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Pleuvoir

Définitions de « pleuvoir »

Trésor de la Langue Française informatisé

PLEUVOIR, verbe

A. − Empl. impers.
1. Tomber du ciel sur la terre.
a) [Le suj. réel, non exprimé, désigne la pluie] Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville; (...) Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits! (Verlaine,Romances sans par., 1874, p.14).Il tombe de la pluie Il pleut sur la rivière (Claudel,Poés. div., 1952, p.751):
. ... il pleuvait, mais comme il pleut l'été à Biarritz, une fine petite pluie chaude, comme venant d'un vaporisateur, mais dont les gouttelettes sont suffisantes pour rouiller les pétales en chair blanche des magnolias. Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.369.
SYNT. Il pleut beaucoup, (bien) fort, doucement, dru, un peu; il pleut encore, toujours, tous les jours; il ne pleut presque jamais; il va pleuvoir; il commence, se met, se remet à pleuvoir; il cesse, continue, vient de pleuvoir.
Locutions
Il pleut à flots, à seaux, à torrents, à verse. Il pleut très fort. Je vous souhaite (...) un meilleur temps qu'ici où il pleut sans discontinuer, à verse, à flots, par barriques, par océans (Flaub.,Corresp., 1866, p.245).Des mares d'eau coupaient le chemin. Il pleuvait à torrents (...). Le ciel et la terre étaient noyés (Rolland,J.-Chr., Buisson ard., 1911, p.1405).
Qu'il pleuve ou qu'il vente. Par n'importe quel temps. Malgré le mauvais temps, allons faire un tour au dehors. En Lorraine, qu'il pleuve ou qu'il vente, c'est toujours une admirable vie patriotique (Barrès,Cahiers, t.9, 1912, p.366).
Écoute-s'il-pleut, subst. masc. V. écouter rem. e.
Loc. pop.
Ça pleut. Synon. de il pleut.V. brouillasser ex. 2.
Il pleut comme vache qui pisse. Il pleut en abondance. Voir Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p.340.
P. plaisant. (Avoir un) nez dans lequel il pleut. V. nez I A loc. 2.Son nez (...) court, relevé, largement troué, avec les narines ouvertes et respirantes, était de ces nez dont le peuple dit qu'il pleut dedans (Goncourt,G. Lacerteux, 1864, p.52).
[Dans divers dictons] Le jour des Rameaux est lié par des prédictions à la météorologie, et l'on dit au village: S'il pleut sur le laurier, il pleuvra sur la faucille. (Quercy). Ou bien: S'il pleut à l'élévation des Rameaux, il pleuvra toute l'année. (Aunis, Saintonge.) (Menon, Lecotté,Vill. Fr., 1, 1954, p.57).S'il pleut à la Saint-Médard Il pleut quarante jours plus tard (P. Vani,Almanach de Madame Truc, 1983, p.172).
[P. allus. à la chanson de Fabre d'Églantine: Il pleut, il pleut, bergère] Voici qu'il pleut, qu'il pleut, bergères! Les pauvres Vénus bocagères Ont la roupie à leur nez grec! (Laforgue,Complaintes, 1885, p.134).
[P. allus. au ,,poème enfantin célébrant la pluie, traditionnellement associée dans notre folklore à la grenouille et à l'escargot`` (d'apr. Rey-Chantr. Expr. 1979): Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille] Il pleut il mouille, Aujourd'hui c'est la fête à la grenouille Et la grenouille C'est mon amie (Prévert,Histoires, Paris, éd. du Pré aux clercs, 1946, p.23).
b) [Le suj. réel, gén. introd. par un/de(s), désigne la pluie dans ses diverses modalités] Une pluie diluvienne s'abattait sur le hangar. (...) il pleuvait sur la Lison, de grosses gouttes, en paquets (Zola,Bête hum., 1890, p.131).Il pleuvait un crachin gris-bleu couleur de lointain (Queffélec,Recteur, 1944, p.50).
Loc. Il pleut des cordes. V. corde I loc. p.métaph.Il pleut des hallebardes. V. hallebarde loc. verb. impers. fig.
2. P. anal. [Le suj. réel, gén. introd. par un/de(s), désigne un liquide, une masse d'éléments divers, etc.] Tomber en grande quantité, affluer. Il pleut des balles, des bombes, des étoiles, des flèches, du sang. Il pleuvait une nuée de cousins, la rue en était pleine, encombrée (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.1109).Je me couche (...), les yeux à moitié fermés, tournés vers les rayons qui tombent du ciel sur mon visage; il me pleut ainsi dans les yeux et dans l'âme, à travers les paupières, un éblouissement de rayons rosés (Lamart.,Tailleur pierre, 1851, p.431).Il en pleuvait, des taloches, il en grêlait, des horions (Cladel,Ompdrailles, 1879, p.336).
