La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « port »

Port

Variantes Singulier Pluriel
Masculin port ports

Définitions de « port »

Trésor de la Langue Française informatisé

PORT1, subst. masc.

A. −
1. Lieu aménagé sur le littoral maritime, sur le bord d'un lac ou en certains endroits d'un cours d'eau important, pour recevoir et abriter les bateaux et leur permettre de charger et de décharger ce qu'ils transportent.
a) [Sans déterm. spécificateur] Bon, petit port; port actif, moderne; les quais d'un port; lieutenant de port; creuser un port. Il ne faut pas vous étonner que le capitaine de ce bâtiment s'adresse à vous dans sa langue, probablement parce qu'il ne sait pas la nôtre, comme cela pourrait nous arriver à tous si nous venions à mouiller dans un port inconnu (Nodier,Fée Miettes, 1831, p.114).Les autorités du port avaient constaté la veille sans plaisir que des mines flottantes à renversement circulaient dans le chenal (Maurois,Sil. Bramble, 1918, p.105):
1. Le port est un vieux vase où croupissent les vagues Mortes là, en sautant le mur trop haut des digues. Cocteau,Poèmes, 1916-23, p. 153.
[Dans un cont. métaph.] Je m'élançai seul sur cet orageux océan du monde, dont je ne connoissois ni les ports, ni les écueils (Chateaubr.,Génie, t.1, 1803, p.423).
SYNT. Grand port; port étroit, vaseux; port désert, important; port fermé, ouvert; port asiatique, français, méditerranéen; chenal d'accès, entrée, fond, passe d'entrée d'un port; bassins, docks, entrepôts, quartiers du port; activité, administration, construction, création, développement, entretien, équipement, exploitation, outillage, trafic d'un port; capitaine, capitainerie, direction d'un port; frais, taxe de port; bloquer, bombarder, consigner, draguer, visiter un port; débarquer, faire escale, relâcher dans un port; sortir d'un port.
[Suivi d'un n. propre introd. par de] Port d'Écosse, de la Méditerranée; port de Marseille, de Paris, de Shanghaï. Vieilli. [Suivi d'un n. propre en appos.] Ce grand navigateur, en 1519, partit avec cinq bâtiments, suivit les côtes de la Patagonie, découvrit le port Désiré, le port San-Julian, où il fit de longues relâches (Verne,Enf. cap. Grant, t.1, 1868, p.71).
Port assuré (vieilli). Port offrant toutes garanties de sécurité. La Louisiane ne saurait être d'une grande utilité à la France, et sur-tout à la marine, puisqu'elle n'offre aucun port assuré pour y contenir les vaisseaux (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane, 1802, p.342).[P. métaph., parfois dans un cont. métaph.] Ces retraites sacrées [les monastères], loin d'offrir un port assuré à nos inquiétudes, ne seroient plus que des lieux où nous viendrions pleurer un moment l'inconstance des autres, et méditer nous-mêmes des inconstances nouvelles (Chateaubr.,Génie, t.2, 1803, p.389).V. assuré ex.14.
Locutions
α) Arriver, entrer au port, toucher le/au port; conduire, guider au port. Haynes mettait son amour-propre à entrer au port avec un bateau parfaitement équilibré (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p.67).
P. anal. (Faire) arriver à destination. Nous allons descendre [du train]. J'ai presque envie de vous dire: ne regardez plus rien, Suzanne. Laissez-vous conduire jusqu'au port (Duhamel,Suzanne, 1941, p.97).
Au fig. (Faire) atteindre un état qui est un terme. V. extrémiste ex.
En partic. Arriver au terme de la vie. L'opinion que vous avez de moi est assez juste dans l'ensemble, mais fausse en un seul point: je me juge, hélas! avec plus de sévérité que vous ne pensez. J'arrive au port les mains vides... (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p.133).Mener à son terme, réussir à terminer. Faudra-t-il vous le garder, ce roman, si je le mène au port, excédée des tempêtes que me soulève sans cesse la Revue (Sand,Corresp., t.6, 1873, p.282).
À bon port. [Avec des verbes du type arriver ou conduire] En atteignant son lieu de destination (port ou autre lieu) sans encombre; au fig., en atteignant son objectif sans incident. Faire entendre raison aux rois par les peuples, ou (...) conduire à bon port les peuples par les rois (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.419).Le brouillard devenait un de ces dangers contre lesquels on lutte, de sorte que nous eûmes, à trouver notre chemin et à arriver à bon port, les difficultés, l'inquiétude et enfin la joie que donne la sécurité (Proust,Guermantes 2, 1921, p.398).Pour conduire son navire ou tout au moins, éventuellement, sa cargaison à bon port, il [le capitaine] est amené à accomplir, comme représentant du propriétaire, une série d'actes juridiques dont il lui rend compte (M. Benoist, Pettier,Transp. mar., 1961, p.102).
β) Être au port. Ce vapeur, lorsqu'il est au port, à Hongkong, est gardé par un officier anglais et quelques matelots (Malraux,Conquér., 1928, p.14).
Au fig. Être à l'abri d'événements dangereux. La Révolution, en traversant son existence et en le soumettant à de nouvelles épreuves quand il se croyait au port, n'empêcha point Bernardin de rêver ni de suivre le développement paisible de ses systèmes (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t.6, 1852, p.446).Être arrivé au terme d'un travail. Je vous envie d'être au port, dans la contemplation de votre oeuvre finie [à E. de Goncourt] (Zola,Corresp., 1884, p.617).
γ) Faire naufrage, périr, sombrer, échouer au/dans le port, en vue du port. Le chevalier meurt de faim et voit souvent échouer au port le vaisseau qui lui porte quelques provisions de farine (Staël,Lettres jeun., 1786, p.104).
Au fig. ou dans un cont. métaph. Échouer dans une entreprise au moment où l'on semblait atteindre la réussite. Il serait horrible que par une révolte d'équipage, la France, ce premier navire des nations, sombrât en vue de ce port magnifique (...) qui attend le genre humain (Hugo,Actes et par.1, 1875, p.221).Sentir que les camarades approchent, qu'ils sont là, qu'ils apportent la délivrance, et puis qu'ils échouent au port (Bordeaux,Fort de Vaux, 1916, p.264).
b) [Avec déterm. spécificateur]
α) [Nature ou type]
Port maritime/de mer; port fluvial/de rivière. Par son trafic Paris est le premier port de France. On a toujours caressé le projet de faire de la capitale un port de mer; mais de grandes difficultés s'opposent à ce projet. Elle demeurera longtemps encore un port fluvial, ce qui ne l'empêche pas d'avoir une activité hors de pair (Albitreccia,Gds moyens transp., 1931, p.81).
Port de front de mer, de rade; port de lagune:
2. Parfois également les passagers souhaitent débarquer au plus près de la côte. C'est pourquoi les ports d'estuaires ou les ports fluviaux sont fréquemment doublés par un port côtier. Les ports «intérieurs» et «extérieurs» sont alors étroitement conjugués, le développement de l'un entraîne celui de l'autre. M. Benoist, Pettier,Transp. mar., 1961, p.183.
Port à marée. Port où l'effet de la marée se fait sentir. Dans les ports à marée, on installe, en un point de l'avant port, une plateforme d'ordinaire en bois sur laquelle le navire est échoué en basse mer (Bourde,Trav. publ., 1929, p.289).
Port d'échouage. Port où les navires sont à sec, à marée basse. La marée basse donnait au port d'échouage une profondeur d'abîme (Hamp,Marée, 1908, p.10).V. échouage ex. de Zola.
Port naturel; port artificiel. Lieu qui offre naturellement un abri; lieu qui nécessite des travaux complémentaires pour offrir un abri suffisant. La petite maison où vivaient les trois insulaires était située au fond d'un port naturel du sud-ouest formé par l'écroulement d'une portion de la montagne (Verne,Enf. cap. Grant, t.2, 1868, p.31).Quelques-uns des plus importants ports du monde sont aujourd'hui des ports artificiels, comme Chang-Haï ou Colombo (Brunhes,Géogr. hum., 1942, p.70).V. bassin ex.17.
Port (militaire) artificiel. Port improvisé, constitué de navires ou d'éléments préfabriqués reliés entre eux, installé au lieu de débarquement de troupes et de matériel. L'un ou l'autre [Le Havre ou Cherbourg], pour le commandement allemand, apparaissait comme d'autant plus indispensable aux alliés qu'il ignorait l'existence des futurs ports artificiels d'Arromanches (Billotte,Consid. strat., 1957, p.40-05).
β) [Statut]
