La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « mériter »

Mériter

Définitions de « mériter »

Trésor de la Langue Française informatisé

MÉRITER, verbe trans.

I. − Emploi trans. dir.
A. − [Le suj. désigne une pers., un groupe de pers.; p. méton., son action, son oeuvre, ses idées] Être considéré comme devant faire l'objet d'(une sanction positive ou négative). Synon. être digne* de.La croyance monothéique, soit chrétienne, soit musulmane, mérite de plus en plus la réprobation que son avènement inspira, pendant trois siècles (Comte,Catéch. posit.,1852, préf., p.8).Ne me tue pas! (...) en quoi ai-je mérité ce supplice atroce, de mourir ainsi lentement, clouée par les deux mains? (Claudel,Tête d'Or,1901, 3epart., p.263):
1. Quand j'eus fini de causer, je lui demandai de me juger et de me choisir les points où j'étais coupable, afin que, m'agenouillant devant lui, j'eusse à les rappeler en confession et à m'en repentir pour mériter une absolution générale. Sand,Hist. vie,t.3, 1855, p.194.
SYNT. Acte, comportement, conduite, geste qui mérite une sanction; femme, homme qui mérite un châtiment, une récompense; coupable, crime, criminel, faute, forfait qui mérite un châtiment; bonnes actions, bonnes oeuvres, efforts qui méritent une récompense; mériter une décoration, la gloire, les honneurs, une médaille, une prime, un prix, le premier prix, des remerciements, son salaire; mériter le bagne, des claques, une condamnation, la corde, les fers, une fessée, les galères, une gifle, la guillotine, la maison de correction, la mort, mille morts, l'opprobre, un outrage, une peine, la peine capitale, la pendaison, la prison, une punition; mériter le ciel, le paradis, la réussite; mériter la damnation, l'échec, l'enfer; mériter une leçon; mériter l'admiration, l'amour, l'approbation, la bienveillance, les bonnes grâces, les compliments, les éloges, l'estime, les faveurs, l'indulgence, les louanges, le pardon, la reconnaissance, le respect, la sympathie de qqn; mériter le blâme, la disgrâce, la haine, le mépris, les outrages, les reproches de qqn; traiter qqn avec les égards, le respect qu'il mérite.
Expr. Il l'a bien mérité! Il n'a pas mérité ça (cela). Voilà tout ce que tu mérites, ce que vous méritez. Non! ce pauvre Boucherot ne méritait pas ça (...). Avoir mangé cinq cent mille francs pour une bécasse semblable (...)! (Flaub.,1reÉduc. sent.,1845, p.89).
Emploi pronom. passif. Cette grâce des grâces se mérite comme une autre, et je ne la méritais plus, sans doute (Bernanos,Journal curé camp.,1936, p.1140).
Emploi part. passé ou adj. Hommage mérité; honneurs, reproches mérités; condamnation, gloire, peine, punition, récompense, sanction méritée; une paire de gifles bien méritée; accusations, louanges méritées. Les vieilles monarchies sont condamnées et nous assistons à leur supplice, trop mérité par des siècles de crimes (Lamennais,Lettres Cottu,1833, p.246).Cette vieillesse anormale, excessive, honteuse et méritée des célibataires, de tous ceux pour qui il semble que le grand jour qui n'a pas de lendemain soit plus long que pour les autres (Proust,Swann,1913, p.34).M. Noyer inscrivait les notes méritées par ce mauvais élève (Green,Journal,1933, p.156).
Mériter de + inf.Mériter de mourir, de réussir. Étienne Pascal, maître des requêtes, avait mérité pour ses services d'être anobli par Louis XI (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.2, 1842, p.454).Il aurait mérité d'être pendu! (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz,1864, p.5).Le bourgeois mérite d'être tout ce qu'il est, de faire tout ce qu'il fait, parce qu'il entraîne l'humanité vers son plus haut, son plus noble destin (Nizan,Chiens garde,1932, p.118).
Mériter que + subj.Je n'ai pas mérité que vous exerciez ce droit de vie et de mort qui repose entre vos mains (Staël,Lettres L. de Narbonne,1793, p.122).Vous mériteriez que je vous brisasse le front avec le pied! (Dumas père, Teresa,1832, v, 4, p.229).Ah! qu'un roi de ta sorte (...) Mérite qu'on le blâme (Moréas,Iphigénie à Aulis,1903, p.159).
