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Maternité

Variantes Singulier Pluriel
Féminin maternité maternités

Définitions de « maternité »

Trésor de la Langue Française informatisé

MATERNITÉ, subst. fém.

I. − Le fait d'être mère, les droits, devoirs, sentiments et attitudes liés à cette fonction. Voici les baisers pleins de temps et d'amertume, tristes et beaux comme le regard mesuré des étoiles; et voici la maternité formidable, et la pâle stérilité (Milosz, Amour. initiation, 1910, p.146):
1. Voilant à dessein les exceptions honteuses, il inspirerait (...) le culte des affections naturelles, en montrant qu'il y a toujours, et dans tous les cas, quelque chose de sacré, de divin et de vertueux dans les deux grands sentiments sur lesquels le monde repose depuis Adam et Ève, la paternité, la maternité. Hugo, Rayons et ombres, 1840, p.1019.
A. − Fonction génératrice propre à la femme; état correspondant. Car la vieillesse est, comme la maternité, une espèce de sacerdoce de la nature (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.234).Les maris deviennent peu de chose, l'occasion du vrai bonheur, l'accident nécessaire d'où dépend la joie des joies, la maternité (Amiel, Journal, 1866, p.169):
2. La maternité achevait d'équilibrer son tempérament. Jusque-là, il lui était resté des brusqueries de fille, des gestes fous d'amoureuse; ses cheveux roux tombaient sur sa nuque avec une libre impudeur; ses hanches accusaient leurs balancements, et dans ses yeux gris, sur sa bouche rouge, passaient des hardiesses de désir. Maintenant, tout son être s'était apaisé, le mariage avait mis en elle une sorte de maturité précoce; son corps prenait un léger embonpoint, il avait des mouvements plus doux, plus mesurés... Zola, M. Férat, 1868, p.113.
[En parlant des animaux] Fonction, état propre à la femelle:
3. La dinde dénichée cherche à partir avec ses petits. Le soir, dès que le silence gagne, elle se coule vers les lisières, les chemins creux ou les ravins. Alors, on suspend à son cou un grelot dont le son la trahit ou, si elle est particulièrement sauvage, on l'attache par une patte à un arbre. Le moment de la maternité est le seul où la dinde respire. Le reste du temps, terrorisée, en proie au désir frénétique du mâle, elle vit écrasée et piétinée. Pesquidoux, Chez nous, 1921, p.249.
En partic. Maternité de Marie. Il n'était pas troublé par la divine maternité de la Vierge (Aragon, Beaux quart., 1936, p.72).
Lang. cour. Fait de porter un enfant et d'accoucher. Maternité prochaine, refusée, souhaitée. De nombreuses maternités l'avaient tout à fait déformée; ses beaux traits de Madone disparaissaient sous la graisse, et son corps n'était plus qu'une masse croulante (Tharaud, Fête arabe, 1912, p.109).Sa femme elle-même est malade, après trop de maternités successives, et se guérit péniblement (Brasillach, Corneille, 1938, p.340):
4. Le célibat n'étant point exigé dans l'armée anglaise, chaque soldat a sa femme. J'observe en cheminant, celle d'un sous-officier, toute jeune, et pourtant déjà vieillie, usée, soit par les fatigues de la maternité, soit par le travail qui est son partage dans la vie commune. Michelet, Chemins Europe, 1874, p.83.
B. − Rapports privilégiés d'amour et de tendresse entre une mère et son ou ses enfants. Douceur, joie de la maternité. On dit que le sentiment de la maternité est le plus saint de tous (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.706):
5. Lorsqu'elle entendit son premier cri à la lumière, lorsqu'elle vit ce petit corps pitoyable et touchant, tout son coeur se fondit. Elle connut, en une minute d'éblouissement, cette glorieuse joie de la maternité, la plus puissante qui soit au monde: avoir créé de sa souffrance un être de sa chair, un homme. Et la grande vague d'amour qui remue l'univers l'étreignit de la tête aux pieds, la roula, la souleva jusqu'aux cieux... Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p.1205.
Au fig. L'égoïsme apparent des hommes qui portent une science, une nation, ou des lois dans leur sein, n'est-il pas la plus noble des passions, et en quelque sorte, la maternité des masses (...)? (Balzac, Curé Tours,1832, p.247).Le soleil donnait à la création cette caresse, la lumière (...) il y avait de la maternité dans l'infini (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p.119).Au bord de ce chemin, une vache couchée Regardait les passants avec maternité (Hugo, Légende,t.3, 1877, p.1145).