Loc. Comme s'il en pleuvait. Synon. beaucoup, énormément.Abattant des quatorze en veux-tu en voilà et des quintes comme s'il en pleuvait (Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, 5etabl., 3, p.201).
3. Au fig.
a) [Le suj. réel, gén. introd. par un/de(s), désigne des formes d'expression, des événements, etc. multiples] Survenir à profusion. Il pleut des chansons, des libelles. Il pleut des pardons! Il grêle de la miséricorde! Je suis submergé dans la clémence! (Hugo,L. Borgia, 1833, i, part.1, 2, p.22).Peines d'amour comme il en pleut vers la quarantaine sur ceux qui ont gardé le coeur tendre (Arène,Veine argile, 1896, p.239).
Loc., p.iron. Il pleut des vérités premières. Il s'énonce beaucoup de truismes. Quarante ans peut être quarante ans d'âge ou quarante ans de durée. Sous cette réserve que c'est la durée qui amène l'âge. (Il pleut des vérités premières) (Péguy,V.-M., comte Hugo, 1910, p.764).
b) [Le suj. réel, exprimé ou non, désigne des sentiments, des faits pénibles] S'abattre en apportant la tristesse, l'ennui. Elle raconta sa vie déflorée qui ressemblait à dix mille vies. −Mon existence est une campagne triste où il pleut toujours (Bloy,Femme pauvre, 1897, p.63).V. blafard ex. 7.
B. − Empl. pers.
1. [Le suj. désigne la pluie, la vapeur d'eau atmosphérique, les nuages]
a) Empl. intrans. Tomber du ciel sur la terre. Les portes n'étaient point surmontées d'un couronnement, dit attique, pour chasser les eaux de la pluie qui ne pleut pas (Borel,Champavert, 1833, p.9).Qu'importe que le vent gémisse et que l'eau pleuve? (Coppée,Poés., t.2, 1876, p.167).
[Avec compl. circ.] Notre toit ouvert par les maçons et la pluie pleuvant sur nos tapisseries comme dans la rue (Goncourt,Journal, 1865, p.210).
Empl. causatif. [Le suj. désigne Dieu] Faire tomber la pluie. Un Dieu impartial et juste, qui, pour pleuvoir sur un pays, ne demande point quel est son prophète (Volney,Ruines, 1791, p.90).
b) Empl. trans. dir. Déverser, répandre (quelque chose). Un déluge tombé d'un ciel d'encre et de soir Dispose son linceul et pleut son désespoir Sur la ville (Régnier,Sites, 1887, p.136).
2. P. anal.
a) Empl. intrans. [Le suj. désigne gén. une multitude d'êtres ou de choses, notamment fluides ou menues] Tomber comme une pluie, abondamment. Les balles pleuvent. Nous autres, critiques, avons la tête farcie de tout ce qu'il nous faut lire et examiner, tant les volumes pleuvent et se pressent (Sainte-Beuve,Corresp., t.1, 1833, p.337).Je vous jette mon coeur parmi ces pierres pâles! Les diamants vont pleuvoir et les perles neiger! (Rostand,Princesse loint., 1895, p.196).Sentir le coeur se fendre et les larmes pleuvoir (Noailles,Ombre jours, 1902, p.157).
[Avec compl. circ.] Peu leur importent [sic] d'où pleuvent les enfants; en produire beaucoup pour en livrer beaucoup à la misère et au travail est la seule affaire de ces créatures (Balzac,Physiol. mariage, 1826, p.72).Elle laissait choir sur sa poitrine sa tête d'où pleuvaient de longues mèches de cheveux emmêlés (Gautier,Fracasse, 1863, p.59).L'ondée vivante de la semence, qui pleuvait sur les sillons ouverts (Zola,Terre, 1887, p.508).
[P. réf. à la pluie d'or de Jupiter (v. pluie B 1 b)] Portia (...) Léonard l'a peinte toute nue... Le caprice du maître à sa jupe est noué, Et c'est notre or qui pleut sur cette Danaé (Coppée,S. Torelli, 1883, iii, p.154).
Expressions
Pleuvoir de tous côtés, de toutes parts. V. emporté II B ex. de Gracq.
Pleuvoir en + compl. Par les belles nuits la lumière de la lune y pleuvait en grandes averses blondes (Genevoix,Dern. harde, 1938, p.36).
Faire pleuvoir qqc. autour, dans, sur qqc., qqn. Faire pleuvoir une grêle de coups sur. Çà et là, parurent entre les branches quantité de larges étincelles, comme si le firmament eût fait pleuvoir dans la forêt toutes ses étoiles (Flaub.,St Julien l'Hospitalier, 1877, p.115).
