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Havre

Variantes Singulier Pluriel
Masculin havre havres

Définitions de « havre »

Trésor de la Langue Française informatisé

HAVRE, subst. masc.

A. − Vieilli ou région. Petit port naturel ou artificiel, situé le plus souvent à l'embouchure d'un fleuve; petite anse bien abritée pouvant éventuellement servir de refuge à des navires de faible tonnage. Leurs rivages [des Anglais] sont sains et se nettoient encore chaque jour; ils présentent beaucoup de fond, une multitude d'abris, de havres, de ports excellents (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 883).Quarante-neuf îles, couvertes d'une épaisse verdure, cachant des toits qui fument dans des touffes de fleurs, abritant des barques dans des havres charmants, se dispersent sur le Rhin, de Cologne à Mayence (Hugo, Rhin,1842, p. 271).Par bonheur, la mer a envahi le chenal terminal de quelques cours d'eau. Elle s'est logée en ces havres allongés, pour la sécurité et même aux heures de tempête pour le salut des hommes (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 259).
P. ext. Synon. de port (d'apr. Gruss 1952).Hong-Kong est surtout un havre de transit. Ce caractère est accentué par son régime administratif qui en fait un port franc (Albitreccia, Gds moyens transp.,1931, p. 126).
Rem. Ac. 1835, 1878 notent : ,,Il se disait autrefois d'un Port de mer quelconque``.
B. − Littéraire
1. P. anal. Lieu considéré comme un refuge. Sur la route d'Étain à Verdun, [des chars] cherchant un havre de salut dans la vieille forteresse [le fort de Vaux] qui (...) a dû protéger les populations meusiennes contre la ruée des hordes germaines (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 12).Cette maison où nous sommes est admirablement protégée contre la vie. C'est le havre de grâce où il est permis de se recueillir et de souffrir en paix (Green, Journal,1940, p. 43) :
Il nous fallut pourtant deux heures pour atteindre enfin, dans un cirque presque entièrement clos, où la route formait la seule saignée dans la montagne, un havre qui commençait de nous devenir familier : quelques baraques en planches, dûment entourées de barbelés. C'était le kommando de Beckersbruch. Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 56.
2. Au fig. Ce qui constitue un refuge, un réconfort. Havre de paix. Dans un de mes précédents journaux, je notais combien dans la zone des sentiments, passé quarante ans, la netteté représente un havre presque interdit (Du Bos, Journal,1926, p. 102).Elle s'était vue charger de l'enseignement de la musique et des belles-lettres, comme on disait, tâche dont elle s'acquittait bien. C'était le havre, pour elle, le salut (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 64).J'ai voulu que l'expérience conduise où elle menait, non la mener à quelque fin donnée d'avance. Et je dis aussitôt qu'elle ne mène à aucun havre (mais en un lieu d'égarement, de non-sens) (G. Bataille, Exp. int.,1943, p. 17).
Prononc. et Orth. : [ɑ:vʀ ̥] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 havene « port de mer » (G. Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 2022 et 2159); b) ca 1165 havre « id. » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 983); 2. ca 1190 hafne « refuge sûr » (Adgar, Lég. Marie, éd. C. Neuhaus, 581). Empr. du m. néerl.hafen « port » (cf. all. Hafen « id. »). La forme havre tend à s'imposer au xvies. grâce à la fondation du Havre de Grâce (1517) à l'estuaire de la Seine et finit par évincer toutes les autres formes au xviies. lors de son introduction dans les ouvrages spécialisés (cf. 1643, Fournier, Hydrographie); cf. FEW t. 16, p. 187a. Fréq. abs. littér. : 101. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 202.

Wiktionnaire

Nom commun - français

havre (h aspiré)\ɑvʁ\ masculin

  1. (Marine) (Vieilli) Port de mer, naturel ou artificiel, fermé et sûr.
    • […] le Moustique mouilla dans le havre des îles Chausey, le terrible tangage qui avait si rudement secoué mes entrailles fit place au léger balancement d’un navire qui se repose […] — (Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau, L’Archipel de Chausey, souvenirs d’un Naturaliste, Revue des Deux Mondes, tome 30, 1842)
  2. (Marine) Petit port qui reste sec à marée basse.
  3. (Marine) Petit golfe, anse.
  4. (Figuré) Abri, Refuge.
    • Un havre de paix.
    • Le minuscule jardin attenant, clos par un mur de briques haut d’un mètre, voire d’un yard, fut bientôt un plaisant havre de pigeons et de moineaux attirés par les miettes. — (René Fallet, Charleston, chapitre III ; Éditions Denoël, Paris, 1967)
    • Je m’en veux un peu d’avoir placé ce bel objet dans les mains d’un particulier, d’où bientôt sans doute il passa à d’autres, au lieu de lui assurer le havre d’une collection publique ou privée, qu’il a d’ailleurs peut-être fini par atteindre. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 152)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HAVRE. (H est aspirée.) n. m.
Petit port qui reste sec à marée basse. Il se disait anciennement d'un Port quelconque.