Mériter qqc. à qqn.Faire obtenir une sanction, une faveur à quelqu'un. La mort de Notre-Seigneur nous a mérité le ciel (Ac.1798-1935).Quel traitement mérite à son auteur un poème comme l'Iliade? (Proudhon,Propriété,1840, p.230).Le châtiment que lui ont mérité ses crimes (DG):
2. Hélas! L'homme si peu médite Sur la Passion de Jésus-Christ Et sur ce qu'elle nous mérite: Les liens du larron détruits, Au Paradis elle l'invite. Jammes,De tout temps,1935, p.161.
Proverbe. Toute peine mérite salaire. Chaque métier mérite salaire (Dumas père, Intrigue et amour,1847, ii, tabl. 4, 3, p.237).Mais tu n'es pas raisonnable, Michel, toute peine mérite son salaire; et puis, le charbon de maître Jean a son prix, et tu lui dois aussi ta journée (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan,t.1, 1870, p.165).
[P. ext.; le compl. désigne qqc. qui n'est pas par nature une sanction positive ou négative mais qui est présenté comme tel] Mériter sa réputation; mériter son surnom. Vous avez bien tort de m'appeler consolateur, chère demoiselle. Je voudrais mériter ce titre, mais que puis-je pour vous, sinon vous envoyer l'assurance d'une sympathie très profonde! (Flaub.,Corresp.,1866, p.196).Justin, mon ami, tu ne mérites pas ton nom, tu n'es pas juste (Duhamel,Maîtres,1937, p.117):
3. Il [le docteur] mérite son visage, d'ailleurs, car il ne s'est pas un instant mépris sur la façon de retenir et d'utiliser son passé; il l'a empaillé, tout simplement... Sartre,Nausée,1938, p.92.
Expr. (N')avoir (que) ce qu'on mérite. Toute nation a le gouvernement qu'elle mérite. De longues réflexions, et une longue expérience, payée bien cher, m'ont convaincu de cette vérité comme d'une proposition de mathématiques (J. de Maistre,Corresp.,1811, p.57).Chaque homme n'a que le Dieu qu'il mérite. Tous les malheurs que votre Dieu vous envoie, c'est vous qui les avez pensés (Maeterl.,Sablier,1936, p.167).
En partic. Mériter qqn.Mériter ses amis, sa femme, un meilleur professeur. Cette offre lui semblait dictée par une indulgente paternité qui lui disait: Mérite Césarine en devenant riche et considéré (Balzac,C. Birotteau,1837, p.92).Le parti orléaniste méritait ce serviteur, comme il a mérité Dupin (Goncourt,Journal,1859, p.652).«Eh bien! méritez-moi...» dit-elle avec un joli sourire remontant sur les fines dents blanches (A. Daudet,Tartarin Alpes,1885, p.156).
[Suivi d'un adv. à valeur de nominal neutre]
Mériter beaucoup. ,,Être digne de récompense par ses talents, par ses services. Il a beaucoup mérité et peu reçu`` (Ac.).
Mériter mieux. Être digne de quelque chose, d'une situation plus satisfaisante. Votre attitude est celle d'une jeune fille vaniteuse. Vous méritez mieux. J'aimerais faire apparaître la femme (Cocteau,Bacchus,1952, ii, 8, p.142).
Emploi abs., rare. [S'oppose à démériter] Être digne de récompense, de tel ou tel caractère; avoir du mérite. Le philosophe dit: ,,La Vie est un combat! Souffrir, c'est mériter; jouir, c'est être lâche!`` (Rollinat,Névroses,1883, 348).Il n'y a pas à chercher à mériter avec vous; il y a, sans plus, à chercher à profiter de la courte période où l'on tient une petite place dans votre vie (Montherl.,J. filles,1936, p.1000).
THÉOL. [Correspond à mérite A 2] Être digne de la miséricorde divine. V. démériter ex. 2:
4. Émilie Brontë, dans son presbytère anglican, ne croyait pas qu'elle pût mériter pour son frère; elle ne se mouvait pas comme Eugénie de Guérin dans cet univers catholique de la réversibilité où le dernier d'entre les fidèles coopère à la passion du Christ. Mauriac,Gds hommes,1949, p.129.
B. − [Le suj. désigne un inanimé] Synon. être digne* de.
1. [Le compl. désigne une dénomination, un qualificatif, un titre (v. aussi supra A p. ext.)] Être dans un rapport de convenance plus ou moins nécessaire, légitime ou motivé avec. Un cabaret à côté qui s'appelait Au bon coin et méritait cette dénomination (Verlaine, Œuvres compl.,t.4, Prisons, 1893, p.417).Cette musique concrète, qui a pour équivalent la peinture abstraite, mérite comme elle le qualificatif d'abstrait plus encore que de concret (Schaeffer,Rech. mus. concr.,1952, p.192):