Port autonome. ,,Port dont la gestion est assurée, non par un Directeur relevant du Ministère, mais par un Conseil d'Administration réunissant les représentants de la municipalité, de la Chambre de Commerce, des Syndicats etc.`` (Gruss 1978). Le port autonome s'est substitué à la ville de Strasbourg le 1erjanv. 1926 (Nav. intér. Fr., 1952, p.62).
Port franc. ,,Port auquel l'État a concédé le privilège d'entretenir des relations commerciales avec toutes les nations, d'importer ou d'exporter des marchandises libres de droits`` (Gruss 1978). V. havre A ex. de Albitreccia.
γ) [Fonction]
[En rapport avec les étapes et les aléas de la navigation]
Port de départ, d'escale, de relâche, de transit. Lorsque, sous la conduite du pilote, le navire arrive en vue du port de destination, il ne peut pas toujours y entrer immédiatement (Bourde,Trav. publ., 1929, p.223).
Port d'attache. ,,Port d'immatriculation du navire`` (Gruss 1978). Des navires (...) qui quittent leur port d'attache pour une campagne dont la durée est supérieure à 72 heures (Boyer,Pêches mar., 1967, p.20).
P. anal. ou au fig. Je ne suis qu'un pauvre religieux qui dois obéir à son prieur, et le mien, celui de la maison du Havre, mon port d'attache, m'emmène tout de suite avec lui (Billy,Introïbo, 1939, p.93):
3. Croyez bien, mes enfants, que toute pensée a son port d'attache, et que si vieil académicien qu'on soit, il suffit de réfléchir pour retrouver quelque heure primitive et décisive de la formation de sa pensée... Valéry,Variété IV, 1938, p.205.
Port d'approvisionnement, de débarquement. L'ancienne cohabitation au coeur d'un port d'armement, de l'industrie constructrice des navires et de l'activité utilisatrice des armements, pouvait-elle se maintenir? (Perpillou,Industr. constr. nav., 1967, p.10).V. grue2A ex. de Benoist, Pettier.
Port de refuge, de salut. Port où l'on peut se retirer à l'abri de la tempête. Il était donc fort naturel que le Duncan, jugeant cette côte détestable et sans port de refuge, se tînt éloigné (Verne,Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p.250).
P. anal. Lieu où l'on est à l'abri des dangers, d'une situation difficile. Proscrit au 18 fructidor, l'Angleterre fut son port de salut (Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.480).Le foyer familial, le port de refuge, le centre de tendresse n'est plus (Maurois,Disraëli, 1927, p.216).
[En rapport avec l'utilisation du bateau] Port ou partie de port spécialisé(e) dans un type d'activité.
Port militaire, de défense. Brouage, dont Richelieu voulait faire le grand port de guerre français sur l'océan (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p.371).
Port commercial, de marchandises, de voyageurs; port charbonnier; port d'exportation. L'aménagement des quais d'un port de commerce comprend un outillage très varié (Bourde,Trav. publ., 1929, p.309).Le port pétrolier est établi sur les rives du bassin 6 (Nav. intér. Fr., 1952, p.60).
Vieilli. [Avec compl. prép. à.] Port au charbon. La Seine, jaune et large comme une mer, a couvert tous les travaux du port au blé (Michelet,Journal, 1836, p.218).
Port de pêche, sardinier. De petits ports de pêcheurs sont ouverts sur toute cette côte dentelée (Lamart.,Voy. Orient, t.2, 1835, p.130).
Port de plaisance. Port réservé aux bateaux de plaisance. La direction des ports maritimes et des voies navigables au ministère des travaux publics ne peut malheureusement consacrer aux ports de plaisance que des sommes minimes (Jocard,Tour. et action État, 1966, p.196).
2. P. méton.
a) Ensemble des quais d'un port, le quartier du port. Se promener sur le port. Lorsque tu seras à Gibraltar, demande sur le port où demeure une marchande de chocolat qui s'appelle la Rollona (Mérimée,Carmen, 1847, p. 57).À Anvers, où nous traînions sur le port depuis des semaines (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.72).V. armateur ex.3.
b) Ville qui possède un port. Papa Nicolo a habité un port de mer (Ponson du Terr.,Rocambole, t.1, 1859, p.625).Je suis né dans un port de moyenne importance (Valéry,Variété III, 1936, p.231).
3. P. métaph. [Souvent dans une formulation exprimant l'équation identificatrice] Ce qui constitue un terme, un point d'aboutissement, souvent un refuge, un abri.
a) [Sans élément de cont. appartenant au même champ sém.] Les états de Toscane offrent jusqu'à présent tant de sécurité, par la douceur de ceux qui les gouvernent, que non seulement les curieux s'empressent d'y venir, mais que tous les hommes qui, pour des causes politiques, sont obligés de quitter leurs pays, viennent chercher un port dans ce paradis terrestre (Delécluze,Journal, 1825, p.92).Comme Kreisler (...) il «parut chercher toujours le port où il trouverait, enfin, la paix sans laquelle un artiste est incapable de rien créer» (Béguin,Âme romant., 1939, p.295).
[En formulation attributive] Jamais tu n'imitas l'exemple de tant d'autres, Et d'une lâcheté tu ne te fis un port! (Hugo,Rayons et ombres, 1840, p.1056):
4. Je me suis réfugié seulement auprès des femmes. Vous le savez, elles ne condamnent vraiment aucune faiblesse: elles essaieraient plutôt d'humilier ou de désarmer nos forces. C'est pourquoi la femme est la récompense non du guerrier, mais du criminel. Elle est son port, son havre, c'est dans le lit de la femme qu'il est généralement arrêté. Camus,Chute, 1956, p.1524.
[Avec compl. prép. de] Paulina trouverait un jour dans un couvent le port de la douceur (Jouve,Paulina, 1925, p.141).Pour Gautier, c'est la ligne de chance ordinaire au roman d'aventure ou de cape et d'épée, la montée du Gascon vers Paris, ses amours avec la jeune fille noble, ses duels contre les spadassins et contre le traître, le Roman d'un jeune homme pauvre qui arrive triomphalement au double port de l'amour et de la fortune (Thibaudet,Réflex. litt., 1936, p.238).
b) [Avec élément de cont. appartenant au même champ sém.] Ce gendre tout-puissant ne sera point ingrat, Et, si votre fortune essuyait quelque orage, Vous prépare en Bourgogne un port dans le naufrage (Delavigne,Louis XI, 1832, i, 4, p.12).Bientôt nous aperçûmes le perron qui devait nous servir de débarcadère: c'était un port dans la tempête; nous y touchâmes bientôt (Reybaud,J.Paturot, 1842, p.226).
B. − P. anal. Port (aérien). Lieu aménagé pour recevoir et abriter les appareils de transport aérien. Synon. usuel aéroport.On songe notamment à relier Le Bourget, port aérien, au centre de la ville (Albitreccia,Gds moyens transp., 1931, p.76).Dans les petits ports [de l'aviation] où il n'y a pas de projecteurs une auto s'en va accuser l'extrémité du terrain avec ses phares (Morand,Route Indes, 1936, p.276).
REM. 1.
-port, élém. de compos.V. avant-port, arrière-port (s.v. arrière-), bas-port.
2.
Portelet, subst. masc.,hapax. Petit port. Aucun pêcheur ne comptait sortir ni de la Hougue La Perre (...) ni d'aucun port ou portelet de Guernesey (Hugo,Travaill. mer, 1866, p.228).
Prononc. et Orth.: [pɔ:ʀ]. Homon. porc, pore, port2, 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 «enfoncement de la mer dans les terres offrant un abri aux bateaux» (Alexis, éd. Chr. Storey, 196); d'où α) 1140 port de mer «ville située sur le bord de la mer et offrant un abri aux bateaux» (Pelerinage de Charlemagne, 369 ds T.-L.); β) 1209 port de salut «lieu où un bateau se retire à l'abri de la tempête» ici fig. (Reclus de Molliens, Miserere, éd. A. G. Van Hamel, 263, 2); γ) 1690 port artificiel «port construit de main d'homme» (Fur.); δ) id. port de havre «port où l'on peut aborder à toute heure du jour» (ibid.); ε) 1723 port franc (Savary); ζ) 1771 port de toute marée (Trév.); b) 1325 «lieu sur une rivière où abordent les bateaux» (Archives Nationales JJ 93, p.43 ds La Curne); 2. 1100 «ville bâtie auprès d'un port» Port de Guitsand (Roland, éd. J.Bédier, 1429); 3. loc. diverses ca 1165 estre a mal port «être dans une situation désespérée» (Chrétien de Troyes, Guillaume d'Angleterre, éd. M.Wilmotte, 1838); ca 1280 a bon port «heureusement» (Adenet le Roi, Cleomades, éd. A. Henry, 4311); 1306 venir a bon port «arriver heureusement (d'un navire)» (Jean de Joinville, Vie de Saint-Louis, éd. N.L.Corbett, p.86). Empr. au lat. portus «ouverture, passage; port; asile, refuge». Bbg. Aebischer (P.). Halt sunt li pui e li port tenebrus... Studi medievali. Torino. 1952, t.18, pp.1-10. _ Appel (C.). Vermischtes. In: [Mél. Mussafia (A.)]. Halle, 1905, pp.147-157. _ Wexler 1955, p.84, 88.