Loc., rare. [Le suj. désigne une pers.] Pleuvoir des yeux. Pleurer. La pensée que sa petite Désirée trotterait, dans une église, avec une grappe d'oranger (...) lui causa une telle impression qu'elle plut des yeux à grosses gouttes (Huysmans,Soeurs Vatard, 1879, p.185).
Rem. Cette loc. est probablement la var. de la loc. arg. vieillie pleuvoir des chasses, même sens. (Ds Delvau 1867, p.380 et France 1907).
b) Empl. trans. dir. [Le suj. désigne une chose située en hauteur] Épancher quelque chose qui évoque la pluie. Les cheveux relevés, digne du soleil qui lui pleuvait son or et son opale sur la tête (Barb. d'Aurev.,Memor. 1, 1838, p.214).Ses stigmates ruisselaient, sa tête crucifiée pleuvait du sang (Huysmans,En route, t.1, 1895, p.271).Ô noyer odorant! dont les feuilles suantes (...) pleuvent de l'ombre sur les puits (Jammes,Clairières, 1906, p.60).
3. Au fig., empl. intrans. [Le suj. désigne une grande quantité de choses bonnes ou mauvaises] Être dispensé à foison (avec des effets bénéfiques ou non). Les honneurs, les sarcasmes pleuvent. Voici venir le temps des distributions de prix, et, dans les harangues qu'on y prononcera, les clichés rassurants vont pleuvoir à verse et l'optimisme va couler à pleins bords (Coppée,Franc-parler I, 1894, p.150).Les épithètes volent, les injures pleuvent (Coston,A.B.C. journ., 1952, p.134).
[Avec compl. circ.] Les maux de toute espèce pleuvent sur tout le genre humain comme les balles sur une armée, sans aucune distinction de personnes (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.28).Cette parole du Christ, cette manne première qui tombait et pleuvait sur les coeurs simples (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t.3, 1862, p.257).La vue de ses flexibles attraits [d'Henriette] inspirait cette mélancolie nombreuse, où pleuvent les changeantes images de la possession (L. Daudet,Am. songe, 1920, p.104).
Prononc. et Orth.: [pløvwa:ʀ], (il) pleut [plø]. Homon. forme de plaire. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. verbe impers. Ind. prés.: il pleut; imp.: il pleuvait; passé simple: il plut; fut.: il pleuvra; subj. prés.: qu'il pleuve; subj. imp.: qu'il plût; part. prés.: pleuvant; part. passé: plu (pas de fém.). Étymol. et Hist.1. Verbe impers. a) ca 1140 «tomber en parlant de la pluie» (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1956); b) 1remoitié xiies. «tomber en grande quantité à la manière de la pluie» (en parlant de la manne) (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, 77, 28); 2. verbe pers. intrans. a) ca 1155 «tomber du ciel» en parlant de ce que l'on compare à l'eau de pluie (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 2125); b) ca 1195 en parlant de la pluie (Ambroise, Guerre sainte, 7471 ds T.-L.); c) 1225-30 «tomber dru» en parlant de pierres (Guillaume de Lorris, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 1784); 3. verbe trans. a) ca 1165 en parlant de l'eau qui tombe des nuages (Chrétien de Troyes, Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 436); b) fin xives. «répandre comme de la pluie» (Eustache Deschamps, III, 325, 21 ds T.-L.). Du lat. pop. plovere (att. sous la forme plovebat chez Pétrone; v. A. Stefenelli, Die Volkssprache im Werk des Petron, p.88) à côté du lat. class. pluere «pleuvoir» (v. FEW t.9, p.82 et Ern.-Meillet). Fréq. abs. littér.: 1729. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1808, b) 3150; xxes.: a) 2968, b) 2339. Bbg. Gougenheim (G.). La Constr. avec sujet des verbes exprimant des phénomènes météor. Fr. mod. 1945, t.13, pp.187-197. _Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.183-184. _ Mantha (S.), Melcĭuk (I.). Phénomènes atmosphériques ds le DECFC. R. québéc. Ling. 1984, t.13, no2, pp.295-299. _ Mauch (U.). Il pleut. In: Geschehen «an sich» und Vorgang ohne Urheberbezug im modernen Frz. Bern, 1969, pp.18-30. _ Quem. DDL t.14. _ Rohlfs (G.). Romanische Lehnübersetzungen aus germanischer Grundlage. In: [Mél. Baldinger (K.)]. Tübingen, 1979, t.2, p.807.

