome pour les gouverner avec un pouvoir absolu, tant pour le civil que pour le criminel : c’étoient des consuls, des proconsuls, des préteurs, des propréteurs ; d’où vient qu’on distingue les provinces consulaires de celles des autres magistrats.

II. Ces provinces se tiroient au sort, ou le sénat nommoit celui qui y devoit commander. Ces magistrats traînoient à leur suite une troupe de licteurs, de viateurs, d’appariteurs, de questeurs, de lieutenans qui avoient aussi leur cortége, de scribes, & de plusieurs autres petits ministres, que la république ou les alliés leur fournissoient. Ce terrible appareil jettoit l’effroi dans le cœur des peuples. Tite-Live rapporte qu’après la défaite de Persée, les dix chefs des villes que Paul Emile assembla à Amphipolis, furent effrayés de l’appareil de son tribunal, entourés de licteurs, de haches & de faisceaux : insueta omnia auribus oculisque.

III. Ces magistrats pour exercer leur jurisdiction, se rendoient dans le lieu où se tenoient les états de la province, ou dans celui qui leur paroissoit le plus commode ; ils marquoient cette diette par un édit affiché dans toutes les villes : c’est à quoi Virgile fait allusion dans ce vers :

Indicitque forum, & patribus dat jura vocatis.

Cicéron rapporte qu’en arrivant dans la province, il

resta trois jours à Laodicée, cinq à Apamée, deux à Symades, cinq à Philomele, dix à Ionium.

Quelquefois ils appelloient les communes dans les villes qu’ils jugeoient être à leur bienséance ; c’est ainsi que Cicéron assembla à Laodicée les communes de Cibaris & d’Apamée, aux ides de Février ; celles de Symades, de Pamphilie & d’Isaurie aux ides de Mars ; & qu’une autre fois il tint les états de toutes les communes de l’Asie dans la même ville, depuis les ides de Février jusqu’aux ides de Mai : mais ordinairement ils se transportoient dans les lieux mêmes d’assemblée, comme fit Cesar dans les Gaules, & plusieurs autres préteurs en d’autres provinces.

IV. L’audience se tenoit au milieu de la place, comme à Rome dans le forum ou dans une basilique. On croit que quelques villes d’Italie se nomment Rhege, parce qu’il y avoit des basiliques appellées en latin regiæ.

V. Ils traitoient les affaires selon les lois publiées par leurs prédécesseurs, ou par celles qu’ils donnoient de l’avis de leurs dix lieutenans, ou par des sénatusconsultes particuliers ; ils étoient seulement astreints à ne rien changer dans l’édit qu’ils avoient formé de l’aveu du sénat, avant que de partir de Rome. Les romains répandus dans les provinces ressortissoient à leur tribunal.

VI. Ils prononçoient par decret, par jugement, & par diplome. 1°. Par decret, quand ils mettoient en liberté, qu’ils émancipoient, qu’ils adjugeoient la possession d’un héritage, qu’ils nommoient des tuteurs, qu’ils vendoient à l’encan, qu’ils interdisoient, & dans d’autres causes. 2°. Par jugement, quand ils nommoient des juges pour examiner une affaire de peu d’importance ; c’étoient ordinairement leurs lieutenans qui étoient chargés de cette commission ; ou bien ils choisissoient, du consentement des parties, trois récupérateurs. Il falloit qu’ils fussent pris dans la ville ou dans le forum où l’affaire avoit été entamée. Cicéron reproche à Verrès d’avoir nommé des récupérateurs tirés de sa cohorte. Quelquefois ils n’en nommoient qu’un ; & alors ce juge prenoit avec lui quelques jurisconsultes habiles pour l’éclairer. 3°. par diplome ; c’étoit quand le magistrat notifioit dans les provinces son jugement sur une affaire qu’il avoit examinée avec soin dans le secret de son cabinet.