PORT2, subst. masc.

Action ou fait de porter.
A. − [Corresp. à porter11resection I]
1. [Corresp. à porter11resection I A 1 a]
a) Cour. Hors de l'école, certains enfants sont exposés à des déformations vertébrales; ce sont ceux qui sont employés prématurément à des travaux trop durs, travaux de ménage, repassage, port de fardeaux, etc., qui devraient leur être interdits (Macaigne, Précis hyg.,1911, p.182).
ART MILIT., vieilli. Port d'armes. Action de soulever son arme, spécialement son fusil (tenu jusque-là appuyé crosse à terre), pour la tenir contre le corps, l'extrémité opposée à la garde ou à la crosse à hauteur de la tête, notamment pour rendre les honneurs; p.méton., position ainsi prise. Exécuter un port d'armes. V. fagotage ex. de Courier:
1. ... au moment où la garde nationale et les pompiers s'y déployaient [devant la mairie], tambour battant, et marquant le pas. −Balancez! cria Binet. −Halte! cria le colonel. Par file à gauche! Et, après un port d'armes où le cliquetis des capucines se déroulant, sonna comme un chaudron de cuivre qui dégringole les escaliers, tous les fusils retombèrent. Flaub., MmeBovary,t.1, 1857, p.160.
Au port d'armes. Dans la position immobile et figée de la manoeuvre du port d'armes. Se mettre au port d'armes. Les pieds dans les étriers et le sabre au port d'armes (..) pour faire le salut militaire (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t.1, 1870, p.115).La foule se resserre derrière la haie grise des fantassins roumains au port d'armes (Vercel, Cap. Conan,1934, p.35).P. compar. Un gros garçon joufflu (...) qui sifflait en tenant son fouet comme un fusil au port d'armes (Balzac, Méd. camp.,1833, p.106).Il reste debout et poitrinant comme au port d'armes, la tête droite, les bras allongés le long du corps, les mains recourbées en arrière (Claudel, Otage,1911, iii, 3, p.289).
P. anal. Dans une position verticale raide et figée. [En parlant d'un être animé] Aussi devant elle se tenait-il au port d'armes et immobile (Balzac, Illus. perdues,1837, p.82).Le chien se met au port d'armes pour regarder (Claudel, Tobie et Sara,1940, ii, 2, p.1243).[En parlant d'une chose] Tous ces ceps [de la vigne], l'échalas droit, sont au port d'armes (Renard, Hist. nat.,1896, p.205).Lewis regarda l'heure au cadran de Westminster (...). Il allait être minuit, les deux aiguilles bientôt au port d'armes (Morand, Lewis,1924, p.156).Au fig. Quand il arrête sur moi son oeil profond, quand je vois qu'il me voit, il y a quelque chose en moi qui se met au port d'armes (Claudel, Soulier,1929, 3ejournée, 6, p.794).V. aligner ex. 21.
b) Rare. Fait de supporter quelque chose. Ces quinze années m'ont appris la patience, la résignation, et surtout le port de la misère (Balzac, Lettres Étr.,t.2, 1844, p.385).
2. [Corresp. à porter11resection I A 1 b α, à propos d'armes] Le port des pistolets de poche est puni de trois ans de galère à Parme (Stendhal, Chartreuse,1839, p.224).Interdiction pénalement sanctionnée des menaces ou promesses, du port d'armes dans les salles de vote ou à proximité (Vedel, Dr. constit.,1949, p.366).
Permis de port d'armes. (Document reconnaissant l')autorisation pour quelqu'un de porter une arme:
2. saint-réjant: C'est un petit baril dans lequel il y avait une livre, une livre et demie de poudre. Plusieurs individus avaient apporté cette poudre; cela n'est pas étonnant, parce qu'ils avaient un permis de port d'armes: quand on a des armes, il faut avoir de quoi les charger. le président: Ils avaient un permis de port d'armes? saint-réjant: Du préfet de leur département. Procès Conspir. 1erConsul,t.1, 1801, p.76.
P. ell. Pour toi, je ne dresserai pas de procès-verbal, tu serais en récidive, et tu n'as pas de port d'armes! (Balzac, Méd. camp.,1833, p.136).Le gouvernement impose aux chasseurs l'obligation de prendre un port d'armes qui coûte une drachme (90 centimes) pour trois mois (About, Grèce,1854, p.150).
DR. PÉNAL. Port d'armes contre la France. ,,Crime de trahison qui consiste, de la part d'un Français, à prendre du service dans une armée étrangère opérant contre la France`` (Cap. 1936).
3. [Corresp. à porter11resection I A 1 b β] Port de gants chauds; port du casque obligatoire (sur un chantier); port de décorations, de l'uniforme. Puisque les chefs d'industrie rendent obligatoire le port du masque à gaz, les femmes (...) ont fait, de l'étui cylindrique, un objet de goût personnel (Colette, Pays. et portr.,1954, p.240).Un prêtre me disait qu'il est contre le port de la soutane. Il voudrait que les ecclésiastiques s'habillent en clergymen (Green, Journal,1957, p.358).
Rare. Manière de porter. Ces personnes qui, le jour, se différenciaient violemment dans la rue par le port de leur chapeau, la manière d'avachir leur jaquette et l'exubérance inégale de leurs opinions politiques (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p.50).
4. [Corresp. à porter11resection I A 2 a]
a) [À propos d'une production pileuse modifiable ou d'un élément artificiel] Fait d'avoir comme partie intégrante de soi-même. Le port de la barbe. Un front fuyant, qu'exagère le port des cheveux noirs, plantés haut, et rejetés en arrière (Martin du G., J. Barois,1913, p.229).Je me rappelais que le nom d'employé est, comme le port de la moustache pour les garçons de café, une satisfaction d'amour-propre donnée aux domestiques (Proust, J. filles en fleurs,1918, p.800).Le port d'un dentier entraînant une déformation de la bouche (Quillet Méd.1965, p.314).
b)
α) [À propos d'un animé, surtout d'une pers.]
[Avec un compl. subst. introd. par de désignant le corps ou une partie du corps, usuellement la tête] Manière de tenir (le corps ou la partie du corps). Tout homme qui, dans le port du corps et de la tête, a quelque chose du renversement du dindon, on peut assurer que c'est une foutue bête, insupportable de prétention et d'orgueil (Goncourt, Journal,1887, p.654).V. harmonie ex. 6:
3. Habituellement, les hommes d'étude inclinent la tête. Quiconque a lu la Physiologie du goût doit se souvenir de cette expression: le nez à l'ouest, comme M. Villemain. En effet, ce célèbre professeur porte sa tête avec une très-spirituelle originalité, de droite à gauche. Relativement au port de la tête, il y a des observations curieuses. Le menton en l'air à la Mirabeau est une attitude de fierté qui, selon moi, messied généralement. Balzac, Théor. démarche,1833, p.635.
Port de tête. Des sourires de dénigrement répondaient aux ports de tête orgueilleux (Flaub., Éduc. sent.,t.2, 1869, p.9).De l'orateur de tempérament, Dréard avait la voix dominatrice, le port de tête impérieux, le geste large, le masque à la Mirabeau (Bourget, Actes suivent,1926, p.91).
DANSE. Port (de bras). Position donnée au(x) bras. Les bras du danseur et ses poignets flottent, ceux de la femme encadrent la tête brune par des «ports» anguleux ou fluides (Levinson, Visages danse,1933, p.250).On a coutume de concevoir la danse comme une savante combinaison de mouvements de jambes, accompagnée de certains ports de bras (Bourgat, Techn. danse,1959, p.74).
[Sans compl. subst. désignant le corps ou une partie du corps] Manière naturelle de se tenir, propre à chacun, lorsque l'on est debout, immobile ou en mouvement. Le port du prince, sa manière de se tenir n'étaient point sans majesté (Stendhal, Chartreuse,1839, p.104).Elle était instruite, beaucoup plus que les personnes de son sexe n'ont accoutumé, ayant beaucoup lu, voyagé même, dont elle gardait dans le port de la dignité et un peu de froideur (Toulet, Mariage Don Quichotte,1902, p.109).Je puis imiter parfaitement bien le port, la tenue, les gestes d'une personne, mais aurai-je fait oeuvre d'artiste? (Lifar, Traité chorégr.,1952, p.133).
[Avec adj. ou compl. subst. à valeur qualificative] Port fier, impérial, majestueux, noble, seigneurial; port de roi. Madame Grandet, avec son port de reine, sa rare beauté, son immense fortune, sa conduite irréprochable (Stendhal, L. Leuwen,t.3, 1835, p.360).Dans ce salon étouffant, je revois ma mère, son port altier, son fin profil alourdi par une bouche un peu forte (Chardonne, Attach.,1943, p.78).
β) P. anal. [À propos d'un végétal] Forme et disposition d'ensemble propre à ce végétal. Port arborescent, buissonnant, traînant; port de mousse. Des forêts majestueuses et imposantes par leur étendue presque sans limites, ainsi que par le nombre, la grosseur et le port magnifique des arbres (Crèvecoeur, Voyage,t.2, 1801, p.263).Non seulement elle avait fini par se procurer, patiemment, pour chaque variété les plus beaux exemplaires, mais la présentation de chacun de ceux-ci [dans un herbier] était merveilleuse: de minces bandelettes gommées fixaient les plus délicates tigelles; le port de la plante était soigneusement respecté (Gide, Si le grain,1924, p.367).Après une période de repos, un oeil donne naissance à une pousse où le port en rosette a disparu (Boulay, Arboric. et prod. fruit.,1961, p.55).
[À propos d'une partie du végétal] Leur tronc [d'arbres], le port de leurs branches, les formes neuves et étranges de leurs cimes coniques, échevelées, pyramidales (Lamart., Voy. Orient,t.2, 1835, p.76).C'est un eucalyptus; un arbre importé d'Australie −et elle me fit observer le port des feuilles, la disposition des ramures (Gide, Si le grain,1924p.435).
5. [Corresp. à porter11resection I B]
a) [Corresp. à porter11resection I B 1 a β] Tout yacht doit observer les règlements internationaux pour la prévention des abordages en mer ou les règles nationales concernant les signaux de brume et, tout au moins, le port de feux pendant la nuit (Jeux et sports,1967, p.1557).
b) MAR. Port (en lourd). Différence, aujourd'hui exprimée habituellement en tonnes métriques, entre le déplacement du navire lège et son déplacement en charge, à ses marques de charge (d'apr. Le Clère 1960). Dans l'espace de quatre ans, dix brigantins furent sciés et alongés, et (...) leur port, qui n'étoit que de 895 tonneaux, se monta à 1410 en conséquence de cette opération (Crèvecoeur, Voyage,t.3, 1801, p.267).Le port en lourd des automoteurs est inférieur à celui des péniches (240 tonnes à l'enfoncement de 1 m 80, et 290 tonnes à l'enfoncement de 2 m 20) (Nav. intér. Fr.,1952, p.3).Port en lourd utile. ,,Nombre de tonnes que le navire peut porter`` (Le Clère 1960).
6. [Corresp. à porter11resection I C 4] Le port d'un nom quelconque entraîne, pour les deux sexes, une répartition en deux groupes (Lévi-Strauss, Anthropol. struct.,1958, p.163).
B. − [Corresp. à porter11resection II]
1. [À propos d'un objet déplacé]
a) Action, fait de porter en un lieu de destination ou à une personne destinataire. Tu sais que le port ne coûte que deux sous (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.228).Beaucoup lui payaient le port d'un paquet d'un coup de vin (Pesquidoux, Livre raison,1928, p.84).Dans le pays où elle [la poste] était le plus perfectionnée, le Saint-Empire, elle n'était ouverte officiellement au public que depuis 1574 et, dans les autres États, le port des lettres privées n'était encore que toléré (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p.190).
Prix du/de port. Je ne t'ai point encore envoyé le livre que tu me demandes, parce que j'ai pensé que si la dame qui doit venir à Paris veut bien s'en charger, ainsi que du cachet et de l'écusson peint, cela t'épargnera des frais de port (Hugo, Corresp.,1823, p.380).
b) P. méton. Prix payé pour le transport. Port à percevoir; rembourser le port de qqc. La mère Rolet réclama le port d'une vingtaine de lettres (Flaub., MmeBovary,t.2, 1857, p.199).En France, il est vrai, le port d'un imprimé de 5 grammes n'est que de 1 centime, mais de 20 à 50 grammes il est de 5 centimes (Pradelle, Serv. P.T.T. Fr.,1903, p.195).
Franc/franco de port. V. franc3et franco1.
En port dû. Le port étant à la charge du destinataire. Lors de mon dernier passage à Saint-Pétersbourg j'avais eu l'occasion d'embarquer ces caisses sur un cargo à destination d'Anvers, en port dû (Cendrars, Bourlinguer,1948, p.71).En port payé. Le port étant payé par l'expéditeur. Je vous préviens, madame, que je vous renvoie, en port payé, tous les soi-disant cadeaux que vous m'avez faits (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p.53).
2. MUS. (chant). Port de voix. ,,Passage effectué d'un son à un autre en franchissant d'un glissement léger de la voix l'intervalle qui les sépare`` (Mus. 1976). Après avoir reconnu comment madame Pasta (...) nuance les ports de voix (...) je ne fais nul doute que Rossini ne consente à lui sacrifier une partie de son système (Stendhal, Rossini,t.2, 1823, p.139).Il convient d'apporter la plus grande attention à soutenir le son, et à comprimer l'air, en passant de la note inférieure à la note supérieure, sans se permettre ni choc, ni port de voix, et cependant sans interruption d'un son à l'autre (Holtzem, Bases art chant,1865, p.121).
P. anal. J'en prendrais un exemple dans son exécution de l'ouverture du Tannhauser, où il [M. Nikisch] oblige les trombones à des «ports de voix» (Debussy, M. Croche,1926, p.77).
Rem. L'empl. du mot au plur. est peu fréq., sauf dans qq. cont. ou dans certains domaines comme la danse ou la musique.
Prononc. et Orth.: [pɔ:ʀ]. Homon. porc, pore, port1, port3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A 1 a) Ca 1165 «droit de passage ou revenus d'un port» (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 18294); b) ca 1180 «ravitaillement, approvisionnement» (Jehan Le Nevelon, La Vengeance d'Alexandre, 802, Elliott Monographs); c) 1468 «poids maximum que peut porter un navire» (Bronnen tot de geschiednis van den handel met Frankrijk, éd. Sneller et Unger, I, 132 ds Fonds Barbier); 2. a) 1530 «fait de porter sur soi» (Marot, tr. Métamorphoses, I, 1 ds Hug.); b) 1532 port d'armes «coup de force fait inopinément» (Bouchard, Chron. de Bret., fo84a ds Gdf.); 1636 «action de porter les armes» (Monet); spéc. 1819 «attitude du soldat qui porte les armes» (Courier, Lettres Fr. et Ital., p.885); 3. 1560 «prix payé pour le transport d'une chose» (Du Bellay, IV, 48 verso ds Littré); 4. 1690 mus. port de voix (Fur.). B. 1. xiiies. «manière naturelle de se tenir» (Isopet de Lyon, 605 ds T.-L.); 1661 en parlant d'un animal (Molière, Facheux, II, 6, 530); 2. 1721 bot. (Trév.). Déverbal de porter*. Fréq. abs. littér.: 5008. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9772, b) 10645; xxes.: a) 3816, b) 4960. Bbg. Duch. Beauté 1960, p.124.