Spécialement
1. BEAUX-ARTS. Œuvre d'art représentant les rapports entre une mère et son ou ses enfants. Soirée d'apaisement: visite à l'atelier de Pignon. Ce peintre d'aujourd'hui, ce peintre venu après Picasso ne rompt pas avec ce qui l'a précédé. Ses maternités, ses moissons, ses ouvriers et ses coqs sont de maintenant et de toujours (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1961, p.334).
2. DR. CIVIL. Lien unissant la mère à son ou à ses enfants; ses conséquences sociales et juridiques. Maternité légitime, naturelle; allocations de maternité. Les femmes fonctionnaires en exercice peuvent bénéficier d'un congé de maternité d'une durée de 14 semaines, qui commence 2 semaines au moins et 6 semaines au plus avant la naissance (Encyclop. éduc., 1960, p.294):
6. Le bénéfice d'une assurance sociale volontaire couvrant le risque maladie et les charges de maternité est ouvert aux personnes résidant en France qui, soit à titre personnel, soit en qualité d'ayants-droit, ne relèvent pas, en l'état actuel de la législation, d'un régime d'assurances sociales obligatoire et ne peuvent prétendre au bénéfice de l'assurance sociale volontaire pour les risques et charges ci-dessus mentionnés. Réforme Séc. soc., 1968, p.50.
En partic.
Assurance maternité. Branche des assurances sociales qui prend en charge les frais d'accouchement des femmes assurées personnellement, des conjointes ou des filles d'assurés, et garantit un revenu de compensation, pendant leur repos de maternité, aux femmes salariées assurées personnellement. Régime d'assurance maladie et maternité des travailleurs non salariés des professions non agricoles (Réforme Séc. soc., 1968, p.50).
Carnet de maternité. Document permettant aux femmes enceintes, ayant fait une déclaration de grossesse de percevoir des prestations de maternité (d'apr. Lexis 1975).
II. − P. méton. Endroit où les mères mettent au monde leurs enfants.
A. − Vieux
1. Maison où, autrefois, l'on recevait et allaitait les enfants trouvés (d'apr. Littré-Robin 1858; ds Littré).
2. Maisons destinées à recevoir les femmes pauvres enceintes et particulièrement celles qui ont atteint leur huitième mois de grossesse ou sont sur le point d'accoucher (d'apr. Littré-Robin 1858; ds Littré, Ac. 1878, DG).
B. − Moderne
1. ,,École de sages femmes`` (DG; ds Lar. 20e, Nouv. Lar. ill., Quillet 1965).
2. Établissement hospitalier public ou privé, service d'hôpital ou de clinique, réservé aux femmes sur le point d'accoucher ou présentant des complications dues à leur grossesse. Les soins qu'on donne aux femmes en couches dans les maternités valent mieux sans doute que les prières à sainte Marguerite, les grimoires bénits qu'il y a dix siècles elles s'appliquaient sur le ventre (Guéhenno, Journal «Révol.», 1937, 34):
7. Les hôpitaux, maternités et hospices fonctionnant actuellement comme des services non personnalisés de collectivités publiques seront, dans l'année qui suivra la promulgation de la présente ordonnance, par décret, érigés en établissement public ou rattachés à un établissement public déjà existant. Réforme hospit., 1959, p.14.
P. méton. L'assimilation des journées de maternité aux journées de chirurgie, des services de spécialités médicales ou chirurgicales aux services de médecine générale et de chirurgie générale ne peut plus se justifier à l'heure actuelle (Organ. hospit. Fr., 1957, p.25).
P. anal. ,,Local spécial où l'on place les femelles pour l'accouchement`` (Villemin 1975). C'est surtout dans les porcheries que l'on prévoit des maternités pour les truies (Villemin1975).
Prononc. et Orth.: [matε ʀnite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1475 «état, qualité de la mère» (Georges Chastellain, Louenge a la trés-Glorieuse Vierge, éd. Kervyn de Lettenhove, VIII, 275); b) 1804 spéc. dr. «lien qui unit l'enfant à la mère» (Code civil, art. 325, p.161); c) 1855 «le fait de porter et de mettre au monde un enfant» (Sand, Hist. vie, t.4, p.431); 2. 1814 «maison hospitalière pour les femmes en couches» (Jouy, Guillaume le franc-parleur, I, 205 ds Quem. DDl t.25); 3. 1858 «école de sages-femmes» (Littré-Robin). Empr. au lat. médiév. maternitas (1300, Latham «qualité de la mère», 1122 ds Du Cange en parlant de l'Église) créé sur le modèle de paternitas, fraternitas. Fréq. abs. littér.: 376. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 373, b) 1087; xxes.: a) 593, b) 340.

