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Peur
Sommaire
- Définitions de « peur »
- Étymologie de « peur »
- Phonétique de « peur »
- Fréquence d'apparition du mot « peur » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « peur »
- Citations contenant le mot « peur »
- Images d'illustration du mot « peur »
- Traductions du mot « peur »
- Synonymes de « peur »
- Combien de points fait le mot peur au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Féminin | peur | peurs |
Définitions de « peur »
Trésor de la Langue Française informatisé
PEUR, subst. fém.
Wiktionnaire
Nom commun - français
peur \pœʁ\ féminin
-
Crainte, frayeur, émotion pénible produite par l’idée ou la vue d’un danger.
- Aucun être humain ne peut supporter une terreur continuelle : la peur se retire finalement au second plan de l’esprit ; on l’accepte, on la met en place et on n’en veut plus entendre parler. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 261 de l’édition de 1921)
- À peine, dans une halte où se terminait la mission des meneurs de chevaux, je pus remarquer que les gradés qui faisaient le tri des hommes et des chevaux avaient grand’peur des lieux où ils nous envoyaient. Cette peur que l’on a de loin, et que j’ai éprouvée quelquefois dans la suite, diffère beaucoup de la vraie peur, mais elle n’est pas moins pénible. — (Alain, Souvenirs de guerre, page 14, Hartmann, 1937)
- Bientôt tes appels ne seront plus que rauquements de plus en plus sourds, beuglements de désespoir si fatigués qu’ils ne dépasseront plus ta gorge, étranglée de terreur par la furieuse certitude, la peur atroce et annihilante, la frayeur immonde de périr en Fagne. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
- Chez les possédants, l’agitation sociale réveille une vieille hantise particulièrement vivace chez les bourgeois français : la peur de l’ouvrier. — (Jacques Delpierrié de Bayac, Histoire du Front populaire, Fayard, 1972, page 13)
- Haï, Épicure le fut et le sera parce qu’il est un des héros de l’humanité. […]. Et si, à sa suite, l’ensemble de l’épicurisme fut maudit, et calomnié comme libertinage dévergondé, c’est parce qu’il guérit de la peur dont tout pouvoir, religieux ou politique, a besoin ! — (Robert Redeker, Les épicuriens, professeurs de liberté, dans Marianne du 5 au 11 février 2011, pages 72-73)
- Elle est aujourd'hui considérée comme une émotion négative dont il faut se libérer. Elle, c'est la peur. — (Jean-Guilhem Xerri, La vie profonde, éditions du Cerf, Paris, 2021, p. 69)
- Crainte faible ; appréhension.
- J'attends votre première lettre avec une impatience qu'elle ne remplira peut-être point; j'ai bien peur de l'attendre encore après l'avoir reçue. — (Madame du Châtelet, « Lettres inédites au Maréchal de Richelieu et à Saint-Lambert », dans la Revue des deux Mondes, tome 3, Bruxelles, 1845, page 589)
- – Ce qui est certain, c'est que cette image est restée liée à ce livre et qu'est resté intact le sentiment qu’elle me donnait d'une appréhension, d'une peur qui n'était pas de la peur pour de bon, mais juste une peur drôle, pour s'amuser. — (Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, collection Folio, page 48)
- Ah ! oui. J'ai bien peur que ce soit un cas de mariage en hâte dont ils se repentiront après. Ça fait juste trois ans qu'ils se connaissent. J'ai bien peur que Peter découvre que les beaux plumages font pas toujours de bons oiseaux. Fanny est très paresseuse, j'en ai peur. — (Lucy Maud Montgomery, Anne au Domaine des peupliers, traduit de l'anglais par Hélène Rioux, Québec Amérique, 2005, page 212)
Littré (1872-1877)
-
1Passion pénible qu'excite en nous ce qui paraît dangereux, menaçant, surnaturel.
Nos prières sont ouïes, Tout est réconcilié ; Nos peurs sont évanouies
, Malherbe, II, 2.Es-tu si las de vivre ? - As-tu peur de mourir ?
Corneille, le Cid, II, 2.Je sentis je ne sais quoi qui pouvait être une peur, je le pris pour un scrupule
, Retz, Mém. t. I, liv. I, p. 34, dans POUGENS.Nous éprouvâmes en cette rencontre qu'il est bien plus naturel à la peur de consulter, que de décider
, Retz, ib. liv. II, p. 173.Corrigez-vous, dira quelque sage cervelle. Eh la peur se corrige-t-elle ?