5. Une philosophie ouverte au surnaturel serait assurément une philosophie compatible avec le christianisme, ce ne serait pas nécessairement une philosophie chrétienne. Pour qu'une philosophie mérite vraiment ce titre, il faut que le surnaturel descende, à titre d'élément constitutif, non dans sa texture, (...) mais dans l'oeuvre de sa constitution. Gilson,Espr. philos. médiév.,1931, p.39.
Mériter de + inf.; mériter que + subj.Une chose qui mérite qu'on la dénomme de telle ou telle manière. Deux [sépales], opposés l'un à l'autre et portant à leur base une sorte de bosse, méritent d'être appelés externes (Plantefol,Bot. et biol. végét.,t.1, 1931, p.445).
2. [Le compl. désigne une action; p. méton., le résultat d'une action] Être considéré comme devant faire l'objet de (telle ou telle opération). Mériter des précautions, des précisions; mériter un commentaire, un développement, une réponse. Utopie trop extravagante pour mériter la moindre discussion (Comte,Philos. posit.,t.4, 1839-42, p.139).La propriété de Brisson est à vingt minutes de chez vous en voiture... Ce vieux château mérite une visite (Chardonne,Épithal.,1921, p.42).
[Avec un compl. au sing. et sans article dans des tournures figées] Mériter attention, confirmation, considération, discussion, examen, réflexion. Le seul voyage important qui mérite mention est celui du Chinois Fa-Hien au début du Vesiècle, qui dura dix-huit ans (399-417) (Hist. sc.,1957, p.1441).
Mériter de + inf.; mériter que + subj.Mériter d'être confirmé, examiné, signalé; mériter qu'on en parle, qu'on y pense, qu'on y réfléchisse, qu'on y songe. Nous voilà arrivés à une époque de nos recherches qui mérite que vous vous y arrêtiez un moment (Destutt de Tr.,Idéol. 1,1801, p.79).Voilà à peu près tout ce qui mérite d'être vu à Burgos (Gautier,Tra los montes,1843, p.52).Larsan assassin était une exception qui méritait que l'on s'entourât de quelque garantie (G. Leroux,Myst. ch. jaune,1907, p.140).
II. − Emploi trans. indir., vieilli. (Bien) mériter de + subst.Avoir droit à la reconnaissance de. Il a bien mérité de la patrie. Ainsi on ne fera éprouver aucune humiliation aux personnes qui peuvent, ainsi que M. de Puzy, avoir bien mérité de nous (Le Moniteur,t.2, 1789, p.400).Ô vous, nés avec moi, mes compagnons de travail, vous avez bien mérité des lettres, et vos livres (...) comptent (A. France,Vie littér.,t.2, 1890, p.205):
6. Nos religieuses eussent mieux mérité de Dieu, de nos parents et de nous, si elles eussent sacrifié à notre bonheur, et, pour parler leur style, à notre salut, une partie du temps qu'elles consacraient avec égoïsme à travailler au leur. Sand, Hist. vie,t.3, 1855, p.94.
Prononc. et Orth.: [meʀite], (il) mérite [-ʀit]. Ac. 1694, 1718: meriter, dep. 1740: mé-. Étymol. et Hist. 1. Début xives. abs. «récompenser» (Aimé de Mont Cassin, Hist. de li Normant, éd. V. de Bartholomaeis, I, XXX, p.40) seulement au Moyen Âge, v. Gdf.; 2. a) ca 1480 «encourir (un châtiment)» (Mystère du Viel Testament, 5436, éd. J. de Rothschild, t.1, p.208: Merité ont dampnacion Eternelle...); b) 1495 «être digne de» (J. de Vignay, Mir. histor., 3evol., fo165d ds Gdf. Compl.); 3. 1549 (Du Bellay, Deffence et illustration, éd. H.Chamard, p.90: et penseray avoir beaucoup merité des miens, si...). Dér. de mérite*: dés. -er; mériter a évincé l'a. fr. merir att. du xiies. au xvies. (v. Gdf., T.-L., FEW t.6, 2, p.29), issu du lat. merere «gagner, mériter» et dans la loc. male merere/bene merere «être mal/bien méritant» c'est-à-dire «se comporter mal/bien vis-à-vis de...», constr. calquée dans le fr. bien mériter de, v. supra. Fréq. abs. littér.: 4983. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10918, b) 6183; xxes.: a) 4749, b) 5704. Bbg. Quem. DDL t.11.