PORT3, subst. masc.

Col de la chaîne des Pyrénées, entre le versant français et le versant espagnol. Le fond de la fissure monte brusquement comme s'il voulait se hausser jusqu'à la falaise, mais s'arrête à mi-hauteur, formant une échancrure arrondie sur le ciel; c'est le port de Salau. De l'autre côté, c'est l'Espagne, dominée par des falaises identiques aux nôtres (...). On peut passer en Espagne sans suivre le sentier qui franchit le port, mais il y faut beaucoup d'acrobatie (Abellio, Pacifiques,1946, p.329).
Prononc.: [pɔ:ʀ]. Homon. porc, pore, port1, port2. Étymol. et Hist. 1100 «col dans les Pyrénées» (Roland, éd. J. Bédier, 657). Empr. à l'a. prov. port (xiies., Raimbaut de Vaqueiras ds Bartsch Prov., 142, 14), lat. médiév. portus (xes., texte du Languedoc, cité par Aebischer ds Studi Medievali, 18, 7). Bbg. Appel (C.). Vermischtes. In: [Mél. Mussafia (A.)]. Halle, 1905, pp.147-157.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

port \Prononciation ?\ masculin

  1. Port.
    • Saint Nicolas al port ala — (Wace, Le Livre de Saint Nicolas, f. 70r, fin de la 3e colonne de ce manuscrit)
    • cil le mena a droit port — (Vie de sainte Marie l’Égyptienne, ms. 23112 de la BnF, f. 336v. a.)