Wiktionnaire

Verbe - français

pleuvoir \plø.vwaʁ\ intransitif impersonnel 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Tomber du ciel, en parlant de l’eau des nuages.
    • Maintenant il pleut… J’entends l’eau qui ruisselle des gouttières, et qui fouette les vitres de ma chambre… — (Octave Mirbeau, La tête coupée, dans Lettres de ma chaumière, 1886)
    • Dis donc, Monsieur, ça pleut dehors… Est-ce que je peux t’y prendre le parapluie ? — (Georges Feydeau, Les Pavés de l’ours, 1896)
    • 8 m a r s. — Il a plu sans interruption depuis près de vingt heures, et le terrain où nous campons est complètement détrempé. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 138)
    • Il pleuvait. Par instants, on entendait l’averse s’écraser contre la verrière du haut, […]. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Il faisait froid et pleuvait. Rattner et moi, empaquetés dans nos pardessus, nous l’invitions à remuer. — (Henry Miller, L’ancien combattant alcoolique au crâne en planche à lessive, dans Max et les Phagocytes, traduction par Jean-Claude Lefaure, éditions du Chêne, 1947)
    • Il avait plu toute cette semaine-là, et la vieille boue des hivers, pétrie par les sabots des vaches, des chevaux et des gens, grasse de bouse et claire comme de la pâte à gaufres s'était ramollie. — (Jean Rogissart, Mervale, Éditions Denoël, Paris, 1937, page 16)
  2. (Par extension) Tomber ou sembler tomber du ciel comme la pluie, en parlant d’autres choses que la pluie.
    • Ce vacarme académique, qui dura tout le mois d’août 1836, était pour le moins aussi amusant que celui des étoiles filantes qui s’abattaient tous les huit jours sur le Pont-Royal, et que celui des crapauds qui pleuvaient tous les huit jours à l’Académie. — (François-Vincent Raspail, Nouveau système de chimie organique, 1838, page 598)
    • On en a conclu qu’il pleuvait des crapauds, ce qui est une impossibilité, attendu que, d’après les lois invariables de la nature, ces animaux, à cause de leur forme et de leur poids, ne peuvent se trouver dans l’air. — (J. Lingay, Erreurs et préjugés, 1853, page 57)
    • J’examinai alors attentivement ces taches, j’étudiai leur développement, et je reconnus... qu’il pleuvait du sang !... Oui ! il pleuvait du sang !... Je levai la tête et […] je vis se balancer les silhouettes mutilées de plusieurs pendus ; […]; et c’était du cou de ces dernières victimes pendues par les pieds que tombait cette pluie de sang ! — (Félix Maynard, De Delhi a Cawnpore, journal d'une dame anglaise, 1858, page 97)
    • Non, non, vos fautes apportent avec elles leur châtiment immédiat, c’est sur votre dos que pleuvront les coups, c’est vous-mêmes qui serez punis. — (La révolution et les révolutionnaires de Février, dans La Revue des Deux Mondes, tome 7, 1850, page 539)
    • Les Boches préparaient un « sale » coup, et Luc, de quart au périscope, avait donné l’alerte à sa tranchée. Presque aussitôt le bacchanal se déchaîne : les obus pleuvent, les parapets sautent. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, page 155)