La Fontaine, Fabl. II, 14.Nous pensâmes verser mille fois… ce qui vous surprendra, c'est que je n'avais point de peur
, Sévigné, 21 août 1677.Il n'y a pas moyen d'être si mal et si brouillé avec soi-même ; il faut tâcher d'établir la peur dans son cœur et dans sa conscience
, Sévigné, mai 1690 (t. IX, p. 508, éd. RÉGNIER).À travers les rochers la peur les précipite [des chevaux]
, Racine, Phèdre, V, 6.En corrigeant une peur par une peur, la peur de la mort par celle de la honte
, Diderot, Œuv. t. III, p. 446, dans POUGENS.La peur est une passion dont l'animal est susceptible, quoiqu'il n'ait pas nos craintes raisonnées ou prévues
, Buffon, Disc. nat. anim. Œuv. t. V, p. 351.Fi donc, trembler ! mauvais calcul, madame ; quand on cède à la peur du mal, on ressent déjà le mal de la peur
, Beaumarchais, Barb. de Sév. II, 2.La haine a son courage, et la peur son audace
, P. Lebrun, Voy. de Grèce, ch. VI, 1.N'avoir que la peur, en être quitte pour la peur, n'éprouver pas le mal que l'on redoutait.
Ne vous étonnez pas, vous n'aurez que la peur
, Racan, Bergeries, II, 4, Polistène.Je lui ferai la moitié de la peur, c'est-à-dire je ne le crains pas, je lui rends menace pour menace.
Avoir peur de son ombre, être très craintif, très poltron.
Tout l'agite, l'inquiète, le ronge ; il a peur de son ombre ; il ne dort ni nuit ni jour
, Fénelon, Tél. III.Par exagération. Mourir de peur, craindre extrêmement. Je mourais de peur que cela n'arrivât.
-
2Divinité qui avait des autels en Grèce et à Rome (avec une majuscule en ce sens).
Il [Alexandre] immola secrètement des victimes à la Peur : il invoqua Jupiter, Minerve et la Victoire
, Condillac, Hist. anc. II, 10. -
3Peur se dit, par exagération, en des cas où il s'agit non de péril, mais de ce qui nuit, de ce qui est désagréable, de ce qui inquiète, etc. J'ai eu peur de vous déranger.
Julie, on nous renferme, on a peur de nos larmes
, Corneille, Hor. III, 2.Est-ce là tout ? dit-il, vous m'avez fait peur
, Pascal, Prov. V.J'avais peur que ce mouvement n'en empêchât un autre ; j'avais peur de vous quitter, j'avais peur de vous suivre ; enfin, ma fille, je craignais tout de ma tendresse et de ma faiblesse
, Sévigné, 287.Mon fils me conseille toujours de faire arrêter la Jarie pour ces treize cents francs… et de faire un peu de peur à Pasgerant
, Sévigné, 4 janv. 1687.J'ai peur que l'univers, qui sait ma récompense, N'impute mes transports à ma reconnaissance
, Boileau, Épître VIII.Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire
, Boileau, Art p. I.Faire peur de quelqu'un, faire croire que quelqu'un peut nous nuire, nous faire du mal.
Faire peur de quelque chose, menacer de quelque chose.
Je veux m'imaginer que cette colique dont on m'a fait peur, se sera noyée dans les fontaines de Pougues
, Guez de Balzac, liv. I, lett. 5.Ose plus, fais-lui peur d'une prison sévère
, Corneille, Attila, III, 1.Faire peur, se dit de quelqu'un dont la physionomie s'est beaucoup altérée. Elle est changée à faire peur.
Familièrement. Être mis à faire peur, être vêtu d'une manière bizarre et ridicule.
Faire peur, se dit d'une personne très laide.
La noire à faire peur, [est dite] une brune adorable
, Molière, Mis. II, 5.Comment le garçon le mieux fait s'était coiffé d'un visage à faire peur
, Hamilton, Gramm. 10.Oui, je voudrais qu'elle [ma maîtresse] fût laide, Mais laide à faire peur
, Béranger, Laideur.Faire peur aux petits enfants, se dit de celui qui excite de vaines terreurs.