Wiktionnaire

Nom commun - français

maternité \ma.tɛʁ.ni.te\ féminin

  1. État, qualité de mère.
    • Déjà subjugués par notre propre cœur, nous fûmes accablés par ces images d’amour et de maternité, qui semblaient nous poursuivre dans ces solitudes enchantées. — (François-René de Chateaubriand, Atala, ou Les Amours de deux sauvages dans le désert)
    • En effet, chez une jeune femme dont le cœur est encore pur, et où l'amour est resté vierge, le sentiment de la maternité même est soumis à la voix de la pudeur. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • La maternité, le travail sacré, la plus haute des fonctions sociales, devient dans la société capitaliste une cause d'horribles misères économiques et physiologiques. — (Paul Lafargue, La Question de la femme, 1904)
  2. Grossesse, gestation, fait de porter un enfant et d'accoucher.
    • De nombreuses maternités l'avaient tout à fait déformée ; ses beaux traits de Madone disparaissaient sous la graisse, et son corps n'était plus qu'une masse croulante. — (Tharaud, Fête arabe, 1912, page 109)
    • Sa femme elle-même est malade, après trop de maternités successives, et se guérit péniblement. — (Brasillach, Corneille, 1938, page 340)
  3. Établissement destiné à recevoir les femmes qui vont accoucher, à les assister lors de la naissance de leur enfant et les premiers jours du nourrisson.
    • Plusieurs maires de communes du Val du Beuvron (Nièvre) ont menacé de ne "pas organiser les élections municipales" de mars prochain et d'appeler à leur "boycott" pour protester contre la fermeture annoncée de la maternité de Clamecy (Nièvre). — (A.F.P., Municipales: boycott pour une maternité, 2009)
    • Selon moi, si je m’en suis sortie – et sans séquelles –, c’est parce que la maternité dans laquelle j’ai eu la chance de naître était dotée de moyens de réanimation conséquents et d’un personnel en nombre suffisant. L’hôpital public n’était pas encore passé par la thérapie de choc que lui imposèrent les idéologues du “New Public Management”. . — (Anne-Sophie Moreau, « Carnet de la drôle de guerre », dans la newsletter du 27/03/2020 de Philosophie Magazine.)
    • Bien sûr que tu parlais l'arabe quand tu étais petit ! me répond-elle, quand je l'interroge. Quand tu es né, à la maternité, je te parlais en arabe. — (Nabil Wakim, L'Arabe pour tous: Pourquoi ma langue est taboue en France, Éditions du Seuil, 2020, chap. 2)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MATERNITÉ. n. f.
État, qualité de mère. La maternité a ses joies et ses peines.

MATERNITÉ se dit d'un Établissement de l'Assistance publique destiné à recevoir les femmes enceintes et qui sont sur le point d'accoucher. La Maternité. Il peut se dire aussi d'Établissements privés analogues. Une maternité.