    • En 1945, elle avait sept ans. Un matin, les bombes avaient commencé à pleuvoir. A Kobé, ce n'était pas la première fois qu’on les entendait, loin s’en fallait. — (Amélie Nothomb, Métaphysique des tubes, Éditions Albin Michel, Paris, 2000)
  3. (Figuré) Tomber ou arriver en grande quantité.
    • Mais l’artillerie tonnait, et la mitraille pleuvait sur ce pauvre débris d’armée, presque aussi drue que la neige, qui forçait les artilleurs de viser au hasard. — (Alexandre Dumas, Le Capitaine Richard, 1860, page 179)
    • Les plaisanteries et les compliments crus pleuvaient, en arabe, en français, plus ou moins mélangés de sabir. — (Isabelle Eberhardt, Yasmina, 1902)
    • Pif ! paf ! les gifles commencèrent à pleuvoir et la vaisselle à danser : […]. — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PLEUVOIR. (Il pleut. Il pleuvait. Il plut. Il a plu. Il pleuvra. Il pleuvrait. Qu'il pleuve. Qu'il plût.) v. intr.
Il se dit de l'Eau qui tombe du ciel, et dans ce sens il est toujours impersonnel. Il pleut très fort. Il ne pleut guère. Il commençait à pleuvoir. Il ne fait que pleuvoir depuis quelque temps. Il pleut à verse, à seaux, à torrents, Il pleut très fort. On dit figurément et familièrement dans le même sens Il pleut des hallebardes. Pop., Comme s'il en pleuvait, Beaucoup, en grande quantité. Il dépense de l'argent comme s'il en pleuvait. Fig. et fam., C'est un écoute s'il pleut se dit d'un Homme faible, qui se laisse arrêter par les moindres obstacles. Il se dit aussi d'une Promesse illusoire, d'une mauvaise défaite, d'une espérance très incertaine.

PLEUVOIR se dit aussi de Diverses choses qui tombent ou semblent tomber du ciel comme la pluie. Le bruit courait qu'il avait plu du sang en tel endroit, qu'il y avait plu des pierres. Dieu fit pleuvoir le feu et le soufre sur Sodome et sur Gomorrhe.

PLEUVOIR se dit, figurément, de Choses qui tombent en grande quantité. Il pleut des obus en cet endroit. Les coups de fusil y pleuvent. On fit pleuvoir sur eux une grêle de coups, une grêle de pierres, une grêle de flèches, de traits. Les balles pleuvaient autour d'eux. Les coups pleuvaient sur ses épaules. Fig., Il pleut des libelles, de mauvais vers, etc., Il s'en publie chaque jour une grande quantité. Il pleut des chansons, des épigrammes, etc., contre un tel, Il court beaucoup de chansons, d'épigrammes, etc., contre lui. Les sarcasmes pleuvent sur lui de tous côtés, Il est l'objet de mille sarcasmes. Fig. et fam., Il pleut des mauvais plaisants, des ennuyeux, des importuns, etc., Quelque part qu'on aille, on rencontre beaucoup de mauvais plaisants, d'ennuyeux, d'importuns, etc. Fig., Les biens, les dignités, les honneurs pleuvent chez lui, pleuvent sur lui, Il lui arrive de grands avantages coup sur coup; on lui prodigue les dignités, les honneurs.