VII. Les peuples avoient cependant la permission de demander un jugement conforme aux formalités & aux coutumes de leurs pays, ou de choisir la jurisdiction du préteur. Les Grecs sur-tout, pour qui les Romains avoient une attention particuliere, jouissoient de cet heureux privilége. « Souvenez-vous, écrit Pline à un de ses amis, que Trajan envoyoit pour gouverneur dans la Grece, souvenez-vous que c’est à Athènes que vous allez, que c’est à Lacédémone que vous devez commander ; il y auroit de l’inhumanité & de la barbarie à dépouiller ces villes célebres, qui autrefois ne connoissoient point de maîtres, de l’ombre & du simulacre de leur ancienne liberté. » Quibus reliquam umbram & residuum libertatis nomen eripere durum, ferum, barbarumque est.

Mais ailleurs ils se conduisoient avec plus de hauteur ; le rhéteur Albutius Silus se voyant repoussé à Milan par les licteurs du proconsul Pison, qui vouloient l’empêcher de défendre un accusé, s’écria que la liberté de l’Italie étoit perdue.

VIII. Quand une cause leur paroissoit embarrassée, ou d’une discussion critique & nuisible à leur réputation, ils la renvoyoient au sénat, ou au tribunal supérieur de la nation, ou à l’aréopage.

IX. Les empereurs apporterent quelques changemens à ces usages. Auguste nomma des propréteurs pour l’Italie, & des préfets pour les provinces. Adrien confia la jurisdiction de l’Italie à des consulaires, & celle des provinces à ceux qui avoient le titre de spectables ou d’illustres : c’étoient là les juges souverains ; ce qui n’excluoit pas les juges ordinaires. Marc Antonin substitua à ces souverains magistrats des jurisconsultes pour le civil seulement, juridicos. Alexandre Sévere nomma des orateurs avec une autorité aussi étendue. (D. J.)

Province consulaire, (Hist. rom.) on nommoit provinces consulaires celles de l’empire romain qui étoient gouvernées par des consuls après l’exercice de leur consulat. Du tems de César, il y avoit sept provinces consulaires, savoir l’Espagne ultérieure, l’Espagne citérieure, la Gaule cisalpine, la Gaule transalpine, l’Eselavonie jointe à la Dalmatie, la Cilicie, & la Syrie. (D. J.)

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Étymologie de « province »

Prov. proensa, prohensa ; espagn. et ital. provincia ; du lat. provincia, de provincere, vaincre précédemment, de pro, et vincere, vaincre.

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Du latin provincia.
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Phonétique du mot « province »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
province prɔvɛ̃s

Fréquence d'apparition du mot « province » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « province »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « province »

  • Ne disons pas de mal des gens de la province. Sans eux, nous ne pourrions pas habiter Paris.
    Alfred Capus — Les Pensées
  • Que la nature est prévoyante ! Elle fait pousser les pommes en Normandie sachant que les indigènes de cette province ne boivent que du cidre.
    Henry Monnier
  • La fécondité est la chose du monde la mieux partagée. Avec la plus modeste éjaculation convenablement diluée, on pourra engrosser toute une province.
    Gaston Bouthoul — Cent millions de morts
  • Tenir en bride sa propre famille n'est pas moins difficile que de gouverner une province.
    Tacite
  • La fenêtre, en province, remplace le théâtre et les promenades.
    Gustave Flaubert
  • Avoir sa belle-mère en province quand on demeure à Paris, et vice versa, est une de ces bonnes fortunes qui se rencontrent toujours trop rarement.
    Honoré de Balzac — La Physiologie du mariage
  • Moi j’aime la province évincée par le système, On y trouve le vrai, le beau, les relations humaines.
    MC Solaar — Relations humaines
  • Ce sont là jeux de prince : On respecte un moulin ; on vole une province.
    François Andrieux — Le Meunier sans souci
  • En France, ce que pense la province importe autant que ce que pensent mes jambes.
    Heinrich Heine
  • Quand Paris se sent morveux, c'est la France tout entière qui se mouche.
    Marcel Aymé — Silhouette du scandale, Le Sagittaire
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Images d'illustration du mot « province »

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Traductions du mot « province »

Langue Traduction
Anglais province
Espagnol provincia
Italien provincia
Allemand provinz
Chinois
Arabe المحافظة
Portugais província
Russe провинция
Japonais
Basque probintzia
Corse pruvincia
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Synonymes de « province »

Source : synonymes de province sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « province »

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Province

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