Wiktionnaire

Verbe - français

mériter \me.ʁi.te\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Être digne, se rendre digne de.
    • Hélas! si tous les héros n'ont pas été récompensés comme ils méritaient de l'être, tous les traîtres n'ont pas été punis. — (Jacques Mortane, Missions spéciales, 1933, p.32)
    • Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? — (Voltaire, Dictionnaire philosophique : Fanatisme)
    • Ce martyre ne seroit-il pas plutôt un très grand honneur pour nous ? Et plût à Dieu que nous méritassions la gloire que vous nous donnez sans y penser! — (Pierre Bayle, « Avis aux Réfugiez sur leur prochain retour en France », 1690, dans les Œuvres diverses de Pierre Bayle, tome 2, La Haye : chez P. Husson, etc., 1725, p. 628)
    • La Fédération Française à qui revient l'initiative de ce travail, les SS∴ Steen et Félix qui en ont rassemblé les éléments, ont fait œuvre pie et méritent à ce titre notre profonde gratitude. — (Marguerite Martin, préface de Hommage à nos aînés, Comité d'édition de l'Ordre maç∴ mixte international "Le Droit Humain", 1954, p.5)
    • Plût à Dieu, écrit-il à son ami Thiériot, auquel il a demandé de porter sa dernière tragédie au père Brumoy, que je méritasse leurs louanges ! — (Pierre Milza, Voltaire, Librairie Académique Perrin, 2007, p. 19)
    • Cependant jamais soldats ne méritèrent plus d'être victorieux ; ceux de la brigade d’Austrasie, surtout, donnèrent l'exemple de la plus grande bravoure : […]. — (Charles Cunat, Le bailli de Suffren: Sa vie, ses voyages, La Rochelle : Éditions la Découvrance., 2008)
    • Au début de l'année 1918, ils ont mené l'offensive, ils ont déployé toutes leurs forces, et ils méritaient de gagner, ils méritaient la victoire, comme le vieux Pindur et son grand-père Otto Magnor, à la bataille de Sedan. — (Szczepan Twardoch, Drach, traduit du polonais par Lydia Waleryszak, Les Éditions Noir sur Blanc, 2018, chap. 9)
  2. Avoir droit à la reconnaissance ou à la considération de..., pour les services rendus. — Note : Dans se sens, il s’utilise dans une formulation de type bien mériter de, suivi d'un substantif.
    • La Convention nationale , après avoir entendu le rapport de son comité de salut public , décrète:
      L'armée des Côtes-de-Brest ne cesse de bien mériter de la patrie.
      — (« Décret du 9 thermidor (an III), par lequel la Convention nationale déclare que l'armée des Côtes-de-Brest ne cesse de bien mériter de la patrie, […] », dans Collection des lois et décrets: approuvée et encouragée par le Comité de Salut public de la Convention nationale, tome 10, Douai : Imprimerie de Lagarde aîné, an III, p. 277)
    • On ne peut pas se dissimuler que c'est le clergé qui en grande partie a été opposé à la nomination de M. Godehaux. […]. Voilà un homme qui pendant 50 ans a bien mérité de sa commune, et certes on a mauvaise grâce de vouloir le révoquer parce qu'il ne serait pas d'une certaine confession religieuse. Ce serait intolérant et anti-constitutionnel. — (Compte-rendu des séances de l'Assemblée des États du Grand-Duché de Luxembourg, 18e séance, mardi 3 décembre 1861, p. 10, Luxembourg : Imprimerie de V. Buck, 1861)
    • Les paysans qui estiment avoir bien « mérité de la patrie » ne sont pourtant pas jugés comme tels par les gens des villes. Comme le dit Michel Augé-Laribé […] le paysan est perçu comme un profiteur de guerre, comme le responsable de la « vie chère », comme un enrichi qui ne paie pas sa part d'impôt. — (Jean-Jacques Becker, avec la collaboration d'‎Annette Becker, La France en guerre: 1914-1918 : la grande mutation , Éditions Complexe, 1988, p. 177)
  3. (Absolument) Être digne de récompense par ses talents ou par ses services.
    • L’indépendance s'installa au pays, on rétribua ceux qui le méritèrent et ceux qui ne le méritèrent pas, la course aux récompenses pour conduite héroïque était engagée. — (Rabea Bennouna, Tazmamart côté femme: témoignage, Casablanca : Addar Al Alamia Lil Kitab, 2003, p. 12)
  4. Encourir ; attirer sur soi. — Note : Dans se sens, il se prend en mauvaise part.
    • Je fus stupide et naïf, je méritai ce qui m'arriva. Je me fis détrousser. Peu m'importait l'argent que je perdis. On me trahit. — (William Guéraiche, Philippines contemporaines, Éditions Les Indes savantes, 2013, p. 273)