Nom commun 2 - français

port \pɔʁ\ masculin

  1. Action de porter.
    • Simon Cohen, se conformant en ceci à l’usage du pays qui interdit le port des armes à ses coreligionnaires marocains, est inerme; les chameliers ont des gourdins et de mauvais poignards. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 45)
    • Il n’y a non plus aucun pittoresque dans les costumes, car le port du pareu ou pagne indigène est interdit dans les rues de Papeete. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Bien qu’il ait déjà été question dès 1208, […], d’imposer aux juifs un signe en forme de roue, la rouelle ne fut officiellement imposée en France qu’en 1227 par le Concile de Narbonne. […]. La roue devait, ordinairement, se porter sur la poitrine. […]. Le défaut du port de la roue était passible d’amende et même de châtiments corporels. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
  2. Façon de se porter, maintien.
    • C’était la supérieure, suivie des sœurs Agnès et Claire. Toutes deux pleuraient ; la supérieure était fort pâle, mais son port était assuré et ses yeux fixes et hardis. — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, Michel Lévy frères, 1863)
    • Il avait la cambrure des petits, le port de l’avorton, gardait le ventre rentré et poussait chaque centimètre au-delà de ses limites. — (Tito Topin, Shanghai Skipper, Série noire, Gallimard, 1986, page 29)
    • Tout le monde les connaît. Avec leur costume sombre, leurs tatouages et leur port altier, ils sont reconnaissables entre tous. — (Charlotte Menegaux, « Yakusa, la seule mafia au monde à avoir pignon sur rue » - Le Figaro)
  3. (Botanique) Apparence naturelle d’une plante.
    • Arbuste, une essence ligneuse dont le port n’excède pas sept mètres de haut — (Code du développement territorial, Service Public de Wallonie)
  4. (Architecture des ordinateurs) Dispositif permettant de connecter des périphériques.
    • Le port USB (Universal Serial Bus) est apparu en 1995 pour pallier les carences du port série créé en 1960 et supportant le standard RS-232. Ce sont des connecteurs qui permettent de raccorder des périphériques…
    • De son côté, Bloomberg maintient ses informations et a même ajouté récemment que des ports Ethernet avaient été bidouillés pour écouter aux serveurs. — (Mickaël Bazoge, The Big Hack : Tim Cook demande à Bloomberg de se rétracter, MacGeneration, 19 octobre 2018 → lire en ligne)
  5. Prix du transport, affranchissement.
    • Franco de port.
    • Les ports de lettres ne sont pas très-chers, et malgré les innombrables dangers auxquels sont exposés les courriers sur les routes, presque toujours infestées de factieux et de bandits, le service se fait aussi régulièrement que possible. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)

Nom commun 1 - français

port \pɔʁ\ masculin

  1. Havre côtier, refuge ou abri pour les bateaux les protégeant des vents et des tempêtes.
    • Des phares éloignent les navires des dangers ou les conduisent dans les ports abrités par des digues construites en luttant contre les tempêtes. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Vers 4 heures, j’aperçois de nouveau la terre après avoir barré toute la nuit ; je passe au petit jour près d’un destroyer américain et entre dans le port Saint-Georges. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • La Chiffonne en longea la côte occidentale, doubla la pointe Nord et, suivant les falaises de l’Est, moins anfractueuses, pénétra dans un grand port naturel, protégé par un alignement de gros rochers et de petits îlots. — (G. Lenotre, Les derniers Terroristes, Paris : chez Firmin-Didot, 4e édition, 1932, page 79)
    • Azemmour, la ville maure remontant à l’antiquité, en plein déclin aujourd'hui par suite de l’ensablement de son port et l’indolence de sa population. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 148)
  2. Ensemble des installations, en bord de mer, destinées à l’entretien des navires, à l’embarquement et au débarquement des marchandises ou des passagers.
    • C’était un tohu-bohu ethnique. Dans le port flottaient les pavillons de toutes les nations, et plus de deux millions d’êtres humains s’y embarquaient annuellement. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 210 de l’édition de 1921)
    • Ça me rappelle le vieux port marseillais, les marchandes de coquillages, les pieds-paquets et le vin de Cassis, doré comme du soleil. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, pages 187-188)
  3. Point de la rive d’un cours d’eau où les navires abordent, chargent et déchargent les marchandises.
    • Le mythique port de Bercy.
    • Le port céréalier de Givet.
  4. Ville bâtie auprès d’un port, autour d’un port.
    • Marseille est un agréable port de mer.
  5. (Figuré) Lieu de repos, de refuge, d’une situation tranquille.
    • Il est dans le port en se retirant du monde et de l’embarras des affaires.
    • Il s’est assuré un port dans la tempête.
  6. (Figuré) Lieu où l’on se retire loin des embarras du monde, où l’on cherche à se mettre à couvert de quelque danger.
    • La maison de l’ambassadeur a été un port de salut pour lui.
  7. (Géographie) Col des Pyrénées.
    • Le port d’Envalira est le plus haut col routier de la chaîne pyrénéenne.
    • — Viva ! viva ! jaleo ! s’écria Houmain ; nous autres braves, nous sommes bons à tout. Ah çà ! mais… tu as donc toujours passé par les autres ports ? car je ne t’ai pas revu depuis que j’ai repris le métier. — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, chapitre XXII, 1826)
    • De l’autre côté, c’est l’Espagne, dominée par des falaises identiques aux nôtres […]. On peut passer en Espagne sans suivre le sentier qui franchit le port, mais il y faut beaucoup d’acrobatie. — (Abellio, Pacifiques, 1946)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PORT. n. m.
Enfoncement, naturel ou artificiel, de la mer dans les terres, offrant aux bateaux un abri contre les vents et les tempêtes. Port de mer. Port marchand, port de commerce. Port de guerre. Port de pêche. L'entrée du port. Entrer dans le port. Sortir du port. Se réfugier dans un port. Nettoyer, creuser un port. Port de toute marée, Celui où les bâtiments peuvent entrer en tout temps, parce qu'il y a toujours assez de fond. Port de marée, Celui où les bâtiments ne peuvent entrer qu'à marée haute. Port franc, Celui où les marchandises ne paient point de droits, tant qu'elles n'entrent pas dans l'intérieur du pays. L'institution des ports francs est très avantageuse au commerce. Port d'attache, Port auquel compte un navire. Il se dit, figurément et familièrement, de l'Endroit où l'on a une installation fixe, où l'on revient habituellement. Cette ville reste mon port d'attache. Fermer, consigner un port, Empêcher qu'il n'en sorte aucun bâtiment. À cette nouvelle on ferma tous les ports. Le navire est arrivé à bon port, Il est arrivé heureusement. On dit de même Ces marchandises sont arrivées à bon port. Fig. et fam., Arriver à bon port, Arriver heureusement et en bonne santé au lieu où l'on voulait aller. Faire naufrage au port, Faire naufrage dans le port en y entrant. Fig., Faire naufrage au port, Échouer dans une entreprise au moment où elle semblait près de réussir.

PORT se dit aussi du Point de la rive d'un cours d'eau où les navires, les bateaux abordent, où les bâtiments chargent et déchargent les marchandises. Le port de Bercy. Le port de Bordeaux. Le port de Londres. Le port au blé, aux tuiles. Il se dit également des Villes bâties auprès d'un port, autour d'un port. Marseille est un des plus beaux ports du monde.

PORT se dit figurément d'un Lieu de repos, de refuge, d'une situation tranquille. Il s'est retiré du monde et de l'embarras des affaires; il est dans le port. Il s'est assuré un port dans la tempête. Il est arrivé au port, se dit d'un Homme de bien qui est mort et que l'on croit jouir du bonheur éternel. Port de salut, Lieu où l'on se retire à l'abri d'une tempête. Cette île, cette rade ont été pour lui un port de salut. Il se dit aussi, figurément, de Tout lieu où l'on se retire loin des embarras du monde, où l'on cherche à se mettre à couvert de quelque danger. La maison de l'ambassadeur a été un port de salut pour lui.