Je suis surpris, mon cher Socrate, de voir que vous ayez tant de goût pour ce misanthrope qui fait peur aux petits enfants
, Fénelon, Dial. des morts anc. dial. 17.Faire peur à quelqu'un, lui causer une peur, en sortant subitement d'une cachette, ou de toute autre façon.
Il leur cria d'un ton à faire peur…
, La Fontaine, Herm.Faire plus de peur que de mal, se dit de ceux qui sont plus redoutables en apparence qu'en réalité.
Ces Messinois, qui font plus de peur que de mal aux autres, vous font, comme vous dites, bien plus de mal que de peur
, Sévigné, 460.Absolument. Avoir peur, éprouver une certaine peur, une certaine inquiétude.
La défense, j'ai peur, sera trop tard venue
, Molière, Mélic. I, 5. - 4De peur, loc. adv. Par l'effet de la peur. Il a consenti de peur.
-
5De peur de, loc. prép. En craignant que.
Je me vaincrai pourtant, non de peur d'aucun blâme, Mais pour ne troubler pas une si belle flamme
, Corneille, Cid, V, 4.Il faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri
, La Bruyère, IV.Molière a dit elliptiquement peur, ce qui était blâmé par Vaugelas :
J'empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte,
† Éc. des f. I, 2. -
6De peur que, loc. conj. avec le subjonctif, en craignant que.
[Chez les Perses] on y marquait [sur un registre] les services que chacun avait rendus, de peur qu'à la honte du prince et au grand malheur de l'Etat ils ne demeurassent sans récompense
, Bossuet, Hist. III, 5.
PROVERBES
On ne saurait guérir de la peur, c'est-à-dire les impressions que fait la peur sont insurmontables.
Il ne faut point aller au bois quand on a peur des feuilles, ou n'aille au bois qui a peur des feuilles, c'est-à-dire quand on craint un danger, il ne faut point aller où il se trouve.
On peut bien guérir du mal, mais on ne saurait guérir de la peur.
Tel menace qui a grand peur.
La peur grossit les objets, on s'exagère ce que l'on craint.
La peur n'est bonne à rien, la peur ne guérit de rien, elle est toujours inutile.
REMARQUE
1. Avec avoir peur que, de peur que, on met ne dans le membre de phrase subordonné : J'ai peur qu'il ne vienne ; De peur qu'il ne se blessât. Mais en vers on supprime quelquefois ce ne : Mon désespoir n'osait agir en sa présence, De peur que mon tourment aigrît ses déplaisirs
, Corneille, la Suiv. IV, 10. Et tu trembles de peur qu'on t'ôte ton galant
, Molière, Sgan. 22. …Les pieds nus, de peur qu'on m'entendît marcher, J'ai descendu la pente
, Lamartine, Joc. III, 88.
2. Ne d'abord exprimé, puis supprimé après avoir peur que. J'ai peur qu'elle ne soit mal payée de son amour, que son voyage en cette ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là
, Molière, D. Juan, I, 1. De peur que d'un coup d'œil cet auguste visage Ne fît trembler son bras et glaçât son courage
, Voltaire, Henr. II.
SYNONYME
1. PEUR, CRAINTE., Crainte est le terme générique pour toutes les nuances de cette sorte de sentiments ; elle peut être raisonnée et lointaine. La peur est instinctive et présente.
2° PEUR, FRAYEUR., La frayeur ressemble assez à la peur, si ce n'est qu'elle est toujours plus forte, et moins dépendante du caractère de celui qui la ressent que des apparences de ce qui menace.
HISTORIQUE
XIe s. Nen ont poür ne de murir doutance
, Ch. de Rol. LXV.
XIIe s. En amer [aimer] gist hardemenz et paors
, Couci, VII. Plus ont poor de mort que n'aient de prison
, Sax. XXII. …L'enfant jesu… Que li angles del ciel fist en Egipte aler, Pur la poür d'Erode
, Th. le mart. 65.
XIIIe s. Quant li empereres Kyrsac oï que ses fils estoit pris et Morchufles couronnés, si ot grant peour de lui, et li prist une maladie dont il morut
, Villehardouin, XCVIII. Il n'i ot si hardi qui i osast aler, pour paour de sa vie
, Chr. de Rains, 118. Certes, fet-il, je me gabai ; Ce fis-ge por vos peor fere
, Ren. 1787. Poor est tremblement de pensée por cause de perill qui est present ou qui est à venir
, Digeste, f° 48.