    • Il ne faut pas croire, en effet, que l’histoire ait attendu ces derniers temps pour savoir que ce furent de simples polissons qui méritaient la fessée et qui avaient reçu par hasard un coup de fusil. — (Charles d'Héricault, La France révolutionnaire, 1789-1889, Paris : chez Perrin & Cie et Lille : Librairie de l’Œuvre de Saint-Charles-Borromée, 1889, p. 367)
    • […] ; il se précipita le front contre terre, et pria longtemps, repassant dans son esprit toute sa vie passée, et se demandant à lui-même quel crime il avait commis dans cette vie, si jeune encore, qui méritât une si cruelle punition. — (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, chap. 8 : Le château d'If, Paris : chez C. Lévy, 1889, p. 106)
    • Choko Lablanc, le petit panda, n’a jamais reçu de fessée ! Incroyable ! Tous ces copains ont fait cette expérience et lui pas. Qu'est-ce qu’il rêve de recevoir une sacrée bonne fessée ! Encore faut-il la mériter — (Martine Legrand, Une fessée, s’il vous plaît !, 2001)
  5. Se dit aussi des choses, en bonne ou mauvaise part.
    • Tous semblaient faire partie des terribles épreuves que Dieu infligeait à son peuple, sans qu'aucun, apparemment, n’inspirât le moindre sentiment que ses croyances et pratiques religieuses méritassent quelque investigation, a fortiori fussent empreintes de la moindre légitimité. — (Henry Laurens, John Tolan & Gilles Veinstein, L' Europe et l’Islam: Quinze siècles d’histoire, Éditions Odile Jacob, 2009)
    • Sofer se rendit compte qu'il souriait niaisement bien que les questions posées méritassent beaucoup plus de sérieux. Il se contrôla et reprit sa posture distante, plus ironique que vraiment sévère. — (Marek Halter, Le Vent des Khazars, Éditions Robert Laffont, 2011, chap. 4)
    • La question était si importante qu'elle méritait réflexion. Certes, je savais où j'allais, mais devais-je le lui dire ? — (Jacques Lanzmann, Le Fils de l'Himalaya, Éditions Ramsay, 1996, chap. 3)
    • L'exemple du cannabis mérite qu'on s'y attarde, tant il ouvre de perspectives quant à la conduite de l'action pénale. — (Patrice Bergougnoux, Sécurité : ce qu'on vous cache, Éditions Flammarion, 2017, chap. 10)
    • Ainsi la télévision publique est-elle un thème de débat, une posture obligée, une rhétorique de salon qui mériterait de figurer dans les mythologies des couches cultivées. — (Monique Dagnaud, L’État et les Médias: Fin de partie, Éditions Odile Jacob, 2000)
    • Cet ouvrage mérite votre attention.
    • Votre proposition mérite qu’on y songe.
    • Cela ne mérite pas qu’on en parle.
    • Cette nouvelle mérite confirmation : Elle n’est pas sûre, elle a besoin d’être confirmée.
  6. (Vieilli) Faire obtenir une faveur ou un bienfait à quelqu’un.
    • Ciel ! Versez vos faveurs sur les jours d'une reine
      Qui nous a mérité le plus grand des bienfaits.
      — (Abbé Paul-François Bonvallet des Brosses, Les fêtes de la France, drame lyrique pour les demoiselles de l'Enfant-Jésus, scène V ; Thiboust, 1745, page 20.)
    • Ces bienfaits suffisaient pour lui mériter notre reconnaissance, mais, permettez-moi de le dire, ils ne sont qu'une ombre à côté de ceux dont notre âme a été l'objet. — (« Prône pour le vingt et unième dimanche après la Pentecôte », dans La doctrine catholique expliquée ou recueil hebdomadaire de prônes, homélies, sermons et instructions pour toutes les époques de l'année chrétienne, sous la direction de l'abbé A. Vidal, 1re année, tome 2, Paris : au bureau du journal, 1959, p. 418)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MÉRITER. v. tr.
Être digne, se rendre digne de. Il mérite une récompense. Il mérite sa grâce, son pardon. Mériter l'estime, l'amitié, les bonnes grâces de quelqu'un. Il a mérité le prix. Je n'ai pas mérité cet honneur. Il a droit à prendre du repos : il l'a bien mérité. Il mérite tous les éloges. Il mérite d'être encouragé. Il mérite qu'on s'occupe de lui. Bien mériter de la patrie, des lettres, etc., Rendre de grands services à la patrie, aux lettres. Absolument, Mériter beaucoup, Être digne de récompense par ses talents, par ses services. Il a beaucoup mérité et peu reçu. Il se prend aussi en mauvaise part et signifie alors Encourir, attirer sur soi. Il mérite punition, châtiment. Je n'ai pas mérité de vous un si mauvais traitement. Il mérite d'être puni. Il mérite qu'on le punisse.