Littré (1872-1877)

PLEUVOIR (pleu-voir ; Chifflet remarque, Gramm. p. 98, qu'il faut dire pleuvoir, et non plouvoir), il pleut ; il pleuvait ; il pleuvra, il pleuvrait ; il plut ; qu'il pleuve ; qu'il plût ; pleuvant ; plu, invariable v. n.
  • 1Il se dit de l'eau qui tombe du ciel ; sens auquel il est impersonnel. Il pleut à verse. Il n'a pas gelé un moment, et il a plu tous les jours comme des pluies d'orage, Sévigné, 16 janv. 1671.

    Un écoute s'il pleut, voy. ÉCOUTER, n° 2.

    Il y pleut comme dans la rue, se dit d'une maison où la pluie perce le toit.

    Fig. Il a bien plu sur sa friperie, il a eu de grands désastres, de graves maladies.

    Je n'en ai non plus qu'il en pleut, se dit pour exprimer qu'on n'a pas la moindre partie de la chose dont il s'agit.

    Comme s'il en pleuvait, beaucoup. Il dépense l'argent comme s'il en pleuvait.

    Il faut faire comme on fait à Paris, il faut laisser pleuvoir.

    Fig. Il pleut dans son escarcelle, tout lui arrive en abondance.

    Fig. Il a bien plu dans son écuelle, il lui est venu quelque bonne succession, quelque grand profit.

  • 2Il se dit de ce qui tombe ou semble tomber du ciel comme la pluie. Le peuple vautour, Au bec retors, à la tranchante serre, Pour un chien mort se fit, dit-on, la guerre : Il plut du sang ; je n'exagère point, La Fontaine, Fabl. VII, 8. Avez-vous peur qu'il ne pleuve des hommes ? et quand il en tomberait quelques-uns des nues, le grand mal ! le ciel nous devrait ce miracle, Marmontel, Cont. mor. Soliman II.

    Fig. Que le courroux du ciel allumé par mes vœux Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux ! Corneille, Hor. IV, 5. Le Seigneur fera pleuvoir sur vous sa fureur et sa guerre, Massillon, Carême, Aum.

    Quand il pleuvrait des hallebardes la pointe en bas, ou, simplement, quand il pleuvrait des hallebardes, c'est-à-dire quelque mauvais temps qu'il fasse.

  • 3 Par extension, il se dit de tout ce qui tombe d'en haut en grande quantité, et alors il cesse d'être impersonnel. Mais d'aller plus à ces batailles Où tonnent les foudres d'enfer, Et lutter contre des murailles D'où pleuvent la flamme et le fer, Malherbe, III, 1. Je sais que Danaé fut son indigne mère ; L'or qui plut dans son sein l'y forma d'adultère, Corneille, Androm. IV, 4. Faites pleuvoir sur eux de la flamme et du soufre, Tristan, Mariane, v, 2. Et des couvreurs grimpés au toit d'une maison En font pleuvoir l'ardoise et la tuile à foison, Boileau, Sat. Stralsund était battu en brèche ; les bombes pleuvaient sur les maisons, Voltaire, Ch. XII, 8. Ce n'est qu'une eau qui pleut sur le rocher sonore, Lamartine, Harm. II, 3.

    Impersonnellement. Il pleuvait des boulets et des balles.

    Fig. D'où cet enfant est-il plu [d'où vient-il, d'où est-il tombé] ? La Fontaine, Lun.