XIVe s. Aucuns maulx sont les quiex il convient craindre simplement et est bien dé avoir en paour
, Oresme, Eth. 78.
XVe s. Versez de rechief, armez-moi, De paour que quelqu'un ne m'assaille
, Basselin, I. Le roy fut adverty de l'arrivée de tous ces gens dessus nommez, si entra en grant paour [à Péronne]
, Commines, II, 5.
XVIe s. J'ay grant paour que toute ceste entreprinse sera semblable à la farce du pot au laict
, Rabelais, Garg. I, 33. Ils n'ozent faire tort à autruy, de peur que l'on ne leur en face à eulx mesmes
, Amyot, Thesée, 6. Comme ceulx qui de peur du precipice s'y lancent eulx mesmes
, Montaigne, II, 28. Puisque vous y estes [en Espagne auprès de François Ier prisonnier], je n'ai point de peur que tout n'aille bien, sinon que vous ne le puissiés garder d'aimer les dames espaignoles
, Marguerite de Navarre, Lett. 73.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
PEUR. Ajoutez :REMARQUE
Ajoutez :3. Après avoir peur, Régnier a mis le verbe subordonné au futur : J'ai peur que tout à fait je deviendrai rimeur,
† Sat. II. Cela se trouve aussi dans Balzac : J'ai peur qu'il sera blâmé, quelque raison qu'il puisse alléguer en cette rencontre, et que le blâme s'étendra sur tous messieurs les faiseurs de livres,
† Lett. inédites, XC (éd Tamizey-Larroque) J'ai peur qu'on trempera M. Saumaise,
† Lett. inédites, LX. Cela n'est plus usité, mais n'a rien qui contredise la grammaire, si ce n'est la suppression de ne. Il est vrai que cette négation est une imitation du latin timeone, et qu'elle n'a pas du tout le sens négatif en français.
Étymologie de « peur »
- (IXe siècle) Du latin pavor (« effroi, épouvante, crainte ») via son accusatif pavorem. Il est passé par les formes intermédiaires pavor, pour, peur. (881) pavor.
Wallon, pawou ; bourg. pô ; provenç. pavor, paor ; anc. catal. paor ; cat. mod. por, pavor ; espagn. et portug. pavor ; du lat. pavorem. Dans l'ancienne langue, paor, peor, pour est toujours dissyllabique.
Phonétique du mot « peur »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
peur | pœr |
Fréquence d'apparition du mot « peur » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « peur »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « peur »
-
La peur... Une arme primitive mais efficace.
Pauline Michel — Mirage -
La peur et la beauté sont incompatibles.
Jean Filiatrault — Le refuge impossible -
L'ignorance préserve de la peur.
Jean-Yves Soucy — Erica -
Pourquoi avoir peur du bonheur ?
Virginie Despentes — Les jolies choses -
La curiosité d'avoir peur existe.
Victor Hugo — Les Travailleurs de la Mer -
Chatrouiller : avoir une peur déraisonnable des guilis.
Alain Finkielkraut — Petit fictionnaire illustré -
On a peur, on s'imagine avoir peur. La peur est une fantasmagorie du démon.
Georges Bernanos -
Force est [au tyran] d'éprouver toutes les peurs qu'il inspire.
Sénèque en latin Lucius Annaeus Seneca, dit Sénèque le Philosophe — De la clémence, I, 19 -
Le lecteur aime se faire peur.
Franck Thilliez -
Nous mentons lorsque nous avons peur.
Tad Williams — L'arcane des épées
Traductions du mot « peur »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | fear |
Espagnol | miedo |
Italien | paura |
Allemand | angst |
Chinois | 恐惧 |
Arabe | الخوف |
Portugais | medo |
Russe | страх |
Japonais | 恐れ |
Basque | beldurra |
Corse | teme |
Synonymes de « peur »
- lâcheté
- poltronnerie
- pusillanimité
- couardise
- frousse
- appréhension
- anxiété
- effroi
- frayeur
- terreur
- alarme
- inquiétude
- épouvante
- affolement
- dédain
- désir
- émotion
- frisson
- intimidation
- phobie
- souci
- avoir peur
- faire peur
- panique
- angoisse
Combien de points fait le mot peur au Scrabble ?
Nombre de points du mot peur au scrabble : 6 points