MÉRITER se dit aussi des Choses et il se prend de même en bonne et en mauvaise part. Cette action mérite récompense, mérite punition. Ce présent mérite bien un grand merci. Ce crime mérite d'être puni, mérite qu'on le punisse. Cet ouvrage mérite votre attention. Votre proposition mérite qu'on y songe. Ce choix mérite réflexion. Cela ne mérite pas qu'on en parle. Cette nouvelle mérite confirmation, Elle n'est pas sûre, elle a besoin d'être confirmée. Mériter quelque faveur à quelqu'un, se dit de Ce qui fait obtenir une faveur à quelqu'un, de Ce qui est cause qu'on la lui accorde. Les services de son père lui ont mérité cet accueil favorable. La mort de Notre-Seigneur nous a mérité le ciel.

Littré (1872-1877)

MÉRITER (mé-ri-té) v. a.
  • 1Être digne de, en parlant des personnes. Et concevez enfin des vœux plus élevés, Pour mériter les biens qui vous sont réservés, Corneille, Nicom. I, 2. Je m'en vais seul au temple où leur hymen s'apprête, Où vous n'osez aller mériter ma conquête, Racine, Andr. IV, 3. Vous méritiez, ma fille, un père plus heureux, Racine, Iphig. II, 3. L'on croit mériter les bons succès, mais n'y devoir compter que fort rarement, La Bruyère, XI.

    Mériter de, avec l'infinitif. Il mérite d'être protégé. Plus vous me commandez de vous être infidèle, Madame, plus je vois combien vous méritez De ne point obtenir ce que vous souhaitez…, Racine, Bajaz. II, 5.

    Mériter que, avec le subjonctif. Songeons que ce sacrifice [la messe]… serait inutile à la reine, si elle n'avait mérité par sa bonne vie que l'effet en pût passer jusqu'à elle, Bossuet, Mar.-Thér.

    Mériter une femme, l'obtenir en raison de son mérite. Pendant que tant de naissance, tant de biens, tant de grâces qui l'accompagnaient lui attiraient les regards de toute l'Europe, le prince Édouard de Bavière… la mérita, Bossuet, Anne de Gonz.

    Absolument, mériter beaucoup, être digne de récompense par ses talents par ses services. Cet homme mérite beaucoup.

    Bien mériter de, rendre de grands services à. On coupait la tête à un vieillard vénérable, lorsque j'arrivai à la Haie ; c'était la tête chauve du premier ministre Barnevelt, l'homme qui avait le mieux mérité de la république, Voltaire, Scarmentado. Ah ! Wallstein de nous deux avait bien mérité, Constant, Wallstein, II, 8.

    Il a bien mérité de la patrie, mention que la Convention et la Constituante de 1848 décernaient comme une suprême récompense à des armées victorieuses ou à des hommes qui s'étaient signalés par quelque grand service.

    On dit aussi quelquefois mériter tout seul au sens de bien mériter. Descartes a mérité de l'astronomie pour avoir découvert la force centrifuge, Bailly, Hist. de l'astron. mod. IV, § 20.