  • 4Avec un nom de personne pour sujet, il signifie quelquefois faire pleuvoir. Pleuvez donc, je vous en conjure, Et pleuvez à bonne mesure, Scarron, Virg. V. Notre homme Tranche du roi des airs, pleut, vente, et fait en somme Un climat pour lui seul, La Fontaine, Fabl. VI, 4. Lui [Dieu] qui fait luire son soleil sur les bons et sur les mauvais, et qui pleut sur les justes et sur les injustes, Bossuet, Serm. Néc. de la vie, 1.
  • 5 Fig. Affluer, arriver en abondance. Les avis, les conseils vous pleuvent l'un sur l'autre, Mairet, Soliman, III, 2. Sur qui pleuvaient de tous côtés les bonnes fortunes, Hamilton, Gramm. 6. Les calomnies pleuvent sur quiconque réussit, Voltaire, Lois de Minos, Épit. Il n'y a point d'ouvrage nouveau sur des matières très délicates qu'on ne m'impute ; les livres de cette espèce pleuvent de tous côtés, Voltaire, Lett. d'Argental, 20 nov. 1766. Il [Diogène] faisait pleuvoir le sel et l'ironie sur les vicieux, Diderot, Opinion des anc. philos. (cyniques). Mes lettres vous pleuvront, une page pour une ligne, et dans peu vous en aurez haut comme cela, Courier, Lett. I, 25.

    Les sarcasmes pleuvent sur lui de tous côtés, il est en butte à mille sarcasmes.

    L'argent, les biens, les dignités, les honneurs pleuvent chez lui, il reçoit coup sur coup des biens, des dignités, des honneurs. Les biens et les honneurs pleuvaient sur sa personne, La Fontaine, Petit chien. Bon, autre argent qui va pleuvoir dans notre poche, Legrand, Aveugle clairvoyant, SC. 5. Une fois de l'Académie, les places et les honneurs vous pleuvent, Courier, Lettre à l'Académie des inscr.

    Il se dit aussi impersonnellement en ce sens. Veux-tu qu'à tous moments il pleuve des pistoles ? Corneille, Suite du Ment. II, 5. Les fâcheux à la fin se sont-ils écartés ? Je pense qu'il en pleut ici de tous côtés, Molière, Fâch. II, 1. Il pleut ici de mauvais livres et de mauvais vers, Voltaire, Lett. roi de Prusse, nov. 1742. Il nous pleut ici d'Hollande des ouvrages sans nombre contre le fanatisme, D'Alembert, Lett. à Volt. 22 sept. 1767. Amis, il pleut, il pleut des lois ; L'air est malsain, j'en perds la voix, Béranger, Enrhumé.

    Il pleut des chansons, des épigrammes contre un tel, il se fait beaucoup de chansons, d'épigrammes contre lui.

  • 6 Absolument. Se dit d'argent donné en abondance. Cette pluie est fort douce, et quand j'en vois pleuvoir, J'ouvrirais jusqu'au cœur pour la mieux recevoir, Corneille, le Ment. IV, 6. Adieu, de ton côté si tu fais ton devoir, Tu dois croire du mien que je ferai pleuvoir, Corneille, ib. IV, 7. Si vous vous mariez, il ne pleuvra plus guère, Corneille, ib. v, 7.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir quand il s'agit de la pluie. Mais quand il s'agit d'autre chose et qu'on veut marquer l'état non l'action, il se conjugue avec l'auxiliaire être : Il nous est plu aujourd'hui des fâcheux.

HISTORIQUE

XIIe s. Beau tens faiseit seri e cler, Cum senz pluveir e senz venter, Benoit de Sainte-Maure, II, 7678. E il pluveit tant fort qu'il ne voleit cesser, Th. le mart. 48.

XIIIe s. Par un jour si très bel qu'il ne pleut ne ne vente, Berte, x. Il laissa le plouvoir, s'amenrit [s'amoindrit] la froidure, ib. XLII. Mès hom ne se doit jà movoir, S'il veoit tex [telles] lermes plovoir Ausinc espès cum onques plut, la Rose, 13580. [Les anges chassés du ciel] Trois jours et trois nuiz adès plurent [tombèrent comme la pluie], Qu'ainz [que onque] plus espessement ne plut Pluie qui si grevanz nous fust, Saint-Graal, v. 2097.

XIVe s. Car il plouvoit adont une pluie pesant, Guesclin. 18283.

XVe s. Ni les seigneurs… n'espargnoient or ni argent non plus que donc si il plut des nues, Froissart, II, II, 223.