Littré (1872-1877)

HAVRE (ha-vr') s. m.
  • 1Anciennement, port de mer quelconque. Employant ce Typhis [pilote], Syrtes et Cyanées Seront havres pour toi, Malherbe, II, 12. Et, comme un marinier échappé de l'orage, Du havre sûrement contempler le naufrage, Régnier, Épître II. Maldonado, qui faisait tout son espoir, est maintenant reconnu pour un des plus mauvais havres qu'il y ait au monde, Raynal, Hist. phil. VIII, 10.

    Par extension. De petits écureuils noirs, après avoir dépouillé les noyers du voisinage, se sont résolus à chercher fortune et à s'embarquer pour une autre forêt ; aussitôt, élevant leurs queues et déployant au vent cette voile de soie, la race hardie tente fièrement l'inconstance des ondes ; la tempête se lève, la flotte va périr, elle essaye de gagner le havre prochain, Chateaubriand, Génie, I, V, 9.

    Fig. Mais n'est-ce pas la loi des fortunes humaines, Qu'elles n'ont point de havre à l'abri de tout vent ? Malherbe, VI, 10.

    Havre d'entrée ou havre de toutes marées, port où il y a de l'eau suffisamment pour entrer en tout temps.

    Havre de barre ou de marée, port où l'on ne peut entrer qu'avec la haute mer.

  • 2Aujourd'hui, havre ne se dit que de certains ports qui sont à sec à marée basse. Les baies, les ports et les havres, Buffon, Hist. nat. Preuv. théor terr. Œuvres, t. II, p. 199.

HISTORIQUE

XIIe s. Souz Alexandre [Alexandrie], à un havre mout lé [large], Ronc. p. 118.

XIIIe s. Al havene vint, nef i trova, Lai de Melion.

XIVe s. Et grans nefs profondes et larges, Plus de cinq cents dedans le hable, Guiart, dans DU CANGE, haula.

XVe s. Quand [les Anglois] se departirent des havres d'Angleterre, Froissart, II, II, 27. Mais que demandes-tu ? tu quiers chemin à toy perdre, à l'exemple de moy, et veulx saillir du havre de seureté pour toy noyer dedans la mer, Chartier, le Curial.

XVIe s. Il n'est gallere, encor que le grant dyable En fust patron, s'elle approchoit mon hable, Qu'on ne la mist par esclatz comme ung verre [c'est la ville de Gênes qui parle], Marot, J. V, 46.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

HAVRE, s. m. (Géog.) ce mot que les Latins expriment par celui de portus, étoit appellé par les Grecs λίμνη, & ὅρμος ; il ne répond pas au statio navium des Latins, comme l’a pensé le pere Lubin. Le port ou le havre marque un lieu fermé, ou capable d’être fermé ; statio navium signifie au contraire, une rade, un abri, un moüillage, où les vaisseaux sont seulement à couvert de certains vents. L’usage du mot havre s’étend à quelques façons de parler, qui en marquent les avantages ou les inconvéniens.

On appelle havre de barre, un havre dont l’entrée est fermée par un banc de roches ou de sable, & dans lequel on ne peut aborder que de pleine mer. Le havre de Goa est un havre de barre, quoique ce soit un des plus beaux ports du monde.

Le havre de toutes marées est celui où l’on n’est pas obligé d’attendre pour entrer ou pour sortir, la commodité de la marée, mais où l’on peut entrer également de haute & de basse mer.

Le havre d’entrée signifie la même chose ; c’est un havre où il y a toûjours assez d’eau pour y entrer ou pour en sortir, même en basse marée.

Le havre brute ou crique est celui que la nature seule a formé, & auquel l’industrie des hommes n’a encore rien ajoûté pour le rendre plus sûr & plus commode ; les François qui navigent en Amérique, appellent cul-de-sac un havre de cette espece.

Quelquefois le havre est resserré à son entrée par une longue digue qui s’avance dans la mer, ou même par deux digues qu’on appelle jettées. Voyez Jettée. Quelquefois, sur-tout en Italie & dans le Levant, au lieu de jettées il y a un mole qui ferme le port. Voyez Mole. (D. J.)