Littré (1872-1877)

PORT (por ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, l's ne se lie pas ; cependant quelques-uns la lient : des por-z avantageux) s. m.
  • 1Lieu sur une côte où la mer s'enfonce dans les terres et offre un abri aux bâtiments. Vous voyez le grand gain, sans qu'il faille le dire, Que de ses ports de mer le roi tous les ans tire : Or l'avis dont encor nul ne s'est avisé, Est qu'il faut de la France, et c'est un coup aisé, En fameux ports de mer mettre toutes les côtes, Molière, Fâch. III, 3. Le vent qui nous flattait nous laissa dans le port, Racine, Iphig. I, 1. La vue du port donne une nouvelle vigueur aux matelots lassés d'une longue navigation, Lesage, Gil Blas, IV, 11. Les Grecs d'Égypte purent faire un commerce très étendu ; ils étaient maîtres des ports de la mer Rouge, Montesquieu, Esp. II, 9. Amsterdam, malgré les incommodités de son port, devint le magasin du monde, Voltaire, Mœurs, 187. Voyez Aigues-Mortes, Fréjus, Ravenne, qui ont été des ports et qui ne le sont plus, Voltaire, Mœurs, introd.

    On dit souvent port de mer pour le distinguer des ports sur des rivières.

    Port militaire, celui où stationnent d'ordinaire les bâtiments de guerre d'un État.

    Port marchand, celui qui reçoit les bâtiments marchands.

    Port fermé, port garanti de la violence du vent et des lames. On dit par opposition : port ouvert.

    Port de toute marée, celui où les bâtiments peuvent entrer en tout temps.

    Port de marée, petit port où l'on ne peut entrer que lorsque le flot a acquis une certaine hauteur.

    Port de barre, celui dont l'entrée est fermée par une barre.

    Port franc, celui où les marchandises ne payent point de droits, tant qu'elles n'entrent pas dans l'intérieur du pays.

    Port franc se dit aussi d'un édifice situé près du port, dans lequel on entrepose les marchandises étrangères.

    Avoir un port sous le vent, se trouver en position de se réfugier dans un port voisin.

    Prendre port, surgir au port, entrer dans un port. Il [Pompée] ne vient que vous perdre en venant prendre port, Corneille, Pomp. I, 1. L'onde s'enfle dessous, et d'un commun effort Les Maures et la mer montent jusques au port, Corneille, Cid, IV, 3.

    Fig. Prendre port, atteindre son but, réussir dans ce qu'on a entrepris.

    Fermer un port, fermer les ports, empêcher qu'il n'en sorte aucun bâtiment.

    Faire naufrage au port, périr en arrivant au port.

    Fig. Manquer de réussir ou périr, au moment où l'on touchait au succès ou au salut. Le plus souvent on fait naufrage au port, Tristan, Panthée II, 2. Je n'en saurais douter, je péris dans le port, Corneille, Cid, II, 3.

    Arriver à bon port, atteindre heureusement le terme d'une navigation. Sur tous ses compagnons Atropos et Neptune Recueillirent leurs droits, tandis que la Fortune Prenait soin d'amener son marchand à bon port, La Fontaine, Fabl. VII, 14.

    Fig. Arriver à bon port, arriver heureusement et en bonne santé au lieu où l'on voulait aller.

    Arriver à bon port, signifie aussi achever, terminer, réussir. Afin que l'aventure… aille à bon port, La Fontaine, Mandr. Je ne vous dis point… si je souhaite que toute la barque arrive à bon port, Sévigné, 3. Jamais ceci n'ira à bon port jusqu'à dimanche, Sévigné, 12. Je suais sang et eau pour voir si du Japon Il viendrait à bon port au fait de son chapon, Racine, Plaid. III, 3.

    Capitaines et officiers de port, fonctionnaires chargés de surveiller les ports de commerce.

  • 2Endroit, dans une rivière, où l'on embarque et débarque les marchandises.

    Bas port, se dit, à Paris, de certaines parties des quais de la Seine, qui sont assez peu élevées pour qu'on y débarque et embarque commodément les marchandises.

  • 3Ville bâtie autour d'un port. Brest est un beau port.
  • 4 Fig. Lieu de refuge, de repos. Venez-vous m'annoncer le naufrage ou le port ? Mairet, Sophon, v, 2. Après un long orage il faut trouver un port ; Et je n'en vois que deux : le repos ou la mort, Corneille, Cinna, IV, 4. Ne reconnaît-on pas en cela les humains ? Dispersés par quelque orage, à peine ils touchent le port, Qu'ils vont hasarder encor Même vent, même naufrage, La Fontaine, Fabl. X, 15. Je m'assure un port dans la tempête, Racine, Brit. I, 1. Quand on est arrivé au port, qu'il est doux de rappeler le souvenir des orages et de la tempête ! Massillon, Avent, Mort du péch. Ici viennent mourir les derniers bruits du monde ; Nautonniers sans étoile, abordez ! c'est le port, Lamartine, Médit. la Semaine sainte.

    Il est arrivé au port, il est dans le port, se dit d'un homme de bien qui est mort et que l'on croit jouir du bonheur éternel. Il est dans le port, il est hors des atteintes de l'injustice et de l'envie, Patru, Lett. à Olinde, dans RICHELET.

    Fig. Port de salut, lieu où l'on se retire à l'abri d'une tempête. Cette rade a été pour lui un port de salut.

    Port de salut, se dit aussi de tout lieu où l'on se retire loin des embarras du monde, où l'on se met à l'abri de quelque danger

HISTORIQUE

XIe s. Souz Alixandre [Alexandrie], ad un port juste mer, Ch. de Rol. CLXXXV.

XIIe s. Or le [mon cœur] doinst Diex à droit port arriver ; Car il s'est mis en mer sans aviron, Couci, X. Tuz les porz funt guaitier e de jur e de nuit, Qu'il n'i puisse passer…, Th. le mart. 63.

XIIIe s. Li pors est teus [tel] desor [dessous] le mur, Que bien mil nés [navires] tot à seür Y puent [peuvent] estre et sejorner, Partonop. v. 801. Li sainz espiritz est cunfort à tuz dolens, as peris port, E lumere est as tenebrus, Édouard le confesseur, v. 3121. Et Dieu, à cui il s'atendoit, nous saulva en peril de mer bien cinq semaines, et venimes à bon port, Joinville, 193.

XVe s. Que nullement ils ne laissassent le roi d'Angleterre repasser, ni prendre port en Flandre, Froissart, I, I, 106.

XVIe s. Au premier port faire bris, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 146.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

PORT, (Botan.) en latin plantæ facies exterior ; on se sert de ce mot en parlant des plantes, dans le même sens qu’on emploie celui d’air, en parlant des animaux. On dit, cette plante a le port de la ciguë, approche de l’angélique par son port, & non pas cette plante a l’air de la ciguë ou de l’angélique. Le port ne résulte pas de la structure de quelques parties d’une plante, mais plutôt du tout ensemble.

Port, s. m. (Marine.) c’est un poste de mer proche des terres, destiné au mouillage des vaisseaux, & qui y est plus ou moins propre, selon qu’il a plus ou moins de fond & d’abri.

Port de havre, havre d’entrée, havre de toute marée, ce sont ceux où les vaisseaux peuvent entrer en tout tems, y ayant toujours assez de fond. Voyez Marée.

Port brute, havre brute, c’est celui qui est fait sans art & sans artifice.

Port de barre, havre de barre, ce sont les ports où les vaisseaux ont besoin du flot & de la haute marée pour y entrer, parce qu’ils ne sont pas assez profonds, ou parce que l’entrée en est fermée par quelques bancs de sable ou de roches. Il y a une infinité de semblables ports sur l’Océan. Voyez Barre. C’est un port de barre, l’entrée en est fermée par un banc, on n’y peut entrer que pendant le vif de l’eau.

Port à l’abri par les montagnes qui l’environnent, avoir un port sous le vent ; on dit avoir un port sous le vent, pour dire, avoir un lieu de retraite dans le besoin.

Entrer dans le port, fermer les ports ou ports fermés, c’est empêcher la sortie de tous les bâtimens qui y sont. Quand le roi de France veut faire un enrôlement de matelots pour servir sur ses vaisseaux, il ordonne la clôture des ports, afin de faire une revue des matelots, & de choisir ceux qui sont capables de service. On a permis l’ouverture des ports après un mois de clôture. Fermer un port avec des chaînes, des barres & des bateaux. Conduire heureusement dans le port.

Port, ce mot se dit aussi de certains lieux sur les rivieres, où les bâtimens qui abordent, se chargent & se déchargent.

Port d’un vaisseau, portée, ce mot se prend pour exprimer la capacité des vaisseaux, ce que l’on spécifie par le nombre de tonneaux que le vaisseau peut contenir : ainsi on dit qu’un vaisseau est du port de deux cens tonneaux, pour dire que sa capacité est telle qu’il pourroit porter une charge de quatre cens mille livres, parce que chaque tonneau est pris pour un poids de deux mille livres. On compte qu’un tel vaisseau chargé de deux cens tonneaux occupe, en enfonçant, un espace qui contiendroit deux cens tonneaux d’eau de mer. Suivant l’ordonnance, il n’est réputé y avoir erreur en la déclaration de la portée du vaisseau, si elle n’est au-dessus de la quarantieme.