  • 2En mauvaise part, encourir, attirer sur soi. Mériter une punition. Il est bien plus juste de conserver à tant de personnes que vous avez décriées la réputation de piété qu'ils ne méritent pas de perdre, que de vous laisser la réputation de sincérité que vous ne méritez pas d'avoir, Pascal, Prov. X. Hélas ! si jeune encore Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur ? Racine, Esth. I, 5. Ils [les enfants] savent précisément et mieux que personne ce qu'ils méritent [en fait de châtiment], et ils ne méritent guère que ce qu'ils craignent, La Bruyère, XI.
  • 3Il se dit des choses qui font obtenir quelque grâce, quelque récompense. Cette action mérite récompense. Et cette ressemblance, où son courage aspire, Mérite mieux que toi de gouverner l'empire, Corneille, Héracl. I, 2. Il [Coligny] appelait de loin le jeune Téligny ; Téligny, dont l'amour a mérité sa fille, Voltaire, Henr. II.

    Cette nouvelle mérite confirmation, elle a besoin d'être confirmée.

  • 4 Absolument. Avoir du mérite, être digne. Le plus grand des maux est les guerres civiles ; elles sont sûres si on veut récompenser les mérites ; car tous diront qu'ils méritent, Pascal, Pens. V, 3, éd. HAVET.

    Être méritoire. Plus elle [la mort] est volontaire, et plus elle mérite, Corneille, Poly. II, 6. Ce ne sont ni les austérités du corps, ni les agitations de l'esprit, mais les bons mouvements du cœur qui méritent, Pascal, Lett. à Mlle Roannez, 6.

  • 5Mériter quelque chose à quelqu'un, se dit de ce qui nous fait obtenir quelque avantage. Sa justice, sa prudence, la facilité qu'il apportait aux affaires, lui méritaient la vénération et l'amour de tous les peuples, Bossuet, le Tellier. Jésus-Christ, pour nous mériter la rémission de nos crimes…, Bossuet, 3e sermon, Passion, 2. Comment voulez-vous qu'Érophile, à qui le manque de parole, les mauvais offices, bien loin de nuire, ont mérité des grâces et des bienfaits…, La Bruyère, XI.

    En mauvaise part. Avant que de César la trame soit coupée, Il faut que son orgueil lui mérite aux enfers Tout ce qu'on lui prépare et d'opprobre et de fers, Brébeuf, Phars. VI.

  • 6Être assez important pour… en parlant soit des choses, soit des personnes. Ce que le prince fit ensuite mériterait d'être raconté à toute la terre, Bossuet, Louis de Bourbon. Examinons ce bruit, remontons à sa source ; S'il ne mérite pas d'interrompre ma course, Partons…, Racine, Phèdre, II, 6. Si ton sang méritait qu'on daignât le répandre…, Voltaire, Œdipe, III, 4. Il ne méritait pas de tomber sous ma main, Voltaire, Sémiram. V, 8.
  • 7Se mériter, v. réfl. Être mérité. …Ces bienfaits dont j'ose me vanter, Par des vers immortels ont dû se mériter, Boileau, Ép. V.
  • 8Être dignes l'un de l'autre. Par des droits secrets que le ciel avait décidés, la princesse du monde la plus parfaite [la jeune Marie-Thérèse] appartenait déjà au plus grand des rois [le jeune Louis XIV] ; ils travaillaient, sans y penser, à se plaire et à se mériter l'un l'autre, Fléchier, Mar.-Thér.

REMARQUE

J. J. Rousseau écrit : Les petits événements de mon voyage ne méritent pas, madame, de vous en occuper, Lett. à Mme de Boufflers, 5 avr. 1766. La phrase est incorrecte ; il faut : que vous vous en occupiez.

SYNONYME

MÉRITER, ÊTRE DIGNE. On a essayé d'établir la synonymie entre ces deux expressions, en disant que mériter se rapportait aux actes, et être digne aux qualités. Mais, en examinant les emplois divers, on n'aperçoit aucune nuance sensible entre mériter et être digne ; l'usage les confond sans cesse.

HISTORIQUE

XVe s. Sans en rien l'avoir merité, Commines, V, 18. Vous me pourrez dorenavant très bien servir ; à mon pouvoir, vous le meriterai, Louis XI, Nouv. XII.