Havre-de-Grace (le), Géog. ville maritime de France dans la haute-Normandie, au pays de Caux, avec un excellent port, une citadelle, & un arsenal pour la marine. Elle doit son origine à François I. qui la fit bâtir & fortifier ; les Anglois la bombarderent en 1694. Elle est à l’embouchure de la Seine, dans un endroit marécageux, à 12 lieues de Caën, 18 N. O. de Roüen, 8 S. O. de Fécamp, 2 d’Harfleur, 45 N. O. de Paris. Long. 17. 40. 10. lat. 49. 29. 9.

M. & Mademoiselle de Scudery sont de cette ville ; M. de Scudery (Georges) y naquit en 1603. Favori du cardinal de Richelieu, il balança quelque tems la réputation de Corneille ; son nom est aujourd’hui plus connu que ses ouvrages, sur lesquels on sait les vers satyriques de Despréaux. Il mourut à l’âge de 64 ans.

Scudery (Magdelaine) sa sœur, est née en 1607 ; elle publia quelques vers agréables, & les énormes romans de Clélie, d’Artamène, de Cyrus, & autres, outre dix volumes d’entretiens. Elle remporta en 1671 le premier prix d’éloquence fondé par l’académie françoise ; elle a joüi d’une pension du cardinal Mazarin, d’une autre du chancelier Boucherat sur le sceau, & d’une troisieme de deux mille livres que Louis XIV. lui donna en 1683.

On nous a conservé son aventure dans un voyage qu’elle fit en Provence ; elle causoit avec son frere dans l’hôtellerie de son roman de Cyrus, & lui demandoit ce qu’il pensoit qu’on devoit faire du prince Mazart, un des héros du roman, dont le dénoüement l’embarrassoit. Ils convinrent de le faire assassiner ; des gens qui étoient dans la chambre voisine ayant entendu la conversation, crurent que c’étoit la mort de quelque prince appellé Mazart, dont on complotoit la perte ; ils en avertirent la Justice du lieu ; M. & Mademoiselle de Scudery furent mis en prison, & eurent besoin de quelque tems pour prouver leur innocence : cette Dame mourut en 1701. (D. J.)

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Étymologie de « havre »

Bas-lat. haula ; portug. abra ; du germanique : anc. scand. höfn ; anglo-sax. häfen ; dan. hafn ; allem. Hafen ; angl. haven. Comparez le bas-breton et le kimry, aber, port.

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(1140) Du moyen néerlandais haven ou havene, « port »[1][2][3] ou plus probablement vieux norrois hafn (« port, havre »)[4] étant donné le caractère précoce des premières attestations et le foyer du mot en Normandie.
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Phonétique du mot « havre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
havre avr

Fréquence d'apparition du mot « havre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « havre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « havre »

  • Il existe un havre où l'on peut toujours savourer une relation authentique : le coin du feu chez un ami auprès duquel on peut se défaire de ses petites vanités et trouver chaleur et compréhension.
    Kressmann Taylor — Inconnu à cette adresse
  • La famille, ce havre de sécurité, est en même temps le lieu de la violence extrême.
    Boris Cyrulnik — Les nourritures affectives
  • Il y a une étrange satisfaction à toucher le fond du désespoir ; l'excès du malheur procure une espèce de sécurité, havre de grâce pour l'âme naufragée qui n'ose plus croire.
    Julien Green — Léviathan
  • La famille, ce havre de sécurité, est en même temps le lieu de la violence extrême.
    Boris Cyrulnik — Les nourritures affectives
  • Il y a une étrange satisfaction à toucher le fond du désespoir ; l'excès du malheur procure une espèce de sécurité, havre de grâce pour l'âme naufragée qui n'ose plus croire.
    Julien Green — Léviathan
  • Il existe un havre où l'on peut toujours savourer une relation authentique : le coin du feu chez un ami auprès duquel on peut se défaire de ses petites vanités et trouver chaleur et compréhension.
    Kressmann Taylor — Inconnu à cette adresse

Images d'illustration du mot « havre »

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Traductions du mot « havre »

Langue Traduction
Anglais haven
Espagnol refugio
Italien porto
Allemand oase
Chinois 避风港
Arabe ملاذ
Portugais refúgio
Russe убежище
Japonais 避難所
Basque babesleku
Corse haven
Source : Google Translate API

Synonymes de « havre »

Source : synonymes de havre sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot havre au scrabble : 11 points

Havre

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