Port, (Géog. anc. & mod.) petit golfe, ance, avance, enfoncement d’une côte de mer, qui entre dans les terres où les vaisseaux peuvent faire leur décharge, prendre leur chargement, éviter les tempêtes, & qui est plus ou moins propre au mouillage, selon que le lieu a plus ou moins de fonds & d’abri. Ce mot port vient du latin portus, & répond au λίμνη des Grecs : les Italiens disent porto & porticello, si le lieu est petit ; & les Espagnols écrivent puerto ; c’est ce que les Allemands entendent par leur mot meerhaffen, & les Anglois & les Hollandois par celui de haven, d’où les François ont fait leur mot havre, qui veut dire la même chose que port.

Comme les vaisseaux ne peuvent pas aborder indifféremment à toutes les côtes, parce qu’elles sont ou trop hautes, ou que la mer qui les lave est trop basse pour porter des bâtimens, parce qu’elles sont garnies d’écueils, ou parce qu’elles sont trop exposées à la fureur des vents ; on a donné le nom de port aux endroits où ces difficultés ne se rencontrent pas, & où les navires peuvent facilement arriver, décharger & demeurer. C’est sur la connoissance de ces ports, & sur celles de la route des vents qui y peuvent porter les vaisseaux, qu’est fondée ce que nous appellons la carte marine, & cette connoissance fait aussi une des parties les plus essentielles de la Géographie.

La figure des ports, comme on a pu le voir par la définition que j’en ai donnée, est ordinairement en forme de petit golfe, d’anse, ou d’enfoncement, & la côte est communément bordée, en tout ou en partie, de montagnes ou de collines qui mettent les vaisseaux à l’abri des vents. La nature a donné elle-même quelques-uns de ces avantages à certains ports : c’est l’industrie des hommes qui les a perfectionnés dans d’autres, ou même qui les leur a entierement donnés. Sur les cartes, pour connoître un port, & la sûreté qu’il y a d’y mouiller, on représente ordinairement la figure d’une ancre.

On donne le nom de port aux places maritimes qui ont des endroits sûrs pour la retraite des vaisseaux, qui y peuvent outre cela charger & décharger leurs marchandises. On les donne aussi aux lieux qui sont destinés pour y construire des vaisseaux, ou pour les y conserver. On le donne encore à quelques places situées sur des rivieres, où il y a des ports, comme celui de la Seine à Rouen, celui de la Garonne à Bordeaux, celui de la Tamise à Londres, celui de l’Elbe à Hambourg, & tant d’autres. Enfin le mot port se prend en divers sens, qui en marquent les avantages ou les inconvéniens. Ainsi,

Le port, ou havre de barre, est un port dont l’entrée est fermée par un banc de roches ou de sable, dans lequel on ne peut entrer que de pleine mer.

Le port de havre, ou de toute marée, est celui où les vaisseaux peuvent entrer en tout tems, y ayant toujours assez de fond.

Le port, ou havre brute, est celui qui est fait par la nature, & auquel l’art n’a en rien contribué. Les Américains donnent le nom de cul-de-sac à ces sortes de ports.

On distingue généralement les ports en naturels & artificiels. Entre les ports naturels il s’en trouve de retirés ou enfoncés dans le rivage en forme d’amphithéatre, propres à mettre en sûreté les navires qui s’y retirent contre l’impétuosité des vents & orages. Les autres anticipent dans la mer, & s’avancent en forme de croissant, dont les cornes recourbées laissent une ouverture propre à recevoir les vaisseaux.

Thucydide a remarqué que la ville d’Athènes avoit trois ports naturels, aussi bien faits que s’ils eussent été construits par l’industrie des hommes pour leur sûreté & leur commodité. Tel étoit anciennement le port de Carthage la neuve, ville d’Espagne sur la Méditerranée. Ce port étoit le plus assûré de toute l’Espagne, & capable de contenir les plus grandes flottes. Tite-Live le décrit au XXVI. livre de son histoire. C’est sur le modele de ce port que Ludovicus Nonnius, médecin espagnol, dit que Virgile l’a dépeint dans son premier livre de l’Enéïde par ces mots :

Est in secessu longo locus, insula portum
Efficit objectu laterum quibus omnis ab alto
Frangitur, inque sinus scindit sese unda reductos.
Hinc atque hinc vastæ rupes, geminique minantur
In cœlum scopuli, quorum sub vertice latè
Æquora tuta silent.

« On voit dans le fond une baye assez profonde, & à son entrée une isle, qui met les vaisseaux à l’abri des vents, & forme un port naturel. Les flots de la mer se brisent contre les rivages de cette isle. A droite & à gauche sont des vastes rochers, dont deux semblent toucher le ciel, & entretiennent le calme dans ce port. »

Il y a d’autres ports naturels qui par l’industrie & le travail des hommes sont devenus beaux, sûrs, & de facile abord. Tels sont presque tous ceux mentionnés dans l’histoire de Strabon, Pline, & d’autres auteurs des livres de Géographie. Les Grecs & les Latins appellent ces ports catones ou cotones, suivant le témoignage de Festus, qui dit catones seu cotones appellantur portus in mari tutiores arte & manu facti. Tel étoit le port de la ville de Carthage en Afrique, par lequel Scipion commença d’y mettre le siege, au rapport d’Appian, qui dit, ineunte deinde vere, Scipio Byrsam simul & portum, quem cotonem vocant, agressus est. Strabon, parlant de la ville de Pouzzole près de Naples, dit qu’elle étoit devenue avec le tems une riche cité, à cause du trafic facilité par les havres & les ports que les habitans y avoient faits. Urbs autem amplissimum factum est emporium, manufactos cotones & stationes habens. On perfectionne les ports naturels par des moles, des jettées, & par des défenses qui les mettent à couvert de l’ennemi.

Au défaut des ports naturels, les souverains peuvent faire construire des ports artificiels, soit pour augmenter le négoce établi chez eux, soit pour l’y attirer, en pourvoyant par ce moyen à la sureté des vaisseaux qui y aborderont. (Le Chevalier de Jaucourt.)

Ports antiques, (Archit. antiq.) les ports les plus recommandables dans l’antiquité sont ceux de Tyr, de Carthage, de Micenes, d’Alexandrie, de Syracuse, de Rhodes, de Messine. Nous nous bornerons à donner une idée succinte des ports de Tyr & de Syracuse, pour qu’on puisse juger quel étoit le goût des anciens en ce genre.

Il y avoit deux ports à Tyr. Le plus grand étoit presque ovale, & contenoit plus de 500 bâtimens. Il étoit situé au nord de la ville qui le couvroit des vents du midi. Au côté opposé étoit une petite île de rochers qui lui rompoit la mer ; & au levant il avoit la côte de Phénicie, où il étoit abrié par les montagnes du Liban.

Deux moles fondés à pierres perdues à la profondeur de 25 à 30 piés d’eau, dirigés en portion de cercle & s’étendant dans la mer, formoient l’entrée de ce port. Un troisieme mole couvroit l’entrée, & en la garantissant de l’impétuosité des vagues, abrioit les vaisseaux. Deux tours fort élevées, situées aux têtes de ce mole, & sur les extrémités des deux premiers, servoient à défendre les deux embouchures que ces moles formoient, & on y allumoit des fanaux pour indiquer pendant la nuit aux navigateurs, la route qu’ils devoient tenir pour y entrer.

Le second port de Tyr destiné pour les vaisseaux marchands, n’a rien de remarquable que son entrée qui étoit décorée d’une magnifique architecture, & couverte d’un mole avancé pour empêcher que les vent du midi n’en rendissent l’accès difficile.

Le port de Syracuse a été aussi un port très-célebre. Il avoit 10600 toises du nord au sud, & environ 1600 de l’est à l’ouest. La ville l’abrioit du côté du nord, des montagnes du côté du sud & au couchant, & il étoit couvert du côté de la mer par le promontoire Plemmyre & par l’île d’Ortigie.

Les curieux trouveront la description des autres ports dans l’Hydrographie du P. Fournier, & dans l’architecture hydraulique de M. Bélidor, & ils verront aussi les ports de Toulon, de Marseille, d’Antibes, & autres des modernes. (D. J.)

Port, (Littérat. grecq.) la plupart des mots dont les Grecs se servent pour exprimer un port & ses dépendances, λιμὴν, ὅρμος, ναύσταθμος, νεώρια, νεώσοικος, στόμα, μυχὸς, οὐροὶ, &c. mots qu’il ne faut pas confondre ensemble.