XVIe s. Il n'y pluyra plus pluye, ny luyra lumiere, ny ventera vent, ny sera esté ne automne, Rabelais, Pant. III, 3. Et coupz de guanteletz de tous coustez pleuvoir sus Chicquanous, Rabelais, ib. IV, 14. C'est le Seigneur qui a commandé au ciel de pleuvoir sur la terre, afin qu'elle fructifiast, Calvin, Instit. 151. Dieu en menaçant de plouvoir sur une ville, et envoyer secheresse à l'autre, Calvin, ib. 754. Le ciel ravy, qui si belle la voit, Roses et liz et guirlandes pleuvoit Tout au rond d'elle au milieu de la place, Ronsard, 60. En hyver partout pleut, en esté là où Dieu veut, Cotgrave Tant tonne qu'il pleut, Cotgrave

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Étymologie de « pleuvoir »

Berry, pleure, pleuve ; wallon, plour ; prov. ploure, pluoure ; catal. plourer ; espagn. llover ; portug. chover ; ital. piovere ; du lat. pluere, auquel Curtius, n° 309, compare πλύνω, laver, le rad. sanscr. plu, nager, le goth. flewin, flotter, laver. Le français vient, avec changement d'accent, et v intercalaire, de pluerē, qui donne pluoir, pleuvoir.

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Du latin populaire *plŏvēre (plovebat, imparfait de l'indicatif, attesté chez Pétrone), en latin classique plŭĕre, lui-même de l’indo-européen commun *pleu[1] (« courir, couler »), qui a également donné le grec ancien πλύνω, plýnô (« laver »), πλέω, pléô (« naviguer »), l'anglais flow, flood, le tchèque plout, plavat.
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Phonétique du mot « pleuvoir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
pleuvoir pløvwar

Fréquence d'apparition du mot « pleuvoir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « pleuvoir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « pleuvoir »

  • Le secret d'un gazon anglais : vous semez et vous laissez pleuvoir pendant sept siècles.
    André Maurois
  • Quand de Deauville on voit Le Havre, c'est qu'il va pleuvoir. Quand on ne le voit pas, c'est qu'il pleut déjà.
    Tristan Bernard
  • Si on ne voit pas la France depuis le rivage, c'est qu'il pleut ; si on la voit, c'est qu'il va pleuvoir.
    Proverbe anglais
  • L'optimiste est un homme qui s'abrite sous une fourchette le jour où il va pleuvoir des petits pois.
    Pierre-Henri Cami
  • Banquier. Homme secourable qui vous prête un parapluie quand il fait beau, et vous le réclame dès qu’il commence à pleuvoir.
    René Bergeron — Dictionnaire humoristique
  • Il ne peut pas pleuvoir chez le voisin sans que nous ayons les pieds mouillés.
    Proverbe chinois
  • C’est toujours le soir du premier rendez-vous qu’il se met à pleuvoir sur votre brushing.
    Michèle Bernier — Le Petit Livre de Michèle Bernier
  • En attendant, la cote est animée par les résultats trimestriels des entreprises américaines qui continuent de pleuvoir.
    usinenouvelle.com/ — Wall Street monte un peu en attendant la Fed - Infos Reuters
  • La faim est un nuage d'où il tombe une pluie de science et d'éloquence. La satiété est un autre nuage qui fait pleuvoir une pluie d'ignorance et de grossièreté.
    Platon
  • Quand la tour de Pise penche vers la droite, c'est qu'il va pleuvoir. Quand elle penche vers la gauche, c'est que vous arrivez par l'autre bout de la rue.
    François Cavanna — Le saviez-vous ?
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Traductions du mot « pleuvoir »

Langue Traduction
Anglais to rain
Espagnol llover
Italien piovere
Allemand regnen
Chinois 下雨
Arabe ان تمطر
Portugais chover
Russe идет дождь
Japonais 雨が降る
Basque euria egin
Corse piovi
Source : Google Translate API

Synonymes de « pleuvoir »

Source : synonymes de pleuvoir sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot pleuvoir au scrabble : 13 points

Pleuvoir

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