Littré (1872-1877)

MATERNITÉ (ma-tèr-ni-té) s. f.
  • 1Qualité de mère. A-t-on jamais vu un cœur comme le vôtre, et une maternité si parfaite ? Sévigné, 21 janv. 1689. Adieu, ma belle ; je suis persuadée que personne ne sait aimer comme vous ; je dirais : si ce n'est moi ; mais la tendresse de la maternité est si naturelle, et celle des enfants si extraordinaire, que, quand je fais ce que je dois, vous êtes un prodige, Sévigné, 12 fév. 1690. Je vous ai dit, chrétiens, que, la maternité de la Vierge n'ayant point d'exemple sur la terre, il en est de même de l'affection qu'elle a pour son fils, Bossuet, 2e serm. Compass. de la Ste Vierge, 2.
  • 2Grande maternité, ou grand'maternité, mot forgé par Mme de Sévigné pour exprimer la qualité de grand'mère. Pour moi, je changeai de chemise et d'habit ; et, sans vanité, je me fis d'une beauté qui effaça entièrement mes belles-filles ; l'honneur de la grande maternité fut soutenu avec dignité, Sévigné, 6 août 1680. Aimez-moi toujours, mon cher comte ; je vous quitte d'honorer ma grand'maternité, Sévigné, 10 déc. 1670.
  • 3Maternité, nom donné autrefois à des maisons où l'on recevait et allaitait les enfants trouvés.

    Aujourd'hui, maison destinée à recevoir les femmes pauvres enceintes, et particulièrement celles qui ont atteint leur huitième mois de grossesse, ou qui, sans l'avoir atteint, sont sur le point d'accoucher.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « maternité »

Dérivé du lat. maternus, maternel, qui vient de mater, mère.

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(Siècle à préciser) Du latin maternitas[1], de mater, matris qui signifie « mère ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « maternité »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
maternité matɛrnite

Fréquence d'apparition du mot « maternité » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « maternité »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « maternité »

  • Les hommes ont superbement pratiqué cette séparation à laquelle ils tiennent tant, entre leur femme - devoir, maternité, angélisme, migraine et les femmes - plaisir, putains, enfer, mystère...
    Françoise Giroud — Si Je mens
  • Cette humeur protectrice, cette adresse à soigner, cette maternité délicate dans le geste - apanage des femmes.
    Colette — La Vagabonde
  • Cette possibilité que la maternité ne soit pas un don inné, qu'elle se construise avec l'enfant dans le doute et la folie, dans le tâtonnement de la raison du plus aimant.
    Marc Vilrouge — Reproduction non autorisée
  • L'amour est profondément égoïste, tandis que la maternité tend à multiplier nos sentiments.
    Honoré de Balzac — Mémoires de deux jeunes mariées
  • Au lieu d'instinct, ne vaudrait-il pas mieux parler d'une fabuleuse pression sociale pour que la femme ne puisse s'accomplir que dans la maternité ?
    Elisabeth Badinter — L'Amour en plus
  • Pourquoi une maternité ne serait-elle pas mal venue ? Pourquoi la naissance d'une mère par la venue de l'enfant ne serait-elle pas ratée elle aussi ?
    Marguerite Duras — Libération
  • La femme tout entière est modelée et préparée de loin pour cet auguste office de la maternité, qui est le but suprême de sa vie terrestre.
    Docteur J.B. Fonssagrives — L'Education physique des jeunes filles
  • Que représente la paternité face à ce poids, cette certitude, qu’est la maternité ?
    Shashi Deshpande — Question de temps
  • Lundi 20 juillet 2020, la présentatrice météo de France 2, Anaïs Baydemir est revenue de son congé maternité. De retour à l'antenne, elle a adressé un adorable et touchant mot à sa fille, ou plutôt sa "petite tornade".
    Femme Actuelle — Anaïs Baydemir : sa drôle de déclaration après son congé maternité : Femme Actuelle Le MAG
  • PiEt si la maternité de Die avait une chance de rouvrir ? Le tribunal administratif de Grenoble vient de donner raison au collectif de défense de l'hôpital, dans une décision rendue le 6 juillet. La justice considère que sa fermeture au 1er janvier 2018 s'est faite sans aucune concertation." En sachant quand même que l'Agence régionale de santé peut ensuite refuser une éventuelle réouverture.i
    France Bleu — Maternité de Die : la justice donne raison au collectif de défense de l'hôpital
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Images d'illustration du mot « maternité »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « maternité »

Langue Traduction
Anglais maternity
Espagnol maternidad
Italien maternità
Allemand mutterschaft
Chinois 产假
Arabe التوليد
Portugais maternidade
Russe материнство
Japonais 出産
Basque amatasun
Corse maternità
Source : Google Translate API

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Nombre de points du mot maternité au scrabble : 10 points

Maternité

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