Λιμὴν est proprement le port ; ὅρμος, est tout lieu où les vaisseaux sont à l’ancre ; ὁμὸς, quasi, ἕρμα, fulcrum stabilimentum ; mais on se sert aussi de ce mot pour signifier port en général.

Ναύσταθμος, navale, est le lieu du port où sont les vaisseaux, ὁποῦ νῆες ἑστήκασι. Aussi Eustathe appelle ναύσταθμον, une assemblée, un amas de vaisseaux. Il est vrai que les Latins appelloient encore navalia, les lieux où l’on construisoit les vaisseaux ; & c’est par cette raison que les navalia se nommoient aussi textrina : car selon la remarque de Gronovius, texere est le mot propre pour signifier construire un vaisseau.

Νεωρία & νεώσοικος, signifient une même chose, savoir de petites loges que l’on bâtissoit dans le port, & où l’on mettoit les vaisseaux à couvert : chacune de ces petites loges contenoit un vaisseau, & quelquefois deux. Homere appelle cette sorte de petites loges ἐπίστιον, ioniquement pour ἐφέστιον.

Il faut remarquer que ναύσταθμος differe de νεώριον & de νεώσοικος, comme le tout de la partie ; car νεώριον ou νεώσοικος, n’est autre chose qu’une petite loge de vaisseau, & ναύσταθμος est l’assemblage de toutes ces petites loges : quelques intrepretes s’y sont trompés.

Στόμα est l’entrée du port. Les Latins la nomment ostium : ante ostium portûs acie instructâ steterunt, dit Tite-Live. Leur flote rangée en bataille, se présenta à l’entrée du port. Et Virgile dans le premier livre de l’Enéide : aut portum tenet, aut plenis subit ostia velis. Votre flote est dans le port, ou du moins elle y entre à pleines voiles.

Μυχὸς est l’endroit du port le plus enfoncé dans les terres, & où par conséquent les vaisseaux sont le plus à couvert de toute insulte.

Οὐροὶ étoient les canaux par où l’on tiroit les vaisseaux de leurs loges, pour les mettre en mer.

Ces sortes de remarques d’érudition ont leur utilité pour l’intelligence des auteurs, & prouvent en même tems la richesse de la langue grecque. (D. J.)

Port, fermer un, (Police marit.) c’est empêcher que les vaisseaux qui y sont n’en sortent, ou que ceux qui y viennent de dehors n’y entrent. Quelquefois les ports ne sont fermés que pour l’entrée, & quelquefois seulement pour la sortie. Souvent c’est raison de commerce ; plus souvent encore ce sont raisons de politique qui obligent de tenir les ports fermés.

Port, (Marine.) signifie la charge d’un vaisseau, ce qu’il peut porter. Cette charge ou port, s’évalue par tonneaux de 2000 livres pesant chaque tonneau. Aussi quand on dit, un bâtiment du port de 100 tonneaux, on entend un bâtiment capable de porter (tant en marchandises qu’en lest, munitions, armes & hommes d’équipage) cent fois 2000 livres, ou 200000 livres pesant, ou 2000 quintaux ; ce qu’on doit entendre à-proportion de ceux de 1000, & de 2000 tonneaux & au-delà, qui sont les plus grands : & qu’en fait de guerre l’on nomme vaisseaux du premier, du second rang, &c. dont le port suivant cette évaluation, passe souvent le poids de 4000000 de livres. Diction. de com.

Port de charge, c’est un port où les voituriers par eau prennent les marchandises dont ils composent la charge de leurs bateaux.

Port de décharge, qu’on nomme aussi port de vente. C’est un port où les voituriers par eau doivent conduire les marchandises chargées sur leurs bateaux pour y être vendues. Tenir port, c’est rester dans un port de décharge le tems prescrit par les ordonnances & réglemens de police. Diction. de com.

Port, s’entend encore de ce qu’il en coûte pour le salaire des crocheteurs & portefaix. J’ai payé 20 sols pour le port de ma valise.

Il se prend aussi pour les frais de voiture que l’on paye aux messagers, maîtres de carrosse, & autres voituriers, soit par eau, soit par terre.

On le dit aussi du droit taxé pour les lettres qui arrivent par les couriers des postes. Une lettre affranchie de port, ou franche de port, est celle dont le port a été payé au commis de la poste d’où elle est partie, ou qui n’étoit tenue d’aucun droit, comme sont les lettres pour les affaires du roi, qui sont envoyées des bureaux des ministres & secrétaires d’état, dont le cachet des armes & le nom mis sur l’enveloppe marquent l’affranchissement. Diction. de comm.

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « port »

Provenç. port ; esp. puerte ; ital. porto ; du lat. portus, qui se rapporte à πόρος, passage.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Nom commun 1) Du latin portus (« passage »).
(Nom commun 2) Déverbal de porter.
(Nom commun 3) Apocope de portable.
(Nom commun 4) Traduction erronée de l’anglais port, du latin porta.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « port »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
port pɔr

Fréquence d'apparition du mot « port » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « port »

  • Le port de plaisance est un lieu conçu pour que les navigateurs qui ne prennent pas la mer puissent rencontrer des vacanciers qui n’ont pas de bateau.
    Philippe Bouvard
  • Les nombreux internautes partageant une longue démonstration juridique censée prouver cette anomalie en sont convaincus. Intitulé « déclaration qui établit l’illégalité de la contravention de quatrième classe qui serait imputée en cas de défaut du port du masque dans les lieux imposés par le décret du 10/07/2020 », ce texte, initialement publié par un avocat avant de devenir viral, entend démontrer le bien-fondé de cette affirmation en invoquant plusieurs arguments.
    Non, l’amende de 135 euros pour non port du masque n’est pas illégale
  • Les pompiers sont intervenus vers minuit, dans la nuit de lundi à mardi, au port de plaisance de Port-Médoc (Le Verdon-sur-Mer) pour éviter qu’un bateau de 7 mètres ne coule.
    SudOuest.fr — Port-Médoc (33) : les pompiers évitent à un bateau de couler
  • Les hommes ne parleraient pas tant du ciel, si ce port fantôme les attendait vraiment au terme de leur odyssée. Le ciel n'a de réalité que celle de notre mal qui l'appelle.
    Hubert Aquin — L'Invention de la mort
  • Il est bon, j'en suis convaincu, que la main du poète, avant de se refermer sur le porte-plume, ait caressé longtemps, fut-ce seulement des yeux, les bêtes porte-plumes, porte-poils, porte-vie, porte-songes.
    Louis Daubier — Bêtes à bon Dieu
  • Qui a porté un veau peut porter un boeuf.
    Pétrone — Satiricon
  • A barque désespérée, Dieu fait trouver le port.
    Proverbe français
  • Une météo parfaite, un vent très faible et une mer calme, de gros moyens avec deux remorqueurs à couple sur l’avant et deux sur l’arrière, les lamaneurs de la coopérative du port de Brest et leurs moyens… La délicate manœuvre qui consistait à mener le nouveau ponton Fremm (Frégates multi-missions) du basin du fond de Penfeld, où il a été construit, jusqu’au quai des flottilles, à la base navale de Brest, où il sera désormais amarré, s’est bien déroulée, ce mercredi 29 juillet, dans la matinée.
    Le Telegramme — Le nouveau ponton Fremm à bon port quai des flottilles - Brest - Le Télégramme
  • Une usine de l’entreprise Building Material Group (BMP) va voir le jour dans l’enceinte du Grand port maritime de Marseille-Fos. Ce dernier et BMP, dont l’activité réside dans la fabrication de plaques de plâtre, ont signé un bail pour un terrain de six hectares au Caban à Fos-sur-Mer. 70 emplois directs seront ainsi créés, promet le port de Marseille-Fos dans un communiqué d’annonce. L’industriel investira dans ce projet 60 millions d’euros et les travaux devraient aboutir d’ici à fin 2022. « Valoriser le foncier du Port est bien un enjeu majeur pour l’ensemble du territoire », a rappelé Hervé Martel, président du directoire du port.
    Marsactu — Une usine de fabrication de plâtre débarque dans le port de Marseille-Fos | Marsactu
  • Il faut refuser aux femmes le port du pantalon. Elles perdraient tout attrait sexuel aux yeux des hommes.
    Louis Lépine
Voir toutes les citations du mot « port » →

Images d'illustration du mot « port »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Vidéos relatives au mot « port »

Traductions du mot « port »

Langue Traduction
Anglais harbor
Espagnol puerto
Italien porto
Allemand hafen
Chinois 港口
Arabe مرفأ
Portugais porto
Russe гавань
Japonais
Basque harbour
Corse portu
Source : Google Translate API

Synonymes de « port »

Source : synonymes de port sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot port au Scrabble ?

Nombre de points du mot port au scrabble : 6 points

Port

Retour au sommaire ➦

Partager