XVIe s. En close main, à regret estendue, Don ne merite, et grace est confondue, Marot, J. V, 193. Cestuy Jason avoit bien merité Estre des preux, Marot, J. V, 289. [Livre] non sans bien grande et meritée recommandation, Montaigne, I, 206. Il avoit bien merité la honte que l'on luy avoit faitte, Amyot, Flamin. 37. Nous les [les acteurs] voyons ès theatres ne plorer ny ne rire pas à leur plaisir quand ilz veulent, ains quand la matiere de ce qu'ilz recitent le requiert et le merite, Amyot, Démosth. 31.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « mériter »

Dénominal de mérite.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Mérite.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « mériter »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
mériter merite

Fréquence d'apparition du mot « mériter » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « mériter »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « mériter »

  • Chacun a les émotions qu'il mérite.
    Isaac Félix, dit André Suarès — Goethe, le grand Européen, Émile-Paul
  • Celui-là seul mérite la liberté et la vie Qui doit chaque jour les conquérir.
    Johann Wolfgang von Goethe — Second Faust, grande cour d'entrée du palais Faust II, großer Vorhof der Palasts
  • Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?
    Alphonse de Prât de Lamartine — Premières Méditations poétiques, le Désespoir
  • Si un peuple a les seuls gouvernements qu'il mérite, quand mériterons-nous de n'en avoir pas?
    Paul-Jean Toulet — Monsieur du Paur
  • Nous avons fourni un travail considérable et fait de nombreux sacrifices durant nos années d’études en CPGE. Certains sont même allés jusqu’à faire une troisième année supplémentaire très éprouvante dans le seul but de pouvoir intégrer cet Institut d’études politiques (IEP). Nous nous sommes confrontés à l’un des concours les plus durs de France avec l’espoir de pouvoir faire nos preuves et d’ainsi mériter dignement nos places au sein de Science Po Lyon.
    Mediacités — « Est-ce ainsi que Science Po Lyon traite le mérite ? » | Mediacités
  • Qu’est-ce qu’ils vous ont fait ces jeunes pour mériter ça? Vous croyez qu’ils ont demandé à être enfermés H24 pendant 3 mois?
    Le Huffington Post — Ma fille mérite son bac 2020 alors arrêtez de dire que c'est un bac "au rabais" - BLOG | Le Huffington Post LIFE
  • Une grosse vague de soutien pour Naomi, mais cette semaine Booker T a donné ses commentaires sur le sujet lors de son podcast ''Hall of Fame'' et il explique que selon lui, Naomi doit mériter sa place et ce n'est pas à la compagnie de lui donner quelque chose. Il précise aussi qu'il adore Naomi, mais qu'il faut changer sa façon de penser et que Naomi doit se donner à fond chaque semaine et ensuite, elle pourra avoir une chance pour le titre.
    Naomi doit mériter sa place selon Booker T - Catch-Newz
  • Cette semaine, Booker T s'exprimait au sujet de Naomi expliquant qu'il était contre ce hashtag disant que Naomi mérite mieux à la WWE. Selon lui, Naomi devait mériter sa place pour être championne et non simplement avoir le soutien des fans. Vous pouvez retrouver l'ensemble de ses propos à ce lien.
    Naomi réagit aux propos de Booker T - Catch-Newz
  • M. JOURDAIN — Madame, ce m'est une gloire bien grande de me voir assez fortuné pour être si heureux que d'avoir le bonheur que vous ayez eu la bonté de m'accorder la grâce de me faire l'honneur de m'honorer de la faveur de votre présence ; et si j'avois aussi le mérite pour mériter un mérite comme le vôtre, et que le Ciel… envieux de mon bien… m'eût accordé… l'avantage de me voir digne… des…DORANTE — Monsieur Jourdain, en voilà assez : Madame n'aime pas les grands compliments, et elle sait que vous êtes homme d'esprit. (Bas, à Dorimène.) C'est un bon bourgeois assez ridicule, comme vous voyez, dans toutes ses manières.
    Molière — Le Bourgeois Gentilhomme

Traductions du mot « mériter »

Langue Traduction
Anglais merit
Espagnol mérito
Italien merito
Allemand verdienen
Chinois 值得
Arabe ميزة
Portugais mérito
Russe заслуга
Japonais 値する
Basque meritu
Corse meritu
Source : Google Translate API

Antonymes de « mériter »

Combien de points fait le mot mériter au Scrabble ?

Nombre de points du mot mériter au scrabble : 8 points

Mériter

Retour au sommaire ➦